- Paul DedalusNeoprof expérimenté
"Dans la théorie de la justice comme équité, la position originelle d'égalité correspond à l'état de nature dans la théorie traditionnelle du contrat social. Cette position originelle n'est pas conçue, bien sûr, comme étant une situation historique réelle, encore moins une forme primitive de la culture. Il faut la comprendre comme étant une situation purement hypothétique, définie de manière à conduire à une certaine conception de la justice. Parmi les traits essentiels de cette situation, il y a le fait que personne ne connaît sa place dans la société, sa position de classe ou son statut social, pas plus que personne ne connaît le sort qui lui est réservé dans la répartition des capacités et des dons naturels, par exemple l'intelligence, la force, etc. J'irai même jusqu'à poser que les partenaires ignorent leurs propres conceptions du bien ou leurs tendances psychologiques particulières. Les principes de la justice sont choisis derrière un voile d'ignorance. Ceci garantit que personne n'est avantagé ou désavantagé dans le choix des principes par le hasard naturel ou par la contingence, des circonstances sociales. Comme tous ont une situation comparable et qu'aucun ne peut formuler des principes favorisant sa condition particulière, les principes de la justice sont le résultat d'un accord ou d'une négociation équitables (fair). Car, étant donné les circonstances de la position originelle, c'est-à-dire la symétrie des relations entre les partenaires, cette situation initiale est équitable à l'égard des sujets moraux, c'est-à-dire d'êtres rationnels ayant leurs propres systèmes de fins et capables, selon moi, un sens de la justice."
John Rawls, Théorie de la justice, 1971
Bonjour,
Relativement à ce texte, j'aimerais savoir comment concrètement Rawls met en place le voile d'ignorance?
Qui sont exactement ces "partenaires" et comment se passe la procédure de définition des principes de justice concrètement?
Merci par avance.
John Rawls, Théorie de la justice, 1971
Bonjour,
Relativement à ce texte, j'aimerais savoir comment concrètement Rawls met en place le voile d'ignorance?
Qui sont exactement ces "partenaires" et comment se passe la procédure de définition des principes de justice concrètement?
Merci par avance.
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«Primus ego in patriam mecum, modo uita supersit. »
Virgile Georgiques.
« Ma science ne peut être qu’une science de pointillés. Je n’ai ni le temps ni les moyens de tracer une ligne continue. »
Marcel Jousse
- AshtrakFidèle du forum
Paul Dedalus a écrit: "Dans la théorie de la justice comme équité, la position originelle d'égalité correspond à l'état de nature dans la théorie traditionnelle du contrat social. Cette position originelle n'est pas conçue, bien sûr, comme étant une situation historique réelle, encore moins une forme primitive de la culture. Il faut la comprendre comme étant une situation purement hypothétique, définie de manière à conduire à une certaine conception de la justice. Parmi les traits essentiels de cette situation, il y a le fait que personne ne connaît sa place dans la société, sa position de classe ou son statut social, pas plus que personne ne connaît le sort qui lui est réservé dans la répartition des capacités et des dons naturels, par exemple l'intelligence, la force, etc. J'irai même jusqu'à poser que les partenaires ignorent leurs propres conceptions du bien ou leurs tendances psychologiques particulières. Les principes de la justice sont choisis derrière un voile d'ignorance. Ceci garantit que personne n'est avantagé ou désavantagé dans le choix des principes par le hasard naturel ou par la contingence, des circonstances sociales. Comme tous ont une situation comparable et qu'aucun ne peut formuler des principes favorisant sa condition particulière, les principes de la justice sont le résultat d'un accord ou d'une négociation équitables (fair). Car, étant donné les circonstances de la position originelle, c'est-à-dire la symétrie des relations entre les partenaires, cette situation initiale est équitable à l'égard des sujets moraux, c'est-à-dire d'êtres rationnels ayant leurs propres systèmes de fins et capables, selon moi, un sens de la justice."
John Rawls, Théorie de la justice, 1971
Bonjour,
Relativement à ce texte, j'aimerais savoir comment concrètement Rawls met en place le voile d'ignorance?
Qui sont exactement ces "partenaires" et comment se passe la procédure de définition des principes de justice concrètement?
