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- User5455Niveau 5
Bonjour à tous,
Comme beaucoup d'entre vous, je suis plongé dans la préparation des oeuvres au programme de 1ère, et je viens de consulter les ressources nouvellement mises en ligne sur Eduscol. Bien que le programme soit chargé et que je stresse à l'idée de ne pas pouvoir tout faire correctement, je prends plaisir à lire ou à relire de belles oeuvres, et à réfléchir aux activités que je vais pouvoir faire avec... les élèves. Or, quand je pense aux élèves, je suis un peu moins enthousiaste, car je ne peux m'empêcher d'envisager les nombreuses difficultés qui vont être les leurs cette année. On me répondra sûrement que les difficultés des élèves en français ne datent pas d'hier, et on aura raison. Cela dit, les nouveaux programmes, qui font la part belle à la littérature patrimoniale et aux exercices on ne peut plus classiques du commentaire et de la dissertation, ne vont pas arranger les choses.
En fait, je me demande depuis quelques années si l'enseignement du français au lycée n'est pas un peu trop littéraire. Si je prends en compte la façon dont la réforme réorganise l'enseignement au lycée, j'ai tendance à penser que le contenu du programme en français aurait sa place dans un enseignement de spécialité, mais je ne suis pas convaincu par sa place dans un tronc commun. Pour dire les choses plus clairement, je trouve que le programme de tronc commun en français ressemble trop à un enseignement de spécialité.
Je reconnais que la connaissance des oeuvres au programme et la pratique de la dissertation littéraire ou du commentaire ont beaucoup d'intérêt. Cela dit, je ne peux m'empêcher de trouver tout cela très (trop ?) classique, ou technique, ou littéraire (je ne sais trop comment dire) pour avoir sa place dans un tronc commun. Je ne suis pas convaincu à 100 % de l'utilité de tout cela pour un élève qui n'envisage pas des études universitaires dans un domaine littéraire. A l'inverse, je perçois tout à fait l'intérêt du programme et des exercices à pratiquer pour un élève qui envisage des études littéraires.
Dans un enseignement de tronc commun, ne serait-il pas plus pertinent de proposer un enseignement plus axé sur la compréhension et la production d'écrits plus courants ou plus pratiques ? Ne serait-il pas plus pertinent de s'intéresser à des écrits variés au lieu de se limiter à la grande littérature ? Dans le modèle de dissertation mis en ligne sur Eduscol et lien avec Britannicus, on évoque la rivalité de Racine et Corneille, la réflexion d'Aristote sur la tragédie, la préface de Racine... Franchement, tout cela fait-il sens pour un élève qui n'a pas choisi un enseignement littéraire ? Je n'en suis pas convaincu.
La littérature occupe une grande partie de vie depuis longtemps et j'y prends toujours beaucoup de plaisir, mais si pense d'une part aux élèves qui ont d'autres centres d'intérêt et d'autre part à ce que la majorité des élèves sont capables de comprendre et de produire, je peine un peu à trouver du sens à ce que l'on est censés faire. Mon attachement à la littérature ne m'empêche pas d'accepter que l'on puisse préférer étudier d'autres choses.
Bref, vous aurez compris que je me pose beaucoup de questions sur la place de notre discipline et de son enseignement dans le secondaire.
Quelques-uns d'entre vous partagent-ils mes interrogations ?
Comme beaucoup d'entre vous, je suis plongé dans la préparation des oeuvres au programme de 1ère, et je viens de consulter les ressources nouvellement mises en ligne sur Eduscol. Bien que le programme soit chargé et que je stresse à l'idée de ne pas pouvoir tout faire correctement, je prends plaisir à lire ou à relire de belles oeuvres, et à réfléchir aux activités que je vais pouvoir faire avec... les élèves. Or, quand je pense aux élèves, je suis un peu moins enthousiaste, car je ne peux m'empêcher d'envisager les nombreuses difficultés qui vont être les leurs cette année. On me répondra sûrement que les difficultés des élèves en français ne datent pas d'hier, et on aura raison. Cela dit, les nouveaux programmes, qui font la part belle à la littérature patrimoniale et aux exercices on ne peut plus classiques du commentaire et de la dissertation, ne vont pas arranger les choses.
