- RosanetteEsprit éclairé
Une passante a écrit:Lu aussi et je n'ai pas du tout compris cet engouement !
Au moins Gaudé, je lui reconnais parfois des passages très bien écrits, (sa Médée Kali m'avait envoutée, et son Eldorado n'est pas inintéressant) mais l'étudier en OI ? La littérature française a-t-elle si peu à offrir ?
Je me demande parfois si ce ne serait pas (l'utilisation du conditionnel est intentionnelle, je ne veux blesser personne et je m'interroge seulement) la marque d'une baisse de niveau des études de lettres : on étudie moins d’œuvres, moins longtemps (le master MEEF fait des dégâts).
J'ai pu constater (même si mon échantillon n'est certes pas représentatif) que la culture littéraire de mes collègues ayant passé le capes après la licence était moindre que celle de ceux ayant fait une maîtrise et / ou un DEA.
Mais pardon, je dévie le sujet....
Mais on peut tout à fait apprécier Maylis de Kerangal (pour son style, pour ses parti-pris narratifs, pour la force et la justesse des portraits, pour l'humour) et les classiques (quand je vois que L'Education sentimentale tombe des mains de certains collègues qui veulent préparer l'agrég, je m'interroge davantage).
Je pense que tout enseignant devrait avoir le choix de panacher classiques et contemporains sans se faire regarder de haut.
Et j'ai autour de moi plusieurs collègues de lettres qui donnent du Zola autrement qu'en nouvelle. La Bête humaine, Le Ventre de Paris sont régulièrement étudiés en seconde, avec plus ou moins de bonheur.
- RabelaisVénérable
Miettes a écrit:Maylis de Kerangal est une excellente autrice ; ce texte a tout à fait sa place en première, et si le lycée ne nous ouvre pas à la littérature contemporaine, qui le fera ? On sort trop souvent du secondaire avec une conception monolithique des "classiques", c'est dommage.
Le problème, ici, c'est surtout la grandiloquence des titres ; ils voilent le sens des parties et sous-parties. Le professeur "donne" les axes, mais comme des énigmes. Une fois déchiffrés, et connaissant le texte, ces axes me semblent pourtant intéressants même si le III reprend des éléments des deux premières parties. On a une partition objets / personnages / action, en fait. On part du descriptif pour aller vers le plus général ; ce n'est pas inintéressant.
Le problème, c'est surtout de donner des titres très subjectifs et personnels à un plan qu'on destine à des élèves.
Je suis d'accord avec la fin de ton post.
Pour ce que j'ai cité en gras, j'ai surtout envie de dire :" si le lycée n'ouvre pas à la littérature classique, qui le fera?".
À méditer. :blague:
_________________
Le temps ne fait rien à l'affaire, quand on est c., on est c.
- RosanetteEsprit éclairé
C'est si difficile que ça de faire les deux ?
Si c'est pour se retrouver avec des hypokhâgneux qui ensuite se refusent presque à lire des auteurs encore en vie (ça existe largement)...
En anglais, ça fait longtemps que la question ne se pose plus.
Si c'est pour se retrouver avec des hypokhâgneux qui ensuite se refusent presque à lire des auteurs encore en vie (ça existe largement)...
En anglais, ça fait longtemps que la question ne se pose plus.
- RabelaisVénérable
Je ne sais que répondre.
C'est absolument comme le traitement de la littérature jeunesse au collège, cette histoire d'étude d'auteurs contemporains.
Les élèves n'auront jamais d'ouverture aux classiques hors de l'école, il faut s'en rendre compte.
Je ne suis pas adepte du " peu importe ce que tu lis puisque tu lis", ça me fait penser aux pendants de la réforme, le nivellement par le bas, l'acceptation du minimum.
Comme en maths, pourquoi apprendre ses tables, puisqu'on a la calculette ?
Lire de la littérature jeunesse ou contemporaine, c'est bien, chez soi.
Etudier les classiques relève d'une autre démarche et a d'autres finalités .
Les cours de français ne sont pas des cours de langue vivante , je ne pense pas qu'on puisse faire le rapprochement.
Ces histoires de similitude, cette volonté de traiter le français comme une langue étrangère m'exaspère.
C'est absolument comme le traitement de la littérature jeunesse au collège, cette histoire d'étude d'auteurs contemporains.
Les élèves n'auront jamais d'ouverture aux classiques hors de l'école, il faut s'en rendre compte.
Je ne suis pas adepte du " peu importe ce que tu lis puisque tu lis", ça me fait penser aux pendants de la réforme, le nivellement par le bas, l'acceptation du minimum.
Comme en maths, pourquoi apprendre ses tables, puisqu'on a la calculette ?
