- Panta RheiExpert
Déjà, pour moi, se lever / se réveiller est un calvaire. J'adore dormir et rêver. Comme tous les autres, je le fais pour le salaire. Un petit peu aussi pour la bonne dizaine d'élèves que j'ai la chance d'avoir dans mes classes. Ils méritent que je me fasse violence et que je leur donne le meilleur de moi-même.
Ceci étant dit, le "feu sacré" s'est éteint. L'institution nous méprise (gel du point d'indice, jour de carence, chefs qui ne savent que pointer le moindre faux-pas et qui ont leur petite cours, salaire inadmissible, classes pléthoriques, Inclusion des élèves dys, des élèves ULIS, des Mineurs Non Accompagnés qui arrivent comme ça, en anglais, sans parler français...) alors je réagis en conséquence. Service Minimum.
J'attends la retraite. Je ne prends plus que très peu de plaisir à enseigner. D'ailleurs, je n'enseigne pas grand chose. 75% de mes élèves ont un niveau d'anglais pathétique. Constat d'échec cuisant. Sentiment d'inutilité. Tonneau des Danaïdes.
Ceci étant dit, le "feu sacré" s'est éteint. L'institution nous méprise (gel du point d'indice, jour de carence, chefs qui ne savent que pointer le moindre faux-pas et qui ont leur petite cours, salaire inadmissible, classes pléthoriques, Inclusion des élèves dys, des élèves ULIS, des Mineurs Non Accompagnés qui arrivent comme ça, en anglais, sans parler français...) alors je réagis en conséquence. Service Minimum.
J'attends la retraite. Je ne prends plus que très peu de plaisir à enseigner. D'ailleurs, je n'enseigne pas grand chose. 75% de mes élèves ont un niveau d'anglais pathétique. Constat d'échec cuisant. Sentiment d'inutilité. Tonneau des Danaïdes.
- yasyasNiveau 9
Je suis très matinale, et j'habite sur une île de toute beauté, donc je me lève surtout le matin pour voir le soleil se lever aussi, regarder la montagne écouter les oiseaux...
Et, tant qu'à travailler, j'aime me lever pour aller faire cours au lycée, j'aime le sanctuaire de la classe, l'échange avec les 14-18 ans, les voir grandir, comprendre s'épanouir...
Je n'aime pas que sous couvert de vacances et de ces "p... " de 18h par semaine, on puisse disposer de notre temps en nous imposant des réunions stériles, je ne supporte pas le blabla institutionnel, ni de passer plus de temps à évaluer (de façon bidon) qu'à enseigner, et encore moins d'avoir l'impression de mentir aux élèves constamment... J'aime égoïstement enseigner, mais je ne crois plus en l'institution qui pourtant a porté ma famille (rien que des pauvres et des immigrés) et m'a permis d'avoir une vie correcte... Dur à assumer quand on est plein de principes, et qu'on a une haute estime de ce que devrait être l'école de la République...
J'ai lu ce topic, et demain je joue au loto... J'ai une passion, comme Ysabel, chère et chronophage, si je gagne, je n'aurai aucun problème à m'investir à 100 % dans un élevage et dans l'équitation.
Et, tant qu'à travailler, j'aime me lever pour aller faire cours au lycée, j'aime le sanctuaire de la classe, l'échange avec les 14-18 ans, les voir grandir, comprendre s'épanouir...
Je n'aime pas que sous couvert de vacances et de ces "p... " de 18h par semaine, on puisse disposer de notre temps en nous imposant des réunions stériles, je ne supporte pas le blabla institutionnel, ni de passer plus de temps à évaluer (de façon bidon) qu'à enseigner, et encore moins d'avoir l'impression de mentir aux élèves constamment... J'aime égoïstement enseigner, mais je ne crois plus en l'institution qui pourtant a porté ma famille (rien que des pauvres et des immigrés) et m'a permis d'avoir une vie correcte... Dur à assumer quand on est plein de principes, et qu'on a une haute estime de ce que devrait être l'école de la République...
J'ai lu ce topic, et demain je joue au loto... J'ai une passion, comme Ysabel, chère et chronophage, si je gagne, je n'aurai aucun problème à m'investir à 100 % dans un élevage et dans l'équitation.
- HORAHabitué du forum
C'est marrant, la question du topic est en phase avec mes propres interrogations ces temps-ci : si on fait abstraction du salaire minable au vu du nombre d'années d'étude requis, du ton sarcastique que les petits marquis lambda des media croient pouvoir s'autoriser dès qu'on parle des "profs", de l'acharnement ministériel à bousiller les conditions d'exercice du métier pour transformer un service public en pompe à fric pour actionnaires, que reste-t-il comme motivation ? Les élèves. Oui, mais. Cette année, j'aurai eu un groupe de latinistes composé de sympas et d'imbuvables. Et ces derniers ont réussi à imposer une atmosphère hyper tendue, où j'ai été sur le qui-vive 9 cours sur 10. Très vite je n'ai plus eu aucune envie de les retrouver, vraiment. Ca dure une année, déjà en soi c'est long. Mais une nausée supplémentaire me vient quand je pense que j'ai déjà été confrontée à ce genre de situations et qu'il y a de fortes probabilités que ça recommence, simplement parce que c'est le métier qui le veut : nous n'avons pas des adolescents à côtoyer, avec des oppositions inévitables parce que structurantes, nous avons des groupes d'adolescents, avec donc en plus une dimension de leadership et de crispation possible sur l'image qu'on cherche à renvoyer auprès de ses pairs à cet âge. J'ai géré, ok, pendant plein d'années. J'ai aussi géré cette année. Mais j'en ai marre, je ne me sens plus capable de rester encore plus de vingt ans dans ça. L'effet goutte d'eau.
