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- ElyasEsprit sacré
Caspar a écrit:Elyas a écrit:Plusieurs analystes estiment que l'école française trie les élèves afin d'assurer aux enfants des élites d'avoir les meilleurs places et que la méritocratie est une vaste blague mythologique. Les dernières réformes semblent avoir finalisé et pérennisé ce projet.
Au moins en Allemagne on trie franchement, et à un âge assez jeune avec le système à trois vitesses: Gymnasium, Realschule et Hauptschule (je crois savoir qu'il y a tout de même des passerelles entre les systèmes). Système qui peut être discutable mais qui est au moins clair par rapport à notre hypocrisie généralisée.
Il était évident que pas mal de groupes de spé auraient de bonnes moyennes parce que pris par des élèves passionnés et bons. Le fait qu'on considère ces moyennes comme farfelues relève de la guignolerie intellectuelle. Cependant, il est assez dingue qu'on reproche de bonnes moyennes à de bonnes classes pour avoir de bonnes orientations.
Cela me permet de comprendre pourquoi je reste tranquillement au collège, avec surtout des petites classes. L'orientation est une telle supercherie en France que c'en devient criminel.
- nicole 86Expert spécialisé
Elyas a écrit:
Il était évident que pas mal de groupes de spé auraient de bonnes moyennes parce que pris par des élèves passionnés et bons. Le fait qu'on considère ces moyennes comme farfelues relève de la guignolerie intellectuelle. Cependant, il est assez dingue qu'on reproche de bonnes moyennes à de bonnes classes pour avoir de bonnes orientations.
Cela me permet de comprendre pourquoi je reste tranquillement au collège, avec surtout des petites classes. L'orientation est une telle supercherie en France que c'en devient criminel.
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- Cléopatra2Guide spirituel
Oui, c'est vrai.
Nous c'est en tronc commun que certains notent très large. Les élèves que j'ai en spé et qui savent à peine rédiger ont 14/15 de moyenne en tronc commun et 11 avec moi, sachant que dans ce 11 il y a de l'oral, des recherches, bref, tous les trucs hors type bac qu'ils réussissent beaucoup mieux.
Mais les prépa vont devoir revoir leur sélection car les notes vont enfler comme des ballons dans beaucoup d'endroits, ne serait-ce que parce que les élèves ne viennent pas aux devoirs et que les chefs refusent de mettre 0 dans ces cas-là.
Nous c'est en tronc commun que certains notent très large. Les élèves que j'ai en spé et qui savent à peine rédiger ont 14/15 de moyenne en tronc commun et 11 avec moi, sachant que dans ce 11 il y a de l'oral, des recherches, bref, tous les trucs hors type bac qu'ils réussissent beaucoup mieux.
Mais les prépa vont devoir revoir leur sélection car les notes vont enfler comme des ballons dans beaucoup d'endroits, ne serait-ce que parce que les élèves ne viennent pas aux devoirs et que les chefs refusent de mettre 0 dans ces cas-là.
- Clecle78Bon génie
Dans le cas de mon établissement ce ne sont pas de bons élèves justement. Leur niveau est médiocre et ça se voit aussi bien en philo qu'en lettres. Ces médiocres sont à 15 et les vraiment bons sont entre 18 et 19.5. Je ne pensais pas qu'il était aussi facile d'avoir des notes pareilles en spécialité hgsp
- floflo1010Niveau 6
Chez nous, dans la classe où je suis PP, c'est plus de 15 de moyenne générale en terminale sur l'année. Cette classe n'a rien d'extraordinaire. On a 17 félicitations et 6 encouragements au troisième trimestre. Aucun élève au dessous de 10.4. Le second moins bon a plus de 12. Peut être l'effet de la réforme qui font que,soit ils sont meilleurs, soit les modalités de notation ont changé, soit les collègues surnotent... En tout cas, le supérieur va être difficile très difficile pour certains...
- ysabelDevin
Je m'en aperçois via les réseaux sociaux depuis les résultats de parcoursup... des élèves à la pelle, refusés de partout avec des moyennes générales comprises en 17 et 20 ! et des collègues/parents/élèves qui ne comprennent pas...
En fait, c'est comme l'inflation des mentions depuis 1/4 de siècle.
Chez nous, on tient encore... un collègue en SP avait une moyenne de classe de 17 en seconde... on a considéré que ce n'était pas significatif.
En fait, c'est comme l'inflation des mentions depuis 1/4 de siècle.
Chez nous, on tient encore... un collègue en SP avait une moyenne de classe de 17 en seconde... on a considéré que ce n'était pas significatif.
