Je suis abasourdie par le niveau des collégiens

@Stench : Volubylis indiquait 30 ans de différence : 1986-2016.

Verdurette a écrit:J'adore la moisson qui fait des bottes de foin .. super relecture !

:triste4:

Si vous trouvez des petits classiques des années 70, comparez la densité d'informations et la nature des questions posées avec ceux d'aujourd'hui. Pas besoin de commentaires infinis. Idem pour les grammaires : j'ai dégotté des grammaires de fin des années 80,avec des batteries d'exercices  : on ne remonte quand même pas au paléolithique...Encore plus récent , un manuel de latin des années 2000, pour le collège : intégralité du programme de langue, pages de civilisation très denses, textes d'auteurs  sans trous, apprentissage de la versification de base en 3e. Paraît qu'aujourd'hui des candidats au capes ne peuvent scander un hexamètre.
Mais le négationnisme officiel dira que le niveau ne baisse pas.Comment en serait-il autrement  avec les baisses d'horaires, les baisses d'exigence, le virage utilitariste pris par l'école sous l'impulsion de l'idée européiste  voulant que l'éducation soit  "un service rendu à l'entreprise" ?  D'où l'idéologie de l'utile, du pratique, de l'immédiat  du savoir qui va vers l'individu-client  en lieu et place de l'accès des futurs  membres de la nation à une culture commune.

Rien qu'à l'échelle de ma courte carrière d'une grosse dizaine d'années, je constate cette baisse aussi. Non pas que mes élèves actuels soient moins gentils, intelligents, moins sensibles ou moins motivés que les précédents, mais ils arrivent plus nombreux avec de très grosses lacunes sur la lecture et l'écriture de base ce qui rend immédiatement les choses plus difficiles, et ce dans toutes les disciplines. Et avec les volumes horaires en baisse, on a encore moins de temps pour ces remédiations essentielles...

Dans un texte, des élèves de 1ES n'ont pas compris que les "ormeaux" étaient des arbres alors que ça parlait d'affiches accrochées aux troncs. Et je dirais au moins 1/3 de la classe. L'un d'entre eux m'a demandé ce qu'était une auberge. Dans la même classe, un texte commence par un nous d'emphase, mais le reste était très clair sur le fait qu'il n'y avait qu'un auteur. Un seul élève a compris la phrase.
En TS, un élève n'a pas compris (alors qu'il y avait du contexte) que je parlais du barrage d'Assouan sur le Nil et a entendu sur UNE île. Donc il me demandait ce qu'était un barrage et à quoi ça ressemblait et si c'était comme les castors. Voilà.

Merci encore à Volubilys pour le doc et Cath pour l'agrandissement 😉

Baisse que je constate tous les jours.

Et bien ça promet de belles années à venir en LP :pleurs:

Lefteris a écrit:Si vous trouvez des petits classiques des années 70, comparez la densité d'informations et la nature des questions posées avec ceux d'aujourd'hui. Pas besoin de commentaires infinis. Idem pour les grammaires : j'ai dégotté des grammaires de fin des années 80,avec des batteries d'exercices  : on ne remonte quand même pas au paléolithique...Encore plus récent , un manuel de latin des années 2000, pour le collège : intégralité du programme de langue, pages de civilisation très denses, textes d'auteurs  sans trous, apprentissage de la versification de base en 3e. Paraît qu'aujourd'hui des candidats au capes ne peuvent scander un hexamètre.
Mais le négationnisme officiel dira que le niveau ne baisse pas.Comment en serait-il autrement  avec les baisses d'horaires, les baisses d'exigence, le virage utilitariste pris par l'école sous l'impulsion de l'idée européiste  voulant que l'éducation soit  "un service rendu à l'entreprise" ?  D'où l'idéologie de l'utile, du pratique, de l'immédiat  du savoir qui va vers l'individu-client  en lieu et place de l'accès des futurs  membres de la nation à une culture commune.

C'est très net pour le nouveaux manuels d'anglais aussi: beaucoup de photos, de couleurs mais moins de textes, plus courts.

Pourquoi 3,14159 a écrit:Et bien ça promet de belles années à venir en LP :pleurs:

C'est déjà là. Et depuis quelques années. Cependant le phénomène s'aggrave. Mais tout va bien Ils ont tous ou presque leur diplôme: CCCF Maison, examen sur quelques matières et si pas reçus oral de rattrapage, un peu coûteux ces oraux mais tellement moins que les faire redoubler pour corriger des connaissances même de base. Message donné à la classe qui suit : "je n'ai pas travaillé et je l'ai eu". Et ON recommence l'année suivante. Nos bac pro ont aujourd'hui un moins bon niveau que nos BEP d'il y a 20 ans.

Je ne peux plus du tout faire les mêmes évaluations de langue qu'il y a encore 5 ou 6 ans: je me suis progressivement rendue compte que c'était bien trop difficile pour mes collégiens. J'ai donc fait autrement (pas nécessairement plus simple, ce que je refuse, mais moins compact, plus progressif).
Ce qui n'a pas empêché mes 3èmes, pourtant d'un collège plutôt favorisé, d'avoir 6/20 de moyenne générale sur une éval-bilan qui reprenait toutes les notions déjà vues sur les subordonnées, avec 2 semaines pour les préparer. 5 élèves sur 28 ont la moyenne...

