- florestanGrand sage
Rendash, merci pour ce texte qui n'est que sincérité et sensibilitéRendash a écrit:Quasi rien dormi de la nuit. J'ai eu une amie au téléphone, deux de ses amis sont morts vendredi, une troisième ne s'en tirera pas.
Lundi, grosse journée pour moi. Je commençais avec mes TS, qui étaient en DS en principe. Ils sont arrivés, m'ont dit bonjour, se sont installés et ont sorti leurs affaires pour le devoir ; mais j'ai bien compris qu'ils mouraient d'envie de parler. Alors on a parlé. Ils ont posé leurs questions, je les ai notées au tableau, puis j'ai essayé d'y répondre. On a partagé nos peurs, nos inquiétudes, mais aussi nos espoirs ; ce moment m'a sacrément secoué. Deux filles pleuraient discrètement, j'ai eu du mal à ne pas les imiter.
Les PS ensuite, cours normal, je me suis contenté de leur expliquer qu'une collègue en discuterait avec eux en EMC l'après-midi, elle m'avait mailé pour me proposer ça la veille. J'avoue avoir été soulagé, je ne me sentais pas de remettre ça avec eux après le moment très fort partagé avec mes term'.
Récré, explication du chef en salle des profs : minute de silence commune dans la cour à midi moins le quart, précédée d'une prise de parole des élus du CVL. Beaucoup de blabla du chef, des éléments de langage très...ministériels, mais je l'ai senti vraiment ému au fond. Une sorte de façade, probablement, ce discours convenu.
Heure suivante : mes secondes choupinous. Je comptais leur rendre leur DS, mais ils m'ont demandé s'ils pouvaient me poser quelques questions, en précisant qu'ils en avaient parlé avec le collègue de français juste avant. Ils ont fait court, moi aussi ; apparemment on avait tous surtout besoin d'un peu de légèreté, donc je suis passé au rendu de leur DS, en essayant de plaisanter un peu. J'ai réussi à les faire rire, ça m'a détendu un peu.
...j'ai su à 18h par ledit collègue de français qu'ils lui avaient expliqué avoir envie d'en parler uniquement avec lui et moi. Il y voit une énorme preuve de confiance de leur part, un feeling, un lien établi avec eux. J'ai fait mine de prendre ça avec détachement, mais ça m'a achevé. Ou plutôt, ça m'aurait achevé si les P STMG ne s'en étaient pas chargés avant.
Parce qu'à 14h, j'ai récupéré mes P STMG. Habituellement bien gentils, mais agités, souvent difficiles à canaliser à cette heure-ci. Ils se sont installés, et quand j'ai fait mine d'attaquer le cours, ils m'ont demandé s'ils pouvaient discuter un peu. J'ai râlé, en les accusant presque ouvertement de se servir de ça pour rater du cours alors qu'ils avaient dû en parler toute la matinée déjà ; sauf qu'en fait, non, ils n'en avaient pas parlé du tout. Je ne sais pas pourquoi ; je pense que les collègues ont dû, peut-être, réagir comme moi et se méfier de cette classe, et donc rester uniquement sur le cours.
Ils n'ont jamais été aussi calmes. Ils posaient leurs questions, écoutaient la réponse, écoutaient les interventions des autres, sans un chuchotement, sans une intervention intempestive. Ils ont fait preuve d'une vraie maturité, qui m'a scotché de leur part. Beaucoup d'inquiétude, sur les éventuelles suites, mais aussi sur le rejet des musulmans, avec la manifestation et la ratonnade de Pontivy, etc.
A la sonnerie, quatre ou cinq sont venus me voir, dont une casse-couillette qui m'a demandé "ça va, Monsieur? Vous avez pas l'air bien, vous connaissiez des gens?". J'ai cru que j'allais m'effondrer.
