- FenrirFidèle du forum
Certes, j'ai constaté depuis longtemps déjà que de plus en plus d'élèves ne savent pas lire l'heure (ce qui m'inquiète), mais ici je parle du concept même de quart d'heure qui leur est étranger, même si je suis conscient que c'est lié.
- ZagaraGuide spirituel
Ascagne a écrit:
Il existe désormais beaucoup d'ouvrages destinés au grand public qui permettent de découvrir ce patrimoine et on peut tout à fait choisir de l'entretenir parce que certaines expression valent leur pesant d'or, mais ce n'est pas souvent aussi urgent que la maîtrise de la langue sur d'autres points, ou que la manie des adolescents de copier les anglophones (heureusement ils inventent aussi des choses qui relèvent bien du domaine français, fût-ce du verlan).
Voilà, entièrement d'accord. C'est exactement ça : les expressions surannées sont un patrimoine culturel. Or, si y'a besoin de faire des livres dessus pour que les gens les connaissent, c'est bien que ce sont des objets morts. On a un rapport à peu près identique à "deux coups de cuillère à pot" qu'à la Tour Eiffel : c'est joli, on sait que "wala c'est la France ça monsieur", on achète des livres pour se renseigner sur son histoire, mais à la fin du fin, sa fonction n'est que de poser une anecdote en soirée du type "tu savais qu'au XXe siècle on disait ça ?" Bref, c'est patrimonial, ce n'est pas de la langue vivante, ou du moins pour une écrasante majorité de gens.
Lord Steven a écrit:
J'ose espérer que vous plaisantez là
Ben non. J'imagine que c'est le même type de "choc" que lorsque quelqu'un avoue, un peu penaud, "non mais moi je connais pas Giotto". On n'est plus dans le domaine de la langue, mais du capital culturel.
- CarabasVénérable
Un élève de 1ere ne comprenait pas l'euphémisme (exercice sur les figures de style) "Dieu l'a rappelé à lui".
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Les chances uniques sur un million se réalisent neuf fois sur dix.
Terry Pratchett
- MathadorEmpereur
Charrette c'est une marque de rhum non ?Iphigénie a écrit:Oui, char, chariot, charrette ça devient rare.
:dehors2:
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"There are three kinds of lies: lies, damned lies, and statistics." (cité par Mark Twain)
« Vulnerasti cor meum, soror mea, sponsa; vulnerasti cor meum in uno oculorum tuorum, et in uno crine colli tui.
Quam pulchrae sunt mammae tuae, soror mea sponsa! pulchriora sunt ubera tua vino, et odor unguentorum tuorum super omnia aromata. » (Canticum Canticorum 4:9-10)
- Monsieur_TeslaNiveau 10
Perle d'un élève de troisième :
Moi : que signifie vulgariser ?
Élève : c'est prendre un texte et le rendre plus vulgaire
Moi : que signifie vulgariser ?
Élève : c'est prendre un texte et le rendre plus vulgaire
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Ce que j'entends je l'oublie.
Ce que le lis je le retiens.
Ce que je fais, je le comprends !
Tchuang Tseu
- Monsieur_TeslaNiveau 10
Mathador a écrit:Charrette c'est une marque de rhum non ?Iphigénie a écrit:Oui, char, chariot, charrette ça devient rare.
:dehors2:
A utiliser en réunion
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Ce que le lis je le retiens.
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Tchuang Tseu
- Dame JouanneÉrudit
Parce qu'il ne lisent plus souvent l'heure sur une pendule, non? Le concept de quart ou de demi heure est visible avec une aiguille qui parcourt un cercle, beaucoup moins sur un affichage numérique.Fenrir a écrit:Certes, j'ai constaté depuis longtemps déjà que de plus en plus d'élèves ne savent pas lire l'heure (ce qui m'inquiète), mais ici je parle du concept même de quart d'heure qui leur est étranger, même si je suis conscient que c'est lié.
