Préparer sa première heure de cours (maths) en REP+

Babarette a écrit:

Anaxagore a écrit:En gros, lorsque le minot a une mère alcoolique, a été étranglé par son cordon ombilical étant bébé, fait le guet pour son frère dealer et a déjà vu 10 fois le juge, tu restes souple.

Ah, ça...

Pour donner un exemple, l'an dernier, j'avais un élève qui pouvait se montrer un peu agaçant (rien comparé aux autres, mais ça pouvait être pénible). J'ai appris en cours d'année qu'il était arrivé en France deux ans plus tôt et qu'il avait dormi dans la rue avec sa famille pendant un an. C'est tout de suite plus facile d'admettre qu'il n'achète pas le bouquin étudié en classe (surtout quand, ironie, ce livre, c'est Les Misérables).
Idem, quand tu apprends que la mère de Reine des affreux, est venue au collège en disant qu'elle allait tuer sa fille, même si elle devait aller en prison pour ça, et qu'en voyant venir Reine des affreux, elle a retiré sa ceinture puis lui a jeté au visage un tampon de la vie scolaire, tu arrêtes de mettre des mots dans le carnet de Reine des affreux.

Ce que je trouve anormal, c'est de découvrir ce genre de choses des mois après la rentrée alors que la vie scolaire et l'administration sont au courant. Ça m'est arrivé plusieurs fois ces dernières années alors même que je faisais sans cesse le lien avec la vie scolaire qui ne jugeait pas utile de me donner ces informations   .  
Il ne faut pas hésiter à se renseigner sur les élèves et ne pas se contenter d'un "c'est compliqué à la maison". Le lien avec le CPE est indispensable dans les établissements difficiles.

Oui, c'est vrai Eleven. D'un autre côté, il faut aussi voir qu'eux n'oublient pas leurs soucis en classe.

Sylan: effectivement, je ne trouve pas normal de laisser les professeurs se dépatouiller avec un élève sans l'informer de situations vraiment dramatiques. Lors de ma première année, les professeurs étaient assez agacés par l'infirmière et l'assistante sociale. Par l'infirmière parce qu'elle refusait d'informer les enseignants (et les parents) que tel ou tel élève avait disparu parce qu'il était à l'infirmerie à cause du "secret médical". Par l'assistante sociale parce qu'elle avait notamment dit seulement à la fin de l'année que, au fait, figurez-vous que tel élève de troisième habite dans un bidonville. Ben j'imagine que les professeurs qui l'ont pourri toute l'année parce qu'il ne faisait pas ses devoirs et n'apportait pas son matériel se sont sentis bien bêtes...

En gros Prisc, le maître mot est le travail en équipe. Vraiment. J'en ai bien bavé en REP, et je ne m'en suis pas sortie, mais sans les collègues, ça aurait vraiment été pire.

Merci encore pour tous ces conseils.

Pour information (Madame_Prof) je ne suis pas nommée dans l'académie de Créteil, je suis dans le sud de la France (retour chez moi après 1 an d'éloignement de conjoint), je passe d'un collège de campagne profonde (qui peut présenter quelques difficultés mais moindres) à un REP+ : les difficultés risquent d'être bien différentes (je troque les tracteurs pour les scooters...)

J'espère en effet de la cohésion de l'équipe pédagogique est solide (malgré le très grand turn over des profs notamment cette année) et pouvoir m'appuyer sur les conseils des "anciens".

slylan a écrit:Ce que je trouve anormal, c'est de découvrir ce genre de choses des mois après la rentrée alors que la vie scolaire et l'administration sont au courant.

Disons qu'il y a certaines familles qui attachent particulièrement de l'importance à la discrétion et qui veillent personnellement à ce que tout le monde ne soit pas au courant de la spécificité du cas, et vu certaines situations, je pense qu'on peut les comprendre.

