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- DalvaVénérable
Et la cuisine ? Tu ne cuisines pas ? C'est bien la peine !DesolationRow a écrit:Pour être un gros lecteur et un presque aussi gros joueur d'échecs, je peux tranquillement affirmer que la comparaison à entre les apports des deux activités est vraiment nulle et non avenue. Fréquentez un club d'échecs et vous le comprendrez très très vite.
Elyas, je ne comprends pas où tu veux en venir.
- CondorcetOracle
L'étude de l'American psychological association porte sur la période 1976-2016 et se prête à deux questionnements : une comparaison entre deux aires culturelles, les USA et la France ; une interrogation sur les évolutions qu'elles ont connues en 40 ans. Un faisceau d'appuis publics aux industries culturelles et aux artistes contribue à pérenniser un vivier fécond de production et de consommation culturelles dans notre pays. Cette "exception culturelle" ne saurait occulter l'hégémonie états-unienne en l'espèce (ce que Frédéric Martel appelle la culture "mainstream" et qu'incarnent les GAFA, reflets du soft-power). Grâce à une politique de soutien à l'édition et aux écrivains (via le Conseil national du livre et une législation sur le droit d'auteur figurant parmi les plus anciennes du monde ou celle sur le prix unique du livre), le livre tient en France une place considérable : le nombre de maisons d'édition (en dépit d'une forte concentration capitalistique), de libraires, voire d'écrivains en atteste. En revanche, il semble bien que la prescription littéraire (selon l'acception la plus large du terme) ait connu en 40 ans des bouleversements radicaux : l'ex faiseur de rois Pivot - l'intelligentsia new-yorkaise regardait avec avidité la retransmission d'Apostrophes le samedi matin - se contente aujourd'hui de sa chronique dans le JDD et de quelques tweets, les bibliothèques devenues dans les communes des médiathèques, dans les universités, des learning centers, proposent d'autres activités concurrentes de la lecture (témoin la BNF, dépositaire entre autres du dépôt légal du jeu vidéo mettant à disposition des usagers des jeux vidéos ainsi que des archives idoines conséquentes) et au sein de l'école même, la place du numérique progresse. Le succès des réseaux sociaux s'appuie sur une promotion de l'usager comme acteur autonome, maître de ses contributions et interactions. Que le mirage y soit aussi puissant que prisme déformant (Lawrence Lessig explique dès 2000 que le code [informatique] régule et menace les libertés des citoyens) ne saurait occulter la fascination exercée par le numérique en France comme aux USA.
La transformation des institutions culturelles emblématiques de la galaxie Gutenberg en tant que prescriptrices littéraires (bibliothèques, écoles, prix littéraires, maisons d'édition) traduit des évolutions contrastées en France et aux Etats-Unis : la résistance du livre papier en France reste forte (et l'édition, la 1ère des industries culturelles), le livre numérique y effectue une percée sans atteindre le succès rencontré outre-Atlantique. La baisse continue des forts lecteurs de 15 ans et + est si nette en France que l'on a cassé le thermomètre entre 1973 et 2008 (le nombre de livres lus pour être classé dans cette catégorie passant de 25 à 20). La résistance de points de vente indépendants du livre en France en fait l'exact opposé des USA. Quant à la prescription culturelle, la remarquable survivance d'institutions comme les prix littéraires (au point qu'une rentrée littéraire précède une saison de récompenses patronnées par les prescripteurs classiques - critiques et autres journalistes "littéraires" - mais aussi un jury de lecteurs - témoin le Goncourt des lycéens).
Ainsi, il est probable, comme le souligne Zagara, qu'une étude sur les pratiques culturelles voire de lecture, en révèle autant sur son auteur que sur l'objet étudié. Quelques faits notables méritent d'être relevés concernant la France : la place de l'écrit et de la littérature dans l'espace public, la révérence envers une culture classique, qu'à défaut de posséder, on se doit au moins de considérer, la forte revendication d'autonomie de l'usager (qui entend contrôler ses usages et se soustraire autant que possible aux parcours prescrits) et la prolixité des pratiques culturelles qui brouille les grilles de... lecture et déconcerte l'analyste.
