- User7488Niveau 7
Clecle78 a écrit:17 minutes de retard pour Casteix et Blanquer à l'hommage ce matin.
Ils étaient d'abord au collège de Conflans (pas d'images)
Ils en sont sortis rapidement vers 11h.
Ensuite on les a vus dans une école, de Conflans toujours.
C'est peut-être l'explication.
Edit : je ne défends pas qui que ce soit, j'essaie d'apporter une information.
Source : BFM Direct aux heures indiquées.
- EdithWGrand sage
sookie a écrit:Avez vous eu des élèves qui n'était pas au courant ? J'en ai eu quelques uns ce matin, je n'avais pas envisagé cela.
Mes filles n'étaient pas au courant, départ en colo samedi 17, retour en milieu de vacances, on n'a pas eu l'occasion d'en parler et apparemment, malgré les contacts avec les copines et les rezos socio, elles n'en avaient pas entendu parler (ce qui est rassurant quand on sait ce qui circule sur internet). Nous n'avons pas la télé et elles n'écoutent pas les radios généralistes. Je leur ai expliqué rapidement hier pour qu'elles comprennent l'hommage mais tous les parents ne l'auront pas fait peut-être.
- TangledingGrand Maître
Étaient-ils vraiment bienvenus ? Pas d'informations. Les collègues du bois d'aulne ont forcément des amis parmi les collègues des autres établissements, et la volte-face minable du ministre de l'honneur n'a pas dû très bien passer, logiquement. D'ailleurs Blanquer était chaperonné.
Je remercie les collègues des bahuts massivement en grève aujourd'hui. Chez nous c'était rare comme toujours mais on a pu faire les choses comme il fallait et la direction a tenu compte du maigre rapport de force engagé, une réunion de 30/45 minutes a permis un cadrage et surtout les collègues ont pu ne pas être seuls durant l'hommage.
Je n'ai pas senti d'hostilité des collègues malgré mon relatif isolement. Au contraire des collègues sont venus me demander le texte non tronqué, me parler, etc. Nous partagions le même ressenti, unanime, malgré des choix différents.
Gréviste et n'ayant pas cours normalement à 11h j'ai été invité par un collègue et ami, ça a été digne et émouvant. Et quelques échanges utiles ensuite. C'était des 3e et comme nous étions 4 adultes (1 aesh et 3 professeurs) les faire parler était un peu laborieux, notre collègue poursuivra sans doute si besoin avec eux.
Il a lu la lettre qu'il avait lui même réduite en expliquant pourquoi (pas comme Blanquer) et il l'a bien contextualisée et explicitée. D'autres ont préféré se ranger à la proposition de la direction de lire le poème Liberté d'Eluard, je ne trouvais pas ça très judicieux car sans lien direct avec le métier de Samuel. Mais pas voulu faire d'histoire, le texte imposé n'allait pas de soi non plus, de toute façon.
La direction avait associé tous les personnels, les agents, AED, etc. C'était bien aussi.
Il y a eu un incident à 8h, je veillerai à ce qu'il soit remonté. C'est une élève peu futée que j'ai eue par le passé, mais la bêtise n'excuse pas.
Nous avons 2h banalisées demain en fin de journée pour prolonger la réflexion pédagogique. J'ai demandé à ce que la 1ere heure soit collective et la seconde strictement disciplinaire. Cela a été accepté.
Je me sens mieux pour Samuel et pour nous tous car nous avons pu faire ce que nous devions malgré les obstacles lamentables que le ministre a posé sans vergogne. On a fait au mieux pour Samuel, c'est bien peu, difficile de faire mieux malheureusement, mais il fallait le rendre présent et c'est ce que nous avons essayé de faire collectivement.
J'espère que nous personne dans la profession n'aura de regret quant à cette triste journée, ces journées parfois, juste le regret de n'avoir pu empêcher collectivement la mort cruelle de Samuel assassiné parce qu'il faisait son métier.
Je n'oublierai ni Samuel ni ces jours totalement irréels passés à se battre pour imposer la dignité à ces brutes qui devraient nous soutenir.
Je remercie les collègues des bahuts massivement en grève aujourd'hui. Chez nous c'était rare comme toujours mais on a pu faire les choses comme il fallait et la direction a tenu compte du maigre rapport de force engagé, une réunion de 30/45 minutes a permis un cadrage et surtout les collègues ont pu ne pas être seuls durant l'hommage.
Je n'ai pas senti d'hostilité des collègues malgré mon relatif isolement. Au contraire des collègues sont venus me demander le texte non tronqué, me parler, etc. Nous partagions le même ressenti, unanime, malgré des choix différents.
Gréviste et n'ayant pas cours normalement à 11h j'ai été invité par un collègue et ami, ça a été digne et émouvant. Et quelques échanges utiles ensuite. C'était des 3e et comme nous étions 4 adultes (1 aesh et 3 professeurs) les faire parler était un peu laborieux, notre collègue poursuivra sans doute si besoin avec eux.