- LeclochardEmpereur
Mara-jade a écrit:Hum, je sais tout ça Zagara et je peux vivre de pas grand-chose (j'ai même fait des économies qui me permettent actuellement de vivre sans bosser), mais je compte pour trois, et pas sur 50 ans (sur 100 plutôt). Donc, 1 million c'est insuffisant pour une famille de trois (par contre, je ne saurais pas faire fructifier, jouer au gestionnaire n'est pas mon truc). Je compte 3000 euros au moins par mois, sur une centaine d'année. Mais bon, on en revient toujours aux sous, alors qu'il me semble que travailler est une nécessité au-delà du salaire. D'ailleurs, c'est un chapitre de philo je crois, le travail et la technique.
Pour les patrons et les employeurs certainement.
Combien de pauvres faut-il pour faire un riche ?
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Quelqu'un s'assoit à l'ombre aujourd'hui parce que quelqu'un d'autre a planté un arbre il y a longtemps. (W.B)
- JaneBNeoprof expérimenté
Panta Rhei a écrit:J'attends la retraite. Je ne prends plus que très peu de plaisir à enseigner. D'ailleurs, je n'enseigne pas grand chose. 75% de mes élèves ont un niveau d'anglais pathétique. Constat d'échec cuisant. Sentiment d'inutilité. Tonneau des Danaïdes.
Même sentiment d'échec cuisant sur le niveau de mes élèves… et je trouve que c'est le plus minant de tout! Sur le papier, c'est un beau métier mais quand la réalité s'en mêle, ça ressemble plus à un cauchemar!
- pseudo-intelloSage
Mara-jade a écrit:Il existe surtout beaucoup de femmes au foyer qui sont en totale déprime, et si celles dont tu parles Elaïna sont contentes ainsi, c'est qu'elles sont dans un schéma très traditionnel qui semble leur convenir (leur convient-il vraiment, d'ailleurs ? Bon, avec x enfants, elles sont bien occupées, ça c'est certain). Ah non, ce n'est pas un monde, c'est simplement une conversation je crois, je te dis que j'ai les mêmes aspirations que toi. Tu es tout simplement capable de vivre un peu à la Rousseau (qui n'en était pas capable lui-même, d'ailleurs). Comme dit Caspar, ça doit dépendre des gens après tout, puisqu’il s'avère que j'ai les mêmes activités que celles que tu décris Elaïna. Le bénévolat, c'est souvent insuffisant, ce n'est pas pareil. Mais bon, je fais dériver la conversation, désolée.
Il y a des femmes au foyer qui n'ont, pour tout un tas de raison, pas réellement choisi leur condition (éducation, absence de diplome, pas de solution de garde, ou en tout cas, pas de solution de garde "rentable" par rapport au salaire, surtout en cas d'horaires décalés...), donc j'imagine qu'effectivement, pour elles, c'est dur.
Il y a également pas mal de personnes qui n'ont pas de loisirs hormis ceux de consommation de masse ('téléphone, télé...). En entrant dans le métier, j'hallucinais de voir des élèves répondre "téléphone" dans la case "loisirs" des petites fiches que je je faisais remplir en début d'années. Et il n'y avait pas encore les smartphones. Donc le loisir, c'était de téléphoner pour téléphoner et passer sa soirée en textos. En somme, rien qui n'ait réellement du sens, rien qui ne permette de se transcender, de crééer, de réaliser quelque chose. Là, je ocnçois que sans travail, c'est dur.
Or, Elaïna a sa thèse, qu'elle a donc choisie. Zagara aime la recherche, également. D'autres ont d'autres violons d'Ingre qui peuvent suffire à procurer tout ce qu'est supposé procurer le travail en sus du salaire dans la mythologie startup ( sens à sa vie, reconnaissance, vie sociale, blablabla).
Moi, personnellement, j'ai besoin de créer des trucs. Des jeux de sociétés pour mes mômes (avant, pour le club de latin, mais depuis qu'il n'y a plus de financement, voilà...), des chansons, peu importe, tant que je peux conceptualiser quelque chose puis le mettre en œuvre. D'ailleurs, lors de mon dernier (loooong, c'était le pied !) congé de maternité, j'ai fini par aider l'instit de maternelle de mon aîné à faire de l'éveil musical aux élèves... et je continue, d'ailleurs, en tant que parent d'élève bénévole, aprce que sincèrement, 25 choupis bien élevés et d'ailleurs recadrés par les maîtresses dès que ça bouge un orteil, c'est chouette. Vingt-cinq Bisounours contents de me voir arriver, gentils, souriants, reconnaissants, hyper attentifs et à fond dans les activités, c'est un chouette bénévolat.
Je pourrais parfaitement me contenter de ce genre de choses si je n'avais pas à me gagner ma croûte. Ca, cultiver mon jardin, m'occuper des enfants et faire de la musique. Et lire, aprce que j'ai également un petit cerveau à ne pas laisser en friche.
