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- SphinxProphète
J'ai soutenu il y a quelques années après six ans de thèse (trois sous contrat doctoral, trois en ayant pris mon poste d'agreg en collège à Pétaouchnok parce qu'il fallait bien manger). J'ai fini au bord du burn-out.
J'ai participé dans la foulée à un colloque à l'étranger (pour lequel j'ai dû suer sang et eau pour me faire dispenser de correction du brevet par le rectorat) puis donné une communication qui a ensuite été publiée. Donc deux communications en un an mais qui partaient pas mal de ma thèse quand même.
J'ai vu que si je voulais le faire correctement (i. e. afin d'espérer être recrutée plus tard) ça équivalait à assurer deux boulots à temps plein dont l'un n'était pas rémunéré, voire pour lequel je devrais raquer (pour le colloque à l'étranger, plus de six cent balles de ma poche, entre l'avion, l'hôtel et les frais d'inscription).
J'ai vu que les trois années suivantes aucun poste ne paraissait dans ma spécialité (un poste publié au bout de trois ans, à la Sorbonne, je n'avais rien publié depuis deux ans, je n'ai même pas essayé). Que les postes publiés en latin (je suis classée dans deux sections), c'était pour faire des "humanités numériques" et de la remise à niveau en français en L1.
Je me suis demandé si ça valait tellement le coup, et je me suis rappelé ces six ans de thèse + deux de master à regarder d'éminents chercheurs se bouffer le nez, se tirer dans les pattes et se planter des couteaux dans le dos pour des questions d'ego (ça a fini par m'éclabousser d'ailleurs). J'ai vu que les chercheurs que je connaissais se plaignaient du niveau des étudiants qui s'inscrivent (de moins en moins) en archéologie romaine sans avoir jamais fait de latin, et de la fonte des effectifs qui menace les postes, et ne bougeaient pas le petit doigt quand je leur expliquais que ça allait empirer (c'était en pleine réforme du collège).
J'ai lâché l'affaire. Je cherche encore où est mon bonheur mais clairement pas là.
J'ai participé dans la foulée à un colloque à l'étranger (pour lequel j'ai dû suer sang et eau pour me faire dispenser de correction du brevet par le rectorat) puis donné une communication qui a ensuite été publiée. Donc deux communications en un an mais qui partaient pas mal de ma thèse quand même.
J'ai vu que si je voulais le faire correctement (i. e. afin d'espérer être recrutée plus tard) ça équivalait à assurer deux boulots à temps plein dont l'un n'était pas rémunéré, voire pour lequel je devrais raquer (pour le colloque à l'étranger, plus de six cent balles de ma poche, entre l'avion, l'hôtel et les frais d'inscription).
J'ai vu que les trois années suivantes aucun poste ne paraissait dans ma spécialité (un poste publié au bout de trois ans, à la Sorbonne, je n'avais rien publié depuis deux ans, je n'ai même pas essayé). Que les postes publiés en latin (je suis classée dans deux sections), c'était pour faire des "humanités numériques" et de la remise à niveau en français en L1.
Je me suis demandé si ça valait tellement le coup, et je me suis rappelé ces six ans de thèse + deux de master à regarder d'éminents chercheurs se bouffer le nez, se tirer dans les pattes et se planter des couteaux dans le dos pour des questions d'ego (ça a fini par m'éclabousser d'ailleurs). J'ai vu que les chercheurs que je connaissais se plaignaient du niveau des étudiants qui s'inscrivent (de moins en moins) en archéologie romaine sans avoir jamais fait de latin, et de la fonte des effectifs qui menace les postes, et ne bougeaient pas le petit doigt quand je leur expliquais que ça allait empirer (c'était en pleine réforme du collège).
J'ai lâché l'affaire. Je cherche encore où est mon bonheur mais clairement pas là.
- AscagneGrand sage
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] : Je crois avoir lu dans un rapport qu'ils voulaient revoir le ou les premier(s) échelon(s) des MCF, mais je me trompe peut-être. Cependant, je suis sûr que dans un rapport récent ils mettent en avant l'idée qu'en début de carrière le MCF ait un service quelque peu allégé. Ce qui m'a fait un peu rire jaune en tant qu'ATER à temps complet, puisque je fais bien l'équivalent de 192 HTD cette année, mais avec 1440€ de traitement ; certes je n'ai pas de tâche administrative de MCF ! En revanche, en effet, dans nos disciplines, on a déjà de l'expérience accumulée sur d'autres postes, donc on est reclassé une fois devenu MCF, mais ce qu'écrit [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] sur le retard du reclassement peut être, je suppose, ennuyeux un temps.