Pour revenir à la richesse du langage, si on élimine l'explication "bibliothèque" (je n'aurai pas mis les journaux et revues ou même un dictionnaire dedans, cela revient à mettre tout ce qui est écrit dans le terme "bibliothèque", mais pourquoi pas), il ne reste plus que l'oral. Donc, il faut conclure que le français parlé par les gens en général, les médias, etc est tout simplement plus pauvre en vocabulaire? Pour les expressions, c'est autre chose, elles sont plus variables dans le temps, plus locales aussi (en voiture Simone, barrer la porte, ...), je pense.
- CathEnchanteur
Lord Steven a écrit:Zagara a écrit:Ces expressions sont sorties de la langue ordinaire de 90% des Français, c'est normal qu'elles ne soient plus connues par les jeunes : elles sont mortes dans l'usage.
Je n'ai jamais entendu IRL "entrer en lice" ou "être collet monté" (que je découvre ici d'ailleurs et je ne sais pas ce que ça veut dire). "En deux coups de cuillère à pot" fait vraiment XXe siècle, je l'entends avec un accent de daron tant ça fait vieille France.
Bref, chaque génération a vu ses expressions mourir, et d'autres apparaître, c'est assez normal. Je ne classerais pas ça dans un "défaut de compréhension".
Et franchement, j'aime bien Tintin, mais quand je me replonge dedans, j'entends les bulles avec le ton nasillard des phonographes de 1940 tant la phraséologie est datée. C'est mignon hein, mais faut bien se rendre compte que ça aura bientôt 100 ans. Et en 100 ans, la langue évolue.
D'ailleurs, les expressions de quand j'étais au collège font déjà vieux ; les petits ont depuis développé de nouvelles manières de parler. L'apparition du mot "bail" pour remplacer le "dossier" de mon enfance en est un marqueur, par exemple.
J'ose espérer que vous plaisantez là
Je dois dire que je suis assez surprise.
Vérification faite auprès de Enfants 1 et 2 (24 et 21 ans), ils connaissent ces expressions.
- ZagaraGuide spirituel
Ce n'est pas étonnant que j'aie un patrimoine culturel héréditaire inférieur à celui d'enfants de profs, venant d'une famille peu riche et peu cultivée (du moins en culture bourgeoise ; parce qu'en culture marxiste et anarchiste, on a une grosse bibliothèque familiale ).
Vous noterez que ne pas connaître "collé monté" (et je ne sais toujours pas ce que ça veut dire ) est un handicap mineur à l'ascension sociale.
Le seul patrimoine culturel de ma famille est notre nom patronymique, qu'on réactive de génération en génération pour qu'il ne se perde pas. Il nous permet de passer en scred parmi les bourgeois, tant qu'on se tait.
Vous noterez que ne pas connaître "collé monté" (et je ne sais toujours pas ce que ça veut dire ) est un handicap mineur à l'ascension sociale.
Le seul patrimoine culturel de ma famille est notre nom patronymique, qu'on réactive de génération en génération pour qu'il ne se perde pas. Il nous permet de passer en scred parmi les bourgeois, tant qu'on se tait.
- ElyasEsprit sacré
Zagara a écrit:Ascagne a écrit:
Il existe désormais beaucoup d'ouvrages destinés au grand public qui permettent de découvrir ce patrimoine et on peut tout à fait choisir de l'entretenir parce que certaines expression valent leur pesant d'or, mais ce n'est pas souvent aussi urgent que la maîtrise de la langue sur d'autres points, ou que la manie des adolescents de copier les anglophones (heureusement ils inventent aussi des choses qui relèvent bien du domaine français, fût-ce du verlan).
Voilà, entièrement d'accord. C'est exactement ça : les expressions surannées sont un patrimoine culturel. Or, si y'a besoin de faire des livres dessus pour que les gens les connaissent, c'est bien que ce sont des objets morts. On a un rapport à peu près identique à "deux coups de cuillère à pot" qu'à la Tour Eiffel : c'est joli, on sait que "wala c'est la France ça monsieur", on achète des livres pour se renseigner sur son histoire, mais à la fin du fin, sa fonction n'est que de poser une anecdote en soirée du type "tu savais qu'au XXe siècle on disait ça ?" Bref, c'est patrimonial, ce n'est pas de la langue vivante, ou du moins pour une écrasante majorité de gens.Lord Steven a écrit:
J'ose espérer que vous plaisantez là
Ben non. J'imagine que c'est le même type de "choc" que lorsque quelqu'un avoue, un peu penaud, "non mais moi je connais pas Giotto". On n'est plus dans le domaine de la langue, mais du capital culturel.
