- La CaverneNiveau 5
Euterpe03 a écrit: J'hésite à prendre la formation à distance de Bourgogne. Quelqu'un l'a-t-il suivie ?
Je relance la question. Quelqu'un a-t-il un avis sur la formation de l'Université de Bourgogne ? Merci pour vos réponses !
- isocèleNiveau 7
@La Caverne Toutes les néos qui l'ont suivie n'en ont dit que du bien avec, toutefois, une réserve sur la didactique. Je m'y suis inscrite, on verra bien .
Je viens de finir La Main coupée, me lance dans Bourlinguer, visionne les incontournables d'Hitchcock, avais prévu de lire une page de Corbière par jour et ne m'y suis pas pliée, la fin de l'année est éprouvante. Je viens d'apprendre que c'était bon pour mon congé formation, je suis bien contente même si la pression n'en est que plus forte.
Quelqu'un a-t-il des infos concernant l'épreuve de dida et les nouveaux programmes ?
Je viens de finir La Main coupée, me lance dans Bourlinguer, visionne les incontournables d'Hitchcock, avais prévu de lire une page de Corbière par jour et ne m'y suis pas pliée, la fin de l'année est éprouvante. Je viens d'apprendre que c'était bon pour mon congé formation, je suis bien contente même si la pression n'en est que plus forte.
Quelqu'un a-t-il des infos concernant l'épreuve de dida et les nouveaux programmes ?
- naujeNiveau 9
@La Caverne
J'ai suivi la fac de bourgogne cette année. J'attends ma réponse Artois et si cela ne marche pas je reprends bourgogne.
C'était bien en littérature le cours sur Scarron sera excellent !
En revanche c'est compliqué :
-en cinéma : que des cours audio.
- en didactique n'est pas terrible parce que pas assez de devoirs dans l'année. Mais les conseils sont bons.
- en comparée : peu de documents sur papier
Je n'ai pas fait les oraux parce que je me suis entrainée au paf de mon académie. Je n'ai donc pas d'avis là dessus.
Les enseignants sont très sympa et disponibles je pense que c'est une bonne alternative.
Je n'ai pas beaucoup avancé dans la préparation je digère encore un peu mon échec...
Mais je rempile c'est sûr !!!
bon week-end à tous
J'ai suivi la fac de bourgogne cette année. J'attends ma réponse Artois et si cela ne marche pas je reprends bourgogne.
C'était bien en littérature le cours sur Scarron sera excellent !
En revanche c'est compliqué :
-en cinéma : que des cours audio.
- en didactique n'est pas terrible parce que pas assez de devoirs dans l'année. Mais les conseils sont bons.
- en comparée : peu de documents sur papier
Je n'ai pas fait les oraux parce que je me suis entrainée au paf de mon académie. Je n'ai donc pas d'avis là dessus.
Les enseignants sont très sympa et disponibles je pense que c'est une bonne alternative.
Je n'ai pas beaucoup avancé dans la préparation je digère encore un peu mon échec...
Mais je rempile c'est sûr !!!
bon week-end à tous
- SaloumHabitué du forum
Super, Isocèle pour le congé ! J'ai reçu mes premiers cours Sévigné sur Scarron et suivi un cours audio de méthodo. Mais je n'ai pas beaucoup de temps pour travailler en ce moment. Lire les œuvres une fois avant les vacances d'été comme conseillé ne sera pas envisageable...
- GILARDNiveau 1
Courage Nauje! je suis dans le même état que toi! mais la prochaine fois sera la bonne! Nous y parviendrons.
- yranohHabitué du forum
J'ai une question sur Zadig, sur l'épisode du nez. Je vois bien qu'on est censé adhérer au point de vue de Zadig, et pourtant je n'arrive pas à voir la faute d'Azora. Un passage d'un article va dans mon sens : "Azora est raisonnable et logique. Zadig, mort, n'aura vraisemblablement pas besoin de son nez." Qu'en pensez-vous ? Je me demande si Voltaire ne s'amuse pas à nous imposer un point de vue indéfendable, ou si je fais un gros-contre-sens. Vraiment, les contes de Voltaire, c'est compliqué ! J'ai l'impression que toutes les interprétations se contredisent !
- le texte:
- Un jour Azora revint d’une promenade, tout en colère, et faisant de grandes exclamations. « Qu’avez-vous, lui dit-il, ma chère épouse ? qui vous peut mettre ainsi hors de vous-même ? — Hélas ! dit-elle, vous seriez indigné comme moi, si vous aviez vu le spectacle dont je viens d’être témoin. J’ai été consoler la jeune veuve Cosrou, qui vient d’élever, depuis deux jours, un tombeau à son jeune époux auprès du ruisseau qui borde cette prairie. Elle a promis aux dieux, dans sa douleur, de demeurer auprès de ce tombeau tant que l’eau de ce ruisseau coulerait auprès. — Eh bien ! dit Zadig, voilà une femme estimable qui aimait véritablement son mari ! — Ah ! reprit Azora, si vous saviez à quoi elle s’occupait quand je lui ai rendu visite ! — À quoi donc, belle Azora ? — Elle faisait détourner le ruisseau. » Azora se répandit en des invectives si longues, éclata en reproches si violents contre la jeune veuve, que ce faste de vertu ne plut pas à Zadig.
Il avait un ami, nommé Cador, qui était un de ces jeunes gens à qui sa femme trouvait plus de probité et de mérite qu’aux autres : il le mit dans sa confidence, et s’assura, autant qu’il le pouvait, de sa fidélité par un présent considérable. Azora ayant passé deux jours chez une de ses amies à la campagne, revint le troisième jour à la maison. Des domestiques en pleurs lui annoncèrent que son mari était mort subitement, la nuit même, qu’on n’avait pas osé lui porter cette funeste nouvelle, et qu’on venait d’ensevelir Zadig dans le tombeau de ses pères, au bout du jardin. Elle pleura, s’arracha les cheveux, et jura de mourir. Le soir, Cador lui demanda la permission de lui parler, et ils pleurèrent tous deux. Le lendemain ils pleurèrent moins, et dînèrent ensemble. Cador lui confia que son ami lui avait laissé la plus grande partie de son bien, et lui fit entendre qu’il mettrait son bonheur à partager sa fortune avec elle. La dame pleura, se fâcha, s’adoucit ; le souper fut plus long que le dîner ; on se parla avec plus de confiance. Azora fit l’éloge du défunt ; mais elle avoua qu’il avait des défauts dont Cador était exempt.
