J'hallucine (boulot)

On veut faire croire qu'on aide à l'inclusion des élèves handicapés alors qu'on réalité il s'agit de les mettre dans des classes de 30 élèves, avec un prof pas formé, et qu'on laisse se débrouiller. C'est surtout fait pour faire des économies et ça n'aide ni ces enfants, ni les autres qui sont perturbés.

Un gamin qui fait une crise d'appendicite en classe, on appelle le 15, il part direct à l'hosto, et il ne viendrait pas à l'idée de qui que ce soit de contester.
Dès que la pathologie est mentale ou cognitive, c'est le vide sidéral, et on peut attendre plusieurs années avant que l'enfant soit pris en charge efficacement. (même la maltraitance n'est pas toujours gérée rapidement).

C'est le volet pervers de la loi sur le handicap. Je suis pour, d'autant plus que j'ai une fille malentendante et un compagnon aveugle, mais en dix ans je n'ai jamais vu un gamin en fauteuil, sourd ou aveugle ... qui ne me poseraient pourtant aucun problème. une fois résolues les difficultés matérielles, en revanche, des gamins barrés sans aide ... de plus en plus chaque année.

C'est aussi l'effet pervers d'une résistance observée en maternelle au diagnostic précoce. Certains enseignants y voient l'opportunité, et même la chance de pouvoir intervenir tôt, d'autres y voient (à tort, à mon sens) une "stigmatisation" abusive. Pourtant, d'expérience avec ma propre fille, j'ai appris que le déni est le pire choix. L'école maternelle me disait "Attendez ça va s'améliorer l'année prochaine", j'ai bien fait de ne pas écouter. (et c'est même ce qui m'a fait changer de métier ... pour devenir PE !).

C'est une des raisons pour lesquelles, depuis 5 ans environ, nous avons de plus en plus d'enfants atteints de troubles du comportement. Pas juste turbulents, mal élevés, ou insolents, mais vraiment "barrés". Et en souffrance.

L'absence d'éducation à la maison y est aussi pour beaucoup, reconnaissons-le.
Mais quand on ose dire qu'il faudrait sucrer les allocs pour les parents qui manifestement n'éduquent et/ou ne prennent pas soin de leurs enfants et les utiliser pour les faire soigner d'autorité, on passe pour une affreuse réac...

gnafron2004 a écrit:Je ne peux que compatir, je trouve ahurissant qu'on vous laisse gérer ce genre de cas sans aucune aide ou même reconnaissance du problème; ce n'est pas bon pour les autres enfants, mais ça n'est même pas une solution utile pour le gamin en question non plus… Il a perdu 6 mois, tu as perdu des tonnes d'énergie que tu aurais dû pouvoir utiliser…à être enseignante!
Bref...

Exactement, et c'est scandaleux pour tout le monde !

L'EN n'a aucune solution. Les hôpitaux dégraissent. Les classes spécialisées ne sont pas assez nombreuses car trop chères. Je peux vous en écrire un livre.

N'y aurait-il point quelque budget mal employé que l'on pourrait employer plus utilement dans des classes spécialisées? Genre la gabegie TICE ?

Mettre quelques sous de plus dans ces classes spécialisées n'empêcherait-il pas des dépenses autrement plus importantes dix ans plus tard, mais qui seront imputables au ministère de la Justice ?
je sais je sais , réac je suis ... j'assume.

Non tu as entièrement raison. Mais ce qui compte pour les politiques et les recteurs c'est d'annoncer l'installation de Tbi, des dotations de tablettes et de ne surtout pas réformer le pilotage complètement administratif. Alors que créer des places en Itep ou en hôpital de jour ça ne rapporte rien en terme d'image. Et puis avec la loi de 2005 la logique et d'inclure ( une scolarité en classe ordinaire avec Avs coûte trois a cinq fois loin cher que le spécialisé et fait plaisir aux parents..)

Ronin a écrit:L'EN n'a aucune solution. Les hôpitaux dégraissent. Les classes spécialisées ne sont pas assez nombreuses car trop chères. Je peux vous en écrire un livre.

Tu devrais. Vu le contexte actuel, ça serait vendeur, et ça permettrait peut-être de flanquer le coup de pied au lulu qui ferait tant de bien au système. En plus, tu me le dédicaceras, parce que, parce que bon.

Si je fais ça je pars direct au placard. La loi de 2005 est un tabou. Et je ne suis qu'un PE. A l'époque une pétition de 600 psy et directeurs d'établissements est restée lettre morte. L'IG dans un rapport de 2012 appelle à rationnaliser les postes en psy...quand on voit que la réponse du ministère a la bérézina du premier degré c'est la réforme des rythmes...le Titanic coule, l'orchestre joue plus fort...

