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- NatalinoNiveau 10
Une demande de conseil après une journée difficile.
Après avoir soutenu ma thèse et obtenu mon agrégation, j'ai constaté, comme tout le monde, la raréfaction des postes de PRAG en lettres (ou du moins leur absence d'aspect littéraire). Et je ne peux pas prétendre vraiment à autre chose, n'ayant jamais eu le pied à la fac, sauf pour des vacations en "com'".
Il y a deux ans, j'ai décidé de continuer à travailler dans le secondaire et de néanmoins faire de la recherche, en continuant à participer à des colloques.
Aujourd'hui je me demande si c'est possible :
1) parce que ça doit avoir l'air aberrant, voire pathétique (c'est très rare, et un peu humiliant pour la personne concernée, de se voir décerner l'étiquette de "sans laboratoire fixe" …. j'ai l'impression d'être le seul dans mon cas).
2) parce que dans les faits, ça me semble vraiment difficile. Les chefs ne sont pas enchantés de vous voir partir, il faut rattraper les heures, pendant plusieurs jours vous déconnectez totalement, pour revenir après à votre train-train, puis repartir à travailler d'arrache-pied quand il faut rendre l'article qui suit, quelques mois plus tard. Si vous y arrivez.
Aujourd'hui, après avoir réussi à récupérer assez d'heures pour pouvoir partir en colloque et après l'acceptation de mes chefs, je réalise que je vais devoir faire un aller-retour : on place une réunion parents-profs le soir du colloque (qui dure deux jours). Et la même matinée, je reçois, pour la première fois, une réponse négative concernant un article qui ne répond pas aux critères de publication (tout à fait justement : je n'avais simplement pas trouvé le temps de rendre quelque chose de correct). Comme j'ai 38 ans (et bientôt 39), je me dis que je fatigue peut-être, tout simplement et qu'après avoir réussi à mener de front deux activités opposées, je n'en suis simplement plus capable.
Un conseil ? Une opinion ? Un partage d'expérience ? Je suis preneur !
Après avoir soutenu ma thèse et obtenu mon agrégation, j'ai constaté, comme tout le monde, la raréfaction des postes de PRAG en lettres (ou du moins leur absence d'aspect littéraire). Et je ne peux pas prétendre vraiment à autre chose, n'ayant jamais eu le pied à la fac, sauf pour des vacations en "com'".
Il y a deux ans, j'ai décidé de continuer à travailler dans le secondaire et de néanmoins faire de la recherche, en continuant à participer à des colloques.
Aujourd'hui je me demande si c'est possible :
1) parce que ça doit avoir l'air aberrant, voire pathétique (c'est très rare, et un peu humiliant pour la personne concernée, de se voir décerner l'étiquette de "sans laboratoire fixe" …. j'ai l'impression d'être le seul dans mon cas).
2) parce que dans les faits, ça me semble vraiment difficile. Les chefs ne sont pas enchantés de vous voir partir, il faut rattraper les heures, pendant plusieurs jours vous déconnectez totalement, pour revenir après à votre train-train, puis repartir à travailler d'arrache-pied quand il faut rendre l'article qui suit, quelques mois plus tard. Si vous y arrivez.
Aujourd'hui, après avoir réussi à récupérer assez d'heures pour pouvoir partir en colloque et après l'acceptation de mes chefs, je réalise que je vais devoir faire un aller-retour : on place une réunion parents-profs le soir du colloque (qui dure deux jours). Et la même matinée, je reçois, pour la première fois, une réponse négative concernant un article qui ne répond pas aux critères de publication (tout à fait justement : je n'avais simplement pas trouvé le temps de rendre quelque chose de correct). Comme j'ai 38 ans (et bientôt 39), je me dis que je fatigue peut-être, tout simplement et qu'après avoir réussi à mener de front deux activités opposées, je n'en suis simplement plus capable.
Un conseil ? Une opinion ? Un partage d'expérience ? Je suis preneur !
- Une passanteEsprit éclairé
Quand j'étais étudiante, j'ai assisté à des colloques où se trouvait un chercheur a priori réputé (dont j'ai oublié le nom) qui, au grand dam de mes enseignants universitaires, continuait à enseigner au collège (a priori en plus, dans un collège équivalent ZEP !).
Je me souviens de sa gentillesse et du fait qu'il m'avait dit apprécier avoir un pied dans chacun de ces univers. En revanche, il était bien membre d'un laboratoire de recherche fixe (à Paris, si mes souvenirs sont bons)
Plus tard, j'ai eu un collègue qui tentait de continuer la recherche (en HG) mais c'était très compliqué pour lui à cause des déplacements parce que nous étions dans une zone rurale (mais comme tu es dans la région parisienne, ce devrait être un moindre souci)
Je pense cependant que continuer les deux activités à temps plein est compliqué (parce qu'enseigner, même en ayant l'agrégation, c'est un travail à temps plein, tout comme la recherche !), et qu'il faut vraiment être motivé !
En fait, je crois qu'il faut que tu te demandes ce que tu veux faire de ta vie : continuer à bosser en permanence (même si tu aimes la recherche, c'est quand même épuisant) et devoir surmonter les difficultés d'agenda comme celle que tu décris ou si tu tires un trait sur le monde universitaire et te mets à simplement profiter de la vie
Mon avis n'est peut-être cependant pas totalement impartial, j'ai choisi de tirer un trait...