Au milieu du souper, Cador se plaignit d’un mal de rate violent ; la dame, inquiète et empressée, fit apporter toutes les essences dont elle se parfumait pour essayer s’il n’y en avait pas quelqu’une qui fût bonne pour le mal de rate ; elle regretta beaucoup que le grand Hermès ne fût pas encore à Babylone ; elle daigna même toucher le côté où Cador sentait de si vives douleurs. « Êtes-vous sujet à cette cruelle maladie ? lui dit-elle avec compassion. — Elle me met quelquefois au bord du tombeau, lui répondit Cador, et il n’y a qu’un seul remède qui puisse me soulager : c’est de m’appliquer sur le côté le nez d’un homme qui soit mort la veille. — Voilà un étrange remède, dit Azora. — Pas plus étrange, répondit-il, que les sachets du sieur Arnoult[2] contre l’apoplexie. » Cette raison, jointe à l’extrême mérite du jeune homme, détermina enfin la dame. « Après tout, dit-elle, quand mon mari passera du monde d’hier dans le monde du lendemain sur le pont Tchinavar, l’ange Asrael lui accordera-t-il moins le passage parce que son nez sera un peu moins long dans la seconde vie que dans la première ? » Elle prit donc un rasoir ; elle alla au tombeau de son époux, l’arrosa de ses larmes, et s’approcha pour couper le nez à Zadig, qu’elle trouva tout étendu dans la tombe. Zadig se relève en tenant son nez d’une main, et arrêtant le rasoir de l’autre. « Madame, lui dit-il, ne criez plus tant contre la jeune Cosrou ; le projet de me couper le nez vaut bien celui de détourner un ruisseau. »
- ElodieNiveau 5
isocèle a écrit:@La Caverne Toutes les néos qui l'ont suivie n'en ont dit que du bien avec, toutefois, une réserve sur la didactique. Je m'y suis inscrite, on verra bien .
Je viens de finir La Main coupée, me lance dans Bourlinguer, visionne les incontournables d'Hitchcock, avais prévu de lire une page de Corbière par jour et ne m'y suis pas pliée, la fin de l'année est éprouvante. Je viens d'apprendre que c'était bon pour mon congé formation, je suis bien contente même si la pression n'en est que plus forte.
Quelqu'un a-t-il des infos concernant l'épreuve de dida et les nouveaux programmes ?
Je suis mauvaise en cinéma. Tu pourrais me dire ce que tu appelles les incontournables d'Hitchcock stp ? Moi je n'ai toujours pas lu Cendrars. Je suis en plein dans Corbière, j'espère en voir bientôt la fin.
Bon courage à tous.
- tannatHabitué du forum
yranoh a écrit:J'ai une question sur Zadig, sur l'épisode du nez. Je vois bien qu'on est censé adhérer au point de vue de Zadig, et pourtant je n'arrive pas à voir la faute d'Azora. Un passage d'un article va dans mon sens : "Azora est raisonnable et logique. Zadig, mort, n'aura vraisemblablement pas besoin de son nez." Qu'en pensez-vous ? Je me demande si Voltaire ne s'amuse pas à nous imposer un point de vue indéfendable, ou si je fais un gros-contre-sens. Vraiment, les contes de Voltaire, c'est compliqué ! J'ai l'impression que toutes les interprétations se contredisent !
- le texte:
Un jour Azora revint d’une promenade, tout en colère, et faisant de grandes exclamations. « Qu’avez-vous, lui dit-il, ma chère épouse ? qui vous peut mettre ainsi hors de vous-même ? — Hélas ! dit-elle, vous seriez indigné comme moi, si vous aviez vu le spectacle dont je viens d’être témoin. J’ai été consoler la jeune veuve Cosrou, qui vient d’élever, depuis deux jours, un tombeau à son jeune époux auprès du ruisseau qui borde cette prairie. Elle a promis aux dieux, dans sa douleur, de demeurer auprès de ce tombeau tant que l’eau de ce ruisseau coulerait auprès. — Eh bien ! dit Zadig, voilà une femme estimable qui aimait véritablement son mari ! — Ah ! reprit Azora, si vous saviez à quoi elle s’occupait quand je lui ai rendu visite ! — À quoi donc, belle Azora ? — Elle faisait détourner le ruisseau. » Azora se répandit en des invectives si longues, éclata en reproches si violents contre la jeune veuve, que ce faste de vertu ne plut pas à Zadig.
Il avait un ami, nommé Cador, qui était un de ces jeunes gens à qui sa femme trouvait plus de probité et de mérite qu’aux autres : il le mit dans sa confidence, et s’assura, autant qu’il le pouvait, de sa fidélité par un présent considérable. Azora ayant passé deux jours chez une de ses amies à la campagne, revint le troisième jour à la maison. Des domestiques en pleurs lui annoncèrent que son mari était mort subitement, la nuit même, qu’on n’avait pas osé lui porter cette funeste nouvelle, et qu’on venait d’ensevelir Zadig dans le tombeau de ses pères, au bout du jardin. Elle pleura, s’arracha les cheveux, et jura de mourir. Le soir, Cador lui demanda la permission de lui parler, et ils pleurèrent tous deux. Le lendemain ils pleurèrent moins, et dînèrent ensemble. Cador lui confia que son ami lui avait laissé la plus grande partie de son bien, et lui fit entendre qu’il mettrait son bonheur à partager sa fortune avec elle. La dame pleura, se fâcha, s’adoucit ; le souper fut plus long que le dîner ; on se parla avec plus de confiance. Azora fit l’éloge du défunt ; mais elle avoua qu’il avait des défauts dont Cador était exempt.
