- marjoDoyen
Je ne sais pas ce que j'ai cette semaine, mais j'en ai déjà marre des élèves et des cours... Je travaille dans un collège REP, la plupart des élèves ne travaille pas et a, de ce fait, un tout petit niveau, et mes deux classes de français sont particulièrement gratinées cette année. Je précise que je n'ai pas de problèmes de discipline. Mon insatisfaction porte plutôt sur le cruel manque de travail de mes élèves. Je m'ennuie souvent en classe depuis le début de l'année, je prépare mes cours à minima mais ça reste toujours trop compliqué pour la plupart de mes élèves, qui n'apprennent rien. J'ai donné plusieurs DM avant les vacances, je devais en ramasser aujourd'hui : "mais madame, j'ai oublié", "j'ai perdu la feuille", "je ne l'avais pas écrit dans mon agenda" etc. Ces élèves seraient-ils venus me prévenir en début de semaine pour que je leur redonne un sujet ? Non : ils attendent le moment de rendre pour me dire qu'ils n'ont rien à me rendre. Je suis fatiguée de ce manque de travail et de sérieux. Je ne peux pas vraiment m'appuyer sur la perspective d'une mutation à l'intra, car je vais probablement demander à changer d'académie l'année prochaine (passer de Créteil à Versailles) pour me rapprocher de chez mon copain, et je ne vais pas griller le peu de points que j'ai un an avant. Beaucoup de collègues avec qui j'ai discuté aujourd'hui ont elles aussi (les hommes ont un sentiment différent) l'impression de pédaler dans la semoule avec les élèves depuis mardi, même la documentaliste qui les voit pourtant dans un autre contexte.
En dehors du travail, tout va bien : j'ai un chéri merveilleux rencontré il y a quelques mois, et je me suis inscrite à la fac pour apprendre l'arabe. Le temps de présence en cours et le travail nécessaire pour suivre me permettent de réduire la part de travail pour le collège au minimum vital (mais en ce moment je trouve que c'est encore trop, j'ai moins envie...) et me permettent surtout de m'épanouir intellectuellement. Malgré tout, le travail, ses conditions et surtout le manque de travail de mes élèves restent un poids. Ce n'est probablement qu'une phase, mais je ressens une profonde insatisfaction à l'issue de cette semaine de reprise, et cela faisait bien longtemps que ça ne m'était pas arrivé avec une telle acuité.
En dehors du travail, tout va bien : j'ai un chéri merveilleux rencontré il y a quelques mois, et je me suis inscrite à la fac pour apprendre l'arabe. Le temps de présence en cours et le travail nécessaire pour suivre me permettent de réduire la part de travail pour le collège au minimum vital (mais en ce moment je trouve que c'est encore trop, j'ai moins envie...) et me permettent surtout de m'épanouir intellectuellement. Malgré tout, le travail, ses conditions et surtout le manque de travail de mes élèves restent un poids. Ce n'est probablement qu'une phase, mais je ressens une profonde insatisfaction à l'issue de cette semaine de reprise, et cela faisait bien longtemps que ça ne m'était pas arrivé avec une telle acuité.
- SoirHabitué du forum
Il y a des classes plus molles que d'autres, mets les au pas. Devoir non rendu dans les temps alors que possibilité de te voir, de te contacter (e-lyco), au moins 5 points de pénalité. Repère les sérieux, ça te remontera le moral
- marjoDoyen
Soir a écrit:Il y a des classes plus molles que d'autres, mets les au pas. Devoir non rendu dans les temps alors que possibilité de te voir, de te contacter (e-lyco), au moins 5 points de pénalité. Repère les sérieux, ça te remontera le moral
D'habitude, je pénalise, mais je suis lassée de passer mon temps à jouer au sergent-chef et je n'ai plus envie de passer plus de la moitié de mon temps à faire de la surveillance/discipline.
En fait, il y a plusieurs choses. Je sais que la discipline, surtout dans un établissement comme le mien, fait partie intégrante du métier. Mais le sentiment de ne faire que ça finit par être lassant. Je sais que je pourrais garder les élèves qui ne travaillent pas en retenue, que je pourrais leur pourrir la vie en leur donnant des travaux supplémentaires, ramasser des travaux au hasard pour les noter etc. Oui, sauf que je n'ai pas envie (c'est vraiment ça le coeur du problème : l'envie) de passer davantage de temps à m'occuper des gamins. Ensuite, je me demande si ce n'est pas le fait de consacrer beaucoup de mon temps à autre chose (l'apprentissage de l'arabe) qui me pousse à me désinvestir de mes cours : comme les élèves ne font pas d'efforts, je me dis que ce n'est pas dans les cours que je donne que je trouve mon compte, et peut-être est-ce cette association d'idées qui m'incite inconsciemment à passer le moins de temps possible à préparer mes cours et à corriger mes copies (= parce que ça ne m'apporte pas grand-chose). Or, quand je me suis lancée là-dedans, c'était plutôt dans l'idée de retrouver de la motivation en consacrant une partie de mon temps à quelque chose qui m'épanouisse. Je me dis que je me suis peut-être grandement fourvoyée.