Je me souviens de sa gentillesse et du fait qu'il m'avait dit apprécier avoir un pied dans chacun de ces univers. En revanche, il était bien membre d'un laboratoire de recherche fixe (à Paris, si mes souvenirs sont bons)
Plus tard, j'ai eu un collègue qui tentait de continuer la recherche (en HG) mais c'était très compliqué pour lui à cause des déplacements parce que nous étions dans une zone rurale (mais comme tu es dans la région parisienne, ce devrait être un moindre souci)
Je pense cependant que continuer les deux activités à temps plein est compliqué (parce qu'enseigner, même en ayant l'agrégation, c'est un travail à temps plein, tout comme la recherche !), et qu'il faut vraiment être motivé !
En fait, je crois qu'il faut que tu te demandes ce que tu veux faire de ta vie : continuer à bosser en permanence (même si tu aimes la recherche, c'est quand même épuisant) et devoir surmonter les difficultés d'agenda comme celle que tu décris ou si tu tires un trait sur le monde universitaire et te mets à simplement profiter de la vie
Mon avis n'est peut-être cependant pas totalement impartial, j'ai choisi de tirer un trait...
- ErgoDevin
À l'étranger, j'ai vu "chercheur indépendant". En France, j'ai toujours entendu préciser agrégé/docteur en... et rien s'il n'y a pas de labo, mais personne n'insistant dessus.Natalino a écrit:
Aujourd'hui je me demande si c'est possible :
1) parce que ça doit avoir l'air aberrant, voire pathétique (c'est très rare, et un peu humiliant pour la personne concernée, de se voir décerner l'étiquette de "sans laboratoire fixe" …. j'ai l'impression d'être le seul dans mon cas).
Sur ce point néanmoins, une question idiote, peut-être l'as-tu déjà fait: ne pourrais-tu pas demander à être membre associé d'un laboratoire de recherche ? En-dehors d'éventuels financements de déplacement (c'est le cas dans mon labo), cela peut être des opportunités de colloques et de publications aussi.
Je ne peux pas répondre sur l'autre point.
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- NatalinoNiveau 10
Merci pour le témoignage. J'en suis exactement à là. A la croisée des chemins en quelque sorte. Ca me parait extrêmement difficile de renoncer totalement, parce que j'ai vraiment beaucoup aimé la recherche, mais, d'un autre côté, dans la mesure où, de toute manière, ça ne peut pas mener à grand chose, je me demande si ça en vaut la peine. D'ailleurs, là, je me suis inscrit pour la qualification, en me demandant si c'était bien utile.
Et effectivement, je suis d'accord : la recherche, ça doit être quelque chose qui se fait à temps plein, pas en dilettante, comme j'ai tenté de le faire récemment.
L'enseignement aussi, ça va de soi et les services restent quand même comparables, agreg' ou pas.
Mais c'est vrai que c'est difficile de se dire que "si" et que "si" et que "si" …. les choses auraient été différentes et m'auraient sans doute mieux convenu.
Et effectivement, je suis d'accord : la recherche, ça doit être quelque chose qui se fait à temps plein, pas en dilettante, comme j'ai tenté de le faire récemment.
L'enseignement aussi, ça va de soi et les services restent quand même comparables, agreg' ou pas.
Mais c'est vrai que c'est difficile de se dire que "si" et que "si" et que "si" …. les choses auraient été différentes et m'auraient sans doute mieux convenu.
- NatalinoNiveau 10
Ergo a écrit:À l'étranger, j'ai vu "chercheur indépendant". En France, j'ai toujours entendu préciser agrégé/docteur en... et rien s'il n'y a pas de labo, mais personne n'insistant dessus.Natalino a écrit:
Aujourd'hui je me demande si c'est possible :
1) parce que ça doit avoir l'air aberrant, voire pathétique (c'est très rare, et un peu humiliant pour la personne concernée, de se voir décerner l'étiquette de "sans laboratoire fixe" …. j'ai l'impression d'être le seul dans mon cas).
Sur ce point néanmoins, une question idiote, peut-être l'as-tu déjà fait: ne pourrais-tu pas demander à être membre associé d'un laboratoire de recherche ? En-dehors d'éventuels financements de déplacement (c'est le cas dans mon labo), cela peut être des opportunités de colloques et de publications aussi.
Je ne peux pas répondre sur l'autre point.
Merci aussi. Je suppose qu'effectivement, je pourrais. Mais au fond, c'est vrai que c'est secondaire. En tout cas, je suis heureux de voir, d'après plusieurs d'entre vous, que je ne suis pas seul dans mon cas.
- LadKlimaHabitué du forum
Un conseil : ne lâche rien.
Une opinion : tu as, vraiment, tout mon respect !
Ne lâche rien !
Désolé si ce n'est pas très constructif, mais c'est sincère.
Une opinion : tu as, vraiment, tout mon respect !
Ne lâche rien !
Désolé si ce n'est pas très constructif, mais c'est sincère.
- NatalinoNiveau 10
C'est, vraiment, gentil. Parce qu'après le mail de l'organisatrice du colloque, charmante d'ailleurs, qui me dit en gros "ben qu'est-ce que tu as fait ? On ne peut pas publier ça" et les discussions avec le secrétariat … je suis, vraiment, déprimé.
- DesolationRowEmpereur
Il n'y a pas moyen de faire des modifications, pour l'article refusé ?
- NatalinoNiveau 10
Non, non, c'était trop tard, il aurait fallu vraiment reprendre complètement l'angle d'approche, le comité a donc tranché. C'était pour un projet très prestigieux et honnêtement, il n'était pas à la hauteur. Je n'étais pas convaincu moi-même. Quand après le colloque (ça c'était très bien passé, mais le dynamisme de l'oral fait passer beaucoup de choses) ils m'ont demandé de l'envoyer je me suis tout de suite dit que ça n'était pas bon, qu'il faudrait revoir complètement l'article. Et puis je n'ai pas trouvé le temps ou la motivation à ce moment là. J'aurais mieux fait de dire non directement, ça aurait été plus constructif. Là, pour le coup, je ne peux m'en prendre qu'à moi-même.