Merci par avance.
Il me semble que Rawls précise bien que la position originelle est une situation hypothétique, qui ne demande pas de mise en place concrète du voile d'ignorance. Grâce à cela, on peut concevoir la justice. Sinon, l'équilibre entre les partenaires envisagés comme acteurs de l'acte de justice ne peut-être envisagé lui-même.
Ce qui pose le problème de ta deuxième question, à laquelle je ne peux répondre selon Rawls. En effet, je ne le connais que selon l'utilisation de sa théorie pour l'économie publique, ce qui nous éloigne du sujet.
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Un âne dit toujours ce qu'il pense : hi-han !
- LaverdureEmpereur
Les partenaires sont les individus, membres de la société : dans la mesure où nous nous situons tous dans cette situation, hypothétique, de voile d'ignorance, dans laquelle nous ne savons rien de notre situation future (si nous serons riches ou pauvres, malades ou bien portant, etc.), nous devrions nous mettre d'accord sur des principes de justice qui nous conviennent à tous.
Pour Rawls, ces principes de justice sont au nombre de 3 (ou bien 2 et le deuxième est subdivisé en 2 principes) consistent en la répartition de ce qu'il appelle les biens premiers : à la fois naturels (talents, santé, etc., sur lesquels nous ne pouvons rien) et sociaux (les libertés fondamentales, les chances d'accès aux biens, les "bases sociales du respect de soi"). Les bases sociales du respect de soi renvoient aux conditions qui font que nous disposons d'une liberté réelle et non simplement formelle : la richesse, le pouvoir et les prérogatives, les opportunités, les conditions qui permettent à chacun de voir sa valeur reconnue.
L'idée est de définir une société juste. Il s'agit donc, pour Rawls, de montrer qu'une société juste est une société fondée sur 3 principes encadrant les inégalités :
-le principe d'égale liberté (garantir à tous un même niveau, le plus élevé, de libertés fondamentales)
-le principe d'égalité équitable des chances (les inégalités doivent être attachées à des positions sociales, auxquelles, à talent donné, tous les individus ont les mêmes chances d'accès)
-le principe de différence (les inégalités doivent être au bénéfice des moins avantagés de la société)
Voilà, j'espère avoir répondu à ta question. Sinon, en plus du livre de Rawls, tu peux toujours aller voir des manuels d'histoire des idées politiques ou bien la revue les cahiers français (le numéro "Inégalités économiques, inégalités sociales" est très clair là-dessus.
Pour Rawls, ces principes de justice sont au nombre de 3 (ou bien 2 et le deuxième est subdivisé en 2 principes) consistent en la répartition de ce qu'il appelle les biens premiers : à la fois naturels (talents, santé, etc., sur lesquels nous ne pouvons rien) et sociaux (les libertés fondamentales, les chances d'accès aux biens, les "bases sociales du respect de soi"). Les bases sociales du respect de soi renvoient aux conditions qui font que nous disposons d'une liberté réelle et non simplement formelle : la richesse, le pouvoir et les prérogatives, les opportunités, les conditions qui permettent à chacun de voir sa valeur reconnue.
L'idée est de définir une société juste. Il s'agit donc, pour Rawls, de montrer qu'une société juste est une société fondée sur 3 principes encadrant les inégalités :
-le principe d'égale liberté (garantir à tous un même niveau, le plus élevé, de libertés fondamentales)
-le principe d'égalité équitable des chances (les inégalités doivent être attachées à des positions sociales, auxquelles, à talent donné, tous les individus ont les mêmes chances d'accès)
-le principe de différence (les inégalités doivent être au bénéfice des moins avantagés de la société)
Voilà, j'espère avoir répondu à ta question. Sinon, en plus du livre de Rawls, tu peux toujours aller voir des manuels d'histoire des idées politiques ou bien la revue les cahiers français (le numéro "Inégalités économiques, inégalités sociales" est très clair là-dessus.
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- User17706Bon génie
Le texte est p. 38 de la traduction française de C. Audard (Points-Seuil).
