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- NLM76Grand Maître
Un fil pour réfléchir aux manières d'orienter davantage notre enseignement vers la transmission de la littérature plutôt que vers... la méthode du commentaire, de l'explication, de la dissertation; la connaissance des figures de style, de la narratologie, des genres et registres...
Non pas pour critiquer les pratiques qui tendent de l'autre côté ; mais pour essayer d'y voir plus clair pour ce qu'il est possible de faire pour aller de ce côté-là, directement.
Non pas pour critiquer les pratiques qui tendent de l'autre côté ; mais pour essayer d'y voir plus clair pour ce qu'il est possible de faire pour aller de ce côté-là, directement.
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Sites du grip :
- http://instruire.fr
- http://grip-editions.fr
Mon site : www.lettresclassiques.fr
«Boas ne renonça jamais à la question-clé : quelle est, du point de vue de l'information, la différence entre les procédés grammaticaux observés ? Il n'entendait pas accepter une théorie non sémantique de la structure grammaticale et toute allusion défaitiste à la prétendue obscurité de la notion de sens lui paraissait elle-même obscure et dépourvue de sens.» [Roman Jakobson, Essais de linguistique générale, "La notion de signification grammaticale selon Boas" (1959)]
- sinanNiveau 9
C'est fondamental, j'ai envie d'écrire un livre là -dessus !
- Clecle78Bon génie
Intéressant. Je suis.
- DesolationRowEmpereur
Je dois dire que je ne comprends pas très bien : c’est ce qu’on fait, non ?
- TailleventFidèle du forum
Je ne dépends pas des programmes français donc ma réponse sera peut-être un peu en décalage. Je n'ai pas l'impression de passer beaucoup de temps à enseigner la théorie littéraire (au point que je me dis que je devrais en faire un peu plus). Tout mon enseignement littéraire est basé sur des lectures et le cœur de ce que voient mes élèves est constitué par les œuvres.
(J'exclus la méthode de la dissertation de mon propos car il me semble que c'est un autre aspect de l'enseignement du français.)
(J'exclus la méthode de la dissertation de mon propos car il me semble que c'est un autre aspect de l'enseignement du français.)
- roxanneOracle
C'est une réflexion que j'ai de plus en plus. Après l'un n'empêche pas l'autre.
Mais c'est vrai que la "méthodologie" a pris le pas ces derniers temps. sur le reste. Une collègue me disait sans sourciller qu'on pourrait pour faire nos services partager une Première entre eux profs, un ferait "la méthode", l'autre les lectures linéaires. Mais quel ennui en perspective! Comme si on devenait des machines à cracher de la méthode et des lectures linéaires clé en main, comme si ce n'était pas un tout. Et en plus, je vois comme j'ai réussi à accrocher mes STI2D en les amenant vers les textes (surtout Baudelaire) !
Mais c'est vrai que la "méthodologie" a pris le pas ces derniers temps. sur le reste. Une collègue me disait sans sourciller qu'on pourrait pour faire nos services partager une Première entre eux profs, un ferait "la méthode", l'autre les lectures linéaires. Mais quel ennui en perspective! Comme si on devenait des machines à cracher de la méthode et des lectures linéaires clé en main, comme si ce n'était pas un tout. Et en plus, je vois comme j'ai réussi à accrocher mes STI2D en les amenant vers les textes (surtout Baudelaire) !
- MinerveNiveau 4
Ce serait très certainement une réorientation salutaire, et cela dans de nombreuses disciplines. Le difficulté majeure, sans doute surmontable mais qui me semble la plus forte, est le caractère évaluable de telles pratiques. Je crois en effet que les dérives disciplinaires vers du simple contenu au détriment d'un rapport plus intime de la part des élèves à ce qui est proposé tient à une exigence évaluative selon des critères toujours plus objectifs (prétendument ...) et qui stérilisent toutes les disciplines littéraires, et au delà.
- sinanNiveau 9
Ce qui est assez paradoxal, c'est qu'on ne cesse de dire qu'il faut "mettre du sens", qu'il faut partir des élèves et de leur monde, et en même temps on assèche les tâches demandées, on réduit le commentaire et la dissertation à des recettes toutes faites, à des exercices creux où l'on applique aveuglément des méthodes désincarnées, qui permettent de s'abstenir de penser véritablement.
La grammaire en est d'ailleurs un excellent exemple : on promeut une grammaire syntaxique, mécanique, en refusant le sémantisme comme niveau d'analyse grammaticale.