Bon, heureusement, c'est une première et j'espère une dernière (que je continue ou pas).
Bon, heureusement, c'est une première et j'espère une dernière (que je continue ou pas).
- CarmenLRNeoprof expérimenté
Est-ce que ça te nourrit ? Est-ce que tu te sens capable de mener les deux de front sans espoir de carrière un jour ? Est-ce que tu acceptes le sacrifice de temps libre et donc d'autres joies de la vie que la conjonction de ces deux activités demande ? Et oui, la vie intellectuelle procure de grandes joies...
- pseudo-intelloSage
Une passante a écrit:Quand j'étais étudiante, j'ai assisté à des colloques où se trouvait un chercheur a priori réputé (dont j'ai oublié le nom) qui, au grand dam de mes enseignants universitaires, continuait à enseigner au collège (a priori en plus, dans un collège équivalent ZEP !).
Je me souviens de sa gentillesse et du fait qu'il m'avait dit apprécier avoir un pied dans chacun de ces univers. En revanche, il était bien membre d'un laboratoire de recherche fixe (à Paris, si mes souvenirs sont bons)
Plus tard, j'ai eu un collègue qui tentait de continuer la recherche (en HG) mais c'était très compliqué pour lui à cause des déplacements parce que nous étions dans une zone rurale (mais comme tu es dans la région parisienne, ce devrait être un moindre souci)
Je pense cependant que continuer les deux activités à temps plein est compliqué (parce qu'enseigner, même en ayant l'agrégation, c'est un travail à temps plein, tout comme la recherche !), et qu'il faut vraiment être motivé !
En fait, je crois qu'il faut que tu te demandes ce que tu veux faire de ta vie : continuer à bosser en permanence (même si tu aimes la recherche, c'est quand même épuisant) et devoir surmonter les difficultés d'agenda comme celle que tu décris ou si tu tires un trait sur le monde universitaire et te mets à simplement profiter de la vie
Mon avis n'est peut-être cependant pas totalement impartial, j'ai choisi de tirer un trait...
Il y a d'autres paramètres ; mon mari enseigne à tems plein (voire avec un peu d'HS) ET fait sa thèse, mais je suis à temps partiel parental (de droit, mais j'espère l'avoir après sur autorisation), ce qui fait que je travaille moins, que je gagne moins, et que je peux le soulager davantage côté enfants et maison sans que ça ne me pénalise en terme de temps (et on répartir la aprtitication aux dépenses communes en tenant compte de mon salaire moindre).
Comme je préfère être à la maison avec mes enfants qu'au collège, ça convient à tout le monde.
- NatalinoNiveau 10
CarmenLR a écrit:Est-ce que ça te nourrit ? Est-ce que tu te sens capable de mener les deux de front sans espoir de carrière un jour ? Est-ce que tu acceptes le sacrifice de temps libre et donc d'autres joies de la vie que la conjonction de ces deux activités demande ? Et oui, la vie intellectuelle procure de grandes joies...
Oui pour la première question. De moins en moins, pour la seconde. Non pour la troisième.
C'est un bon exercice, ça permet de voir plus clair.
De fait, je sais que personne ne pourra répondre à ma place, hein.
Au fond, ce qui est dur, c'est de réaliser la perte progressive des possibilités (petit à petit, celle d'enseigner la littérature dans le supérieur s'éloigne totalement … en même temps que la prime jeunesse). Je pense que je m'accroche à la recherche pour ne pas avoir l'impression d'avoir fait tout ce que j'ai fait en vain. Et pour ne pas avoir un sentiment douloureux d'échec.
- NatalinoNiveau 10
Merci à tout le monde en tout cas. En conclusion, je pense que c'est d'un psy dont j'ai besoin .
- Une passanteEsprit éclairé
Pour surmonter une petite crise de la quarantaine précoce ?
Plus sérieusement, je te souhaite bon courage, quelque soit ta décision, elle s'accompagnera nécessairement de regrets... (mais j'ajoute, parce que quelqu'un d'autre l'a dit, que choisir de poursuivre dans la recherche est vraiment courageux et admirable ! )
Plus sérieusement, je te souhaite bon courage, quelque soit ta décision, elle s'accompagnera nécessairement de regrets... (mais j'ajoute, parce que quelqu'un d'autre l'a dit, que choisir de poursuivre dans la recherche est vraiment courageux et admirable ! )
- CarmenLRNeoprof expérimenté
"Pourquoi avez-vous fait une thèse ? Cela ne vous sert à rien." "Si, cela m'a nourrie et cela a changé ma vie."
Vraie conversation.
Même avec la conviction que cela m'a construite, lâcher l'affaire, si je puis dire, reste un deuil...
Vraie conversation.
Même avec la conviction que cela m'a construite, lâcher l'affaire, si je puis dire, reste un deuil...
- ShajarVénérable
Même questionnement ici (un seul poste de PRAG en histoire-géo cette session, et il est en géo...), et même problème de temps qui se pose.
La solution serait peut-être de prendre un mi-temps, mais financièrement et humainement, il faut que le conjoint puisse le supporter.
Pour le rattachement à un labo, je trouve que c'est moins problématique que le temps : tu peux être "chercheur indépendant" ou demander à être associé à un labo. Dans mon domaine, une des personnes qui publie le plus est un employé de la banque mondiale qui fait ça sur son temps libre, il est "chercheur indépendant" et n'a aucun problème à se faire respecter (il parle au moins 7 ou 8 langues, ça aide, faut dire )
C'est un cercle vicieux en fait : pour avoir un poste, il faut publier, mais pour publier, il faut le temps et les moyens de le faire, et donc avoir un poste. On ne s'en sort jamais. Je suis heureuse d'avoir fait une thèse, mais s'il faut ensuite enchaîner 10 ans de post-doc hyper-précaires pour envisager, peut-être, un jour, à la rigueur, à 45 ans, avoir un truc stable... mieux vaut en faire son deuil, tenter de faire quelque chose pendant les grandes vacances et aller à son rythme.