En fait, je me demande depuis quelques années si l'enseignement du français au lycée n'est pas un peu trop littéraire. Si je prends en compte la façon dont la réforme réorganise l'enseignement au lycée, j'ai tendance à penser que le contenu du programme en français aurait sa place dans un enseignement de spécialité, mais je ne suis pas convaincu par sa place dans un tronc commun. Pour dire les choses plus clairement, je trouve que le programme de tronc commun en français ressemble trop à un enseignement de spécialité.
Je reconnais que la connaissance des oeuvres au programme et la pratique de la dissertation littéraire ou du commentaire ont beaucoup d'intérêt. Cela dit, je ne peux m'empêcher de trouver tout cela très (trop ?) classique, ou technique, ou littéraire (je ne sais trop comment dire) pour avoir sa place dans un tronc commun. Je ne suis pas convaincu à 100 % de l'utilité de tout cela pour un élève qui n'envisage pas des études universitaires dans un domaine littéraire. A l'inverse, je perçois tout à fait l'intérêt du programme et des exercices à pratiquer pour un élève qui envisage des études littéraires.
Dans un enseignement de tronc commun, ne serait-il pas plus pertinent de proposer un enseignement plus axé sur la compréhension et la production d'écrits plus courants ou plus pratiques ? Ne serait-il pas plus pertinent de s'intéresser à des écrits variés au lieu de se limiter à la grande littérature ? Dans le modèle de dissertation mis en ligne sur Eduscol et lien avec Britannicus, on évoque la rivalité de Racine et Corneille, la réflexion d'Aristote sur la tragédie, la préface de Racine... Franchement, tout cela fait-il sens pour un élève qui n'a pas choisi un enseignement littéraire ? Je n'en suis pas convaincu.
La littérature occupe une grande partie de vie depuis longtemps et j'y prends toujours beaucoup de plaisir, mais si pense d'une part aux élèves qui ont d'autres centres d'intérêt et d'autre part à ce que la majorité des élèves sont capables de comprendre et de produire, je peine un peu à trouver du sens à ce que l'on est censés faire. Mon attachement à la littérature ne m'empêche pas d'accepter que l'on puisse préférer étudier d'autres choses.
Bref, vous aurez compris que je me pose beaucoup de questions sur la place de notre discipline et de son enseignement dans le secondaire.
Quelques-uns d'entre vous partagent-ils mes interrogations ?
- DhaiphiGrand sage
Je ne vais pas vous donner raison car je ne nourris aucune appétence pour le lynchage mais je vous félicite de soulever la question.Pinocchio a écrit:j'ai tendance à penser que le contenu du programme en français aurait sa place dans un enseignement de spécialité,
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De toutes les écoles que j’ai fréquentées, c’est l’école buissonnière qui m’a paru la meilleure.
[Anatole France]
J'aime les regretteurs d'hier qui voudraient changer le sens des rivières et retrouver dans la lumière la beauté d'Ava Gardner.
[Alain Souchon]
- DeliaEsprit éclairé
Adoncques, le petit peuple n'a pas droit aux œuvres patrimoniales. Quel mépris...
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Un vieillard qui meurt, c'est une bibliothèque qui brûle.
Amadou Hampaté Ba
- The PaperHabitué du forum
Pour reprendre l'exemple de Britannicus, on sait bien ce que ça donnerait au bac : on aurait effectivement ce corrigé avec ses références que les élèves n'auraient pas (entre autres parce qu'on n'aurait pas eu le temps de les aborder), et en parallèle on aurait des consignes de correction de l'académie qui préciseraient : "Vous n'attendrez pas de l'élève qu'il...", "Vous ne sanctionnerez pas...", "On tolérera...", "On valorisera toute mention, même indirecte, de...", ...
Le français est trop littéraire dans le cours de l'année, il ne l'est plus à l'examen final.
Le français est trop littéraire dans le cours de l'année, il ne l'est plus à l'examen final.
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- User5455Niveau 5
Delia a écrit:Adoncques, le petit peuple n'a pas droit aux œuvres patrimoniales. Quel mépris...
Vous pouvez ne pas partager mes interrogations sans pour autant être désagréable.
