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- Hardy-LaclosNiveau 9
Delia : je ne peux pas traiter de toutes les héroïnes qui existent et j'ai fait des choix, c'est tout... Cette sensation de se faire juger, c'est assez désagréable. On est entre collègues, je crois. Il est difficile de juger d'un chapitre simplement avec un simple descriptif. C'est une séquence que j'ai pris plaisir à construire, qui a fonctionné et qui a permis aux élèves de de s'interroger sur cette notion. J'ai uniquement choisi des femmes pour le corpus, c'est un choix que j'assume... J'attends avec plaisir de lire ce que vous proposez sur le chapitre consacré aux héros.
Audrey : héroïques car elles ont su s'imposer dans une société masculine et fonder une gynocratie autonome.
Héroïques car elles font preuve d'un grand courage et sont intrépides.
On peut ensuite discuter de leur grande violence mais je ne crois pas qu'Achille ou Ulysse soient des enfants de chœur.
Audrey : héroïques car elles ont su s'imposer dans une société masculine et fonder une gynocratie autonome.
Héroïques car elles font preuve d'un grand courage et sont intrépides.
On peut ensuite discuter de leur grande violence mais je ne crois pas qu'Achille ou Ulysse soient des enfants de chœur.
- *Ombre*Grand sage
Merci, Audrey, d'avoir précisé ma pensée.
Je ne souhaite pas t'agresser, ThomCarver. D'autant que nos programmes mal fichus avec leurs entrées thématiques ne nous aident pas à bâtir des problématiques solides. J'exprime des réserves vis-à-vis d'une démarche qui se sert du texte à des fins d'édification et la description d'objectifs dont je comprends peu le rapport avec notre matière (même si, encore une fois, j'admets que la discussion peut avoir son intérêt, sans constituer tout l'enjeu du chapitre). Mais peut-être ta présentation rend-elle mal compte de tes autres objectifs plus littéraires.
Pour ma part, je travaille sur l'évolution de la figure du héros à travers le temps, ses constances et ses variations :
- demi-dieu ambivalent dans l'Antiquité (archétype : Achille) ;
- introjection de cette figure dans le monothéisme avec la chanson de geste (mais filiation : armes divines d'Achille / Durandal aux reliques sacrées ; demi-dieu / figure quasi-christique, exploits guerriers...) ;
- ouverture de la notion d'héroïsme aux valeurs de la cour avec le roman courtois, les valeurs chevaleresques ;
- Arthur, la figure de l'Élu, l'initiation qui devient nécessaire, la figure du mentor (Merlin) ;
- la relecture du Moyen-âge à travers les héros populaires du XIXe (type Robin des Bois) : le héros n'est plus forcément celui qui ramène l'ordre mais parfois un marginal déchiré entre des aspirations contradictoires (entrée dans la modernité et sa psychologie) ;
- le super-héros contemporain qui puise allègrement à toutes ces sources.
Je ne souhaite pas t'agresser, ThomCarver. D'autant que nos programmes mal fichus avec leurs entrées thématiques ne nous aident pas à bâtir des problématiques solides. J'exprime des réserves vis-à-vis d'une démarche qui se sert du texte à des fins d'édification et la description d'objectifs dont je comprends peu le rapport avec notre matière (même si, encore une fois, j'admets que la discussion peut avoir son intérêt, sans constituer tout l'enjeu du chapitre). Mais peut-être ta présentation rend-elle mal compte de tes autres objectifs plus littéraires.
Pour ma part, je travaille sur l'évolution de la figure du héros à travers le temps, ses constances et ses variations :
- demi-dieu ambivalent dans l'Antiquité (archétype : Achille) ;
- introjection de cette figure dans le monothéisme avec la chanson de geste (mais filiation : armes divines d'Achille / Durandal aux reliques sacrées ; demi-dieu / figure quasi-christique, exploits guerriers...) ;
- ouverture de la notion d'héroïsme aux valeurs de la cour avec le roman courtois, les valeurs chevaleresques ;
- Arthur, la figure de l'Élu, l'initiation qui devient nécessaire, la figure du mentor (Merlin) ;
- la relecture du Moyen-âge à travers les héros populaires du XIXe (type Robin des Bois) : le héros n'est plus forcément celui qui ramène l'ordre mais parfois un marginal déchiré entre des aspirations contradictoires (entrée dans la modernité et sa psychologie) ;
- le super-héros contemporain qui puise allègrement à toutes ces sources.