Je souscri
- *Ombre*Grand sage
On ne va pas débattre pour savoir si c'est bien ou pas bien d'être au foyer. Chacun a sa réponse à la question.
Le seul point sur lequel j'ai réagi, c'est sur l'assimilation de l'enseignant au damné de la Terre asservi au grand Capital productiviste : ça me paraît tout de même caricatural, même avec les évolutions que je suis la première à dénoncer.
Le seul point sur lequel j'ai réagi, c'est sur l'assimilation de l'enseignant au damné de la Terre asservi au grand Capital productiviste : ça me paraît tout de même caricatural, même avec les évolutions que je suis la première à dénoncer.
- ZagaraGuide spirituel
La caricature n'existe que dans ta lecture de ce qui a été écrit.
Personne n'a parlé de "damné" ni de "grand capital". Il se trouve qu'on peut être dominé sans être damné et même être heureux de l'être & qu'on peut se conformer aux structures capitalistes sans pour autant participer au "grand capital". Mais il est tout de même nécessaire de s'insérer dans le circuit économique ordinaire, puisqu'il faut de l'argent pour vivre . En cela, l'intériorisation du circuit capitaliste est totale, on ne peut pas vivre en dehors du capitalisme (sauf zad et autres expérimentations marginales). Les services publics actuels ne sont d'ailleurs jamais qu'une variante étatiste du capitalisme, avec ses actionnaires, ses patrons, ses marchés, son management, etc.
Pour reprendre notre cas : on est statutairement dominés par l'administration et l'Etat, on est à leur ordre. ...et on a besoin de nourriture/boisson/maison puisqu'on est des êtres vivants ; or notre société est construite de telle manière que ça signifie obtenir de l'argent, puisque la monétarisation des ressources est achevée (depuis des siècles). Nous accédons à l'argent par le service de l'Etat et en nous pliant à ses exigences. Tu ne peux pas dire que nous soyons libres (nous ne le sommes d'ailleurs légalement pas), ni que nous soyons des êtres éthérés pouvant vivre d'amour et d'eau fraîche (laquelle est payante de toute façon !). Sommes-nous damnés ? Pas encore. Sommes-nous soumis "au grand capital" ? Non, parce que l'éducation des masses n'est pas une activité rentable donc le grand capital ne lorgne pas dessus. Mais sommes nous dominés et intégrés à un système capitaliste ? Difficilement de dire que non.
Personne n'a parlé de "damné" ni de "grand capital". Il se trouve qu'on peut être dominé sans être damné et même être heureux de l'être & qu'on peut se conformer aux structures capitalistes sans pour autant participer au "grand capital". Mais il est tout de même nécessaire de s'insérer dans le circuit économique ordinaire, puisqu'il faut de l'argent pour vivre . En cela, l'intériorisation du circuit capitaliste est totale, on ne peut pas vivre en dehors du capitalisme (sauf zad et autres expérimentations marginales). Les services publics actuels ne sont d'ailleurs jamais qu'une variante étatiste du capitalisme, avec ses actionnaires, ses patrons, ses marchés, son management, etc.
Pour reprendre notre cas : on est statutairement dominés par l'administration et l'Etat, on est à leur ordre. ...et on a besoin de nourriture/boisson/maison puisqu'on est des êtres vivants ; or notre société est construite de telle manière que ça signifie obtenir de l'argent, puisque la monétarisation des ressources est achevée (depuis des siècles). Nous accédons à l'argent par le service de l'Etat et en nous pliant à ses exigences. Tu ne peux pas dire que nous soyons libres (nous ne le sommes d'ailleurs légalement pas), ni que nous soyons des êtres éthérés pouvant vivre d'amour et d'eau fraîche (laquelle est payante de toute façon !). Sommes-nous damnés ? Pas encore. Sommes-nous soumis "au grand capital" ? Non, parce que l'éducation des masses n'est pas une activité rentable donc le grand capital ne lorgne pas dessus. Mais sommes nous dominés et intégrés à un système capitaliste ? Difficilement de dire que non.
- lene75Prophète
Comme les autres, pour le salaire, et pour une éventuelle retraite.
Si ma subsistance était assurée, je n'irais pas bosser lundi, je laisserais tout en plan. Il y a tant à faire, pas une seconde à perdre !
Je reviens sur les relations sociales, le développement intellectuel, etc. Je n'en ai jamais eu autant que pendant mon long arrêt de 10 mois pour ma 3e grossesse, parenthèse heureuse s'il en est. Quand je bosse, pas le temps de lire, de voir du monde, etc. Pour moi l'isolement, ce n'est pas quand on ne bosse pas et qu'on a du temps pour plein de choses mais quand on bosse et qu'on a le nez dans le guidon : certes on est entouré de gens, par centaines dans un lycée, mais ce sont des relations superficielles, et pour les cours on va au plus rapide, pas le temps d'approfondir. En un mois d'arrêt maladie j'ai lu plus de philo qu'en 5 ans de boulot. Je le vois aussi à travers ma mère, à 70 ans, au bilan d'une vie, celles de ses copines qui ont eu et ont encore la vie la plus riche sont celles qui ont été au foyer toute leur vie : elles ont eu tant de temps pour tisser des relations solides et s'investir dans tant de choses, tout en ayant le temps de vivre.
Si ma subsistance était assurée, je n'irais pas bosser lundi, je laisserais tout en plan. Il y a tant à faire, pas une seconde à perdre !