Les secondes dont je suis PP, puis les autres P STMG, ont souhaité échanger aussi ; ils avaient eu l'occasion de le faire le matin, et me l'ont dit, mais avaient surtout des questions de géopo pour les secondes, et des inquiétudes quant à une montée de l'expression de racisme pour les STMG. Une vraie peur, profonde, que je n'avais pas mesurée avant aujourd'hui. "Mais Monsieur, pourquoi y'a des gens y croivent ( ) qu'on peut être d'accord avec ces cinglés?!". Je n'ai pas réussi à rester neutre et objectif et à répondre froidement. Je ne pouvais pas, il fallait que j'essaie de faire disparaître cette tristesse et cette angoisse de leurs yeux, ça me fendait le coeur. Alors je suis parti sur le thème de "y'a pas plus de racistes, c'est juste qu'ils osent davantage le dire, et avec des propos de plus en plus affreux qu'ils ne se permettaient pas avant, parce qu'ils se servent de ces horreurs comme prétexte". J'ai dit aussi que plus les propos en question seraient outrés, plus ils susciteraient de réactions de rejet de la part de la majorité, et donc qu'ils n'avaient pas à s’inquiéter, qu'ils trouveraient toujours une majorité de gens à leurs côtés face à une poignée de demeurés de fachos et de cinglés de terroristes. J'y croyais, en le disant
J'ai sans doute eu tort, et je suis probablement sorti de mon rôle. Mais ça a eu l'effet escompté, en tout cas, ils ont paru rassurés, et me l'ont dit en partant, en me remerciant. J'ai fermé la porte, et j'ai pleuré.
Je suis épuisé. Vidé. Anesthésié. Aucune énergie, juste un profond abattement, doublé d'une espèce de torpeur, comme un brouillard. J'ai l'impression d'avoir rêvé ces trois derniers jours, et d'être sur le point de me réveiller.
- C'est pas fauxEsprit éclairé
Edit. Pas envie de polémiquer vainement.Tangleding a écrit:Sans doute.Olympias a écrit:Le problème c'est que d'un établissement à l'autre, en fonction de la population scolaire, des états d'esprit, des préoccupations, c'est très différent. Certains élèves sont très mûrs, d'autres ne sont pas habitués à faire preuve d'empathie. D'autres cachent leur hyper sensibilité car ils ne veulent pas passer pour des ceux qui pleurnichent... Il y a aussi ceux qui sont très gamins, égoïstes, incapables de se décentrer...et ceux qui tiennent un discours qui nous gêne. Tous les cas de figure.
Pour la minute de silence, j'ai laissé le choix aux gamins, car cela avait sonné, ils pouvaient partir s'ils le souhaitaient, ils sont tous restés et se sont levés certes.
Ce n'était pas parti pour se passer ainsi au départ. Je leur ai dit aussi, que nul ne peut prétendre contrôler leurs pensées, que je pouvais seulement leur dire à qui, personnellement, je destinais ce temps de recueillement. Aux victimes de l'attentat, à toutes celles de Daesh, en Irak, en Syrie, depuis des années. Et aux migrants qui se sont noyés et se noient par centaines en fuyant cette terre gast.
J'ai du taire ce que je pense aussi, que les assassins eux-mêmes sont victimes de ceux qui les ont embrigadés dans la mort, la mort qu'ils ont répandue, la mort qu'ils se sont donnés.
Cela on n'a pas le droit de seulement le penser (même ici je suppose). Par contre parler de guerre pour qualifier la lutte légitime d'un état contre une mafia de criminels, cela on le peut, même en étant ministre de l'EN.
Il y a aussi des questions auxquelles je n'ai pas pu répondre. Ils s'inquiètent de leur sécurité au collège. C'est à l'institution d'assurer leur sécurité, j'en ai ma part. Mais je suis totalement démuni et je n'ai rien vu qui me rassure quant à la prise en compte réelle de cette mission par l'institution dans le contexte actuel.
- SoheneNiveau 9
Je me sens assez désemparée. J'aurais aimé être cette prof qui est un repère, une figure de confiance, comme Rendash avec ses élèves. J'ai répondu à des questions aujourd'hui, mais finalement il y en a eut assez peu. J'ai bien senti à quel point les mots -surtout du prof- avaient leur importance, et je ne sais pas si j'ai eu les bons. Je ne sais pas si j'ai réussi à les rassurer, moi qui suis déjà perdue dans mes émotions.