La loi de 2005 précise que l'inclusion doit se faire si elle est bénéfique à l'élève. En d'autres termes, scolariser un élève aveugle sans qu'il ait un ordinateur vocalisé, une imprimante, une plage braille, même avec un enseignant dévoué corps et âme qui apprend le braille, ce n'est pas bénéfique.
Clairement, il faut plus d'AVS, et des bien formés, il y a des AVS extraordinaires, et aussi des gens qui n'ont rien à faire dans une classe, je suis désolée de le dire mais c'est la vérité.
Et surtout, il faudrait que la remédiation ne soit pas à la discrétion des parents. "Le discours "je veux que mon enfant soit dans une classe normale , j'y ai droit, comme ça j'ai l'illusion que mon enfant est normal et tout va bien", c'est inacceptable. Pour le bien de l'enfant.
Enfin, il ne devrait pas être acceptable non plus que (soi-disant) pour le bien d'un enfant, on en foute 26 à la poubelle. Le vocable est inélégant, mais je le maintiens car c'est ainsi que je ressens les choses.

Accessoirement, on pourrait aussi se préoccuper un peu des enseignants .. mais bon, je sais, à mon âge, je ne devrais plus croire au Père Noël.

Verdurette a écrit:Clairement, il faut plus d'AVS, et des bien formés, il y a des AVS  extraordinaires, et aussi des gens qui n'ont rien à faire dans une classe, je suis désolée de le dire mais c'est la vérité.

C'est désolant, mais peu surprenant, vu les contraintes et la rémunération de cette activité

Tu dis n'avoir jamais eu d'élève aveugle. J'en ai un, en Tle. C'est assez difficile pour lui de suivre, alors qu'il est vraiment sérieux. Entre autre, il doit se concentrer énormément pour suivre, ou pour lire en braille, car il utilise beaucoup sa mémoire (plutôt que d'aller relire le début de l'exo comme font les voyants). Je ne sais pas trop, malgré un peu d'aide de l'INJA, comment lui faire utiliser un tableur ou une calculatrice. Enfin je fais ce que je peux, avec l'aide de son AVS (très sérieuse, mais dont il veut aussi peu d'aide que possible, par fierté) et de ses camarades.
Mon impression, c'est que dans une classe de non-voyants, il pourrait progresser bien plus en maths.
Pour ce qui est de progresser dans la vie en générale ou dans le fameux vivre ensemble, c'est clair que c'est profitable à lui comme à sa classe de se côtoyer... Je ne sais pas ce qui est le plus intéressant.
Au niveau des économies, il faut a fallu transcrire tous ses manuels (forcément différents de ceux qu'emploient d'autres enfants aveugles insérés dans d'autres classes), les documents conçus par moi (sujets d'évaluation, etc), et payer l'AVS... Je ne sais pas si l'État y gagne, dans ce cas précis.

Je me trompe peut être sur la notion d'handicap, mais j'ai eu de belles et heureuses expériences avec des enfants handicapés mélangés à des classes ordinaires, avec de belles initiatives de solidarité et d'acceptation dans les classes. J'ai le souvenir d'un enfant autiste (ne me demandez pas à quel degré!!!) qui est sorti de son mutisme et a fait des progrès incroyables au contact des autres.

J'ai eu aussi, il y a longtemps, en primaire, une élève trisomique (pareil, je ne sais pas à quel degrés). Il fallait voir la joie sur son visage quand elle a su se présenter en anglais. (je sais qu'il y avait des aménagements importants faits pour elle).

Je pense que la présence d'une ou deux personnes handicapées dans des classes ou dans une entreprise peuvent vraiment être humainement un apport important pour tout le monde.

Certes, quand le handicap n'est pas trop important et n'empêche pas l'enfant de travailler et ne perturbe pas les autres. J'ai eu plusieurs cas où ça s'est passé comme tu décris et là c'est très positif, mais là le cas de Verdurette est différent, c'est un enfant qui ne peut pas s'adapter à une classe.

Oui tout à fait, il y a tellement de formes et de degrés de handicaps.

Il est clair que la présence d'un enfant handicapé peut être un partage d'une grande richesse pour lui et la classe. En revanche, un enfant avec des troubles envahissants du comportement, inadapté à l'école, ne bénéficie de rien et n'apporte rien aux autres , à part beaucoup de fatigue et de perturbation. Et même des dangers, cela m'est arrivé plusieurs fois.

Je fais une digression à propos de ton élève, Brindif, il n'a pas d'ordinateur vocalisé ? Avec cet outil, et un scanner, il pourrait "lire" (et relire)  directement son manuel et tous tes documents, y répondre directement au clavier. Avec un casque on ne dérange pas les autres élèves.   On peut vérifier les graphies qu'on ne peut pas distinguer auditivement avec une plage braille (ex : était/étaient).

Mon compagnon m'a dit que même en institut spécialisé la géométrie était assez compliquée pour un aveugle. Il a plus de mal à imaginer les calculatrices complexes avec des courbes, des fonctions, qui  n'existaient pas de son temps.

Verdurette a écrit:Je fais une digression à propos de ton élève, Brindif, il n'a pas d'ordinateur vocalisé ?