Je reviens sur les relations sociales, le développement intellectuel, etc. Je n'en ai jamais eu autant que pendant mon long arrêt de 10 mois pour ma 3e grossesse, parenthèse heureuse s'il en est. Quand je bosse, pas le temps de lire, de voir du monde, etc. Pour moi l'isolement, ce n'est pas quand on ne bosse pas et qu'on a du temps pour plein de choses mais quand on bosse et qu'on a le nez dans le guidon : certes on est entouré de gens, par centaines dans un lycée, mais ce sont des relations superficielles, et pour les cours on va au plus rapide, pas le temps d'approfondir. En un mois d'arrêt maladie j'ai lu plus de philo qu'en 5 ans de boulot. Je le vois aussi à travers ma mère, à 70 ans, au bilan d'une vie, celles de ses copines qui ont eu et ont encore la vie la plus riche sont celles qui ont été au foyer toute leur vie : elles ont eu tant de temps pour tisser des relations solides et s'investir dans tant de choses, tout en ayant le temps de vivre.
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Une classe, c'est comme une boîte de chocolats, on sait jamais sur quoi on va tomber...
- *Ombre*Grand sage
Je continue de trouver ton discours caricatural, Zagara, ou au moins ne reflétant pas du tout ma manière de vivre mon métier.
Les mots ont un sens. Je ne me sens pas "dominée" par mon CDE. Si je travaille au sein d'une hiérarchie, oui, évidemment, mais il s'agit de rapports de collaboration, pas de domination, où chacun respecte les prérogatives de l'autre dans un objectif commun (alors que je ne suis pas sûre que le patron d'une entreprise et ses salariés aient vraiment les mêmes objectifs). Quant à la liberté, évidemment, je ne peux pas faire tout ce que je veux comme je veux quand je veux, mais je croyais qu'on avait dépassé cette définition de la liberté depuis le premier cours de philo. Dans l'ensemble, je trouve que ce métier offre justement une grande liberté, que j'apprécie au quotidien, ne serait-ce que dans l'organisation : à peine un tiers de mon travail effectif est soumis à des horaires et à un lieu précis. Je ne sais pas combien de professions peuvent en dire autant.
Si je vis dans une société capitaliste ? Oui, évidemment, encore une fois (m'enfin, cela même mériterait discussion : les Américains ne sont pas loin de nous considérer comme d'affreux communistes). Mais je n'ai pas l'impression que mon activité participe directement de ce système. J'en veux pour preuve les attaques successives contre un service public d'éducation sans cesse affaibli, sur lequel il me semble bien que lorgnent certains acteurs du grand capital. Un système éducatif inféodé à une logique capitaliste serait bien différent - et contrairement à toi, je ne suis pas sûre qu'on n'y arrivera pas plus vite que je ne le voudrais.
Il me semble aussi absurde de prétendre démontrer que le travail serait une aliénation pour tous que d'essayer de prouver que toute personne sans activité professionnelle reconnue serait forcément frustrée.
Les mots ont un sens. Je ne me sens pas "dominée" par mon CDE. Si je travaille au sein d'une hiérarchie, oui, évidemment, mais il s'agit de rapports de collaboration, pas de domination, où chacun respecte les prérogatives de l'autre dans un objectif commun (alors que je ne suis pas sûre que le patron d'une entreprise et ses salariés aient vraiment les mêmes objectifs). Quant à la liberté, évidemment, je ne peux pas faire tout ce que je veux comme je veux quand je veux, mais je croyais qu'on avait dépassé cette définition de la liberté depuis le premier cours de philo. Dans l'ensemble, je trouve que ce métier offre justement une grande liberté, que j'apprécie au quotidien, ne serait-ce que dans l'organisation : à peine un tiers de mon travail effectif est soumis à des horaires et à un lieu précis. Je ne sais pas combien de professions peuvent en dire autant.
Si je vis dans une société capitaliste ? Oui, évidemment, encore une fois (m'enfin, cela même mériterait discussion : les Américains ne sont pas loin de nous considérer comme d'affreux communistes). Mais je n'ai pas l'impression que mon activité participe directement de ce système. J'en veux pour preuve les attaques successives contre un service public d'éducation sans cesse affaibli, sur lequel il me semble bien que lorgnent certains acteurs du grand capital. Un système éducatif inféodé à une logique capitaliste serait bien différent - et contrairement à toi, je ne suis pas sûre qu'on n'y arrivera pas plus vite que je ne le voudrais.
Il me semble aussi absurde de prétendre démontrer que le travail serait une aliénation pour tous que d'essayer de prouver que toute personne sans activité professionnelle reconnue serait forcément frustrée.
- ZagaraGuide spirituel
J'ai l'impression que tu comprends le terme "domination" sous son sens négatif et violent, alors que je l'utilise sous son sens descriptif et froid. Une hiérarchie, quel que soit le degré de liberté de ses membres, est une domination, puisqu'il y a un subordonné et un dirigeant. Cette domination peut être bienveillante, molle, sympathique, ressentie comme cool, aucun problème. C'est une domination tout de même, d'un point de vue strictement structurel. A partir du moment où une partie détient les moyens de survie de l'autre partie, et encore plus s'il peut les lui couper, c'est une domination. Ce qui n'empêche pas le subordonné de pouvoir bien le vivre, de pouvoir rebondir, etc.