C'est un peu con
C'est un peu con
- AudreyOracle
Ma CDE a mis sur l'ENT le texte qu'elle a écrit et lu devant les élèves avant la minute de silence faite dans la cour.... il y a d'énormes fautes dedans....
Sinon, nous, on a fait le drapeau français photographié du deuxième étage grâce à des feuilles de couleur pour la minute de silence. C'était un chouette moment, bien qu'un peu trop dans la démonstration...mais beaucoup d'élèves ont apprécié le fait de faire, de créer, d'exprimer quelque chose ensemble.
Sinon, nous, on a fait le drapeau français photographié du deuxième étage grâce à des feuilles de couleur pour la minute de silence. C'était un chouette moment, bien qu'un peu trop dans la démonstration...mais beaucoup d'élèves ont apprécié le fait de faire, de créer, d'exprimer quelque chose ensemble.
- User5899Demi-dieu
C'est une blague récurrente, ne vous inquiétez pas. J'ai de grands projets pour la DGESCO pour quand je serai ministre, je vous promets que les pingouins n'ont pas fini de bouffer des EPISaphyr a écrit:Cripure, je ne suis pas à Saint-Pierre et Miquelon, mais dans un DOM...
- TangledingGrand Maître
On peut aussi réfléchir aux similitudes avec les dérives sectaires, on peut s'inquiéter du nombre de jeunes qui empruntent le chemin mortel pour la Syrie, se renseigner sur le taux de mortalité qui les y attend et essayer de les faire réfléchir à ceci qu'on ne trouve pas dans les vidéo de recrutement de Daesh.
Pour ma part je n'ai aucun mal à imaginer certains de mes élèves s'embarquant un jour là-dedans. Je sais que des parents totalement démunis appellent le numéro spécial mis en place par l'intérieur. Etc.
Pas besoin de me sortir Hitler comme un élève de 3e dans sa première rédaction d'argumentation.
Pour ma part je n'ai aucun mal à imaginer certains de mes élèves s'embarquant un jour là-dedans. Je sais que des parents totalement démunis appellent le numéro spécial mis en place par l'intérieur. Etc.
Pas besoin de me sortir Hitler comme un élève de 3e dans sa première rédaction d'argumentation.
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"Never complain, just fight."
- Plutôt que de se battre pour des miettes et des contraintes:
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- User5899Demi-dieu
En l'occurrence, c'est une faute professionnelle. Quand je pense aux collègues qu'on a virés en janvier pour avoir peut-être été maladroits... Celui-là mériterait peut-être une petite suspension de deux mois sans traitement, histoire de se rappeler que sa classe ne lui appartient pas.Sara621 a écrit:Moi j'ai été choquée par ce que m'a raconté une classe de première. Je les ai eu ce matin à 10h et ils avaient visiblement besoin d'en parler. Il m'ont dit que leur prof d'histoire qui les avait eu une heure en EMC aurait refuseé d'aborder le sujet et leur aurait même clairement dit "je m'en fou", je trouve ça scandalisant qu'un collègue puisse réagir comme ça.
- User5899Demi-dieu
Sphinx a écrit:RogerMartin a écrit:Sphinx a écrit:Cripure a écrit:
No man is an island,
Entire of itself.
Each is a piece of the continent,
A part of the main.
If a clod be washed away by the sea,
Europe is the less.
As well as if a promontory were.
As well as if a manor of thine own
Or of thine friend's were.
Each man's death diminishes me,
For I am involved in mankind.
Therefore, send not to know
For whom the bell tolls,
It tolls for thee.
C'est de John Donne, ça a presque 400 ans.
Et ça me parle.
C'est très beau. Puis-je vous demander la référence exacte ?
Dans le recueil Devotions upon Emergent Occasions, la Meditation XVII. C'est le troisième paragraphe.
http://www.luminarium.org/sevenlit/donne/meditation17.php
C'est un des grands thèmes de prédication de Donne -- plus haut dans le même texte: "All mankinde is of one Author, and is one volume; when one Man dies, one Chapter is not torne out of the booke, but translated into a better language."