En latin, j'ai des élèves qui travaillent (globalement) plus. Je suis un peu plus satisfaite, mais du coup ma frustration tient cette fois-ci à la réduction horaire, qui m'empêche d'avancer aussi vite que les années précédentes (forcément, avec une heure en moins...)
- gauvain31Empereur
Il ne faut pas t'en faire Marjorie. Les classes sont tellement différentes. Il y a un contexte de classe, mais aussi un contexte d'établissement voire un contexte familial ou même régional qui peuvent influer sur les capacités de travail de nos choupinous. Il faut absolument relativiser. Je suis passé en l'espace d'un an dans deux établissements fort différents: de classes bosseuses, intéressées , je suis passé à des classes qui n'en n'ont rien à foutre et qui ne travaillent absolument pas . C'est leur problème, pas le nôtre. Je n'ai aucune mansuétude cette année, j'ai deux classes de secondes dignes de REP parisienne. 1h30 par semaine, pas d'AP , pas de MPS rien. Rien pour les raccrocher. Que l'EN assume ses réformes de m... On fait passer tous les élèves, même ceux qui ne bossent pas en classe supérieure: pourquoi travailler dans ces conditions?
Je comprends tes frustrations car je les vis aussi.... mais il y a des choses qui dépendent de toi.... et des choses qui ne dépendent pas de toi. Tu as raison de reprendre des cours à la fac (c'est ce que je fais aussi), sinon, effectivement, notre intellect s'affaiblit, ce qui n'est pas acceptable pour le métier que nous faisons.
Allez courage
Je comprends tes frustrations car je les vis aussi.... mais il y a des choses qui dépendent de toi.... et des choses qui ne dépendent pas de toi. Tu as raison de reprendre des cours à la fac (c'est ce que je fais aussi), sinon, effectivement, notre intellect s'affaiblit, ce qui n'est pas acceptable pour le métier que nous faisons.
Allez courage
- sifiÉrudit
Je comprends très bien ce que tu ressens... Personnellement j'ai trouvé une solution: me lancer dans l'agreg. Comme ça, j'ai de nouveau l'impression d'avoir un cerveau, et ce sentiment de ressasser toujours les mêmes choses à des gens qui n'ont même pas le minimum de curiosité intellectuelle s'estompe un peu...
J'essaie de faire des choses pour moi...
J'essaie de faire des choses pour moi...
- marjoDoyen
sifi a écrit:Je comprends très bien ce que tu ressens... Personnellement j'ai trouvé une solution: me lancer dans l'agreg. Comme ça, j'ai de nouveau l'impression d'avoir un cerveau, et ce sentiment de ressasser toujours les mêmes choses à des gens qui n'ont même pas le minimum de curiosité intellectuelle s'estompe un peu...
J'essaie de faire des choses pour moi...
C'est ce que je fais aussi en apprenant l'arabe de façon soutenue, mais comme je le disais dans mon message précédent, j'ai le sentiment que c'est plus une fuite qu'autre chose (même si cette langue me plait et m'intéresse vraiment).
- titeprofExpert
J'aurais pu écrire mot pour mot ton premier message. Je n'ai plus envie, je vois ce job comme alimentaire et rien de plus. Je refuse peu à peu tout en bloc : je ne suis pas PP, je ne suis d'aucun conseil je-ne-sais-quoi, et l'an prochain je refuse toutes les heures supp et les stagiaires qu'on m’envoie par paquets de 7 cette année. A coté, je me suis remise à potasser l'ECN, comme ça, juste pour moi, et c'est fou le bien que ça fait. Je ne crois pas que cela soit anormal d'ailleurs : un employé de banque ou une hôtesse de caisse ne se rendent pas malade pour leur travail. Ce n'est qu'un travail, on a tendance à l'oublier. Le seul "avantage" de cette réforme a été cette piqûre de rappel en fait.
