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- Tem-toGrand sage
La question est dans le titre. Je trouve que la dévalorisation du bien parler prend de plus en plus d'ampleur.
La citation entre guillemets reprend, et cela m'a d'autant plus interpellé, les propos de mon fils actuellement en première S et qui a toujours été bon en français. Contrairement à ce qu'il affirme, je ne crois pas m'exprimer, oralement, dans un niveau de langage élevé mais courant. Beaucoup de nos élèves pensent certainement la même chose que mon fils sans oser forcément nous le dire et, à leurs yeux d'ados, il me semble que cela a la fâcheuse conséquence de nous dévaloriser.
Est-ce une simple posture de leur part ou pour eux la pédanterie peut commencer dès ce que nous, adultes prof de français, appelons langage courant ?
La citation entre guillemets reprend, et cela m'a d'autant plus interpellé, les propos de mon fils actuellement en première S et qui a toujours été bon en français. Contrairement à ce qu'il affirme, je ne crois pas m'exprimer, oralement, dans un niveau de langage élevé mais courant. Beaucoup de nos élèves pensent certainement la même chose que mon fils sans oser forcément nous le dire et, à leurs yeux d'ados, il me semble que cela a la fâcheuse conséquence de nous dévaloriser.
Est-ce une simple posture de leur part ou pour eux la pédanterie peut commencer dès ce que nous, adultes prof de français, appelons langage courant ?
- User17706Bon génie
Il me surprendrait qu'un langage châtié nous dévalorisât à leurs yeux, si peu naturel le jugeassent-ils.
- IphigénieProphète
C'était il y a déjà bien longtemps, un jour pourtant ordinaire, où l'un de mes BTS avait levé la main avec une fougue inhabituelle. Quand je lui ai donné la parole, croyant à une inspiration subite liée au texte que nous étudiions, je l'ai entendu dire, avec l'approbation enthousiaste de la classe: "Madame, pourquoi vous n'allez pas à la télé jouer à Pyramide avec tout le vocabulaire que vous avez?"
- AscagneGrand sage
Il y a bien des adolescents et de jeunes étudiants qui utilisent des insultes, françaises ou d'origine anglo-américaine, quasiment comme des points de ponctuation lorsqu'ils discutent entre eux ou sur le web (Twitter, notamment), ou bien les intègrent dans leur usage courant et sont déboussolés parfois en ce qui concerne les degrés de niveaux de langue en général. Les réseaux sociaux et Internet sont influents dans ce domaine comme dans d'autres.
- ErgoDevin
Oui, bon, pète un coup, PY.PauvreYorick a écrit:Il me surprendrait qu'un langage châtié nous dévalorisât à leurs yeux, si peu naturel le jugeassent-ils.
:dehors2:
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"You went to a long-dead octopus for advice, and you're going to blame *me* for your problems?" -- Once Upon a Time
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« Cède, cède, cède, je le veux ! » écrivait Ronin, le samouraï. (Si vous cherchez un stulo-plyme, de l'encre, récap de juillet 2024)
- meevadeborahNiveau 8
L'essentiel est (serait) qu'ils sachent s'adapter à l'endroit où ils se trouvent et aux personnes avec qui ils se trouvent. Dans ce cas, leur langage est (serait) plutôt une source de richesse comme l'ont été l'argot, le verlan, le louchabem et autres... Non ?
- JaneMonarque
Il y a, pfiou, une bonne quinzaine d'années, au moins; une élève de 3e, bien peu maligne, me regarde avec les yeux écarquillés, et me dit: "vous parlez bien madame, mais je comprends pas ce que vous disez"...
Sérieusement, quand certains gamins ne comprennent pas des mots courants comme "avare", "amoindrie" ou "incertitude", il convient de se poser des questions.
Néanmoins, je ne pense pas que cela nous dévalorise à leurs yeux; bien au contraire, ils sont plutôt admiratifs du fait qu'on soit en mesure de leur donner, pouf, juste comme ça, 3 ou 4 synonymes d'un mot dont ils ne connaissaient pas l'existence quelques instants plus tôt. Et si en plus on les écrit au tableau... :lol:
Sérieusement, quand certains gamins ne comprennent pas des mots courants comme "avare", "amoindrie" ou "incertitude", il convient de se poser des questions.
Néanmoins, je ne pense pas que cela nous dévalorise à leurs yeux; bien au contraire, ils sont plutôt admiratifs du fait qu'on soit en mesure de leur donner, pouf, juste comme ça, 3 ou 4 synonymes d'un mot dont ils ne connaissaient pas l'existence quelques instants plus tôt. Et si en plus on les écrit au tableau... :lol:
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"Il n'est pas une vérité qui ne porte avec elle son amertume." (A. Camus)
- IlonaHabitué du forum
Petitfils ,la semaine dernière,j'ai eu une remarque semblable de la part d'un élève de troisième concernant ma façon de parler.