Ce qui me frappe toujours, c'est la présentation des séquences présentées comme modèles sur les sites académiques : cela me paraît toujours squelettique, quasi étranger à ce qu'est un vrai cours, me semble-t-il.
La grammaire en est d'ailleurs un excellent exemple : on promeut une grammaire syntaxique, mécanique, en refusant le sémantisme comme niveau d'analyse grammaticale.
Ce qui me frappe toujours, c'est la présentation des séquences présentées comme modèles sur les sites académiques : cela me paraît toujours squelettique, quasi étranger à ce qu'est un vrai cours, me semble-t-il.
- CochonouNiveau 9
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- IphigénieProphète
Eh bien j’irais dans un sens assez différent et de ce qui se fait et de ce qui est proposé …
Transmission de la littérature c’est assez différent d’enseigner la littérature en fait non? C’est ( sagement) plus modeste comme ambition, me semble-t-il: ce n’est peut être pas tant ou pas seulement la théorie littéraire, le problème mais l’idée que nous formerions de futurs ou actuels (d’ailleurs) écrivains/ écrivants.
Transmission supposerait un cadrage cohérent , moins de tyrannie de la méthode, et de quelques œuvres imposées « parce que la littérature c’est des œuvres, intégrales, forcément - en sixième comme pour passer l’agrégation-, moins de credo de « l’élève qui trouve tout de lui-même », parce qu’apprendre de celui qui sait, c’est pas mal non plus et ça peut même donner des idées, plus d’explorations variées et dans un contexte historique plutôt , qui montre l’évolution des idées et des sensibilités et comment chaque époque à la fois se nourrit et tente de se détacher de la précédente- plutôt que ce fatras de genres et thèmes ressassés d’années en années comme actuellement au motif qu’il faut « actualiser les problématiques ». La lecture est un chemin solitaire je ne crois pas aux voyages organisés voire imposés : ô peut par contre montrer « la carte »; je crois aux vertus de l’initiation et à la marque personnelle que donne chacun des professeurs, à condition que ce soit dans un cadrage général cohérent .
@ cochonou: merci pour le rappel de cette discussion intéressante et de la radicalité des différences entre certains points de vue.
Transmission de la littérature c’est assez différent d’enseigner la littérature en fait non? C’est ( sagement) plus modeste comme ambition, me semble-t-il: ce n’est peut être pas tant ou pas seulement la théorie littéraire, le problème mais l’idée que nous formerions de futurs ou actuels (d’ailleurs) écrivains/ écrivants.
Transmission supposerait un cadrage cohérent , moins de tyrannie de la méthode, et de quelques œuvres imposées « parce que la littérature c’est des œuvres, intégrales, forcément - en sixième comme pour passer l’agrégation-, moins de credo de « l’élève qui trouve tout de lui-même », parce qu’apprendre de celui qui sait, c’est pas mal non plus et ça peut même donner des idées, plus d’explorations variées et dans un contexte historique plutôt , qui montre l’évolution des idées et des sensibilités et comment chaque époque à la fois se nourrit et tente de se détacher de la précédente- plutôt que ce fatras de genres et thèmes ressassés d’années en années comme actuellement au motif qu’il faut « actualiser les problématiques ». La lecture est un chemin solitaire je ne crois pas aux voyages organisés voire imposés : ô peut par contre montrer « la carte »; je crois aux vertus de l’initiation et à la marque personnelle que donne chacun des professeurs, à condition que ce soit dans un cadrage général cohérent .
@ cochonou: merci pour le rappel de cette discussion intéressante et de la radicalité des différences entre certains points de vue.
- MinerveNiveau 4
Iphigénie a écrit:Eh bien j’irais dans un sens assez différent et de ce qui se fait et de ce qui est proposé …
Transmission de la littérature c’est assez différent d’enseigner la littérature en fait non? C’est ( sagement) plus modeste comme ambition, me semble-t-il: ce n’est peut être pas tant ou pas seulement la théorie littéraire, le problème mais l’idée que nous formerions de futurs ou actuels (d’ailleurs) écrivains/ écrivants.