- Hardy-LaclosNiveau 9
D'accord Ombre. Merci pour tes éclaircissements. Ton parcours semble cohérent et bien structuré. La présentation donne envie. Je ne m'appesantis pas sur la figure médiévale du héros du fait de mon OI.
J'avais très envie en fait d'étudier des figures féminines d'héroïnes.. Je ne sais pas si je vais remanier ce chapitre ou pas.
J'avais très envie en fait d'étudier des figures féminines d'héroïnes.. Je ne sais pas si je vais remanier ce chapitre ou pas.
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- Spoiler:
- 2018-2019 : T2 (deux 6è ; une 5è ; une 3ème + PP 3ème)
2017-2018 : T1 (trois 6è ; 1 3è)
2016-2017 : stagiaire (deux 5è)
« - Alors, tu t'es bien amusée ?
- Comme ça.
- T'as vu le métro ?
- Non.
- Alors, que'est ce que t'as fait ?
- J'ai vieilli. »
Raymond Queneau, Zazie dans le métro
- *Ombre*Grand sage
Je comprends tout à fait qu'on ait à coeur de présenter des figures féminines (l'histoire étant ce qu'elle est, mon chapitre, qui en rend compte, leur laisse une place bien maigre). Mais j'ai aussi besoin, personnellement, d'un travail en profondeur sur les concepts littéraires, leur mise en perspective historique. C'est pourquoi je disais que la mixité peut peut-être être un juste milieu intéressant ?
Et Milady est un très beau choix. D'ailleurs, c'est un personnage si riche et si complexe, qui se déploie tant à travers le roman, que je me demande comment on peut en rendre compte en un simple extrait. Quel texte as-tu choisi, ThomCarver ? Cela m'intéresse. Je ne sais pas si tu modifieras ton chapitre, mais je pourrais bien me laisser séduire par un beau texte sur Milady.
Et Milady est un très beau choix. D'ailleurs, c'est un personnage si riche et si complexe, qui se déploie tant à travers le roman, que je me demande comment on peut en rendre compte en un simple extrait. Quel texte as-tu choisi, ThomCarver ? Cela m'intéresse. Je ne sais pas si tu modifieras ton chapitre, mais je pourrais bien me laisser séduire par un beau texte sur Milady.
- ZagaraGuide spirituel
Le passage de la chronique de Jean le Bel dans lequel Jeanne la Flamme prend l'armure et crame des camps français. :lol:
EDIT - https://fr.wikisource.org/wiki/Les_Chroniques_de_Sire_Jean_Froissart/Livre_I,_Partie_I/Chapitre_CLXXIV (réécriture de le Bel par Froissart)
EDIT - https://fr.wikisource.org/wiki/Les_Chroniques_de_Sire_Jean_Froissart/Livre_I,_Partie_I/Chapitre_CLXXIV (réécriture de le Bel par Froissart)
- stenchMonarque
HS : j'ai été surpris de lire un sujet qui traitait d'une "séquence sur les hémorroïdes et les superhémorroïdes"... J'ai compris mon erreur en y faisant un tour.
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"Nous ne défendons pas la nature, nous sommes la nature qui se défend." Yannis Youlountas
"Ils veulent dessiner l'apartheid, on dessinera le maquis."
- MyrrhaNiveau 9
Vos messages confirment mon intuition : difficile de parler d'héroïne antique qui serait l'équivalent du héros antique, de même au Moyen Âge... Il y a des figures féminines passionnantes chez les Grecs, mais ce sont des déesses ou des magiciennes... Il y a bien Ariane parmi les mortelles mais, si elle vient en aide au héros, elle n'est pas pour autant une héroïne à proprement parler.
Je reconnais maîtriser moins la Bible : Judith est-elle une héroïne ?
Concernant Jeanne d'Arc, y a-t-il un texte littéraire intéressant la mettant en scène en héroïne ou racontez-vous son parcours ? Ou alors une analyse d'image ?
Un corpus mettant en scène à la fois des héros et des héroïnes me semblerait donc le plus adapté effectivement, permettant de convoquer des figures féminines lorsqu'on élargit la définition du héros.
