[Sondage] Comment se déroulent les épreuves d'E3C chez vous ?

Le Monde a écrit:
Alors que débute la troisième semaine des E3C, les épreuves communes de contrôle continu du nouveau « bac Blanquer », la contestation se poursuit dans certains établissements, emmenée par une partie des enseignants, des lycéens et des parents d’élèves. Le ministère de l’éducation nationale assure que « 60 % des élèves ont composé ». Le SNPDEN-UNSA, syndicat majoritaire des chefs d’établissement, évoque des tensions et reports d’épreuves dans environ 30 % des lycées.

Les nouvelles épreuves de contrôle continu du Bac E3C sont reportées à la semaine prochaine au lycée Gay-Lussac, aux mêmes jours et aux mêmes horaires.

Alors que devait débuter ce lundi 3 février aux lycées publics de Chauny les nouvelles épreuves communes de contrôle continu, qui comptent pour le baccalauréat 2021, des élèves soutenus par des professeurs ont demandé et obtenu leur report. Finalement, seule l’épreuve d’histoire-géographie pour la série générale a pu avoir lieu, « mais une quarantaine d’élèves étaient absents ».

Sans entrer dans la bataille de chiffres, les observateurs du paysage scolaire reconnaissent être surpris par l' « aspect transgressif » des actions en cours. Leur inquiétude se cristallise sur au moins deux points, à commencer par l'irruption dans le jeu des lycéens. « Le mouvement social lancé en décembre, et qui rebondit avec la crise du bac, contredit les analyses dominantes qui prédisaient la fin de la conflictualité sociale, souligne Laurent Frajerman, spécialiste du syndicalisme enseignant à l'Institut de recherches de la FSU. Les professeurs sont des légalistes, je doute qu'ils aillent beaucoup plus loin.Le danger pour le gouvernement, à rester inflexible, est que toutes les colères, y compris celle de la jeunesse, des lycées et des quartiers, s'agrègent. »

Deuxième risque identifié : celui qui pèse sur la gouvernance du système. « Ce qui me semble préoccupant, c'est que les cadres à tous les niveaux, des recteurs aux chefs d'établissement, se retrouvent sous une très forte pression et risquent la rupture avec leurs équipes, avance un ancien recteur. Leur légitimité risque d'être remise en cause, ce qui rendrait le système peu gouvernable. » Les menaces de sanctions agitées, ces derniers jours, par un certain nombre de recteurs et de proviseurs, qui n'hésitent pas à en appeler aux forces de l'ordre, à envisager de porter plainte contre des enseignants ou de distribuer des « zéros pointés » aux lycéens bloqueurs, sont un signe de cette fébrilité.

Les enseignants ont débrayé à plusieurs reprises pour protester contre ces menaces injustes selon eux. Enfin, ils ont été reçus par le directeur académique des services de l'Éducation nationale (DASEN), pour demander à ce qu'elles soient levées. Et font face à un discours particulier : "Le DASEN nous a dit que ces sanctions n'étaient pas de son ressort, mais que si tout se passait bien, qu'il n'y avait plus de débrayage ou de grève, le recteur pourrait ne pas les appliquer."

L’ÉCOLE, LE BAC, LA LUTTE

Comprendre l’opposition à la réforme Blanquer avec Laurence De Cock

paru dans lundimatin#228, le 3 février 2020

Réforme des retraites, réforme du Bac, rétention des copies, des notes, blocages de lycées, salles de classes retournées, police devant les établissements, élèves en garde à vue. Il se passe beaucoup de choses à l’éducation nationale en ce moment. Pour y voir plus clair, nous nous sommes entretenus avec Laurence De Cock, enseignante, qui propose de « redonner ses titres de noblesse à une réappropriation politique de l’école ».

Nous avons encore en tête le mouvement des professeurs contre la réforme du Baccalauréat qui en juin dernier avait perturbé les épreuves et plus particulièrement bloqué les corrections de copies. Depuis le 20 janvier et le début des nouvelles épreuves de contrôle continu (E3C), cet élan de protestation contre la réforme Blanquer a repris dans de nombreux lycées et l’on peut constater que ce ne sont plus seulement les professeurs qui se mobilisent mais aussi les lycéens qui bloquent leurs lycées ou foutent en l’air leurs salles de classe. Néanmoins, cette mobilisation se trouvant enchâssée dans celle contre la réforme des retraites qui mobilise simultanément beaucoup le corps enseignant, nous aimerions comprendre avec vous pourquoi le mouvement a pris dans l’éducation nationale, et ce qui se joue particulièrement autour de cette réforme du bac.C’est toujours difficile d’identifier exactement quelle étincelle met le feu aux poudres. D’abord il y a la nature particulière du terrain, déterminante pour saisir ce qui se joue derrière une révolte (appelons-la comme ça pour le moment). Ici, celui de l’éducation nationale est formé de couches successives d’humiliations. Cela faisait pas mal de temps qu’il était plutôt en friches sur le plan des mobilisations, pour pas mal de raisons, et en particulier depuis le dernier grand mouvement de 2003 où certains enseignants ont perdu près d’un mois de salaire pour rien. Il se murmure désormais dans les salles des profs que la grève (perlée) est inutile, qu’elle est un moyen dépassé des syndicats en perte de vitesse. C’est un phénomène comparable à d’autres corps de métiers évidemment mais qui, compte-tenu de la tradition syndicale de celui-ci, a eu des effets encore plus paralysants. Puis depuis quelques années est arrivée une nouvelle génération d’enseignants post-2003.

