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- *Ombre*Grand sage
Je termine la reprise de mon travail sur Bilbo (il était temps : j'ai décrété que j'étais en vacances le 1er août...), et je le mènerai donc à partir de la nouvelle édition.
J'avais dit que, les avis étant partagés, je me la procurerais et jugerais par moi-même. Eh bien je suis conquise. Je n'ai rien lu qui m'ait choquée dans la traduction des noms (Thorin Lécudechesnes, ça passe bien, Fendeval au lieu de Fondcombe, pourquoi pas ?) ni dans les expressions employées par le traducteur. Et je trouve le style enlevé, restituant dans toute sa saveur le ton du conte : l'oralité et les interventions du narrateur sont bien mises en valeur et donnent à l'ensemble un caractère alerte et plaisant, convenant à la forme du récit. Le vocabulaire est plus simple chez Lauzon, mais je n'ai pas trouvé que cela faisait pauvre : cela m'a paru en accord avec ce style oral et enlevé. En comparant, la recherche de Ledoux m'a paru lourde et inutile. Et pour les élèves, clairement, cette simplicité sera un atout. Lors de ma précédente étude, mes 5e avaient eu beaucoup de mal avec le vocabulaire. Là, en préparant le lexique, j'ai eu bien moins de choses à noter. Une forêt sombre et désolée devient noire et lugubre. Le hobbit imberbe et bedonnant devient un hobbit qui n'a pas de barbe et a tendance à prendre du ventre.
Il est difficile de témoigner en peu de lignes du style d'une traduction de quelque trois cent pages, mais je mets ici deux extraits dans les deux traductions, pour que chacun puisse se faire un avis.
J'avais dit que, les avis étant partagés, je me la procurerais et jugerais par moi-même. Eh bien je suis conquise. Je n'ai rien lu qui m'ait choquée dans la traduction des noms (Thorin Lécudechesnes, ça passe bien, Fendeval au lieu de Fondcombe, pourquoi pas ?) ni dans les expressions employées par le traducteur. Et je trouve le style enlevé, restituant dans toute sa saveur le ton du conte : l'oralité et les interventions du narrateur sont bien mises en valeur et donnent à l'ensemble un caractère alerte et plaisant, convenant à la forme du récit. Le vocabulaire est plus simple chez Lauzon, mais je n'ai pas trouvé que cela faisait pauvre : cela m'a paru en accord avec ce style oral et enlevé. En comparant, la recherche de Ledoux m'a paru lourde et inutile. Et pour les élèves, clairement, cette simplicité sera un atout. Lors de ma précédente étude, mes 5e avaient eu beaucoup de mal avec le vocabulaire. Là, en préparant le lexique, j'ai eu bien moins de choses à noter. Une forêt sombre et désolée devient noire et lugubre. Le hobbit imberbe et bedonnant devient un hobbit qui n'a pas de barbe et a tendance à prendre du ventre.
Il est difficile de témoigner en peu de lignes du style d'une traduction de quelque trois cent pages, mais je mets ici deux extraits dans les deux traductions, pour que chacun puisse se faire un avis.
Extrait 1, traduction de Francis Ledoux :
L’effet était réellement terrifiant. Les murs résonnaient du crac, clac ! du craque, écrase ! et du vilain ricanement de leur ha, ha ! mon gars ! Le sens général de leur chanson n’était que trop clair ; car alors les gobelins sortirent des fouets et les cinglèrent sur un siffle, claque ! et les lancèrent en une course rapide devant eux ; et plus d’un nain gémissait et bêlait comme damné quand ils débouchèrent en trébuchant dans une grande caverne.
Elle était éclairée par un grand feu qui brûlait au centre et par des torches alignées sur les murs, et elle était remplie de gobelins. Tous rirent, battant des pieds et des mains, quand les nains (avec le pauvre Bilbo en queue et le plus près des fouets) entrèrent en courant, tandis que les gobelins-conducteurs poussaient leurs houp ! et claquaient leur fouet derrière eux. Les poneys étaient déjà là, serrés dans un coin ; et on voyait tous les bagages et les paquets éventrés, que les gobelins fouillaient, reniflaient, manipulaient en se querellant.
Même extrait, traduction de Daniel Lauzon :
Tout cela était vraiment terrifiant? Les murs résonnaient de leurs cric, crac ! et leurs scouics, scouacs ! et de leur affreux rire ha, ha, mon gars ! Le sens de leur chanson n'était que trop palpable ; car les gobelins sortirent alors des fouets, et ils les fouettèrent d'un flic, flac ! qui les envoya courir à toutes jambes ; et plus d'un nain criaillait déjà comme un oisillon lorsqu'ils débouchèrent dans la grande caverne.
Éclairée par un grand feu installé au centre, et par des torches sur les murs, elle fourmillait de gobelins. Ils s'esclaffèrent et tapèrent des pieds et des mains quand les nains (et le pauvre Bilbo sur leurs talons, tout près des fouets) entrèrent au pas de course, tandis que les chefs de pelotons faisaient siffler et claquer les fouets derrière eux. Les poneys étaient déjà serrés les uns contre les autres dans un coin ; tous leurs bagages gisaient par terre, leurs paquets éventrés, fouillés par des gobelins, reniflés par des gobelins, tripotés par des gobelins : des gobelins qui se chamaillaient pour les avoir.
Deuxième extrait, version de Ledoux :
Pendant qu’il ramassait des pierres, l’araignée était arrivée auprès de Bombur et celui-ci n’aurait pas tardé à être un nain mort, si Bilbo n’avait lancé une pierre. Le projectile frappa l’araignée en pleine tête, et elle chut avec un bruit sourd, inanimée et les pattes recroquevillées, sur le sol.
La pierre suivante partit en sifflant à travers une grande toile, en déchirant les fils et, vlan ! emportant, morte, l’araignée qui siégeait au centre. Après cela, la plus grande confusion régna dans la colonie arachnéenne, et elles oublièrent quelque peu les nains, je vous le jure.
Même extrait chez Lauzon :
Tandis qu’il ramassait des pierres, l’araignée s’était rendue jusqu’à Bombur et sa vie était en danger. Alors Bilbo tira. Et vlan ! la pierre frappa l’araignée directement sur la tête : elle perdit conscience, tomba de la branche et s’écrasa par terre, pattes recroquevillées.
La deuxième pierre siffla à travers une grande toile et en rompit les fils, cueillant du même coup l’araignée qui était pendue au milieu, et paf ! elle tomba raide morte. Ces attaques répétées semèrent l’agitation dans la colonie d’araignées, et elles oublièrent les nains pour un temps, vous pouvez me croire.
- NLM76Grand Maître
Il y a des trucs pas mal chez Lauzon, en effet. Bon, "s'était rendue", c'est affecté. Mais dans l'ensemble, c'est pas mal du tout !
On aimerait bien prendre le meilleur des deux, pour en faire un patchwork !
On aimerait bien prendre le meilleur des deux, pour en faire un patchwork !
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Mon site : www.lettresclassiques.fr
«Boas ne renonça jamais à la question-clé : quelle est, du point de vue de l'information, la différence entre les procédés grammaticaux observés ? Il n'entendait pas accepter une théorie non sémantique de la structure grammaticale et toute allusion défaitiste à la prétendue obscurité de la notion de sens lui paraissait elle-même obscure et dépourvue de sens.» [Roman Jakobson, Essais de linguistique générale, "La notion de signification grammaticale selon Boas" (1959)]
- JacqGuide spirituel
Le Hobbit de Lauzon ne m'a pas laissé de désagréable impression, mais le SdA, oui.
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