Tout à fait d'accord avec ta dernière phrase. C'est un double mérite ! Quand je regarde les publications actuelles, j'ai tout de même l'impression qu'on trouve davantage de mentions du poste occupé dans le secondaire qu'autrefois où il y avait peut-être plus tendance à en rester à "professeur agrégé".Elaïna a écrit:Ce n'est pas indigne d'être chercheur et prof dans le secondaire, et je n'ai pas de problème à voir écrit que je suis professeur en lycée à côté du professeur Bidule de la Sorbonne et de Machinette maîtresse de conférence Chépaou. Et même, zut à la fin, c'est plus que méritoire, puisque ça veut dire que nous avons double ration de boulot, vu que nous ne sommes pas déchargés de cours pour pondre nos articles.
Je te comprends. Effectivement, quand on n'a pas spécialement le goût de ce type de public, ça devient vite très pesant, lorsqu'en plus ils sont mal élevés. Mais c'est aussi pesant pour tous les collègues !Liquiddiamonds a écrit:Mon problème en revanche ne vient pas du fait que je suis dans le secondaire, mais du fait que je n'aime pas du tout enseigner à des non adultes.
- LiquiddiamondsNiveau 1
Je suis d’accord avec toi, Sphinx, sur le fait qu’il s’agit de deux boulots en même temps. Et que dire des éminents spécialistes qui, oui, se font des coups dans le dos et, oui, ne bougent pas du petit doigt dans le domaine des Lettres Classiques (en France comme dans d’autres pays où d’éminents hellénistes affirment qu’ils faut accepter de ne plus faire de langue du tout et de faire des Classics en traduction uniquement : en fait, non ; si certains universitaires regardaient un peu ce qui se fait dans certains coins, ils se rendraient compte que l’on peut très bien enseigner ces deux langues de façon super efficace et facile et qu’il est nécessaire de le faire si l’on veut garder le peu de gens que nous avons).
En tout cas, en ce qui me concerne, même si la recherche relève d’un deuxième travail non payé pour moi, j’avoue que quand je reprends, je me souviens à quel point j’aime cela. Pour l’instant, il y a encore une part importante de plaisir qui fait que je continue encore. Je ne me vois pas faire autre chose ou ne pas continuer à réfléchir, j’en ai un peu besoin.
J’ajouterai aussi qu’une helléniste américaine m’avait fait part de sa déception face à l’attitude des universitaires français envers les docteurs. Elle trouvait que les concours constituaient une belle excuse pour ne pas s’occuper de ces derniers, puisqu’ils prenaient leur poste dans le secondaire, alors que leur vocation est d’enseigner à un niveau supérieur. J’avoue être tout à fait d’accord et je n’ai aucun problème à affirmer qu’enseignant dans le secondaire et professeur dans le supérieur n’est pas exactement la même chose.
ElleDriver, le sujet de ceux qui ont fait du secondaire et ceux qui n’en n’ont pas fait est une autre question intéressante. Pour ma part, j’ai toujours été passionné par l’enseignement et par l’effort de rendre les connaissances accessibles et j’ai par conséquent toujours été très attentif au public que j’ai ; le secondaire m’a aidé, puisque le très faible niveau des élèves que j’ai m’a appris à être encore plus attentif à mon auditoire. Mais je ne pense pas que cela soit absolument nécessaire ; si l’on n’est pas investi dans son enseignement, on ne sera jamais bon, quel que soit le niveau, et, de façon inverse, bien des gens sont excellents professeurs, alors qu’ils n’ont jamais mis les pieds dans le secondaire.
Ascagne, en tout cas, c’est rassurant de savoir que mes onze ans d’enseignement seront pris en compte d’une façon ou une autre.
En tout cas, en ce qui me concerne, même si la recherche relève d’un deuxième travail non payé pour moi, j’avoue que quand je reprends, je me souviens à quel point j’aime cela. Pour l’instant, il y a encore une part importante de plaisir qui fait que je continue encore. Je ne me vois pas faire autre chose ou ne pas continuer à réfléchir, j’en ai un peu besoin.