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« vous qui entrez, laissez toute espérance ». Dante
« Il vaut mieux n’avoir rien promis que promettre sans accomplir » (L’Ecclésiaste)
- ProtonExpert
Oui je suis d'accord. On est à l'école des fans au lycée. Parcoursup a été une douche froide pour pas mal de nos élèves qui se voyaient bien plus haut qu'ils ne le sont.
J'ai retrouvé mon bulletin de 2e trimestre de terminale S (2005)
Moyenne de classe:
philo 10,47
HG 11,07
maths 10,75
PC 10,57
SVT 9,93
Allemand 12
Anglais 13,17
maths (spé) 11,29
Aujourd'hui ma classe de terminale S serait considérée comme une classe faible ... alors que l'on était une très bonne classe selon mon ancienne prof de maths. Le 1er de notre classe a été à Saint-Louis puis à Ulm, plusieurs ont fait dauphine et un bon tiers dans des prépas parisiennes (dont une fille à Ginette)...
J'ai retrouvé mon bulletin de 2e trimestre de terminale S (2005)
Moyenne de classe:
philo 10,47
HG 11,07
maths 10,75
PC 10,57
SVT 9,93
Allemand 12
Anglais 13,17
maths (spé) 11,29
Aujourd'hui ma classe de terminale S serait considérée comme une classe faible ... alors que l'on était une très bonne classe selon mon ancienne prof de maths. Le 1er de notre classe a été à Saint-Louis puis à Ulm, plusieurs ont fait dauphine et un bon tiers dans des prépas parisiennes (dont une fille à Ginette)...
- Ramanujan974Érudit
ysabel a écrit:Je m'en aperçois via les réseaux sociaux depuis les résultats de parcoursup... des élèves à la pelle, refusés de partout avec des moyennes générales comprises en 17 et 20 ! et des collègues/parents/élèves qui ne comprennent pas...
En fait, c'est comme l'inflation des mentions depuis 1/4 de siècle.
Chez nous, on tient encore... un collègue en SP avait une moyenne de classe de 17 en seconde... on a considéré que ce n'était pas significatif.
Et les principales victimes sont les très bons élèves, qui pour la plupart auraient également eu des notes supérieures à 18 avec des moyennes de classes de 10.
En plus, je ne suis même pas certain que les élèves moyens-faibles aient été favorisés dans le recrutement.
- Badiste75Habitué du forum
Pour en revenir au problème de l’option maths expertes, j’ai une explication possible. Il s’agit, modulo l’heure supplémentaire, d’un programme équivalent à l’ancienne spécialité maths de TS. Les prépas le savent. Ce programme est exigent et l’exercice de spé du bac pouvait l’être. Dans les pires années, l’exercice de spé, pourtant réservé à de très bons élèves en maths, pouvait entraîner une moyenne de 1,5/5 ou 2/5, pas plus (souvent compensée par la partie commune). Le prof de spé de TS notait donc en fonction...
Désormais le prof se retrouve avec des élèves qui ont choisi une option. Les établissements demandent à ne pas pénaliser les élèves sur les options puisque les points sous la moyenne peuvent la faire baisser alors que l’élève fait l’effort de s’ajouter ça dans son EDT pour briller dans parcoursup. Du coup, les profs, majoritairement, pour éviter une démobilisation générale, évitent de donner des sujets aussi exigeants que par le passé. Du coup, inflation de la moyenne de classe. Le prof de prepa, lui, sait pertinemment que si la moyenne de classe est élevée dans un etb lambda, c’est que, sauf cas exceptionnel, les exigences ont été revues à la baisse et que donc les élèves, non confrontés à la difficulté, sont en réalité plus faibles qu’avant alors qu’ils ont de meilleures notes. Raison pour laquelle si l’on veut que nos élèves soient pris dans les filières sélectives il faut au contraire continuer à mettre des moyennes plus basses et donc plus crédibles.
Désormais le prof se retrouve avec des élèves qui ont choisi une option. Les établissements demandent à ne pas pénaliser les élèves sur les options puisque les points sous la moyenne peuvent la faire baisser alors que l’élève fait l’effort de s’ajouter ça dans son EDT pour briller dans parcoursup. Du coup, les profs, majoritairement, pour éviter une démobilisation générale, évitent de donner des sujets aussi exigeants que par le passé. Du coup, inflation de la moyenne de classe. Le prof de prepa, lui, sait pertinemment que si la moyenne de classe est élevée dans un etb lambda, c’est que, sauf cas exceptionnel, les exigences ont été revues à la baisse et que donc les élèves, non confrontés à la difficulté, sont en réalité plus faibles qu’avant alors qu’ils ont de meilleures notes. Raison pour laquelle si l’on veut que nos élèves soient pris dans les filières sélectives il faut au contraire continuer à mettre des moyennes plus basses et donc plus crédibles.