Lire de la littérature jeunesse ou contemporaine, c'est bien, chez soi.
Etudier les classiques relève d'une autre démarche et a d'autres finalités .
Les cours de français ne sont pas des cours de langue vivante , je ne pense pas qu'on puisse faire le rapprochement.
Ces histoires de similitude, cette volonté de traiter le français comme une langue étrangère m'exaspère.
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- RosanetteEsprit éclairé
Non mais en réalité je trouve dingue qu'on mette sur le même plan littérature jeunesse (concept qui aurait besoin d'être défini) et littérature contemporaine.
Ouvrir en partie à la littérature contemporaine n'est absolument pas synonyme de tenir le discours "peu importe ce qu'on lit", ça c'est ce qui donne Musso en n°1 Fnac.
Les élèves n'ont je crois aucun intérêt à oublier que les "classiques" ont été écrits par des gens qui considéraient que les classiques de leur époque étaient indispensables mais insuffisants. Comment entretenir cette réalité aujourd'hui encore si on leur fait entrevoir que ce qui vaut d'être lu a forcément été écrit il y a plus de soixante ans ?
Il est nécessaire de montrer la modernité des classiques, mais aussi la beauté de certaines œuvres contemporaines, qui s'emparent de questions inaccessibles aux auteurs du passé.
Ouvrir en partie à la littérature contemporaine n'est absolument pas synonyme de tenir le discours "peu importe ce qu'on lit", ça c'est ce qui donne Musso en n°1 Fnac.
Les élèves n'ont je crois aucun intérêt à oublier que les "classiques" ont été écrits par des gens qui considéraient que les classiques de leur époque étaient indispensables mais insuffisants. Comment entretenir cette réalité aujourd'hui encore si on leur fait entrevoir que ce qui vaut d'être lu a forcément été écrit il y a plus de soixante ans ?
Il est nécessaire de montrer la modernité des classiques, mais aussi la beauté de certaines œuvres contemporaines, qui s'emparent de questions inaccessibles aux auteurs du passé.
- MiettesNiveau 8
On ne dit pas "peu importe ce que tu lis, puisque tu lis", non ! La littérature contemporaine est suffisamment riche pour qu'on ne lui fasse pas cette insulte.
Il s'agit simplement de savoir équilibrer les œuvres étudiées. J'enseigne en collège, et lorsque nous étudions la poésie, par exemple, je ne manque jamais d'insérer un poème contemporain. Ewa Lipska, une poétesse polonaise, a très bien fonctionné avec les 6e ; mais ils ont vu Apollinaire et Rimbaud dans la même séquence. Il s'agit simplement de montrer aux élèves que l'art est histoire de filiations, et qu'il n'est pas mort.
Il s'agit simplement de savoir équilibrer les œuvres étudiées. J'enseigne en collège, et lorsque nous étudions la poésie, par exemple, je ne manque jamais d'insérer un poème contemporain. Ewa Lipska, une poétesse polonaise, a très bien fonctionné avec les 6e ; mais ils ont vu Apollinaire et Rimbaud dans la même séquence. Il s'agit simplement de montrer aux élèves que l'art est histoire de filiations, et qu'il n'est pas mort.
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2016-2017, lettres au collège : 6e, 5e, 4e + AP 3e
2017-2018, professeure des écoles stagiaire : CM2
2018- ? , doctorat de lettres
- mafalda16Modérateur
Rabelais a écrit:Je ne sais que répondre.
C'est absolument comme le traitement de la littérature jeunesse au collège, cette histoire d'étude d'auteurs contemporains.
Les élèves n'auront jamais d'ouverture aux classiques hors de l'école, il faut s'en rendre compte.
Je ne suis pas adepte du " peu importe ce que tu lis puisque tu lis", ça me fait penser aux pendants de la réforme, le nivellement par le bas, l'acceptation du minimum.
Comme en maths, pourquoi apprendre ses tables, puisqu'on a la calculette ?
Lire de la littérature jeunesse ou contemporaine, c'est bien, chez soi.
Etudier les classiques relève d'une autre démarche et a d'autres finalités .
Les cours de français ne sont pas des cours de langue vivante , je ne pense pas qu'on puisse faire le rapprochement.
Ces histoires de similitude, cette volonté de traiter le français comme une langue étrangère m'exaspère.
Parfaitement d'accord avec toi.
Et concernant les profs de langues j'en connais qui font étudier le Quichotte dans le texte entre autres
- RabelaisVénérable
:missT2:mafalda16 a écrit:Rabelais a écrit:Je ne sais que répondre.
C'est absolument comme le traitement de la littérature jeunesse au collège, cette histoire d'étude d'auteurs contemporains.