Donne
Ah, merci. Je vais placarder ça en salle des profs, je préférais avoir le titre du poème et celui du recueil que de mettre "Source : Cripure"
Femme de peu de foi...
Merci, ô divine copistée
- SphinxProphète
Mais ce n'est pas que je ne crois pas en vous, ô Olympien Ursidé, c'est juste que je mets toujours la source quand je cite un texte comme mes révérés professeurs ils m'ont appris
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An education was a bit like a communicable sexual disease. It made you unsuitable for a lot of jobs and then you had the urge to pass it on. - Terry Pratchett, Hogfather
"- Alors, Obélix, l'Helvétie c'est comment ? - Plat."
- RogerMartinBon génie
Cripure a écrit:Sphinx a écrit:RogerMartin a écrit:Sphinx a écrit:
C'est très beau. Puis-je vous demander la référence exacte ?
Dans le recueil Devotions upon Emergent Occasions, la Meditation XVII. C'est le troisième paragraphe.
http://www.luminarium.org/sevenlit/donne/meditation17.php
C'est un des grands thèmes de prédication de Donne -- plus haut dans le même texte: "All mankinde is of one Author, and is one volume; when one Man dies, one Chapter is not torne out of the booke, but translated into a better language."
Donne
Ah, merci. Je vais placarder ça en salle des profs, je préférais avoir le titre du poème et celui du recueil que de mettre "Source : Cripure"
Femme de peu de foi...
Merci, ô divine copistée
De rien Ourson Câlin Olympien. En revanche, je le dis tout de même, c'est un texte en prose; mais c'est vrai que c'est très beau coupé période par période.
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Yo, salut ma bande ! disait toujours le Samouraï.
I User5899.
User 17706 s'est retiré à Helsingør.
Strange how paranoia can link up with reality now and then.
- OudemiaBon génie
J'ai découvert John Donne dans 84 Charing Cross Road...
Diverses sont les voies du Seigneur !
Diverses sont les voies du Seigneur !
- NitaEmpereur
Et moi par Dorothy L. Sayers...
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A clean house is a sign of a broken computer.
- OudemiaBon génie
Je n'avais pas fait du tout attention ! dans quel livre ?
Il va falloir que je me procure les nouvelles traductions !
Edit : désolée pour le HS, ça n'a vraiment rien à voir avec le fil...
Il va falloir que je me procure les nouvelles traductions !
Edit : désolée pour le HS, ça n'a vraiment rien à voir avec le fil...
- RogerMartinBon génie
(en même temps, on n'est plus lundi, et Donne et Dorothy Sayers sont toujours d'actualité)
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Yo, salut ma bande ! disait toujours le Samouraï.
I User5899.
User 17706 s'est retiré à Helsingør.
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- JCPNiveau 7
Olympias a écrit:Mise à jour de mon billet de blog sur l'Etat islamique ICI
Et une page réflexions et analyses sur les attentats ( qui va être enrichie dans les jours qui viennent ) ICI
Merci Olympias !
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" Penser, c'est dire non." Alain.
" Sans la liberté de blâmer, il n'est point d'éloge flatteur. " Beaumarchais.
"L’abandon des illusions suppose la publication des faits, et les faits peuvent être désagréables." George Orwell.
- MalagaModérateur
Cactus29 a écrit:Malaga a écrit:Audrey a écrit:Dites... je viens de voir qu'une collègue (pas sur néo) proposait ça comme activité avec les élèves demain:
III. Comment (réagir) ? Atelier d’écriture en Français
• Ecriture autour du point de vue :
-Les attentats du point de vue d’un kamikaze
-Les attentats du point de vue d’un spectateur
-Les attentats du point de vue d’une victime
C'est moi ou c'est vraiment glauque comme travail???
Je trouve ça très déplacé, très glauque et assez cynique ("je profite de cet événement pour avancer dans mon programme, pour travailler certaines compétences"...).
Alors oui, je suis d'accord, ce n'est pas du tout le genre de travail à donner !