Le "petit peuple" comme vous le dites a le droit aux oeuvres patrimoniales tout autant qu'il a le droit aux produits scalaires, à l'histoire de l'empire byzantin, ou aux charmes d'une troisième langue vivante. D'ailleurs, tout cela lui est proposé ; mais rien de tout cela ne lui est imposé. Pourtant, en français (mais l'on devrait plutôt dire en littérature d'après moi), on exige des connaissances et des pratiques qui relèvent selon moi de la spécialisation.
Lire des oeuvres patrimoniales est une chose, en faire l'objet d'une dissertation littéraire en est une autre.
Lire des oeuvres patrimoniales est une chose, se limiter à des oeuvres patrimoniales en est une autre.
- Panta RheiExpert
Je ne suis pas professeur de Lettres mais je trouve l’intervention de Pinocchio intéressante. Il a pris soin de rédiger un long message argumenté et c’est dommage de ne pas lui répondre en lui disant qu’il éprouve du mépris pour le petit peuple, terme qu’il n’a pas utilisé ou sous entendu.
Je n’ai jamais vu de copie de baccalauréat en français; qu’en est-il de l’orthographe, de la syntaxe et du vocabulaire? Les élèves font-ils des progrès entre la 3ème et la terminale? Combien de copies dans vos paquets comportent elles des développements intéressants?
Je n’ai jamais vu de copie de baccalauréat en français; qu’en est-il de l’orthographe, de la syntaxe et du vocabulaire? Les élèves font-ils des progrès entre la 3ème et la terminale? Combien de copies dans vos paquets comportent elles des développements intéressants?
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- Signature:
- 'Don't you find yourself getting bored?' she asked of her sister. 'Don't you find, that things fail to materialise? NOTHING MATERIALISES! Everything withers in the bud.'
'What withers in the bud?' asked Ursula.
'Oh, everything—oneself—things in general.'First Page of Women in Love, D. H. Lawrence
- DhaiphiGrand sage
Il n'aura pas fallu attendre longtemps.Delia a écrit:Adoncques, le petit peuple n'a pas droit aux œuvres patrimoniales. Quel mépris...
Bon, voilà c'est fait, on va pouvoir commencer la discussion.
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- AnaxagoreGuide spirituel
Laisser de choix de manger ou de boire, vaste programme.
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"De même que notre esprit devient plus fort grâce à la communication avec les esprits vigoureux et raisonnables, de même on ne peut pas dire combien il s'abâtardit par le commerce continuel et la fréquentation que nous avons des esprits bas et maladifs." Montaigne
"Woland fit un signe de la main, et Jérusalem s'éteignit."
"On déclame contre les passions sans songer que c'est à leur flambeau que la philosophie allume le sien." Sade
- ysabelDevin
Cela m'ennuierai vraiment beaucoup que le français au lycée deviennent un cours de communication… Je pense que je démissionnerais sur le champ.
Je considère que lorsqu'un élève est capable de comprendre Montaigne, Voltaire… il est en mesure de comprendre n'importe quel texte. Quand on est capable de construire un commentaire, une dissertation (ou un essai), on peut produire n'importe quel écrit argumentatif nécessaire dans le vie.
Effectivement, le souci pour beaucoup de nos élèves est la maîtrise de la langue : ils devraient être capables de parler et d'écrire correctement en arrivant au lycée. Mais cela est la faute des politiques successives de réduction des horaires du français, au primaire et au collège, depuis 50 ans.
Pour les nouveaux programmes, ce qu'il manque c'est surtout un horaire conséquent : avec 6h/semaine on pourrait faire du bon travail et pas du saupoudrage comme il va être nécessaire de faire.
Je considère que lorsqu'un élève est capable de comprendre Montaigne, Voltaire… il est en mesure de comprendre n'importe quel texte. Quand on est capable de construire un commentaire, une dissertation (ou un essai), on peut produire n'importe quel écrit argumentatif nécessaire dans le vie.
Effectivement, le souci pour beaucoup de nos élèves est la maîtrise de la langue : ils devraient être capables de parler et d'écrire correctement en arrivant au lycée. Mais cela est la faute des politiques successives de réduction des horaires du français, au primaire et au collège, depuis 50 ans.
Pour les nouveaux programmes, ce qu'il manque c'est surtout un horaire conséquent : avec 6h/semaine on pourrait faire du bon travail et pas du saupoudrage comme il va être nécessaire de faire.