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[center]Je suis comme le ciel, rien ne s'accroche à moi (mantra)
- stenchMonarque
C'est mon constat avec les BTS aussi : de grands niais, sans volonté, sans curiosité, sans culture, lourds, paresseux et beaufs. J'en ai vraiment marre de perdre mon temps à leur faire cours, certains en fin de seconde année ne savent toujours pas ce qu'est une synthèse alors qu'on a vu la méthode au moins 8 fois.
Franchement, étudiant, je lavais les chiottes sur l'autoroute pour gagner de l'argent et avec le recul, c'était plus valorisant : j'avais les mains dans la merde mais je voyais un résultat, c'était propre après. Avec mes élèves ce n'est pas le cas, je lis leurs merdes mais ça ne change rien, devoir après devoir, ça reste de la merde, pas par manque de capacités, uniquement par paresse et parce qu'ils croient que tout leur est offert.
Franchement, étudiant, je lavais les chiottes sur l'autoroute pour gagner de l'argent et avec le recul, c'était plus valorisant : j'avais les mains dans la merde mais je voyais un résultat, c'était propre après. Avec mes élèves ce n'est pas le cas, je lis leurs merdes mais ça ne change rien, devoir après devoir, ça reste de la merde, pas par manque de capacités, uniquement par paresse et parce qu'ils croient que tout leur est offert.
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"Nous ne défendons pas la nature, nous sommes la nature qui se défend." Yannis Youlountas
"Ils veulent dessiner l'apartheid, on dessinera le maquis."
- roxanneOracle
Si, bien-sûr. Le monde du travail est de plus en plus anxiogène pour tout le monde.titeprof a écrit:J'aurais pu écrire mot pour mot ton premier message. Je n'ai plus envie, je vois ce job comme alimentaire et rien de plus. Je refuse peu à peu tout en bloc : je ne suis pas PP, je ne suis d'aucun conseil je-ne-sais-quoi, et l'an prochain je refuse toutes les heures supp et les stagiaires qu'on m’envoie par paquets de 7 cette année. A coté, je me suis remise à potasser l'ECN, comme ça, juste pour moi, et c'est fou le bien que ça fait. Je ne crois pas que cela soit anormal d'ailleurs : un employé de banque ou une hôtesse de caisse ne se rendent pas malade pour leur travail. Ce n'est qu'un travail, on a tendance à l'oublier. Le seul "avantage" de cette réforme a été cette piqûre de rappel en fait.
- marjoDoyen
stench a écrit:C'est mon constat avec les BTS aussi : de grands niais, sans volonté, sans curiosité, sans culture, lourds, paresseux et beaufs. J'en ai vraiment marre de perdre mon temps à leur faire cours, certains en fin de seconde année ne savent toujours pas ce qu'est une synthèse alors qu'on a vu la méthode au moins 8 fois.
Franchement, étudiant, je lavais les chiottes sur l'autoroute pour gagner de l'argent et avec le recul, c'était plus valorisant : j'avais les mains dans la merde mais je voyais un résultat, c'était propre après. Avec mes élèves ce n'est pas le cas, je lis leurs merdes mais ça ne change rien, devoir après devoir, ça reste de la merde, pas par manque de capacités, uniquement par paresse et parce qu'ils croient que tout leur est offert.
Ma collègue de français m'a dit à peu près la même chose hier : que si elle faisait un travail manuel, elle verrait au moins le résultat tout de suite.
Mon problème actuel, c'est que je ne sais plus si j'assume très bien le fait de m'en foutre. Je vois des collègues se démener pour essayer de mettre les gamins au boulot, j'en entends dire qu'ils ramassent les cahiers pour les noter et vérifier que tous les cours sont pris, qu'ils ramassent des activités au hasard pour forcer les gamins à travailler... Et moi je ne veux pas le faire parce que je ne veux pas consacrer plus de temps que je ne le fais actuellement à mon travail, qui m'ennuie. Sauf que j'ai un peu honte de penser ça...
- CarmenLRNeoprof expérimenté
@marjolie.june
Peut-être peux-tu chercher à approfondir ce que tu souhaites ?
Actuellement, tu as :
- une vie affective qui te comble
- une vie intellectuelle en dehors du travail qui te comble également
- un travail dont tu aimes globalement les missions et dont tu t'acquittes honnêtement, mais sans plaisir, qui est supportable et t'ennuie (si je comprends bien)
- la possibilité de réduire le temps et la part psychique prise par ce travail pour te permettre de tirer le meilleur des deux premiers points
Y a-t-il des possibilités d'amélioration à court terme ?