Étudiez-vous des textes de fantasy en classe ? Je pensais comme ça à Arya Stark, mais je ne sais pas ce que vaut littérairement parlant l'oeuvre de G.R.R. Martin et de surcroît en traduction, et d'autre part je ne sais pas où en est Arya dans les livres sortis jusqu'à présent.
Désolé pour toutes ces questions, je reconnais que c'est confus dans ma tête... En fait, même en convoquant uniquement des héros masculins, cette séquence me pose problème, j'ai l'impression de faire un fourre-tout... Cette année j'ai tenté dans ma séquence de définir les qualités et les valeurs des héros à travers les siècles mais j'ai eu l'impression que tout cela manquait d'un fil conducteur : un héros c'est ça à cette époque, et puis à cette époque c'est ça, et maintenant c'est un peu tout... (Dans ma séquence j'avais vu Achille, Énée, Perceval et Yvain). Mais de manière générale je trouve les séquences groupements de textes difficiles à mettre en oeuvre : pas simple d'intéresser les élèves et de leur faire comprendre l'enjeu d'un texte lorsqu'ils n'ont pas lu l'oeuvre de laquelle il est extrait. Bon là je m'éloigne un peu du sujet...
Si tu veux bien me donner les références des textes que tu étudies @ThomCarver ça m'intéresserait d'y jeter un oeil car ça me tient tout de même à coeur de présenter une ou deux héroïnes dans ce corpus très masculin.
Je reconnais maîtriser moins la Bible : Judith est-elle une héroïne ?
Concernant Jeanne d'Arc, y a-t-il un texte littéraire intéressant la mettant en scène en héroïne ou racontez-vous son parcours ? Ou alors une analyse d'image ?
Un corpus mettant en scène à la fois des héros et des héroïnes me semblerait donc le plus adapté effectivement, permettant de convoquer des figures féminines lorsqu'on élargit la définition du héros.
Étudiez-vous des textes de fantasy en classe ? Je pensais comme ça à Arya Stark, mais je ne sais pas ce que vaut littérairement parlant l'oeuvre de G.R.R. Martin et de surcroît en traduction, et d'autre part je ne sais pas où en est Arya dans les livres sortis jusqu'à présent.
Désolé pour toutes ces questions, je reconnais que c'est confus dans ma tête... En fait, même en convoquant uniquement des héros masculins, cette séquence me pose problème, j'ai l'impression de faire un fourre-tout... Cette année j'ai tenté dans ma séquence de définir les qualités et les valeurs des héros à travers les siècles mais j'ai eu l'impression que tout cela manquait d'un fil conducteur : un héros c'est ça à cette époque, et puis à cette époque c'est ça, et maintenant c'est un peu tout... (Dans ma séquence j'avais vu Achille, Énée, Perceval et Yvain). Mais de manière générale je trouve les séquences groupements de textes difficiles à mettre en oeuvre : pas simple d'intéresser les élèves et de leur faire comprendre l'enjeu d'un texte lorsqu'ils n'ont pas lu l'oeuvre de laquelle il est extrait. Bon là je m'éloigne un peu du sujet...
Si tu veux bien me donner les références des textes que tu étudies @ThomCarver ça m'intéresserait d'y jeter un oeil car ça me tient tout de même à coeur de présenter une ou deux héroïnes dans ce corpus très masculin.
- ZagaraGuide spirituel
Ben justement si puisque les chevaleresses (Jeanne la Flamme, Jeanne d'Arc, les Neuf Preuses...) ne sont jamais que des héros chevaliers au féminin. Ce sont des femmes portant des valeurs d'hommes. Des héros-femmes plutôt que des héroïnes, puisque leur mise en récit copie le référant masculin. Quand les chroniqueurs disent des deux Jeannes qu'elles "valent aussi bien que des hommes", ça exprime assez bien ce qu'est la fabrique de l'héroïne médiévale. Une comparaison entre un héros de roman (au pif Yvain, même si je prendrais plutôt le Jouvencel qui est bien plus fun) et une femme héroïsée (au pif Jeanne d'Arc) permettrait de voir à quel point le premier sert de modèle au second.Myrrha a écrit:Vos messages confirment mon intuition : difficile de parler d'héroïne antique qui serait l'équivalent du héros antique, de même au Moyen Âge... Il y a des figures féminines passionnantes chez les Grecs, mais ce sont des déesses ou des magiciennes... Il y a bien Ariane parmi les mortelles mais, si elle vient en aide au héros, elle n'est pas pour autant une héroïne à proprement parler.