- BalthamosDoyen
Quelle défiance envers les collègues...
Je ne pense pas que les collègues responsables de ces options bradent leurs notations et baissent leurs exigences.
Que les notes soient bonnes pour des disciplines avec des horaires assez conséquents et souvent des effectifs réduits comparés aux classes entières, ce n'est pas choquant.
Le problème viendrait plus de la déstabilisation du système lié aux différentes réformes.
Avec le contrôle continu et sa plus grande place dans la notation, le bac n'est plus une épreuve de composition mais aussi une épreuve orale, de travail de groupe, de recherches, etc.
La critique serait donc plus contre le controle continu ou la mouture actuelle du bac que sur les collègues qui font leur boulot, et certainement d'une bonne manière, dans les conditions qu'on nous impose.
Puis le problème du supérieur bouchonné et sous doté.
On vit une hausse des effectifs prévisible, et non anticipée, qui s'est répercutée au collège, puis au lycée, puis qui commence à sortir du lycée pour aller dans le supérieur, et à chaque fois les institutions n'ont pas pris choses en main pour recruter, pour préparer cette arrivée.
Je ne pense pas que les collègues responsables de ces options bradent leurs notations et baissent leurs exigences.
Que les notes soient bonnes pour des disciplines avec des horaires assez conséquents et souvent des effectifs réduits comparés aux classes entières, ce n'est pas choquant.
Le problème viendrait plus de la déstabilisation du système lié aux différentes réformes.
Avec le contrôle continu et sa plus grande place dans la notation, le bac n'est plus une épreuve de composition mais aussi une épreuve orale, de travail de groupe, de recherches, etc.
La critique serait donc plus contre le controle continu ou la mouture actuelle du bac que sur les collègues qui font leur boulot, et certainement d'une bonne manière, dans les conditions qu'on nous impose.
Puis le problème du supérieur bouchonné et sous doté.
On vit une hausse des effectifs prévisible, et non anticipée, qui s'est répercutée au collège, puis au lycée, puis qui commence à sortir du lycée pour aller dans le supérieur, et à chaque fois les institutions n'ont pas pris choses en main pour recruter, pour préparer cette arrivée.
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- Spoiler:
- ElyasEsprit sacré
Je rejoins Balthamos.
Toute cette logique m'effraie. On voit qu'inconsciemment, on crée une inégalité des territoires, avec en sous-jacence, que les établissements non-lambda sont les établissements prestigieux socialement, donc réservés à des élèves issues des familles plus que favorisées.
Badiste75 a écrit:Pour en revenir au problème de l’option maths expertes, j’ai une explication possible. Il s’agit, modulo l’heure supplémentaire, d’un programme équivalent à l’ancienne spécialité maths de TS. Les prépas le savent. Ce programme est exigeant et l’exercice de spé du bac pouvait l’être. Dans les pires années, l’exercice de spé, pourtant réservé à de très bons élèves en maths, pouvait entraîner une moyenne de 1,5/5 ou 2/5, pas plus (souvent compensée par la partie commune). Le prof de spé de TS notait donc en fonction...
Désormais le prof se retrouve avec des élèves qui ont choisi une option. Les établissements demandent à ne pas pénaliser les élèves sur les options puisque les points sous la moyenne peuvent la faire baisser alors que l’élève fait l’effort de s’ajouter ça dans son EDT pour briller dans parcoursup. Du coup, les profs, majoritairement, pour éviter une démobilisation générale, évitent de donner des sujets aussi exigeants que par le passé. Du coup, inflation de la moyenne de classe. Le prof de prepa, lui, sait pertinemment que si la moyenne de classe est élevée dans un etb lambda, c’est que, sauf cas exceptionnel, les exigences ont été revues à la baisse et que donc les élèves, non confrontés à la difficulté, sont en réalité plus faibles qu’avant alors qu’ils ont de meilleures notes. Raison pour laquelle si l’on veut que nos élèves soient pris dans les filières sélectives il faut au contraire continuer à mettre des moyennes plus basses et donc plus crédibles.
Toute cette logique m'effraie. On voit qu'inconsciemment, on crée une inégalité des territoires, avec en sous-jacence, que les établissements non-lambda sont les établissements prestigieux socialement, donc réservés à des élèves issues des familles plus que favorisées.
- ProtonExpert
Oui tu découvres cette réalité ?