- un changement de public (collège avec un public différent, lycée voire enseignement supérieur) améliorerait-il ton épanouissement ? Cela impliquerait une augmentation importante du temps consacré aux corrections, préparations, bref, une modification de l'équilibre construit aujourd'hui.
Y es-tu prête ?
Quel serait le meilleur équilibre pour toi ?
Comme le souligne Roxane, le monde du travail dans son ensemble est aujourd'hui dans une grande souffrance, y compris les métiers manuels.
L'aspiration à un épanouissement intellectuel au sein du métier exercé concerne également un grand nombre de personnes et s'étend bien au-delà du monde enseignant. Beaucoup de gens (y compris des intellectuels) sont sous-employés dans des "bullshit jobs" et en s'en plaignent (à juste titre) abondamment.
Heureusement pour eux, il y a, s'ils le souhaitent et s'ils le peuvent (temps, santé), le ciné, le théâtre, les cours de dessin, et mille et une passions auxquelles s'adonner... On en croise pas mal, quand même...
Bref, Marjolie, des changements (réalisables, s'entend ! ) sont-ils susceptibles d'améliorer de manière notable ta vie actuelle ?
Si oui, fonce. Sinon, goûte les joies de ton équilibre actuel sans honte ni culpabilité.
Je te souhaite un beau cheminement et de beaux voyages dans ta pratique de l'arabe.
Peut-être peux-tu chercher à approfondir ce que tu souhaites ?
Actuellement, tu as :
- une vie affective qui te comble
- une vie intellectuelle en dehors du travail qui te comble également
- un travail dont tu aimes globalement les missions et dont tu t'acquittes honnêtement, mais sans plaisir, qui est supportable et t'ennuie (si je comprends bien)
- la possibilité de réduire le temps et la part psychique prise par ce travail pour te permettre de tirer le meilleur des deux premiers points
Y a-t-il des possibilités d'amélioration à court terme ?
- un changement de public (collège avec un public différent, lycée voire enseignement supérieur) améliorerait-il ton épanouissement ? Cela impliquerait une augmentation importante du temps consacré aux corrections, préparations, bref, une modification de l'équilibre construit aujourd'hui.
Y es-tu prête ?
Quel serait le meilleur équilibre pour toi ?
Comme le souligne Roxane, le monde du travail dans son ensemble est aujourd'hui dans une grande souffrance, y compris les métiers manuels.
L'aspiration à un épanouissement intellectuel au sein du métier exercé concerne également un grand nombre de personnes et s'étend bien au-delà du monde enseignant. Beaucoup de gens (y compris des intellectuels) sont sous-employés dans des "bullshit jobs" et en s'en plaignent (à juste titre) abondamment.
Heureusement pour eux, il y a, s'ils le souhaitent et s'ils le peuvent (temps, santé), le ciné, le théâtre, les cours de dessin, et mille et une passions auxquelles s'adonner... On en croise pas mal, quand même...
Bref, Marjolie, des changements (réalisables, s'entend ! ) sont-ils susceptibles d'améliorer de manière notable ta vie actuelle ?
Si oui, fonce. Sinon, goûte les joies de ton équilibre actuel sans honte ni culpabilité.
Je te souhaite un beau cheminement et de beaux voyages dans ta pratique de l'arabe.
- LefterisEsprit sacré
Certains pourraient être mes disciples :lol: . Quand le métier n'a plus aucun sens , il faut le prendre comme alimentaire, et profiter de la vie à côté. Et pour ce faire, prendre le plus de recul, se "désinvestir" comme on dit, afin de ne pas se faire voler son temps, donc sa vie, et garder du temps pur faire des choses intéressantes.
Jusqu'à la réforme, je ne dirai pas que j'étais passionné, ce serait mentir, mais au moins l'activité professionnelle même modeste m'encourageait à me plonger dans les langues anciennes, à brasser beaucoup de connaissances, de textes même pour n'en enseigner qu'une infinitésimale. Là, le fait de m'être fait piétiner, cracher dessus, insulter comme tant d'autres par le biais de cette réforme m'a mis en service minimum, me fait mépriser totalement l'institution, dont je suis persuadé qu'elle ne se relèvera plus. Des cours du meilleur contenu disciplinaire possible, par principe et parce que certains élèves le méritent, et parce que c'est un acte de résistance face au pédagogisme, mais rien en dehors, pas d'extra-pro, de projets, de sorties, d'EPI bien entendu . Une sorte de grève illimitée... Et je m'aperçois que je ne suis pas le seul , pas mal de collègues ne disent rien mais esquivent, contournent, essayent de se préserver, se mettent au ralenti.