La transformation des institutions culturelles emblématiques de la galaxie Gutenberg en tant que prescriptrices littéraires (bibliothèques, écoles, prix littéraires, maisons d'édition) traduit des évolutions contrastées en France et aux Etats-Unis : la résistance du livre papier en France reste forte (et l'édition, la 1ère des industries culturelles), le livre numérique y effectue une percée sans atteindre le succès rencontré outre-Atlantique. La baisse continue des forts lecteurs de 15 ans et + est si nette en France que l'on a cassé le thermomètre entre 1973 et 2008 (le nombre de livres lus pour être classé dans cette catégorie passant de 25 à 20). La résistance de points de vente indépendants du livre en France en fait l'exact opposé des USA. Quant à la prescription culturelle, la remarquable survivance d'institutions comme les prix littéraires (au point qu'une rentrée littéraire précède une saison de récompenses patronnées par les prescripteurs classiques - critiques et autres journalistes "littéraires" - mais aussi un jury de lecteurs - témoin le Goncourt des lycéens).
Ainsi, il est probable, comme le souligne Zagara, qu'une étude sur les pratiques culturelles voire de lecture, en révèle autant sur son auteur que sur l'objet étudié. Quelques faits notables méritent d'être relevés concernant la France : la place de l'écrit et de la littérature dans l'espace public, la révérence envers une culture classique, qu'à défaut de posséder, on se doit au moins de considérer, la forte revendication d'autonomie de l'usager (qui entend contrôler ses usages et se soustraire autant que possible aux parcours prescrits) et la prolixité des pratiques culturelles qui brouille les grilles de... lecture et déconcerte l'analyste.
- RendashBon génie
Bon, bon.
Lire, c'est cool.
Ne pas lire, c'est pas cool.
Jouer à des JdR, c'est cool.
Ne pas jouer à des JdR, c'est pas cool.
Cuisiner, c'est coll.
Ne pas cuisiner, c'est pas cool.
Sporter, c'est coll.
Ne pas sporter, c'est pas cool.
Sexer, c'est cool.
Ne pas sexer, c'est pas cool.
Rassurez moi, personne n'arrive à la conclusion qu'une de ces activités peut remplacer les autres ?
Lire, c'est cool.
Ne pas lire, c'est pas cool.
Jouer à des JdR, c'est cool.
Ne pas jouer à des JdR, c'est pas cool.
Cuisiner, c'est coll.
Ne pas cuisiner, c'est pas cool.
Sporter, c'est coll.
Ne pas sporter, c'est pas cool.
Sexer, c'est cool.
Ne pas sexer, c'est pas cool.
Rassurez moi, personne n'arrive à la conclusion qu'une de ces activités peut remplacer les autres ?
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"Ce serait un bien bel homme s’il n’était pas laid ; il est grand, bâti en Hercule, mais a un teint africain ; des yeux vifs, pleins d’esprit à la vérité, mais qui annoncent toujours la susceptibilité, l’inquiétude ou la rancune, lui donnent un peu l’air féroce, plus facile à être mis en colère qu’en gaieté. Il rit peu, mais il fait rire. [...] Il est sensible et reconnaissant ; mais pour peu qu’on lui déplaise, il est méchant, hargneux et détestable."
- Fires of PompeiiGuide spirituel
Rendash a écrit:Bon, bon.
Lire, c'est cool.
Ne pas lire, c'est pas cool.
Jouer à des JdR, c'est cool.
Ne pas jouer à des JdR, c'est pas cool.
Cuisiner, c'est coll.
Ne pas cuisiner, c'est pas cool.
Sporter, c'est coll.
Ne pas sporter, c'est pas cool.
Sexer, c'est cool.
Ne pas sexer, c'est pas cool.
Rassurez moi, personne n'arrive à la conclusion qu'une de ces activités peut remplacer les autres ?
Non mais on peut les faire toutes en même temps ! Le sexe c'est du sport, on peut faire un jeu de rôle et le faire dans la cuisine tout en lisant Fifty Shades of Grey.
Voilà pour ma contribution. Et, sans ironie, je remercie Dalva qui rappelle, puisqu'apparemment c'était nécessaire, que déplorer la baisse d'une activité ne signifie pas que toutes les autres ne valent rien.
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Je ne dirai qu'une chose : stulo plyme.