J’ajouterai aussi qu’une helléniste américaine m’avait fait part de sa déception face à l’attitude des universitaires français envers les docteurs. Elle trouvait que les concours constituaient une belle excuse pour ne pas s’occuper de ces derniers, puisqu’ils prenaient leur poste dans le secondaire, alors que leur vocation est d’enseigner à un niveau supérieur. J’avoue être tout à fait d’accord et je n’ai aucun problème à affirmer qu’enseignant dans le secondaire et professeur dans le supérieur n’est pas exactement la même chose.
ElleDriver, le sujet de ceux qui ont fait du secondaire et ceux qui n’en n’ont pas fait est une autre question intéressante. Pour ma part, j’ai toujours été passionné par l’enseignement et par l’effort de rendre les connaissances accessibles et j’ai par conséquent toujours été très attentif au public que j’ai ; le secondaire m’a aidé, puisque le très faible niveau des élèves que j’ai m’a appris à être encore plus attentif à mon auditoire. Mais je ne pense pas que cela soit absolument nécessaire ; si l’on n’est pas investi dans son enseignement, on ne sera jamais bon, quel que soit le niveau, et, de façon inverse, bien des gens sont excellents professeurs, alors qu’ils n’ont jamais mis les pieds dans le secondaire.
Ascagne, en tout cas, c’est rassurant de savoir que mes onze ans d’enseignement seront pris en compte d’une façon ou une autre.
- epekeina.tes.ousiasModérateur
Dans les 20 dernières années, les effectifs ont augmenté d'environ 1/2 millions d'individus (sur 2,2) et le différentiel en enseignant a été compensé pour beaucoup par des postes de PRAG et d'ATER…… D'où une certain tension…
- LiquiddiamondsNiveau 1
Avec le problème que les PrAg ont un statut relativement flou... Peut-être faudrait-il reconnaître ce genre de position comme un véritable poste universitaire ?
- CarmenLRNeoprof expérimenté
Euh... Vous savez qu'il y a la loi de programmation pour la recherche (LPRR) et qu'on ne prend pas vraiment le chemin d'une augmentation du nombre de postes d'enseignants-chercheurs ni du nombre de postes de Prag, d'ailleurs...
Une loi très CAP22...
Une loi très CAP22...
- epekeina.tes.ousiasModérateur
Liquiddiamonds a écrit:Avec le problème que les PrAg ont un statut relativement flou... Peut-être faudrait-il reconnaître ce genre de position comme un véritable poste universitaire ?
Du point de vue de la gestion, ce sont des supports de postes fléchés et totalement intégrés dans les budgets — avec deux avantages: 1) deux fois plus d'heures pour le même tarif et 2) postes plus flexible si jamais les “besoins évoluent” (ou si le GVT devient trop coûteux)…… D'autres “expérimentent” les possibilités offertes par les “MCF contractuels”……
LRU à l'appui, on comprend pourquoi nombre d'établissement sont en train de commencer à parler de conditionner les ouvertures au recrutement sur des “projets” (labex, idex etc.) préalables: ce qui indique que ça va encore s'aggraver…
- NatalinoNiveau 10
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Avec un peu de recul, désormais, je pense quand même qu'avec ton ressenti, le passage au lycée est indispensable. Je n'y croyais pas particulièrement et je reste déçu par le niveau des élèves, mais j'ai quand même l'impression qu'avoir préparé l'agreg et travaillé ma thèse m'est plus utile maintenant. J'ai aimé travailler au collège et je ne trouve pas ça plus facile. Simplement, oui, les études "en plus" me paraissaient vraiment superflues quand j'enseignais auprès d'un public de collégiens, alors qu'il faudrait diriger tous ses efforts vers la didactique et/ou la pédagogie.
Avec un peu de recul, désormais, je pense quand même qu'avec ton ressenti, le passage au lycée est indispensable. Je n'y croyais pas particulièrement et je reste déçu par le niveau des élèves, mais j'ai quand même l'impression qu'avoir préparé l'agreg et travaillé ma thèse m'est plus utile maintenant. J'ai aimé travailler au collège et je ne trouve pas ça plus facile. Simplement, oui, les études "en plus" me paraissaient vraiment superflues quand j'enseignais auprès d'un public de collégiens, alors qu'il faudrait diriger tous ses efforts vers la didactique et/ou la pédagogie.
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