Jusqu'à la réforme, je ne dirai pas que j'étais passionné, ce serait mentir, mais au moins l'activité professionnelle même modeste m'encourageait à me plonger dans les langues anciennes, à brasser beaucoup de connaissances, de textes même pour n'en enseigner qu'une infinitésimale. Là, le fait de m'être fait piétiner, cracher dessus, insulter comme tant d'autres par le biais de cette réforme m'a mis en service minimum, me fait mépriser totalement l'institution, dont je suis persuadé qu'elle ne se relèvera plus. Des cours du meilleur contenu disciplinaire possible, par principe et parce que certains élèves le méritent, et parce que c'est un acte de résistance face au pédagogisme, mais rien en dehors, pas d'extra-pro, de projets, de sorties, d'EPI bien entendu . Une sorte de grève illimitée... Et je m'aperçois que je ne suis pas le seul , pas mal de collègues ne disent rien mais esquivent, contournent, essayent de se préserver, se mettent au ralenti.
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"La réforme [...] c'est un ensemble de décrets qui s'emboîtent les uns dans les autres, qui ne prennent leur sens que quand on les voit tous ensemble"(F. Robine , expliquant sans fard la stratégie du puzzle)
Gallica Musa mihi est, fateor, quod nupta marito. Pro domina colitur Musa latina mihi.
Δεν ελπίζω τίποτα, δεν φοβούμαι τίποτα, είμαι λεύτερος (Kazantzakis).
- marjoDoyen
gauvain31 a écrit:Il n'y a aucune honte à se préserver
Je crois que c'est exactement ce que j'avais besoin d'entendre
Carmen, tu as parfaitement analysé la situation ! Tout est effectivement une question d'équilibre. Je crois que ce dont j'aurais besoin, ce n'est pas de passer davantage de temps à préparer des cours ou corriger des copies (même si je dis que je m'ennuie tout particulièrement cette année, je fais tout de même mon travail avec honnêteté et conscience !), mais simplement de voir que les élèves font des efforts. C'est ça qui me mine en réalité : donner une activité soigneusement préparée, demander aux élèves de travailler en autonomie ou d'apprendre une leçon et voir qu'ils ne font rien... Mais je pense que nous sommes nombreux dans cette situation et que malheureusement, je rêve un peu en demandant à avoir des élèves qui travaillent (je n'ai pas dit de "bons" élèves, mais des élèves qui travaillent).
- marjoDoyen
Lefteris a écrit:Certains pourraient être mes disciples :lol: . Quand le métier n'a plus aucun sens , il faut le prendre comme alimentaire, et profiter de la vie à côté. Et pour ce faire, prendre le plus de recul, se "désinvestir" comme on dit, afin de ne pas se faire voler son temps, donc sa vie, et garder du temps pur faire des choses intéressantes.
Jusqu'à la réforme, je ne dirai pas que j'étais passionné, ce serait mentir, mais au moins l'activité professionnelle même modeste m'encourageait à me plonger dans les langues anciennes, à brasser beaucoup de connaissances, de textes même pour n'en enseigner qu'une infinitésimale. Là, le fait de m'être fait piétiner, cracher dessus, insulter comme tant d'autres par le biais de cette réforme m'a mis en service minimum, me fait mépriser totalement l'institution, dont je suis persuadé qu'elle ne se relèvera plus. Des cours du meilleur contenu disciplinaire possible, par principe et parce que certains élèves le méritent, et parce que c'est un acte de résistance face au pédagogisme, mais rien en dehors, pas d'extra-pro, de projets, de sorties, d'EPI bien entendu . Une sorte de grève illimitée... Et je m'aperçois que je ne suis pas le seul , pas mal de collègues ne disent rien mais esquivent, contournent, essayent de se préserver, se mettent au ralenti.
Je suis aussi en lettres classiques et c'est clair qu'on a bien morflé... Les seuls élèves que j'ai et qui travaillent sont ceux que j'ai en langues anciennes. En 4e et en 3e, l'horaire reste "correct" et on arrive à avancer, mais en 5e en latin et en grec en 3e, avec seulement une heure, on n'avance pas, on ne fait rien de bien, c'est nul...
- AsarteLilithBon génie
+ 1 : en prime, dans bahut 2, j'ai dû faire le recrutement. J'ai donc 1 mois dans la vue, quand dans bahut 1, mon seul élève de 5e est au milieu du chapitre II.