Et la réforme de Blanquer ne va qu'accentuer cela.
Selon mes observations sur les résultats de cette année, les dossiers réellement excellents ont été bien considérés (excellents sur 1ère et terminale bien sûr).
C'est plutôt les bons qui se ne peuvent plus se distinguer des moyens ... et eux ont pris une claque.
Il y a aussi tous les moyens/passables qui n'auraient jamais eu l'idée de demander une prépa et qui se sont sentis pousser des ailes.
Et la réforme de Blanquer ne va qu'accentuer cela.
Ramanujan974 a écrit:ysabel a écrit:Je m'en aperçois via les réseaux sociaux depuis les résultats de parcoursup... des élèves à la pelle, refusés de partout avec des moyennes générales comprises en 17 et 20 ! et des collègues/parents/élèves qui ne comprennent pas...
En fait, c'est comme l'inflation des mentions depuis 1/4 de siècle.
Chez nous, on tient encore... un collègue en SP avait une moyenne de classe de 17 en seconde... on a considéré que ce n'était pas significatif.
Et les principales victimes sont les très bons élèves, qui pour la plupart auraient également eu des notes supérieures à 18 avec des moyennes de classes de 10.
En plus, je ne suis même pas certain que les élèves moyens-faibles aient été favorisés dans le recrutement.
Selon mes observations sur les résultats de cette année, les dossiers réellement excellents ont été bien considérés (excellents sur 1ère et terminale bien sûr).
C'est plutôt les bons qui se ne peuvent plus se distinguer des moyens ... et eux ont pris une claque.
Il y a aussi tous les moyens/passables qui n'auraient jamais eu l'idée de demander une prépa et qui se sont sentis pousser des ailes.
- EnaecoVénérable
Proton a écrit:Oui je suis d'accord. On est à l'école des fans au lycée. Parcoursup a été une douche froide pour pas mal de nos élèves qui se voyaient bien plus haut qu'ils ne le sont.
Pour beaucoup d'élèves, la moyenne n'est pas vraiment l'indicateur qui les fait se voir bien plus haut qu'ils ne le sont.
Peu importe les moyennes, ils se disent qu'ils valent mieux que ça. S'ils ont une mauvaise moyenne c'est parce que c'était un accident / le prof est méchant ou nul / ils ont pas bossé mais sinon ils y arrivent.
Maintenant qu'on a ouvert les vannes de l'orientation et qu'on se contente de conseiller, les élèves n'ont plus de refus en face de leurs demandes irréalistes.
Difficile à cet âge d'avoir les pieds sur terre si les parents les suivent.
Concernant Parcoursup, il y a des étrangetés et injustices assez notables
- LaotziSage
Balthamos a écrit:Quelle défiance envers les collègues...
Je ne pense pas que les collègues responsables de ces options bradent leurs notations et baissent leurs exigences.
Que les notes soient bonnes pour des disciplines avec des horaires assez conséquents et souvent des effectifs réduits comparés aux classes entières, ce n'est pas choquant.
Le problème viendrait plus de la déstabilisation du système lié aux différentes réformes.
Avec le contrôle continu et sa plus grande place dans la notation, le bac n'est plus une épreuve de composition mais aussi une épreuve orale, de travail de groupe, de recherches, etc.
La critique serait donc plus contre le controle continu ou la mouture actuelle du bac que sur les collègues qui font leur boulot, et certainement d'une bonne manière, dans les conditions qu'on nous impose.
Puis le problème du supérieur bouchonné et sous doté.
On vit une hausse des effectifs prévisible, et non anticipée, qui s'est répercutée au collège, puis au lycée, puis qui commence à sortir du lycée pour aller dans le supérieur, et à chaque fois les institutions n'ont pas pris choses en main pour recruter, pour préparer cette arrivée.
Mon groupe de spé a un effectif encore plus lourd que mon effectif de tronc commun, donc ça n'est pas systématique.
Que la moyenne d'HGGSP en Tle soit un peu au dessus d'une moyenne d'HG en Tle générale précédemment, cela peut effectivement s'expliquer en partie par la présence de travaux différents (exposés, podcasts, fiches de lecture). Néanmoins, les exigences théoriques de l'épreuve écrite sont très élevées, surtout en étant placé en mars.
D'une manière générale, comme certains l'ont dit, l'inflation des moyennes dessert les élèves, en particulier les élèves moyens ou bons. Surtout, cela (et l'omniprésence du contrôle continu) est très pénalisant pour un établissement de banlieue populaire comme le mien : le supérieur n'est, en effet, pas dupe : or, s'il ne peut plus se fier aux moyennes pour recruter car elles sont partout et tout le temps très élevées, alors il se tourne vers un autre critère : le lycée d'origine, sa réputation, sa composition sociale. Je l'ai constaté assez fortement cette année sur parcoursup. Je crois qu'en succombant à cette inflation de moyennes, on pénalise en particulier les élèves des lycées populaires.
