- Dame JouanneÉrudit
Mais il ne s'agit que de mon expérience personnelle.
- ycombeMonarque
Il faudrait connaitre les mêmes statistiques pour l'entrée en sixième. je ne connais pas de source.Dame Jouanne a écrit:Peut-on savoir si ce "retard" (drôle d'expression) est arrivé en primaire ou au collège?
De mémoire, en 1995 j'ai débuté dans un collège ZEP et les élèves de 6e "à l'heure" y étaient largement minoritaires. La plupart avaient 1 et 2 ans de retard. C'est ainsi qu'une de mes élèves de sixième est tombée enceinte; Le jour de ses 13 ans elle était enceinte de 4 mois (volontairement et elle l'avait caché assez longtemps pour que personne ne puisse la faire avorter). À la rentrée de cinquième ses copines ont dit en rigolant qu'elle était "en congé maternité".
La règle était qu'un élève qui a deux ans de retard ne redoublait plus: on le faisait passer automatiquement jusqu'à l'orientation en CAP/BEP en fin de troisième (pas de bac pro à l'époque, si je me souviens bien).
C'est la loi Jospin (1989) qui a provoqué ces classes insupportables d'hétérogénéité par la suppression de l'orientation en fin de 5e en CAP et la suppression des CPPN. La création des 4e/3e techno a permis de limiter un peu les dégâts mais elles ont été supprimées un peu plus tard.
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Assurbanipal: "Passant, mange, bois, divertis-toi ; tout le reste n’est rien".
Franck Ramus : "Les sciences de l'éducation à la française se font fort de produire un discours savant sur l'éducation, mais ce serait visiblement trop leur demander que de mettre leur discours à l'épreuve des faits".
- ycombeMonarque
Ils ont pu avoir redoublé au primaire, c'est le taux d'élèves qui arrivent en retard en troisième ou à 15 ans.Dame Jouanne a écrit:Je suis assez dubitative face à ces chiffres car, pour moi, cela fait bien dix ans que le redoublement en collège a quasiment disparu. En fait, il intervenait souvent en fin de troisième quand l'élève n'avait pas la filière souhaitée et espérait l'obtenir en redoublant.
Mais il ne s'agit que de mon expérience personnelle.
17% en troisième, ça fait à peu près un élève sur 6, soit 4 à 5 par classe. Entre les quelques uns qui redoublaient en 3e pour l'orientation et ceux qui avaient redoublé avant (primaire ou collège) sur l'insistance des parents, on est vite à 4 ou 5 élèves de 3e qui ont redoublé une fois.
J'ai deux 4e: une avec un élève en retard, l'autre avec 4 élèves en retard.
Mais c'est vrai que ça a beaucoup diminué depuis quelques années.
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Franck Ramus : "Les sciences de l'éducation à la française se font fort de produire un discours savant sur l'éducation, mais ce serait visiblement trop leur demander que de mettre leur discours à l'épreuve des faits".
- ZagaraGuide spirituel
- monseigneurHabitué du forum
desnos a écrit:Bonjour.
Comme à l'accoutumée dans ce genre de cénacles bien-pensants, on s'est surtout bien gardé de dire que cette formidable trouvaille n'est là que pour justifier la disparition du redoublement, laquelle a généré la disparité des niveaux dans les classes. Inutile, par conséquent, de leur demander de reconnaître le fait qu'il s'agit d'une simple mesure cosmétique destinée, au fond, à procurer un habillage pseudo intellectuel à ce qui n'est qu'un vil maquillage de considérations purement économiques.
Cela sert aussi à préparer le terrain pour la suppression des SEGPA et la création de la seconde indifférenciée (fin de la 2de pro)...
- Al9Niveau 10
- Dame JouanneÉrudit
Exactement.ycombe a écrit:
C'est la loi Jospin (1989) qui a provoqué ces classes insupportables d'hétérogénéité par la suppression de l'orientation en fin de 5e en CAP et la suppression des CPPN. La création des 4e/3e techno a permis de limiter un peu les dégâts mais elles ont été supprimées un peu plus tard.
Je ne suis pas spécialement pour le redoublement à outrance au collège car les différences d'âge et de maturité sont particulièrement visibles à cet age. Et ce n'est pas toujours d'un redoublement dont l'élève aurait besoin, mais d'une autre filière!