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« vous qui entrez, laissez toute espérance ». Dante
« Il vaut mieux n’avoir rien promis que promettre sans accomplir » (L’Ecclésiaste)
- Hu LijinNiveau 1
C'est exactement ma grande inquiétude concernant la répartition des matières entre tronc commun et spécialité : devoir faire du saupoudrage pour s'adapter au plus grand nombre (dont ceux qui se trainent des lacunes) en tronc commun.
Avec du saupoudrage et seulement deux spécialités en terminale, je vois mal comment les élèves pourront partir sereinement vers certaines études supérieures, du genre CPGE généralistes (la BCPST pour parler de ce que je connais personnellement). Cours du soir à prévoir comme au Japon ?
La question que tu poses Pinocchio est très intéressante. Je la comprends ainsi : est-ce que le découpage actuel des matières et les limitations de choix imposées aujourd'hui ont un sens sachant :
- le niveau très hétérogène des élèves en ce qui concerne les matières du tronc commun ;
- les attendus divers des élèves en tronc commun en fonction de leur poursuite d'étude ;
- pour les spécialités, la grande variété des études supérieures, entre études ultra spécialisées dès bac+1 et études généralistes ?
Tu l'illustres bien pour ta matière, mais je suis à peu près convaincue qu'on peut dresser les mêmes arguments pour toutes les matières.
Avec du saupoudrage et seulement deux spécialités en terminale, je vois mal comment les élèves pourront partir sereinement vers certaines études supérieures, du genre CPGE généralistes (la BCPST pour parler de ce que je connais personnellement). Cours du soir à prévoir comme au Japon ?
La question que tu poses Pinocchio est très intéressante. Je la comprends ainsi : est-ce que le découpage actuel des matières et les limitations de choix imposées aujourd'hui ont un sens sachant :
- le niveau très hétérogène des élèves en ce qui concerne les matières du tronc commun ;
- les attendus divers des élèves en tronc commun en fonction de leur poursuite d'étude ;
- pour les spécialités, la grande variété des études supérieures, entre études ultra spécialisées dès bac+1 et études généralistes ?
Tu l'illustres bien pour ta matière, mais je suis à peu près convaincue qu'on peut dresser les mêmes arguments pour toutes les matières.
- Lord StevenExpert
Je n'enseigne pas les lettres françaises, mais l'enseignement de spécialité en anglais est aussi très littéraire et j'ai envie de dire heureusement. La différence est que nous partons de la littérature pour ouvrir sur des sujets moins littéraires de façon à faire le lien entre littérature et quotidien, ce qui j ai l'impression correspondrait davantage à votre approche. Les élèves ne lisaient ni Racine, ni Stendhal, ni Shakespeare ni Emily Brontë sans notre aide. Réduire les cours de lettres ou de langues à un simple aspect communicationnel n'aurait guère de sens, d'autant que tous les lycées n'ont pas l'option humanités. Cela dit même en langues certains collègues n'abordent aucun texte littéraire, considérant que c'est poussiéreux, donc vos interrogations ne me surprennent pas.
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If you play with a cat, you should mind his scratch
- ProvenceEnchanteur
Les programmes sont toujours trop chargés par rapport à l'horaire dont nous disposons. J'ai dans l'idée (en collège du moins où la pression de l'examen n'est pas importante) que faire les choses correctement n'est pas forcément tout faire. En revanche, je fais cours et j'ignore ce que peut être une activité.Pinocchio a écrit:Bien que le programme soit chargé et que je stresse à l'idée de ne pas pouvoir tout faire correctement, je prends plaisir à lire ou à relire de belles œuvres, et à réfléchir aux activités que je vais pouvoir faire avec... les élèves.
Ou pas. A force de détruire le contenu des enseignements, de réduire drastiquement les horaires de français dans l'ensemble du cursus et d'abaisser les exigences, on crée des difficultés qui pourraient ne pas exister.On me répondra sûrement que les difficultés des élèves en français ne datent pas d'hier, et on aura raison.
Comme le niveau baisse, accompagnons le mouvement?Cela dit, les nouveaux programmes, qui font la part belle à la littérature patrimoniale et aux exercices on ne peut plus classiques du commentaire et de la dissertation, ne vont pas arranger les choses.
Et le sport trop sportif? Les sciences trop scientifiques?En fait, je me demande depuis quelques années si l'enseignement du français au lycée n'est pas un peu trop littéraire.