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"Trouvez donc bon qu'au lieu de vous dire aussi, adieu comme autrefois, je vous dise, adieu comme à présent."
- beaverforeverNeoprof expérimenté
Je ne dis pas cela contre toi, tu n'es pas responsable de ce que tu décris, mais cette situation montre la toxicité de l'usage des notes.Badiste75 a écrit:Pour en revenir au problème de l’option maths expertes, j’ai une explication possible. Il s’agit, modulo l’heure supplémentaire, d’un programme équivalent à l’ancienne spécialité maths de TS. Les prépas le savent. Ce programme est exigent et l’exercice de spé du bac pouvait l’être. Dans les pires années, l’exercice de spé, pourtant réservé à de très bons élèves en maths, pouvait entraîner une moyenne de 1,5/5 ou 2/5, pas plus (souvent compensée par la partie commune). Le prof de spé de TS notait donc en fonction...
Désormais le prof se retrouve avec des élèves qui ont choisi une option. Les établissements demandent à ne pas pénaliser les élèves sur les options puisque les points sous la moyenne peuvent la faire baisser alors que l’élève fait l’effort de s’ajouter ça dans son EDT pour briller dans parcoursup. Du coup, les profs, majoritairement, pour éviter une démobilisation générale, évitent de donner des sujets aussi exigeants que par le passé. Du coup, inflation de la moyenne de classe. Le prof de prepa, lui, sait pertinemment que si la moyenne de classe est élevée dans un etb lambda, c’est que, sauf cas exceptionnel, les exigences ont été revues à la baisse et que donc les élèves, non confrontés à la difficulté, sont en réalité plus faibles qu’avant alors qu’ils ont de meilleures notes. Raison pour laquelle si l’on veut que nos élèves soient pris dans les filières sélectives il faut au contraire continuer à mettre des moyennes plus basses et donc plus crédibles.
Si ce que tu dis est vrai, alors pour maximiser la réussite scolaire des (très) bons élèves, il faut délibérément baisser les notes des élèves moyens pour ne laisser émerger que un ou deux élèves au-dessus de seize. Cette vision présuppose que seul 3 à 6% des élèves de terminale générale ont le potentiel intellectuel de réussir en filière sélective et que ce pourcentage est fixe et immuable. Cette construction sociale de la note est une prédiction auto-réalisatrice. La note révèle plus alors une vision de l'humanité du recruteur que le niveau des élèves.
On pourrait quand même envisager qu'il existe des enseignants et des élèves engagés dans le travail. Ce n'est pas très difficile, si le contexte est un tout petit peu favorable, de faire progresser 30 à 40% d'une classe de deux à trois niveaux scolaires en une année de cours. Mais pour prendre en compte cela, il faut accepter l'idée que l'éducation peut puissamment améliorer le niveau d'un élève.
C'est quand étonnant de voir cette proportion si importante d'enseignants qui ne croient pas en l'éducation.
- galibierNiveau 3
Au collège, ca fait plusieurs années qu'on observe ce phénomène.
Hier conseil de 3e, la moyenne générale de la classe est de 14,1. Elle est au-dessus de 15 dans de nombreuses matières.
Pourtant, même si c'est une assez bonne classe, il y a pas mal d'élèves en difficulté, et la plupart des élèves sont incapables de rédiger un texte d'une 10aine de lignes à peu près correctement et leur vocabulaire est très limité, ce qui les freine pour comprendre à peu près tout ce qui les entoure...
Mais bon pas grave, on évacue par en haut. En lycée à 35, ils se débrouilleront bien pour suivre hein.
Et puis toujours la culpabilisation de la proviseur en conseil si on a le malheur d'avoir une moyenne à 11...: "et bien Mme Truc, qu'est ce qui se passe là avec vos moyennes ?".
Hier conseil de 3e, la moyenne générale de la classe est de 14,1. Elle est au-dessus de 15 dans de nombreuses matières.
Pourtant, même si c'est une assez bonne classe, il y a pas mal d'élèves en difficulté, et la plupart des élèves sont incapables de rédiger un texte d'une 10aine de lignes à peu près correctement et leur vocabulaire est très limité, ce qui les freine pour comprendre à peu près tout ce qui les entoure...