En revanche, pour ce que j'ai mis en gras : je ne trouve pas ça idiot de partir de l'actualité pour faire cours. En EMC, c'est ce que je vais faire car je commence cette semaine "les symboles et valeurs de la République" (3e). En janvier, j'avais fait la même chose, en 4e, sur la liberté de la presse (ça tombait aussi au moment où je commençais l'EC). D'ailleurs, je m'étais inspirée des recommandations des IPR, qui nous avaient envoyé plein de documents pour traiter de cet événement en EC.
Je fais une grosse différence entre apporter des connaissances aux élèves en lien avec l'actualité et travailler certaines compétences.
Démarrer son cours sur les Lumières, la liberté ou les valeurs de la République, cela me semble approprié.
Se dire, "tiens, il faut que je fasse travailler mes élèves sur la méthode du récit donc ils vont raconter les attentats" ou "tiens, il faut que je fasse travailler mes élèves sur la méthode du croquis donc on va faire un croquis des différents lieux touchés vendredi soir", c'est très déplacé.
- User24373Neoprof expérimenté
Ah une collègue l'a eu aussi, celui-là. Du genre : " dommage que Hitler n'est plus là. Un bon nettoyage et on n'en parle plus !"Tangleding a écrit:On peut aussi réfléchir aux similitudes avec les dérives sectaires, on peut s'inquiéter du nombre de jeunes qui empruntent le chemin mortel pour la Syrie, se renseigner sur le taux de mortalité qui les y attend et essayer de les faire réfléchir à ceci qu'on ne trouve pas dans les vidéo de recrutement de Daesh.
Pour ma part je n'ai aucun mal à imaginer certains de mes élèves s'embarquant un jour là-dedans. Je sais que des parents totalement démunis appellent le numéro spécial mis en place par l'intérieur. Etc.
Pas besoin de me sortir Hitler comme un élève de 3e dans sa première rédaction d'argumentation.
- roxanneOracle
Bon, nous service tres minimum de la direction. Aucune trace du pro. (Ce qui semble confirmer l'impression générale à son sujet). Une adjointe est furtivement venue afficher l'heure de la minute de silence. Puis chacun dans sa classe. J'ai eu des premières , on est sur l'Ingenu , je leur ai distribué des extraits de fanatisme, puis des poèmes. Gros silence, yeux mouillés. Pareil avec la classe de seconde, je leur ai dit aussi que la littérature était là pour les aider à mettre des mots, à avoir les mots, à faire d'eux des hommes libres.puis minute de silence impeccable même si dans la cour des élèves couraient, se baladaient.
Par contre, ce fut plus compliqué l'après-midi, j'avais en  P un groupe de mes affreux secondes. Je leur ai demandé si la minute de silence s'était bien passée, il y aurait eu des ricanements , et puis ça dérive notamment sur Charlie qui "eux l'avaient cherché car ça se fait pas". Bref, rappel à la loi française. Puis, j'avais lit et société , donc je ressors Voltaire, mais une gamine veut "faire un débat ", je lui dis qu'il n'y a pas à débattre de la mort de 130 personnes. En plus, comme d'habitude, la moitié s'en fout' discute, comme d'habitude. On a pu parler un peu surtout qu'ils m'ont dit que j'étais l seule prof qui avait accepté de le faire et que notamment leurs profs d'histoire avaient refusé...
Par contre, ce fut plus compliqué l'après-midi, j'avais en  P un groupe de mes affreux secondes. Je leur ai demandé si la minute de silence s'était bien passée, il y aurait eu des ricanements , et puis ça dérive notamment sur Charlie qui "eux l'avaient cherché car ça se fait pas". Bref, rappel à la loi française. Puis, j'avais lit et société , donc je ressors Voltaire, mais une gamine veut "faire un débat ", je lui dis qu'il n'y a pas à débattre de la mort de 130 personnes. En plus, comme d'habitude, la moitié s'en fout' discute, comme d'habitude. On a pu parler un peu surtout qu'ils m'ont dit que j'étais l seule prof qui avait accepté de le faire et que notamment leurs profs d'histoire avaient refusé...