Des fois, ne me dis que je suis en décalage. Je ne connais pas Giotto mais je connais l'art aborigène et le livre de Kells. Je dois être un inculte par rapport à la culture dite légitime.
- Monsieur_TeslaNiveau 10
Elyas a écrit:Zagara a écrit:Ascagne a écrit:
Il existe désormais beaucoup d'ouvrages destinés au grand public qui permettent de découvrir ce patrimoine et on peut tout à fait choisir de l'entretenir parce que certaines expression valent leur pesant d'or, mais ce n'est pas souvent aussi urgent que la maîtrise de la langue sur d'autres points, ou que la manie des adolescents de copier les anglophones (heureusement ils inventent aussi des choses qui relèvent bien du domaine français, fût-ce du verlan).
Voilà, entièrement d'accord. C'est exactement ça : les expressions surannées sont un patrimoine culturel. Or, si y'a besoin de faire des livres dessus pour que les gens les connaissent, c'est bien que ce sont des objets morts. On a un rapport à peu près identique à "deux coups de cuillère à pot" qu'à la Tour Eiffel : c'est joli, on sait que "wala c'est la France ça monsieur", on achète des livres pour se renseigner sur son histoire, mais à la fin du fin, sa fonction n'est que de poser une anecdote en soirée du type "tu savais qu'au XXe siècle on disait ça ?" Bref, c'est patrimonial, ce n'est pas de la langue vivante, ou du moins pour une écrasante majorité de gens.Lord Steven a écrit:
J'ose espérer que vous plaisantez là
Ben non. J'imagine que c'est le même type de "choc" que lorsque quelqu'un avoue, un peu penaud, "non mais moi je connais pas Giotto". On n'est plus dans le domaine de la langue, mais du capital culturel.
Des fois, ne me dis que je suis en décalage. Je ne connais pas Giotto mais je connais l'art aborigène et le livre de Kells. Je dois être un inculte par rapport à la culture dite légitime.
Je connais Giotto, la sonde qui a survolé la comète de Halley !
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Ce que le lis je le retiens.
Ce que je fais, je le comprends !
Tchuang Tseu
- titus06Habitué du forum
Pour quelles raisons le niveau de vocabulaire des élèves est-ils moins de moins élevé ? Peut être aussi qu'à force de vouloir nous mettre à "leur niveau", on en oublie que l'on se doit d'enrichir ce vocabulaire.
Une prof de SVT de mon collège me disait qu'elle avait laissé tomber les questions sous la forme "Comment a évolué... ?", ainsi que des expressions qui pouvaient perdre les élèves. Quand j'étais stagiaire, il y a 10 ans, ma tutrice me disait qu'elle faisait aussi attention aux mots et expressions qu'elle employait (elle regrettait, après coup, le fait d'avoir utilisé l'expression "garde fou" dans le cours d'éducation civique auquel je venais d'assister).
Ce fil me rappelle aussi un devoir que mon professeur de francais de 4e nous avait donné sur l'origine et le sens d'expressions du genre "bataille a la Pyrrhus" ou bien "épée de Damocles". Fait-on encore ce genre de choses maintenant ?
Une prof de SVT de mon collège me disait qu'elle avait laissé tomber les questions sous la forme "Comment a évolué... ?", ainsi que des expressions qui pouvaient perdre les élèves. Quand j'étais stagiaire, il y a 10 ans, ma tutrice me disait qu'elle faisait aussi attention aux mots et expressions qu'elle employait (elle regrettait, après coup, le fait d'avoir utilisé l'expression "garde fou" dans le cours d'éducation civique auquel je venais d'assister).