- olocNiveau 6
Elyas a écrit:
Non, cela signifie que le modèle économique de l'édition en France est extrêmement fragile au niveau du roman. D'ailleurs, les secteurs romans des maisons d'éditions sont souvent financés par les autres secteurs de la maison d'édition. Il faut entendre les problèmes des éditeurs des divisions romans (peu importe le genre) pour le comprendre.
D'autant plus que le modèle économique de la publication des romans repose sur un acteur souvent méconnu : les bibliothèques publiques. En France, il y a environ 16 000 bibliothèques ; le nombre de celles qui ont un budget d'acquisition vraiment significatif est beaucoup plus réduit (ceux qui ont connus les placards à balais dans les zones rurales comprendront).
Mettons qu'il n'en reste que 1 000, qui achètent une partie significative de la production éditoriale de fiction. (967 communes de plus de 10 000 habitants en France dont on peut penser qu'elles disposent d'un service de lecture publique de taille raisonnable, 1156 entre 5 000 et 10 000 : hypothèse basse donc. (Source : ministère de l'Intérieur)
Quand on compare ces chiffres à ceux des tirages d'un roman qui se vend "bien" (2 000 exemplaires ?), on constate qu'une partie importante de l'édition de fictions vit de fait des fruits de la commande publique. Une forme de subvention déguisée. Et que la part des acheteurs individuels réels de romans se réduit à vraiment peu de choses.
- FeuchtwangerNiveau 9
Je me demande si cette baisse de la lecture chez les adolescents ne renvoit pas non plus à une entrée plus tardive dans la maturité.
En tant qu'adolescent, la littérature classique est assez difficile d'accès et très souvent on a beaucoup de mal à la comprendre parce qu'elle renvoie à un ensemble de contraintes et d'expériences de vie qui sont assez étrangères à la jeunesse actuelle.
Du coup, son entrée dans une telle littérature se fait sans doute de manière plus tardive que leurs aînés.
Reste la littérature "populaire" qui était une autre porte d'entrée importante puisqu'établissant un pont avec le monde plus enfantin du rêve et de l'aventure. Cependant, celle-ci est en concurrence directe avec d'autres médias qui répondent au besoin d'évasion de manière plus efficace et plus addictive (films, jeux vidéo, jeux de rôle (quoique dans ce dernier cas, la lecture soit prédominante, notamment pour les livres de règles, etc...) et qui surtout répondent à un besoin fondamental de l'adolescent : avoir de l'empathie pour quelqu'un en qui il projette ses sentiments encore désordonnés (exemple type : la vénération pour un personnage de série : aucun roman de littérature populaire ne peut atteindre ce niveau).
Donc, cette littérature populaire est la première à passer à l'as, d'où la chute de la pratique de la lecture.
En tant qu'adolescent, la littérature classique est assez difficile d'accès et très souvent on a beaucoup de mal à la comprendre parce qu'elle renvoie à un ensemble de contraintes et d'expériences de vie qui sont assez étrangères à la jeunesse actuelle.
Du coup, son entrée dans une telle littérature se fait sans doute de manière plus tardive que leurs aînés.
Reste la littérature "populaire" qui était une autre porte d'entrée importante puisqu'établissant un pont avec le monde plus enfantin du rêve et de l'aventure. Cependant, celle-ci est en concurrence directe avec d'autres médias qui répondent au besoin d'évasion de manière plus efficace et plus addictive (films, jeux vidéo, jeux de rôle (quoique dans ce dernier cas, la lecture soit prédominante, notamment pour les livres de règles, etc...) et qui surtout répondent à un besoin fondamental de l'adolescent : avoir de l'empathie pour quelqu'un en qui il projette ses sentiments encore désordonnés (exemple type : la vénération pour un personnage de série : aucun roman de littérature populaire ne peut atteindre ce niveau).
Donc, cette littérature populaire est la première à passer à l'as, d'où la chute de la pratique de la lecture.
- JPhMMDemi-dieu
L’ennui. La lecture. Les loisirs. Remplir le vide avec du futile. Être en activité. Permanente. Ne plus lire. Ne plus écrire. Ne plus dessiner. Ne plus rêver. Ne plus penser. Juste se gaver de surfaces. Consommer des trucs pour ne pas affronter le fait d’être en monde, ce mystère-la.
Rien. Je divague.
- Je m’ennuie !
- Prends ta tablette, mon chéri !
Rien. Je divague.
- Je m’ennuie !