Transmission supposerait un cadrage cohérent , moins de tyrannie de la méthode, et de quelques œuvres imposées « parce que la littérature c’est des œuvres, intégrales, forcément - en sixième comme pour passer l’agrégation-, moins de credo de « l’élève qui trouve tout de lui-même », parce qu’apprendre de celui qui sait, c’est pas mal non plus et ça peut même donner des idées, plus d’explorations variées et dans un contexte historique plutôt , qui montre l’évolution des idées et des sensibilités et comment chaque époque à la fois se nourrit et tente de se détacher de la précédente- plutôt que ce fatras de genres et thèmes ressassés d’années en années comme actuellement au motif qu’il faut « actualiser les problématiques ». La lecture est un chemin solitaire je ne crois pas aux voyages organisés voire imposés : ô peut par contre montrer « la carte »; je crois aux vertus de l’initiation et à la marque personnelle que donne chacun des professeurs, à condition que ce soit dans un cadrage général cohérent .
@ cochonou: merci pour le rappel de cette discussion intéressante et de la radicalité des différences entre certains points de vue.
Peut-être est-il possible de transmettre la littérature en formant des lecteurs déjà ... Effectivement je pense qu'il faut rester modeste (nous avons le même problème en philosophie dans le rapport aux textes, modulo les disciplines), mais sans sombrer dans le mécanique. L'objectivité me semble une ineptie en littérature (que ce soit comme écrivain ou comme lecteur).
- sensiferNiveau 5
[Je pose ici un commentaire afin de suivre, notifications à l'appui, les discussions sur ce fil. D'ailleurs, si vous avez des références à feuilleter, autres que le texte de Todorov de @Cochonou sur l'autre fil, je suis preneur: j'ai un long été bien chaud en vue!]
- IphigénieProphète
Minerve a écrit:Iphigénie a écrit:Eh bien j’irais dans un sens assez différent et de ce qui se fait et de ce qui est proposé …
Transmission de la littérature c’est assez différent d’enseigner la littérature en fait non? C’est ( sagement) plus modeste comme ambition, me semble-t-il: ce n’est peut être pas tant ou pas seulement la théorie littéraire, le problème mais l’idée que nous formerions de futurs ou actuels (d’ailleurs) écrivains/ écrivants.
Transmission supposerait un cadrage cohérent , moins de tyrannie de la méthode, et de quelques œuvres imposées « parce que la littérature c’est des œuvres, intégrales, forcément - en sixième comme pour passer l’agrégation-, moins de credo de « l’élève qui trouve tout de lui-même », parce qu’apprendre de celui qui sait, c’est pas mal non plus et ça peut même donner des idées, plus d’explorations variées et dans un contexte historique plutôt , qui montre l’évolution des idées et des sensibilités et comment chaque époque à la fois se nourrit et tente de se détacher de la précédente- plutôt que ce fatras de genres et thèmes ressassés d’années en années comme actuellement au motif qu’il faut « actualiser les problématiques ». La lecture est un chemin solitaire je ne crois pas aux voyages organisés voire imposés : ô peut par contre montrer « la carte »; je crois aux vertus de l’initiation et à la marque personnelle que donne chacun des professeurs, à condition que ce soit dans un cadrage général cohérent .
@ cochonou: merci pour le rappel de cette discussion intéressante et de la radicalité des différences entre certains points de vue.
Peut-être est-il possible de transmettre la littérature en formant des lecteurs déjà ... Effectivement je pense qu'il faut rester modeste (nous avons le même problème en philosophie dans le rapport aux textes, modulo les disciplines), mais sans sombrer dans le mécanique. L'objectivité me semble une ineptie en littérature (que ce soit comme écrivain ou comme lecteur).
Former des lecteurs oui mais ça ne passe pas forcément par des lectures intégrales en classe, ce qui prend un temps considérable pour un plaisir de lecture assez contestable ( il n’y a guère de raisons que les élèves aiment plus les lectures imposées que les professeurs…je pense que c’est un gros défaut des programmes actuels qui imposent un nombre ambitieux de lectures à des élèves qui n’aiment pas lire parce qu’ils ne savent pas lire: c’est très exagérément ambitieux et ajouté à l’inflation de techniques ( littéraires ou techniques de devoirs) , théories et thématiques contemporaines à visées bien-pensantes et forcément pensantes selon le contemporain ça fait bcp de raisons de décrochage pour les élèves, plus que d’attrait, me semble-t-il.
- AscagneGrand sage
En ce qui concerne l'enseignement de la littérature dans le supérieur, je viens de retrouver la référence d'un ouvrage polémique de Baptiste Emile Dericquebourg, Le deuil de la littérature, sorti il y a quelques années. Je crois qu'on peut retrouver l'introduction sur le net car je pense l'avoir lue à l'époque. Je ne sais plus si l'auteur aborde le cas du secondaire.