Au milieu du souper, Cador se plaignit d’un mal de rate violent ; la dame, inquiète et empressée, fit apporter toutes les essences dont elle se parfumait pour essayer s’il n’y en avait pas quelqu’une qui fût bonne pour le mal de rate ; elle regretta beaucoup que le grand Hermès ne fût pas encore à Babylone ; elle daigna même toucher le côté où Cador sentait de si vives douleurs. « Êtes-vous sujet à cette cruelle maladie ? lui dit-elle avec compassion. — Elle me met quelquefois au bord du tombeau, lui répondit Cador, et il n’y a qu’un seul remède qui puisse me soulager : c’est de m’appliquer sur le côté le nez d’un homme qui soit mort la veille. — Voilà un étrange remède, dit Azora. — Pas plus étrange, répondit-il, que les sachets du sieur Arnoult[2] contre l’apoplexie. » Cette raison, jointe à l’extrême mérite du jeune homme, détermina enfin la dame. « Après tout, dit-elle, quand mon mari passera du monde d’hier dans le monde du lendemain sur le pont Tchinavar, l’ange Asrael lui accordera-t-il moins le passage parce que son nez sera un peu moins long dans la seconde vie que dans la première ? » Elle prit donc un rasoir ; elle alla au tombeau de son époux, l’arrosa de ses larmes, et s’approcha pour couper le nez à Zadig, qu’elle trouva tout étendu dans la tombe. Zadig se relève en tenant son nez d’une main, et arrêtant le rasoir de l’autre. « Madame, lui dit-il, ne criez plus tant contre la jeune Cosrou ; le projet de me couper le nez vaut bien celui de détourner un ruisseau. »
Je vois dans l'épisode d'Azora, une critique de la versatilité et de l'inconstance féminine mais ne faut-il pas aussi le lié au chapitre XI "Le bûcher" ? Oui, Azora est bien versatile et prompte à accuser une autre de ce dont elle est, elle aussi, capable "« Madame, lui dit-il, ne criez plus tant contre la jeune Cosrou ; le projet de me couper le nez vaut bien celui de détourner un ruisseau. »", -c'est donc aussi (surtout ?) une mauvaise langue prompte à juger les autres- ; mais l'épisode XI invite, je crois, à ne pas s'arrêter à cette caricature un peu sombre des femmes (même si dans Zadig elles semblent se cumuler : Semire, Azora Cosrou, Missouf...) et à examiner ce que la société (femmes comprises) attend d'elles, de manière générale. Peut-être faut-il aussi examiner ces personnages féminins dans les trois contes : n'y aurait-il pas une évolution dans l'image que Voltaire donne à voir d'elles mais aussi dans la façon dont il utilise ces personnages dans les différents contes ?
_________________
« Nous naissons tous fous. Quelques-uns le demeurent. » Samuel Beckett
« C'est un malheur que les hommes ne puissent d'ordinaire posséder aucun talent sans avoir quelque envie d'abaisser les autres.» Vauvenargues
- isocèleNiveau 7
@Elodie La liste est longue avec Hitchcock ! J'ai revu les deux avec Grace Kelly Le Crime était presque parfait et la Main au collet. Des bijoux : L'Ombre d'un doute (passage de l'expressionnisme au pur polar américain) et Sueurs froides. J'ai visionné sur internet The Lodger, film muet, son 1er succès, par pure curiosité et n'ai pas été déçue, la musique obsédante (qui a dû être modernisée) n'est pas sans rappeler "Lisa" dans Rear Window.
Les autres à connaître : Les 39 Marches, La Mort aux trousses, Les Oiseaux, Psychose... Et il y en a tant d'autres : Soupçons, L'Inconnu du Nord-Express, La Corde (pour son plan séquence)...
@yranoh "Voltaire, le chantre de la tolérance" (dixit Patrick Laudet, merci tannat ) Une leçon de paille et de poutre.
Les autres à connaître : Les 39 Marches, La Mort aux trousses, Les Oiseaux, Psychose... Et il y en a tant d'autres : Soupçons, L'Inconnu du Nord-Express, La Corde (pour son plan séquence)...
@yranoh "Voltaire, le chantre de la tolérance" (dixit Patrick Laudet, merci tannat ) Une leçon de paille et de poutre.
- ElodieNiveau 5
isocèle a écrit:@Elodie La liste est longue avec Hitchcock ! J'ai revu les deux avec Grace Kelly Le Crime était presque parfait et la Main au collet. Des bijoux : L'Ombre d'un doute (passage de l'expressionnisme au pur polar américain) et Sueurs froides. J'ai visionné sur internet The Lodger, film muet, son 1er succès, par pure curiosité et n'ai pas été déçue, la musique obsédante (qui a dû être modernisée) n'est pas sans rappeler "Lisa" dans Rear Window.
Les autres à connaître : Les 39 Marches, La Mort aux trousses, Les Oiseaux, Psychose... Et il y en a tant d'autres : Soupçons, L'Inconnu du Nord-Express, La Corde (pour son plan séquence)...
@yranoh "Voltaire, le chantre de la tolérance" (dixit Patrick Laudet, merci tannat ) Une leçon de paille et de poutre.
Ah oui, effectivement ça fait déjà pas mal. Merci beaucoup.
- yranohHabitué du forum
Merci Tannat. Vous trouvez-donc qu'elle a tort de vouloir couper lui couper le nez ? Vous ne trouvez pas le procédé de Zadig pour le moins bizarre, et l'épisode choisi par Voltaire au moins ambigu ?
Je viens de lire "La Matrone d'Ephèse", voilà ce que dit La Fontaine :
"Car de mettre au patibulaire
Le corps d'un mari tant aimé,
Ce n'était pas peut-être une si grande affaire.
Cela lui sauvait l'autre ; et tout considéré,
Mieux vaut Goujat debout qu'Empereur enterré."
On reproche à la Matrone d'Ephèse ses excessives démonstrations de douleur. Mais Azora n'en fait pas tant. Et on ne sait pas précisément ce qu'elle reproche à la veuve qui détourne un ruisseau : de détourner le ruisseau ou sa promesse ? C'est Zadig qui dit au sujet de sa promesse : "Voilà une femme estimable et qui aimait véritablement son mari !"
A vrai dire je pourrais poser des questions semblables pour presque chaque chapitre, tant je crois lire ce livre à contre-sens !
Une autre question, donc : dans quelle mesure pensez-vous qu'on puisse assumer sa lecture de Zadig ? Je vois que certains critiques en bonnes places dans la bibilographie critique (je pense à Van Den Heuvel) estiment que Zadig, c'est pour ainsi dire Voltaire, quand d'autres considèrent que Zadig est un idiot. Barthes fait l'unanimité contre lui (je n'ai pas encore lu sa préface, peut-être devrais-je m'abstenir). Van den Heuvel dit aussi : "« Ainsi, que l’on envisage les positions philosophiques de Voltaire vers 1745 la structure même du récit de Zadig, ou le détail de la leçon de l’ermite, le sens du conte est clair..." René Pommeau, lui, parle de non liquet... Les interprétations ne sont pas complémentaires, elles sont radicalement contradictoires. Je n'ai pas encore l'édition au programme, mais j'imagine que Goldzink a lui aussi son point de vue. Pour le moment, c'est avec Voltaire que je suis le plus d'accord, quand il parle de fadaises et de coïoneries. Mais quel parti prendre devant le jury ?