Si, mais à ce qu'il me dit, ça ne lit pas les formules mathématiques. Ça demande de toutes façons plus de mémorisation et d'effort de retrouver un élément dans un tableau par exemple, qui est conçu pour être vu. Idéalement il faudrait trouver une autre façon de représenter les mêmes problèmes... mais ça ne sera pas le cas au bac.

Mais au bac il aura un "secrétaire", non ?

Il aura l'AVS, mais il est très réticent à lui demander de l'aide, quitte à laisser tomber un exercice pour lequel il se trouve trop dépendant    (elle, de son côté, a fait de gros progrès en maths depuis le début de l'année )

Ronin a écrit:Si je fais ça je pars direct au placard. La loi de 2005 est un tabou. Et je ne suis qu'un PE. A l'époque une pétition de 600 psy et directeurs d'établissements est restée lettre morte.

Écris, décris ! Quitte à le faire sous pseudo. Il faut que les gens sachent.

Jeudi 31 mars:
_ Des collègues seront en formation.
_ La collègue de musique sera en journée chorale.
_ Les surveillants songent sérieusement à participer au mouvement de grève. D'ailleurs la dernière fois, ils étaient tous en grève.
_ Des profs vont peut-être faire grève.
_ Des gamins de CM2 seront accueillis au collège.

Et le 1er avril:
Une équipe de tournage de l'IA va débarquer.
Veille des vacances+ 1er avril + caméra = Top ambiance  

Ca promet d'être sympa, non?

Mais bon, comme des collègues l'ont déjà dit: " en cas de problème, tu t'en fous puisque c'est pas toi qui seras responsable"  

Cette semaine, je ferai cours comme d'hab et tant que tout va bien pour moi et mes élèves dans mes cours, je m'en fous    

Gryphe a écrit:

Ronin a écrit:Si je fais ça je pars direct au placard. La loi de 2005 est un tabou. Et je ne suis qu'un PE. A l'époque une pétition de 600 psy et directeurs d'établissements est restée lettre morte.

Écris, décris ! Quitte à le faire sous pseudo. Il faut que les gens sachent.

Pas mal de gens savent. Mais s'en foutent. Ensuite cette loi permet d'économiser des centaines de millions d'euros par an. Tu rajoutes le politiquement correct. Il n'y a que lorsque les associations de parents exigeront un changement que nous pourrons l'ouvrir.

Ronin a écrit:J'ai le même par chez moi. Un CDE qui donne des bonbons aux élèves exclus qui sont envoyés dans son bureau. Autant dire que c'est le boxon dans son collège.

Le mien a fait très fort: il a donné un euro à un élève de 5ème qui avait tombé une dent en cours d'anglais. Ben oui, la petite souris

J'en ai eu une qui avait offert un whisky à un élève de 3è, alors…rien ne m'étonne plus. Et après on vient nous faire des reproches pour une note mal comprise...

Ce soir, réunion pour la rédaction du nouveau projet d'établissement. On a bien rigolé pleuré: 

- "parmi les items du machin académique, il manque une mention du numérique" - commentaire moqueur d'une collègue sur les tablettes du collège, reçue en septembre, et toujours pas en marche - "elles le seront bientôt, bien sûr" - intervention d'un collègue devenu formateur il y a peu: "vous savez M. le Proviseur, les IPR disent, je cite, se réjouir que les tablettes soient indisponibles car pendant ce temps les élèves travaillent" (bon, ils sont gonflés quand même...)

- LA grande proposition du jour: serions-nous prêts à nous engager dans, je cite, une "démarche qualité climat scolaire"   Travaux en groupe, en îlots  , mise en commun: trois groupes plus ou moins suiveurs ("nous n'avons pas trop eu le temps d'y réfléchir, pourquoi pas, bla bla"); j'étais manifestement dans le groupe des rebelles (avec un autre membre du forum (the basis of optimism is sheer terror  ) et nous avons sorti l'artillerie lourde: "non, un cadre systémique trop contraint et trop contraignant, rempli de préjugés idéologiques, ne nous semble pas être utile pour répondre à d'éventuels et légitimes soucis des élèves; nous y répondrons, mais sans ce cadre". Entre autre, le dispositif, chouette, allait "rentrer dans nos classes": "utilisons-nous les pédagogies collaboratives pour améliorer le climat scolaire?" 

Réunion parents- profs: il n'y en a que pour les collègues de maths....le français visiblement, on s'en tape.
Je sens que je ne vais pas tarder à revoir mon barème des choupis, on va voir si le français compte pour du beurre.

Hallucination positive...
J'ai corrigé 7 DS de seconde : introduction et 1ère partie d'un commentaire de l'aveu de Phèdre à Hippolyte et pour le moment les notes vont de 11 à 16... alors que je n'ai pas vu les copies des meilleurs élèves
bon, il m'en reste 28.

Ben, on sait que lorsqu'on va voir les collègues des matières importantes (maths et histoire, quoi), on a aussi un écho du français, puisqu'on fait du français partout.

Tandis que toi, tu ne leur fais pas faire de maths, ni de croquis, alors, hein.