EDIT- D'ailleurs c'est le même mécanisme pour les super-héroïnes américaines. Wonderwoman n'est pas vraiment une héroïne à part entière, puisqu'elle ne développe pas un rapport à l'héroïsme original, mais copie ce que font les super-héros. C'est superman mais en femme. C'est tout le débat de : pour s'émanciper, la femme doit-elle devenir un homme (muscle, courage, ne pas montrer ses émotions, résoudre les problèmes par la violence, etc ; quand je dis "devenir un homme" ça veut évidemment dire : "adopter les stéréotypes de genre valorisés chez les hommes") ou inventer son propre panel de valeurs positives ? Que ce soit le Moyen Âge ou les comics, la solution choisie est la première.
le Journal du Siège d'Orléans. Récit hagiographique de l'aventure de Jeanne d'Arc écrit à chaud.Myrrha a écrit:
Concernant Jeanne d'Arc, y a-t-il un texte littéraire intéressant la mettant en scène en héroïne ou racontez-vous son parcours ? Ou alors une analyse d'image ?
- DeliaEsprit éclairé
Clélia, otage des Etrusques, s'enfuit à la nage avec ses compagnes...
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Un vieillard qui meurt, c'est une bibliothèque qui brûle.
Amadou Hampaté Ba
- Hardy-LaclosNiveau 9
@ Ombre et Myrrha : voici mes extraits.
Judith est une héroine car elle libère le peuple hébreu d'un oppresseur. C'est une figure salvatrice.
Je trouve ce thème assez délicat en GT car il faut privilégier un angle d'attaque assez précis pour éviter l'effet fourre-tout sans queue ni tête.. J'avais choisi les femmes. Je vais peut-être y revenir, je ne sais pas.
Myrrha, j'ai donné un extrait de GOT en évaluation finale : celui où Arya se rebelle face à son père qui ne veut pas qu'elle aille combattre car c'est une femme.
- Milady:
- « Que de haine elle distille ! Là, immobile, et les yeux ardents et fixes dans son appartement désert, comme les éclats de ses rugissements sourds, qui parfois s'échappent avec sa respiration du fond de sa poitrine, accompagnent bien le bruit de la houle qui monte, gronde, mugit et vient se briser, comme un désespoir éternel et impuissant, contre les rochers sur lesquels est bâti ce château sombre et orgueilleux ! Comme, à la lueur des éclairs que sa colère orageuse fait briller dans son esprit, elle conçoit contre Mme Bonacieux, contre Buckingham, et surtout contre d'Artagnan, de magnifiques projets de vengeance, perdus dans les lointains de l'avenir !
Oui, mais pour se venger, il faut être libre, et pour être libre, quand on est prisonnier, il faut percer un mur, desceller des barreaux, trouer un plancher ; toutes entreprises que peut mener à bout un homme patient et fort mais devant lesquelles doivent échouer les irritations fébriles d'une femme. […]
Et cependant, si elle était un homme, elle tenterait tout cela, et peut-être réussirait-elle : pourquoi donc le ciel s'est-il trompé, en mettant cette âme virile dans ce corps frêle et délicat !
Aussi les premiers moments de la captivité ont été terribles : quelques convulsions de rage qu'elle n'a pu vaincre ont payé sa dette de faiblesse féminine à la nature. Mais peu à peu elle a surmonté les éclats de sa folle colère, les frémissements nerveux qui ont agité son corps ont disparu, et maintenant elle s'est repliée sur elle-même comme un serpent fatigué qui se repose.
- Allons, allons ; j'étais folle de m'emporter ainsi, dit-elle en plongeant dans la glace, qui reflète dans ses yeux son regard brûlant, par lequel elle semble s'interroger elle-même. Pas de violence, la violence est une preuve de faiblesse. D'abord, je n'ai jamais réussi par ce moyen : peut-être, si j'usais de ma force contre des femmes, aurais-je chance de les trouver plus faibles encore que moi, et par conséquent de les vaincre ; mais c'est contre des hommes que je lutte, et je ne suis qu'une femme pour eux. Luttons en femme, ma force est dans ma faiblesse.