Tout le problème est qu'en sciences sociales, on utilise des mots du commun mais en précisant leur sens. Du coup quand on s'exprime, les gens ont le sentiment d'un agression gauchiste, alors qu'on dit simplement qu'on ne vit pas dans une société horizontale mais segmentée. Ce qui n'a rien de très intelligent d'ailleurs, tout le monde le sait.
Quand à la question de l'interaction entre capitalisme et services publics, la société française est une économie mixte depuis 1945, mais en voie de restructuration vers son pôle capitaliste. La partie publique était clairement en dehors du capitalisme jusque dans les années 1980-1990, ne fonctionnait pas selon ses règles, et presque en circuit clos. Mais depuis, la partie publique a été lentement réadaptée pour correspondre aux standards d'évaluation du capitalisme (structure entrepreneuriale, rentabilité, efficacité, new management public, etc... sans parler des privatisations évidemment). Du coup, la plupart des services publics fonctionnent aujourd'hui selon les codes du modèle de l'entreprise capitaliste (je ne dis pas que c'est mal, ni que c'est bien : je m'en fous, je ne fais que pointer un fait mesurable). Tu ne le ressens pas parce que l'école est le lieu où cette mutation est la plus tardive et lente. Ça commence fort depuis 2015 cependant, avec les évolutions de l'évaluation des enseignants et des établissements, les futurs process de recrutement et de performance, etc.
Tout le problème est qu'en sciences sociales, on utilise des mots du commun mais en précisant leur sens. Du coup quand on s'exprime, les gens ont le sentiment d'un agression gauchiste, alors qu'on dit simplement qu'on ne vit pas dans une société horizontale mais segmentée. Ce qui n'a rien de très intelligent d'ailleurs, tout le monde le sait.
Quand à la question de l'interaction entre capitalisme et services publics, la société française est une économie mixte depuis 1945, mais en voie de restructuration vers son pôle capitaliste. La partie publique était clairement en dehors du capitalisme jusque dans les années 1980-1990, ne fonctionnait pas selon ses règles, et presque en circuit clos. Mais depuis, la partie publique a été lentement réadaptée pour correspondre aux standards d'évaluation du capitalisme (structure entrepreneuriale, rentabilité, efficacité, new management public, etc... sans parler des privatisations évidemment). Du coup, la plupart des services publics fonctionnent aujourd'hui selon les codes du modèle de l'entreprise capitaliste (je ne dis pas que c'est mal, ni que c'est bien : je m'en fous, je ne fais que pointer un fait mesurable). Tu ne le ressens pas parce que l'école est le lieu où cette mutation est la plus tardive et lente. Ça commence fort depuis 2015 cependant, avec les évolutions de l'évaluation des enseignants et des établissements, les futurs process de recrutement et de performance, etc.
- *Ombre*Grand sage
lene75 a écrit:Comme les autres, pour le salaire, et pour une éventuelle retraite.
Si ma subsistance était assurée, je n'irais pas bosser lundi, je laisserais tout en plan. Il y a tant à faire, pas une seconde à perdre !
Je reviens sur les relations sociales, le développement intellectuel, etc. Je n'en ai jamais eu autant que pendant mon long arrêt de 10 mois pour ma 3e grossesse, parenthèse heureuse s'il en est. Quand je bosse, pas le temps de lire, de voir du monde, etc. Pour moi l'isolement, ce n'est pas quand on ne bosse pas et qu'on a du temps pour plein de choses mais quand on bosse et qu'on a le nez dans le guidon : certes on est entouré de gens, par centaines dans un lycée, mais ce sont des relations superficielles, et pour les cours on va au plus rapide, pas le temps d'approfondir. En un mois d'arrêt maladie j'ai lu plus de philo qu'en 5 ans de boulot. Je le vois aussi à travers ma mère, à 70 ans, au bilan d'une vie, celles de ses copines qui ont eu et ont encore la vie la plus riche sont celles qui ont été au foyer toute leur vie : elles ont eu tant de temps pour tisser des relations solides et s'investir dans tant de choses, tout en ayant le temps de vivre.
Il y a quelques chose de très juste dans ce que tu dis, Lene, qui m'amène à préciser mon propos. Effectivement, le travail devient aliénant de fait quand il nous pompe toute notre énergie physique et psychique. Et de ce point de vue, l'évolution de notre métier est terrible. Les deux HSA imposées vont faire beaucoup de mal. On ne peut pas presser sans cesse les gens comme des citrons sans causer de dégâts. Cela, il faut le dénoncer.
Pour ma part, effectivement, je serais incapable de vivre perpétuellement "la tête dans le guidon", or c'est le sort qu'on fait de plus en plus fréquemment aux enseignants. J'ai la chance d'être dans une situation matérielle qui me permet depuis des années d'être à temps partiel. C'est un choix : plutôt plus de temps et une meilleure qualité de vie au quotidien que plus de bidules, de voyages et de je ne sais quoi. Mais j'ai conscience que c'est un privilège. C'est grand dommage pour l'EN elle-même : notre profession a besoin de sérénité.
- *Ombre*Grand sage
Zagara a écrit:J'ai l'impression que tu comprends le terme "domination" sous son sens négatif et violent, alors que je l'utilise sous son sens descriptif et froid. Une hiérarchie, quel que soit le degré de liberté de ses membres, est une domination, puisqu'il y a un subordonné et un dirigeant. Cette domination peut être bienveillante, molle, sympathique, ressentie comme cool, aucun problème.