Je ne suis pas sûre de considérer les objectifs de cette réforme comme une référence!Si je prends en compte la façon dont la réforme réorganise l'enseignement au lycée, j'ai tendance à penser que le contenu du programme en français aurait sa place dans un enseignement de spécialité, mais je ne suis pas convaincu par sa place dans un tronc commun. Pour dire les choses plus clairement, je trouve que le programme de tronc commun en français ressemble trop à un enseignement de spécialité.
Je trouve le propos utilitariste effrayant sous le clavier d'un professeur de lettres.Je reconnais que la connaissance des œuvres au programme et la pratique de la dissertation littéraire ou du commentaire ont beaucoup d'intérêt. Cela dit, je ne peux m'empêcher de trouver tout cela très (trop ?) classique, ou technique, ou littéraire (je ne sais trop comment dire) pour avoir sa place dans un tronc commun. Je ne suis pas convaincu à 100 % de l'utilité de tout cela pour un élève qui n'envisage pas des études universitaires dans un domaine littéraire. A l'inverse, je perçois tout à fait l'intérêt du programme et des exercices à pratiquer pour un élève qui envisage des études littéraires.
Que sont des écrits plus courants?Dans un enseignement de tronc commun, ne serait-il pas plus pertinent de proposer un enseignement plus axé sur la compréhension et la production d'écrits plus courants ou plus pratiques ?
La littérature manque-t-elle de variété?Ne serait-il pas plus pertinent de s'intéresser à des écrits variés au lieu de se limiter à la grande littérature ?
Je ne suis pas sûre de comprendre ce qu'on entend par l'expression "faire sens". La littérature a du sens, notre métier a (encore) du sens. Il est possible que les élèves peinent à la tâche; or notre rôle n'est justement pas de les laisser stagner dans ce qui leur est immédiatement compréhensible, accessible, mais de les aider à parcourir un chemin, même ardu.Franchement, tout cela fait-il sens pour un élève qui n'a pas choisi un enseignement littéraire ? Je n'en suis pas convaincu.
... qu'ils peuvent cultiver en dehors de l'école.mais si pense d'une part aux élèves qui ont d'autres centres d'intérêt
J'admets toujours l'idée que les élèves puissent détester les œuvres ou mon cours. Ils en ont bien le droit! Mais je n'admets pas que ce puisse être un motif pour ne rien faire.Mon attachement à la littérature ne m'empêche pas d'accepter que l'on puisse préférer étudier d'autres choses.
En fait, Pinocchio, je ne comprends pas quelle idée de l'enseignement du français au lycée tu défends.
- User5455Niveau 5
ysabel a écrit:Cela m'ennuierait vraiment beaucoup que le français au lycée deviennent un cours de communication…
Cela m'ennuierait aussi, mais j'imagine que l'on pourrait imaginer un enseignement équilibré, qui ne soit ni un pur cours de communication ni un enseignement calqué sur ce que l'on fait en fac de lettres.
ysabel a écrit: Je considère que lorsqu'un élève est capable de comprendre Montaigne, Voltaire… il est en mesure de comprendre n'importe quel texte. Quand on est capable de construire un commentaire, une dissertation (ou un essai), on peut produire n'importe quel écrit argumentatif nécessaire dans le vie.
L'idée est séduisante, mais je ne suis pas certain qu'elle corresponde à la réalité. Etre capable d'opérer à coeur ouvert rend-il capable de faire n'importe quel geste d'infirmier ? Comprendre les subtilités de la grammaire latine rend-il capable d'appréhender la grammaire de n'importe quelle langue ?
Je reconnais et je défends la valeur des textes littéraires et des exercices littéraires, mais je n'en fais pas pour autant l'alpha et l'oméga du rapport à la lecture ou à l'écrit.
Lord Steven a écrit: Cela dit même en langues certains collègues n'abordent aucun texte littéraire, considérant que c'est poussiéreux, donc vos interrogations ne me surprennent pas.
J'espère ne pas avoir donné l'impression que je plaidais pour un enseignement de tronc commun dépourvu de toute étude de la littérature. J'espère aussi ne pas avoir donné l'impression que je considérais la littérature patrimoniale comme quelque chose de poussiéreux, car ce n'est pas le cas. Je m'interroge seulement sur le sens d'un enseignement de tronc commun qui, à peu de chose près, se limite à l'étude de la littérature patrimoniale et à la pratique d'exercices identiques à ceux qui l'on fait en fac de lettres (certes, on est aussi encouragés à faire des écrits d'appropriation, mais la partie écrite de l'examen se limite à des exercices identiques à ceux faits en fac de lettres).