Les critiques se concentrent soit sur les présupposés de la démarche ou sur sa pertinence (le résultat d'une délibération d'individus sous voile d'ignorance peut-il à bon droit être considéré comme ce que Rawls dit qu'il est, à savoir un ensemble de principes de justice ?), soit sur la démonstration elle-même (une délibération menée dans les conditions posées par Rawls aboutirait-elle effectivement aux résultats qu'il indique ?), souvent sur les deux à la fois.
D'ailleurs, les discussions nombreuses ont amené Rawls lui-même à étoffer voire à modifier les justifications de ses résultats.
Voilà, ça n'ajoute pas énormément de choses mais ça permet de préciser ce que Rawls s'attache à faire : indiquer quels seraient les résultats d'une délibération hypothétique si elle était menée dans les conditions elles-mêmes hypothétiques qu'il précise.
Comme l'a dit Ashtrak, il ne s'agit aucunement d'une mise en place concrète : en fait, le voile d'ignorance figure l'impartialité des parties (ou « partenaires ») dans la délibération qui doit aboutir au choix des principes fondamentaux de justice que Laverdure a décrits si la démonstration de Rawls est correcte.Paul Dedalus a écrit: Relativement à ce texte, j'aimerais savoir comment concrètement Rawls met en place le voile d'ignorance?
Les partenaires sont « les individus, membres de la société », supposés rationnels (concept explicité dans le chapitre 25 de la Théorie de la justice ; tu as des précisions synthétiques aux p. 177-178 sur la procédure) mais placés sous voile d'ignorance, c'est-à-dire ayant des intérêts particuliers mais ignorant lesquels (et ne pouvant donc les privilégier au cours de la délibération). Dès lors, le boulot de Rawls consiste à montrer que de tels individus aboutiraient, au cours d'une délibération, à adopter les principes indiqués (et à les hiérarchiser de la même façon).Qui sont exactement ces "partenaires" et comment se passe la procédure de définition des principes de justice concrètement?
Les critiques se concentrent soit sur les présupposés de la démarche ou sur sa pertinence (le résultat d'une délibération d'individus sous voile d'ignorance peut-il à bon droit être considéré comme ce que Rawls dit qu'il est, à savoir un ensemble de principes de justice ?), soit sur la démonstration elle-même (une délibération menée dans les conditions posées par Rawls aboutirait-elle effectivement aux résultats qu'il indique ?), souvent sur les deux à la fois.
D'ailleurs, les discussions nombreuses ont amené Rawls lui-même à étoffer voire à modifier les justifications de ses résultats.
Voilà, ça n'ajoute pas énormément de choses mais ça permet de préciser ce que Rawls s'attache à faire : indiquer quels seraient les résultats d'une délibération hypothétique si elle était menée dans les conditions elles-mêmes hypothétiques qu'il précise.
- AshtrakFidèle du forum
PauvreYorick a écrit:
Les critiques se concentrent soit sur les présupposés de la démarche ou sur sa pertinence (le résultat d'une délibération d'individus sous voile d'ignorance peut-il à bon droit être considéré comme ce que Rawls dit qu'il est, à savoir un ensemble de principes de justice ?), soit sur la démonstration elle-même (une délibération menée dans les conditions posées par Rawls aboutirait-elle effectivement aux résultats qu'il indique ?), souvent sur les deux à la fois.
D'ailleurs, les discussions nombreuses ont amené Rawls lui-même à étoffer voire à modifier les justifications de ses résultats.
Voilà, ça n'ajoute pas énormément de choses mais ça permet de préciser ce que Rawls s'attache à faire : indiquer quels seraient les résultats d'une délibération hypothétique si elle était menée dans les conditions elles-mêmes hypothétiques qu'il précise.
J'aime bien Rawls pour l'exemple d'expérience de pensée. Mais je rejoins les nombreuses critiques portant sur la démonstration que tu cites : le lien entre les conditions et le résultat indiqué.
J'aurais tendance à croire que si les conditions étaient respectées, les principes de justice n'auraient pas à être discutés. La discussion étant dès lors vecteur (vectrice ?) d'injustice.