Effectivement. Et on ne se lève pas le matin à cause d'abstractions, de systèmes décrits dans les livres, mais pour ce qu'on vit quotidiennement. Cela devrait donner des idées à nos New Managers, si possible allant un peu au-delà de la mode du Bien-être au travail.
Ça, j'avais remarqué. Mais bon, en général, quand j'explique que toutes les réformes de l'EN depuis 20 ans n'avaient pas d'autre but (et surtout pas de but pédagogique), je me fais traiter de complotiste...Quand à la question de l'interaction entre capitalisme et services publics, la société française est une économie mixte depuis 1945, mais en voie de restructuration vers son pôle capitaliste. La partie publique était clairement en dehors du capitalisme jusque dans les années 1980-1990, ne fonctionnait pas selon ses règles, et presque en circuit clos. Mais depuis, la partie publique a été lentement réadaptée pour correspondre aux standards d'évaluation du capitalisme (structure entrepreneuriale, rentabilité, efficacité, new management public, etc... sans parler des privatisations évidemment). Du coup, la plupart des services publics fonctionnent aujourd'hui selon les codes du modèle de l'entreprise capitaliste (je ne dis pas que c'est mal, ni que c'est bien : je m'en fous, je ne fais que pointer un fait mesurable).
Au contraire, je le ressens depuis fort longtemps, ce qui m'a amenée à faire des choix pour me préserver, pour pouvoir continuer ce métier que j'aime justement sans qu'il devienne une aliénation. J'ai conscience que, si je devais subir la situation que vivent la plupart de mes collègues, je ne tiendrais pas le même discours. Pour résumer ma pensée, je dirais que je pense qu'on ne put plus exercer ce métier de façon épanouissante en le pratiquant à plein temps.Tu ne le ressens pas parce que l'école est le lieu où cette mutation est la plus tardive et lente.
- AiônNiveau 8
Ombre a écrit:Ton enfant + un autre = 2 enfants de familles différentes = une école, selon la loi.
Autant pour moi Ombre. J'avais mal réfléchi parce que l'idée qu'on pourrait vouloir faire classe à ses propres enfants a refusé d'entrer ma tête. C'est quelque chose que je n'envisage pas du tout pour moi-même. Je crois que j'aurais peur qu'ils finissent comme le président Schreber... À mon sens un bon pédagogue ce doit presque être l'inverse d'un parent. On a besoin des deux. Mais je crois fermement que c'est à partir de cette contradiction (triangulation) que l'on peut s'émanciper.
Ombre a écrit:Les mots ont un sens. Je ne me sens pas "dominée" par mon CDE
Je partage entièrement cet avis. Il faut dire que jusqu'ici mes CDE ont tous été admirables je trouve. Et sur le fond j'ai plus l'impression qu'ils me servent que l'inverse. Je ne travaille certainement pas pour mes CDE. Ils acceptent une tâche bien ingrate pour me permettre de réaliser mes objectifs.
- *Ombre*Grand sage
Je n'ai pas d'idée arrêtée sur l'école à la maison. Je n'en fais pas un principe de société (surtout pas) mais je comprends que certains y aient recours. J'y ai moi-même pensé pour mon fils cadet, malade, avec une scolarité aménagée (donc devant de toute façon rattraper beaucoup de cours), ayant un profil a-scolaire mais apprenant énormément de façon autonome (c'est typiquement un profil d'autodidacte). Je conçois que cela puisse exister pour des cas particuliers (mais ne suis pas certaine que cette décision soit toujours prise pour de bonnes raisons). Mais si je suis professeur de l'école publique, c'est parce que cette institution telle qu'elle a été pensée à ses débuts fait pleinement partie du projet de société auquel j'adhère. Et la façon dont celle-ci est attaquée par les réformes successives ne me réjouit pas du tout.
- IrulanHabitué du forum
Je suis d'accord avec toi pseudo-intello, mais je ne suis pas sûre que "sens à sa vie, reconnaissance, vie sociale" ce soit la "mythologie start-up" dans le cadre du travail. Tu viens de l'expliquer toi-même ! La plupart des gens n'ont pas le bagage (culturel ? on en vient à une autre discussion que j'ai suivie de loin sur Néo) pour trouver un sens à leur vie au-delà du boulot (s'ils se posent seulement la question, puisque la plupart des boulots sont vécus comme de simples "gagne-pain"). Sans travail, ils restent chez eux, désœuvrés, sans vie sociale, vie sociale qui dépend aussi des sous gagnés (loisirs plus ou moins coûteux, resto, etc.). Pas plus tard qu'hier je suis tombée sur une mère célibataire qui expliquait tout cela à la télé, et qui a enfin pu relever la tête grâce à son implication dans le mouvement des gilets jaunes. Elle expliquait qu'elle se sentait exclue de la société, en gros, mais elle mettait en avant une chose très juste : la question du rythme de vie. Quand on ne travaille pas, on est déphasé par rapport à ceux qui bossent.
+ 1. C'est bizarre, parce que je suis d'accord avec tout ce que tu dis Zagara, mais je n'arrive pas aux mêmes conclusions (serais-je optimiste ? je viens de découvrir un truc). Non, je ne me sens pas dominée (du moins, je lutte pour rester libre, et pas que dans ma tête comme la chanson). Et pourtant, je ne sais plus qui a proposé que les enfants appartiennent à l’État, mais c'est déjà le cas, en fait, insidieusement.