Il a lu la lettre qu'il avait lui même réduite en expliquant pourquoi (pas comme Blanquer) et il l'a bien contextualisée et explicitée. D'autres ont préféré se ranger à la proposition de la direction de lire le poème Liberté d'Eluard, je ne trouvais pas ça très judicieux car sans lien direct avec le métier de Samuel. Mais pas voulu faire d'histoire, le texte imposé n'allait pas de soi non plus, de toute façon.
La direction avait associé tous les personnels, les agents, AED, etc. C'était bien aussi.
Il y a eu un incident à 8h, je veillerai à ce qu'il soit remonté. C'est une élève peu futée que j'ai eue par le passé, mais la bêtise n'excuse pas.
Nous avons 2h banalisées demain en fin de journée pour prolonger la réflexion pédagogique. J'ai demandé à ce que la 1ere heure soit collective et la seconde strictement disciplinaire. Cela a été accepté.
Je me sens mieux pour Samuel et pour nous tous car nous avons pu faire ce que nous devions malgré les obstacles lamentables que le ministre a posé sans vergogne. On a fait au mieux pour Samuel, c'est bien peu, difficile de faire mieux malheureusement, mais il fallait le rendre présent et c'est ce que nous avons essayé de faire collectivement.
J'espère que nous personne dans la profession n'aura de regret quant à cette triste journée, ces journées parfois, juste le regret de n'avoir pu empêcher collectivement la mort cruelle de Samuel assassiné parce qu'il faisait son métier.
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"Never complain, just fight."
- Plutôt que de se battre pour des miettes et des contraintes:
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- AlykiGrand sage
Je remercie ma Cheffe qui a pris la décision à la récréation ce matin de faire la minute solennellement dans la cour avec toutes les classes, après qu'elle ait lu la lettre de Jaurès. Ce n'était pas prévu, elle amenait juste des exemplaires de la lettre version eduscol pour ceux qui ne l'aurait pas prévue. Elle a entendu notre besoin d'être tous ensemble.
Ce fut un beau moment. Je mesure ma chance d'être dans un établissement calme et privilégié et je suis de tout cœur avec les collègues du Bois d'Aulne.
Nous allons mener une action pédagogique collective par la suite mais pour moi l'essentiel d'un hommage solennel, commun, a été fait.
Ce fut un beau moment. Je mesure ma chance d'être dans un établissement calme et privilégié et je suis de tout cœur avec les collègues du Bois d'Aulne.
Nous allons mener une action pédagogique collective par la suite mais pour moi l'essentiel d'un hommage solennel, commun, a été fait.
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Ἐρωτηθεὶς δὲ τί δεῖ μάλιστα μανθάνειν τοὺς ἐλευθέρους παῖδας, « Ταῦτ´ » ἔφη « ὅσαπερ ἂν αὐτοὺς ὠφελήσειεν ἄνδρας γενομένους. »
Interrogé sur ce qu'il valait mieux apprendre à des enfants libres, (Léotychidas) dit "ce qui pourra leur servir lorsqu'ils seront devenus des hommes" - Apophtegme laconien.
- InvitéInvité
Sur Aix-Marseille finalement pas mal de lycées ont quand même fait une rentrée aménagée. Pour mon bahut les élus ont convaincu le chef dimanche (!) au cours d'une visio. Donc ce matin 2 heures de formation/réflexion autour d'un support commun. Puis 10 à 11h avec les classes pour préparer le terrain. Du coup minute et lettre se sont très bien passées à 11h et l'impression d'un établissement soudé qui a été à la hauteur. Ça fait du bien.
- TangledingGrand Maître
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- VerduretteModérateur
Un élu de la mairie est arrivé impromptu vers 10 h 45 pour "être à nos côtés et nous assurer du soutien de la commune aux enseignants". Le hasard a fait que c'est dans ma classe qu'il a fait la minute de silence. (Nous n'avons pas de grande salle et notre directrice ne souhaitait pas réunir tout le monde dehors). Les élèves se sont parfaitement tenus (même en maternelle, où il y avait un "temps calme").
Dans la classe une seule élève n'était pas au courant, je rappelle qu'ils sont très jeunes (6 ans), et deux semaines, pour eux, c'est très long. Un élève avait compris que c'était un collégien qui avait tué son professeur. En CM, ils avaient un peu mélangé Conflans et Nice.
Bref j'ai ré-expliqué de façon adaptée, j'ai lu une partie de la lettre de Jean Jaurès en expliquant au fur et à mesure, et je leur ai montré quelques caricatures pour qu'ils comprennent ce que c'était.
Dans la classe une seule élève n'était pas au courant, je rappelle qu'ils sont très jeunes (6 ans), et deux semaines, pour eux, c'est très long. Un élève avait compris que c'était un collégien qui avait tué son professeur. En CM, ils avaient un peu mélangé Conflans et Nice.