Alors, comme pour se rendre compte à elle-même des changements qu'elle pouvait imposer à sa physionomie si expressive et si mobile, elle lui fit prendre à la fois toutes les expressions, depuis celle de la colère qui crispait ses traits jusqu'à celle du plus doux, du plus affectueux et du plus séduisant sourire. Puis ses cheveux prirent successivement sous ses mains savantes les ondulations qu'elle crut pouvoir aider aux charmes de son visage. Enfin, elle murmura, satisfaite d'elle-même :
« Allons, rien n'est perdu. Je suis toujours belle. »
Pour Milady, j'ai insisté sur le portrait d'une anti-héroine qui retourne les stéréotypes liés à son sexe à son avantage. C'est un être d'intrigue et de réflexion qui médite et qui est une comédienne née. L'image du serpent renvoie aussi à la tentation et au mal. Je trouve cet extrait assez saisissant...
- Judith:
- Quand il se fit tard, les serviteurs d'Holopherne se hâtèrent de partir. Bagoas ferma la tente de l'extérieur et renvoya de la présence de son seigneur tous ceux qui se tenaient là. Ils allèrent se coucher, brisés qu'ils étaient tous par les excès du banquet. Judith fut laissée seule dans la tente, avec Holopherne effondré sur son lit, noyé dans le vin.
Elle dit à sa servante de se tenir prête à l'extérieur de la chambre à coucher et de guetter le moment où elle sortirait, comme chaque jour. Elle avait dit en effet qu'elle sortirait pour sa prière, et en avait également prévenu Bagoas.
Tous s'étaient donc retirés et personne, du plus petit jusqu'au plus grand, n'était resté dans la chambre à coucher. Debout près du lit, Judith se dit en son cœur : « Seigneur, Dieu de toute-puissance, en cette heure tourne ton regard vers les œuvres de mes mains, pour l'exaltation de Jérusalem.
Car maintenant c'est le moment de ressaisir ton héritage et de réaliser mon projet pour écraser les ennemis qui sont dressés contre nous. »
Elle s'avança vers le montant du lit, proche de la tête d'Holopherne, elle en détacha son sabre, elle s'approcha du lit, empoigna la chevelure d'Holopherne et dit : « Rends-moi forte en ce jour, Seigneur, Dieu d'Israël. »
Par deux fois, elle le frappa au cou, de toute sa vigueur, et en détacha la tête.
Puis, elle fit rouler le corps en bas de la couche et détacha le voile des colonnes. Peu après, elle sortit, confia la tête d'Holopherne à sa suivante qui la mit dans sa besace à provisions, et
elle sortirent toutes deux ensemble, comme elles avaient coutume de le faire, pour aller prier.
Judith est une héroine car elle libère le peuple hébreu d'un oppresseur. C'est une figure salvatrice.
- Amazones:
- Sur les rives du fleuve Thermodon habitait jadis un peuple gouverné par des femmes, exercées, comme les hommes, au métier de la guerre. L'une d'elles, revêtue de l'autorité royale, et remarquable par sa force et son courage, forma une armée composée de femmes, l'accoutuma aux fatigues de la guerre et s'en servit pour soumettre quelques peuplades du voisinage. Ce succès ayant augmenté sa renommée, elle marcha contre d'autres peuples limitrophes. La fortune, qui lui était encore favorable dans cette expédition, l'enfla d'orgueil : la reine se prétendit fille de Mars, contraignit les hommes à filer la laine et à se livrer à des travaux de femmes ; elle fit des lois d'après lesquelles les fonctions militaires appartenaient aux femmes, tandis que les hommes étaient tenus dans l'humiliation et l'esclavage. Les femmes estropiaient4 les enfants mâles, dès leur naissance, des jambes et des bras, de manière à les rendre impropres au service militaire ; elle brûlaient la mamelle droite aux filles, afin que la proéminence du sein ne les gênât pas dans les combats. C'est pour cette dernière raison qu'on leur donna le nom d'Amazones. Enfin, leur reine, si célèbre par sa sagesse et son esprit guerrier, fonda à l'embouchure du fleuve Thermodon, une ville considérable, nommée Themiscyre et y construisit un palais fameux. […] Enfin, après de nombreux exploits, elle eut une mort héroïque dans un combat, en se défendant vaillamment.