Capitalisme ou pas, nous sommes en démocratie. Une essence trop chère ? les gilets jaunes se créent, mais ça n'a pas eu l’ampleur escomptée malheureusement.
*Ombre* a écrit:Le seul point sur lequel j'ai réagi, c'est sur l'assimilation de l'enseignant au damné de la Terre asservi au grand Capital productiviste : ça me paraît tout de même caricatural, même avec les évolutions que je suis la première à dénoncer.
+ 1. C'est bizarre, parce que je suis d'accord avec tout ce que tu dis Zagara, mais je n'arrive pas aux mêmes conclusions (serais-je optimiste ? je viens de découvrir un truc). Non, je ne me sens pas dominée (du moins, je lutte pour rester libre, et pas que dans ma tête comme la chanson). Et pourtant, je ne sais plus qui a proposé que les enfants appartiennent à l’État, mais c'est déjà le cas, en fait, insidieusement.
Capitalisme ou pas, nous sommes en démocratie. Une essence trop chère ? les gilets jaunes se créent, mais ça n'a pas eu l’ampleur escomptée malheureusement.
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Ad augusta per angusta.
- Panta RheiExpert
On dévie quand même de la question initiale, non?
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- Signature:
- 'Don't you find yourself getting bored?' she asked of her sister. 'Don't you find, that things fail to materialise? NOTHING MATERIALISES! Everything withers in the bud.'
'What withers in the bud?' asked Ursula.
'Oh, everything—oneself—things in general.'First Page of Women in Love, D. H. Lawrence
- IrulanHabitué du forum
Oui, mais c'est quand même un fil très intéressant, non ?
D'ailleurs, on a fait fuir Ludwie !
D'ailleurs, on a fait fuir Ludwie !
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Ad augusta per angusta.
- CasparProphète
Mara-jade a écrit:Oui, mais c'est quand même un fil très intéressant, non ?
D'ailleurs, on a fait fuir Ludwie !
Peut-être s'attendait elle à des réponses plus enthousiastes et à des variations sur le thème "le plus beau métier du monde".
- pseudo-intelloSage
Mara-jade a écrit:Je suis d'accord avec toi pseudo-intello, mais je ne suis pas sûre que "sens à sa vie, reconnaissance, vie sociale" ce soit la "mythologie start-up" dans le cadre du travail. Tu viens de l'expliquer toi-même ! La plupart des gens n'ont pas le bagage (culturel ? on en vient à une autre discussion que j'ai suivie de loin sur Néo) pour trouver un sens à leur vie au-delà du boulot (s'ils se posent seulement la question, puisque la plupart des boulots sont vécus comme de simples "gagne-pain"). Sans travail, ils restent chez eux, désœuvrés, sans vie sociale, vie sociale qui dépend aussi des sous gagnés (loisirs plus ou moins coûteux, resto, etc.).
Je me suis peut-être mal exprimée : la mythologie startup (le "on se tutoie parce qu'on est copains, relations horizontales, on passe sa vie à son boulot parce qu'on aime son travail, on se surinvestit parce qu'on se sent impliqué dans le projet, toutes ces fadaises) tendent à faire oublier qu'on peut trouver du sens à sa vie autrement qu'en travaillant. Comme ici, on est sur un forum de profs, la plupart d'entre nous s'épanouissent dans de l'intellectuel (thèse, écriture, etc), mais c'est le processus de réalisation qui compte : ça peut être une activité manuelle, un riche potager, voire la tour Eiffel en allumettes ou la rénovation d'un taudis pour en faire une résidence secondaire cool, tant qu'on a un but dans la vie, en somme.
Le travail peut offrir une partie de cela si on est convaincu de son utilité, ou, au minimum, peut offrir un ersatz (vis sociale, fût-elle insatisfaisante) pour les gens qui se sentent bien seuls en compagnie d'eux-mêmes et qui ne trouvent rien de mieux à faire hors les loisirs addictifs mais frustrants in fine -il a été montré que facebook rendait souvent dépressif et frustré ).
Comme une bonne partie d'entre vous, je suis attachée au principe d'éducaiton nationale, auquel je dois beaucoup, et j'aurais aimé avoir une meilleure opinion d'icelui.
Comme une bonne partie d'entre vous, quand je vois le gâchis que c'est devenu, quand je vois l'état de mes élèves qui lui ont été confiés en toute bonne foi et naïveté par leurs parents qui voulaient le meilleur pour eux, je suis tout simplement écœurée.
Je me lève pour le traitement, la possibilité d'organiser mon travail personnel à ma guise, et pour les vacances scolaires.
- *Ombre*Grand sage
pseudo-intello a écrit:il a été montré que facebook rendait souvent dépressif et frustré ).
Et Néo ?
- LudwieNiveau 1
Caspar a écrit: Peut-être s'attendait elle à des réponses plus enthousiastes et à des variations sur le thème "le plus beau métier du monde".
Haha, non heureusement. Je suis consciente de la part d'efforts, de résignation, d'ennui, de contraintes que comporte tout travail. Et les profs sont loin d'être les seuls à se plaindre. A la librairie déjà, j'avais un certain nombre de collègues hyper blasés.