Je me souviens aussi que l'an dernier,on m'a dit que "je parlais comme dans l'ancien temps".
Je crains fort que vous ayez raison en affirmant que beaucoup pensent tout bas ce que votre fils vous a confié.
Comment être surpris,leur cerveau rendu passif et fainéant par le flot ininterrompu d'images cherche constamment une manière d'échapper aux tâches nécessitant de l'attention.
C'est ainsi qu'ils ne lisent plus et développent une profonde aversion pour l'écrit (cela nécessite trop d'efforts à leur cerveau atrophié),d'où la pauvreté de leur vocabulaire,leur difficulté à comprendre des énoncés écrits dans un langage courant et à construire des phrases ayant un sens.
Je me souviens aussi que l'an dernier,on m'a dit que "je parlais comme dans l'ancien temps".
Je crains fort que vous ayez raison en affirmant que beaucoup pensent tout bas ce que votre fils vous a confié.
Comment être surpris,leur cerveau rendu passif et fainéant par le flot ininterrompu d'images cherche constamment une manière d'échapper aux tâches nécessitant de l'attention.
C'est ainsi qu'ils ne lisent plus et développent une profonde aversion pour l'écrit (cela nécessite trop d'efforts à leur cerveau atrophié),d'où la pauvreté de leur vocabulaire,leur difficulté à comprendre des énoncés écrits dans un langage courant et à construire des phrases ayant un sens.
- Tem-toGrand sage
Merci à tous pour vos réactions.
Je note que les néoprofs qui se sont mouillés parlent plutôt de posture d'élèves et non de véritable dévalorisation de ceux qui s'adressent à eux en réussissant à s'empêcher de péter (quel effort ! - sic).
Je note que les néoprofs qui se sont mouillés parlent plutôt de posture d'élèves et non de véritable dévalorisation de ceux qui s'adressent à eux en réussissant à s'empêcher de péter (quel effort ! - sic).
- User17706Bon génie
À mon humble avis, la réponse la plus aquéquate consisterait à flatuler outrancièrement sans se départir de sa parlure.
- auléricNeoprof expérimenté
Ilona a écrit:
Je me souviens aussi que l'an dernier,on m'a dit que "je parlais comme dans l'ancien temps".
ce à quoi j'aime bien leur répondre qu'eux encore plus en parlant de "daron/daronne"
- Ignatius ReillyFidèle du forum
meevadeborah a écrit:L'essentiel est (serait) qu'ils sachent s'adapter à l'endroit où ils se trouvent et aux personnes avec qui ils se trouvent. Dans ce cas, leur langage est (serait) plutôt une source de richesse comme l'ont été l'argot, le verlan, le louchabem et autres... Non ?
Je suis d'accord, il s'agit bien de cela, adapter son vocabulaire. Je ne parle pas à mes parents comme je parle à mes potes, je ne parle pas à mes élèves comme je parle à leurs parents. L'argot existait bien avant les zéros sociaux. Après, le langage qui était un marqueur social est- il devenu en plus un marqueur générationnel, je pense que oui.
Mon grand père paternel savait quand et avec qui il pouvait parler patois. Mais il allait à la messe, ôtait son béret devant M. Le maire et avait les cheveux courts, lui.
- InvitéInvité
On m'a dit à plusieurs reprises que je parlais "comme au Moyen-Âge". On m'a aussi demandé si je parlais "comme ça avec [mes] amis". Je précise que lors de ces remarques, je parlais de manière tout à fait courante.Ilona a écrit:
Je me souviens aussi que l'an dernier,on m'a dit que "je parlais comme dans l'ancien temps".
- DimkaVénérable
Salut,
Ce n’est pas nouveau, non ? Les adolescents considèrent toujours les adultes, et a fortiori leurs parents ou enseignants, comme de vieux poussiéreux de l’époque classique. ’fin, moi en tous cas, j’étais comme ça. C’est à moitié de la provoc’, à moitié une façon de s’affirmer, de grandir.
Je ne vois pas en quoi ça pose problème : tu leur proposes un modèle, ils savent que ça existe, ils l’apprennent en partie à leur insu à force de l’entendre, tu tentes de les contraindre à s’y plier quand ils sont dans une posture d’élèves, ils en pensent tout le mal qu’ils veulent, et quand ils auront vingt ans, ils seront bien contents d’avoir plusieurs registres de langage à leur disposition.