Sa fille qui lui succéda au trône, jalouse d'imiter sa mère, la surpassa même en beaucoup de choses. Elle exerçait les jeunes filles à la chasse dès leur plus tendre enfance, et les accoutumait à supporter les fatigues de la guerre. Elle institua des sacrifices somptueux en honneur de Mars et de Diane […] De retour dans son pays, et chargée de dépouilles6, elle éleva à Mars et à Diane des temples splendides, et se concilia l'amour de ses sujets par la justice de son gouvernement […] Elle conquit une grande partie de l'Asie, et étendit sa domination jusqu'à la Syrie. Les reines qui lui succédèrent comme héritières directes régnèrent avec éclat, et ajoutèrent encore à la puissance et à la renommée de la nation des Amazones. Après un grand nombre de générations, le bruit de leur valeur s'étant répandu par toute la terre, Hercule, fils d'Alcmène et de Jupiter, reçut, dit-on, d'Eurysthée la tâche de lui apporter la ceinture de l'Amazone Hippolyte. En conséquence, Hercule entreprit une expédition, et gagna une grande bataille dans laquelle il détruisit l'armée des Amazones, prit Hippolyte vivante, lui enleva sa ceinture et porta un coup mortel à la nation des Amazones. Car les Barbares du voisinage, méprisant les Amazones ainsi domptées, et se souvenant des injures passées, leur firent une guerre implacable et parvinrent jusqu'à effacer le nom même des Amazones. Cependant on raconte que, plusieurs années après l'expédition d'Hercule, on remarqua dans la guerre de Troie Penthésilée, fille de Mars et reine des Amazones, qui avait échappé à l'extermination ; qu'elle s'était enfuie de sa patrie pour se soustraire8 à la vengeance d'un meurtre, et que, combattant vaillamment dans les rangs des Troyens, après la mort d'Hector, elle tua un grand nombre de Grecs, et tomba enfin glorieusement sous le fer d'Achille. Ce fut la dernière Amazone renommée pour son courage ; ce qui restait de cette nation a fini par disparaître entièrement. C'est pourquoi, lorsqu'on parle aujourd'hui de l'histoire antique des Amazones, on croit entendre des contes forgés à plaisir.
Je trouve ce thème assez délicat en GT car il faut privilégier un angle d'attaque assez précis pour éviter l'effet fourre-tout sans queue ni tête.. J'avais choisi les femmes. Je vais peut-être y revenir, je ne sais pas.
Myrrha, j'ai donné un extrait de GOT en évaluation finale : celui où Arya se rebelle face à son père qui ne veut pas qu'elle aille combattre car c'est une femme.
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- Spoiler:
- 2018-2019 : T2 (deux 6è ; une 5è ; une 3ème + PP 3ème)
2017-2018 : T1 (trois 6è ; 1 3è)
2016-2017 : stagiaire (deux 5è)
« - Alors, tu t'es bien amusée ?
- Comme ça.
- T'as vu le métro ?
- Non.
- Alors, que'est ce que t'as fait ?
- J'ai vieilli. »
Raymond Queneau, Zazie dans le métro
- linedelocGrand sage
Dans ce chapitre, je commence, comme Syllepse, par leur demander une première définition du mot "héros" en leur présentant différentes images d'hommes et de femmes, fictifs et réels.
Puis nous étudions plusieurs extraits, notamment les figures d'Achille et Énée pour l'Antiquité, de Roland et Arthur pour le Moyen-âge, de Malala pour l'époque moderne, et on finit par les supers héros.
Effectivement, ce ne sont quasiment que des hommes, et la réflexion vient vite: mais pendant l'étude de la période de l'Antiquité, je leur passe une petite vidéo sur l'histoire du mot "héros" qui explique que les guerriers des épopées n'avaient pas d'équivalent féminin à l'époque, puis je leur donne une lisre d'exposés: chaque élève est chargé de présenter aux autres une "héroïne", ici définie comme "personne ayant accompli des actes exceptionnels, ou fait avancer l'histoire, évoluer les mentalités". On y trouve des héroïnes fictives et réelles, de toutes les époques. Ça permet de traiter aussi des femmes.
Si je refais ce chapitre l'an prochain, j'insisterai sur les héroïnes réelles dans ma liste, les élèves ont eu plus de mal à présenter les héroïnes fictives. Et j'ajouterai un texte sur la période courtoise, je n'ai pas assez mis l'accent là-dessus.
