Les parents contestataires

Clecle78 a écrit:Une mère d'élève s'était plainte de l'étude de Désert de Le Clézio. Elle avait tenté vainement de faire dispenser sa fille de la lecture du bouquin. Elle avait décidé finalement de lire le roman à sa fille, en classe de première, à haute, voix en censurant tous les passages considérés comme litigieux.
C'etait il y a une bonne quinzaine d'années.

Aaaaah d'accord, je vois... C'était fort, tout de même !

Bonjour,

Je comprends ta position, mais en cherchant à te justifier outre mesure, tu vas entrer dans leur jeu et ce ne sera pas à ton avantage. D'après ce que tu dis, je pense que les parents profitent de ta jeunesse pour te tomber dessus et ne se permettraient pas ça avec un collègue plus âgé et expérimenté.
A ta place, je répondrai un mail renvoyant au programme comme conseillé plus haut et je n'y donnerai pas plus d'importance (ne pas prendre rendez-vous avec les parents par exemple, sinon à la moindre chose qui ne va pas leur convenir (une note, un mot, etc), tu y auras droit).
Bon courage.

Musashiro a écrit:

Clecle78 a écrit:Une mère d'élève s'était plainte de l'étude de Désert de Le Clézio. Elle avait tenté vainement de faire dispenser sa fille de la lecture du bouquin. Elle avait décidé finalement de lire le roman à sa fille, en classe de première, à haute, voix en censurant tous les passages considérés comme litigieux.
C'etait il y a une bonne quinzaine d'années.

Aaaaah d'accord, je vois... C'était fort, tout de même !

La bonne dame a fini par ouvrir sa propre école privée ultra catholique et hors contrat pour soustraire la suite de ses 9 enfants à l'influence délétère du public ( et la gamine a fini en terminale à ... Stanislas !)

Médée a écrit:Bonjour,

Je comprends ta position, mais en cherchant à te justifier outre mesure, tu vas entrer dans leur jeu et ce ne sera pas à ton avantage. D'après ce que tu dis, je pense que les parents profitent de ta jeunesse pour te tomber dessus et ne se permettraient pas ça avec un collègue plus âgé et expérimenté.
A ta place, je répondrai un mail renvoyant au programme comme conseillé plus haut et je n'y donnerai pas plus d'importance (ne pas prendre rendez-vous avec les parents par exemple, sinon à la moindre chose qui ne va pas leur convenir (une note, un mot, etc), tu y auras droit).
Bon courage.

Idem.

Musashiro a écrit:Bonsoir,

Désolée de faire remonter ce fil là. J'ai un petit souci.

J'ai donné un travail à faire à mes 6e pendant les vacances : lire L'île du crâne d'Anthony Horowitz, compléter un abécédaire de lecture et effectuer une fiche de personnage.
J'ai reçu un message des parents d'une élève sur Pronote, me disant que leur fille était perturbée par l'intrigue du roman, l'humour noir, les monstres décrits dedans, etc, qu'elle a interrompu sa lecture à cause de ca. Ils veulent s'entretenir avec moi et me demandent si je peux faire en sorte qu'elle change de livre.

Bien évidemment, je comprends leur inquiétude et je compte bien discuter avec leur fille à la rentrée, en plus de répondre poliment à leur message. Mais pas question que je lui fasse changer de livre au dernier moment, ce n'est pas juste vis à vis des autres élèves, qui ont le même roman à lire et le même travail à effectuer.

J'aimerai avoir votre avis là-dessus. Ma démarche vous paraît-elle cohérente ? Je n'ai jamais été confrontée à ce genre de situation auparavant.

Bonne nuit !

réponse lundi matin et pas avant : "Bonjour, non, ce n'est pas possible. Bisous bisous à bientôt" et copie au chef.

l'île du crâne : Anthony Horowitz - 2010009037 - Romans pour enfants dès 9 ans - Livres pour enfants dès 9 ans

Bon, ben voilà... Bisous bisous aux parents....

Clecle78 a écrit:Ma fille bosse en télétravail et c'est 6 h par jour, pas question de laisser l'ordinateur fermé. Ça me paraît un peu étrange. Ils étaient en vacances ou en télétravail ? Ton message n'était pas très clair en fait.

Si mon message n'est pas clair.
Semaine 1 en vacances et comme ils ne rentraient pas semaine 2, cause festivités familiales, ils se sont débrouillés pour être en télétravail et ne pas traverser la France 2 fois en 15 jours. Donc ils ont emmené tout leur matériel et semaine 1, ils n'ont rien ouvert, ni pc pro, ni tel pro. Semaine 2, ils ont télétravaillé.