Nouveau bac : les "partiels" perturbés dans près de 30% des lycées

Dans la grande majorité des lycées les épreuves de contrôle continu se passent et se passent normalement, assure Jean-Michel Blanquer. Les blocages concerneraient environ 10% des lycées : "Sur ces 10%, indique le ministre, une partie a dû avoir un report des épreuves." Le ministre a par ailleurs assuré que le gouvernement s'organise pour que ce report puisse avoir lieu avant les vacances.
"Il faut que la sérénité et la raison revienne. Je vois bien qu'il y a de la nervosité qui est créée dans certains endroits, il y a parfois des arrières plans politiques, il y a un certain nombre de personnes qui se sont mis en dehors de la loi pour essayer d'empêcher le passage. Je demande à chacun de veiller à l'intérêt des élèves."
Jean-Michel Blanquerà France Info

Rodrigo Arenas, le président de la fédération des parents d’élèves FCPE, dénonce les sanctions qui pèsent sur les élèves, qui protestent contre le nouveau bac voulu par Jean-Michel Blanquer, dont les premières épreuves de contrôle continu ont débutées en janvier.
[...]
R: Le ministère leur met une telle pression, en leur demandant de gérer l’ingérable que des chefs d’établissement en viennent à faire des choses inimaginables. Ils pètent les plombs. Des proviseurs traquent les mômes sur les réseaux sociaux, les prennent en photos devant le lycée pour ensuite les exclure. Certains invitent les forces de l’ordre à rentrer à l’intérieur du lycée… Des proviseurs ont également menacé de coller des zéros à tous les gamins qui refusent de composer dans ces conditions. C’est délirant.
[...]
Q: Plusieurs élèves se sont aussi retrouvés en garde à vue…
R: Oui, même si on n’est pas surpris. On place des gamins en garde à vue pendant des heures, sans explication et sans prévenir les parents… C’est devenu récurrent. Cela a fait du bruit ce week-end, parce que cette fois, ils ont placé en garde à vue des gamins parisiens (du lycée Ravel dans le XXe arrondissement, ndlr) mais en réalité, les cas sont nombreux. Ce lundi, quatre nouveaux élèves, de Pantin cette fois (Seine-Saint-Denis), se sont retrouvés en garde à vue. Nous avons aussi des cas dans le Val-de-Marne ou encore en Charente-Maritime. Sans parler des gaz lacrymo pour disperser les rassemblements devant les lycées ou des coups de matraques… Ils traitent les mômes exactement comme ils font avec les adultes. Et tout le monde s’en fout
[...]
Recevez-vous beaucoup d’appels de parents?
Ça n’arrête pas. Les délégués départementaux de la FCPE, parents bénévoles, ne font plus que ça. On sert de service après-vente au ministère… On reçoit des appels de parents, en pleurs. Des élèves aussi qui veulent connaître leurs droits. La preuve aussi, au passage, que ce ne sont pas des gauchistes téléguidés par des organisations lycéennes aux manettes des partis politiques… On n’est pas du tout dans ce cas de figure. Ce sont simplement des mômes qui réagissent de façon spontanée face aux injustices. Ils se retrouvent à passer des examens dans des situations scandaleuses, devant parfois des sujets infaisables qui ne correspondent pas du tout à ce qu’ils ont vu en cours !

henriette a écrit:Pour info, j'ai appris par des collègues aussi parents d'élèves que, dans au moins deux lycées d'Aix-en-Provence, tous les élèves de 2nde ont été mis en stage en entreprise la semaine des E3C pour permettre de libérer des salles et des surveillants pour les épreuves.

Une proviseure donne les chapitres à réviser pour l’examen de contrôle continu du bac
Dans un courriel, la directrice d’établissement indique à ses élèves de première le chapitre du programme d’histoire-géographie à réviser avant l’épreuve qui doit se dérouler lundi 20 janvier. Elle s’est basée sur des indications de l’inspectrice d’académie

Les élèves du lycée Vaucanson, à Tours, se sont vu indiquer quel chapitre réviser pour une épreuve du bac. Une intervention normale, pour le rectorat.

Tours : des élèves de première obligés de repasser l'épreuve d'anglais à cause d'un bug

La classe de première 6 du lycée en Forêt de Montargis devra repasser une deuxième fois l'épreuve d'histoire des E3C. Et pour cause, les sujets des examens blanc et officiel étaient identiques.