Ce fil me rappelle aussi un devoir que mon professeur de francais de 4e nous avait donné sur l'origine et le sens d'expressions du genre "bataille a la Pyrrhus" ou bien "épée de Damocles". Fait-on encore ce genre de choses maintenant ?
- ElyasEsprit sacré
Dame Jouanne a écrit:Parce qu'il ne lisent plus souvent l'heure sur une pendule, non? Le concept de quart ou de demi heure est visible avec une aiguille qui parcourt un cercle, beaucoup moins sur un affichage numérique.Fenrir a écrit:Certes, j'ai constaté depuis longtemps déjà que de plus en plus d'élèves ne savent pas lire l'heure (ce qui m'inquiète), mais ici je parle du concept même de quart d'heure qui leur est étranger, même si je suis conscient que c'est lié.
Pour revenir à la richesse du langage, si on élimine l'explication "bibliothèque" (je n'aurai pas mis les journaux et revues ou même un dictionnaire dedans, cela revient à mettre tout ce qui est écrit dans le terme "bibliothèque", mais pourquoi pas), il ne reste plus que l'oral. Donc, il faut conclure que le français parlé par les gens en général, les médias, etc est tout simplement plus pauvre en vocabulaire? Pour les expressions, c'est autre chose, elles sont plus variables dans le temps, plus locales aussi (en voiture Simone, barrer la porte, ...), je pense.
Encore une fois, c'est un jugement de valeur fondé sur une vision étroite de la littératie et de l'oralité de dire que s'ils ne parlent pas avec le langage dominant, c'est parce que leur langue ordinaire est pauvre. Elle est différente dans son répertoire, ses registres, ses effets stylistiques et sa prosodie. C'est tout. A l'école de fournir le mantra langagier dominant dit légitime. On le faisait autrefois. L'école oublie sa mission en se moquant et en méprisant ceux qui ne maîtrisent pas.
- JennyMédiateur
Celadon a écrit:Je suis curieuse de savoir si le français enseigné en Afrique francophone est toujours aussi classique et exigeant car le niveau d'expression orale en tout cas y est spectaculaire, eu égard à la dégringolade que l'on constate en France...
+1.
Même impression. J'ai parfois eu des élèves qui ont fait leur primaire en Afrique francophone, qui utilisaient un langage soutenu.
- ZagaraGuide spirituel
Il y a une distinction à poser :
1. Un des rôles de l'école est de transmettre le patrimoine culturel commun. Il est donc tout à fait légitime (et bienvenue) d'y enseigner des expressions mortes telles que "collé monté" ou autres idiomes étranges.
2. Le patrimoine culturel commun enseigné à l'école a pour caractéristique de ne pas être connu de tous, sinon il ne serait pas enseigné. Donc, il est absurde de s'inquiéter que les enfants ne connaissent pas telle ou telle expression... puisque c'est justement le rôle de l'école de les leur enseigner. En gros, ça revient à se plaindre que la culture réelle soit en mouvement. Ce serait aussi absurde que de reprocher aux élèves de ne pas connaître a priori, par leur famille, la Révolution française, le servage, ou les rouages de la 1ere GM. C'est notre rôle de leur transmettre tout ça, c'est donc qu'il y a un besoin (des ignorances à combler).
Bref, enseigner des expressions mortes est légitime (ça rejoint les "oeuvres d'école", comme les romans naturalistes du XIXe : montrer aux élèves des trucs vieux qu'ils ne seraient pas allés voir par eux-mêmes). Mais partir du principe que les élèves doivent les connaître par leur famille et que c'est une indignité si ce n'est pas le cas est absurde.
1. Un des rôles de l'école est de transmettre le patrimoine culturel commun. Il est donc tout à fait légitime (et bienvenue) d'y enseigner des expressions mortes telles que "collé monté" ou autres idiomes étranges.