Mais il parait qu'en disant cela, je fais du mauvais esprit (remarque d'un professeur de l'époque)
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- FeuchtwangerNiveau 9
Ashtrak a écrit:PauvreYorick a écrit:
Les critiques se concentrent soit sur les présupposés de la démarche ou sur sa pertinence (le résultat d'une délibération d'individus sous voile d'ignorance peut-il à bon droit être considéré comme ce que Rawls dit qu'il est, à savoir un ensemble de principes de justice ?), soit sur la démonstration elle-même (une délibération menée dans les conditions posées par Rawls aboutirait-elle effectivement aux résultats qu'il indique ?), souvent sur les deux à la fois.
D'ailleurs, les discussions nombreuses ont amené Rawls lui-même à étoffer voire à modifier les justifications de ses résultats.
Voilà, ça n'ajoute pas énormément de choses mais ça permet de préciser ce que Rawls s'attache à faire : indiquer quels seraient les résultats d'une délibération hypothétique si elle était menée dans les conditions elles-mêmes hypothétiques qu'il précise.
J'aime bien Rawls pour l'exemple d'expérience de pensée. Mais je rejoins les nombreuses critiques portant sur la démonstration que tu cites : le lien entre les conditions et le résultat indiqué.
J'aurais tendance à croire que si les conditions étaient respectées, les principes de justice n'auraient pas à être discutés. La discussion étant dès lors vecteur (vectrice ?) d'injustice.
Mais il parait qu'en disant cela, je fais du mauvais esprit (remarque d'un professeur de l'époque)
Ce qui m'inquiète profondément chez Rawls, c'est son mépris absolument total de ce qui constitue un être humain : ses traditions, son patrimoine, la société où il évolue. Cette vision hors-sol (outre qu'elle n'est qu'un jeu de l'esprit) me semble être très profondément inquiétante dans ses applications sociales concrètes.
J'ai beaucoup été marqué par la critique de Rawls par l'universitaire américain Paul Gottfried qui m'a toujours semblé pleine de bon sens. Je suis assez étonné d'ailleurs de la nouvelle popularité de Rawls. Je me rappelle notamment d'une présentation de Rawls dans un stage sur l'éthique et la morale qui me semblait assez à contre emploi.
- User17706Bon génie
Mmh, beaucoup de travail ce soir, trop pour discuter, mais disons que je ne suis sûr ni que l'injustice augmente avec la discussion sous ces conditions (en tout cas ce ne serait pas forcément plus facile à démontrer que le résultat de Rawls ), ni qu'on puisse dire que l'affirmation de la possibilité qu'une analyse fasse abstraction de x équivale à un mépris total de x
- LevincentNiveau 9
Il n'y a rien à faire, je n'arrive pas à rentrer dans ce livre. Je le trouve mal écrit, j'ai du mal à y voir clair au travers de toutes les couches d'hypothèses abstraites que Rawls accumule, je relis chaque paragraphe plusieurs fois car je ne vois jamais où il veut en venir. C'est moi ou ce livre est vraiment difficile ?
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« Un philosophe moderne qui n'a jamais éprouvé le sentiment d'être un charlatan fait preuve d'une telle légèreté intellectuelle que son oeuvre ne vaut guère la peine d'être lue. »
Leszek Kolakowski
- Paul DedalusNeoprof expérimenté
Concentre-toi sur le fond plutôt que sur la forme pour le coup!
Ce n'est effectivement pas du Proust. C'est très factuel et démonstratif.
Une bonne manière de le lire peut être de faire des schémas, lister ses arguments, voir comment il passe d'une position à une autre etc...
Ce n'est effectivement pas du Proust. C'est très factuel et démonstratif.
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- jésusFidèle du forum
Feuchtwanger a écrit:Ashtrak a écrit:PauvreYorick a écrit:
Les critiques se concentrent soit sur les présupposés de la démarche ou sur sa pertinence (le résultat d'une délibération d'individus sous voile d'ignorance peut-il à bon droit être considéré comme ce que Rawls dit qu'il est, à savoir un ensemble de principes de justice ?), soit sur la démonstration elle-même (une délibération menée dans les conditions posées par Rawls aboutirait-elle effectivement aux résultats qu'il indique ?), souvent sur les deux à la fois.
D'ailleurs, les discussions nombreuses ont amené Rawls lui-même à étoffer voire à modifier les justifications de ses résultats.