Je viens de lire "La Matrone d'Ephèse", voilà ce que dit La Fontaine :
"Car de mettre au patibulaire
Le corps d'un mari tant aimé,
Ce n'était pas peut-être une si grande affaire.
Cela lui sauvait l'autre ; et tout considéré,
Mieux vaut Goujat debout qu'Empereur enterré."
On reproche à la Matrone d'Ephèse ses excessives démonstrations de douleur. Mais Azora n'en fait pas tant. Et on ne sait pas précisément ce qu'elle reproche à la veuve qui détourne un ruisseau : de détourner le ruisseau ou sa promesse ? C'est Zadig qui dit au sujet de sa promesse : "Voilà une femme estimable et qui aimait véritablement son mari !"
A vrai dire je pourrais poser des questions semblables pour presque chaque chapitre, tant je crois lire ce livre à contre-sens !
Une autre question, donc : dans quelle mesure pensez-vous qu'on puisse assumer sa lecture de Zadig ? Je vois que certains critiques en bonnes places dans la bibilographie critique (je pense à Van Den Heuvel) estiment que Zadig, c'est pour ainsi dire Voltaire, quand d'autres considèrent que Zadig est un idiot. Barthes fait l'unanimité contre lui (je n'ai pas encore lu sa préface, peut-être devrais-je m'abstenir). Van den Heuvel dit aussi : "« Ainsi, que l’on envisage les positions philosophiques de Voltaire vers 1745 la structure même du récit de Zadig, ou le détail de la leçon de l’ermite, le sens du conte est clair..." René Pommeau, lui, parle de non liquet... Les interprétations ne sont pas complémentaires, elles sont radicalement contradictoires. Je n'ai pas encore l'édition au programme, mais j'imagine que Goldzink a lui aussi son point de vue. Pour le moment, c'est avec Voltaire que je suis le plus d'accord, quand il parle de fadaises et de coïoneries. Mais quel parti prendre devant le jury ?
- tannatHabitué du forum
Je me pose pas cette question, mais peut-être le devrais-je, je ne suis pas certaine d'avoir bien compris ce que signifie connaître parfaitement une oeuvre. Je m'interroge bien plus sur ce que l'épisode dit des personnages, de son auteur, de la société à laquelle il s'adresse et de la façon dont nous le lisons aujourd'hui...yranoh a écrit:Merci Tannat. Vous trouvez-donc qu'elle a tort de vouloir couper lui couper le nez ?
Azor s'indigne du comportement de la veuve Cosrou et Zadig, parce qu'il n'aime pas l'excès dont témoigne sa réaction et pour lui donner une leçon, n'hésite pas à employer un procédé "pour le moins bizarre" pour ne pas dire malhonnête.
Oui, c'est ce qui m'a fait sourire (j'ai même trouvé ça assez drôle). Cela m'a rappelé la blague du vieux qui veut se faire enterrer avec son argent et sa veuve lui met un chèque dans la poche... C'est un peu misogyne (très/ trop) et cela me semble dire long sur l'image de la Femme que ce genre de blagues véhicule mais il me semble aussi qu'on en apprend beaucoup sur l'homme qui demande à sa femme de l'enterrer avec son argent... L'humour est une arme à double tranchant. Voltaire souhaitait-il que la chose soit à double tranchant ? Souhaitait-il pousser son lecteur à réfléchir à ses actes, ses pratiques, ses jugements ? Ou simplement le faire rire en lui assénant quelques vérités au passage ?yranoh a écrit:Vous ne trouvez pas le procédé de Zadig pour le moins bizarre, et l'épisode choisi par Voltaire au moins ambigu ?
Quoi qu'elle lui reproche, Zadig semble chercher à lui faire examiner les choses autrement mais il n'a pas plus confiance en elle qu'en son ami. Il s'assure de la fidélité de Cador "par un présent considérable" et le texte précise "s'assura, autant qu'il le pouvait"; il y a là, il me semble, une volonté de dire qu'il est difficile de connaître le cœur des Hommes -> la satire semble viser les femmes mais j'ai l'impression qu'elle est bien plus large.yranoh a écrit:(...) Mais Azora n'en fait pas tant. Et on ne sait pas précisément ce qu'elle reproche à la veuve qui détourne un ruisseau : de détourner le ruisseau ou sa promesse ? C'est Zadig qui dit au sujet de sa promesse : "Voilà une femme estimable et qui aimait véritablement son mari !"
A vrai dire je pourrais poser des questions semblables pour presque chaque chapitre, tant je crois lire ce livre à contre-sens !
En fait, je ne comprends pas la question, sans doute parce que je n'ai pas encore lu les critiques. L'image que j'ai de Voltaire, c'est qu'il prétendait ne pas aimer ses contes parce qu'il voulait réussir (dans un genre "sérieux" ?) au théâtre et surtout dans la tragédie, (mais je dois me tromper) cependant il profite d'eux pour régler quelques comptes, asséner quelques vilaines vérités sans avoir à être poursuivi ... Cela peut expliquer les interprétations différentes et pourquoi Pommeau parle de non liquet... Enfin je serais curieuse de lire ce que d'autres en pensent...yranoh a écrit:Une autre question, donc : dans quelle mesure pensez-vous qu'on puisse assumer sa lecture de Zadig ? Je vois que certains critiques en bonnes places dans la bibilographie critique (je pense à Van Den Heuvel) estiment que Zadig, c'est pour ainsi dire Voltaire, quand d'autres considèrent que Zadig est un idiot. Barthes fait l'unanimité contre lui (je n'ai pas encore lu sa préface, peut-être devrais-je m'abstenir). Van den Heuvel dit aussi : "« Ainsi, que l’on envisage les positions philosophiques de Voltaire vers 1745 la structure même du récit de Zadig, ou le détail de la leçon de l’ermite, le sens du conte est clair..." René Pommeau, lui, parle de non liquet... Les interprétations ne sont pas complémentaires, elles sont radicalement contradictoires. Je n'ai pas encore l'édition au programme, mais j'imagine que Goldzink a lui aussi son point de vue. Pour le moment, c'est avec Voltaire que je suis le plus d'accord, quand il parle de fadaises et de coïoneries.
