Brighelli : Pour un moratoire sur la réforme du collège

Iphigénie a écrit:Le problème c'est qu'il y a un moment où le niveau devient tel qu'on ne peut plus travailler, justement: ce qui justifie ceux qui travaillent "autrement", en "occupant" les élèves: c'est le serpent qui se mord la queue.
C'est ce qui s'est produit avec les langues anciennes...

Pat B a écrit:

coqenstock a écrit:

Moonchild a écrit:

fanette a écrit:
Je suis parfaitement d'accord avec ce constat.
En ce qui concerne les profs de maths "pédagos", il y a un certain Guillaume Caron (je crois qu'il intervenait sur néo il y a longtemps) ...

Il y en a d'autres - par exemple le bureau national de l'APMEP (ou au moins une part majoritaire) qui ne cesse de vanter les pédagogies innovantes, l'entrée par les problèmes, les TICE, etc - mais concrètement ils sont très vite réduits au même constat d'échec que leurs collègues "réacs", la structure même de la discipline ne laissant comme l'a rappelé Balthazaard que peu de marge de manoeuvre pour dissimuler le désastre... sauf peut-être en collège si on se fixe comme objectif de se limiter strictement aux "mathématiques de la vie courante" (en gros celles qu'on enseignait il y a 50 ans à l'école élémentaire) rebaptisées "mathématiques citoyennes" dès lors qu'on y ajoute une pincée de statistiques ; mais avec cette doctrine de "l'école du socle" étendue jusqu'au collège, on retrouve alors la question de la perte de vue de la préparation à la poursuite d'études que d'autres intervenants ont évoquée précédemment.

Je suis d'accord pour dire que globalement les collègues de maths sont plutôt réticents sur les "pédagogies innovantes". Même si je ne suis pas aussi catégorique sur l'unanimité.
Par contre je ne comprends donc pas votre discours... Vous dites à la fois qu'elles font des dégâts considérables mais que les collègues ne les appliquent pas dans leur quasi unanimité.

Pas de contradiction :
- les quelques collègues de maths qui les appliquent ne peuvent guère faire illusion, leurs élèves l'année suivante n'ont pas les pré-requis et ça se voit. Comprendre : ils n'ont pas davantage les pré-requis que ceux qui n'ont pas eu de pédagogie "innovante"... ou peut-être même qu'ils les ont moins, en tout cas pour les élèves en difficulté c'est flagrant ; et j'ai eu une collègue formatrice qui était à fond dans toutes ces pédagogies, j'ai récupéré ses élèves l'année suivante, avec le soulagement des gosses et des parents heureux d'avoir enfin un cours structuré et compréhensible
- on voit les dégâts que ça fait dans d'autres matières, on voit particulièrement les dégâts que ça a causé en primaire, on voit tous la baisse de niveau des élèves qui nous arrivent (les uns diront "malgré" les nouvelles pédagogies, les autres diront "à cause" des nouvelles pédagogies... le minimum est qu'elles ne résolvent rien, donc pourquoi les imposer ?)

Balthazaard a écrit:

Pat B a écrit:

coqenstock a écrit:

Moonchild a écrit:
Il y en a d'autres - par exemple le bureau national de l'APMEP (ou au moins une part majoritaire) qui ne cesse de vanter les pédagogies innovantes, l'entrée par les problèmes, les TICE, etc - mais concrètement ils sont très vite réduits au même constat d'échec que leurs collègues "réacs", la structure même de la discipline ne laissant comme l'a rappelé Balthazaard que peu de marge de manoeuvre pour dissimuler le désastre... sauf peut-être en collège si on se fixe comme objectif de se limiter strictement aux "mathématiques de la vie courante" (en gros celles qu'on enseignait il y a 50 ans à l'école élémentaire) rebaptisées "mathématiques citoyennes" dès lors qu'on y ajoute une pincée de statistiques ; mais avec cette doctrine de "l'école du socle" étendue jusqu'au collège, on retrouve alors la question de la perte de vue de la préparation à la poursuite d'études que d'autres intervenants ont évoquée précédemment.

Je suis d'accord pour dire que globalement les collègues de maths sont plutôt réticents sur les "pédagogies innovantes". Même si je ne suis pas aussi catégorique sur l'unanimité.
Par contre je ne comprends donc pas votre discours... Vous dites à la fois qu'elles font des dégâts considérables mais que les collègues ne les appliquent pas dans leur quasi unanimité.