La disparition de tous les dispositifs qui prenaient en compte les disparités de niveau a été le facteur essentiel de cette hétérogénéité que l'on cherche aujourd'hui désespérément à gérer. Et la tendance n'est pas près de s'inverser car de très éminents penseurs de l'éducation sont près à élaborer de beaux discours pour cacher que le vrai objectif est de faire des économies. C'est cette hypocrisie que je ne supporte plus : on préfère dire que la différenciation c'est merveilleux au lieu de reconnaître que c'est un pis aller face aux mesures de restrictions budgétaires et la gestion actuelle.
- gauvain31Empereur
Peinard a écrit:Effectivement...
Pour le MEN, la fin du redoublement est uniquement un moyen de faire des économies. On aurait pu espérer que ces économies soient utilisées pour mettre en place des dispositifs d'aide aux élèves ayant des difficultés mais non rien de rien... Conclusion : les élèves passent dans la classe supérieure et c'est à l'enseignant de s'adapter en "différenciant" les apprentissages. Dès lors, si les élèves ne réussissent pas alors c'est la responsabilité des enseignants qui n'ont pas respectés les injonctions de différenciation.
C'est là que nous n'avons pas à nous laisser faire et à faire des remontées collectives aux syndicats et à faire des déclarations officielles eux IPR, aux formateurs lors des formations.Et même directement aux parents et aux élèves avec les notes qu'ils méritent en collège. Dans les secondes cette année, il y a clairement des élèves non adaptés et non adaptables à un niveau de Seconde générales, tellement les lacunes sont anciennes et importantes. Une de mes élèves de seconde est passé avec 6.5 de moyenne générale en 3ème. D'ailleurs, hier, il n'a rien fait lors du TP. "Trop difficile". Ben oui.... (même la construction d'un graphique)
Il faut aussi avoir un discours franc avec les parents. Je n'hésite plus à dire aux parents que je reçois qu'il n'y a plus d'intérêt de l'élève, mais des intérêts budgétaires. Ce n'est donc pas la responsabilité des enseignants. Nous ne sommes là que pour évaluer un niveau donné et transmettre des notions dans un programme officiel.
Il va falloir clairement combattre ce discours culpabilisant de la hiérarchie. Nous sommes bien les derniers dans l'EN à culpabiliser. Surtout il ne faut pas laisser s'installer cette façon de penser. il faut parler, dénoncer. Je sais que c'est naïf comme discours. Mais le combat des idées passe aussi par la parole. A force de s'entendre dire que c'est notre faute, beaucoup de (jeunes) collègues finissent par le penser. Le fait de tenir un contre-discours serait le bienvenue dans les circonstances actuelles. J'en ai vraiment plus que marre de ces renoncements successifs
- gauvain31Empereur
- ycombeMonarque
Cnesco : N Mons :"il n'y aura peut etre pas consensus sur une recette pour enseigner la différenciation"
— Café pédagogique (@cafepedagogique) 8 mars 2017
cnesco : des réserves avaient été etendues hier sur l'intervention de C Gauthier et l'enseignement explicite
— Café pédagogique (@cafepedagogique) 8 mars 2017
Cnesco : Butlen : etat etrange ou les aides confortent les eleves dans les difficultés car pas confrontés aux mêmes taches que csp+
— Café pédagogique (@cafepedagogique) 8 mars 2017
Ben oui, c'est la définition même de la différenciation: ne pas donner les mêmes tâches.
Sarcasme pour C.Gauthier. (C'était pareil hier).
Cnesco : avec les conseils de C Gauthier on rajeunit..
— Café pédagogique (@cafepedagogique) 8 mars 2017
Sinon traitement normal pour les autres:
Cnesco : A Tricot invite a éliminer les infos inutiles du manuel
— Café pédagogique (@cafepedagogique) 8 mars 2017
Cnesco : Tricot :déception sur docs oraux ou visuels : c'est d el'info transitoire a la difference de lalecture
— Café pédagogique (@cafepedagogique) 8 mars 2017
Cnesc : debat sur la responsabilisation des élèves dans le choix de leur aide : pour Tricot les eleves les plus faible sne peuvent pas
— Café pédagogique (@cafepedagogique) 8 mars 2017
Galand : lien entre différenciation et reussite de tous pas prouvé. Prudence !