- IphigénieProphète
Je ne connais pas ce livre contrairement a celui de Todorov ( ) dont on parlait dans l'autre fil...Ascagne a écrit:En ce qui concerne l'enseignement de la littérature dans le supérieur, je viens de retrouver la référence d'un ouvrage polémique de Baptiste Emile Dericquebourg, Le deuil de la littérature, sorti il y a quelques années. Je crois qu'on peut retrouver l'introduction sur le net car je pense l'avoir lue à l'époque. Je ne sais plus si l'auteur aborde le cas du secondaire.
MAis secondaire et supérieur, ce sont justement deux cas très différents à mon avis...
- NLM76Grand Maître
Voilà. Je vous laisse seuls cinq minutes, et vous repartez dans d'interminables dentelles théoriques !
Qu'est-ce que j'entends dans "enseigner" ou "transmettre" la littérature ? Allez, j'essaie de faire une liste.
Voilà, tout à trac. En somme, essentiellement pour moi, apprendre la littérature, c'est s'incorporer la littérature, la mémoriser.
Qu'est-ce que j'entends dans "enseigner" ou "transmettre" la littérature ? Allez, j'essaie de faire une liste.
- Apprendre par cœur de nombreux poèmes.
- Apprendre par cœur de nombreuses histoires.
- Apprendre à écouter des histoires.
- Apprendre à jouer des textes
- Apprendre à lire à haute voix pour d'autres
- Apprendre à lire à haute voix pour soi
- Apprendre à composer des poèmes
- Apprendre à parler de littérature
- Apprendre à entendre les textes écrits
Voilà, tout à trac. En somme, essentiellement pour moi, apprendre la littérature, c'est s'incorporer la littérature, la mémoriser.
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Mon site : www.lettresclassiques.fr
«Boas ne renonça jamais à la question-clé : quelle est, du point de vue de l'information, la différence entre les procédés grammaticaux observés ? Il n'entendait pas accepter une théorie non sémantique de la structure grammaticale et toute allusion défaitiste à la prétendue obscurité de la notion de sens lui paraissait elle-même obscure et dépourvue de sens.» [Roman Jakobson, Essais de linguistique générale, "La notion de signification grammaticale selon Boas" (1959)]
- IphigénieProphète
Mais ça oui ! Tout à fait !! En tout cas il faut absolument commencer par cela , oui! ( quand je dis commencer c’est avant toute chose et pas juste en maternelle mais déjà là
sinon j'oubliais aussi un bouleversement majeur:
sinon j'oubliais aussi un bouleversement majeur:
- Spoiler:
- que ce soient les élèves qui travaillent leurs lectures et non (seulement ou surtout) les profs
et les profs qui fassent cours et non (seulement ou surtout) les élèves qui énoncent leurs trouvailles: on irait plus vite et pas forcément moins bien
le tout (qui ne se contredit pas malgré les apparences) étant, bien sûr, question d'équilibre et de "kairos", selon ce merveilleux mot grec qui manque tant dans l'EN en particulier.
- glucheNiveau 10
Et moi, j'ai la réflexion inverse, surtout pour les secondes parce qu'en 1re, le programme et la perspective du bac laissent moins de marges de manœuvre.roxanne a écrit:C'est une réflexion que j'ai de plus en plus.
En 2de, j'essaie de prendre le temps de faire quelques unes des activités que liste NLM76. Et à la fin de l'année... je me demande si je les ai suffisamment préparés au commentaire de texte. Beaucoup de mes collègues travaillent les textes avec le triptyque citations / procédés / analyse que je ne renie pas totalement mais qui ne me convient pas (qui m'ennuie en fait) et j'ai parfois l'impression d'être peut-être moins exigeante quant à l'analyse stylistique. Je n'aime pas non plus les commentaires de textes où la première partie consiste à montrer que le texte est effectivement une scène d'exposition / un incipit de roman alors que c'est quelque chose qui revient souvent dans les corrigés d'épreuves communes. Là, je me demandais si, finalement, je ne devrais pas en 2de revenir aux registres pour leur apprendre la tonalité des textes. Bon, voilà, j'ai déposé en vrac des réflexions un peu confuses.