Une collègue LM, qui a vu un reportage ou une interview tv ou radio sur les démissions dans l'EN, avait relevé une interview d'enseignante, agrégée, qui se plaignait de ne pas trouver l'épanouissement intellectuel dans son métier. Collègue avait parlé de cette interview, en disant que si elle cherchait ça dans notre métier, c'était qu'elle s'était trompée de voie. Et d'une certaine manière, c'est vrai : j'ai beaucoup perdu depuis la fac et parfois, j'ai l'impression de ne rien savoir. C'est en me remettant à la lecture pour un défi neo (une classe me vidait totalement de mon énergie et de ma motivation) que a'i retrouvé un peu de temps pour mon cerveau.
Une collègue LM, qui a vu un reportage ou une interview tv ou radio sur les démissions dans l'EN, avait relevé une interview d'enseignante, agrégée, qui se plaignait de ne pas trouver l'épanouissement intellectuel dans son métier. Collègue avait parlé de cette interview, en disant que si elle cherchait ça dans notre métier, c'était qu'elle s'était trompée de voie. Et d'une certaine manière, c'est vrai : j'ai beaucoup perdu depuis la fac et parfois, j'ai l'impression de ne rien savoir. C'est en me remettant à la lecture pour un défi neo (une classe me vidait totalement de mon énergie et de ma motivation) que a'i retrouvé un peu de temps pour mon cerveau.
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Chuis comme les plantes sans eau : sans grec ni latin, j'me dessèche.
ON DIT CHOCOLATINE, PHILISTINS !
- Li-LiNeoprof expérimenté
Je n'ai pas encore repris car dans les îles mais je suis déjà dans cet état d'esprit.
Beaucoup de changement dans ma vie fin 2016, et une simple envie ne pas passer à côté de quelque chose ou me priver de quelque chose pour ce travail!!!
Bon courage à tous.
Je me dis qu'il est peut être temps d'aller voir ailleurs et pourtant dieu sait que j'adore enseigner mais il auront eu raison de mon investissement.
Beaucoup de changement dans ma vie fin 2016, et une simple envie ne pas passer à côté de quelque chose ou me priver de quelque chose pour ce travail!!!
Bon courage à tous.
Je me dis qu'il est peut être temps d'aller voir ailleurs et pourtant dieu sait que j'adore enseigner mais il auront eu raison de mon investissement.
- AsarteLilithBon génie
Pour l'instant, je ne me vois pas quitter ce métier : j'y tiens encore et j'ai encore de la satisfaction. J'ai accepté un csd pour du latin dans bahut 2 : je n'ai que des latinistes, sympas, qui n'ont pas eu de prof LC avant. Ils se disent souvent qu'ils ne vont pas y arriver, avant la leçon, je prends parfois beaucoup de temps pour expliquer, mais à la fin, ils comprennent et avancent un peu. Dans bahut 1; latin, ils semblent motivés et ils me connaissent déjà : j'ai retrouvé un peu de ma motivation, perdue avec la réforme l'an dernier et le fait que 21h, dont des classes de 3e peu bosseurs, me minait.
Je ne suis pas vraiment dans un EPI (celui de 5e de bahut ... je m'occupe de mes latinistes ( donc déjà, ils sont hors-cadre) et si je fais si je peux... c'est un truc français/espagnol.... donc honnêtement, si je peux pas : tant pis), je fais un projet d'AP avec ma collègue de 6e de bahut 1 et même si je sais pas sur quoi ça va déboucher exactement (production d'un projet par les élèves pour un concours), j'apprécie de le faire avec elle.
La chose qui me fait râler le plus : je ne suis qu'à la moitié du chapitre II en français. Le programme, si on veut faire sérieusement, est trop lourd. Donc, je stresse. J'essaye de faire quelque chose de bien, mais j'ai peur de mal faire. idem en LC, car je trouve que je ne suis pas un bon prof.
Je ne suis pas vraiment dans un EPI (celui de 5e de bahut ... je m'occupe de mes latinistes ( donc déjà, ils sont hors-cadre) et si je fais si je peux... c'est un truc français/espagnol.... donc honnêtement, si je peux pas : tant pis), je fais un projet d'AP avec ma collègue de 6e de bahut 1 et même si je sais pas sur quoi ça va déboucher exactement (production d'un projet par les élèves pour un concours), j'apprécie de le faire avec elle.
La chose qui me fait râler le plus : je ne suis qu'à la moitié du chapitre II en français. Le programme, si on veut faire sérieusement, est trop lourd. Donc, je stresse. J'essaye de faire quelque chose de bien, mais j'ai peur de mal faire. idem en LC, car je trouve que je ne suis pas un bon prof.