Bref j'ai ré-expliqué de façon adaptée, j'ai lu une partie de la lettre de Jean Jaurès en expliquant au fur et à mesure, et je leur ai montré quelques caricatures pour qu'ils comprennent ce que c'était.
- CeladonDemi-dieu
L'enquête avance :
https://www.bfmtv.com/police-justice/conflans-l-ado-mis-en-examen-et-la-collegienne-qui-a-denonce-samuel-paty-se-connaissaient_AN-202011020206.html
De bien jolis horizons en perspective.
https://www.bfmtv.com/police-justice/conflans-l-ado-mis-en-examen-et-la-collegienne-qui-a-denonce-samuel-paty-se-connaissaient_AN-202011020206.html
La gamine à l'origine de la dénonciation calomnieuse était une amie d'enfance.Le collégien de 14 ans, mis en examen et placé sous contrôle judiciaire, a reconnu que devant le collège il avait procédé à un partage de connexion entre son téléphone et celui du terroriste, dont il assure qu'il ne connaissait pas le projet. Il n'a pas expliqué aux policiers pourquoi il avait fait ce partage, un système qui permet à un téléphone de profiter de la connexion internet d'un autre appareil. Il a également communiqué à Abdullakh Anzorov ses identifiants pour la messagerie Telegram.
De bien jolis horizons en perspective.
- SeiGrand Maître
Pareil... en 2de.Verdurette a écrit:Un élu de la mairie est arrivé impromptu vers 10 h 45 pour "être à nos côtés et nous assurer du soutien de la commune aux enseignants". Le hasard a fait que c'est dans ma classe qu'il a fait la minute de silence. (Nous n'avons pas de grande salle et notre directrice ne souhaitait pas réunir tout le monde dehors). Les élèves se sont parfaitement tenus (même en maternelle, où il y avait un "temps calme").
Dans la classe une seule élève n'était pas au courant, je rappelle qu'ils sont très jeunes (6 ans), et deux semaines, pour eux, c'est très long. Un élève avait compris que c'était un collégien qui avait tué son professeur. En CM, ils avaient un peu mélangé Conflans et Nice.
Bref j'ai ré-expliqué de façon adaptée, j'ai lu une partie de la lettre de Jean Jaurès en expliquant au fur et à mesure, et je leur ai montré quelques caricatures pour qu'ils comprennent ce que c'était.
- Pontorson50Fidèle du forum
Pas de questions particulières ni de réaction de mes 6° et 4° sur notre échange et les axes de réflexion que j'avais choisis (problème de tuer les gens ayant des fonctions d'arbitrage, problème des mensonges qui peuvent grossir démesurément, problème quand on est parent de toujours faire confiance à son enfant, situation du tueur (homme, jeune, et réfugié donc ayant vécu enfant une violence comme la norme), interdit absolu de la réponse physique à tout dessin ou parole ou écrit, distinguo entre caricaturer des personnes publiques et des personnes privées, nécessité de travailler lire et écrire énormément pour savoir répondre sans cogner, rappel de la raison du choix de la lettre lue (volonté de la famille de Samuel Paty lors de la cérémonie de la Sorbonne), la situation de Jaurès quand il l'écrit, Jaurès qui a, avec l'école, qui lui a tout donné et dans laquelle il s'est investi à fond, le même rapport fasciné que Mbappé avec le foot, lettre en fait envoyée aux parents et pas aux instits, puisque publiée dans le journal, média quasi unique à l'époque, lettre qui visait à convaincre les parents que l'école obligatoire, qui les privait parfois du revenu ou du travail de leur enfant, c'était génial...
Le point le plus effrayant pour les 4° : découvrir que l'on pouvait à leur âge prendre en théorie jusqu'à 20 ans de prison (pour complicité d'assassinat au cas où les juges iraient jusque là, peu probable pour des mineurs sans histoire jusque là certes)
Le point le plus effrayant pour les 4° : découvrir que l'on pouvait à leur âge prendre en théorie jusqu'à 20 ans de prison (pour complicité d'assassinat au cas où les juges iraient jusque là, peu probable pour des mineurs sans histoire jusque là certes)
- TangledingGrand Maître
Tu leur as fait découvrir beaucoup de choses, bravo @Pontorson50 .
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- trompettemarineMonarque
Ça a été rude dans mon cours. Il a fallu expliquer, écouter, réexpliquer. Tout le monde s'est finalement levé pour la minute de silence.
Par contre, la lettre de Jean Jaurès... Je l'ai lue, mais comme elle est datée !
Par contre, la lettre de Jean Jaurès... Je l'ai lue, mais comme elle est datée !
- EdithWGrand sage
trompettemarine a écrit:Ça a été rude dans mon cours. Il a fallu expliquer, écouter, réexpliquer. Tout le monde s'est finalement levé pour la minute de silence.
Par contre, la lettre de Jean Jaurès... Je l'ai lue, mais comme elle est datée !
Attention, tu es à deux doigts d'utiliser le terme "obsolète" qui a justifié le charcutage et la suppression des passages "gênants" pour le ministre!