Les élèves n'auront jamais d'ouverture aux classiques hors de l'école, il faut s'en rendre compte.
Je ne suis pas adepte du " peu importe ce que tu lis puisque tu lis", ça me fait penser aux pendants de la réforme, le nivellement par le bas, l'acceptation du minimum.
Comme en maths, pourquoi apprendre ses tables, puisqu'on a la calculette ?
Lire de la littérature jeunesse ou contemporaine, c'est bien, chez soi.
Etudier les classiques relève d'une autre démarche et a d'autres finalités .
Les cours de français ne sont pas des cours de langue vivante , je ne pense pas qu'on puisse faire le rapprochement.
Ces histoires de similitude, cette volonté de traiter le français comme une langue étrangère m'exaspère.
Parfaitement d'accord avec toi.
Et concernant les profs de langues j'en connais qui font étudier le Quichotte dans le texte entre autres
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- PoupoutchModérateur
Je suis assez contente que cette remarque finisse par (re)sortir... C'est l'éternel débat sur ce forum... Je ne compte plus le nombre de fois où, intervenant dans un sujet sur les lettres en lycée, j'ai remarqué que la littérature contemporaine, de même d'ailleurs que le recours à la BD, à des mots triviaux (quand bien même ils posent de vrais problèmes sur les oeuvres), ou le simple fait d'avouer détester telle oeuvre classique, provoquait des réactions choquées qui menaient systématiquement à conclure à l'inculture galopante des jeunes enseignants, à leur incapacité à comprendre ou apprécier la littérature, voire à prendre en charge de jeunes esprits que seuls pourraient former des classiques...Une passante a écrit:Lu aussi et je n'ai pas du tout compris cet engouement !
Au moins Gaudé, je lui reconnais parfois des passages très bien écrits, (sa Médée Kali m'avait envoutée, et son Eldorado n'est pas inintéressant) mais l'étudier en OI ? La littérature française a-t-elle si peu à offrir ?
Je me demande parfois si ce ne serait pas (l'utilisation du conditionnel est intentionnelle, je ne veux blesser personne et je m'interroge seulement) la marque d'une baisse de niveau des études de lettres : on étudie moins d’œuvres, moins longtemps (le master MEEF fait des dégâts).
J'ai pu constater (même si mon échantillon n'est certes pas représentatif) que la culture littéraire de mes collègues ayant passé le capes après la licence était moindre que celle de ceux ayant fait une maîtrise et / ou un DEA.
Mais pardon, je dévie le sujet....
Je crois, au fond, que d'aucuns se pensent une référence en termes de jugement littéraire, et manquent peut-être parfois un peu d'humilité (mais loin de moi l'idée d'être blessante...). A titre d'exemple, j'ai un doctorat en théâtre et j'ai enseigné le théâtre en université pendant plus de dix ans avant de passer dans le secondaire. Je suis spécialiste (et reconnue comme telle) d'une certaine époque et d'un certain genre théâtral. J'ai également des gouts très arrêtés sur ce qui me plait et ne me plait pas, et me crois bien placée pour juger des textes qui ont un intérêt et ceux qui n'en ont pas. Si on me le demande directement, je le dirai peut-être. Il existe également des textes qui ont un intérêt mais qui ne me plaisent pas. Du tout. Ce qui ne m'empêche pas de pouvoir les étudier. Mais je ne me permettrais pas de critiquer publiquement le travail d'un collègue sur le théâtre, ou même tout simplement son choix de textes. Parce que je ne me crois pas supérieure en savoir ou en expérience à qui que ce soit sur ce forum ou ailleurs. Ce que je trouve problématique, donc, sur un forum dit d'entraide, c'est ce ton péremptoire employé pour critiquer un choix pédagogique, et la condescendance qui l'accompagne (c'est forcement parce que les jeunes collègues sont moins bien formés et moins cultivés que nous qu'ils font ce choix...). A plus forte raison parce que 90% de ceux qui critiquent le livre de Kerangal le font sur la base d'un extrait d'une seule page, sans vue d'ensemble. Et considèrent systématiquement que choisir un roman contemporain exclut de fait une approche plus classique.
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Lapin Émérite, celle qui Nage en Lisant ou Inversement, Dompteuse du fauve affamé et matutinal.
"L'intelligence est une maladie qui peut se transmettre très facilement mais dont on peut guérir très rapidement et sans aucune séquelle"
- Écusette de NoireuilEsprit éclairé
Tout à fait d'accord.