2. Le patrimoine culturel commun enseigné à l'école a pour caractéristique de ne pas être connu de tous, sinon il ne serait pas enseigné. Donc, il est absurde de s'inquiéter que les enfants ne connaissent pas telle ou telle expression... puisque c'est justement le rôle de l'école de les leur enseigner. En gros, ça revient à se plaindre que la culture réelle soit en mouvement. Ce serait aussi absurde que de reprocher aux élèves de ne pas connaître a priori, par leur famille, la Révolution française, le servage, ou les rouages de la 1ere GM. C'est notre rôle de leur transmettre tout ça, c'est donc qu'il y a un besoin (des ignorances à combler).
Bref, enseigner des expressions mortes est légitime (ça rejoint les "oeuvres d'école", comme les romans naturalistes du XIXe : montrer aux élèves des trucs vieux qu'ils ne seraient pas allés voir par eux-mêmes). Mais partir du principe que les élèves doivent les connaître par leur famille et que c'est une indignité si ce n'est pas le cas est absurde.
- DerborenceModérateur
C'est collet monté et ce n'est pas une expression morte.
_________________
"La volonté permet de grimper sur les cimes ; sans volonté on reste au pied de la montagne." Proverbe chinois
"Derborence, le mot chante triste et doux dans la tête pendant qu’on se penche sur le vide, où il n’y a plus rien, et on voit qu’il n’y a plus rien."
Charles-Ferdinand Ramuz, Derborence
- ZagaraGuide spirituel
Je ne sais toujours pas ce que ça veut dire.
Enseignez-moi.
Enseignez-moi.
- DerborenceModérateur
Cela signifie prétentieux, pédant, prude. Cela vient du collet, col porté par les dames de la haute société du XVIe siècle.
_________________
"La volonté permet de grimper sur les cimes ; sans volonté on reste au pied de la montagne." Proverbe chinois
"Derborence, le mot chante triste et doux dans la tête pendant qu’on se penche sur le vide, où il n’y a plus rien, et on voit qu’il n’y a plus rien."
Charles-Ferdinand Ramuz, Derborence
- JennyMédiateur
Zagara a écrit:Je ne sais toujours pas ce que ça veut dire.
Enseignez-moi.
Guindé.
- Sylvain de Saint-SylvainGrand sage
Zagara a écrit:Je ne sais toujours pas ce que ça veut dire.
Enseignez-moi.
Tu ne te souviens pas ?
- ZagaraGuide spirituel
Merci, j'ai gagné 1 point en surface culturelle.
En fait j'ai l'impression que certains profs de français partent du principe que ce qu'ils enseignent doit déjà être présent chez les élèves (alors, pourquoi l'enseigner ?). Or, pour reste sur les expressions mortes, ça n'a jamais été le cas ; ça n'a rien de nouveau qu'elles ne soient pas connues. Parce que croyez-vous vraiment que le hussard noir devant des enfants de paysans sous la IIIe Rép. trouvait déjà chez son public des expressions issues de la rhétorique antique comme "victoire à la Pyrrhus", ou de la bourgeoisie parisienne comme "collet monté" ?
Bref, les profs de français devraient à mon sens avoir la même attitude que les profs d'histoire, parce que c'est le même métier (tout n'est qu'histoire) : ils enseignent l'histoire de la langue française et de la littérature. En présentant des oeuvres anciennes et des termes anciens, ou inconnus du public auquel ils s'adressent. Tout comme nous présentons des civilisations et faits anciens et inconnus. Et c'est normal ; ce n'est ni nouveau, ni étonnant.
En fait j'ai l'impression que certains profs de français partent du principe que ce qu'ils enseignent doit déjà être présent chez les élèves (alors, pourquoi l'enseigner ?). Or, pour reste sur les expressions mortes, ça n'a jamais été le cas ; ça n'a rien de nouveau qu'elles ne soient pas connues. Parce que croyez-vous vraiment que le hussard noir devant des enfants de paysans sous la IIIe Rép. trouvait déjà chez son public des expressions issues de la rhétorique antique comme "victoire à la Pyrrhus", ou de la bourgeoisie parisienne comme "collet monté" ?
