PES (Professeur des Écoles Stagiaires), continuer ou pas ?

Bonjour,
Je suis PES cette année. J'ai donc une classe à mi-temps. Je suis en reconversion professionnelle et je n'avais jamais fait de stage auparavant.
Aujourd'hui, je suis en grande difficulté devant ma classe. Je n'ai pour le moment pas réussi à poser le cadre et c'est une injonction forte des personnes qui me visitent. Devant ma classe, je ne me reconnais pas, je ne prend pas de plaisir et je suis envahie par le stress. Les élèves ne me respectent pas et je pense même qu'ils appréhendent les journées avec moi.
Je suis à deux doigts de la démission.
Je voudrais savoir s'il est normal que les débuts soient si difficiles. Je ne sais plus quoi faire... ni vers qui me retourner... J'ai l'impression qu'il est trop tard, que je ne parviendrais pas à inverser la tendance... Qu'en pensez vous ?
Merci pour votre aide.

C'est difficile à dire.
L'année de stage n'est jamais facile...

Avais-tu des attentes particulières en te reconvertissant dans l'E.N. ?
Est-ce que cette sensation de malaise était présente dès le début, ou la situation s'est dégradée petit à petit ?

Il est tard, et il y a moins de P.E. connecté(e)s, n'hésite pas à faire remonter ton topic demain...

Les débuts peuvent être rudes... Essaie de te concentrer sur les petites choses qui fonctionnent. Réfléchis avant de démissionner, je ne sais pas si on peut savoir si on est fait ou pas pour ce métier pendant l'année de stage.
Bon courage

Peux-tu nous en dire plus sur le niveau et le contexte (REP, nombre d'élèves, cas difficiles...) ?

Peux-tu t'appuyer sur quelqu'un à l'école ?

Comment cela se passe-t-il avec le titulaire ?

Je vais te donner des devoirs, tiens ! Essaye de trouver un exemple de quelque chose que tu fais qui marche bien, où tu prends plaisir (si, si, il y en a forcément !) et un exemple de truc qui foire.

Ne te décourage pas, ce n'est pas un métier facile et ce n'est pas inné. Enseigner, c'est comme le chinois, ça s'apprend !
Sur ce, au dodo, une maîtresse reposée en vaut deux !

Maîtresse, PEFM!

Excellentes questions

  PES .

Ouh là ! Dieu m'en préserve ! :lol:

Je suis dans les PPRE alors je me force à remplir la colonne "Points d'appui" et finalement, ça a du bon !

X est un élève qui sait écouter et prendre en compte les conseils.
Y fait preuve d'une grande volonté de bien faire.
Z veut faire plaisir à l'adulte.
A n'hésite pas à participer à l'oral.
B a un vocabulaire étendu, passif comme actif.
C a acquis des automatismes en analyse grammaticale . en calcul réfléchi/ en calcul posé.
D a une grande curiosité dans les domaines dits d'éveil.


Ma collègue (qui a l'autre CM2 de l'école) est PEFM, et est une femme de valeur, qui apporte beaucoup, et pas qu'à ses stagiaires .

Merci pour vos réponses.
Mon contexte : cycle 3, école rurale plutôt favorisée, 26 élèves. Rien de "méchant" sur le papier. Quelques élèves plus difficiles à gérer au niveau du comportement. J'ai laissé s'installer de mauvaises habitudes et cela a fini par "déteindre" sur le reste de la classe.
Donc une ambiance de classe qui n'est pas agréable pour personne : trop d'agitation notamment. En voulant être plus ferme, j'ai encore dégradé cela. Pas de climat de confiance et de respect. Je vais maintenant en classe la boule au ventre et les élèves le ressentent forcément, et pour eux aussi "mes" jours doivent être difficiles.
Avec mes collègues, je n'ai jamais caché mes difficultés, mais mon état de stress ne les encourage pas à trop me parler je pense. J'ai pleuré quelquefois à l'école (hors temps de classe)... mais je ne me suis jamais "enfermée" dans ma classe.
Je me demande s'il est possible d'inverser la tendance maintenant... Je pense à arrêter mais au fond de moi, je n'ai pas envie de lâcher. J'ai fait des sacrifices pour en arriver là.
Pensez vous qu'il est trop tard pour arriver à "sauver" cette année ? Les habitudes ne sont-elles pas trop installées chez les élèves ?