L’incident, largement relayé, peut paraître anecdotique : un surveillant des épreuves au lycée Jean-Monnet, à Joué-lès-Tours, s’est blessé au sein de l’établissement. Âgé de 83 ans, il était l’un des « vingt à trente » remplaçants mobilisés chaque jour en Indre-et-Loire pour compenser l’absence des enseignants, grévistes ou absents.

Un octogénaire surveillant les épreuves du Bac chute et se blesse légèrement à Joué-lès-Tours

Certains enseignants du lycée Pothier, à Orléans, ont fait valoir leur droit de grève, ce mercredi 22 janvier, en refusant de surveiller les épreuves communes de contrôle continu, dans le cadre des épreuves du nouveau bac, qui concernent les classes de première (E3C).

 Les E3C ont été quelque peu perturbées ce matin au lycée Pothier par la poignée d'enseignant-e-s grévistes à 8 h.
Nous nous sommes rendu-e-s dans les salles, en informant les élèves des raisons de notre action ( un collègue de SVT a même été applaudi ) et leurs réactions ont été positives.
Notre proviseuse en revanche était bien énervée et n'avait qu'une crainte : qu'on empêche la tenue des épreuves. On a exigé que les élèves ne soient pas surveillés par des AED ( qui en plus n'avait même pas de convocation !) mais par des personnels de catégorie A. Paniquée et en colère , elle a appelé à la rescousse les deux proviseurs adjoints et l'intendante. Avec un gréviste de plus, ils n'avaient plus de solution !
Nous avons fait un communiqué de presse à la République du centre que je vous joins, et demain, 10 h , nous tracterons auprès de tous les élèves devant le lycée Pothier, pour eux et les parents.  

Les E3C se déroulent dans mon bahut depuis hier. Ce matin, j'étais convoqué pour une suppléance. On m'a sollicité, j'ai refusé, mais ai été moi-même remplacé par un personnel administratif de l'IA. J'ai fait état de cette situation à l'ensemble de mes collègues. Je serai encore gréviste pour l'épreuve de jeudi. Je ne suis pas seul, même si le mouvement n'est guère visible.
D'après des surveillants de salles ou des collègues de langues, il y aurait eu des irrégularités : j'ai encouragé mes collègues à témoigner de ce qu'ils ont pu constater pour centraliser et alimenter d'éventuels recours.  

Le sujet de leur examen blanc d'histoire était le même que celui qui figurait sur les copies officielles des E3C, le mardi 21 janvier.

Perturbations, notamment, ce jeudi 23 janvier, au lycée François-Villon de Beaugency, où l’on recensait quarante-deux enseignants grévistes sur un effectif de soixante-quinze professeurs, d’ordinaire présents le jeudi (56 %).

henriette a écrit:Pour info, j'ai appris par des collègues aussi parents d'élèves que, dans au moins deux lycées d'Aix-en-Provence, tous les élèves de 2nde ont été mis en stage en entreprise la semaine des E3C pour permettre de libérer des salles et des surveillants pour les épreuves.

@SabineRubin(FI) s’indigne de "la brutalité" de l'action du gvt à l'égard des réactions et de la "fronde" de réactions qui accompagne l'organisation du bac et la réforme des épreuves de contrôle continu, les "fameux E3AC"    

Hélips a écrit:En info vérifiée, j'ai chez moi : élèves de secondes en stage pour ceux qui en ont trouvé un (oui parce que quand on annonce ça début janvier, ça fait court), et on fait cette semaine E3C et Bac Blanc (enfin ce matin, les élèves ont fait blocus, donc pas d'E3C).

amethyste a écrit:Sabine Rubin - Question du 4 février 2020

@SabineRubin(FI) s’indigne de "la brutalité" de l'action du gvt à l'égard des réactions et de la "fronde" de réactions qui accompagne l'organisation du bac et la réforme des épreuves de contrôle continu, les "fameux E3AC"    

Prezbo a écrit:

Hélips a écrit:En info vérifiée, j'ai chez moi : élèves de secondes en stage pour ceux qui en ont trouvé un (oui parce que quand on annonce ça début janvier, ça fait court), et on fait cette semaine E3C et Bac Blanc (enfin ce matin, les élèves ont fait blocus, donc pas d'E3C).

Les E3C sont une source inépuisable d'émerveillement.

Les stages seront-ils suivis par les enseignants et donneront-ils lieu à un rapoort et/ou une soutenance ? (Je crains que la question ne soit rhétorique.)

Et les collègues ont acceptés d'avoir la préparation et la correction du bac blanc et des E3C simultanément ?

Selon eux, « il s’agit de transformer notre lycée en bunker du bac Blanquer en imposant l’organisation des E3C sous présence policière. Cette décision met en danger les élèves et les personnels, toutes les conditions sont réunies pour que la sécurité ne soit pas garantie. Le risque qu’il y ait confrontation et que cette confrontation dégénère en affrontements violents. »