Pas de contradiction :
- les quelques collègues de maths qui les appliquent ne peuvent guère faire illusion, leurs élèves l'année suivante n'ont pas les pré-requis et ça se voit. Comprendre : ils n'ont pas davantage les pré-requis que ceux qui n'ont pas eu de pédagogie "innovante"... ou peut-être même qu'ils les ont moins, en tout cas pour les élèves en difficulté c'est flagrant ; et j'ai eu une collègue formatrice qui était à fond dans toutes ces pédagogies, j'ai récupéré ses élèves l'année suivante, avec le soulagement des gosses et des parents heureux d'avoir enfin un cours structuré et compréhensible
- on voit les dégâts que ça fait dans d'autres matières, on voit particulièrement les dégâts que ça a causé en primaire, on voit tous la baisse de niveau des élèves qui nous arrivent (les uns diront "malgré" les nouvelles pédagogies, les autres diront "à cause" des nouvelles pédagogies... le minimum est qu'elles ne résolvent rien, donc pourquoi les imposer ?)

Je plussoie, et ces élèves à coup d'évaluation par compétence ou autre gadget ont acquis ce qui est pire que le doute , la fausse confiance en soi. La porte est alors ouverte à toutes les remises en causes (du prof pas de soi) et toutes les contestations.

Iphigénie a écrit:+1:la réforme du lycée, c'est l'introduction massive d'heures inutiles de blabla, parlotes et inefficacité.
Et les influences étant réciproques, je suis actuellement effarée par le nombre de collègues qui se lancent la tête baissée dans les projets les plus fumeux (actuellement en cours: "le petit déjeuner equilibré" en seconde (oui, pas en grande section de maternelle, hein...) et "les débats lycéens -citoyens actifs": faut-il demander des bonbonnes d'eau dans les couloirs ou un baby-foot à la cafétéria: vous avez dix-huit heures.)
smiley accablé.

Daphné a écrit:

Iphigénie a écrit:Le problème c'est qu'il y a un moment où le niveau devient tel qu'on ne peut plus travailler, justement: ce qui justifie ceux qui travaillent "autrement", en "occupant" les élèves: c'est le serpent qui se mord la queue.
C'est ce qui s'est produit avec les langues anciennes...

Et même les LV ..........

Osmie a écrit:Et on expliquera encore à la profession qu'elle n'a aucune méthode efficace, et que tout cela est de sa faute.

On baisse les exigences, on culpabilise les professeurs, on vide les programmes de leurs contenus, on diminue les horaires disciplinaires, on remplace les fondamentaux par du projet à deux balles, on ment aux parents leur disant : "Votre fils a des capacités, mais il ne travaille pas assez", alors que ce fils en 3e ne sait pas écrire une phrase correcte ou faire une multiplication. Cela leur fera une belle jambe quand leurs "capacités" leur permettront à 30 ans de comprendre l'immense spoliation qu'on leur aura fait vivre.
Oui, c'est criminel et oui, c'est une "purge intellectuelle." Mais on peut aussi se voiler la face. Vraiment, on vit entre des moutons et des autruches ; une vraie ménagerie.

Cripure a écrit:"Vos résultats sont encore modestes (NB : 14,21 de moyenne ), mais vous progresserez en devenant enjoué" :shock:
Je ne sais pas ce qu'il fume, le prof d'espagnol, mais c'est puissant.

celitian a écrit:

Osmie a écrit:Et on expliquera encore à la profession qu'elle n'a aucune méthode efficace, et que tout cela est de sa faute.

On baisse les exigences, on culpabilise les professeurs, on vide les programmes de leurs contenus, on diminue les horaires disciplinaires, on remplace les fondamentaux par du projet à deux balles, on ment aux parents leur disant : "Votre fils a des capacités, mais il ne travaille pas assez", alors que ce fils en 3e ne sait pas écrire une phrase correcte ou faire une multiplication. Cela leur fera une belle jambe quand leurs "capacités" leur permettront à 30 ans de comprendre l'immense spoliation qu'on leur aura fait vivre.
Oui, c'est criminel et oui, c'est une "purge intellectuelle." Mais on peut aussi se voiler la face. Vraiment, on vit entre des moutons et des autruches ; une vraie ménagerie.

+1
De plus, je suis persuadée que beaucoup de ces "animateurs" contribuent à creuser les inégalités scolaires et sociales.
Je pense que dans les collèges vus comme favorisés, beaucoup de parents refuseraient ces méthodes car ils sont conscients de l'importance de maitriser les bases en sortant du collège.

Cripure a écrit:"Vos résultats sont encore modestes (NB : 14,21 de moyenne ), mais vous progresserez en devenant enjoué" :shock:

Je ne sais pas ce qu'il fume, le prof d'espagnol, mais c'est puissant.