Ce sont des enfants donc rien n'est perdu.
Ne pourriez-vous pas calquer votre fonctionnement sur celui de votre binôme, si cela se passe bien avec elle ? ou même, si vous avez un peu de liberté, vous pouvez le lui demander et aller travailler avec elle une demi-journée où elle a les élèves pour observer.
Y-a-t-il eu une procédure d'alerte ?

J'ai essayé de calquer mon fonctionnement sur celui de ma binôme, mais ce n'est pas si évident. Ce qui marche bien avec elle est souvent source de difficultés chez moi. Par exemple, l'accès à la bibliothèque et aux jeux quand les élèves les plus rapides ont fini leur travail. Pour moi, cela génère beaucoup d'agitation, cela dérange les élèves qui travaillent encore et semble les inciter à "bacler" leur travail... Et après ces temps, j'ai encore plus de mal à récupérer la classe.
Je ne suis pas encore en procédure d'alerte mais cela ne va pas tarder car je viens de tirer la sonnette d'alarme... Jusqu'à présent cela me faisait très peur mais force est de constater que je n'y arrive pas...

Le fait qu'une alerte soit lancée va certainement vous donner un peu de respiration avec la prise en charge de votre classe par un remplaçant sur une ou deux journées par exemple, le temps que vous alliez voir un maître formateur et recevoir des conseils.
Vous avez donc bien fait de tirer la sonnette d'alarme.

J'ai connu la même chose. C'est profondément déstabilisant.
(j'ai été complément de service avant d'avoir "ma" classe et ... une PES comme complément ;-) )

Ce que je te propose:
Avec toi:
*2 personnes à la biblio en simultanée, pas de jeux du tout (perso, je trouve que cela fait trop de bruit, même avec les + sages! ) .

*Par contre des exercices qui poussent + loin/haut/fort et des coloriages magiques/recherches, selon ce qui te plait/ tu trouves sans que cela te donne trop de boulot en +.

* "Coincer" les trop rapides en imposant que "tb", c'est quand le travail est parfait (point, majuscule, copie impec') peut les garder + longtemps au boulot, et du bon boulot. Certaines années, je prévois une phase d'autocorrection au retour du déjeuner, qui permet d'accéder à une meilleure appréciation , même pour les bons élèves, par ce jeu-là (je note "b+" car 2 points manquant -> l'élève se corrige, cela devient "b+ -> tb" ).

*"Méheuuuu avec madame X on peuuuuuut " (le grand classique! ... vrai ou pas  ) -> est-ce que je suis Mme X.  Non. Avec moi, c'est comme ça.

Demander de l'aide est courageux.

J'ai essayé un temps les fiches d'autonomie mais même cela j'avais du mal à le gérer...
Je ne sais pas si demander de l'aide est courageux mais là je n'en peux plus, je suis fatiguée physiquement et moralement et je ne sais pas si une alerte suffira.
En ce moment, les élèves font plus que de me dire "Méheuuuu avec madame X on peuuuuuut". Ils me font comprendre qu'ils ne m'apprécient pas, et je les comprends car moi aussi je n'aime pas comment je suis en classe.
Tout est source de difficulté : le rang, la mise au travail, les contenus...
Je vais essayer de suivre tes conseils...

Il faut que tu sois convaincue de ce que tu mets en place, sinon, tu vas dans le mur.
Testé!
- en gestion du groupe
- en façon d'amener les notions
Grosse cagade, au ras de la démission; j'étais T2.


C'est pour cela que je te soumets des propositions, et rien de +.

Ce qui m'avait sauvée: arrêter de faire des "super séances".
J'ai fait dans le routinier, ce qui me rassurait, et a rassuré le groupe, que mes approches toujours différentes insécurisait totalement.
Le socio-constructivisme qui m'était inculqué en formation je l'ai mis de côté (1 séance de temps en temps parce que c'est pertinent, mais pas +)  pour faire du transmissif, qui me convient bien mieux.
Du routinier, ce qui fait qu'au bout de 2-3 semaines de mi-temps, les élèves savent ce que tu attends d'eux à tel moment (on s'en est reparlé, avec des copines de l'iufm: on ne nous avait absolument pas parlé de cet aspect là de notre travail!)

Ainsi, chez moi, on arrive le jeudi, on sort son cahier vert, et on le présente et on fait l'exercice de réinvestissement au tableau; le vendredi, on sort son stylo effaçable pour son évaluation de tables de multiplication, et dans la foulée, on corrige sa dictée au stylo vert en réécrivant le mot erroné en entier; même si certains jeudis, je voudrais commencer autrement; même si certains vendredis, avoir fini de corriger la dictée m'a pesé +++ la veille: NOUS fonctionnons ainsi.