Voilà, ça n'ajoute pas énormément de choses mais ça permet de préciser ce que Rawls s'attache à faire : indiquer quels seraient les résultats d'une délibération hypothétique si elle était menée dans les conditions elles-mêmes hypothétiques qu'il précise.
J'aime bien Rawls pour l'exemple d'expérience de pensée. Mais je rejoins les nombreuses critiques portant sur la démonstration que tu cites : le lien entre les conditions et le résultat indiqué.
J'aurais tendance à croire que si les conditions étaient respectées, les principes de justice n'auraient pas à être discutés. La discussion étant dès lors vecteur (vectrice ?) d'injustice.
Mais il parait qu'en disant cela, je fais du mauvais esprit (remarque d'un professeur de l'époque)
Ce qui m'inquiète profondément chez Rawls, c'est son mépris absolument total de ce qui constitue un être humain : ses traditions, son patrimoine, la société où il évolue. Cette vision hors-sol (outre qu'elle n'est qu'un jeu de l'esprit) me semble être très profondément inquiétante dans ses applications sociales concrètes.
J'ai beaucoup été marqué par la critique de Rawls par l'universitaire américain Paul Gottfried qui m'a toujours semblé pleine de bon sens. Je suis assez étonné d'ailleurs de la nouvelle popularité de Rawls. Je me rappelle notamment d'une présentation de Rawls dans un stage sur l'éthique et la morale qui me semblait assez à contre emploi.
C'est du libéralisme...qu'on aime beaucoup en ce moment. Une politique uniquement hors-sol...qui ne cesse de créer un malaise dans les populations et qui est pensé comme un aboutissement, comme la fin de l'histoire. On a abouti a un système vrai qui fonctionne et qui est le meilleur compromis et l'alternative au conflit.
Puisqu'on ne peut pas résorber les inégalités, on va les faire passer, les justifier, faire en sorte que ces inégalités ne gêne pas trop.
Pendant ce temps-là, la gauche de l'aile libérale suit ce genre d'idées. Et semble démissionner de sa mission de réduire les inégalités réelles. Bref, le libéralisme, c'est du désenchantement totale. Une idéologie perverse qui se présente comme la réponse aux errements des autres idéologies.
- Paul DedalusNeoprof expérimenté
Bah oui, le libéralisme est une politique défaitiste qui refuse tout radicalisme et ne pense que depuis ce qui est déjà institué, c'est clair.
Politique de confort quoi qu'on en dise, qui a juste le mérite de ne pas se payer d'utopie.
Certainement pas une "grande politique" au sens nietzschéen du terme, c'en est même l'antithèse.
Et on en revient ici à ce qu'en disait Levincent sur le style.
Politique de confort quoi qu'on en dise, qui a juste le mérite de ne pas se payer d'utopie.
Certainement pas une "grande politique" au sens nietzschéen du terme, c'en est même l'antithèse.
Et on en revient ici à ce qu'en disait Levincent sur le style.
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- LevincentNiveau 9
Paul Dedalus a écrit:Concentre-toi sur le fond plutôt que sur la forme pour le coup!
Ce n'est effectivement pas du Proust. C'est très factuel et démonstratif.
Une bonne manière de le lire peut être de faire des schémas, lister ses arguments, voir comment il passe d'une position à une autre etc...
Justement, l'explication demandée au concours concerne aussi la forme. Il faut identifier la structure, retracer le cheminement de pensée. Parfois je me demande bien ce que je dirais si je devais expliquer certains passages. Je ne vois pas ce qu'ils viennent faire à cet endroit, je ne comprends pas pourquoi telle hypothèse est utilisée. Mon problème est que j'ai du mal à comprendre globalement le livre et que je ne saisis pas le rôle de chaque passage dans l'économie de l'oeuvre en général. Si jamais je vais aux oraux, je croiserai les doigts pour tomber sur Malebranche.
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Leszek Kolakowski
- LevincentNiveau 9
jésus a écrit:
C'est du libéralisme...qu'on aime beaucoup en ce moment. Une politique uniquement hors-sol...qui ne cesse de créer un malaise dans les populations et qui est pensé comme un aboutissement, comme la fin de l'histoire. On a abouti a un système vrai qui fonctionne et qui est le meilleur compromis et l'alternative au conflit.