Bref, les profs de français devraient à mon sens avoir la même attitude que les profs d'histoire, parce que c'est le même métier (tout n'est qu'histoire) : ils enseignent l'histoire de la langue française et de la littérature. En présentant des oeuvres anciennes et des termes anciens, ou inconnus du public auquel ils s'adressent. Tout comme nous présentons des civilisations et faits anciens et inconnus. Et c'est normal ; ce n'est ni nouveau, ni étonnant.
- Lord StevenExpert
On n'est pas dans le patrimoine culturel là, ce sont des expressions de la vie courante, au même titre que être à la bourre ou que sais je encore. Mais j'avoue, je suis un garçon collet monté qui sort en cheveux et aime prendre langue avec autrui
_________________
If you play with a cat, you should mind his scratch
- SphinxProphète
J'ai arrêté d'employer des expressions imagées en cours depuis que j'ai perdu toute une classe avec "faut pas pousser Mémé dans les orties". (Cela dit, des fois je perds les collègues et la direction aussi. Il n'y a que moi au collège qui aime ce genre d'expressions, j'ai l'impression )
Effectivement la langue évolue et ça ne me semble pas aberrant que certaines expressions se perdent (j'ai donné un exercice l'autre jour où il fallait donner le sens de "faire des siennes" et "y mettre du sien", ben pour donner le sens pas de problème, mais le sens exact, c'est-à-dire l'origine de l'expression, j'ai dû chercher parce que je ne savais pas.) Je trouve cependant dommage de se dire que "c'est vieux ça sert à rien" et de refuser d'apprendre le sens de ces expressions quand par hasard on les croise, au risque de ne pas les comprendre davantage si on les croise une deuxième fois.
Je rejoins quand même le constat fait sur ce fil qu'il y a quelque chose de particulièrement inquiétant chez les élèves :
- la méconnaissance de mots de vocabulaire totalement bateau pour une majorité d'entre eux ("ça veut dire quoi le pouls ? négligemment ? courbé ?")
- le refus total d'apprendre un nouveau mot ou une nouvelle expression quand ils en croisent un ("personne dit ça. C'est pas français. C'est vieux. C'est soutenu.") Là il y a un problème qui ne fait pas évoluer le gugusse coincé avec ses deux cent mots de vocabulaire, et c'est une lutte de tous les instants en classe
Totalement d'accord avec tout ça.
Effectivement la langue évolue et ça ne me semble pas aberrant que certaines expressions se perdent (j'ai donné un exercice l'autre jour où il fallait donner le sens de "faire des siennes" et "y mettre du sien", ben pour donner le sens pas de problème, mais le sens exact, c'est-à-dire l'origine de l'expression, j'ai dû chercher parce que je ne savais pas.) Je trouve cependant dommage de se dire que "c'est vieux ça sert à rien" et de refuser d'apprendre le sens de ces expressions quand par hasard on les croise, au risque de ne pas les comprendre davantage si on les croise une deuxième fois.
Je rejoins quand même le constat fait sur ce fil qu'il y a quelque chose de particulièrement inquiétant chez les élèves :
- la méconnaissance de mots de vocabulaire totalement bateau pour une majorité d'entre eux ("ça veut dire quoi le pouls ? négligemment ? courbé ?")
- le refus total d'apprendre un nouveau mot ou une nouvelle expression quand ils en croisent un ("personne dit ça. C'est pas français. C'est vieux. C'est soutenu.") Là il y a un problème qui ne fait pas évoluer le gugusse coincé avec ses deux cent mots de vocabulaire, et c'est une lutte de tous les instants en classe
Cléopatra2 a écrit:Oui, je rejoins tout à fait Elias, mais force est de constater que peu d'entre eux font l'effort d'ouvrir un dico quand ils n'ont pas compris (voire aucun dans certaines classes malgré mes injonctions répétées). Et en classe, ils ne demandent pas les mots, ou alors pensent qu'ils comprennent alors que non.
Les textes "scientifiques" sont inabordables, et un discours un peu soutenu ne l'est pas davantage.
Certains élèves infèrent le sens très facilement, et je pense que c'est ce que je faisais moi-même enfant et ado. Je ne me rappelle pas avoir demandé à mes parents le sens des mots que je lisais. On devait m'en expliquer,oui, mais sinon je devinais.