Classe de 5e (REP+ mais c'est une bonne classe) face à l'ASSR1. Ils ont bloqué sur plein de mots du style "accentue" ou "garde-boue". Je ne parle même pas des allophones, mais de gamins sérieux, sincèrement dépassés.

Naoo a écrit: "accentue" ou "garde-boue". mais de gamins sérieux, sincèrement dépassés.

"accentue" je veux bien mais "garde-boue"... Cela viendrait-il du fait que les VTT et autres engins assimilés n'en possèdent plus ?

Dhaiphi a écrit:

Naoo a écrit: "accentue" ou "garde-boue". mais de gamins sérieux, sincèrement dépassés.

"accentue" je veux bien mais "garde-boue"...  Cela viendrait-il du fait que les VTT et autres engins assimilés n'en possèdent plus ?

Ben moi, c'est le contraire. "Garde-boue", bon, ma foi, on peut ne pas savoir comment ça s'appelle, mais "accentuer"??

J'ai un élève de 6e qui ignorait le sens du mot "charpentier". Mes 3e ne savaient pas ce que voulait dire "abondance". Et encore, ça, c'est quand je pense à poser la question... J'ai déjà eu des questions sur marronier et marmotte...Quant au féminin des animaux, tous les ans c'est de pire en pire (et je travaille à la campagne).

Carabas a écrit:Ben moi, c'est le contraire. "Garde-boue", bon, ma foi, on peut ne pas savoir comment ça s'appelle, mais "accentuer"??

Voilà qui est intéressant : comment les critères pour évaluer la culture générale de base diffèrent d'une personne à l'autre.

Hermiony a écrit: J'ai déjà eu des questions sur marronier et marmotte...

Et pourtant le service public de télévision n'a pas manqué de mettre à l'honneur la vie et les mœurs
de ces charmants mammifères.

Dhaiphi : pas sûre que mes élèves sachent que ce sont des marmottes si ce n'est pas dit...Et comme leurs programmes tv préférés sont plutôt sur la tnt, je crois qu'ils n'ont même pas vu ces spots...

Je le sais fort bien. Ils ont l'inculture triste et vulgaire. Je tentais d'en sourire plutôt que d'en pleurer.

Dhaiphi a écrit:

Carabas a écrit:Ben moi, c'est le contraire. "Garde-boue", bon, ma foi, on peut ne pas savoir comment ça s'appelle, mais "accentuer"??

Voilà qui est intéressant : comment les critères pour évaluer la culture générale de base diffèrent d'une personne à l'autre.

On peut quand-même arguer du fait que le mot garde-boue ne sert qu'à une seule chose : désigner un garde-boue. Aucune polysémie, aucun emploi métaphorique possible, sa fréquence absolue dans la littérature est pratiquement nulle (sauf dans les magasines spécialisés comme auto-moto, et encore...), et ce n'est pas un mot dont on a besoin dans le vocabulaire scolaire.
C'est typiquement le genre de mot dont je m'attends à ce que nos cousins du Canada ne le connaissent pas, par exemple... (Au Canada, le vocabulaire technique du bricolage et de l'automobile est complètement phagocyté par le franglais.)

Hermiony a écrit:J'ai un élève de 6e qui ignorait le sens du mot "charpentier". Mes 3e ne savaient pas ce que voulait dire "abondance". Et encore, ça, c'est quand je pense à poser la question... J'ai déjà eu des questions sur marronier et marmotte...Quant au féminin des animaux, tous les ans  c'est de pire en pire (et je travaille à la campagne).

Mais d'où voulez-vous donc qu'ils tiennent le vocabulaire s'ils ne lisent pas ???

Vous faites bien d'arguer et je reconnais sans peine la richesse de sens du verbe "accentuer". Je m'étonne toutefois de découvrir le côté "élitiste" de ma culture personnelle qui n'ignore pas le sens du mot "garde-boue".

Je ne sais pas, Celadon, à tout hasard, de la vie quotidienne?? Beaucoup ont des parents ou de la famille dans l'artisanat par exemple (pour charpentier), on voit des camionnettes d'artisans passer très souvent dans la ville de mon collège... Avant la lecture, pour les mots courants, il y a les parents...Mais manifestement, discuter avec ses enfants, c'est has been...
Le même petit qui ne connaît pas le charpentier ne sait pas non plus chercher un mot dans le dictionnaire : c'est trop long, alors à la maison, il cherche sur sa tablette. Et sa mère me dit que je n'ai qu'à faire une leçon sur l'utilisation du dictionnaire...

Disons que l'utilisation du dictionnaire c'est DEJA vu en primaire ....

Un grand classique de 3ème :
Sur un site de musique, un abonnement de 20 euros permet de télécharger une chanson pour 0,50 euro l'unité.
1/ Combien coûte le téléchargement de 10 chansons pour un abonné ?
2/ Même question mais pour une personne non abonnée.

1/ En général, j'ai la bonne réponse (miracle !)
2/ Ben M'sieur, facile 20 x 10 + 0,5 x 10

kaktus65 a écrit:Un grand classique de 3ème :
Sur un site de musique, un abonnement de 20 euros permet de télécharger une chanson pour 0,50 euro l'unité.
1/ Combien coûte le téléchargement de 10 chansons pour un abonné ?
2/ Même question mais pour une personne non abonnée.

1/ En général, j'ai la bonne réponse (miracle !)
2/ Ben M'sieur, facile 20 x 10 + 0,5 x 10

J'admets ne pas pouvoir répondre à la seconde question, manquent-ils des informations ?