Mais bon pas grave, on évacue par en haut. En lycée à 35, ils se débrouilleront bien pour suivre hein.
Et puis toujours la culpabilisation de la proviseur en conseil si on a le malheur d'avoir une moyenne à 11...: "et bien Mme Truc, qu'est ce qui se passe là avec vos moyennes ?".
- InvitéInvité
Je ne vois pas en quoi la surnotation inquiète de quelques-uns justifierait qu'il faille en finir avec lesdites notes ; si à chaque mauvais usage, il fallait supprimer l'outil, on ne serait pas sorti du sable.
Et si, pour achever le tout, il faut se fader des pastilles colorées, merci...
Et si, pour achever le tout, il faut se fader des pastilles colorées, merci...
- User20159Esprit éclairé
Nizab a écrit:Je ne vois pas en quoi la surnotation inquiète de quelques-uns justifierait qu'il faille en finir avec lesdites notes ; si à chaque mauvais usage, il fallait supprimer l'outil, on ne serait pas sorti du sable.
La surnotation, c'est un peu le lot des années 2020-2021, avec le combo gagnant réforme inepte du lycée/covid.
Le professeur étant gentil par nature, il n'a pas envie de pénaliser ses élèves...
- Spoiler:
- Qui finiront tôt ou tard par se prendre des tartes dans la tronche, donc bon, et même s'ils sont bons, s'ils viennent d'une zone de relégation, parcoursup les remettra à leur place
Les notes on n'est pas prêt de s'en débarrasser, et toutes les tentatives pour le faire, depuis Olivier Guichard, n'en déplaise à mon très estimé collègue d'HG de juste au dessus, se sont lamentablement, in fine, cassées la binette.
Aujourd'hui le problème n'est pas la note, le problème c'est cette monstruosité de parcoursup.
- beaverforeverNeoprof expérimenté
Je ne propose pas de supprimer les notes. Je constate que les contraintes qui portent sur les évaluateurs les poussent soit à surnoter (pour maintenir la spécialité, pour maintenir le taux de réussite au baccalauréat), soit à sous-noter (pour distinguer 5% des élèves). Dans tout les cas, les notes perdent leur sens, sauf à adhérer à une mythologie où tous les enseignants de France seraient télépathiquement reliés et auraient en permanence les mêmes critères de notation.Nizab a écrit:Je ne vois pas en quoi la surnotation inquiète de quelques-uns justifierait qu'il faille en finir avec lesdites notes ; si à chaque mauvais usage, il fallait supprimer l'outil, on ne serait pas sorti du sable.
Et si, pour achever le tout, il faut se fader des pastilles colorées, merci...
La notation sur 20, c'est une astuce qui a été inventée pour trier les candidats à polytechnique au début du XIXe siècle. Les 21 niveaux de notation sont conçus trier finement la partie haute du classement. C'est plutôt pertinent pour noter un concours (ou seul le tri des meilleurs importe). Cela l'est déjà beaucoup moins pour noter le contrôle continu des élèves dans différents établissements car utilise une échelle ordinale pour réaliser une mesure qui se prétend une échelle d'intervalles égaux. Ce n'est pas un mésusage, c'est une défaillance structurelle.
- Mélusine2Niveau 10
beaverforever a écrit:
Si ce que tu dis est vrai, alors pour maximiser la réussite scolaire des (très) bons élèves, il faut délibérément baisser les notes des élèves moyens pour ne laisser émerger que un ou deux élèves au-dessus de seize. Cette vision présuppose que seul 3 à 6% des élèves de terminale générale ont le potentiel intellectuel de réussir en filière sélective et que ce pourcentage est fixe et immuable. Cette construction sociale de la note est une prédiction auto-réalisatrice. La note révèle plus alors une vision de l'humanité du recruteur que le niveau des élèves.
On pourrait quand même envisager qu'il existe des enseignants et des élèves engagés dans le travail. Ce n'est pas très difficile, si le contexte est un tout petit peu favorable, de faire progresser 30 à 40% d'une classe de deux à trois niveaux scolaires en une année de cours. Mais pour prendre en compte cela, il faut accepter l'idée que l'éducation peut puissamment améliorer le niveau d'un élève.
C'est quand étonnant de voir cette proportion si importante d'enseignants qui ne croient pas en l'éducation.
Je ne comprends pas ce que tu dis : peu importe le nombre (l'accusation chiffrée que tu produis caricature quand même sérieusement les propos des collègues), mais 16, naguère, c'était la mention "très bien". Il n'y a pas à "baisser" les notes des élèves moyens, pour quoi faire ? : assez bien, c'est 12 ; bien, 14 ; passable, c'est 10. Et ça n'empêche pas de progresser au delà, bien évidemment.
