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- DanskaProphète
Osmie a écrit:Mentir aux élèves n'est pas leur rendre service, c'est au contraire leur faire un très sale coup. Le plus important, quand on récupère des élèves ayant été surnotés, est qu'ils comprennent que notre notation est conforme à leur niveau et qu'il est donc temps de se mettre au boulot ; cela peut donner un sacré coup de fouet à une classe, et je compte bien là-dessus pour ma classe de 5e. En attendant, il ne faut rien lâcher avec ces élèves, jamais.
+ 1 !
Sauf que certains élèves, au lieu d'admettre qu'il faut se mettre au travail, se braquent au contraire : ils ont toujours eu des bonnes notes jusque-là, il n'y a que cette année qu'il y a un problème, donc c'est la faute du prof qui note trop sévèrement. CQFD
- OsmieSage
A mes 5e de cette année qui s'étonnent de leur moyenne très basse, je montre les erreurs des copies, je note certaines de leurs phrases au tableau, et je demande s'ils pensent vraiment que cela vaut plus que ce que je leur mets, et si leur mettre plus ne serait pas se moquer d'eux. Ils ne manquent pas de lucidité, et reconnaissent généralement qu'en effet, quelque chose cloche dans leur travail (avec très vite l'accusation des collègues d'avant, classique). J'attends de voir la suite ; je remarque que certains bossent beaucoup plus sérieusement (bon, on passe du néant à quelque chose), et on verra à la longue ce que donnera la classe.
- Philomène87Grand sage
Jusqu'à il y a peu, j'étais contre la suppression des notes, mais petit à petit je me dis que le système de notation est malsain.
Une très bonne élève de la classe dont je suis PP m'a dit en HVC (malgré mon interdiction de ce type de sujet...) que Mme ProfDePhysique faisait des contrôles trop longs.
Moi: "faut gérer votre temps, ça fait partie des apprentissages".
Elle : "la prof nous a dit que c'était pour nous habituer à la 2nde, car ce sera beaucoup plus difficile et que donc c'est pour nous faire progresser".
Moi : "ben de quoi tu te plains, alors ?"
Elle : "ça fait baisser notre moyenne..."
Donc, les élèves préfèrent avoir de bonnes notes et rester ignorants, plutôt que l'inverse.
Autre exemple : ma collègue de latin a vu une mère d'élève qui lui a dit que si elle avait su, elle n'aurait pas laissé son fils faire du latin, car ça lui fait baisser sa moyenne.
Sans notes, il n'y aurait pas cet état d'esprit, et les élèves seraient sûrement davantage sensibles à leurs progrès qu'à leur chiffre qui, pensent-ils, définit leur valeur, ce qui est idiot.
Une très bonne élève de la classe dont je suis PP m'a dit en HVC (malgré mon interdiction de ce type de sujet...) que Mme ProfDePhysique faisait des contrôles trop longs.
Moi: "faut gérer votre temps, ça fait partie des apprentissages".
Elle : "la prof nous a dit que c'était pour nous habituer à la 2nde, car ce sera beaucoup plus difficile et que donc c'est pour nous faire progresser".
Moi : "ben de quoi tu te plains, alors ?"
Elle : "ça fait baisser notre moyenne..."
Donc, les élèves préfèrent avoir de bonnes notes et rester ignorants, plutôt que l'inverse.
Autre exemple : ma collègue de latin a vu une mère d'élève qui lui a dit que si elle avait su, elle n'aurait pas laissé son fils faire du latin, car ça lui fait baisser sa moyenne.
Sans notes, il n'y aurait pas cet état d'esprit, et les élèves seraient sûrement davantage sensibles à leurs progrès qu'à leur chiffre qui, pensent-ils, définit leur valeur, ce qui est idiot.
- OsmieSage
Sans notes et à 12 ans, comment situer la valeur de son travail ?
- NLM76Grand Maître
Pfff. Ce n'est pas parce qu'on fait un usage stupide des notes qu'il faut les supprimer.
Ce qu'il faut supprimer, c'est l'usage stupide des notes.
Puisque la plupart des élèves utilisent stupidement les mots, supprimons les mots !
Ce qu'il faut supprimer, c'est l'usage stupide des notes.
Puisque la plupart des élèves utilisent stupidement les mots, supprimons les mots !
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«Boas ne renonça jamais à la question-clé : quelle est, du point de vue de l'information, la différence entre les procédés grammaticaux observés ? Il n'entendait pas accepter une théorie non sémantique de la structure grammaticale et toute allusion défaitiste à la prétendue obscurité de la notion de sens lui paraissait elle-même obscure et dépourvue de sens.» [Roman Jakobson, Essais de linguistique générale, "La notion de signification grammaticale selon Boas" (1959)]
- ElyasEsprit sacré
Notes ou pas notes, tout système d'évaluation a ses limites. De même, chaque système peut être galvaudé par des usages et des idéologies.