La solution serait peut-être de prendre un mi-temps, mais financièrement et humainement, il faut que le conjoint puisse le supporter.
Pour le rattachement à un labo, je trouve que c'est moins problématique que le temps : tu peux être "chercheur indépendant" ou demander à être associé à un labo. Dans mon domaine, une des personnes qui publie le plus est un employé de la banque mondiale qui fait ça sur son temps libre, il est "chercheur indépendant" et n'a aucun problème à se faire respecter (il parle au moins 7 ou 8 langues, ça aide, faut dire )
C'est un cercle vicieux en fait : pour avoir un poste, il faut publier, mais pour publier, il faut le temps et les moyens de le faire, et donc avoir un poste. On ne s'en sort jamais. Je suis heureuse d'avoir fait une thèse, mais s'il faut ensuite enchaîner 10 ans de post-doc hyper-précaires pour envisager, peut-être, un jour, à la rigueur, à 45 ans, avoir un truc stable... mieux vaut en faire son deuil, tenter de faire quelque chose pendant les grandes vacances et aller à son rythme.
- CarmenLRNeoprof expérimenté
45 ans, je les ai déjà...
Les joies de la recherche demeurent un appel fort et je comprends le cercle vicieux dont tu parles, effectivement...
Les joies de la recherche demeurent un appel fort et je comprends le cercle vicieux dont tu parles, effectivement...
- Marie LaetitiaBon génie
Natalino a écrit:Une demande de conseil après une journée difficile.
Après avoir soutenu ma thèse et obtenu mon agrégation, j'ai constaté, comme tout le monde, la raréfaction des postes de PRAG en lettres (ou du moins leur absence d'aspect littéraire). Et je ne peux pas prétendre vraiment à autre chose, n'ayant jamais eu le pied à la fac, sauf pour des vacations en "com'".
Il y a deux ans, j'ai décidé de continuer à travailler dans le secondaire et de néanmoins faire de la recherche, en continuant à participer à des colloques.
Aujourd'hui je me demande si c'est possible :
1) parce que ça doit avoir l'air aberrant, voire pathétique (c'est très rare, et un peu humiliant pour la personne concernée, de se voir décerner l'étiquette de "sans laboratoire fixe" …. j'ai l'impression d'être le seul dans mon cas).
2) parce que dans les faits, ça me semble vraiment difficile. Les chefs ne sont pas enchantés de vous voir partir, il faut rattraper les heures, pendant plusieurs jours vous déconnectez totalement, pour revenir après à votre train-train, puis repartir à travailler d'arrache-pied quand il faut rendre l'article qui suit, quelques mois plus tard. Si vous y arrivez.
Aujourd'hui, après avoir réussi à récupérer assez d'heures pour pouvoir partir en colloque et après l'acceptation de mes chefs, je réalise que je vais devoir faire un aller-retour : on place une réunion parents-profs le soir du colloque (qui dure deux jours). Et la même matinée, je reçois, pour la première fois, une réponse négative concernant un article qui ne répond pas aux critères de publication (tout à fait justement : je n'avais simplement pas trouvé le temps de rendre quelque chose de correct). Comme j'ai 38 ans (et bientôt 39), je me dis que je fatigue peut-être, tout simplement et qu'après avoir réussi à mener de front deux activités opposées, je n'en suis simplement plus capable.
Un conseil ? Une opinion ? Un partage d'expérience ? Je suis preneur !
Je n'ai pas le temps de développer ce matin, mais ça fait partie des choses pesantes quand on est dans le secondaire tout en continuant une activité de recherche. Le secondaire ignore le supérieur (qui le lui rend bien), voire méprise ou traite mal les chercheurs qui sont des anomalies du système. Après, je suis en collège, rural qui plus est, c'est peut-être cela qui cause cette impression... Mon premier chef d'établissement m'a fait subir en urgence une visite conseil (puis la seconde l'année d'après qui a conclu qu'il n'y avait absolument rien d'anormal) parce qu'il a cru que si j'avais des problèmes avec les 4e, c'est parce que je n'avais jamais enseigné, forcément, j'étais doctorante... Bah non, j'avais aussi été AM et ATER quatre ans. après une année de stage dans le secondaire.
Avec un autre, à cause d'un arrêt maladie à la fin de ma thèse, c'est allé au conflit violent jusqu'à l'inspection académique et la convoc au rectorat (toute une affaire qui a fait pschiiit, comme disait l'autre). Et je suis fatiguée de devoir taire mon activité de recherche parce que tout le monde s'en cogne, voire parce que ça alimente les jalousies, les "elle est bizarre-pas-comme-nous". Et comme tu dis, rattraper mes heures pour un colloque, et bosser soirs et WE sur des publications, après des années de thèse à (tenter de) bosser soirs et WE sur la thèse.
Heureusement, pouvoir faire des vacations me donne un peu d'oxygène...
_________________
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Si tu crois encore qu'il nous faut descendre dans le creux des rues pour monter au pouvoir, si tu crois encore au rêve du grand soir, et que nos ennemis, il faut aller les pendre... Aucun rêve, jamais, ne mérite une guerre. L'avenir dépend des révolutionnaires, mais se moque bien des petits révoltés. L'avenir ne veut ni feu ni sang ni guerre. Ne sois pas de ceux-là qui vont nous les donner (J. Brel, La Bastille)
Antigone, c'est la petite maigre qui est assise là-bas, et qui ne dit rien. Elle regarde droit devant elle. Elle pense. [...] Elle pense qu'elle va mourir, qu'elle est jeune et qu'elle aussi, elle aurait bien aimé vivre. Mais il n'y a rien à faire. Elle s'appelle Antigone et il va falloir qu'elle joue son rôle jusqu'au bout...