Merci d'avoir si bien résumé ce qu'il m'arrive souvent de penser, à la lecture de certains posts. Ce qui fait d'ailleurs que je n'interviens plus lorsque ces arguments reviennent, parce que même si je ne suis pas un perdreau de l'année et que donc je ne me sens pas attaquée sur ma légitimité en tant qu'enseignante à travailler avec mes élèves des œuvres d'écrivains encore vivants, je trouve ça agaçant de retrouver toujours la même sempiternelle hiérarchisation littérature contemporaine /littérature classique.
Merci d'avoir si bien résumé ce qu'il m'arrive souvent de penser, à la lecture de certains posts. Ce qui fait d'ailleurs que je n'interviens plus lorsque ces arguments reviennent, parce que même si je ne suis pas un perdreau de l'année et que donc je ne me sens pas attaquée sur ma légitimité en tant qu'enseignante à travailler avec mes élèves des œuvres d'écrivains encore vivants, je trouve ça agaçant de retrouver toujours la même sempiternelle hiérarchisation littérature contemporaine /littérature classique.
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" Celui qui ne lit pas ne vit qu'une seule vie " (Umberto Eco )
- ipomeeGuide spirituel
Je n'ai pas l'impression qu'il s'agisse ici d'une opposition moderne/classique, mais certains critiquaient le livre de Kerangal, qu'ils ne trouvaient pas digne d'étude. Je ne l'ai pas lu, pour ma part, mais l'extrait m'a suffit pour me le faire rejeter. Ce n'est qu'un avis perso. Si d'autres aiment, pourquoi pas ?
Dans les discussions à ce sujet, certains ont simplement voulu dire que les classiques n'étaient pas à négliger (et j'ajoute, que, en ce qui me concerne, ils ne sauraient être éclipsés par Kerangal).
Dans les discussions à ce sujet, certains ont simplement voulu dire que les classiques n'étaient pas à négliger (et j'ajoute, que, en ce qui me concerne, ils ne sauraient être éclipsés par Kerangal).
- BabaretteDoyen
DesolationRow a écrit:Et voilà qu'en lisant autrice, je regrette presque auteure
Autrice est un terme attesté au XVIe siècle, qui a ensuite disparu. C'est la seule vraie manière de féminiser le mot "auteur" et je ne vois pas pourquoi on ne le ferait pas.
- RosanetteEsprit éclairé
ipomee a écrit:Je n'ai pas l'impression qu'il s'agisse ici d'une opposition moderne/classique, mais certains critiquaient le livre de Kerangal, qu'ils ne trouvaient pas digne d'étude. Je ne l'ai pas lu, pour ma part, mais l'extrait m'a suffit pour me le faire rejeter. Ce n'est qu'un avis perso. Si d'autres aiment, pourquoi pas ?
Dans les discussions à ce sujet, certains ont simplement voulu dire que les classiques n'étaient pas à négliger (et j'ajoute, que, en ce qui me concerne, ils ne sauraient être éclipsés par Kerangal).
Vous avez vraiment l'impression que les classiques sont négligés au bac de français ?
Il est clair que certains ici dénigrent l'usage scolaire de la littérature contemporaine, la comparant même à la littérature jeunesse.
On ne peut qu'être d'accord avec l'idée que si on amène pas les élèves aux classiques, ils n'iront pas, mais le constat est tout aussi vrai pour la littérature contemporaine, dans laquelle on navigue plus difficilement encore étant donné qu'il n'y a pas la grosse étiquette "classique/auteur classique" pour se repérer. Entretenir l'idée que Kerangal ça vaut bien Musso (sur la foi de simples extraits de quelques lignes en plus) indépendamment des goûts et des couleurs, ça n'a pas beaucoup de sens.
- ipomeeGuide spirituel
D'accord, mais ça me paraît un peu polémique.
La littérature contemporaine, il y a aussi du mauvais. Même sans aller jusqu'à Musso. Et quand c'est contemporain, les phénomènes de mode jouent.
La littérature de jeunesse, idem, il n'y a qu'à voir ce qui est parvenu dans nos casiers, au temps de cette mode. Et pourtant, il y en a de la bonne, y compris des adaptations de grands auteurs pour les élèves de primaire.
Cependant, je persiste, Kerangal, ça me déplaît, et je ne pense pas me tromper au vu des 2 extraits cités. Et si c'est au-dessus de Musso, je ne regarderai même pas un de ses titres.
La littérature contemporaine, il y a aussi du mauvais. Même sans aller jusqu'à Musso. Et quand c'est contemporain, les phénomènes de mode jouent.
La littérature de jeunesse, idem, il n'y a qu'à voir ce qui est parvenu dans nos casiers, au temps de cette mode. Et pourtant, il y en a de la bonne, y compris des adaptations de grands auteurs pour les élèves de primaire.