Pour être sérieux, elle est surtout remplie de vocabulaire que la plupart des élèves ne comprennent pas, que la lettre soit datée ou pas, leur maîtrise de la langue les rend quasi illettrés pour ce genre de texte, surtout quand ce n'est pas l'objet d'une explication en classe, ce que tu as fait apparemment par ailleurs.
- trompettemarineMonarque
J'aurais franchement préféré la lettre de Camus.
La lettre de Jaurès est un document historique qui nécessite une grande recontextualisation. Beaucoup d'expressions posent des problèmes d'interprétation ("corps et âme" "civilisation", "patrie", etc.) Enfin, elle a été lue... Mais j'étais mal à l'aise
La lettre de Jaurès est un document historique qui nécessite une grande recontextualisation. Beaucoup d'expressions posent des problèmes d'interprétation ("corps et âme" "civilisation", "patrie", etc.) Enfin, elle a été lue... Mais j'étais mal à l'aise
- SiggyHabitué du forum
Les drapeaux étaient en berne dans mon collège. Le cde a lu la lettre de Jean Jaurès, tout le monde était réuni dans la cour. La minute de silence a suivi. J'ai trouvé cela très bien. Les élèves ont entièrement respecté l'hommage. Avant 11h, j'ai discuté avec les élèves. Il y en a un qui avait du mal à comprendre pourquoi on faisait cet hommage alors que cet événement avait eu lieu "à Paris". Il se questionnait véritablement, rien de provocant. On s'est ensuite rappelé les autres fois où l'on avait rendu hommage en France. C'était une bonne discussion. Les collègues en reparleront pendant l'heure de vie de classe, et les collègues d'histoire-géo ont décidé de se laisser une semaine pour travailler ensemble et proposer ensuite aux élèves une séance d'EMC cohérente.
- arcencielGrand Maître
Avec mes élèves de primaire, j'ai choisi la lettre de Camus et la réponse de Mr Germain (des morceaux choisis).trompettemarine a écrit:J'aurais franchement préféré la lettre de Camus.
La lettre de Jaurès est un document historique qui nécessite une grande recontextualisation. Beaucoup d'expressions posent des problèmes d'interprétation ("corps et âme" "civilisation", "patrie", etc.) Enfin, elle a été lue... Mais j'étais mal à l'aise
- uneodysséeNeoprof expérimenté
J'y ai passé l'heure (avec un petit groupe très chouette, donc pas de souci) et on a lu les 3 : Camus, Germain, puis Jaurès avant la minute de silence ; en mettant l'accent sur le sens donné à l'école. J'ai proposé ce que proposait Elyas, d'écrire à un enseignant, mais l'heure étant passée, ce n'était qu'une suggestion, à eux de la suivre si cela avait du sens pour eux… et c'est là que l'émotion, que j'avais réussi à contenir jusqu'alors, m'a atteinte. Une élève était très émue aussi.
- fanetteFidèle du forum
Pour moi : exclusion de cours pour provocation avec apologie du terrorisme (les grands mots, cela fait peur aux directions laxistes) avec un travail sur la laïcité si les chefs n'assurent pas la remontée de bretelles. Rapport d'incident en demandant une suite précise : convocation des parents, punition (là aussi, travail sur le sujet), signalement éventuel... Ne pas se lancer dans un grand discours : carton rouge et dehors !Mamz'elle a écrit:Bonjour,
Petite question...
Que sommes-nous censés faire si un élève joue la provocation et demande pourquoi on ne fait pas aussi un hommage au terroriste ?
Chez nous, un a dit que c'était bien fait pour Samuel Paty, il a été exclu immédiatement, envoyé chez le chef qui a "travaillé" avec lui la laïcité (je pense que ça n'a pas dû être un bon moment ) et les parents sont convoqués.
D'autres incidents dans une autre classe en fin de journée, avec revendications du type "pourquoi pas de minute de silence pour Adama Traore ?" et un élève qui a dit à son camarade "ma mère m'a défendu de faire la minute de silence". Là aussi, cela va être géré par le chef, et si après rdv avec les familles, la mère en question défend le même point de vue, cela sera remonté à qui de droit. Et ils ne pourront pas crier à la stigmatisation, mon chef est d'origine maghrébine et c'est un vrai "confort" pour nous
Chez nous, à peine un quart des profs ont assuré leurs cours, tous les autres se sont réunis de 8h30 à 10h30, la vie sco a géré les élèves. Nous n'avons pas eu l'autorisation de rassembler tout le monde dans la cour, alors les profs, après la lecture (partielle) de la lettre de Jaurès, ont sorti leurs élèves dans le couloir pour la minute de silence, de façon à avoir tout de même un moment plus unitaire (et le chef était ok). Pendant ce temps, cérémonie plus intimiste avec des élus municipaux, un député, et un sénateur. Des représentants profs. Deux élèves ont lu la lettre de Camus à M. Germain. Une collègue, conviée en tant que membre du CA a demandé à venir avec ses 3eme, pas une classe Camif, plutôt un modèle de diversité Nous leur avons dit que nous les choisissions pour représenter l'ensemble des élèves, ils ont été très dignes. Vu les conditions, c'était plutôt satisfaisant.