Et on ne dit pas "voir(e) même" mais "voire" ou "même".
- ZagaraGuide spirituel
C'est bien d'avoir d'autres passions que la recherche ; y conditionner son bonheur peut effectivement mener à de grosses rancœurs.
J'appréhende la recherche comme un boulot et non comme une passion. J'en fais parce que je dois en faire et parce que je sais en faire. Si j'aime bien ça, c'est loin d'être la seule, et même pas la plus importante, source de bonheur dans ma vie. Si demain j'arrêtais d'en faire, j'ai une série de projets plus stimulants qui m'attendent.
Chacun fait son choix de vie ; je crois qu'il faut honnêtement se poser la question : "pourquoi fait-on telle ou telle activité ?" Si on fait de la recherche en marge du secondaire dans l'espoir d'avoir un poste, de la gloire ou de la reconnaissance, davantage que parce qu'on aime ça, alors il faut peut-être se poser la question de son abandon. Si par contre on le vit comme un vrai hobby qui nous rend heureux pour lui-même, oui c'est intéressant à conserver.
Le plus important c'est d'identifier ce qui nous rend contents et de mettre de côté ce qui est toxique (or, les rancœurs recuites parce qu'on a l'impression d'avoir échoué sont parmi les sentiments les plus toxiques qu'on puisse ressasser... un échec c'est aussi une expérience de vie).
J'appréhende la recherche comme un boulot et non comme une passion. J'en fais parce que je dois en faire et parce que je sais en faire. Si j'aime bien ça, c'est loin d'être la seule, et même pas la plus importante, source de bonheur dans ma vie. Si demain j'arrêtais d'en faire, j'ai une série de projets plus stimulants qui m'attendent.
Chacun fait son choix de vie ; je crois qu'il faut honnêtement se poser la question : "pourquoi fait-on telle ou telle activité ?" Si on fait de la recherche en marge du secondaire dans l'espoir d'avoir un poste, de la gloire ou de la reconnaissance, davantage que parce qu'on aime ça, alors il faut peut-être se poser la question de son abandon. Si par contre on le vit comme un vrai hobby qui nous rend heureux pour lui-même, oui c'est intéressant à conserver.
Le plus important c'est d'identifier ce qui nous rend contents et de mettre de côté ce qui est toxique (or, les rancœurs recuites parce qu'on a l'impression d'avoir échoué sont parmi les sentiments les plus toxiques qu'on puisse ressasser... un échec c'est aussi une expérience de vie).
- NatalinoNiveau 10
Oui, je suis d'accord avec tout le monde. J'ai fait le choix il y a 15 ans de passer les concours, de rentrer dans le secondaire, parce qu'effectivement, je n 'ai pas eu le courage à l'époque d'affronter un système précaire. Et, ensuite, dès qu'on a, en gros, des remboursements réguliers, il devient très compliqué de demander une disponibilité ou un mi-temps.
J'en discutais avec une jeune collègue et effectivement, j'ai vraiment insisté sur le fait que si elle voulait travailler dans le supérieur, il fallait qu'elle ait un contrat doctoral et qu'elle ne se projette pas tout de suite vers un avenir stable.
Mais elle en est bien plus consciente que moi au même âge et son directeur de recherches l'oriente dans cette direction.
J'ai l'impression que les inspecteurs ont tendance à respecter quand même les docteurs qui enseignent dans le secondaire, mais c'est peut-être une illusion ?
Je n'avais pas de problème avec les principaux ni les collègues toutes les années précédentes (je ne demandais pas de formation, mais je partais une fois par an en colloque), mais là, j'arrive dans un nouvel établissement et je sens que les choses sont différentes.
Actuellement, je vois trois voies :
1) j'obtiens un poste de PRAG "intéressant" mais non littéraire à proprement parler (ça, vraiment, ça n'existe plus, c'est la troisième année que je cherche). Mais à ce moment là, je crois que statutairement, je ne fais pas partie d'un laboratoire et je ne sais pas si c'est beaucoup mieux pour la recherche qu'un temps plein dans le secondaire, finalement, tout en étant souvent moins bien payé. Ça c'est l'option : "je ne lâche rien, je bosserai dans le supérieur coute que coute".
2) je lâche totalement, je me concentre sur l'enseignement et je vise éventuellement un poste en prépa à long terme (mais agreg' interne ... d'un autre côté je sais qu'ils veulent des docteurs pour ces postes). Ça c'est l'option : "raisonnable"
3) je fais mon minimum plancher (Zéro heure sup, pas PP) autant que possible, avec le sacrifice financier que ça représente, mais la possibilité de mieux travailler en recherche et j'en fais pour la joie que ça me procure. Ça c'est l'option : idéaliste voire un peu couillon.
Je suis heureux d'échanger en tout cas.
PS : ma crise de la quarantaine a débuté l'année de mes 37 ans !
J'en discutais avec une jeune collègue et effectivement, j'ai vraiment insisté sur le fait que si elle voulait travailler dans le supérieur, il fallait qu'elle ait un contrat doctoral et qu'elle ne se projette pas tout de suite vers un avenir stable.
Mais elle en est bien plus consciente que moi au même âge et son directeur de recherches l'oriente dans cette direction.
J'ai l'impression que les inspecteurs ont tendance à respecter quand même les docteurs qui enseignent dans le secondaire, mais c'est peut-être une illusion ?