— Café pédagogique (@cafepedagogique) 8 mars 2017
Pour B Galand demander aux enseignats de différencier est risque :iniquité de traitement
— Café pédagogique (@cafepedagogique) 8 mars 2017
Cnesco : les recommandations seront rendues le 28 mars
— Café pédagogique (@cafepedagogique) 8 mars 2017
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Assurbanipal: "Passant, mange, bois, divertis-toi ; tout le reste n’est rien".
Franck Ramus : "Les sciences de l'éducation à la française se font fort de produire un discours savant sur l'éducation, mais ce serait visiblement trop leur demander que de mettre leur discours à l'épreuve des faits".
- User9242Niveau 5
La pédagogie différenciée ou l'insoutenable injonction paradoxale
Voilà une trouvaille qui, dès sa naissance, avait annoncé un dessein grandiose : "dompter" l’hétérogénéité des profils scolaires et réduire les inégalités en matière d'accès aux apprentissages ; rien que ça, comme s’il suffisait de dire une chose pour qu’elle soit possible. Si les intentions sont louables, la mise en pratique de la différenciation pédagogique et surtout les conséquences qui en découlent n'en sont pas moins problématiques.
D'abord, il est indéniable que la diversification des approches didactiques (variation des supports, des tâches, des variables didactiques…) et des démarches pédagogiques (travail de groupes, variation des niveaux de difficulté, des rythmes d'exécution des tâches, etc.) n'est pas dénuée d'intérêt. Elle a au moins le mérite de satisfaire différents styles cognitifs. Mais penser que tous les élèves peuvent atteindre simultanément, grâce à cette différenciation, les mêmes objectifs d'apprentissages, c'est corréler artificiellement la réduction des inégalités à une "égalitarisation" de la possibilité d'accès à l'apprentissage pour tous ; c'est confondre, in fine, égalité et égalitarisme. La dérive égalitariste réside donc dans le fait de croire que tout le monde peut apprendre la même chose au même moment. Il suffit de constater que toutes les sociétés humaines et toutes les nations n'ont pas les mêmes degrés de développement scientifique et technique pour douter que la différenciation pédagogique puisse être dotée d'un tel pouvoir "égalisateur".
Par ailleurs, la volonté de concilier une approche différenciée, notamment pour réduire la difficulté scolaire, et le maintien des mêmes exigences pour tous les élèves relève, à mon sens, d’une gageure. Et de grâce, que l'on nous épargne ce discours facile, fondé sur la logique d' " il n'y a qu'à…", qui consiste à dire, comme s'il suffisait de dire les choses pour qu'elles soient vraies, qu'il suffit de varier les chemins d'accès pour atteindre les mêmes objectifs. Cette assertion oublie que la difficulté d'ordre cognitif c'est du lourd, puisqu'enracinée dans les structures mêmes de la pensée. Comment alors concilier bienveillance et exigence ? Cette Injonction paradoxale est une équation d’autant plus difficile à résoudre que l’un des principaux travers de la différenciation est l’immanquable estampillage de l’élève en difficulté comme "élève à problèmes" ; une réalité ô combien difficile à masquer dans une classe. Car, en dépit des efforts des défenseurs de la pédagogie différenciée pour dénoncer sa contrefaçon, qu'ils ont baptisée "pédagogie différenciatrice" , en lui attribuant tous les travers dont on accable, à tort à leurs yeux la "véritable pédagogie différenciée", il n'en demeure pas moins vrai qu'elle exclut et creuse les différences.
Une autre version de la différenciation pédagogique, avec une vision moins égalitariste et, partant, moins présomptueuse, consiste à baisser le niveau des exigences envers l'élève en difficulté. S'il est concevable de lui faire grief de se contenter de proposer des "sparadraps pédagogiques", elle a, au moins, le mérite de faire montre d'une certaine honnêteté intellectuelle en reconnaissant ses limites.
Et s'il faut globalement reconnaître certaines vertus à la pédagogie différenciée c'est lorsqu'elle diversifie les approches pédagogiques pour répondre aux différents styles cognitifs, les différents modes de représentation (la fameuse triade : "le visuel, l'auditif et le kinesthésique"), c'est lorsqu'elle s’assure de la compréhension des consignes par tous les élèves, en faisant attention à leur placement dans la classe, en veillant à rassurer, sécuriser, valoriser l'élève, mais en se gardant bien de céder à toute tentation égalitariste.