Ce que je voulais savoir peut-être, derrière la formulation naïve de mon premier message, c'est si, au delà des difficultés innombrables que vous avez soulevées avec raison, il vous restait une certaine motivation à enseigner.
Et sur ce point, malgré le découragement assez désespérant qui ressort des messages que je viens de lire, je crois que les réponses ont tout de même été nuancées.
Je ne m'attends pas le moins du monde à me lever avec enthousiasme tous les matins. Mais j'espère, de temps en temps, pouvoir donner des cours qui intéresseront vraiment certains élèves (même 5 sur 30).
Il y'a quand même des questions passionnantes en philosophie. (Même si je vois bien que la plupart des élèves ne sont pas assez matures pour pouvoir y réfléchir sérieusement plus de 10 min.)
Qu'en pensent les profs de philo dans la salle: est-il déraisonnable de s'attendre à éveiller une lueur d'intérêt dans la cervelle de certaines jeunes personnes en évoquant la question du bonheur, de l'identité personnelle, de la liberté?
(Et que pleuvent les remarques cyniques et désabusées... )
- Monsieur_TeslaNiveau 10
Ludwie a écrit:Caspar a écrit: Peut-être s'attendait elle à des réponses plus enthousiastes et à des variations sur le thème "le plus beau métier du monde".
Haha, non heureusement. Je suis consciente de la part d'efforts, de résignation, d'ennui, de contraintes que comporte tout travail. Et les profs sont loin d'être les seuls à se plaindre. A la librairie déjà, j'avais un certain nombre de collègues hyper blasés.
Ce que je voulais savoir peut-être, derrière la formulation naïve de mon premier message, c'est si, au delà des difficultés innombrables que vous avez soulevées avec raison, il vous restait une certaine motivation à enseigner.
Et sur ce point, malgré le découragement assez désespérant qui ressort des messages que je viens de lire, je crois que les réponses ont tout de même été nuancées.
Je ne m'attends pas le moins du monde à me lever avec enthousiasme tous les matins. Mais j'espère, de temps en temps, pouvoir donner des cours qui intéresseront vraiment certains élèves (même 5 sur 30).
Il y'a quand même des questions passionnantes en philosophie. (Même si je vois bien que la plupart des élèves ne sont pas assez matures pour pouvoir y réfléchir sérieusement plus de 10 min.)
Qu'en pensent les profs de philo dans la salle: est-il déraisonnable de s'attendre à éveiller une lueur d'intérêt dans la cervelle de certaines jeunes personnes en évoquant la question du bonheur, de l'identité personnelle, de la liberté?
(Et que pleuvent les remarques cyniques et désabusées... )
De même en physique et SVT en collège, l'univers, d'où venons-nous ? La connaissance de son corps ... la plupart des élèves s'en foutent !
Même si 5 sur 30 sont intéressés, alors cela vaut le coup !
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Ce que j'entends je l'oublie.
Ce que le lis je le retiens.
Ce que je fais, je le comprends !
Tchuang Tseu
- pseudo-intelloSage
*Ombre* a écrit:pseudo-intello a écrit:il a été montré que facebook rendait souvent dépressif et frustré ).
Et Néo ?
Ben sur Néo, on poste rarement des photos de nous en plein mid-week city-trip londonien, ou au milieu de notre salon qu'on a "instagrammé" (en poussant tout le bazar hors-champ), ou en vacances à Hawaï.
Sur les réseaux sociaux, le fait de choisir de ne montrer presque que les côtés les plus glorieux engendre de la frustration pour celui qui regarde. Même si en se raisonnant on peut prendre du recul, l'image est marquante.
- scot69Modérateur
pseudo-intello a écrit:
Sur les réseaux sociaux, le fait de choisir de ne montrer presque que les côtés les plus glorieux engendre de la frustration pour celui qui regarde. Même si en se raisonnant on peut prendre du recul, l'image est marquante.
C'est ça, exactement. On étale une pseudo vie sociale en espérant que les autres ne l'aient pas.
- alanneFidèle du forum
Je ne partage absolument pas votre opinion sur FB.
Pour ma part , ce réseaux social sert à donner des nouvelles aux amis et à la famille lointaine. Et effectivement, je mets plutôt des photos de bateau ou de lieux sympas avec nos 'bouilles" dessus que des photos des couches des enfants . J'aime regarder et pouvoir parler de photos identiques de mes amis et de la famille. Il n'y a pas de jalousie car nous avons tous des niveaux de vie presque identiques et souhaitons juste le bonheur de l'autre.
Pour ma part , ce réseaux social sert à donner des nouvelles aux amis et à la famille lointaine. Et effectivement, je mets plutôt des photos de bateau ou de lieux sympas avec nos 'bouilles" dessus que des photos des couches des enfants . J'aime regarder et pouvoir parler de photos identiques de mes amis et de la famille. Il n'y a pas de jalousie car nous avons tous des niveaux de vie presque identiques et souhaitons juste le bonheur de l'autre.
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Wait and see
- Au bout de combien d'heures de cours, d'affilée ou non, vous écroulez-vous à la fin d'une journée de cours ?
- Que faire face à une élève qui vous fixe (pour vous déstabiliser) ?
- Que répondre à des élèves qui vous demandent pourquoi vous étiez absent ?
- (ESPE 1er degré) Les cours d'arts plastiques : ça se passe comment ?
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