_________________
« Nous naissons tous fous. Quelques-uns le demeurent. » Samuel Beckett
« C'est un malheur que les hommes ne puissent d'ordinaire posséder aucun talent sans avoir quelque envie d'abaisser les autres.» Vauvenargues
- La CaverneNiveau 5
Merci Nauje (et celles et ceux qui m'ont également répondu) pour cet éclairage ! Je pense que je ferai la même chose, je n'ai vraiment pas les moyens pour Sévigné, et me demande d'ailleurs si cela vaut le coup de s'endetter (davantage) pour un an...nauje a écrit:La Caverne a écrit:
J'ai suivi la fac de bourgogne cette année. J'attends ma réponse Artois et si cela ne marche pas je reprends bourgogne.
C'était bien en littérature le cours sur Scarron sera excellent !
En revanche c'est compliqué :
-en cinéma : que des cours audio.
- en didactique n'est pas terrible parce que pas assez de devoirs dans l'année. Mais les conseils sont bons.
- en comparée : peu de documents sur papier
Je n'ai pas fait les oraux parce que je me suis entrainée au paf de mon académie. Je n'ai donc pas d'avis là dessus.
Les enseignants sont très sympa et disponibles je pense que c'est une bonne alternative.
Je n'ai pas beaucoup avancé dans la préparation je digère encore un peu mon échec...
Mais je rempile c'est sûr !!!
bon week-end à tous
- yranohHabitué du forum
Merci beaucoup Tannat pour tes réponses. Elles me font penser que sûrement je ne me pose pas les bonnes questions. J'ai aussi le sentiment que confronter plusieurs avis serait très enrichissant pour tout le monde, mais peut-être suis-je le seul à ne pas savoir le lire. Je n'arrive pas avec Voltaire, et particulièrement avec Zadig, à ne pas chercher le double et le triple fond. Je vois qu'Azora est "la plus sage et la mieux née de la ville", et je me dis que la remise en cause de sa sagesse (si remise en cause il y a...) remet en cause aussi celle de Zadig... alors qu'en fait, ben non, il ne faut probablement rien en faire. Si dans l'épître dédicatoire Sadi parle d'un "ouvrage qui dit plus qu'il ne semble dire" j'ai plutôt l'impression qu'il dit moins. Et le premier fond ne me parle guère, malheureusement. S'il s'agit de réécrire La Fontaine, alors il me parait tellement en-dessous ! S'il s'agit de déstabiliser et frustrer constamment son lecteur, là il me semble excellent ! Si je ne suis pas d'accord avec tout ce que dit Roseann Runte dans l'article que je citais dans mon premier post ("répétition et instabilité du sens"), je suis d'accord avec ça : "En cherchant une signification qui donnerait de l'unité au conte, nous nous sommes rendu compte du fait que tout est contredit ou contradiction dans Zadig."
Sur le double tranchant, l'article de Fumaroli 'le fusil à deux coups de Voltaire", qui étudie l'Ingénu, est excellent (et le seul qui me satisfasse jusque-là, malgré quelques désaccords de détails). Mais l'Ingénu est moins difficile à comprendre que Zadig, et les cibles plus nettes. Les questions que tu poses font écho aux miennes, mais elles ne prennent pas toute la place dans ton analyse. Il faut que je trouve le moyen de faire de même.
Ta remarque sur Cador, elle me déconcerte aussi... Elle poursuit sans doute la remarque du chapitre 1 "Zadig, avec de grandes richesses, et par conséquent avec des amis". Mais Cador, me semble-t-il, apparaît dans le conte comme un ami véritable. Zadig est censé faire preuve de discernement, c'est sa qualité première quand il est premier ministre. Même son traitement à la fin me semble étrange : "Cador fut placé et chéri selon ses services ; il fut l'ami du roi" (avec ce passé simple qui impose une telle distance). Si Cador mérite le titre d'ami, je doute qu'on puisse en dire autant de Zadig. Mais je doute de tout. Cependant ton interprétation de la phrase (qu'il est difficile de juger le coeur des hommes) me semble juste et éclairante, et Zadig ferait bien de l'appliquer à Azora ; j'ai le sentiment qu'elle dit plus de l'inconséquence de Zadig que de celle d'Azora (qui pour moi n'a rien fait de mal, je ne peux m'empêcher de m'en faire la remarque).
Sur le double tranchant, l'article de Fumaroli 'le fusil à deux coups de Voltaire", qui étudie l'Ingénu, est excellent (et le seul qui me satisfasse jusque-là, malgré quelques désaccords de détails). Mais l'Ingénu est moins difficile à comprendre que Zadig, et les cibles plus nettes. Les questions que tu poses font écho aux miennes, mais elles ne prennent pas toute la place dans ton analyse. Il faut que je trouve le moyen de faire de même.
Ta remarque sur Cador, elle me déconcerte aussi... Elle poursuit sans doute la remarque du chapitre 1 "Zadig, avec de grandes richesses, et par conséquent avec des amis". Mais Cador, me semble-t-il, apparaît dans le conte comme un ami véritable. Zadig est censé faire preuve de discernement, c'est sa qualité première quand il est premier ministre. Même son traitement à la fin me semble étrange : "Cador fut placé et chéri selon ses services ; il fut l'ami du roi" (avec ce passé simple qui impose une telle distance). Si Cador mérite le titre d'ami, je doute qu'on puisse en dire autant de Zadig. Mais je doute de tout. Cependant ton interprétation de la phrase (qu'il est difficile de juger le coeur des hommes) me semble juste et éclairante, et Zadig ferait bien de l'appliquer à Azora ; j'ai le sentiment qu'elle dit plus de l'inconséquence de Zadig que de celle d'Azora (qui pour moi n'a rien fait de mal, je ne peux m'empêcher de m'en faire la remarque).
- tannatHabitué du forum
Ou que tu te poses les bonnes questions et qu'il faut que j'apprenne à m'en poser plus...yranoh a écrit:Merci beaucoup Tannat pour tes réponses. Elles me font penser que sûrement je ne me pose pas les bonnes questions.