N.B. Dans les termes de l'actuel Code de l'éducation : le choix de tel ou tel objet d'étude (situé dans le cadre des programmes) et le fait de donner un travail à faire relèvent des prérogatives des enseignants ; et parmi les devoirs des élèves, faire le travail demandé est une obligation. Mais aucun “motif” — autre que les motifs habituels dûment constatés (absence, maladie) — ne peuvent être invoqués pour s'y soustraire.
On peut éventuellement l'expliquer aux parents, mais, dans le cas présent, je ne vois rien qui serait à “négocier” de quelque manière que ce soit.

Vous me rassurez, j'avais peur d'avoir fait quelque chose de travers ou quoi. Je prends en compte vos conseils. Merci beaucoup pour vos réponses !

Ajonc35 a écrit:

Clecle78 a écrit:Ma fille bosse en télétravail et c'est 6 h par jour, pas question de laisser l'ordinateur fermé. Ça me paraît un peu étrange. Ils étaient en vacances ou en télétravail ? Ton message n'était pas très clair en fait.

Si mon message n'est pas clair.
Semaine 1 en vacances et comme ils ne rentraient pas semaine 2, cause festivités familiales, ils se sont débrouillés pour être en télétravail et ne pas traverser la France 2 fois en 15 jours. Donc ils ont emmené tout leur matériel et semaine 1, ils n'ont rien ouvert, ni pc pro, ni tel pro. Semaine 2, ils ont télétravaillé.

Il est donc normal qu'ils n'aient pas télétravaillé pendant leur semaine de vacances même si parfois certains cadres sont amenés à bosser quand même. Je ne vois pas trop où est le problème.

Ben il n’y a pas de problème. Ajonc disait simplement qu’ils ont pris une vraie semaine de vacances là où souvent les profs regardent pronote ou autre pendant les vacances.

On rappelle tout de même que nous ne sommes pas "en vacances" plus de cinq semaines par an, nous sommes déchargés de cours le reste du temps quand il y a vacation des classes. Ce n'est donc pas aberrant de consulter Pronote un peu pendant les vacances. Il y a un juste milieu entre "je bosse tous les jours des vacances" et "je ne fais strictement rien".
Et perso autour de moi les salariés du privé qui ne regardent absolument pas leur ordi de boulot en vacances, c'est pas si fréquent.

mafalda16 a écrit:Ben il n’y a pas de problème. Ajonc disait simplement qu’ils ont pris une vraie semaine de vacances là où souvent les profs regardent pronote ou autre pendant les vacances.

Certains profs, comme certains collègues du privé. Pour l'anecdote, hier soir à 22 heures, à la fin du film qu'on regardait, je vais sur l'ENT de mon fils et vois un 13 en histoire-géo (interro faite le vendredi "trop facile" et qu'il "avait super réussie" ). Donc, je l'engueule car pour moi, je savais qu'il y était allé sans savoir sa leçon suffisamment et là il me dit "Mais, c'est quoi cette prof qui met des notes le samedi à  22h? " (de fait, elle n'y était pas à 20h). In petto, je me suis dit "et c'est quoi ces parents qui regardent l'ENT le samedi soir à 22h?" C'est vrai que c'est sans fin, c'est tentant.

Elle a peut être fait une grasse mat et profité de son samedi aussi. On ne peut pas savoir.

Elle un côté stackanovitch, une interro par semaine, corrigée dès le lendemain. En plus, il y avait la JPO du collège, elle a dû faire journée continue.

roxanne a écrit:Elle un côté  stackanovitch, une interro par semaine, corrigée dès le lendemain. En plus, il y avait la JPO  du collège, elle a dû faire journée continue.

Petit HS : on dit stakhanoviste, du nom du travailleur exemplaire Alekseï Stakhanov. Et effectivement, c'est quoi ces parents qui sont sur Pronote le samedi à 22h après le film.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Stakhanovisme

Oui,, j'ai fait un copier-coller pour ne pas faire de fautes et j'ai oublié de transformer en adjectifs.

Mais ce sont deux choses différentes, non ? D'un côté, un enseignant, un parent, un élève qui décident d'utiliser l'ENT quand bon leur semble (consulter une note, remplir un cahier de textes, peu importe). C'est quoi ces gens-là ? Bah des gens qui n'ont rien à se reprocher ! L'accès à l'ENT est libre.
De l'autre, des personnes qui semblent faire l'équivalent entre la disponibilité de l'outil et de la personne qu'il y a derrière : typiquement, des élèves qui écrivent vendredi à propos d'un travail à faire pour lundi (mais aussi, pour tout citer, des enseignants qui se souviennent vendredi à 18h qu'ils voulaient donner un travail à faire). C'est là que le problème se pose.

valle a écrit:Mais ce sont deux choses différentes, non ? D'un côté, un enseignant, un parent, un élève qui décident d'utiliser l'ENT quand bon leur semble (consulter une note, remplir un cahier de textes, peu importe). C'est quoi ces gens-là ? Bah des gens qui n'ont rien à se reprocher ! L'accès à l'ENT est libre.
De l'autre, des personnes qui semblent faire l'équivalent entre la disponibilité de l'outil et de la personne qu'il y a derrière : typiquement, des élèves qui écrivent vendredi à propos d'un travail à faire pour lundi (mais aussi, pour tout citer, des enseignants qui se souviennent vendredi à 18h qu'ils voulaient donner un travail à faire). C'est là que le problème se pose.