Il existe des systèmes d'évaluation sans notes qui permettent à un élève de connaître son niveau.
Ce n'est pas le système d'évaluation qui est le problème, c'est son usage. Les évaluations notées (chiffrées car apparemment les évaluation notées avec des couleurs ne sont pas considérées comme des évaluations notées alors que elles en sont) ou non-notées peuvent être pertinentes comme ahurissantes.
Franchement, dire qu'il faut supprimer les notes car les notes sont mal utilisées, c'est une mauvaise idée (et c'est un professeur qui évalue sans notes qui l'affirme, c'est dire ).
Le problème est que l'institution perd le sens de l'évaluation.
Il existe des systèmes d'évaluation sans notes qui permettent à un élève de connaître son niveau.
Ce n'est pas le système d'évaluation qui est le problème, c'est son usage. Les évaluations notées (chiffrées car apparemment les évaluation notées avec des couleurs ne sont pas considérées comme des évaluations notées alors que elles en sont) ou non-notées peuvent être pertinentes comme ahurissantes.
Franchement, dire qu'il faut supprimer les notes car les notes sont mal utilisées, c'est une mauvaise idée (et c'est un professeur qui évalue sans notes qui l'affirme, c'est dire ).
Le problème est que l'institution perd le sens de l'évaluation.
- DanskaProphète
Le problème aussi - au risque de dévier du sujet - c'est que l'école est de plus en plus un centre de tri vers le "marché du travail". En simplifiant assez grossièrement, avec le chômage de masse auquel on est actuellement confrontés, il n'y a plus suffisamment d'emplois pour tout le monde, et les plus diplômés sont les premiers embauchés. Résultat : avoir de bonnes notes, un bon dossier, devient pour les élèves et leurs familles l'alpha et l'oméga. Peu importe ce qui se trouve derrière ces notes, seul le résultat compte.
D'où aussi la demande considérable des élèves pour des méthodes toutes faites, comme ces tableaux à trois colonnes en français, qui, à leurs yeux, leur garantissent la réussite scolaire.
D'où aussi la demande considérable des élèves pour des méthodes toutes faites, comme ces tableaux à trois colonnes en français, qui, à leurs yeux, leur garantissent la réussite scolaire.
- RosanetteEsprit éclairé
Mais les professeurs, l'institution joue un rôle dans la pérennisation de cet état d'esprit. Certains font de la résistance, mais d'autres vont dire que la note est le salaire des élèves, quand ce n'est pas carrément des discours menaçants sur "si vous foutez rien à l'école vous ne deviendrez personne" (à peine caricaturé dans certains cas).
On est déjà un peu coupable quand on demande à un gamin le métier qu'il voudrait faire, on pérennise l'idée d'une société qui définit la valeur des individus par leur boulot.
On est déjà un peu coupable quand on demande à un gamin le métier qu'il voudrait faire, on pérennise l'idée d'une société qui définit la valeur des individus par leur boulot.
- DanskaProphète
Là, on rejoint l'éternel débat : est-ce que l'école doit être avant tout une institution qui promeut la culture, qui cherche à élever les esprits, etc., ou une entreprise de formation qui vise avant tout à fournir aux individus qui la fréquentent les moyens de se procurer ensuite un emploi ?
Je suis d'accord avec toi, Rosanette, pour dire qu'on pérennise cet état d'esprit... mais d'un autre côté, l'école est le reflet de la société, de façon plus générale. C'est le problème de l'oeuf et de la poule : est-ce que c'est de l'école que doit venir un éventuel changement social, ou est-ce que c'est l'école qui doit s'adapter aux évolutions de la société ?
Je suis d'accord avec toi, Rosanette, pour dire qu'on pérennise cet état d'esprit... mais d'un autre côté, l'école est le reflet de la société, de façon plus générale. C'est le problème de l'oeuf et de la poule : est-ce que c'est de l'école que doit venir un éventuel changement social, ou est-ce que c'est l'école qui doit s'adapter aux évolutions de la société ?
- RosanetteEsprit éclairé
Danska a écrit:
Je suis d'accord avec toi, Rosanette, pour dire qu'on pérennise cet état d'esprit... mais d'un autre côté, l'école est le reflet de la société, de façon plus générale. C'est le problème de l'oeuf et de la poule : est-ce que c'est de l'école que doit venir un éventuel changement social, ou est-ce que c'est l'école qui doit s'adapter aux évolutions de la société ?
L'école seule n'a pas les moyens de changer la société pour la définir hors du travail traditionnel et du salariat.
Mais elle a au moins un devoir de résistance par rapport à cette représentation.
Mais bon ces stages en entreprise, ces carrefours des métiers... quelle angoisse ! Quelle image renvoyée aux parents qui ne bossent pas.
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