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Chuis comme les plantes sans eau : sans grec ni latin, j'me dessèche.
ON DIT CHOCOLATINE, PHILISTINS !
- gauvain31Empereur
marjolie.june a écrit:gauvain31 a écrit:Il n'y a aucune honte à se préserver
Je crois que c'est exactement ce que j'avais besoin d'entendre
Carmen, tu as parfaitement analysé la situation ! Tout est effectivement une question d'équilibre. Je crois que ce dont j'aurais besoin, ce n'est pas de passer davantage de temps à préparer des cours ou corriger des copies (même si je dis que je m'ennuie tout particulièrement cette année, je fais tout de même mon travail avec honnêteté et conscience !), mais simplement de voir que les élèves font des efforts. C'est ça qui me mine en réalité : donner une activité soigneusement préparée, demander aux élèves de travailler en autonomie ou d'apprendre une leçon et voir qu'ils ne font rien... Mais je pense que nous sommes nombreux dans cette situation et que malheureusement, je rêve un peu en demandant à avoir des élèves qui travaillent (je n'ai pas dit de "bons" élèves, mais des élèves qui travaillent).
Je te comprends d'autant plus que ma matière a sacrément morflé au cours de la réforme de 2010 de Chatel. Nous étions même absents au niveau Seconde dans la première mouture. C'est l'académie des Sciences qui nous a sauvé. Depuis, j'ai cette colère qui n'a jamais disparu. Je me réfugie dans le mépris et j'ai repris des cours de Géologie à la faculté (j'espère avoir 2 ans de congé-formation pour faire un master prochainement). Je vois surtout en tant que TZR les écarts de traitement des SVT en fonction des lycées, choses qui n'existait pas avant 2010. Et c'est ce qui arrive en ce moment avec la réforme du collège.Vos commentaires(manque de sens , manque de temps, manque de cohérence) hélas ne m'étonnent pas du tout. Je suis dans le même état d'esprit que Lefteris;on me méprise,on méprise ma matière, je réponds par le mépris en gardant mes exigences comme avant la réforme, en refusant de faire des cours zapping comme on nous le demande, et en ne respectant pas l'esprit de l'AP quand j'ai la chance d'avoir de l'AP avec mes élèves en seconde. Un de mes collègues-formateur à l'ESPE qui fait la même analyse que moi fait la même chose.
C'est une forme de résistance passive, Abaisser mes exigences reviendrait à donner raison aux c.... de la rue de Grenelle qui ont conçu la réforme du lycée dans un souci budgétaire. Au moins, ça donne au moins un sens à mon métier, ou du moins à a démarche
- CherteaNiveau 9
marjolie.june a écrit:Je ne sais pas ce que j'ai cette semaine, mais j'en ai déjà marre des élèves et des cours... Je travaille dans un collège REP,
Voilà où se trouve le problème... Je ne sais pas combien tu as de points, mais ll faut que tu essayes de changer d'établissement le plus vite possible.
- marjoDoyen
Chertea a écrit:marjolie.june a écrit:Je ne sais pas ce que j'ai cette semaine, mais j'en ai déjà marre des élèves et des cours... Je travaille dans un collège REP,
Voilà où se trouve le problème... Je ne sais pas combien tu as de points, mais ll faut que tu essayes de changer d'établissement le plus vite possible.
Je n'ai pas assez de points pour obtenir un établissement significativement meilleur, et comme je le disais dans tout mon premier message, j'envisage de demander à changer d'académie l'année prochaine pour me rapprocher de mon copain. Avec 107 points (ou 197 sur les voeux lycée), dans l'académie de Versailles, je ne sais pas trop ce que je peux espérer (sachant que je voudrais - comme beaucoup de gens - avoir une affectation dans le 92 ou dans le 78 mais en bordure du 92).
- 288Niveau 10
Attends un peu d'avoir plus de points (le forfait de 5 ou 8 ans de rep me semble-t-il).marjolie.june a écrit: Avec 107 points (ou 197 sur les voeux lycée), dans l'académie de Versailles, je ne sais pas trop ce que je peux espérer (sachant que je voudrais - comme beaucoup de gens - avoir une affectation dans le 92 ou dans le 78 mais en bordure du 92).