Je n'avais pas de problème avec les principaux ni les collègues toutes les années précédentes (je ne demandais pas de formation, mais je partais une fois par an en colloque), mais là, j'arrive dans un nouvel établissement et je sens que les choses sont différentes.
Actuellement, je vois trois voies :
1) j'obtiens un poste de PRAG "intéressant" mais non littéraire à proprement parler (ça, vraiment, ça n'existe plus, c'est la troisième année que je cherche). Mais à ce moment là, je crois que statutairement, je ne fais pas partie d'un laboratoire et je ne sais pas si c'est beaucoup mieux pour la recherche qu'un temps plein dans le secondaire, finalement, tout en étant souvent moins bien payé. Ça c'est l'option : "je ne lâche rien, je bosserai dans le supérieur coute que coute".
2) je lâche totalement, je me concentre sur l'enseignement et je vise éventuellement un poste en prépa à long terme (mais agreg' interne ... d'un autre côté je sais qu'ils veulent des docteurs pour ces postes). Ça c'est l'option : "raisonnable"
3) je fais mon minimum plancher (Zéro heure sup, pas PP) autant que possible, avec le sacrifice financier que ça représente, mais la possibilité de mieux travailler en recherche et j'en fais pour la joie que ça me procure. Ça c'est l'option : idéaliste voire un peu couillon.
Je suis heureux d'échanger en tout cas.
PS : ma crise de la quarantaine a débuté l'année de mes 37 ans !
- ZagaraGuide spirituel
Je ne vois pas pourquoi la 3 serait "idéaliste/couillon".
Si on considère que le but de la vie est d'optimiser sa joie, puisqu'à la fin on meurt et que donc le présent a plus de valeur que le futur, c'est le choix rationnel. Faut-il souffrir aujourd'hui pour espérer un gain demain ? Je me pose de plus en plus ces questions (comme je finis ma thèse, je suis à la croisée des chemins et je n'arrive pas encore à identifier le métier/l'avenir/le style de vie qui me rendrait la plus heureuse).
Si on considère que le but de la vie est d'optimiser sa joie, puisqu'à la fin on meurt et que donc le présent a plus de valeur que le futur, c'est le choix rationnel. Faut-il souffrir aujourd'hui pour espérer un gain demain ? Je me pose de plus en plus ces questions (comme je finis ma thèse, je suis à la croisée des chemins et je n'arrive pas encore à identifier le métier/l'avenir/le style de vie qui me rendrait la plus heureuse).
- ElaïnaDevin
C'est marrant cette discussion qui tombe alors que je viens juste d'envoyer un mail, hier, à un copain MCF à propos de cette histoire de "sans labo fixe".
J'ai eu l'agreg en 2009 et soutenu ma thèse en 2015. Entre-temps, j'ai eu deux enfants et j'ai pris un temps plein à 15h en lycée. C'est un choix financier parce que demi-ATER ou truc du genre, quand t'as la trentaine, ça saoule de tourner à 1200 balles par mois à bac + 8. Aujourd'hui je tourne à un article par an maximum. Je ne peux pas me permettre plus car je fais un AM de kholles en prépa par semaine et de temps en temps des vacations dans un établissement du supérieur et que ça me prend pas mal de temps.
Concrètement, pour moi, la recherche aujourd'hui c'est quoi ?
- j'ai la flemme de reprendre la publication de ma thèse. Sincèrement quand je m'y remets j'ai l'impression de remanger du vomi (oui, j'ai l'âme poétique ce matin). Alors je recycle des bouts pour faire des communications.
- zoner sur Fabula pour avoir des tuyaux pour proposer des trucs, j'ai pas le réflexe.
- de temps en temps des gens que je connais me proposent de faire des trucs : une journée d'études par ci, un petit article dans un collectif par là. Il y a un mois, un monsieur pour qui j'avais fait deux articles m'a envoyé un lien pour un colloque et j'ai enfin réussi à rédiger une proposition de communication... hier soir (la deadline est dans trois jours alors j'avais grave de l'avance non ?). J'espère être acceptée mais bon si ça ne marche pas ce n'est pas trop grave.
Niveau organisation avec le boulot : jusqu'à présent je me suis toujours débrouillée pour rattraper les heures, en le proposant à l'avance même quand on m'a fait des ordres de mission (qui donc me dispensaient de rattraper les heures). Pour les conseils de classe, j'ai connu aussi le conseil à 17h30 en banlieue parisienne alors que je finissais à Lyon à 14h. Jusqu'à présent les chefs ont toujours été assez compréhensifs et certains m'ont même encouragée dans la voie.
Pour l'histoire du labo : je me suis fait proprement virer de mon labo de thèse trois ans jour pour jour après la soutenance de la thèse (je l'ai appris en envoyant une demande de subventions pour la publi de ma thèse trois ans et une semaine après la publication...). Pour y être de nouveau rattachée, il faut s'engager à publier un certain nombre d'articles par an, ce que je ne peux pas faire. Donc tant pis : sur mes communications, je mets que je suis archiviste paléographe et professeur agrégé en lycée. Je sens bien que chez certains ça gêne un petit peu (et une fois j'ai eu une remarque désagréable sur le fait que ça ne faisait pas très sérieux, ce à quoi j'ai répondu qu'après les chartes, l'agreg et la thèse, je n'avais pas trop de leçons de sérieux à recevoir) mais dans l'ensemble les gens sont compréhensifs.
De toute façon il va bien falloir que le monde de la recherche s'adapte. Vu l'évolution des conditions de boulot et la pénurie de poste en fac, il va falloir admettre à un moment que d'autres gens puissent faire de la recherche en annexe et que c'est tout à fait honorable quand même. Par contre il faudra bien admettre aussi qu'un prof en lycée, c'est plus comme Le Roy Ladurie qui "avait des sixièmes et des loisirs" pour écrire les Paysans de Languedoc, mais c'est quelqu'un qui ne peut pas pondre douze articles par an.