Ça me semble une posture nettement plus saine, respectable et professionnelle de faire comme ça, que de se la jouer cool en singeant leur façon de parler, avec eux, juste parce qu’on aurait peur d’avoir l’air pédant à leurs yeux.
Ce n’est pas nouveau, non ? Les adolescents considèrent toujours les adultes, et a fortiori leurs parents ou enseignants, comme de vieux poussiéreux de l’époque classique. ’fin, moi en tous cas, j’étais comme ça. C’est à moitié de la provoc’, à moitié une façon de s’affirmer, de grandir.
Je ne vois pas en quoi ça pose problème : tu leur proposes un modèle, ils savent que ça existe, ils l’apprennent en partie à leur insu à force de l’entendre, tu tentes de les contraindre à s’y plier quand ils sont dans une posture d’élèves, ils en pensent tout le mal qu’ils veulent, et quand ils auront vingt ans, ils seront bien contents d’avoir plusieurs registres de langage à leur disposition.
Ça me semble une posture nettement plus saine, respectable et professionnelle de faire comme ça, que de se la jouer cool en singeant leur façon de parler, avec eux, juste parce qu’on aurait peur d’avoir l’air pédant à leurs yeux.
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- Spoiler:
- User17706Bon génie
En outre, quand on veut faire jeune sans l'être, on s'expose à des déconvenues.
- InvitéInvité
Oui, les élèves en général ont beaucoup de mal à comprendre qu'il faille adapter son langage à son interlocuteur. Et ils confondent allègrement tous les niveaux de langue, c'en est presque consternant.Ignatius Reilly a écrit:meevadeborah a écrit:L'essentiel est (serait) qu'ils sachent s'adapter à l'endroit où ils se trouvent et aux personnes avec qui ils se trouvent. Dans ce cas, leur langage est (serait) plutôt une source de richesse comme l'ont été l'argot, le verlan, le louchabem et autres... Non ?
Je suis d'accord, il s'agit bien de cela, adapter son vocabulaire. Je ne parle pas à mes parents comme je parle à mes potes, je ne parle pas à mes élèves comme je parle à leurs parents. L'argot existait bien avant les zéros sociaux. Après, le langage qui était un marqueur social est- il devenu en plus un marqueur générationnel, je pense que oui.
- roxanneOracle
Anecdote cette semaine en STMG. Un élève au milieu d'une phrase emploie le mot "vénile". Je le reprends, et lui tout frétillant "Mais vous ne savez pas ce que ça veut dire!!" (sous-entendu "vous êtes prof de français et vous ne connaissez pas ce mot si connu!"" , le ton goguenard qui va avec). Je suggère "véniel , peut-être? " "Non, non vénile" (son sourire s'agrandit, les autres retiennent leurs souffles, je joue ma crédibilité pour l'année). Sans me démonter :"Et bien, écoute, effectivement, je ne connais, ça veut dire quoi?" et lui tout fier, limite condescendant :"Ben, vieux !" "Ah, tu veux dire Sénile? " (et j'insiste bien sur le S). Il rougit, :"Ah, oui, ça doit être ça en fait." Un bon camarade, ravi : "Ah ben, toute la semaine, il nous a sorti ce mot, en disant qu'on était des ignares , que lui était dans le privé avant, où on apprenait mieux, et qu'il connaît mieux le français que nous! Bien fait !" (le gamin est d'origine maghrébine).
- charlygpNiveau 9
Dans ma REP, une élève m'a dit, l'an passé, que je parlais "trop français".
J'utilise un langage courant et, dès que je le peux, soutenu. Mes consignes emploient des mots variés, parfois soutenus afin que les élèves aient un maximum de vocabulaire.
Pour remédier à cela, je fais des contrôles de vocabulaire chaque vendredi, je les fais beaucoup écrire avec les mots étudiés en contexte, et les reprends de manière systématique lorsqu'ils emploient un langage inapproprié.
J'utilise un langage courant et, dès que je le peux, soutenu. Mes consignes emploient des mots variés, parfois soutenus afin que les élèves aient un maximum de vocabulaire.
Pour remédier à cela, je fais des contrôles de vocabulaire chaque vendredi, je les fais beaucoup écrire avec les mots étudiés en contexte, et les reprends de manière systématique lorsqu'ils emploient un langage inapproprié.
- Ignatius ReillyFidèle du forum
Et tu fais bien !
- InvitéInvité
charlygp a écrit:Dans ma REP, une élève m'a dit, l'an passé, que je parlais "trop français".