Quand une classe a 15 ou davantage de moyenne, soit tout le groupe est excellent, ça peut arriver (le cas a été mentionné ci-dessus, et on a tous eu parfois le bonheur d'une classe formidable), soit on se moque du monde : j'ai trié des dossiers parcoursup avec ces moyennes de classe à 15 et davantage, et, pour des candidats à 16 ou 17, la mention "résultats satisfaisants".... ça n'a rigoureusement aucun sens.
Quant à l'accusation jetée aux "enseignants qui ne croient pas à l'éducation" et ne sont pas "engagés dans le travail"... à ta place, je ne serais pas fier.
- User20159Esprit éclairé
beaverforever a écrit:Je ne propose pas de supprimer les notes. Je constate que les contraintes qui portent sur les évaluateurs les poussent soit à surnoter (pour maintenir la spécialité, pour maintenir le taux de réussite au baccalauréat), soit à sous-noter (pour distinguer 5% des élèves). Dans tout les cas, les notes perdent leur sens, sauf à adhérer à une mythologie où tous les enseignants de France seraient télépathiquement reliés et auraient en permanence les mêmes critères de notation.
La notation sur 20, c'est une astuce qui a été inventée pour trier les candidats à polytechnique au début du XIXe siècle. Les 21 niveaux de notation sont conçus trier finement la partie haute du classement. C'est plutôt pertinent pour noter un concours (ou seul le tri des meilleurs importe). Cela l'est déjà beaucoup moins pour noter le contrôle continu des élèves dans différents établissements car utilise une échelle ordinale pour réaliser une mesure qui se prétend une échelle d'intervalles égaux. Ce n'est pas un mésusage, c'est une défaillance structurelle.
Une posture complètement idéologique....
T'es sûr que c'est le moment ? Ou le lieu ?
Parce que bon la note/pas la note on peut en discuter, mais ce n'est pas le sujet :sourit:
- celitianSage
Il ne s'agit pas de baisser artificiellement les notes mais de donner des devoirs avec des exigences plus élevées pour plus de cohérence avec le diplôme.beaverforever a écrit:Je ne dis pas cela contre toi, tu n'es pas responsable de ce que tu décris, mais cette situation montre la toxicité de l'usage des notes.Badiste75 a écrit:Pour en revenir au problème de l’option maths expertes, j’ai une explication possible. Il s’agit, modulo l’heure supplémentaire, d’un programme équivalent à l’ancienne spécialité maths de TS. Les prépas le savent. Ce programme est exigent et l’exercice de spé du bac pouvait l’être. Dans les pires années, l’exercice de spé, pourtant réservé à de très bons élèves en maths, pouvait entraîner une moyenne de 1,5/5 ou 2/5, pas plus (souvent compensée par la partie commune). Le prof de spé de TS notait donc en fonction...
Désormais le prof se retrouve avec des élèves qui ont choisi une option. Les établissements demandent à ne pas pénaliser les élèves sur les options puisque les points sous la moyenne peuvent la faire baisser alors que l’élève fait l’effort de s’ajouter ça dans son EDT pour briller dans parcoursup. Du coup, les profs, majoritairement, pour éviter une démobilisation générale, évitent de donner des sujets aussi exigeants que par le passé. Du coup, inflation de la moyenne de classe. Le prof de prepa, lui, sait pertinemment que si la moyenne de classe est élevée dans un etb lambda, c’est que, sauf cas exceptionnel, les exigences ont été revues à la baisse et que donc les élèves, non confrontés à la difficulté, sont en réalité plus faibles qu’avant alors qu’ils ont de meilleures notes. Raison pour laquelle si l’on veut que nos élèves soient pris dans les filières sélectives il faut au contraire continuer à mettre des moyennes plus basses et donc plus crédibles.
Si ce que tu dis est vrai, alors pour maximiser la réussite scolaire des (très) bons élèves, il faut délibérément baisser les notes des élèves moyens pour ne laisser émerger que un ou deux élèves au-dessus de seize. Cette vision présuppose que seul 3 à 6% des élèves de terminale générale ont le potentiel intellectuel de réussir en filière sélective et que ce pourcentage est fixe et immuable. Cette construction sociale de la note est une prédiction auto-réalisatrice. La note révèle plus alors une vision de l'humanité du recruteur que le niveau des élèves.
On pourrait quand même envisager qu'il existe des enseignants et des élèves engagés dans le travail. Ce n'est pas très difficile, si le contexte est un tout petit peu favorable, de faire progresser 30 à 40% d'une classe de deux à trois niveaux scolaires en une année de cours. Mais pour prendre en compte cela, il faut accepter l'idée que l'éducation peut puissamment améliorer le niveau d'un élève.