Mon expérience est que dès lors qu'il y a disponibilité de l'outil, il y a de facto disponibilité de la personne qui est derrière (et que celle n'est pas disponible se retrouve marginalisée). J'ai vu des collègues PP lancer une discussion sur une classe par mail un dimanche après-midi. Ce n'est pas interdit, mais reste que quand j'ai jeté un coup d’œil à mes messages par vague mauvaise conscience le dimanche soir, il y a avait déjà une douzaine de réponses dans la discussion, et quelques suggestions avec lesquelles j'étais en désaccord.

Evidemment. Bon, l'engueulade a eu lieu hier au lieu de lundi, au moins, c'est fait.

Spoiler:

L'avantage de notre métier c'est justement de choisir nos plages de travail. Si on veut remplir son cahier de textes à 2 h du matin ou corriger ses copies tout son dimanche eh bien, on le fait. Pourquoi juger la collègue sur ça ? Tant qu'elle ne demande pas le samedi à 23h de rendre un boulot pour le dimanche 8h. Personnellement je faisais pas mal de choses le dimanche en fin de journée mais je n'attendais pas que les élèves réagissent à l'instant T. Et je rejoins Elaina sur le fait qu'un enseignant n'est pas en vacances sur la totalité des congés scolaires.

Clecle78 a écrit:L'avantage de notre métier c'est justement de choisir nos plages de travail. Si on veut remplir son cahier de textes à 2 h du matin ou corriger ses copies tout son dimanche eh bien, on le fait. Pourquoi juger la collègue sur ça ? Tant qu'elle ne demande pas le samedi à 23h de rendre un boulot pour le dimanche 8h. Personnellement je faisais pas mal de choses le dimanche en fin de journée mais je n'attendais pas que les élèves réagissent à l'instant T. Et je rejoins Elaina sur le fait qu'un enseignant n'est pas en vacances sur la totalité des congés scolaires.

C'est quand même un des gros avantages de ce métier.

Je ne pense pas que @roxanne ait jugé la collègue ! Ç'a juste été l'échappatoire bidon de son fils pour ne pas faire face à sa note :p
Je doute fort que ça ait fonctionné, je voulais juste rebondir sur le fait que "ce parent (@roxanne même, c'est plut elle qui se jugeait elle-même) qui regarde pronote à 22h" eh bien, ne fait que faire ce qu'il peut faire ! Comme si je veux regarder ma fiche de paie aujourd'hui dimanche.

Ah ben, oui, c'était l'idée. C'était aussi pour montrer qu'il y a un engrenage avec l'ENT. Et je suis plutôt dans l'admiration que dans le jugement par rapport à la collègue.

Oui c'est vrai, on est tous pris au piège même si on essaie de prendre de la distance. J'ai remarqué que j'avais régulièrement des réactions d'élèves dix secondes après publication des notes quels que soient le jour et l'heure, raison pour laquelle je différais la publication après le rendu des copies. Et comme une idiote j'ai un jour regardé Pronote un vendredi à 22h pour y découvrir un message super désagréable qui m'a gâché mon week-end. Et en tant que parent on est doublement soumis à cette pression, en effet.

Je relance le sujet. Nous avons de plus en plus en face de nous des parents contestataires et certains sont particulièrement virulents. Je suis très ennuyée en ce moment par un père qui conteste le zéro pour triche de sa fille malgré les arguments que je lui avance. Du moment que je n'ai pas pris sa fille sur le fait, je n'ai pas le droit de prétendre qu'elle a triché. Sa fille est en grande difficulté en 1re générale et doit être réorientée. Ma décision arrive donc au bon moment pour m'en prendre plein la poire. Le père m'a hurlé dessus au téléphone. Il m'a menacée d'en référer à mon directeur. Je lui ai dit de le faire. Je suis connue pour être particulièrement à l'écoute de mes élèves et bienveillante donc je ne pense pas que cela ternira mon image. Il a fait mention à la justice et maintenant demande, non exige, un rdv illico avec la direction et moi-même. Evidemment, je ne le vis pas bien du tout. L'agression verbale a été telle que j'ai du mal à m'en remettre.
Nos notes, nos décisions, sont sans cesse remises en question pour des raisons d'impact sur parcoursup. Chacune de nos notes ébranle l'avenir tout entier de nos élèves et même, comme me le reproche ce papa, la santé mentale de sa fille (oubliant au passage que nous avions conseillé en 2de déjà une voie techno face aux difficultés qui l'attendraient en 1re). Epuisée nerveusement je suis.