J'utilise un langage courant et, dès que je le peux, soutenu. Mes consignes emploient des mots variés, parfois soutenus afin que les élèves aient un maximum de vocabulaire.
Pour remédier à cela, je fais des contrôles de vocabulaire chaque vendredi, je les fais beaucoup écrire avec les mots étudiés en contexte, et les reprends de manière systématique lorsqu'ils parlent dans un langage non approprié.
Je fais pareil et le ferai jusqu'à ma mort !
- RendashBon génie
charlygp a écrit:Dans ma REP, une élève m'a dit, l'an passé, que je parlais "trop français".
Un formateur m'a dit la même chose.
Il paraît qu' "approximatif", c'est pas cool sur des copie.
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"Ce serait un bien bel homme s’il n’était pas laid ; il est grand, bâti en Hercule, mais a un teint africain ; des yeux vifs, pleins d’esprit à la vérité, mais qui annoncent toujours la susceptibilité, l’inquiétude ou la rancune, lui donnent un peu l’air féroce, plus facile à être mis en colère qu’en gaieté. Il rit peu, mais il fait rire. [...] Il est sensible et reconnaissant ; mais pour peu qu’on lui déplaise, il est méchant, hargneux et détestable."
- User21929Expert
Moi : "Pourriez-vous, s'il vous plaît, baisser d'un ton vous seriez bien urbain, merci."
Brenda : "Hein, koi m'sieur !?"
Moi : "Ferme ta grande gamelle."
Brenda : "Aaaaah, OK !"
Brenda : "Hein, koi m'sieur !?"
Moi : "Ferme ta grande gamelle."
Brenda : "Aaaaah, OK !"
- gnafron2004Grand sage
Tiens, cette semaine j'ai appris à mes 5è ce qu'était un serre-joint et une pince à linge, qui s'étaient transformés en "le machin pour tenir des trucs" et "une épingle à linge". Alors, le niveau de langue...on se contentera de l'imprégnation. Mais effectivement, je fais attention à mon niveau de langue et j'emploie très consciemment un niveau très correct voire parfois soutenu en présence des élèves. Et je ne mets JAMAIS de baskets pour aller au travail. Et je ne montre pas mes tatouages. Je sais, c'est idiot, mais pour moi ça va avec le reste.
L'avantage, c'est que, quand vraiment on en peut plus, les mots gardent tout leur poids. J'ai dit m..." à une élève, elle a enfin fermé son clapet.
L'avantage, c'est que, quand vraiment on en peut plus, les mots gardent tout leur poids. J'ai dit m..." à une élève, elle a enfin fermé son clapet.
- ysabelDevin
Ce qui me désole c'est d'être obligée de plus en plus de passer par un langage familier pour expliquer des termes aux élèves car tout le reste leur est totalement inconnu ; c'est de définir des termes très courants qu'ils n'ont jamais entendus ; c'est qu'ils ne savent pas que le vocabulaire qu'ils utilisent est familier voire vulgaire.
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« vous qui entrez, laissez toute espérance ». Dante
« Il vaut mieux n’avoir rien promis que promettre sans accomplir » (L’Ecclésiaste)
- ForsterÉrudit
Je ne crois pas du tout que cela nous dévalorise, au contraire. Après, de plus en plus, je ne sais plus ce qui relève du langage courant des élèves. Mes secondes (section euro, bons élèves) ne connaissaient pas les mots 'typique' (!!), 'police d'écriture' et 'trapu' que j'avais mis dans un devoir pensant qu'ils étaient connus.
Les contrôles de vocabulaire en anglais sont souvent l'occasion de découvrir des mots français pour certains (top du mois en terminale: 'ostentatoire', 'nonobstant' et 'traquenard') et je n'ai pas l'intention d'arrêter d'en faire non plus. D'accord avec gnafron, les mots moins corrects prennent alors beaucoup de poids.
Par contre je viens avec mes tatouages et mes converses (mais je mets un noeud papillon, ça compense non?), désolé gnafron !
Les contrôles de vocabulaire en anglais sont souvent l'occasion de découvrir des mots français pour certains (top du mois en terminale: 'ostentatoire', 'nonobstant' et 'traquenard') et je n'ai pas l'intention d'arrêter d'en faire non plus. D'accord avec gnafron, les mots moins corrects prennent alors beaucoup de poids.
Par contre je viens avec mes tatouages et mes converses (mais je mets un noeud papillon, ça compense non?), désolé gnafron !
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- Que faire quand un élève a le niveau "début de CE2" en 4e?
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- 5eme : un élève violent donne un coup de poing dans la porte et me menace.
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