Dans ses travaux sur la fabrication des inégalités et de l'échec scolaire Philippe Perrenoud, sociologue suisse, s'est intéressé à la différenciation de l'enseignement. Pour lui, << différencier, c’est donner aux élèves les plus démunis davantage d’occasions d’apprendre, donc d’agir et d’interagir. Ce n’est pas nécessairement les prendre en charge individuellement, ni les placer dans une relation d’assistance ou de soutien pédagogique ; mais s’intéresser à eux d’assez près, les suivre de façon continue, fût-ce de loin, les tenir sous le regard du maître, fût-il bienveillant. >> Mais, il précise qu'<< une pédagogie différenciée doit constamment naviguer entre deux écueils : dire la réalité des écarts et des difficultés, donc décourager ; ou encourager, donc entretenir l’illusion trompeuse que tout va bien. […] C’est encore plus difficile lorsqu’il faut concilier une évaluation formative au service de la différenciation, dans une logique pragmatique, et une évaluation certificative/sélective au service du système, qui exige équité formelle et transparence de hiérarchies. >>
Oui, tous les élèves sont égaux devant la possibilité d'apprendre quelque chose ; mais ils ne le sont pas quant à la possibilité d'apprendre tous les mêmes choses et surtout quant au rythme des apprentissages, eu égard à cette "satanée" injustice de la nature : qu'on le veuille ou non, nous n'avons pas tous les mêmes potentialités cognitives. Certes, il est commode d'avoir une vision fataliste et de penser qu’il y a des enfants doués et d’autre pas. Mais l'énoncé de cette commodité ne signifie pas que la réalité qu'elle décrit est moins vraie. Il faut se résoudre à admettre que, malgré les précautions que prennent les thuriféraires de la pédagogie différenciée, elle n'en demeure pas moins une pauvre pédagogie pour une pédagogie du pauvre (intellectuellement ou cognitivement, c'est comme on veut).
- William FosterExpert
Cnesco : N Mons :"il n'y aura peut etre pas consensus sur une recette pour enseigner la différenciation"
— Café pédagogique (@cafepedagogique) 8 mars 2017
J'l'aime bien, çui-ci ... Peut-être que tout le monde sera d'accord pour dire que la différenciation ne fait pas l'unanimité.
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Tout le monde me dit que je ne peux pas faire l'unanimité.
"Opinions are like orgasms : mine matters most and I really don't care if you have one." Sylvia Plath
Vérificateur de miroir est un métier que je me verrais bien faire, un jour.
- ycombeMonarque
La différenciation, c'est la loi Jospin: on supprime toute orientation "précoce" et on décrète que les enseignants différencient pour faire réussir tout le monde. Ça marche tellement bien que la France écrase tous les autres pays à PISA et à TIMSS.
Cela dit, le CNESCO s'agite dans le vide. La conférence sur le redoublement avait comme recommandation:
Faire reculer le redoublement par une meilleure organisation de l'école plutôt que d'imposer son interdiction totale
Soit le contraire de ce qui a été fait.
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Assurbanipal: "Passant, mange, bois, divertis-toi ; tout le reste n’est rien".
Franck Ramus : "Les sciences de l'éducation à la française se font fort de produire un discours savant sur l'éducation, mais ce serait visiblement trop leur demander que de mettre leur discours à l'épreuve des faits".
- gauvain31Empereur
Philippe Perrenoud a écrit:une pédagogie différenciée doit constamment naviguer entre deux écueils : dire la réalité des écarts et des difficultés, donc décourager ; ou encourager, donc entretenir l’illusion trompeuse que tout va bien. […] C’est encore plus difficile lorsqu’il faut concilier une évaluation formative au service de la différenciation, dans une logique pragmatique, et une évaluation certificative/sélective au service du système, qui exige équité formelle et transparence de hiérarchies.
Le problème est qu'on est dans l'écueil et parfois à l'échelle d'un établissement entier. On en arrive à ce que les élèves ont une fausse vision de ce que devrait être le travail, "normal" d'élève; On se retrouve en Seconde avec des élèves de ZEP qui sont confrontés à deux systèmes de valeurs ( celui du collège REP et celui du lycée général) totalement contraires.