Exemple : je lis en ce moment de petits chapitres des Malheurs de Sophie à ma fille. Je dois lui expliquer tous les mots. Moi je les ai lus seule vers 7-8 ans je pense et j'ai deviné ce qu'était une bonne, compris qu'à l'époque on vouvoyait ses parents etc. Mes élèves en seraient bien incapable pour la majorité. Et pourtant, dans les années 80-90, le monde de la comtesse de Ségur était tout aussi exotique que maintenant.
Pour inférer le sens, il faut avoir une pratique langagière et un "monde imaginaire" assez développé en fait.
Au lycée, j'ai quand même des choses assez étonnantes : littoral (pourtant abondamment utilisé et décortiqué au collège), pirate (l'élève ne comprenait pas le principe de la piraterie et croyait que c'était des personnes imaginaires : "mais madame, pas avec des épées et des chapeaux!!!!").
Le souci est que j'ai beau demander qu'ils le disent lorsqu'ils n'ont pas compris, ils ne le font pas, sur des mots qui me semblent tout à fait inoffensifs. Donc le malentendu persiste.
Et du coup les bons élèves s'ennuient à mourir, enfin, pas les bons, ceux pour qui la langue est vivante, et en mouvement.
Dans la liste citée au début, je les utilise tous, je pense. Collet-monté ne me semble pas courant, mais tout de même plus élégant qu'"avoir un balai là où je pense". J'utilise donc l'un ou l'autre selon les interlocuteurs.
Totalement d'accord avec tout ça.
_________________
An education was a bit like a communicable sexual disease. It made you unsuitable for a lot of jobs and then you had the urge to pass it on. - Terry Pratchett, Hogfather
"- Alors, Obélix, l'Helvétie c'est comment ? - Plat."
- Sylvain de Saint-SylvainGrand sage
Zagara a écrit:En fait j'ai l'impression que certains profs de français partent du principe que ce qu'ils enseignent doit déjà être présent chez les élèves (alors, pourquoi l'enseigner ?). Or, pour reste sur les expressions mortes, ça n'a jamais été le cas ; ça n'a rien de nouveau qu'elles ne soient pas connues. Parce que croyez-vous vraiment que le hussard noir devant des enfants de paysans sous la IIIe Rép. trouvait déjà chez son public des expressions issues de la rhétorique antique comme "victoire à la Pyrrhus", ou de la bourgeoisie parisienne comme "collet monté" ? Razz
Les expressions sont typiquement le genre de choses qu'on apprend tout au long de sa vie, sans que beaucoup d'entre elles fassent parties des indispensables à connaître très tôt. Voir le médecin dans La Recherche, qui n'en maîtrise jamais vraiment l'emploi. On les apprend d'autant plus volontiers qu'elles ont une saveur avant d'avoir un sens, une couleur locale, sociale ou générationnelle, quand le sens ne se laisse pas deviner par l'image ou le contexte. J'ai l'impression qu'une expression inconnue provoque moins l'hostilité qu'un simple mot, savant en particulier.
Je ne suis navré que lorsque je dois enseigner certaines choses à un niveau où elles seraient sues si l'école fonctionnait bien : nous savons tous ici qu'on enseigne moins le français qu'avant, et quelles attaques ont subies l'apprentissage du vocabulaire et toutes les formes d'apprentissage par cœur. Je ne cherche les causes d'une ignorance anormale que de ce côté-ci. Les chercher du côté d'Internet etc.. exigerait pour moi un travail beaucoup trop fastidieux.
Une autre question est celle de l'hostilité, d'élèves ou de classes entières, à tout mot, expression, tournure nouvelle. Je n'ai vécu cela qu'une année, mais c'est rageant.
- CathEnchanteur
Zagara a écrit:Merci, j'ai gagné 1 point en surface culturelle.