Je n'ai pas fait cours de la journée. En arrivant dans ma salle, les élèves voyaient la belle photo de Samuel Paty sur le TNI. Je leur expliquais que je ne pouvais pas faire cours ainsi, que j'étais en colère et très triste. Je n'ai pas endossé le rôle de mes collègues d'EMC, je n'en suis pas capable, je leur ai parlé avec mes tripes, et ils n'ont pas l'habitude. Je leur ai d'abord parlé de l'homme, leur ai fait imaginer ce prof, content d'être enfin en vacances, fatigué après une période pénible où des parents lui avaient fait la vie difficile, pensant peut-être à ce qu'il allait faire avec son fils... Je leur ai expliqué que ce collège était comme le nôtre, que ce prof aurait pu être un d'entre nous... et puis je leur ai parlé de l'importance de l'école pour en faire des citoyens non manipulables, je leur ai dit comment elle m'avait permis d'avoir une meilleure vie que celle de mes parents... Je leur ai expliqué la chance qu'ils avaient d'être tous réunis, là, quelle que soit leur religion, leur couleur de peau, leur sexe, leur argent, ils avaient tous droit à la même éducation. Nous avons parlé des réseaux sociaux aussi. Ils ont été respectueux, intéressés, surpris par cette version de moi qu'ils ne connaissaient pas. Je ne sais pas ce qu'ils en retiendront, mais je suis repartie apaisée ce soir. Samuel, aujourd'hui, tu n'étais pas seul.
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L'école nuit gravement à l'obscurantisme !
- ipomeeGuide spirituel
Merci pour vos récits de cet hommage à Samuel Paty. Retraitée, j'étais de cœur avec vous ce matin.
Et ce soir, à vous lire, je suis une fois de plus émue.
Et ce soir, à vous lire, je suis une fois de plus émue.
- fanetteFidèle du forum
J'ajoute que pas mal de collègues, encouragés d'ailleurs par le chef, souhaitent poursuivre le travail. Différentes idées ont été proposées par les uns et les autres (certaines proches de la proposition d'Elyas), on verra ce qui se fera. En tant que prof de maths, je ne pense pas lancer d'activités pédagogiques, mais je suivrai avec intérêt, en particulier comme PP.
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L'école nuit gravement à l'obscurantisme !
- HonchampDoyen
ipomee a écrit:Merci pour vos récits de cet hommage à Samuel Paty. Retraitée, j'étais de cœur avec vous ce matin.
Et ce soir, à vous lire, je suis une fois de plus émue.
Moi aussi, récemment retraitée.
J'ai pensé à vous, collègues. A Samuel Paty, en Une de mon journal régional. Et à son petit garçon.
A mes élèves de l'an passé.
Et je ne pourrai plus jamais entendre U2 de la même manière.
Bon courage à vous, particulièrement ceux qui sont dans des établissements difficiles.
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"Tu verras bien qu'il n'y aura pas que moi, assise par terre comme ça.."
- LadyOlennaModérateur
Moi c'est surtout le passage sur les enfants de la campagne qui seraient un peu bêtas qui m'a mis mal à l'aise.EdithW a écrit:trompettemarine a écrit:Ça a été rude dans mon cours. Il a fallu expliquer, écouter, réexpliquer. Tout le monde s'est finalement levé pour la minute de silence.
Par contre, la lettre de Jean Jaurès... Je l'ai lue, mais comme elle est datée !
Attention, tu es à deux doigts d'utiliser le terme "obsolète" qui a justifié le charcutage et la suppression des passages "gênants" pour le ministre!
Pour être sérieux, elle est surtout remplie de vocabulaire que la plupart des élèves ne comprennent pas, que la lettre soit datée ou pas, leur maîtrise de la langue les rend quasi illettrés pour ce genre de texte, surtout quand ce n'est pas l'objet d'une explication en classe, ce que tu as fait apparemment par ailleurs.
- mistinguetteFidèle du forum
J'ai adopté exactement la même démarche que toi.fanette a écrit:[t très triste. Je n'ai pas endossé le rôle de mes collègues d'EMC, je n'en suis pas capable, je leur ai parlé avec mes tripes, et ils n'ont pas l'habitude. Je leur ai d'abord parlé de l'homme, leur ai fait imaginer ce prof, content d'être enfin en vacances, fatigué après une période pénible où des parents lui avaient fait la vie difficile, pensant peut-être à ce qu'il allait faire avec son fils... Je leur ai expliqué que ce collège était comme le nôtre, que ce prof aurait pu être un d'entre nous... et puis je leur ai parlé de l'importance de l'école pour en faire des citoyens non manipulables, je leur ai dit comment elle m'avait permis d'avoir une meilleure vie que celle de mes parents... Je leur ai expliqué la chance qu'ils avaient d'être tous réunis, là, quelle que soit leur religion, leur couleur de peau, leur sexe, leur argent, ils avaient tous droit à la même éducation. Nous avons parlé des réseaux sociaux aussi. Ils ont été respectueux, intéressés, surpris par cette version de moi qu'ils ne connaissaient pas. Je ne sais pas ce qu'ils en retiendront, mais je suis repartie apaisée ce soir. Samuel, aujourd'hui, tu n'étais pas seul.