Puis nous étudions plusieurs extraits, notamment les figures d'Achille et Énée pour l'Antiquité, de Roland et Arthur pour le Moyen-âge, de Malala pour l'époque moderne, et on finit par les supers héros.
Effectivement, ce ne sont quasiment que des hommes, et la réflexion vient vite: mais pendant l'étude de la période de l'Antiquité, je leur passe une petite vidéo sur l'histoire du mot "héros" qui explique que les guerriers des épopées n'avaient pas d'équivalent féminin à l'époque, puis je leur donne une lisre d'exposés: chaque élève est chargé de présenter aux autres une "héroïne", ici définie comme "personne ayant accompli des actes exceptionnels, ou fait avancer l'histoire, évoluer les mentalités". On y trouve des héroïnes fictives et réelles, de toutes les époques. Ça permet de traiter aussi des femmes.
Si je refais ce chapitre l'an prochain, j'insisterai sur les héroïnes réelles dans ma liste, les élèves ont eu plus de mal à présenter les héroïnes fictives. Et j'ajouterai un texte sur la période courtoise, je n'ai pas assez mis l'accent là-dessus.
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- *Ombre*Grand sage
Merci, ThomCarver. Effectivement, il est très beau, ce texte, à la fois fort et bien découpé. J'en ferai sûrement quelque chose. Merci à toi.
- IphigénieProphète
Les heroines antiques qui posent question sur la société sont plutôt au théâtre : Lysistrata, Antigone...
- *Ombre*Grand sage
Iphigénie a écrit:Les heroines antiques qui posent question sur la société sont plutôt au théâtre : Lysistrata, Antigone...
En Sixième, tu es sûre ?
- IphigénieProphète
Pas du tout: c’est très masculin comme rigolade, d’ailleurs...:lol:
- MyrrhaNiveau 9
Et peut-on considérer Atalante comme une héroïne ?
- IphigénieProphète
Tout dépend il me semble, et de façon générale en lisant votre discussion très intéressante, si vous étudiez l’héroïsme par rapport à aujourd’hui ou par rapport à ce qu’on peut connaître de jadis: dans ce dernier cas je pense que Pénélope était vue comme une authentique héroïne par exemple, mais si on la compare à lady gaga elle ne fait pas le poids
Mais bon je ne suis pas compétente pour répondre sur le programme de cinquième, je vous lis juste avec curiosité et interrogation sur cette recherche générale y compris dans les programmes du contemporain à travers l’antique.
Mais bon je ne suis pas compétente pour répondre sur le programme de cinquième, je vous lis juste avec curiosité et interrogation sur cette recherche générale y compris dans les programmes du contemporain à travers l’antique.
- EncreJe viens de m'inscrire !
linedeloc a écrit:Dans ce chapitre, je commence, comme Syllepse, par leur demander une première définition du mot "héros" en leur présentant différentes images d'hommes et de femmes, fictifs et réels.
Puis nous étudions plusieurs extraits, notamment les figures d'Achille et Énée pour l'Antiquité, de Roland et Arthur pour le Moyen-âge, de Malala pour l'époque moderne, et on finit par les supers héros.
Effectivement, ce ne sont quasiment que des hommes, et la réflexion vient vite: mais pendant l'étude de la période de l'Antiquité, je leur passe une petite vidéo sur l'histoire du mot "héros" qui explique que les guerriers des épopées n'avaient pas d'équivalent féminin à l'époque, puis je leur donne une lisre d'exposés: chaque élève est chargé de présenter aux autres une "héroïne", ici définie comme "personne ayant accompli des actes exceptionnels, ou fait avancer l'histoire, évoluer les mentalités". On y trouve des héroïnes fictives et réelles, de toutes les époques. Ça permet de traiter aussi des femmes.
Si je refais ce chapitre l'an prochain, j'insisterai sur les héroïnes réelles dans ma liste, les élèves ont eu plus de mal à présenter les héroïnes fictives. Et j'ajouterai un texte sur la période courtoise, je n'ai pas assez mis l'accent là-dessus.
Bonjour ; j'arrive après la bataille mais fouille dans les cendres de votre conversation pour bâtir à mon tour une séquence sur les héroïnes. Pourrais-tu donner quelques noms de ta liste de figures à traiter en exposé ?