Cependant, je persiste, Kerangal, ça me déplaît, et je ne pense pas me tromper au vu des 2 extraits cités. Et si c'est au-dessus de Musso, je ne regarderai même pas un de ses titres.
- Une passanteEsprit éclairé
Il faut peut-être partir de l'idée que l'on se fait du métier de professeur de lettres. Si on privilégie l'idée d'apprendre aux élèves à analyser un texte avec les fameux procédés d'écriture, le "meilleur" de la littérature contemporaine peut faire l'affaire, mais si on privilégie l'idée qu'il s'agit d'aider les élèves à accéder à une culture commune, les œuvres contemporaines n'ont pas à être étudiées. D'ailleurs les programmes invitent seulement à faire des liens avec la littérature contemporaine, ce qui correspondrait davantage à des lectures cursives.
Pour avoir lu tous les auteurs en question, bien sûr que Kerangal ne vaut pas Musso, mais entrera-t-elle pour autant dans l'histoire de la littérature ? C'est trop tôt pour le dire...
Et je ne nie pas ma condescendance vis-à-vis du travail des collègues qui étudient ces œuvres à mon sens peu dignes d'intérêt non pas parce que je les juge telles, mais parce qu'elles ne correspondent pas (encore pour certaines sans doute) à ce qu'est la littérature. Et je pense que les études littératures plus poussées, celles liées à un véritable travail de recherche comme on peut le faire après la licence, permettent d'avoir cette réflexion. (mais on peut aussi l'avoir sans ces études, on peut même avoir une grande culture littéraire sans avoir le bac, ce qui n'est cependant pas la majorité des personnes)
Ce n'est cependant bien sûr qu'un point de vue personnel, qui n'est sans doute pas celui prôné par l'ESPE pour qui, paraît-il, nous ne sommes plus que des dinosaures, alors que je me considère davantage comme un modeste "gardien du temple" qui a conscience de ses limites intellectuelles et de l'étendue de son ignorance en littérature puisqu'on ne peut malheureusement pas tout lire, tout étudier, alors autant le faire avec des œuvres qui en valent la peine puisqu'elles ont fait "leurs preuves".
Pour avoir lu tous les auteurs en question, bien sûr que Kerangal ne vaut pas Musso, mais entrera-t-elle pour autant dans l'histoire de la littérature ? C'est trop tôt pour le dire...
Et je ne nie pas ma condescendance vis-à-vis du travail des collègues qui étudient ces œuvres à mon sens peu dignes d'intérêt non pas parce que je les juge telles, mais parce qu'elles ne correspondent pas (encore pour certaines sans doute) à ce qu'est la littérature. Et je pense que les études littératures plus poussées, celles liées à un véritable travail de recherche comme on peut le faire après la licence, permettent d'avoir cette réflexion. (mais on peut aussi l'avoir sans ces études, on peut même avoir une grande culture littéraire sans avoir le bac, ce qui n'est cependant pas la majorité des personnes)
Ce n'est cependant bien sûr qu'un point de vue personnel, qui n'est sans doute pas celui prôné par l'ESPE pour qui, paraît-il, nous ne sommes plus que des dinosaures, alors que je me considère davantage comme un modeste "gardien du temple" qui a conscience de ses limites intellectuelles et de l'étendue de son ignorance en littérature puisqu'on ne peut malheureusement pas tout lire, tout étudier, alors autant le faire avec des œuvres qui en valent la peine puisqu'elles ont fait "leurs preuves".
- Une passanteEsprit éclairé
Rosanette a écrit:ipomee a écrit:Je n'ai pas l'impression qu'il s'agisse ici d'une opposition moderne/classique, mais certains critiquaient le livre de Kerangal, qu'ils ne trouvaient pas digne d'étude. Je ne l'ai pas lu, pour ma part, mais l'extrait m'a suffit pour me le faire rejeter. Ce n'est qu'un avis perso. Si d'autres aiment, pourquoi pas ?
Dans les discussions à ce sujet, certains ont simplement voulu dire que les classiques n'étaient pas à négliger (et j'ajoute, que, en ce qui me concerne, ils ne sauraient être éclipsés par Kerangal).
Vous avez vraiment l'impression que les classiques sont négligés au bac de français ?
Il est clair que certains ici dénigrent l'usage scolaire de la littérature contemporaine, la comparant même à la littérature jeunesse.
On ne peut qu'être d'accord avec l'idée que si on amène pas les élèves aux classiques, ils n'iront pas, mais le constat est tout aussi vrai pour la littérature contemporaine, dans laquelle on navigue plus difficilement encore étant donné qu'il n'y a pas la grosse étiquette "classique/auteur classique" pour se repérer. Entretenir l'idée que Kerangal ça vaut bien Musso (sur la foi de simples extraits de quelques lignes en plus) indépendamment des goûts et des couleurs, ça n'a pas beaucoup de sens.