Puisqu'on ne peut pas résorber les inégalités, on va les faire passer, les justifier, faire en sorte que ces inégalités ne gêne pas trop.
Pendant ce temps-là, la gauche de l'aile libérale suit ce genre d'idées. Et semble démissionner de sa mission de réduire les inégalités réelles. Bref, le libéralisme, c'est du désenchantement totale. Une idéologie perverse qui se présente comme la réponse aux errements des autres idéologies.
Je ne sais pas si tu as lu Jean-Claude Michéa, ça peut peut-être t'intéresser. L'Empire du moindre mal, par exemple.
- jésusFidèle du forum
L'empire de la débâcle intellectuelle et morale du néo-libéralisme macronien ( ce type a fait de la philo sous la direction de Ricoeur qui avait commenté Rawls)
- LevincentNiveau 9
Aussi intéressant que soit le débat sur les failles du libéralisme et sur les habitus de ceux qui le propagent, je pense qu'il faut éviter de donner un tour idéologique à la question ici. Il y a d'autres forums qui sont mieux adaptés à cela. La section "Philosophie" de neoprofs est consacrée à la discussion de sujets philosophiques, en rapport ou non avec l'enseignement ou les concours officiels. Il est malvenu d'amener ici des considérations qui sont de l'ordre de l'opinion ou de l'idéologie sur les thèmes actuels. Je reconnais volontiers que ne s'en tenir qu'à l'analyse des idées et des raisonnements revient à limiter sa compréhension du réel, mais l'objet de ce forum n'est pas de porter des jugements de valeur sur les acteurs ou les enjeux politiques du moment.
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Leszek Kolakowski
- jésusFidèle du forum
ok, je me faisais juste plaisir..je vous laisse débattre.
- Paul DedalusNeoprof expérimenté
Levincent a écrit:Paul Dedalus a écrit:Concentre-toi sur le fond plutôt que sur la forme pour le coup!
Ce n'est effectivement pas du Proust. C'est très factuel et démonstratif.
Une bonne manière de le lire peut être de faire des schémas, lister ses arguments, voir comment il passe d'une position à une autre etc...
Justement, l'explication demandée au concours concerne aussi la forme. Il faut identifier la structure, retracer le cheminement de pensée.
C'est ce que je te proposais de faire en fait.
Je te disais juste de dépasser l'aridité peu séduisante de la forme en la dépassant par une lecture méthodique de ce dont il est essentiellement question.
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Marcel Jousse
- Solal des SolalNiveau 6
On ne peut comprendre ce livre qu'à condition d'identifier les thèses auxquelles il s'oppose en amont (Rousseau, Kant, Mill, etc.) et ses critiques en aval (Habermas, Nozick, Sen, etc.).Levincent a écrit:Il n'y a rien à faire, je n'arrive pas à rentrer dans ce livre. Je le trouve mal écrit, j'ai du mal à y voir clair au travers de toutes les couches d'hypothèses abstraites que Rawls accumule, je relis chaque paragraphe plusieurs fois car je ne vois jamais où il veut en venir. C'est moi ou ce livre est vraiment difficile ?
- LevincentNiveau 9
Solal des Solal a écrit:
On ne peut comprendre ce livre qu'à condition d'identifier les thèses auxquelles il s'oppose en amont (Rousseau, Kant, Mill, etc.) et ses critiques en aval (Habermas, Nozick, Sen, etc.).
D'où il suit qu'il était impossible de comprendre le livre avant que ces critiques n'existent.
- Solal des SolalNiveau 6
Impossible non. Juste plus compliqué (personnellement, je n'ai compris Joyce qu'après avoir lu Beckett !).Levincent a écrit:Solal des Solal a écrit:
On ne peut comprendre ce livre qu'à condition d'identifier les thèses auxquelles il s'oppose en amont (Rousseau, Kant, Mill, etc.) et ses critiques en aval (Habermas, Nozick, Sen, etc.).
D'où il suit qu'il était impossible de comprendre le livre avant que ces critiques n'existent.
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