Et je suis entièrement d'accord avec toi. En fait, j'aime ce type d'échange mais peut-être faudrait-il ouvrir un fil dédié ou le faire sur une page de la drop, qu'en penses-tu ?yranoh a écrit:J'ai aussi le sentiment que confronter plusieurs avis serait très enrichissant pour tout le monde, mais peut-être suis-je le seul à ne pas savoir le lire.
yranoh a écrit:Je n'arrive pas avec Voltaire, et particulièrement avec Zadig, à ne pas chercher le double et le triple fond.
Il y en a sans doute un double et un triple fond, mais lequel ?
yranoh a écrit:Je vois qu'Azora est "la plus sage et la mieux née de la ville", et je me dis que la remise en cause de sa sagesse (si remise en cause il y a...) remet en cause aussi celle de Zadig... alors qu'en fait, ben non, il ne faut probablement rien en faire. Si dans l'épître dédicatoire Sadi parle d'un "ouvrage qui dit plus qu'il ne semble dire" j'ai plutôt l'impression qu'il dit moins.
Si, il me semble que c'est bien un "ouvrage qui dit plus qu'il ne semble dire" mais encore faut-il parvenir à le lire ce qui est derrière... Le mot sage apparaît 4 fois dans l'épître, une pareil répétition à certainement un sens... Mais lequel ?
Voilà comment je le lis : Zadig = le véridique (en arabe), le juste (en hébreu) -> Zadig est un nom avec deux étymologies possibles l’une venant de l’arabe “Saddyq = Le véridique, celui lui qui dit la vérité”, ou de l’hébreu “Zaddik = Le juste, l’homme droit”, ce nom désigne donc une personne ayant la sagesse, la tempérance, et l’esprit ; mais est-il bien ainsi au début du conte ? En outre, il semble vouloir régler ses comptes avec la providence, avec un arrangement providentiel du monde.yranoh a écrit:Et le premier fond ne me parle guère, malheureusement. S'il s'agit de réécrire La Fontaine, alors il me parait tellement en-dessous ! S'il s'agit de déstabiliser et frustrer constamment son lecteur, là il me semble excellent ! Si je ne suis pas d'accord avec tout ce que dit Roseann Runte dans l'article que je citais dans mon premier post ("répétition et instabilité du sens"), je suis d'accord avec ça : "En cherchant une signification qui donnerait de l'unité au conte, nous nous sommes rendu compte du fait que tout est contredit ou contradiction dans Zadig."
Mais je crois que Voltaire, dans ses contes, s'amusait surtout beaucoup à moquer ses contemporains... Et avec Zadig, de quoi, de qui se moque-t-il ?yranoh a écrit:Sur le double tranchant, l'article de Fumaroli 'le fusil à deux coups de Voltaire", qui étudie l'Ingénu, est excellent (et le seul qui me satisfasse jusque-là, malgré quelques désaccords de détails). Mais l'Ingénu est moins difficile à comprendre que Zadig, et les cibles plus nettes. Les questions que tu poses font écho aux miennes, mais elles ne prennent pas toute la place dans ton analyse. Il faut que je trouve le moyen de faire de même.
Elle a tout de même juger et condamner sa consœur, non ?yranoh a écrit:Ta remarque sur Cador, elle me déconcerte aussi... Elle poursuit sans doute la remarque du chapitre 1 "Zadig, avec de grandes richesses, et par conséquent avec des amis". Mais Cador, me semble-t-il, apparaît dans le conte comme un ami véritable. Zadig est censé faire preuve de discernement, c'est sa qualité première quand il est premier ministre. Même son traitement à la fin me semble étrange : "Cador fut placé et chéri selon ses services ; il fut l'ami du roi" (avec ce passé simple qui impose une telle distance). Si Cador mérite le titre d'ami, je doute qu'on puisse en dire autant de Zadig. Mais je doute de tout. Cependant ton interprétation de la phrase (qu'il est difficile de juger le coeur des hommes) me semble juste et éclairante, et Zadig ferait bien de l'appliquer à Azora ; j'ai le sentiment qu'elle dit plus de l'inconséquence de Zadig que de celle d'Azora (qui pour moi n'a rien fait de mal, je ne peux m'empêcher de m'en faire la remarque).
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« Nous naissons tous fous. Quelques-uns le demeurent. » Samuel Beckett
« C'est un malheur que les hommes ne puissent d'ordinaire posséder aucun talent sans avoir quelque envie d'abaisser les autres.» Vauvenargues
- yranohHabitué du forum
Un fil dédié, sur chaque auteur, où l'on pose des questions, échange nos interprétations, ce serait vraiment bien. Sur la drop aussi, mais je ne vois pas quelle forme ça peut prendre, et ça suppose qu'on s'y connecte assez souvent. L'autre avantage de le faire ici, c'est que d'autres pourraient vouloir participer à la réflexion.
Elle a jugé sa consœur, mais dont la faute ne peut pas être remise en question : promettre qu'on restera près du tombeau tant que l'eau du ruisseau coulera auprès, et faire détourner le ruisseau, voilà une inconséquence flagrante (que ce soit hypocrisie ou autre chose). On peut ne pas la blâmer, comme le souhaite Zadig, mais l'inconséquence est manifeste. Azora, c'est autre chose : elle est face à un dilemme : laisser mourir quelqu'un (à qui elle semble porter quelque intérêt, certes) pour conserver intacte la dépouille de son mari, ou outrager son cadavre pour sauver une vie. Voltaire n'expose pas le dilemme, mais c'est pourtant bien de ça qu'il s'agit. Zadig veut lui asséner une leçon, mais pour moi le coup est manqué. Par contre, il est clair que Voltaire fait en sorte que le lecteur cherche à accuser Azora, en douant Zadig d'une aura d'intelligence. Que faut-il en conclure ? Il me semble qu'il y a deux alternatives : ou bien je ne vois pas la faute morale d'Azora quand elle a l'intention de couper le nez de Zadig, ou bien Voltaire cherche à tromper / déstabiliser son lecteur, en lui soumettant un argument d'autorité. Dans ce deuxième cas on se retrouve un peu dans la situation de Zadig devant l'ange Jesrad : on a envie de dire "Mais...", mais l'ange s'envole, on doit choisir entre l'adoration ou la distance critique.