Voici à titre indicatif les barres du précédent mouvement à Versailles : http://www.ac-versailles.fr/public/upload/docs/application/pdf/2016-02/mvn_intra_-_barres_dentree_2015_au_2015_10_16_certifies_agreges_eps.pdf
- marjoDoyen
288 a écrit:Attends un peu d'avoir plus de points (le forfait de 5 ou 8 ans de rep me semble-t-il).marjolie.june a écrit: Avec 107 points (ou 197 sur les voeux lycée), dans l'académie de Versailles, je ne sais pas trop ce que je peux espérer (sachant que je voudrais - comme beaucoup de gens - avoir une affectation dans le 92 ou dans le 78 mais en bordure du 92).
Voici à titre indicatif les barres du précédent mouvement à Versailles : http://www.ac-versailles.fr/public/upload/docs/application/pdf/2016-02/mvn_intra_-_barres_dentree_2015_au_2015_10_16_certifies_agreges_eps.pdf
Cool, je pourrai avoir un lycée aux Mureaux ou à Mantes-la-jolie, le rêve
Merci pour le document. Je l'ai consulté récemment en faisant des recherches.
- Dr RaynalHabitué du forum
J'aurais pu écrire chacun des mots de mon collègue Gauvin 31.
Notre métier n'est plus, depuis longtemps, épanouissant intellectuellement. Je choque es collègues lorsque je leur dit que pendant les périodes de cour, j'ai la tête en vacance, et que je "travaille" vraiment pendant ces dernières. C'est pourtant vrai.
Si l'on n'y prend garde, en quelques années, nous avons le niveau de notre meilleur élève.
Pour moi, la validation d'une trentaine de MOOCs (du temps où les certificats étaient gratuits), les traductions et surtout l'écriture de manuels scolaires, universitaires et autres me permettent d'entretenir et perfectionner (si l'on peut dire) la machine. Accessoirement, cela rejailli sur mes cours, qui sont peut être meilleurs. Chaque année, je "prépare" aussi (sans forcer) l'agreg interne, plus pour la joie de lire en profondeur les différentes éditions du "Raven"* que pour réellement l'avoir.
Dans l'enseignement, désormais, l'essentiel est ailleurs.
* "bible" de la biologie (un schisme l'opposant dans ce rôle de texte sacré aux adorateurs du "Campbell", autre texte sacré, les catéchumènes le complétant d'autres grimoires aux nom vénérables, comme le "Lewin" où le "Darnell"
Notre métier n'est plus, depuis longtemps, épanouissant intellectuellement. Je choque es collègues lorsque je leur dit que pendant les périodes de cour, j'ai la tête en vacance, et que je "travaille" vraiment pendant ces dernières. C'est pourtant vrai.
Si l'on n'y prend garde, en quelques années, nous avons le niveau de notre meilleur élève.
Pour moi, la validation d'une trentaine de MOOCs (du temps où les certificats étaient gratuits), les traductions et surtout l'écriture de manuels scolaires, universitaires et autres me permettent d'entretenir et perfectionner (si l'on peut dire) la machine. Accessoirement, cela rejailli sur mes cours, qui sont peut être meilleurs. Chaque année, je "prépare" aussi (sans forcer) l'agreg interne, plus pour la joie de lire en profondeur les différentes éditions du "Raven"* que pour réellement l'avoir.
Dans l'enseignement, désormais, l'essentiel est ailleurs.
* "bible" de la biologie (un schisme l'opposant dans ce rôle de texte sacré aux adorateurs du "Campbell", autre texte sacré, les catéchumènes le complétant d'autres grimoires aux nom vénérables, comme le "Lewin" où le "Darnell"
- lisette83Érudit
Encore que le lycée des Mureaux a plutôt bonne réputation mais ça ne vous rapproche pas de Paris !marjolie.june a écrit:288 a écrit:Attends un peu d'avoir plus de points (le forfait de 5 ou 8 ans de rep me semble-t-il).marjolie.june a écrit: Avec 107 points (ou 197 sur les voeux lycée), dans l'académie de Versailles, je ne sais pas trop ce que je peux espérer (sachant que je voudrais - comme beaucoup de gens - avoir une affectation dans le 92 ou dans le 78 mais en bordure du 92).
Voici à titre indicatif les barres du précédent mouvement à Versailles : http://www.ac-versailles.fr/public/upload/docs/application/pdf/2016-02/mvn_intra_-_barres_dentree_2015_au_2015_10_16_certifies_agreges_eps.pdf
Cool, je pourrai avoir un lycée aux Mureaux ou à Mantes-la-jolie, le rêve
Merci pour le document. Je l'ai consulté récemment en faisant des recherches.
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