Cela dit, il y a peu, j'étais avec un confrère un peu âgé qui déplorait le fait que les chartistes en poste en archives, musées, etc, publiassent de moins en moins. Je lui ai fait remarquer que la grande majorité de mes confrères avait un boulot dont la part administrative a littéralement explosé depuis 20 ans, et qu'ils font actuellement des semaines de 50h facile pour certains, là aussi faut arrêter de croire que le conservateur c'est comme en 1930, le matin je me promène dans le musée et l'après midi je fais mes recherches.
J'ai eu l'agreg en 2009 et soutenu ma thèse en 2015. Entre-temps, j'ai eu deux enfants et j'ai pris un temps plein à 15h en lycée. C'est un choix financier parce que demi-ATER ou truc du genre, quand t'as la trentaine, ça saoule de tourner à 1200 balles par mois à bac + 8. Aujourd'hui je tourne à un article par an maximum. Je ne peux pas me permettre plus car je fais un AM de kholles en prépa par semaine et de temps en temps des vacations dans un établissement du supérieur et que ça me prend pas mal de temps.
Concrètement, pour moi, la recherche aujourd'hui c'est quoi ?
- j'ai la flemme de reprendre la publication de ma thèse. Sincèrement quand je m'y remets j'ai l'impression de remanger du vomi (oui, j'ai l'âme poétique ce matin). Alors je recycle des bouts pour faire des communications.
- zoner sur Fabula pour avoir des tuyaux pour proposer des trucs, j'ai pas le réflexe.
- de temps en temps des gens que je connais me proposent de faire des trucs : une journée d'études par ci, un petit article dans un collectif par là. Il y a un mois, un monsieur pour qui j'avais fait deux articles m'a envoyé un lien pour un colloque et j'ai enfin réussi à rédiger une proposition de communication... hier soir (la deadline est dans trois jours alors j'avais grave de l'avance non ?). J'espère être acceptée mais bon si ça ne marche pas ce n'est pas trop grave.
Niveau organisation avec le boulot : jusqu'à présent je me suis toujours débrouillée pour rattraper les heures, en le proposant à l'avance même quand on m'a fait des ordres de mission (qui donc me dispensaient de rattraper les heures). Pour les conseils de classe, j'ai connu aussi le conseil à 17h30 en banlieue parisienne alors que je finissais à Lyon à 14h. Jusqu'à présent les chefs ont toujours été assez compréhensifs et certains m'ont même encouragée dans la voie.
Pour l'histoire du labo : je me suis fait proprement virer de mon labo de thèse trois ans jour pour jour après la soutenance de la thèse (je l'ai appris en envoyant une demande de subventions pour la publi de ma thèse trois ans et une semaine après la publication...). Pour y être de nouveau rattachée, il faut s'engager à publier un certain nombre d'articles par an, ce que je ne peux pas faire. Donc tant pis : sur mes communications, je mets que je suis archiviste paléographe et professeur agrégé en lycée. Je sens bien que chez certains ça gêne un petit peu (et une fois j'ai eu une remarque désagréable sur le fait que ça ne faisait pas très sérieux, ce à quoi j'ai répondu qu'après les chartes, l'agreg et la thèse, je n'avais pas trop de leçons de sérieux à recevoir) mais dans l'ensemble les gens sont compréhensifs.
De toute façon il va bien falloir que le monde de la recherche s'adapte. Vu l'évolution des conditions de boulot et la pénurie de poste en fac, il va falloir admettre à un moment que d'autres gens puissent faire de la recherche en annexe et que c'est tout à fait honorable quand même. Par contre il faudra bien admettre aussi qu'un prof en lycée, c'est plus comme Le Roy Ladurie qui "avait des sixièmes et des loisirs" pour écrire les Paysans de Languedoc, mais c'est quelqu'un qui ne peut pas pondre douze articles par an.
Cela dit, il y a peu, j'étais avec un confrère un peu âgé qui déplorait le fait que les chartistes en poste en archives, musées, etc, publiassent de moins en moins. Je lui ai fait remarquer que la grande majorité de mes confrères avait un boulot dont la part administrative a littéralement explosé depuis 20 ans, et qu'ils font actuellement des semaines de 50h facile pour certains, là aussi faut arrêter de croire que le conservateur c'est comme en 1930, le matin je me promène dans le musée et l'après midi je fais mes recherches.
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It took me forty years to realize this. But for guys like us... our lives aren't really our own. There's always someone new to help. Someone we need to protect. These past few years, I fought that fate with all I had. But I'm done fighting. It's time I accept the hand I was dealt. Too many people depend on us. Their dreams depend on us.
Kiryu Kazuma inYakuza 4 Remastered
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- Marie LaetitiaBon génie
Zagara a écrit:C'est bien d'avoir d'autres passions que la recherche ; y conditionner son bonheur peut effectivement mener à de grosses rancœurs.
J'appréhende la recherche comme un boulot et non comme une passion. J'en fais parce que je dois en faire et parce que je sais en faire. Si j'aime bien ça, c'est loin d'être la seule, et même pas la plus importante, source de bonheur dans ma vie. Si demain j'arrêtais d'en faire, j'ai une série de projets plus stimulants qui m'attendent.
Chacun fait son choix de vie ; je crois qu'il faut honnêtement se poser la question : "pourquoi fait-on telle ou telle activité ?" Si on fait de la recherche en marge du secondaire dans l'espoir d'avoir un poste, de la gloire ou de la reconnaissance, davantage que parce qu'on aime ça, alors il faut peut-être se poser la question de son abandon. Si par contre on le vit comme un vrai hobby qui nous rend heureux pour lui-même, oui c'est intéressant à conserver.