Je vais assumer un point de vue et en dérouler quelques fils, sans nuances et sans hésitations, donc. Il me semble que le texte (tout le conte) oscille entre la sagesse assénée, devant laquelle on doit s'agenouiller, et le "mais" (Runte insiste sur l'abondance des "mais" dans le texte). Et cela à tous les niveaux.
- Zadig face aux autres. Au début, Zadig est présenté comme s'appuyant sur la sagesse de Zoroastre, sans doute à raison ici, mais en lui conférant une autorité ("dans le premier livre de Z", "selon le grand précepte de Z."). Il est aussi sage qu'on peut l'être parce qu'il cherche à vivre avec des sages. Et qui nous présente-t-on ? Des mages qui semblent n'avoir de sagesse que le nom. D'ailleurs, Zadig ne se soumet pas à leur menaçante autorité, il se tait sans colère et sans dédain. A la fin, Zadig est terrassé par l'ascendant de l'ermite, sur lequel Voltaire insiste bien. Il le suit contre toute raison.
- le lecteur face à la sage Azora. Pour le coup, on lui dénie bien facilement la sagesse qu'on lui annonçait au début. Mais est-ce à juste titre ? C'est la question que je me pose.
- le lecteur face à Zadig. Je ne développe pas. On aura compris avec le reste.
- Dans l'épître dédicatoire. Il est en effet beaucoup question de sagesse. L'auteur du conte est un sage. Sous le couvert de la fiction, c'est Voltaire qui se dit sage... L'affirmation est à tout le moins étonnante. On nous invite aussi à ne pas nous laisser tromper par l'apparence de sagesse "des vieux derviches à longue barbe" (mettons-y, d'abord,l'ermite, mais pourquoi pas tout le monde en fait). Par ailleurs, nous sommes sommés d'apprécier le conte avec la sage Shéraa, parce qu'un sage, le sage Ouloug, l'a apprécié. Et que celui qui sait juger de toutes les sagesses, Sadi, nous annonce que le conte "dit plus qu'il ne semble dire". "Je me flatte que vous ne leur ressemblerez pas, et que vous serez un vrai Ouloug".
- Le lecteur face au sage narrateur. On peut lire dans le chapitre du nez que le narrateur nous incite à prendre position pour Zadig : quel plaisir de voir une telle leçon infligée à cette femme trop prompte à juger les autres, et sans doute trop sûre d'elle-même ! La pointe assénée par Zadig à la fin, à la manière de La Fontaine, ne permet pas la réplique. Dans les contes, le narrateur est partout, pas à la première personne, mais par les jugements portés, par l'ironie, etc. Et quand le narrateur impose ainsi sa présence, il a force d'autorité.
Ainsi, on peut lire à tous les étages que le conte met les personnages et les lecteurs face à des autorités, auxquelles ils se soumettent ou non, selon qu'ils sont prêts ou non à déjouer les pièges tendus par l'aura, le plaisir, l'orgueil sans doute, la menace, le cours de l'intrigue, etc, etc.
Je crois que si je devais assumer une lecture, c'est celle-là que j'adopterais.
Zadig, donc, en dépit de son nom, me parait parfois faire preuve de sagesse, et parfois non. Il faut étudier chaque cas.
Une petite remarque sur son nom, que je ne m'explique pas, et qui est sans doute une fausse impression. En plus de que ce que tu dis, la proximité sonore et textuelle avec Sadi me fait penser à un rapprochement avec Sadi :
"... et votre bonheur sans fin.
Sadi
Du temps du roi Moabdar, il y avait à Babylone un jeune homme nommé Zadig..."
Elle a jugé sa consœur, mais dont la faute ne peut pas être remise en question : promettre qu'on restera près du tombeau tant que l'eau du ruisseau coulera auprès, et faire détourner le ruisseau, voilà une inconséquence flagrante (que ce soit hypocrisie ou autre chose). On peut ne pas la blâmer, comme le souhaite Zadig, mais l'inconséquence est manifeste. Azora, c'est autre chose : elle est face à un dilemme : laisser mourir quelqu'un (à qui elle semble porter quelque intérêt, certes) pour conserver intacte la dépouille de son mari, ou outrager son cadavre pour sauver une vie. Voltaire n'expose pas le dilemme, mais c'est pourtant bien de ça qu'il s'agit. Zadig veut lui asséner une leçon, mais pour moi le coup est manqué. Par contre, il est clair que Voltaire fait en sorte que le lecteur cherche à accuser Azora, en douant Zadig d'une aura d'intelligence. Que faut-il en conclure ? Il me semble qu'il y a deux alternatives : ou bien je ne vois pas la faute morale d'Azora quand elle a l'intention de couper le nez de Zadig, ou bien Voltaire cherche à tromper / déstabiliser son lecteur, en lui soumettant un argument d'autorité. Dans ce deuxième cas on se retrouve un peu dans la situation de Zadig devant l'ange Jesrad : on a envie de dire "Mais...", mais l'ange s'envole, on doit choisir entre l'adoration ou la distance critique.
Je vais assumer un point de vue et en dérouler quelques fils, sans nuances et sans hésitations, donc. Il me semble que le texte (tout le conte) oscille entre la sagesse assénée, devant laquelle on doit s'agenouiller, et le "mais" (Runte insiste sur l'abondance des "mais" dans le texte). Et cela à tous les niveaux.
- Zadig face aux autres. Au début, Zadig est présenté comme s'appuyant sur la sagesse de Zoroastre, sans doute à raison ici, mais en lui conférant une autorité ("dans le premier livre de Z", "selon le grand précepte de Z."). Il est aussi sage qu'on peut l'être parce qu'il cherche à vivre avec des sages. Et qui nous présente-t-on ? Des mages qui semblent n'avoir de sagesse que le nom. D'ailleurs, Zadig ne se soumet pas à leur menaçante autorité, il se tait sans colère et sans dédain. A la fin, Zadig est terrassé par l'ascendant de l'ermite, sur lequel Voltaire insiste bien. Il le suit contre toute raison.
- le lecteur face à la sage Azora. Pour le coup, on lui dénie bien facilement la sagesse qu'on lui annonçait au début. Mais est-ce à juste titre ? C'est la question que je me pose.
- le lecteur face à Zadig. Je ne développe pas. On aura compris avec le reste.