- Prends ta tablette, mon chéri !
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Labyrinthe où l'admiration des ignorants et des idiots qui prennent pour savoir profond tout ce qu'ils n'entendent pas, les a retenus, bon gré malgré qu'ils en eussent. — John Locke
Je crois que je ne crois en rien. Mais j'ai des doutes. — Jacques Goimard
- JPhMMDemi-dieu
Meanwhile ...
https://www.capital.fr/lifestyle/fortnite-fini-de-jouer-place-aux-cours-particuliers-1301628
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Labyrinthe où l'admiration des ignorants et des idiots qui prennent pour savoir profond tout ce qu'ils n'entendent pas, les a retenus, bon gré malgré qu'ils en eussent. — John Locke
Je crois que je ne crois en rien. Mais j'ai des doutes. — Jacques Goimard
- Sylvain de Saint-SylvainGrand sage
Feuchtwanger a écrit:En tant qu'adolescent, la littérature classique est assez difficile d'accès et très souvent on a beaucoup de mal à la comprendre parce qu'elle renvoie à un ensemble de contraintes et d'expériences de vie qui sont assez étrangères à la jeunesse actuelle.
Beaucoup d'adolescents pourraient retrouver leur reflet inconnu dans ces grands miroirs déformants que sont les œuvres littéraires. C'est difficile à faire, mais c'est pour ça que les classiques sont étudiés avec le professeur. Je pense que la façon d'aborder les œuvres en classe, si elle prend bien, conduit d'ailleurs à enrichir la lecture que font les élèves de livres dont la valeur peut sembler limitée. Mais une grande partie de la difficulté de réaliser cette initiation réside dans le très faible niveau de beaucoup d'élèves en français.
- PuckVénérable
Je reviens sur le post d’Archeboc et le fait que le livre ne soit plus du tout un « objet » de standing. Depuis quelques années (3/4 ans), mes élèves achètent leurs livres sur les sites internet, ne mettent plus les pieds en librairie, et surtout les revendent dès l'étude finie. Et quand je reviens dessus, eh bien, ils ne l’ont plus et sont étonnés qu’on puisse reprendre un passage pour le comparer au nouveau sujet qu’on aborde. C’est un objet de consommation qu’on ne garde plus et l’idée de se faire une bibliothèque perso les surprend considérablement. La majorité réagit ainsi. Quelques-uns les empruntent aussi au cdi ou à la bibliothèque mais ne voient pas l’intérêt de conserver un livre. Mon collège est tout près de Marseille, pour les librairies, et d’une grande zone commerciale, où ils sont tout le temps fourrés, et où il y a Cultura et la Fnac. Et les réactions supra n’ont rien à voir avec d’éventuels soucis financiers.
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"Ce que nous avons fait, aucune bête au monde ne l'aurait fait.
Mais nous nous en sommes sortis. Et nous voici confrontés à l'ingratitude de la nation. Pourtant, c'était pas ma guerre. C'était pas ma guerre, oh non !"Cripure
- OrlandaFidèle du forum
J'ai remarqué aussi que beaucoup de mes élèves de cette année voulaient me "rendre" les livres, ne sachant pas quoi en faire et ne "voulant pas les jeter". Des mères d'élèves mécontentes me glissent des mots à l'intérieur pour que j'en fasse don à des associations, au lieu des les laisser "prendre la poussière" chez elles.
Cela me dépasse qu'on n'envisage plus une seule seconde de garder des livres.
Et quand on visite les maisons des gens, y compris dans des milieux bourgeois, les bibliothèques ne sont pas légions.
Cela me dépasse qu'on n'envisage plus une seule seconde de garder des livres.
Et quand on visite les maisons des gens, y compris dans des milieux bourgeois, les bibliothèques ne sont pas légions.
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"Nous vivons à une époque où l'ignorance n'a plus honte d'elle-même". Robert Musil
- nicole 86Expert spécialisé
Ikea a anticipé et réduit la gamme des Billy. :decu:
- JPhMMDemi-dieu
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Labyrinthe où l'admiration des ignorants et des idiots qui prennent pour savoir profond tout ce qu'ils n'entendent pas, les a retenus, bon gré malgré qu'ils en eussent. — John Locke
Je crois que je ne crois en rien. Mais j'ai des doutes. — Jacques Goimard
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