Le plus important c'est d'identifier ce qui nous rend contents et de mettre de côté ce qui est toxique (or, les rancœurs recuites parce qu'on a l'impression d'avoir échoué sont parmi les sentiments les plus toxiques qu'on puisse ressasser... un échec c'est aussi une expérience de vie).
J'ai vaguement l'impression que tu fais une leçon, là...
Bof, je ne mourrais pas de ne pas faire de la recherche mais j'adore ça, c'est une passion qui ne me fait pas souffrir, bien au contraire...
Quand on a un tel rapport à la recherche que celui que tu décris, en effet, autant arrêter.
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Si tu crois encore qu'il nous faut descendre dans le creux des rues pour monter au pouvoir, si tu crois encore au rêve du grand soir, et que nos ennemis, il faut aller les pendre... Aucun rêve, jamais, ne mérite une guerre. L'avenir dépend des révolutionnaires, mais se moque bien des petits révoltés. L'avenir ne veut ni feu ni sang ni guerre. Ne sois pas de ceux-là qui vont nous les donner (J. Brel, La Bastille)
Antigone, c'est la petite maigre qui est assise là-bas, et qui ne dit rien. Elle regarde droit devant elle. Elle pense. [...] Elle pense qu'elle va mourir, qu'elle est jeune et qu'elle aussi, elle aurait bien aimé vivre. Mais il n'y a rien à faire. Elle s'appelle Antigone et il va falloir qu'elle joue son rôle jusqu'au bout...
Et on ne dit pas "voir(e) même" mais "voire" ou "même".
- ErgoDevin
Le 3) me semble loin d'être idiot.Natalino a écrit:
Actuellement, je vois trois voies :
1) j'obtiens un poste de PRAG "intéressant" mais non littéraire à proprement parler (ça, vraiment, ça n'existe plus, c'est la troisième année que je cherche). Mais à ce moment là, je crois que statutairement, je ne fais pas partie d'un laboratoire et je ne sais pas si c'est beaucoup mieux pour la recherche qu'un temps plein dans le secondaire, finalement, tout en étant souvent moins bien payé. Ça c'est l'option : "je ne lâche rien, je bosserai dans le supérieur coute que coute".
2) je lâche totalement, je me concentre sur l'enseignement et je vise éventuellement un poste en prépa à long terme (mais agreg' interne ... d'un autre côté je sais qu'ils veulent des docteurs pour ces postes). Ça c'est l'option : "raisonnable"
3) je fais mon minimum plancher (Zéro heure sup, pas PP) autant que possible, avec le sacrifice financier que ça représente, mais la possibilité de mieux travailler en recherche et j'en fais pour la joie que ça me procure. Ça c'est l'option : idéaliste voire un peu couillon.
J'ai le 1) idéal, le poste de PRCE avec littérature américaine (CM/TD), et d'autres trucs, CM et TD pour LLCER. L'an dernier, première année, j'ai eu la chance de n'avoir pas trop de nouveaux cours par rapport aux cours que j'avais donnés au même endroit en tant qu'ATER: j'ai donné une communication à l'étranger, une en local qui sera suivie de publication (je voulais reprendre mon texte mais je n'ai jamais eu le temps, donc j'ai seulement pu appliquer quelques conseils des relecteurs) et co-organisé un colloque heureusement avec un bon petit groupe de doctorants. Cette année, avec les nouveaux cours (les CM qui sont une chance inouïe évidemment, mais qu'il faut faire) + les responsabilités administratives qui pèsent très très lourd, je n'envisage pas la moindre ligne de recherche -- sauf à recycler des "bouts de thèse", à faire des trucs par-dessus la jambe et à me bousiller la santé et je n'en vois pas bien l'intérêt actuellement.
Le gros chantier de l'année était censé être le projet de publication de ma thèse. Ce semestre, je n'aurai pas un instant à y consacrer. Au semestre prochain, c'est également peu probable.
Je sais et mesure la chance que j'ai d'être dans le supérieur et surtout donc dans les locaux d'une université, mais clairement PRCE et PRAG pour faire soi-même de la recherche, c'est loin d'être une évidence, en tout cas les premières années; j'imagine que malgré la nouvelle maquette qui approche, je pourrai réutiliser des cours par la suite.
(Et en effet, je gagne moins que quand j'étais dans le secondaire. )
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"You went to a long-dead octopus for advice, and you're going to blame *me* for your problems?" -- Once Upon a Time
"The gull was your ordinary gull." -- Wittgenstein's Mistress
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- Marie LaetitiaBon génie
Il y a une grille salariale des PRCE/PRAG en net quelque part? Je ne trouve que la rémunération en brut...
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Si tu crois encore qu'il nous faut descendre dans le creux des rues pour monter au pouvoir, si tu crois encore au rêve du grand soir, et que nos ennemis, il faut aller les pendre... Aucun rêve, jamais, ne mérite une guerre. L'avenir dépend des révolutionnaires, mais se moque bien des petits révoltés. L'avenir ne veut ni feu ni sang ni guerre. Ne sois pas de ceux-là qui vont nous les donner (J. Brel, La Bastille)
Antigone, c'est la petite maigre qui est assise là-bas, et qui ne dit rien. Elle regarde droit devant elle. Elle pense. [...] Elle pense qu'elle va mourir, qu'elle est jeune et qu'elle aussi, elle aurait bien aimé vivre. Mais il n'y a rien à faire. Elle s'appelle Antigone et il va falloir qu'elle joue son rôle jusqu'au bout...
Et on ne dit pas "voir(e) même" mais "voire" ou "même".
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