La déception et l'aigreur se lisent dans les visages (surtout à partir du 2ème trimestre). Le déni parfois. Quand une élève dit à ma collègue de SPC qu'avec M. X du collège REP elle avait d e meilleures notes qu'avec elle et que le collègue qu'elle connaissait) lui avoue qu'en SPC dans ce collège , il faisait du "bidouillage", il y a des questions qui doivent se poser à l'ensemble de la communauté scolaire. J'ai envie de dire qu'il va falloir se dire les choses. Collège et lycée sont deux mondes qui restent séparés malgré les réunions de liaisons collège-lycée auxquelles j'ai déjà participé et je ne le supporte plus en tant que TZR.
La réforme du collège va d'ailleurs rendre impossible dans quelques l'année l'émergence de bon élèves de REP. On va les enfermer définitivement dans leur ghetto, à la grande joie des parents des CSP++ qui ne verront pas la concurrence de ces bons élève de REP avec les leurs. J'en ai encore quelques uns, mais de moins en moins en 10 ans j'ai clairement vu la différence.
- kyuNiveau 5
desnos a écrit:Naguère, j'avais écrit, pour montrer l'absence d'une réelle plus-value pédagogique de la pédagogie différenciée et pour la désigner comme simple fausse bonne idée, ce qui suit.
La pédagogie différenciée ou l'insoutenable injonction paradoxale
....... Il faut se résoudre à admettre que, malgré les précautions que prennent les thuriféraires de la pédagogie différenciée, elle n'en demeure pas moins une pauvre pédagogie pour une pédagogie du pauvre (intellectuellement ou cognitivement, c'est comme on veut).
Excellent.
- bruno09Niveau 10
J'enseigne en collège et j'ai enseigné en lycée peu et il y a très longtemps. Cependant, j'ai des enfants lycéens et des amis collègues dans les lycées des alentours. Comme ma femme est dans le privé, c'est un monde que je connais également. Ma conclusion est simple: à capacité et motivation comparable, un élève qui sort d'un collège de REP ne peut soutenir la comparaison avec un de ses camarades issu d'un établissement "protégé". C'est une lapalissade et une évidence. C'est ce que j'appelle la double peine. Vous venez d'un milieu populaire? Et bien les risque de recevoir un enseignement médiocre sont démultipliés. Pourtant les élèves capables soutenus par des parents attentifs ne manquent pas. C'est ce que j'appelle du mépris de classe.gauvain31 a écrit:Philippe Perrenoud a écrit:une pédagogie différenciée doit constamment naviguer entre deux écueils : dire la réalité des écarts et des difficultés, donc décourager ; ou encourager, donc entretenir l’illusion trompeuse que tout va bien. […] C’est encore plus difficile lorsqu’il faut concilier une évaluation formative au service de la différenciation, dans une logique pragmatique, et une évaluation certificative/sélective au service du système, qui exige équité formelle et transparence de hiérarchies.
Le problème est qu'on est dans l'écueil et parfois à l'échelle d'un établissement entier. On en arrive à ce que les élèves ont une fausse vision de ce que devrait être le travail, "normal" d'élève; On se retrouve en Seconde avec des élèves de ZEP qui sont confrontés à deux systèmes de valeurs ( celui du collège REP et celui du lycée général) totalement contraires.
La déception et l'aigreur se lisent dans les visages (surtout à partir du 2ème trimestre). Le déni parfois. Quand une élève dit à ma collègue de SPC qu'avec M. X du collège REP elle avait d e meilleures notes qu'avec elle et que le collègue qu'elle connaissait) lui avoue qu'en SPC dans ce collège , il faisait du "bidouillage", il y a des questions qui doivent se poser à l'ensemble de la communauté scolaire. J'ai envie de dire qu'il va falloir se dire les choses. Collège et lycée sont deux mondes qui restent séparés malgré les réunions de liaisons collège-lycée auxquelles j'ai déjà participé et je ne le supporte plus en tant que TZR.
La réforme du collège va d'ailleurs rendre impossible dans quelques l'année l'émergence de bon élèves de REP. On va les enfermer définitivement dans leur ghetto, à la grande joie des parents des CSP++ qui ne verront pas la concurrence de ces bons élève de REP avec les leurs. J'en ai encore quelques uns, mais de moins en moins en 10 ans j'ai clairement vu la différence.