DesolationRow a écrit:

celitian a écrit:

Osmie a écrit:Et on expliquera encore à la profession qu'elle n'a aucune méthode efficace, et que tout cela est de sa faute.

On baisse les exigences, on culpabilise les professeurs, on vide les programmes de leurs contenus, on diminue les horaires disciplinaires, on remplace les fondamentaux par du projet à deux balles, on ment aux parents leur disant : "Votre fils a des capacités, mais il ne travaille pas assez", alors que ce fils en 3e ne sait pas écrire une phrase correcte ou faire une multiplication. Cela leur fera une belle jambe quand leurs "capacités" leur permettront à 30 ans de comprendre l'immense spoliation qu'on leur aura fait vivre.
Oui, c'est criminel et oui, c'est une "purge intellectuelle." Mais on peut aussi se voiler la face. Vraiment, on vit entre des moutons et des autruches ; une vraie ménagerie.

+1
De plus, je suis persuadée que beaucoup de ces "animateurs" contribuent à creuser les inégalités scolaires et sociales.
Je pense que dans les collèges vus comme favorisés, beaucoup de parents refuseraient ces méthodes car ils sont conscients de l'importance de maitriser les bases en sortant du collège.

Bien évidemment. Il faut être un guignol pour imaginer un instant qu'à Henri IV ou Louis-le-Grand les heures d'EPI seront consacrées à de la "pédagogie de projet". Bien entendu on continuera à enseigner le latin et le grec, parce que c'est ainsi, et pas avec des capsules d'îlots inversés, que l'on forme des esprits. Pendant que l'on infligera des inepties aux enfants dont les familles n'ont pas les moyens, économiques et culturels, de se défendre.
Et tout cela avec la meilleure conscience du monde.

Cath a écrit:Ouais, ici aussi c'est comme ça.
Moyenne de la classe en arts appliqués : 18 et des poussières.
En espagnol : pareil.
En anglais : 14.

Formidable, hein, pour des élèves qui ne savent pas construire une phrase en français.

frdm a écrit:Je remarque que leur moyenne de physique (8.75/20) est la même que celle de mes TS, tous les professeurs de physique ne sont pas laxistes dans leur notation. Chez nous les moyennes les plus mirobolantes sont systématiquement données en LV.

Osmie a écrit:

Cripure a écrit:"Vos résultats sont encore modestes (NB : 14,21 de moyenne ), mais vous progresserez en devenant enjoué" :shock:

Je ne sais pas ce qu'il fume, le prof d'espagnol, mais c'est puissant.

Faute de frappe : il voulait écrire "enroué", pour l'accent espagnol.

Osmie a écrit:

DesolationRow a écrit:

celitian a écrit:

Osmie a écrit:Et on expliquera encore à la profession qu'elle n'a aucune méthode efficace, et que tout cela est de sa faute.

On baisse les exigences, on culpabilise les professeurs, on vide les programmes de leurs contenus, on diminue les horaires disciplinaires, on remplace les fondamentaux par du projet à deux balles, on ment aux parents leur disant : "Votre fils a des capacités, mais il ne travaille pas assez", alors que ce fils en 3e ne sait pas écrire une phrase correcte ou faire une multiplication. Cela leur fera une belle jambe quand leurs "capacités" leur permettront à 30 ans de comprendre l'immense spoliation qu'on leur aura fait vivre.
Oui, c'est criminel et oui, c'est une "purge intellectuelle." Mais on peut aussi se voiler la face. Vraiment, on vit entre des moutons et des autruches ; une vraie ménagerie.

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De plus, je suis persuadée que beaucoup de ces "animateurs" contribuent à creuser les inégalités scolaires et sociales.
Je pense que dans les collèges vus comme favorisés, beaucoup de parents refuseraient ces méthodes car ils sont conscients de l'importance de maitriser les bases en sortant du collège.

Bien évidemment. Il faut être un guignol pour imaginer un instant qu'à Henri IV ou Louis-le-Grand les heures d'EPI seront consacrées à de la "pédagogie de projet". Bien entendu on continuera à enseigner le latin et le grec, parce que c'est ainsi, et pas avec des capsules d'îlots inversés, que l'on forme des esprits. Pendant que l'on infligera des inepties aux enfants dont les familles n'ont pas les moyens, économiques et culturels, de se défendre.
Et tout cela avec la meilleure conscience du monde.