Les fiches d'autonomie, je n'y arrivais pas non plus.
J'ai opté pour les exercices en +, en fait.
(sauf en phase d'évaluation: un coloriage magique, pour permettre la détente silencieuse pendant que les autres finissent).

Et une idée pour sortir de la spirale négative:
que penses-tu de récompenser les bonnes attitudes, les bons comportements?

un autocollant ou un tampon pour une leçon impec', un exercice parfait; un mot valorisant pour une bonne prise de parole, ou une mise en rang ... normale (dans le feu de l'action, on peut oublier de le faire).
1 minute de rab au début de la récré suivante si toute la classe se range et circule selon tes règles? ( càd moins que le temps perdu actuellement)

Ne pas être "que" la maîtresse qui cadre, recadre, râle, punit.

Histoire de remettre de ton côté les élèves qui ne demandent qu'à "suivre la maitresse", et diminuer progressivement (cela ne se fera pas du jour au lendemain) le stock des "Avec Mme X..." et autres opposants.

C'est exactement ça, je suis dans une spirale négative. Je suis presque dans la stigmatisation, c'est vraiment pas ce que je veux en plus, mais c'est un cercle vicieux...
Merci en tout cas de prendre le temps de me répondre !

Lenagcn a écrit:Il faut que tu sois convaincue de ce que tu mets en place, sinon, tu vas dans le mur.
Testé!
- en gestion du groupe
- en façon d'amener les notions
Grosse cagade, au ras de la démission; j'étais T2.


C'est pour cela que je te soumets des propositions, et rien de +.

Ce qui m'avait sauvée: arrêter de faire des "super séances".
J'ai fait dans le routinier, ce qui me rassurait, et a rassuré le groupe, que mes approches toujours différentes insécurisait totalement.
Le socio-constructivisme qui m'était inculqué en formation je l'ai mis de côté (1 séance de temps en temps parce que c'est pertinent, mais pas +)  pour faire du transmissif, qui me convient bien mieux.
Du routinier, ce qui fait qu'au bout de 2-3 semaines de mi-temps, les élèves savent ce que tu attends d'eux à tel moment (on s'en est reparlé, avec des copines de l'iufm: on ne nous avait absolument pas parlé de cet aspect là de notre travail!)

Ainsi, chez moi, on arrive le jeudi, on sort son cahier vert, et on le présente et on fait l'exercice de réinvestissement au tableau; le vendredi, on sort son stylo effaçable pour son évaluation de tables de multiplication, et dans la foulée, on corrige sa dictée au stylo vert en réécrivant le mot erroné en entier; même si certains jeudis, je voudrais commencer autrement; même si certains vendredis, avoir fini de corriger la dictée m'a pesé +++ la veille: NOUS fonctionnons ainsi.

Lenagn t'a vraiment donné de précieux conseils.
Les cycle 3, il faut les mettre à gratter.
Le matin, instaure des rituels (calcul mental, dictée flash, problèmes quotidiens).
Ensuite des séances bien bétonnées (plutôt transmissives, sauf si tu es visitée). Les enfants copient la leçon.
Beaucoup d'exercices d'application, s'ils ont fini un travail, ils lisent un livre de la bibliothèque à leur place, uniquement si tu as validé leur travail. Pas plus de 2 au coin bibliothèque.
Oublie le travail de groupe pour l'instant (binôme au max)

Je suis désolée, je suis pressée, je jette des idées en vrac, sans queue ni tête et j'ai l'air super autoritaire !
Je repasserai plus tard !

Oui Lenagn donne de bons conseils. Et maîtresse, je ne te trouve pas du tout autoritaire.
Il va falloir que je reprenne confiance et que j'arrive à inverser la tendance au niveau du climat de la classe.
Je vais "méditer" vos conseils et essayer de voir si l'alerte me tombe dessus et ce que cela peut m'apporter.
Merci !

Alors comment s'est passée ta journée ?

Je voulais revenir sur un point que Lenagn a soulevé, la carotte marche mieux que le bâton. Enfin disons qu'il faut les deux.
Jusqu'à présent, je sanctionnais les erreurs de copie des leçons, au-delà de trois fautes, ils devaient recopier la leçon.