À partir du moment où toutes les personnes qui sont directement concernées par le cas et dont c'est le boulot (infirmière scolaire, CPE, psychologue scolaire, pédopsychiatre) sont informées, il n'y a peut-être pas de raisons de mettre des personnes supplémentaires dans la confidence (et qui ne peuvent rien faire de plus) au risque d'ébruiter "le secret"

Wahlou a écrit:

slylan a écrit:Ce que je trouve anormal, c'est de découvrir ce genre de choses des mois après la rentrée alors que la vie scolaire et l'administration sont au courant.

Disons qu'il y a certaines familles qui attachent particulièrement de l'importance à la discrétion et qui veillent personnellement à ce que tout le monde ne soit pas au courant de la spécificité du cas, et vu certaines situations, je pense qu'on peut les comprendre.

À partir du moment où toutes les personnes qui sont directement concernées par le cas et dont c'est le boulot (infirmière scolaire, CPE, psychologue scolaire, pédopsychiatre) sont informées, il n'y a peut-être pas de raisons de mettre des personnes supplémentaires dans la confidence (et qui ne peuvent rien faire de plus) au risque d'ébruiter "le secret"

Non, si cela a des répercussions sur sa scolarité... On peut être prévenu en tant que prof sans que cela signifie que nous allons ébruiter "le secret".

Et si la famille estime qu'il n'est pas nécessaire de vous mettre dans la confidence ? Difficile de passer outre ce souhait. C'est encore elle, qui est la mieux placée pour savoir qui doit en être informé

Encore plus difficile quand l'administration elle même décide de ne pas avertir plus de monde. Je pense que ce sont des personnes tout à fait responsables et qu'on peut leur faire confiance, si l'administration ne l'a pas jugé utile, c'est qu'il n"y avait pas de raisons de le faire.

Et ? Donc, si on suit votre raisonnement, c'est la même chose pour un enfant malade? Pour un enfant avec des troubles psy? :shock:
En vous lisant, j'ai l'impression d'être à la maternelle.
En général, les familles et parfois les élèves ne gardent pas "leur secret" et préviennent au minimum le pp ou un autre prof. Heureusement qu'ils ne suivent pas votre raisonnement et ont conscience que leurs pbs peuvent avoir des répercussions sur la scolarité de leurs gosses.
Il ne s'agit pas de favoriser l'élève ou de verser une larme mais d'être juste, d'éviter de blesser un élève parfois. Bref de faire notre job correctement.

De toute évidence, ceci :

Dadoo33 a écrit:En général, les familles et parfois les élèves ne gardent pas "leur secret" et préviennent  au minimum le pp ou un autre prof. Heureusement qu'ils ne suivent pas votre raisonnement et ont conscience que leurs pbs peuvent avoir des répercussions  sur la scolarité de leurs gosses.

....ne répond pas à cela :

Wahlou a écrit:Et si la famille estime qu'il n'est pas nécessaire de vous mettre dans la confidence ? Difficile de passer outre ce souhait. C'est encore elle, qui est la mieux placée pour savoir qui doit en être informé

J'essayais d'expliquer à Sylan, les raisons, qui, peuvent parfois pousser une administration à ne pas dévoiler toutes les informations :

-La famille souhaite garder un semblant de confidentialité
-La situation n'est pas assez grave et concerne la vie personnelle de l'élève (auquel cas ne pas le savoir n'entrave en rien la bonne marche du cours)

Une de mes élèves était boulimique, je ne l'ai su qu'à la toute fin d'année, et je n'ai pas la sensation d'avoir mal fait mon job, je respecte juste sa vie personnelle et en l'occurrence cela ne m'a pas gêné de ne pas le savoir, sans doute parce-que ce ne sont pas mes affaires et que cela ne concernait pas mes prérogatives de professeur. Le fait que la psy scolaire et l'infirmière soient au courant suffit largement, d'autant quand on entend les réactions de certains profs à ce sujet.