- FortunioNiveau 5
J'ai vraiment l'impression qu'il n'y a qu'en lettres qu'on se, passez-moi l'expression, ''prend la tête'' à ce point, à se faire des noeuds au cerveau et se mettre la rate au court bouillon. J'ai simplement envie de donner le plaisir d'aimer les mots, de découvrir des univers, de s'évader, s'émerveiller. C'est tout, et c'est déjà beaucoup. Mais ce n'est pas facile. J'en suis à un point où je ne veux plus avoir de classes de première. Je n'en peux plus des explications linéaires qui me donnent l'impression d'être un médecin légiste de la littérature. Je repense à une citation de Cioran, approximative : ''J'aime lire comme une concierge. M'identifier au personnage. Tout autre attitude me semble être celle du dépeceur de cadavres.''
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- Sylvain de Saint-SylvainGrand sage
Fortunio a écrit:Je n'en peux plus des explications linéaires qui me donnent l'impression d'être un médecin légiste de la littérature. Je repense à une citation de Cioran, approximative : ''J'aime lire comme une concierge. M'identifier au personnage. Tout autre attitude me semble être celle du dépeceur de cadavres.''
C'est un point de vue fréquent. Depuis ma seconde et mes premiers commentaires, j'entends parler de médecin légiste, d'autopsie, de dépeçage, de dissection. Je peine à me reconnaître là-dedans, parce que j'ai toujours pris beaucoup de plaisir à commenter un texte, un extrait, parfois même un seul vers, et parce que je n'ai jamais vu mourir un texte pour cause de commentaire — au contraire.
D'où vient ce malaise ? On se lasse peut-être d'enseigner le commentaire à des élèves qui n'ont pas les prérequis pour cet exercice. Il y a peut-être aussi que le commentaire et l'écriture ont divorcé. La formation rhétorique fut pendant des siècles l'aboutissement de l'étude de la littérature : on étudiait les classiques comme des modèles, des exemples maîtres, parce qu'il s'agissait d'apprendre soi-même à s'exprimer avec force et clarté*. Cette ambition disparue, que reste-t-il du commentaire ?
* Je remarque d'ailleurs que les seuls élèves qui aient partagé mon goût pour l'explication et l'analyse dans mes classes, étaient pour la plupart des artistes. L'intérêt est pour eux plus évident : ils voient comment font leurs pairs.
- BaldredSage
Sylvain de Saint-Sylvain a écrit:Fortunio a écrit:Je n'en peux plus des explications linéaires qui me donnent l'impression d'être un médecin légiste de la littérature. Je repense à une citation de Cioran, approximative : ''J'aime lire comme une concierge. M'identifier au personnage. Tout autre attitude me semble être celle du dépeceur de cadavres.''
C'est un point de vue fréquent. Depuis ma seconde et mes premiers commentaires, j'entends parler de médecin légiste, d'autopsie, de dépeçage, de dissection. Je peine à me reconnaître là-dedans, parce que j'ai toujours pris beaucoup de plaisir à commenter un texte, un extrait, parfois même un seul vers, et parce que je n'ai jamais vu mourir un texte pour cause de commentaire — au contraire.
D'où vient ce malaise ? On se lasse peut-être d'enseigner le commentaire à des élèves qui n'ont pas les prérequis pour cet exercice. Il y a peut-être aussi que le commentaire et l'écriture ont divorcé. La formation rhétorique fut pendant des siècles l'aboutissement de l'étude de la littérature : on étudiait les classiques comme des modèles, des exemples maîtres, parce qu'il s'agissait d'apprendre soi-même à s'exprimer avec force et clarté*. Cette ambition disparue, que reste-t-il du commentaire ?
* Je remarque d'ailleurs que les seuls élèves qui aient partagé mon goût pour l'explication et l'analyse dans mes classes, étaient pour la plupart des artistes. L'intérêt est pour eux plus évident : ils voient comment font leurs pairs.
Ce serait peut-être le point de 10 ( à moins que ce soit le 4) de la liste de @NLM76. C'est sans doute plus évident en collège où l'écriture n'est jamais loin de la lecture. Les élèves qui aiment écrire aiment lire et aiment comprendre, on peut sans doute intervertir l'ordre. On peut au collège assez facilement lier lecture et écriture, au bénéfice d'une analyse qui s'organise petit à petit. Cela ne règle pas le problème de ceux qui ne "mordent" à rien et resteront sans doute pour de nombreuses raisons étrangers à ce que nous faisons.
- IridianeFidèle du forum
Ascagne a écrit:En ce qui concerne l'enseignement de la littérature dans le supérieur, je viens de retrouver la référence d'un ouvrage polémique de Baptiste Emile Dericquebourg, Le deuil de la littérature, sorti il y a quelques années. Je crois qu'on peut retrouver l'introduction sur le net car je pense l'avoir lue à l'époque. Je ne sais plus si l'auteur aborde le cas du secondaire.