En fait j'ai l'impression que certains profs de français partent du principe que ce qu'ils enseignent doit déjà être présent chez les élèves (alors, pourquoi l'enseigner ?). Or, pour reste sur les expressions mortes, ça n'a jamais été le cas ; ça n'a rien de nouveau qu'elles ne soient pas connues. Parce que croyez-vous vraiment que le hussard noir devant des enfants de paysans sous la IIIe Rép. trouvait déjà chez son public des expressions issues de la rhétorique antique comme "victoire à la Pyrrhus", ou de la bourgeoisie parisienne comme "collet monté" ?
Bref, les profs de français devraient à mon sens avoir la même attitude que les profs d'histoire, parce que c'est le même métier (tout n'est qu'histoire) : ils enseignent l'histoire de la langue française et de la littérature. En présentant des oeuvres anciennes et des termes anciens, ou inconnus du public auquel ils s'adressent. Tout comme nous présentons des civilisations et faits anciens et inconnus. Et c'est normal ; ce n'est ni nouveau, ni étonnant.
Tu ne veux pas arrêter avec "expressions mortes", que tu poses comme définitif alors qu'on s'échine à te dire que ce n'est pas le cas ?
- Dame JouanneÉrudit
J'ai appris très tardivement la signification du mot trémie et me suis fait regarder bizarrement car je n'en connaissais pas la signification. Je me suis aussi rendu compte que certains mots de vocabulaire n'ont pas du tout le même sens employés par des philosophes ou des littéraires et, disons, des scientifiques. Une partie de notre vocabulaire est conditionné par le milieu dans lequel on vit et par nos centres d’intérêt. Ce n'est pas qu'il est plus ou moins riche mais si son domaine d'application et d'utilisation est très étroit, cela peut devenir un handicap. Et je suis d'accord, il est clair qu'une partie du vocabulaire et de l'expression doit être apprise par l'école et que c'est une faute et une démission de l'école et de nous, les professeurs, de ne plus le faire ou mal. Mais quand la méconnaissance arrive jusqu'à des mots très "courants" on peut se dire que l'école n'est pas seule en cause.Elyas a écrit:Dame Jouanne a écrit:Parce qu'il ne lisent plus souvent l'heure sur une pendule, non? Le concept de quart ou de demi heure est visible avec une aiguille qui parcourt un cercle, beaucoup moins sur un affichage numérique.Fenrir a écrit:Certes, j'ai constaté depuis longtemps déjà que de plus en plus d'élèves ne savent pas lire l'heure (ce qui m'inquiète), mais ici je parle du concept même de quart d'heure qui leur est étranger, même si je suis conscient que c'est lié.
Pour revenir à la richesse du langage, si on élimine l'explication "bibliothèque" (je n'aurai pas mis les journaux et revues ou même un dictionnaire dedans, cela revient à mettre tout ce qui est écrit dans le terme "bibliothèque", mais pourquoi pas), il ne reste plus que l'oral. Donc, il faut conclure que le français parlé par les gens en général, les médias, etc est tout simplement plus pauvre en vocabulaire? Pour les expressions, c'est autre chose, elles sont plus variables dans le temps, plus locales aussi (en voiture Simone, barrer la porte, ...), je pense.
Encore une fois, c'est un jugement de valeur fondé sur une vision étroite de la littératie et de l'oralité de dire que s'ils ne parlent pas avec le langage dominant, c'est parce que leur langue ordinaire est pauvre. Elle est différente dans son répertoire, ses registres, ses effets stylistiques et sa prosodie. C'est tout. A l'école de fournir le mantra langagier dominant dit légitime. On le faisait autrefois. L'école oublie sa mission en se moquant et en méprisant ceux qui ne maîtrisent pas. Pour information, j'ai subi ce genre de choses de mon cp à mes études supérieures, ce petit mépris du professeur contre moi le fils de nomade pauvre par rapport aux beaux enfants de la bourgeoisie et ayant fait prépa. Résultat : C'est moi qui publie le plus, qui ai les palmes académiques et qui ai donné des conférences aux rdvh de Blois. Ceci est une dédicace au pourri que j'ai eu à la fac et qui m'a humilié fréquemment par racisme social.
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