La pédagogie différentiée est une des nombreuses marottes inventées pour faire l'économie du véritable plan Marshall que nécessiterait notre école. Quand j'étais un jeune MA dans un établissement ZEP, un collègue de math avait mis au point une méthode par objectifs qui lui permettait de faire cours avec une collègue (Vous imaginez une situation interlope? Oui, c'est exactement ça). Les élèves en question étaient réputés pour ne jamais dépasser les 5 de moyenne au lycée. On imagine ce qui serait advenu de l'enseignant, de sa collaboratrice et de leur méthode dans un collège de centre ville. Au lieu de cela, le collègue en question fit par la suite une brillante carrière dans ... la formation...
Que des élèves de zones défavorisées soient les cobayes de méthodes foireuses au nom du "de toute façon, y'a rien qui marche" me hérisse au plus haut point.
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Pour les Italophiles et les Italolâtres: http://www.viaggio-italia.fr
- ZagaraGuide spirituel
Galand : lien entre différenciation et reussite de tous pas prouvé. Prudence !
— Café pédagogique (@cafepedagogique) 8 mars 2017
Je croyais qu'on était là pour proclamer le consensus autour de la différenciation !
- bruno09Niveau 10
gauvain31 a écrit:La différenciation pédagogique est devenu un totem , un mantra; dénoncer ce mantra devient de fait un tabou et les personnes qui dénoncent deviennent elles-mêmes un tabou auprès des autres; d'où le silence de nombreux collègues soumis qui n'ont pas envie de tomber en "disgrâce" et faire plaisir à son patron, comme un enfant veut faire plaisir à ses parents. Ils sont dans une régression infantile. Je l'ai vu hélas fans quelques collèges. Pas tous évidemment et heureusement. L'EN devient un système dans lequel l'adulte(l'enseignant) est rabaissé à un stade d'enfant et à qui on interdit de faire usage de sa raison et de son esprit critique. C'est un mode de fonctionnement ecclésial, plus pervers encore que l'Eglise puisque que nous, enseignants, sommes censé apprendre aux élèves à développer leur esprit critique en vue de s'émanciper
Je te fais remarquer que le processus de recrutement va dans ce sens: la soumission au dogme est désormais la règle pour entrer dans le métier. De fait je remarque que de plus en plus de jeunes collègues (pas tous heureusement) sont réellement formatés. Si je devais créer une école demain, j'aurais tendance à m'entourer d'une bande d'emm............... ingérables , c'est à dire le genre de personnes aptes à tenir une bande de sauvageons prépubères.
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- gauvain31Empereur
Zagara a écrit:Celui-là m'a bien fait rire :Galand : lien entre différenciation et reussite de tous pas prouvé. Prudence !
— Café pédagogique (@cafepedagogique) 8 mars 2017
Je croyais qu'on était là pour proclamer le consensus autour de la différenciation !
Faut croire qu'il y a des interprétations différenciées des bienfaits ou des méfaits de la différenciation
- bruno09Niveau 10
Quesqui dit?
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- ZagaraGuide spirituel
Ça c'est parce qu'il est impossible au MEN de reconnaître que le moindre élève manquerait de bases. Tout est parfait, puisque les réformes sont bonnes. Donc la différenciation ne sert pas à rattraper les manques, mais à... à quoi au juste...? Ha heu... à rendre "plus scolaires" les élèves. Car s'ils n'y arrivent pas, ce n'est pas parce qu'ils ne savent que médiocrement lire ou écrire, mais parce qu'ils doivent "apprendre à apprendre", comme on dit.bruno09 a écrit:"La pédagogie différenciée est pas là pour combler des manques de connaissances ou de "bases" mais pour faire partager la manière scolaire de voir les problèmes"
Quesqui dit?
- bruno09Niveau 10
En plus les intervenants ne croient pas tous en la différenciation pédagogique et en Freinet, son prophète. Ce sont des hérétiques.
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- La trépidante actualité du Conseil national d’évaluation du système scolaire sur son site cnesco.fr
- [CNESCO] Conférence de consensus, production de l'écrit.
- [CNESCO] Attractivité du métier d'enseignant
- Pour le Café pédagogique : "La conférence sur l'évaluation n'a rien d'une conférence de consensus".
- [Café Pédagogique] Interview d'André Tricot à l'occasion de la sortie de « L'innovation pédagogique, mythes et réalité »