Il est clair qu'un pyromane en puissance ou un délinquant sexuel notoire devrait être signalé, cela ne concernait absolument pas le cas de figure que j'envisageais, encore faut-il se donner la peine de lire les propos des intervenants avant de poster.

De manière générale, remettre en cause le boulot de l'administration n'est pas de bon aloi, surtout, quand, on n'apprécie pas que les autres en fassent de même avec le notre.

Et donc ton élève à cause de sa boulimie fait un malaise dans ta classe? Pas de pb.
Certaines choses, effectivement, peuvent ne pas être rapportées par les AS et les infirmières, d'autres en revanche, non.

Merci pour la leçon cf ton dernier commentaire.

Dadoo33 a écrit:Et donc ton élève à cause de sa boulimie fait un malaise dans ta classe? Pas de pb.

Une situation, en somme, guère inhabituelle. Un malaise ça peut arriver à tout le monde, que la personne soit boulimique, anorexique, ou tout simple hypoglycémiée (comme un adolescent n'ayant tout simplement pas eu le temps de prendre son petit déjeuner), la procédure reste la même. Si d'aventure cela m'arrivait, le fait de connaître son problème n'aurait d'une part, pas évité le malaise et n'aurait pas moins changé ma réaction (pour les raisons sus-citées)

Dadoo33 a écrit:Certaines choses, effectivement, peuvent ne pas être rapportées par les AS et les infirmières, d'autres en revanche, non.

Génial, on progresse.

Wahlou a écrit:

Dadoo33 a écrit:Et donc ton élève à cause de sa boulimie fait un malaise dans ta classe? Pas de pb.

Une situation, en somme, guère inhabituelle. Un malaise ça peut arriver à tout le monde, que la personne soit boulimique, anorexique, ou tout simple hypoglycémiée (comme un adolescent n'ayant tout simplement pas eu le temps de prendre son petit déjeuner), la procédure reste la même. Si d'aventure cela m'arrivait, le fait de connaître son problème n'aurait d'une part, pas évité le malaise et n'aurait pas moins changé ma réaction (pour les raisons sus-citées)

Dadoo33 a écrit:Certaines choses, effectivement, peuvent ne pas être rapportées par les AS et les infirmières, d'autres en revanche, non.

Génial, on progresse.

Concernant ta dernière réflexion, je ne savais pas que tu distribuais les bons points. Je ne t'ai pas attendu pour le penser. Donc, tu n'as guère contribuer à ma réflexion. Un peu de modestie, hein.

Pour le reste, c'est ton opinion. Cela m'est déjà arrivé avec une élève et je peux te dire que tu ne réagis pas de la même manière notamment avec une diabétique.

Pour le coup, si un élève a des problèmes de santé, il vaut mieux le savoir, tout simplement pour l'envoyer fissa à l'infirmerie s'il en fait la demande, ce qu'on ne ferait pas avec n'importe quel élève. Mais il n'y a pas forcément besoin d'en savoir plus, "gros soucis de santé" suffit.
Savoir certaines choses peut éviter de faire de grosses gaffes. Par exemple "ben oui enfin, tu vois bien que c'est rouge" à un daltonien. Justement, dans ce cas là, savoir que l'élève est en situation de handicap est indispensable pour ne pas lui demander ce qu'il ne peut pas faire (commenter une carte en géographie où les couleurs ont une grande importance).
Parlons de cas plus graves : j'ai une anecdote d'une bonne grosse gaffe de mon prof de maths en seconde. Le vendredi, une élève vient en cours de maths le matin, mais pas l'après-midi. Le lundi, le professeur lui passe un savon devant toute la classe en lui demandant pourquoi elle n'est pas venue. Réponse d'un autre élève, qui disait la vérité: "Parce qu'elle a fait une TS au lycée en sortant de votre cours". Ça aurait pu être bien qu'on en informe l'enseignant je pense. Mais bon, ça, ça se passait au lycée alors c'est encore différent.