C'est quand étonnant de voir cette proportion si importante d'enseignants qui ne croient pas en l'éducation.
Les élèves de term sont nombreux à réussir dans une filière sélective( BTS, iut.par exemple) mais il y en a très peu qui sont capables de réussir dans des prépas très sélectives, médecine...
L'école devrait effectivement aider les élèves à utiliser leur potentiel au mieux mais nous n'avons pas tous les mêmes capacités scolaires.
- beaverforeverNeoprof expérimenté
Ha@_x a écrit:Une posture complètement idéologique....
- User20159Esprit éclairé
Arrête de rire le castor !
Pour les profs de lycée qui ont ouvert le fil, puis réagi, je ne pense pas que ce soit drôle....
On pourrait parler notes/compétences/pastilles/ceintures ailleurs :sourit:
Pour les profs de lycée qui ont ouvert le fil, puis réagi, je ne pense pas que ce soit drôle....
- Spoiler:
- Et je me sens concerné, même de loin, #ppde3eenRep+
On pourrait parler notes/compétences/pastilles/ceintures ailleurs :sourit:
- VanGogh59Expert spécialisé
galibier a écrit:Au collège, ca fait plusieurs années qu'on observe ce phénomène.
Hier conseil de 3e, la moyenne générale de la classe est de 14,1. Elle est au-dessus de 15 dans de nombreuses matières.
Pourtant, même si c'est une assez bonne classe, il y a pas mal d'élèves en difficulté, et la plupart des élèves sont incapables de rédiger un texte d'une 10aine de lignes à peu près correctement et leur vocabulaire est très limité, ce qui les freine pour comprendre à peu près tout ce qui les entoure...
Mais bon pas grave, on évacue par en haut. En lycée à 35, ils se débrouilleront bien pour suivre hein.
Et puis toujours la culpabilisation de la proviseur en conseil si on a le malheur d'avoir une moyenne à 11...: "et bien Mme Truc, qu'est ce qui se passe là avec vos moyennes ?".
Exactement ça ! Des collègues de plus en plus nombreux finissent avec des 14 ou des 15 de moyenne et ont encore le culot de venir clamer sur le bulletin ou au conseil de classe que le niveau de la classe est faible ! Autre phénomène qui nous touche au collège est le mensonge de la notation pour le DNB. Les PP de 3èmes ont reçu il y a quelques jours une requête de la direction de faire en sorte de "valoriser" (sic) les niveaux de compétence donnés aux élèves avec ordre formel d'augmenter et interdiction de ne pas baisser. La pression est également forte pour augmenter les résultats lors de l'oral. Cette triche fonctionne plutôt pas mal. Au premier brevet blanc où seules les notes des épreuves écrites étaient prises en compte le taux de réussite s'est élevé à 30 % de réussite. avec les résultats du contrôle continu et les oraux blancs, nous atteignons les doigts dans le nez les 80 % ! J'avoue que ce mensonge permanent me pèse et je suis un des rares collègues à résister et à maintenir des exigences. C'est vraiment déprimant de voir ce système mentir à ce point et, comble du comble, oser appeler ça de la bienveillance
_________________
"Nous sommes tous dans le caniveau, mais certains d'entre nous regardent les étoiles" Oscar Wilde
- User20159Esprit éclairé
VanGogh59 a écrit:Les PP de 3èmes ont reçu il y a quelques jours une requête de la direction de faire en sorte de "valoriser" (sic) les niveaux de compétence donnés aux élèves avec ordre formel d'augmenter et interdiction de ne pas baisser. La pression est également forte pour augmenter les résultats lors de l'oral. Cette triche fonctionne plutôt pas mal. Au premier brevet blanc où seules les notes des épreuves écrites étaient prises en compte le taux de réussite s'est élevé à 30 % de réussite. avec les résultats du contrôle continu et les oraux blancs, nous atteignons les doigts dans le nez les 80 % !
Mais nous pouvons aussi fabriquer, les doigts dans le nez, des taux de réussite de 90 à 95%, les seuls recalés étant les absents, il suffit de valider massivement le socle, et énormément de collèges le font.
Après, en 2021, la préconisation de valoriser ne me choque pas, dans les départements passés en hybride pour les 3e.
Ma 3e, hybridée, évincée, a eu 200 heures de cours en moins qu'une troisième lambda....de Bretagne par exemple. Mais ils passeront le même examen. Hors de question de les pénaliser.
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