De la vraie et belle reproduction sociale, dans toute sa splendeur. C'est à vomir. Je ne peux croire que qui que ce soit défende cette horreur. Ah si : les moutons, les autruches, et ceux qui luttent pour la reproduction sociale. L'école symbole d'émancipation, et les professeurs hussards noirs de la République...

Cripure a écrit:"Vos résultats sont encore modestes (NB : 14,21 de moyenne ), mais vous progresserez en devenant enjoué" :shock:

Je ne sais pas ce qu'il fume, le prof d'espagnol, mais c'est puissant.

Cripure a écrit:

frdm a écrit:Je remarque que leur moyenne de physique (8.75/20) est la même que celle de mes TS, tous les professeurs de physique ne sont pas laxistes dans leur notation. Chez nous les moyennes les plus mirobolantes sont systématiquement données en LV.

Ah je confirme que ces pauvres secondes n'ont pas eu beaucoup de chance en tombant sur cette équipe, à part en maths, où la collègue donne des devoirs d'amélioration et en LV, mais en LV, ils sont tous pareils...

Rendash a écrit:

Cripure a écrit:"Vos résultats sont encore modestes (NB : 14,21 de moyenne ), mais vous progresserez en devenant enjoué" :shock:

Je ne sais pas ce qu'il fume, le prof d'espagnol, mais c'est puissant.

Moi aussi je veux enjouer avec lui

Et je vous zute : l'une de mes classes de seconde est à 14 de moyenne de classe sur le premier trimestre. Quasi 4 pwins de plus que l'autre, pour les mêmes sujets (...qu'ils ont toujours en second, en plus, les corniauds >_<' ).
Des gamins auxquels je viens de parler de l'Apocoloquintose du divin Claude. Je les surkiffe. Gravadonftavu.

e-Wanderer a écrit:

Rendash a écrit:

Cripure a écrit:"Vos résultats sont encore modestes (NB : 14,21 de moyenne ), mais vous progresserez en devenant enjoué" :shock:

Je ne sais pas ce qu'il fume, le prof d'espagnol, mais c'est puissant.

Moi aussi je veux enjouer avec lui

Et je vous zute : l'une de mes classes de seconde est à 14 de moyenne de classe sur le premier trimestre. Quasi 4 pwins de plus que l'autre, pour les mêmes sujets (...qu'ils ont toujours en second, en plus, les corniauds >_<' ).
Des gamins auxquels je viens de parler de l'Apocoloquintose du divin Claude. Je les surkiffe. Gravadonftavu.

T'es bon pour un EPI Halloween avec le prof de SVT.

Leclochard a écrit:

Cripure a écrit:

frdm a écrit:Je remarque que leur moyenne de physique (8.75/20) est la même que celle de mes TS, tous les professeurs de physique ne sont pas laxistes dans leur notation. Chez nous les moyennes les plus mirobolantes sont systématiquement données en LV.

Ah je confirme que ces pauvres secondes n'ont pas eu beaucoup de chance en tombant sur cette équipe, à part en maths, où la collègue donne des devoirs d'amélioration et en LV, mais en LV, ils sont tous pareils...

Peut-être qu'elle culpabilise ? C'est assez courant au collège. Ou alors, c'est une manière d'essayer de rendre supportable la situation où on ne pige rien ou presque (et ce sont ces élèves qui n'hésitent plus à dire ouvertement qu'ils s'ennuient en cours - sous-entendu: "c'est de votre faute!").

Cripure a écrit:

Leclochard a écrit:

Cripure a écrit:

frdm a écrit:Je remarque que leur moyenne de physique (8.75/20) est la même que celle de mes TS, tous les professeurs de physique ne sont pas laxistes dans leur notation. Chez nous les moyennes les plus mirobolantes sont systématiquement données en LV.

Ah je confirme que ces pauvres secondes n'ont pas eu beaucoup de chance en tombant sur cette équipe, à part en maths, où la collègue donne des devoirs d'amélioration et en LV, mais en LV, ils sont tous pareils...

Peut-être qu'elle culpabilise ? C'est assez courant au collège. Ou alors, c'est une manière d'essayer de rendre supportable la situation où on ne pige rien ou presque (et ce sont ces élèves qui n'hésitent plus à dire ouvertement qu'ils s'ennuient en cours - sous-entendu: "c'est de votre faute!").

Mais non, c'est une bonne seconde ! Ils comprennent des tas de choses très bien. Mais ils n'ont jamais appris à rédiger et ils travaillent peu chez eux. A part trois ou quatre, ils ne sont pas perdus du tout. Vous les verriez à l'oral sur De l'esprit des lois !