- Dans l'épître dédicatoire. Il est en effet beaucoup question de sagesse. L'auteur du conte est un sage. Sous le couvert de la fiction, c'est Voltaire qui se dit sage... L'affirmation est à tout le moins étonnante. On nous invite aussi à ne pas nous laisser tromper par l'apparence de sagesse "des vieux derviches à longue barbe" (mettons-y, d'abord,l'ermite, mais pourquoi pas tout le monde en fait). Par ailleurs, nous sommes sommés d'apprécier le conte avec la sage Shéraa, parce qu'un sage, le sage Ouloug, l'a apprécié. Et que celui qui sait juger de toutes les sagesses, Sadi, nous annonce que le conte "dit plus qu'il ne semble dire". "Je me flatte que vous ne leur ressemblerez pas, et que vous serez un vrai Ouloug".
- Le lecteur face au sage narrateur. On peut lire dans le chapitre du nez que le narrateur nous incite à prendre position pour Zadig : quel plaisir de voir une telle leçon infligée à cette femme trop prompte à juger les autres, et sans doute trop sûre d'elle-même ! La pointe assénée par Zadig à la fin, à la manière de La Fontaine, ne permet pas la réplique. Dans les contes, le narrateur est partout, pas à la première personne, mais par les jugements portés, par l'ironie, etc. Et quand le narrateur impose ainsi sa présence, il a force d'autorité.
Ainsi, on peut lire à tous les étages que le conte met les personnages et les lecteurs face à des autorités, auxquelles ils se soumettent ou non, selon qu'ils sont prêts ou non à déjouer les pièges tendus par l'aura, le plaisir, l'orgueil sans doute, la menace, le cours de l'intrigue, etc, etc.
Je crois que si je devais assumer une lecture, c'est celle-là que j'adopterais.
Zadig, donc, en dépit de son nom, me parait parfois faire preuve de sagesse, et parfois non. Il faut étudier chaque cas.
Une petite remarque sur son nom, que je ne m'explique pas, et qui est sans doute une fausse impression. En plus de que ce que tu dis, la proximité sonore et textuelle avec Sadi me fait penser à un rapprochement avec Sadi :
"... et votre bonheur sans fin.
Sadi
Du temps du roi Moabdar, il y avait à Babylone un jeune homme nommé Zadig..."
- yranohHabitué du forum
Tannat, je viens de voir qu'on a déjà ouvert un fil sur Voltaire, rubrique concours, agrégation, lettres (j'y ai participé en plus ).
- tannatHabitué du forum
yranoh a écrit:Tannat, je viens de voir qu'on a déjà ouvert un fil sur Voltaire, rubrique concours, agrégation, lettres (j'y ai participé en plus ).
Ok je copie et colle et je te réponds dans le fil dédié...
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« C'est un malheur que les hommes ne puissent d'ordinaire posséder aucun talent sans avoir quelque envie d'abaisser les autres.» Vauvenargues
- TangledingGrand Maître
Petit coup de gueule en passant, bravo aux génies qui ont imposé 2 éditions 1 édition stock grand format à plus de 20€ pour McCullers et Wolf, pour deux oeuvres disponibles pour une oeuvre disponible en poche. C'est clair que le collègue qui prépare l'agrégation interne roule par définition sur l'or. Qu'ils aillent au diable avec leur snobisme bourgeois.
Pourquoi pas une pléiade, tant qu'on y est ?
Rectification, seul le McCullers est en grand format à plus de 20€.
Pourquoi pas une pléiade, tant qu'on y est ?
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- tannatHabitué du forum
Je comprends... Et je plussoie...
Vas-tu te présenter ?
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- TangledingGrand Maître
Salut Tannat,
Je vais retenter sans joie et avec peu de conviction pour le moment. Il me reste 4 mois de congé de formation mais les 8 premiers mois m'ont été de peu d'utilité faute de méthodes de travail satisfaisantes. Je rencontre plusieurs collègues mercredi pour former un groupe de travail "physique", ça va peut-être m'aider à résoudre mes difficultés méthodologiques.
Par ailleurs je suis dans une dèche noire, et donc ce genre de plaisanteries de collègues agrégés hors-classe me rend particulièrement irascible...
Tu la tentes cette année de ton côté, je suppose ? Le programme te plaît-il ?
Je vais retenter sans joie et avec peu de conviction pour le moment. Il me reste 4 mois de congé de formation mais les 8 premiers mois m'ont été de peu d'utilité faute de méthodes de travail satisfaisantes. Je rencontre plusieurs collègues mercredi pour former un groupe de travail "physique", ça va peut-être m'aider à résoudre mes difficultés méthodologiques.
Par ailleurs je suis dans une dèche noire, et donc ce genre de plaisanteries de collègues agrégés hors-classe me rend particulièrement irascible...
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PS: Comme l'an dernier, je ne suis pas inscrit sur la dropbox, je préfère un groupe "physique" qu'un groupe "virtuel" car je vais me noyer dans ce genre de choses et je trouve plus sympa de se retrouver IRL pour se serrer les coudes, quand c'est possible (ce qui est le cas pour moi en RP, mais je comprends que ce ne soit pas aussi simple pour tous...)
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J'adore Voltaire et Scarron (ils me font rire, peut-être suis-je trop bon public), j'aimais bien certains poèmes de Corbière, et je ne suis pas très à l'aise avec Blaise je n'ai pas mis encore le nez dans les autres... Et toi que penses-tu du programme ?
Comme j'aimerais pouvoir me joindre à vous, si tu savais...
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- TangledingGrand Maître
Je comprends tout à fait, Tannat... :/
Comme toi j'aime bcp Scarron qui me fait rire mais ne me suis pas replongé dedans. Je lis/relis Voltaire qui m'amuse parfois, mais ça reste un siècle dans lequel je m'ennuie souvent.
Pas encore plongé sérieusement dans les amours jaunes, ça me plaira cependant.
Idem pour Cendrars. =)
Comme toi j'aime bcp Scarron qui me fait rire mais ne me suis pas replongé dedans. Je lis/relis Voltaire qui m'amuse parfois, mais ça reste un siècle dans lequel je m'ennuie souvent.
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- tannatHabitué du forum
Quand tu dis idem pour Cendrars tu veux dire qu'il va te plaire comme Corbière ?
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- TangledingGrand Maître
Oui tout à fait. Même sans tout comprendre, le souffle de son écriture me plaît...
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