Les professeurs de lettres, censés être de grands lecteurs, connaissent aussi certainement la littérature contemporaine, et on peut en parler à ses élèves, leur faire lire des extraits, tout en sachant que la priorité est l'étude des classiques.
- IsidoriaDoyen
Pour ma part j'admire les collègues qui se lancent dans la littérature contemporaine, car il n'y a pas d'études dessus. Ce sont donc eux qui construisent complètement leurs cours. Attention, je ne dis pas qu'on ne le fait pas avec des classiques, mais il y a beaucoup de supports pour aider.
Pour ma part j'hésite à faire étudier Sylvie Germain, j'ai fait lire La Porte des enfers de Gaudé, et j'étudie Incendies de Wajdi Mouawad.
Pour ma part j'hésite à faire étudier Sylvie Germain, j'ai fait lire La Porte des enfers de Gaudé, et j'étudie Incendies de Wajdi Mouawad.
- PoupoutchModérateur
Je partage votre vision, Isidoria et Rosanette. Et je trouve la réponse de "Une passante" d'une incroyable tristesse... Ce n'est pas tant pour la "querelle des classiques et des contemporains" que ça me chagrine, car à vrai dire, c'est l'avantage de notre liberté pédagogique que de nous laisser une marge de manoeuvre pour construire nos cours selon nos convictions, mais mais parce que si j'aime la littérature c'est parce qu'à mon sens elle est vivante. C'est d'ailleurs aussi comme ça que j'aborde les classiques, que je travaille aussi beaucoup. Dans cette vision des choses, il me semble qu'on présente aux élèves une littérature figée dans des études préétablies et que ça ne fait pas honneur à notre formation et à l'art que nous aimons.
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Lapin Émérite, celle qui Nage en Lisant ou Inversement, Dompteuse du fauve affamé et matutinal.
"L'intelligence est une maladie qui peut se transmettre très facilement mais dont on peut guérir très rapidement et sans aucune séquelle"
- RosanetteEsprit éclairé
L'autre aspect du message d'une Neo étant "fichez-nous la paix avec l'ESPE" !
Il est quand même un peu sidérant de se faire renvoyer à l'ESPE, comme à une insulte, pour des idées partagées par des professeurs expérimentés et qui n'ont rien à prouver.
Je ne suis pas expérimentée (je ne suis même pas prof de lettres) mais je n'ai absolument pas suivi un parcours MEEF auquel on pourrait attribuer ma perception de l'intérêt et de la beauté de certains contemporains.
Quant à l'idée que la préparation au bac de français aurait pour but principal de faire acquérir une culture patrimoniale, je n'en suis effectivement pas sûre, même si dans la mesure où tous les profs font étudier des classiques je ne vois toujours pas pourquoi il faudrait renvoyer dos à dos les deux.
Evidemment que de choisir un contemporain relève davantage de la prise de risque que de s'en tenir aux classiques solides qui ne manquent pas de figurer sur la plupart des descriptifs. Mais dans tous les cas, le principal est quand même l'enseignant et ce qu'il veut que les élèves retirent des textes, dès l'instant que ces textes résistent un minimum.
Il est quand même un peu sidérant de se faire renvoyer à l'ESPE, comme à une insulte, pour des idées partagées par des professeurs expérimentés et qui n'ont rien à prouver.
Je ne suis pas expérimentée (je ne suis même pas prof de lettres) mais je n'ai absolument pas suivi un parcours MEEF auquel on pourrait attribuer ma perception de l'intérêt et de la beauté de certains contemporains.
Quant à l'idée que la préparation au bac de français aurait pour but principal de faire acquérir une culture patrimoniale, je n'en suis effectivement pas sûre, même si dans la mesure où tous les profs font étudier des classiques je ne vois toujours pas pourquoi il faudrait renvoyer dos à dos les deux.
Evidemment que de choisir un contemporain relève davantage de la prise de risque que de s'en tenir aux classiques solides qui ne manquent pas de figurer sur la plupart des descriptifs. Mais dans tous les cas, le principal est quand même l'enseignant et ce qu'il veut que les élèves retirent des textes, dès l'instant que ces textes résistent un minimum.
- ipomeeGuide spirituel
Rosanette a écrit:L'autre aspect du message d'une Neo étant "fichez-nous la paix avec l'ESPE" !
Il est quand même un peu sidérant de se faire renvoyer à l'ESPE, comme à une insulte, pour des idées partagées par des professeurs expérimentés et qui n'ont rien à prouver.