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.'..Texte sur les l'oies' commentaires du prof hg que j’adorais sur ma copie de 6e : loi/ l'oie Vous en êtes une!. J'ai évolué depuis mais mon complexe orthographique m'accompagnera toujours. Il semble qu'aujourd’hui on parle de dyslexie pour l'étourdie éternelle que j'étais...alors si c'est la science des ânes, merci de pas charger la mule.
- LadyOlennaModérateur
Je ne sais pas ce qu'il en est de ta direction ou si tu parles des chefs en général, mais nous nous avons clairement demandé aux profs de nous faire remonter le moindre incident, et nous avons reçu 3 mails du Dasen exigeant des remontées avant 13h de ces incidents (qui par ailleurs n'ont pas eu lieu).Mamz'elle a écrit:Le signaler, oui... Mais sachant sur les chefs ne feront rien, je voulais savoir quoi rétorquer directement.
Merci
- pseudo-intelloSage
LadyOlenna a écrit:Moi c'est surtout le passage sur les enfants de la campagne qui seraient un peu bêtas qui m'a mis mal à l'aise.EdithW a écrit:trompettemarine a écrit:Ça a été rude dans mon cours. Il a fallu expliquer, écouter, réexpliquer. Tout le monde s'est finalement levé pour la minute de silence.
Par contre, la lettre de Jean Jaurès... Je l'ai lue, mais comme elle est datée !
Attention, tu es à deux doigts d'utiliser le terme "obsolète" qui a justifié le charcutage et la suppression des passages "gênants" pour le ministre!
Pour être sérieux, elle est surtout remplie de vocabulaire que la plupart des élèves ne comprennent pas, que la lettre soit datée ou pas, leur maîtrise de la langue les rend quasi illettrés pour ce genre de texte, surtout quand ce n'est pas l'objet d'une explication en classe, ce que tu as fait apparemment par ailleurs.
Si on recontextualise (et d'ailleurs il l'évoque, je le crois, dans la lettre), les enfants de la campagne sont moins assidus en classe car les parents ont besoin de leur force de travail à la maison à divers moment de l'année. De fait de leurs absences nombreuses, on peut penser que leur profil, à la fin de la scolarité, est différent.
- René ChicheNiveau 5
Chers Collègues,
Après le temps du recueillement, celui de l’hommage et de la réflexion, voici celui de l’action.
Aucun parent ni aucun élève ne doit plus désormais imaginer qu’il puisse réclamer la tête d’un professeur, que ce soit au sens figuré ou au sens propre ! Il est temps que l’institution scolaire défende clairement le principe de l’autorité du professeur et du respect qui lui est dû, car il s’agit là du fondement de l’acte éducatif.
Action & Démocratie propose que soit inscrite dans le marbre de la loi cette règle élémentaire et que l’on réécrive en ce sens l’article 1er de la « loi pour une école de la confiance ».
Nous vous transmettons ci-après, sous la dénomination d’amendement Samuel Paty, le texte de loi que nous allons demander à tous les parlementaires de tous les bords politiques de soutenir, afin que l’hommage de la Nation soit plus qu’une simple cérémonie, aussi émouvante soit-elle.
Vous pouvez vous emparer à votre tour de cette proposition et vous tourner vers votre député pour l’inciter à y souscrire et la défendre au Parlement.
Action & Démocratie / CFE-CGC déposera l’amendement Samuel Paty en ouverture de la prochaine séance du Conseil supérieur de l’éducation, le mardi 17 novembre, et demandera à toutes les organisations représentées de voter en faveur de ce texte.
« AMENDEMENT SAMUEL PATY »
Remplacer l’article 1er de la loi pour une école de la confiance par le texte suivant :
« Après l'article L. 111-3 du code de l'éducation, il est inséré un article L. 111-3-1 ainsi rédigé :
Les personnels de l’éducation nationale sont chargés par l’Etat d’une mission de service public qui implique le respect des élèves et de leur famille à l’égard de l’autorité des professeurs dans la classe et à l’égard de l’ensemble des personnels dans l’établissement. Ce respect contribue au lien de confiance qui unit les élèves et leur famille au service public de l’éducation. »
Exposé des motifs :
Le 16 octobre 2020, le professeur d’histoire et géographie Samuel Paty a été sauvagement assassiné en raison de l’enseignement qu’il dispensait. Sa mort atroce fut elle-même précédée d’une inacceptable campagne de diffamation orchestrée par des parents d’élèves qui se sont crus autorisés à réclamer sa révocation parce que son enseignement leur avait déplu ou ne leur convenait pas. En agissant de la sorte, ces parents d’élèves ont commis une première faute grave : ils se sont exonérés du respect qu’ils devaient, tout comme leurs enfants, à ce professeur comme à l’ensemble des personnels de l’institution scolaire, respect qui est la condition sine qua non du bon fonctionnement de cette dernière. S’ils avaient pensé qu’ils pouvaient être poursuivis pour de tels propos, ils ne les auraient peut-être pas tenus ni diffusés, et Samuel Paty serait encore vivant. Encore eût-il fallu que la loi pour une école de la confiance le leur fasse clairement comprendre.