- AgapéNiveau 3
J'aurais plutôt posé la question - et sans mauvais esprit : "le français au lycée est-il assez littéraire?"
- User5455Niveau 5
Provence a écrit:
J'envie votre assurance. J'aimerais avoir autant de certitudes.
- henrietteMédiateur
Merci, Provence, pour ton message, auquel je souscris totalement. Je m'apprêtais à écrire peu ou prou cela, les propos de Pinocchio m'inspirant les mêmes réflexions que toi.
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"Il n'y a que ceux qui veulent tromper les peuples et gouverner à leur profit qui peuvent vouloir retenir les hommes dans l'ignorance."
- User5455Niveau 5
Loin de moi cette idée ! Je n'ai jamais plaidé pour le "rien" !Provence a écrit: je n'admets pas que ce puisse être un motif pour ne rien faire
Pour faire simple et court, je me demande si un enseignement de tronc commun moins calqué sur ce qui se fait en fac de lettres ne serait pas plus sensé / plus ouvert / plus intéressant...Provence a écrit: En fait, Pinocchio, je ne comprends pas quelle idée de l'enseignement du français au lycée tu défends.
- ProvenceEnchanteur
Apprendre les subtilités de la grammaire latine, c'est à la fois comprendre un système linguistique comme système et exercer son esprit à la compréhension de la nuance. Cette étude est un excellent tremplin vers la compréhension d'autres systèmes linguistiques. J'ajouterai que c'est également une étude passionnante en tant que telle, sans avoir besoin de lui trouver une vocation utilitariste.Pinocchio a écrit: Comprendre les subtilités de la grammaire latine rend-il capable d'appréhender la grammaire de n'importe quelle langue ?
- ProvenceEnchanteur
Mais lire des œuvres, les comprendre, les commenter, ça n'est pas spécialement universitaire, non?Pinocchio a écrit:Pour faire simple et court, je me demande si un enseignement de tronc commun moins calqué sur ce qui se fait en fac de lettres ne serait pas plus sensé / plus ouvert / plus intéressant...Provence a écrit: En fait, Pinocchio, je ne comprends pas quelle idée de l'enseignement du français au lycée tu défends.
- User5455Niveau 5
Provence a écrit:Apprendre les subtilités de la grammaire latine, c'est à la fois comprendre un système linguistique comme système et exercer son esprit à la compréhension de la nuance. Cette étude est un excellent tremplin vers la compréhension d'autres systèmes linguistiques. J'ajouterai que c'est également une étude passionnante en tant que telle, sans avoir besoin de lui trouver une vocation utilitariste et desséchante.Pinocchio a écrit: Comprendre les subtilités de la grammaire latine rend-il capable d'appréhender la grammaire de n'importe quelle langue ?
Mon propos n'est en rien une critique de l'étude du latin ni une remise en question de l'utilité de cette langue, de sa beauté, ou du plaisir qu'elle peut procurer. J'essayais seulement d'utiliser un exemple pour questionner l'idée selon laquelle des connaissances ou des compétences précises / techniques dans un domaine (par exemple comprendre Montaigne ou Voltaire) seraient nécessairement ou facilement transférables dans un domaine plus simple et moins technique (comme comprendre n'importe quel texte).
- Sylvain de Saint-SylvainGrand sage
Provence a écrit:En fait, Pinocchio, je ne comprends pas quelle idée de l'enseignement du français au lycée tu défends.
C'est la question que je me pose en lisant Pinocchio.
Pinocchio, pourquoi enseignons-nous la littérature ? Une réponse me permettrait de comprendre ce qui n'est pas intéressant selon toi pour des élèves qui ne se destinent pas aux études littéraires. Et que veux-tu dire par "faire sens" ? Je ne dirais pas que la dissertation et le commentaire "font sens", je ne sais pas quel sens fait ou devrait faire une dissertation sur Racine et Corneille.