Je ne suis pas expérimentée (je ne suis même pas prof de lettres) mais je n'ai absolument pas suivi un parcours MEEF auquel on pourrait attribuer ma perception de l'intérêt et de la beauté de certains contemporains.
Quant à l'idée que la préparation au bac de français aurait pour but principal de faire acquérir une culture patrimoniale, je n'en suis effectivement pas sûre, même si dans la mesure où tous les profs font étudier des classiques je ne vois toujours pas pourquoi il faudrait renvoyer dos à dos les deux.
Evidemment que de choisir un contemporain relève davantage de la prise de risque que de s'en tenir aux classiques solides qui ne manquent pas de figurer sur la plupart des descriptifs. Mais dans tous les cas, le principal est quand même l'enseignant et ce qu'il veut que les élèves retirent des textes, dès l'instant que ces textes résistent un minimum.
Je ne voulais pas polémiquer.
- RabelaisVénérable
+ 10000Une passante a écrit:Il faut peut-être partir de l'idée que l'on se fait du métier de professeur de lettres. Si on privilégie l'idée d'apprendre aux élèves à analyser un texte avec les fameux procédés d'écriture, le "meilleur" de la littérature contemporaine peut faire l'affaire, mais si on privilégie l'idée qu'il s'agit d'aider les élèves à accéder à une culture commune, les œuvres contemporaines n'ont pas à être étudiées. D'ailleurs les programmes invitent seulement à faire des liens avec la littérature contemporaine, ce qui correspondrait davantage à des lectures cursives.
Pour avoir lu tous les auteurs en question, bien sûr que Kerangal ne vaut pas Musso, mais entrera-t-elle pour autant dans l'histoire de la littérature ? C'est trop tôt pour le dire...
Et je ne nie pas ma condescendance vis-à-vis du travail des collègues qui étudient ces œuvres à mon sens peu dignes d'intérêt non pas parce que je les juge telles, mais parce qu'elles ne correspondent pas (encore pour certaines sans doute) à ce qu'est la littérature. Et je pense que les études littératures plus poussées, celles liées à un véritable travail de recherche comme on peut le faire après la licence, permettent d'avoir cette réflexion. (mais on peut aussi l'avoir sans ces études, on peut même avoir une grande culture littéraire sans avoir le bac, ce qui n'est cependant pas la majorité des personnes)
Ce n'est cependant bien sûr qu'un point de vue personnel, qui n'est sans doute pas celui prôné par l'ESPE pour qui, paraît-il, nous ne sommes plus que des dinosaures, alors que je me considère davantage comme un modeste "gardien du temple" qui a conscience de ses limites intellectuelles et de l'étendue de son ignorance en littérature puisqu'on ne peut malheureusement pas tout lire, tout étudier, alors autant le faire avec des œuvres qui en valent la peine puisqu'elles ont fait "leurs preuves".
C'est ce que je voulais exprimer, sans doute beaucoup plus maladroitement que toi.
Et je maintiens le parallèle avec la littérature jeunesse, qui est la littérature contemporaine des petites classes.
La lire, oui, l'étudier, non.
S'ouvrir à la litterature contemporaine, l'aimer, la soutenir, oui. En faire un objet d'étude immédiat, non.
Tout dépend du but que nous nous sommes fixés et, peut-être, de la chance que j'ai eu d'appartenir à une époque très critique envers la modernité, ouverte, mais patiente .
La notion de patrimoine culturel est une construction lente, il ne s'agit pas de sauter sur le premier venu encensé par la société actuelle.
Et si les " classiques " sont étudiés, c'est encore parce qu'ils peuvent, tout au long des siècles qu'ils traversent, vivre, provoquer des émotions littéraires, être compris, pensés et éclairer justement leur siecle et le nôtre.
En dire autant de la littérature contemporaine ?
Pour certains peut-être, plus tard, bien plus tard, une fois la mode passée.Ils seront au minimum le constat de leur époque.
Pour le reste, c'est mon opinion de professeur de Lettres, je conçois aussi que mes pairs, mais aussi que les professeurs d'autres disciplines tournées vers le présent, pensent et enseignent autrement et milite à ce titre pour la diversité des points de vue intellectuels.
Que les eleves puissent avoir comme professeurs chaque année des êtres non uniformes, pour avoir la chance de ne pas être cloisonnés dans l'un ou l'autre des points de vue.
Ce qui m'effraie , c'est l'uniformisation de la pensée actuelle.
Ce qui m'effraie, c'est de voir arriver des secondes qui n'auront pas vu un seul auteur classique et dont la culture litteraire, la réflexion litteraire, se sera inscrite dans l'immédiateté, véritable fléau aujourd'hui.