- EncreJe viens de m'inscrire !
Zagara a écrit:Ben justement si puisque les chevaleresses (Jeanne la Flamme, Jeanne d'Arc, les Neuf Preuses...) ne sont jamais que des héros chevaliers au féminin. Ce sont des femmes portant des valeurs d'hommes. Des héros-femmes plutôt que des héroïnes, puisque leur mise en récit copie le référant masculin. Quand les chroniqueurs disent des deux Jeannes qu'elles "valent aussi bien que des hommes", ça exprime assez bien ce qu'est la fabrique de l'héroïne médiévale. Une comparaison entre un héros de roman (au pif Yvain, même si je prendrais plutôt le Jouvencel qui est bien plus fun) et une femme héroïsée (au pif Jeanne d'Arc) permettrait de voir à quel point le premier sert de modèle au second.Myrrha a écrit:Vos messages confirment mon intuition : difficile de parler d'héroïne antique qui serait l'équivalent du héros antique, de même au Moyen Âge... Il y a des figures féminines passionnantes chez les Grecs, mais ce sont des déesses ou des magiciennes... Il y a bien Ariane parmi les mortelles mais, si elle vient en aide au héros, elle n'est pas pour autant une héroïne à proprement parler.
EDIT- D'ailleurs c'est le même mécanisme pour les super-héroïnes américaines. Wonderwoman n'est pas vraiment une héroïne à part entière, puisqu'elle ne développe pas un rapport à l'héroïsme original, mais copie ce que font les super-héros. C'est superman mais en femme. C'est tout le débat de : pour s'émanciper, la femme doit-elle devenir un homme (muscle, courage, ne pas montrer ses émotions, résoudre les problèmes par la violence, etc ; quand je dis "devenir un homme" ça veut évidemment dire : "adopter les stéréotypes de genre valorisés chez les hommes") ou inventer son propre panel de valeurs positives ? Que ce soit le Moyen Âge ou les comics, la solution choisie est la première.le Journal du Siège d'Orléans. Récit hagiographique de l'aventure de Jeanne d'Arc écrit à chaud.Myrrha a écrit:
Concernant Jeanne d'Arc, y a-t-il un texte littéraire intéressant la mettant en scène en héroïne ou racontez-vous son parcours ? Ou alors une analyse d'image ?
J'aime beaucoup votre approche ; elle permet d'explorer les stéréotypes, les appropriations, les systèmes de valeur et les enjeux de l'identification. Auriez-vous un extrait de texte médiéval, mais en français moderne, concernant les 9 Preuves, Jeanne d'Arc ou encore l'un de ces tournois de chevaleresses ? Merci par avance !
Et j'ajoute une question ouverte : les fées du cycle Arthurien comme celles des lais de Marie de France peuvent-elles être considérées comme des héroïnes ?
- ShingolaNiveau 4
J'ai vu deux présentations d'élèves très intéressantes: l'une sur la présidente qui vient tout juste d'être renversée par un coup d'Etat en Birmanie, la vie et la force de cette femme sont extraordinaires.
L'autre était Diane Fossey, et c'était plus facile pour les élèves (en groupe de 3) de comprendre et de retransmettre l'engagement et les valeurs en exposé oral.
Je serais déprimée en tant que fille de 12 ans qu'on me présente Jeanne d'Arc pour m'éveiller à l héroïsme au féminin. Certains manuels proposent un texte sur elle, qui me rappelle ces filles dont on a voulu faire des saintes, dans un objectif grossièrement utilitaire. Pas vraiment exaltant.
La question de l'exploit gêne la lecture de ce problème : il est tourné vers l extérieur et ça n'a pas été historiquement le rôle des femmes.
L'autre était Diane Fossey, et c'était plus facile pour les élèves (en groupe de 3) de comprendre et de retransmettre l'engagement et les valeurs en exposé oral.
Je serais déprimée en tant que fille de 12 ans qu'on me présente Jeanne d'Arc pour m'éveiller à l héroïsme au féminin. Certains manuels proposent un texte sur elle, qui me rappelle ces filles dont on a voulu faire des saintes, dans un objectif grossièrement utilitaire. Pas vraiment exaltant.
La question de l'exploit gêne la lecture de ce problème : il est tourné vers l extérieur et ça n'a pas été historiquement le rôle des femmes.
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