Sur l’ensemble du territoire, quotidiennement, des enseignants voient leur autorité contestée, parfois violemment, par une minorité d’élèves et de parents qui se croient tout permis à leur égard. Dresser la liste des outrages graves et répétés que doivent subir chaque jour les personnels de l’éducation nationale nécessiterait plusieurs volumes. Le fait est que ceux qui leur manquent de respect le font souvent impunément, ce qui contribue à la progression de ce phénomène.
Il est urgent de mettre un terme à cette évolution délétère. La République le doit d’abord à Samuel Paty, qui en est mort. Elle le doit aussi à tous les professeurs, qu’elle ne peut charger de la mission essentielle d’instruire sans leur en donner tous les moyens, le respect qui leur est dû étant le premier d’entre eux. Elle le doit enfin à elle-même, car le respect de l’autorité est le fondement de l’organisation politique de la société.
Le moyen est simple : la loi doit poser clairement le principe du respect à l’égard du professeur, sans le soumettre à quelconque condition. Le respect dû au professeur ainsi qu’à tout personnel de l’institution scolaire n’est en aucun cas la récompense à son engagement ni la contrepartie à son exemplarité. Il est un devoir, ce qui signifie qu’il est dû a priori. Et si manquement il y a de la part du personnel, il doit être sanctionné selon sa gravité, mais une fois prouvé qu’un tel manquement existe et qu’il est répété.
Or, en disant que « l'engagement et l'exemplarité des personnels de l'éducation nationale confortent leur autorité dans la classe et l'établissement et contribuent au lien de confiance qui doit unir les élèves et leur famille au service public de l'éducation », puis en ajoutant subsidiairement que « ce lien implique le respect des élèves et de leur famille à l'égard des professeurs, de l'ensemble des personnels et de l'institution scolaire », l’article 1er de la loi pour une école de la confiance du 26 juillet 2019 soumet explicitement le respect des usagers à l’égard des personnels à « l’engagement et l’exemplarité » de ces derniers, leur donnant ainsi l’illusion qu’ils pourraient en être juges. En cela, l’article 1er de la « loi pour une école de la confiance » en contredit même l’intitulé car, dès que l'exemplarité ou l’engagement ne sont pas présupposés par l’Etat comme les vertus de leurs serviteurs mais exigés comme des conditions proportionnant leur autorité et déterminant le respect qui leur est dû, c’est en réalité la méfiance qui règne et non plus la confiance.
L’objectif de cet amendement est donc non seulement de clarifier le sens de la loi mais surtout de rétablir l’ordre véritable entre les notions. Les professeurs ont été recrutés sur concours : leur compétence a donc été vérifiée ; ils connaissent les programmes ; ils ont été titularisés à la suite d'une inspection ; ils sont évalués tout au long de leur parcours professionnel ; il va donc de soi qu’on doit respecter leur autorité pour qu’ils puissent effectuer leur travail dans les meilleures conditions. Le respect qui est dû aux professeurs ainsi qu’à tout le personnel éducatif par les élèves et leur famille est donc bien la base du lien de confiance qui doit unir les membres de la communauté éducative, et non un résultat ni un produit de celui-ci.
https://actionetdemocratie.com/amendement-samuel-paty/
Après le temps du recueillement, celui de l’hommage et de la réflexion, voici celui de l’action.
Aucun parent ni aucun élève ne doit plus désormais imaginer qu’il puisse réclamer la tête d’un professeur, que ce soit au sens figuré ou au sens propre ! Il est temps que l’institution scolaire défende clairement le principe de l’autorité du professeur et du respect qui lui est dû, car il s’agit là du fondement de l’acte éducatif.
Action & Démocratie propose que soit inscrite dans le marbre de la loi cette règle élémentaire et que l’on réécrive en ce sens l’article 1er de la « loi pour une école de la confiance ».
Nous vous transmettons ci-après, sous la dénomination d’amendement Samuel Paty, le texte de loi que nous allons demander à tous les parlementaires de tous les bords politiques de soutenir, afin que l’hommage de la Nation soit plus qu’une simple cérémonie, aussi émouvante soit-elle.
Vous pouvez vous emparer à votre tour de cette proposition et vous tourner vers votre député pour l’inciter à y souscrire et la défendre au Parlement.