Cette année, j'ai conservé ce système mais j'ai ajouté une carotte : les tampons Champion de copie. S'il n'y a aucune erreur, ils ont un tampon sur leur petite carte. Au bout de 10 tampons, ils peuvent choisir un privilège : s'asseoir à côté de qui ils veulent pour la journée, choisir leur service de la semaine, se faire vouvoyer toute la journée, se faire copier une leçon par la maîtresse, choisir un des magazines de la bibliothèque de classe pour eux... Et du coup, c'est un festival de "zéro faute" ! Il est très rare maintenant qu'un élève ait à recopier sa leçon.

Même en CM2, ils restent des enfants. Parfois on a tendance à l'oublier, surtout quand ils nous sortent par les trous de nez !

Merci de prendre des nouvelles.
Tu as raison, il faut que j'encourage plus les élèves. Ton idée du tampon est une piste.
Il faut que je sorte de cette spirale négative et que je rallie des élèves à moi, progressivement.
ça risque de prendre du temps mais il faut que je m'accroche.

La matinée a été difficile car j'ai eu des entretiens avec ma directrice et ma CPC. Les parents commencent à se plaindre... Bref, il faut que je tienne le coup jusqu'aux vacances et que je revienne avec une posture et des exigences plus adéquates. Les élèves ont été très difficiles, agités. La période ne m'aide pas, même si ce n'est pas la seule explication.
En tout cas, c'est bien d'arriver à trouver des pistes grâce à ce forum et de ne pas être stigmatisée comme une mauvaise stagiaire qui devrait arrêter.
Merci !

Tu as un triple niveau ?
Si c'est le cas, c'est sûr qu'il doit y avoir des moments de flottement.

Ce que tu peux faire aussi, c'est de placer les élèves à la rentrée de janvier. En gros, c'est toi la patronne.

Les pochettes d'autonomie pour occuper les rapides pendant que tu es avec un autre niveau peuvent aussi être une piste. Je n'ai jamais testé, j'avoue.

Quelles sont les plaintes des parents ? Que te reprochent-ils exactement ?
Comment est ta CPC ? Peux-tu compter sur elle ? Est-elle de bon conseil ? N'oublie pas que les CPC et IMF sont là pour te former, pas pour t'enfoncer.

Oulala non, pas un triple niveau, je n'aurais pas tenu ! Je viens de relire le message où je décris mon contexte, je ne sais pas pourquoi j'ai mis cycle 3 et pas précisé CE2...
CE2, un niveau facile on m'a dit. Mais je galère quand même.
Ce qu'on me reproche je pense :
Je stresse les enfants, j'ai donné une liste de règles trop longue, j'avais trouvé ça chez Lutin Bazar. Effectivement, c'est trop long pour moi.
J'utilise un code couleur que j'ai décidé de communiquer aux parents cette période. J'ai passé 2 fois toute la classe en jaune. Pas très judicieux comme choix, un choix fait par une stagiaire dépassée...
Voilà, sinon ça passe moyen avec ma CPC. Et personne ne me donne trop de conseils sur la gestion de la classe. Sur les contenus, je pense que j'aurais plus de pistes. Il faut que je trouve les ressources en moi, je dégage une image trop négative. Et je ne peux pas le nier.

Ah d'accord, je me disais aussi que c'était vache de coller un stagiaire sur un triple niveau !

Bon, tu as fait des bourdes, mais c'est normal, tu débutes, tu essayes des trucs et si ça ne fonctionne pas, tu changes. C'est comme ça qu'on apprend.

Ce ne sont pas non plus des bourdes catastrophiques. Il faudrait que tu te mettes les parents dans la poche, si ça cause sur ton dos dans les chaumières, les enfants se sentent soutenus.

Parfois, si on améliore le contenu, ça améliore aussi la gestion de classe, mais il faut quand même assurer les gestes professionnels. Pour l'image négative, sois ferme mais souriante. Il faut que tu prennes du plaisir à faire ce métier, l'enthousiasme c'est contagieux !

Allez, haut les cœurs, tu n'as rien fait de grave, je t'assure !

Je n'ai pas tout dit, pudeur, honte...
Il y a aussi eu un incident avec un élève que j'ai pris fermement par le bras dans le rang. Les parents sont conscients que leur enfant est difficile au niveau du comportement et ça n'ira pas plus loin. Mais ça cause forcément dans les chaumières comme tu dis.
Je ne suis pas très fière de cela, j'ai déjà vu des enseignants faire cela. Je sais qu'il ne le faut pas et cela me servira de leçon. J'étais, je suis à bout...
Et sinon le problème au départ c'est comme tu dis le sourire. Je suis triste et ça se voit.