[5e] Séquence sur les héroïnes et super-héroïnes ?

En littérature médiévale, Érec et Énide a un couple de héros.

Les textes fondateurs sont toujours au programme au collège ? "Le livre de Judith" par exemple, mais bon, en ces temps troublés...

Je crois que la Bible est pour les 6ème et j'avoue que c'est un peu violent pour Judith. Je ne veux pas les traumatiser

C'est vrai Sphinx mais il me semble qu'on n'étudie jamais ce roman au collège ! Bizarrement, c'est toujours Yvain, Lancelot ou Perceval qui reviennent... Je sais bien qu'au MA se développe l'amour courtois et la fin'amor : la femme se place en position de supériorité mais dans les faits, on en revient toujours aux exploits masculins !

Ben, disons que ce sont les plus connus, ceux qui reviennent dans d'autres romans en plus du leur Le problème pour Érec et Énide, c'est surtout qu'il ne doit pas y avoir d'édition adaptée aux 5e.

Edit : pour l'Antiquité, tu as la légende d'Atalante.

Il y a une édition École des loisirs d'Erec et Enide. J'avais fait étudier cette œuvre, mais c'était il y a 5-6 ans, il faudrait vérifier si elle est toujours commercialisée... C'est une œuvre très intéressante à étudier, justement parce que l'amour courtois y est mis en question. Ce qui m'a dissuadée de recommencer, c'est que le texte de l'édition permet aux élèves de lire facilement l'œuvre mais est très pauvre pour des lectures analytiques.
Pour les héroïnes médiévales, il y a aussi Nicolette, dans Aucassin et Nicolette. Il y a des éditions scolaires je crois (Étonnants classiques ?) mais je ne sais pas ce qu'elles valent.

Le problème est que la représentation des femmes, jusqu'à une période récente, ne leur prête, le plus souvent qu'un héroïsme sacrificiel, comme celui de Fantine dans les Misérables.  Mlle de Verneuil est un peu plus active dans les Chouans. Il y a peut-être des textes sur Jeanne d'Arc ? Ou alors prendre le personnage de Milady dans les Trois mousquetaires - non pas héroïnes mais "vilain".
Sinon, en tout à fait lisible - aucune violence à craindre- il y a En famille d'Hector Malot, sorte de pendant de Sans Famille. https://fr.wikisource.org/wiki/En_famille_(Hector_Malot)/Texte_entier
L'héroïne de 15 ans doit, après la mort de son père puis de sa mère, se débrouiller seule. Il y a des passages qui montrent sa ténacité, son intelligence et son invention - comment  utiliser les ressources de la nature  quand on n'a pas les moyens d' acheter ce dont on a besoin. Elle travaille d'abord à l'usine bon je vais arrêter de spoiler. C'est un roman pour enfants - enfin pour enfants du 19e...- mais tout à fait lisible. Sinon il y aussi Petite Princesse de Frances Burnett, dans un genre un peu plus larmoyant.

Oui voilà, je trouve que sur le plan littéraire, c'est encore un thème qui invite à tout mélanger, à comparer l'incomparable.

Ce qui me vient en tête, si je mets de côté les grandes héroïnes des romans du 19ème notamment parce que la liste serait longue:  (désolé pour les propositions fourre-tout, en vrac): Hermione (harry Potter), Mulan, les 4 filles du dr March,  Lara croft, Esméralda, Nausicaa (permet de traiter le thème complémentaire: l'homme est-il maître de la nature?) Adèle Blanc-sec, Alice au pays des merveilles, Juliette (et son Roméo!), Katniss, Marie Curie, Catwoman, Jeanne d'arc...
A toi de trier! :lol: :lol: Il faudra bien organiser ton chapitre pour que ce ne soit pas fourre-tout comme ma liste et que les élèves distinguent bien les différentes héroïnes. Sur le site BNF, il y a une expo: d'Achille à Zidane (oui,oui vous avez bien lu), tu peux aller jeter un oeil.

L'an dernier en 5ème justement, j'ai fait une petite introduction à l'étude d'Yvain le chevalier au lion en travaillant sur la représentation que les élèves pouvaient avoir du "héros".
De mémoire, voilà ce qu'ils avaient fait :
Je leur ai donné un corpus d'images de héros réels et fictifs,masculins et féminins en leur demandant de me les classer comme bon leur semblait.
Ce travail s'est fait en groupes.
Une fois les classements effectués, les élèves ont été chargés de me dire à quoi on reconnaissait un héros : qualités physiques,morales, costume etc...
Le rendu final s'est fait autour d'une carte mentale élaborée en commun.
Le travail était intéressant parce qu'il a permis aux élèves de constater que la notion de héros n'était pas la même pour tous, qu'elle pouvait évoluer dans le temps et surtout que le héros n'était pas forcément un "gentil".
La carte mentale a été consultée à chaque fois que l'on rencontrait un "héros" dans les textes étudiés (Yvain, Renart...) et a pu être complétée ensuite en fonction des observations collectives.
Cela m'a pris 2 séances, et j'ai trouvé ce travail intéressant et les élèves ont pris plaisir à construire cette notion ensemble.
Je pense renouveler cette séance apéritive l'an prochain.