Tu parles d'écrits courants. J'imagine par là tous les textes que nous devons composer pour une raison ou une autre, de manière plus ou moins obligée. Mais travailler directement la rédaction de ce genre de textes est-il le meilleur moyen d'apprendre à le faire ? Les exercices de commentaire, de dissertation, et tous les travaux plus ou moins liés à ces deux grands exercices que nous pratiquons, en sont apparemment éloignés, mais la rigueur qu'ils exigent forment aussi nos élèves à des travaux plus simples : ils apprennent à trouver des idées, à les organiser, à chercher la meilleure manière de les formuler, et ce sont choses utiles chaque fois que l'on prend la plume. Qu'est-ce qu'apporterait de plus le fait de composer directement, par exemple, une lettre de motivation ?
- User5455Niveau 5
Provence a écrit:Mais lire des œuvres, les comprendre, les commenter, ça n'est pas spécialement universitaire, non?Pinocchio a écrit:Pour faire simple et court, je me demande si un enseignement de tronc commun moins calqué sur ce qui se fait en fac de lettres ne serait pas plus sensé / plus ouvert / plus intéressant...Provence a écrit: En fait, Pinocchio, je ne comprends pas quelle idée de l'enseignement du français au lycée tu défends.
Je suis parfaitement d'accord avec vous pour dire que lire des oeuvres, les comprendre ou les commenter n'est pas spécifiquement universitaire. Cependant, commenter des oeuvres par le moyen de ce que nous appelons "un commentaire" et en parler dans une "dissertation", c'est typiquement universitaire. Quant aux oeuvres que nous faisons lire aux élèves, elles ne sont pas l'apanage du champ universitaire, mais un certain nombre d'entre elles ont une existence plus que réduite en domaine du monde universitaire.
- ditaNeoprof expérimenté
Pinocchio n'est-il pas un inspecteur ? J'en connais qui s'expriment comme lui.
- ProvenceEnchanteur
Ce sont des exercices traditionnellement scolaires.Pinocchio a écrit:
Je suis parfaitement d'accord avec vous pour dire que lire des œuvres, les comprendre ou les commenter n'est pas spécifiquement universitaire. Cependant, commenter des œuvres par le moyen de ce que nous appelons "un commentaire" et en parler dans une "dissertation", c'est typiquement universitaire.
Je ne comprends pas ce que tu cherches à dire.Quant aux œuvres que nous faisons lire aux élèves, elles ne sont pas l'apanage du champ universitaire, mais un certain nombre d'entre elles ont une existence plus que réduite en domaine du monde universitaire.
- EuthyphronNiveau 6
A la lecture, sans doute trop rapide, des messages sur ce sujet, je me suis fait cette réflexion : autrefois, il allait de soi qu'un homme cultivé c'était d'abord quelqu'un qui connaissait la littérature, et dont la conversation était agréable et enrichissante pour cette raison précise. Il pouvait aussi bien entendu être compétent dans d'autres domaines, ce qui contribuait à en dessiner le portrait, mais aucun n'était indispensable au même titre que la littérature.
Aujourd'hui, c'est l'inverse. Tout le monde sait bien que tout se vaut.
D'où il me semble qu'il n'y a que deux voies possibles. Soit l'on se félicite d'avoir enfin su que les œuvres littéraires n'apportaient rien qui participât de la connaissance, soit l'on constate que quelque chose qu'on a toujours su est devenu incompréhensible à la majorité de nos contemporains.
Mais le fait que le niveau intellectuel et scientifique des élèves s'est considérablement amélioré depuis que l'on a sacrifié les séries littéraires plaide évidemment en faveur de la première hypothèse, n'est-ce pas? Remercions donc notre ministre bien aimé de poursuivre dans cette voie.
Aujourd'hui, c'est l'inverse. Tout le monde sait bien que tout se vaut.
D'où il me semble qu'il n'y a que deux voies possibles. Soit l'on se félicite d'avoir enfin su que les œuvres littéraires n'apportaient rien qui participât de la connaissance, soit l'on constate que quelque chose qu'on a toujours su est devenu incompréhensible à la majorité de nos contemporains.
Mais le fait que le niveau intellectuel et scientifique des élèves s'est considérablement amélioré depuis que l'on a sacrifié les séries littéraires plaide évidemment en faveur de la première hypothèse, n'est-ce pas? Remercions donc notre ministre bien aimé de poursuivre dans cette voie.
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