Action & Démocratie / CFE-CGC déposera l’amendement Samuel Paty en ouverture de la prochaine séance du Conseil supérieur de l’éducation, le mardi 17 novembre, et demandera à toutes les organisations représentées de voter en faveur de ce texte.
« AMENDEMENT SAMUEL PATY »
Remplacer l’article 1er de la loi pour une école de la confiance par le texte suivant :
« Après l'article L. 111-3 du code de l'éducation, il est inséré un article L. 111-3-1 ainsi rédigé :
Les personnels de l’éducation nationale sont chargés par l’Etat d’une mission de service public qui implique le respect des élèves et de leur famille à l’égard de l’autorité des professeurs dans la classe et à l’égard de l’ensemble des personnels dans l’établissement. Ce respect contribue au lien de confiance qui unit les élèves et leur famille au service public de l’éducation. »
Exposé des motifs :
Le 16 octobre 2020, le professeur d’histoire et géographie Samuel Paty a été sauvagement assassiné en raison de l’enseignement qu’il dispensait. Sa mort atroce fut elle-même précédée d’une inacceptable campagne de diffamation orchestrée par des parents d’élèves qui se sont crus autorisés à réclamer sa révocation parce que son enseignement leur avait déplu ou ne leur convenait pas. En agissant de la sorte, ces parents d’élèves ont commis une première faute grave : ils se sont exonérés du respect qu’ils devaient, tout comme leurs enfants, à ce professeur comme à l’ensemble des personnels de l’institution scolaire, respect qui est la condition sine qua non du bon fonctionnement de cette dernière. S’ils avaient pensé qu’ils pouvaient être poursuivis pour de tels propos, ils ne les auraient peut-être pas tenus ni diffusés, et Samuel Paty serait encore vivant. Encore eût-il fallu que la loi pour une école de la confiance le leur fasse clairement comprendre.
Sur l’ensemble du territoire, quotidiennement, des enseignants voient leur autorité contestée, parfois violemment, par une minorité d’élèves et de parents qui se croient tout permis à leur égard. Dresser la liste des outrages graves et répétés que doivent subir chaque jour les personnels de l’éducation nationale nécessiterait plusieurs volumes. Le fait est que ceux qui leur manquent de respect le font souvent impunément, ce qui contribue à la progression de ce phénomène.
Il est urgent de mettre un terme à cette évolution délétère. La République le doit d’abord à Samuel Paty, qui en est mort. Elle le doit aussi à tous les professeurs, qu’elle ne peut charger de la mission essentielle d’instruire sans leur en donner tous les moyens, le respect qui leur est dû étant le premier d’entre eux. Elle le doit enfin à elle-même, car le respect de l’autorité est le fondement de l’organisation politique de la société.
Le moyen est simple : la loi doit poser clairement le principe du respect à l’égard du professeur, sans le soumettre à quelconque condition. Le respect dû au professeur ainsi qu’à tout personnel de l’institution scolaire n’est en aucun cas la récompense à son engagement ni la contrepartie à son exemplarité. Il est un devoir, ce qui signifie qu’il est dû a priori. Et si manquement il y a de la part du personnel, il doit être sanctionné selon sa gravité, mais une fois prouvé qu’un tel manquement existe et qu’il est répété.
Or, en disant que « l'engagement et l'exemplarité des personnels de l'éducation nationale confortent leur autorité dans la classe et l'établissement et contribuent au lien de confiance qui doit unir les élèves et leur famille au service public de l'éducation », puis en ajoutant subsidiairement que « ce lien implique le respect des élèves et de leur famille à l'égard des professeurs, de l'ensemble des personnels et de l'institution scolaire », l’article 1er de la loi pour une école de la confiance du 26 juillet 2019 soumet explicitement le respect des usagers à l’égard des personnels à « l’engagement et l’exemplarité » de ces derniers, leur donnant ainsi l’illusion qu’ils pourraient en être juges. En cela, l’article 1er de la « loi pour une école de la confiance » en contredit même l’intitulé car, dès que l'exemplarité ou l’engagement ne sont pas présupposés par l’Etat comme les vertus de leurs serviteurs mais exigés comme des conditions proportionnant leur autorité et déterminant le respect qui leur est dû, c’est en réalité la méfiance qui règne et non plus la confiance.
L’objectif de cet amendement est donc non seulement de clarifier le sens de la loi mais surtout de rétablir l’ordre véritable entre les notions. Les professeurs ont été recrutés sur concours : leur compétence a donc été vérifiée ; ils connaissent les programmes ; ils ont été titularisés à la suite d'une inspection ; ils sont évalués tout au long de leur parcours professionnel ; il va donc de soi qu’on doit respecter leur autorité pour qu’ils puissent effectuer leur travail dans les meilleures conditions. Le respect qui est dû aux professeurs ainsi qu’à tout le personnel éducatif par les élèves et leur famille est donc bien la base du lien de confiance qui doit unir les membres de la communauté éducative, et non un résultat ni un produit de celui-ci.
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