_________________
Le temps ne fait rien à l'affaire, quand on est c., on est c.
- roxanneOracle
Je fais Eldorado avec mes STMG; alors, il y a une proportion qui ne l'a pas lu, par(mauvaise) habitude, principes, et quoiqu'on propose ne lit pas. Mais la majorité s'y est mise, a compris, en a même discuté avec leur prof d'histoire. Et on a fait Voltaire, La Béotie, Molière, Musset. Hugo et Du Bellay les attendent. Et à propos de supports, il y a un DVD qui accompagne le livre avec un entretien très intéressant de Gaudé sur la création littéraire, le travail du romancier. Je n'ai pas l'impression d'être indigne et je pense sincèrement que cette séquence leur apprend beaucoup, c'st en tout cas, celle où j'ai le plus d'écoute.
- ysabelDevin
Rosanette a écrit:L'autre aspect du message d'une Neo étant "fichez-nous la paix avec l'ESPE" !
Il est quand même un peu sidérant de se faire renvoyer à l'ESPE, comme à une insulte, pour des idées partagées par des professeurs expérimentés et qui n'ont rien à prouver.
Je ne suis pas expérimentée (je ne suis même pas prof de lettres) mais je n'ai absolument pas suivi un parcours MEEF auquel on pourrait attribuer ma perception de l'intérêt et de la beauté de certains contemporains.
Quant à l'idée que la préparation au bac de français aurait pour but principal de faire acquérir une culture patrimoniale, je n'en suis effectivement pas sûre, même si dans la mesure où tous les profs font étudier des classiques je ne vois toujours pas pourquoi il faudrait renvoyer dos à dos les deux.
Evidemment que de choisir un contemporain relève davantage de la prise de risque que de s'en tenir aux classiques solides qui ne manquent pas de figurer sur la plupart des descriptifs. Mais dans tous les cas, le principal est quand même l'enseignant et ce qu'il veut que les élèves retirent des textes, dès l'instant que ces textes résistent un minimum.
cf. les IO.
Pour avoir interrogé ces dernières années sur du contemporain, je n'ai eu que du vide à l'EAF.
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« vous qui entrez, laissez toute espérance ». Dante
« Il vaut mieux n’avoir rien promis que promettre sans accomplir » (L’Ecclésiaste)
- Mrs HobieGrand sage
pour le coup, à force d'avoir la question posée par mes élèves, j'ai fini par trouver une réponse dans le champ des neurosciences : apprendre les tables de multiplication à l'âge où on les apprend aide à créer des connexions neuronales ..Rabelais a écrit:Comme en maths, pourquoi apprendre ses tables, puisqu'on a la calculette ?
Désolée de m'être incrustée dans une conversation qui ne me concerne pas vraiment en tant qu'enseignante, pas encore en tant que mère ... Je repars dans les réserves ...
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Plus tu pédales moins vite, moins t'avances plus vite.
Et même que la marmotte, elle met les stylos-plumes dans les jolis rouleaux
Tutylatyrée Ewok aux Doigts Agiles, Celle qui Abrite les Plumes aux Écrits Sagaces, Rapide Chevalier sur son Coursier Mécanique
- RosanetteEsprit éclairé
J'ai un prof de lettres à la maison, et évidemment que l'acquisition d'une culture patrimoniale est une des finalités de l'EAF ; pour autant les instructions ne le mentionnent pas comme unique but, et n'entendent absolument pas exclure la littérature contemporaine.
Toutes les questions autour de l'autonomie du lecteur et du développement du jugement et de l'esprit critique sont nourries aussi par la fréquentation des contemporains.
Mais comme dit plus haut, c'est effectivement un risque, du fait d'un corpus d'études peu voire pas développé, c'est aussi prendre le risque que les élèves oublient l'analyse pensant être en terrain connu.
Encore que quand je lis le reproche fait à Kerangal, qui n'écrirait qu'en pompant le dictionnaire de mots fleuris, je ne suis vraiment pas sûre qu'un lycéen s'y retrouve à la première lecture.
Toutes les questions autour de l'autonomie du lecteur et du développement du jugement et de l'esprit critique sont nourries aussi par la fréquentation des contemporains.
Mais comme dit plus haut, c'est effectivement un risque, du fait d'un corpus d'études peu voire pas développé, c'est aussi prendre le risque que les élèves oublient l'analyse pensant être en terrain connu.
Encore que quand je lis le reproche fait à Kerangal, qui n'écrirait qu'en pompant le dictionnaire de mots fleuris, je ne suis vraiment pas sûre qu'un lycéen s'y retrouve à la première lecture.
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