Le livre que tu cites, Ascagne, est intéressant pour beaucoup de ses constats et l’auteur a le mérite de ne pas s’en tenir au dénigrement et de proposer des solutions. Ce qui est moins intéressant, c’est le ton de l’ouvrage qui cherche à se donner pour rebelle là où on ressent surtout beaucoup d’aigreur mal digérée vis-à-vis du monde universitaire…
- IphigénieProphète
Sur ce seul point je ne suis pas d’accord: les élèves plus scientifiques que « artistes » peuvent tout à fait se passionner pour nombre de textes littéraires qui leur donnent à réfléchir et à penser: le problème c’est que nos élèves se sont déshabitués du travail: c’est le problème majeur à résoudre: mais tant qu’on poussera à ce que les enseignants travaillent de plus en plus selon des exigences absurdes et chronophages mal pensées et mal graduées avec des élèves qui travaillent de moins en moins puisqu’ils n’y ont plus de « récompense » le fossé ne peut que s’agrandir…* Je remarque d'ailleurs que les seuls élèves qui aient partagé mon goût pour l'explication et l'analyse dans mes classes, étaient pour la plupart des artistes. L'intérêt est pour eux plus évident : ils voient comment font leurs pairs.
- NLM76Grand Maître
Ecoute, il me semble que j'ai pu montrer que non. Je me suis décidé à rédiger un certain nombre d'explications de texte qui suivent le mouvement du texte, et mis à part ici ou là quelques dérives regrettables auxquelles je n'ai pas su échapper, elles montrent assez nettement qu'on peut mener des explications littéraires qui expliquent le texte sans en faire de la charpie. Voir ici :Fortunio a écrit:Je n'en peux plus des explications linéaires qui me donnent l'impression d'être un médecin légiste de la littérature.
- https://www.lettresclassiques.fr/tag/explication-de-texte/
Dis-moi si tu vois là de l'équarrissage.
Maintenant, le sujet, c'est comment transmettre la littérature ?
Je pense donc à autre chose, au-delà de la liste hétéroclite que j'ai donnée plus haut:
- Acquérir du style. Donc faire apprendre à écrire avec du style.
- Donc, commencer, en tant que professeur, par travailler à acquérir du style.
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«Boas ne renonça jamais à la question-clé : quelle est, du point de vue de l'information, la différence entre les procédés grammaticaux observés ? Il n'entendait pas accepter une théorie non sémantique de la structure grammaticale et toute allusion défaitiste à la prétendue obscurité de la notion de sens lui paraissait elle-même obscure et dépourvue de sens.» [Roman Jakobson, Essais de linguistique générale, "La notion de signification grammaticale selon Boas" (1959)]
- sensiferNiveau 5
Cela semble rejoindre une discussion sur un autre fil où vous m'aviez conseillé L'invention de l'orateur (groupement autour de Cicéron, Quintilien, Saint Augustin chez Tel par Patrice Soler) et Le manuel de rhétorique de Pierre Chiron. Je suis en train de réfléchir à faire des progressions pour le niveau collège (en attendant mon affectation TZR). D'autres conseils de lecture pour ce projet ?NLM76 a écrit:Ecoute, il me semble que j'ai pu montrer que non. Je me suis décidé à rédiger un certain nombre d'explications de texte qui suivent le mouvement du texte, et mis à part ici ou là quelques dérives regrettables auxquelles je n'ai pas su échapper, elles montrent assez nettement qu'on peut mener des explications littéraires qui expliquent le texte sans en faire de la charpie. Voir ici :Fortunio a écrit:Je n'en peux plus des explications linéaires qui me donnent l'impression d'être un médecin légiste de la littérature.
- https://www.lettresclassiques.fr/tag/explication-de-texte/
Dis-moi si tu vois là de l'équarrissage.
Maintenant, le sujet, c'est comment transmettre la littérature ?
Je pense donc à autre chose, au-delà de la liste hétéroclite que j'ai donnée plus haut:
- Acquérir du style. Donc faire apprendre à écrire avec du style.
- Donc, commencer, en tant que professeur, par travailler à acquérir du style.
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- 2013-2014 : Les Mains libres de Paul Éluard et Man Ray + Lorenzacio de Musset au programme de littérature (terminale littéraire)
- Le programme de Terminale Littéraire en littérature 2015-2016 : Oedipe-Roi (Sophocle, Pasolini) ; Madame Bovary (Flaubert).
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