Deux héroïnes pour le prix d'une : "Deux pour une". C'est moins larmoyant que petite princesse, mais peut-être un peu facile pour des 5e.

C'est d'Erich Köstner.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Deux_pour_une

Je remonte ce sujet car j'aimerais fonctionner de cette façon l'an prochain : une séquence portant sur la lecture intégrale de Perceval et une séquence constituée d'un groupement de textes autour de figures d'héroïnes à travers les siècles.

Est-ce que tu as tenté cette séquence @ThomCarver ? Si oui, peux-tu nous faire un retour ?

D'un autre côté je me dis qu'on peut très bien étudier des oeuvres avec des héroïnes dans d'autres séquences par exemple Alice au pays des merveilles ou la petite Gerda de La Reine des neiges dans la thématique "Imaginer des univers nouveaux" ou Nausicaä de la vallée du vent dans "L'homme est-il maître de la nature ?"
Mais c'est vrai que c'est dommage, au moment où on définit la notion d'héroïsme avec les élèves, de ne leur présenter que des figures de héros masculins... Après il y a beaucoup d'héroïnes dans la littérature jeunesse mais je préfère laisser cela pour les lectures cursives...

je dirais qu'il doit y avoir des choses intéressantes à faire avec l'antiquité gréco-romaine.
Cassandre, Ariane, mais surtout Athéna ou Artémis.
Les amazones, et dernièrement on a vu des choses super avec les guerrières vikings !

Je ne suis pas sûre que ce soit très représentatif de la notion de héros dans l'Antiquité.
Athéna et Artémis sont des déesses, pas des héroïnes.
Ni Cassandre ni les Amazones n'appartiennent au cercle fermé des demi-dieux. Ces personnages ne permettraient pas de travailler sur les caractéristiques du héros antique, sa démesure et son ambivalence, à la fois réalisateur d'exploit, civilisateur et fondateur de cités, et être transgressif par lequel le désordre arrive. (Ou alors on prend le terme héros dans le sens le plus galvaudé qui soit.)
Ce serait pourtant dommage de ne pas aborder ces aspects qui, outrent leur intérêt culturel, fascinent les élèves.
Peut-être la solution est-elle dans un corpus mixte ?

Mais qu'en tirent-ils en termes de connaissances ? Que faut-il retenir de ce chapitre à la fin ? Que les femmes peuvent être fortes ?

archeboc a écrit:Deux héroïnes pour le prix d'une : "Deux pour une". C'est moins larmoyant que petite princesse, mais peut-être un peu facile pour des 5e.

C'est d'Erich Köstner.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Deux_pour_une

Ooooh tu viens de me rappeler plein de souvenirs! J'ai lu et relu ce livre quand j'étais gamine...

Dans la série jeunesse et livres que j'ai adorés quand j'étais jeune, il y a Aliénor deux fois reine de Polly Schoyer Brooks que j'ai dévoré maintes et maintes fois jusqu'à ce que j'aie l'âge de m'intéresser de plus près au personnage historique. C'était une vraie héroïne pour moi et je garde toujours une passion pour Aliénor d'Aquitaine (j'avais même traîné mes parents à l'abbaye de Fontevrault parce que je voulais absolument voir sa tombe!).

*Ombre* a écrit:Mais qu'en tirent-ils en termes de connaissances ? Que faut-il retenir de ce chapitre à la fin ? Que les femmes peuvent être fortes ?

ThomCarver a écrit:[justify]Eh bien oui car crois-moi que j'entends des réflexions de la part des garçons qui font froid dans le dos...

Eh bien, honnêtement, je trouve ça un peu léger pour un chapitre littéraire. Qu'on ait l'occasion d'en faire la remarque, très bien. Que cela constitue l'essentiel des connaissances (si tant est que le mot soit approprié), cela me semble fort limité.

Je pense qu’Ombre ne parle pas de légèreté littéraire des textes, mais de la légèreté des objectifs littéraires, des enjeux/notions littéraires abordés que tu sembles évoquer...

La foi exaltée de Judith ? Ni plus ni moins exaltée que celle de Sofia Perovskaia, de Sophie Scholl ou de Lucie Aubrac...

Quand même... je ne vois pas en quoi les Amazines sont héroïques, à moins de réduire le sens d’héroïque au faible « personnage de premier plan »...