- roxanneOracle
Enfin s'il est avéré qu'une collègue a fait faire une rédaction sur ce sujet avec ces entrées-là (se mettre da s la peau du kamikaze ) c'est plus qu'une maladresse, c'est une provocation et comme mère d'élève ce serait un scandale.Malaga a écrit:Cactus29 a écrit:Malaga a écrit:Audrey a écrit:Dites... je viens de voir qu'une collègue (pas sur néo) proposait ça comme activité avec les élèves demain:
III. Comment (réagir) ? Atelier d’écriture en Français
• Ecriture autour du point de vue :
-Les attentats du point de vue d’un kamikaze
-Les attentats du point de vue d’un spectateur
-Les attentats du point de vue d’une victime
C'est moi ou c'est vraiment glauque comme travail???
Je trouve ça très déplacé, très glauque et assez cynique ("je profite de cet événement pour avancer dans mon programme, pour travailler certaines compétences"...).
Alors oui, je suis d'accord, ce n'est pas du tout le genre de travail à donner !
En revanche, pour ce que j'ai mis en gras : je ne trouve pas ça idiot de partir de l'actualité pour faire cours. En EMC, c'est ce que je vais faire car je commence cette semaine "les symboles et valeurs de la République" (3e). En janvier, j'avais fait la même chose, en 4e, sur la liberté de la presse (ça tombait aussi au moment où je commençais l'EC). D'ailleurs, je m'étais inspirée des recommandations des IPR, qui nous avaient envoyé plein de documents pour traiter de cet événement en EC.
Je fais une grosse différence entre apporter des connaissances aux élèves en lien avec l'actualité et travailler certaines compétences.
Démarrer son cours sur les Lumières, la liberté ou les valeurs de la République, cela me semble approprié.
Se dire, "tiens, il faut que je fasse travailler mes élèves sur la méthode du récit donc ils vont raconter les attentats" ou "tiens, il faut que je fasse travailler mes élèves sur la méthode du croquis donc on va faire un croquis des différents lieux touchés vendredi soir", c'est très déplacé.
- AlExpert spécialisé
Pour ma part je me félicite d'avoir résisté à la vague ambiante du "débriefer à tout prix". Comme prévu, hier, j'ai fait un petit discours pour déjà m'assurer qu'aucun d'entre mes élèves n'était touché (proches, familles, etc). J'ai rapidement dit que pour certains membres de ma famille, ce n'était pas passé loin (j'ai eu besoin de le dire pour qu'ils comprennent la suite et aussi pour essayer de désamorcer ceux qui auraient été tenté d'arriver avec les théories du complot...). Et que pour ma part, très personnellement, je trouvais qu'il était trop tôt pour en parler, que j'allais prendre le temps de me concerter avec les collègues, de rassembler des documents, pour organiser une réelle parole. Que j'estimais que la plus digne manière de réagir était de continuer à étudier les textes et nous avons enchainé sur le cours prévu. Avant et après (quand je distribuais les feuilles), je les ai entendus bavarder, s'échanger des infos (sur la cousine du footballer), une élève a montré aux autres son "tatouage" de Paris "peace and love" et leur expliquait, j'ai trouvé ça très bien comme ça ils s'expliquaient les uns aux autres sans que je leur commande une quelconque réaction, émotion, parole. L'heure d'après ils en ont parlé avec leur PP qui les avait pour la minute de silence (apparemment ça s'est bien passé).
Dans mon établissement, des dérapages ont eu lieu dès 8h du mat. Comment pourrait-il en être autrement quand on somme de jeunes musulmans de réagir, de discuter, là-tout-de-suite, sur un massacre perpétré au nom de leur religion?!! On dirait que les profs jouent à twitter : dis ta phrase là, sur les attentats, vas-y exprime-toi, tu as forcément quelque chose à dire. Je trouve que c'est de la provocation. Si moi-même je n'ai pas encore eu le temps de réaliser ce qu'il s'était passé, comment l'espérer d'eux ? Bref je ne prétends de loin pas détenir la solution miracle mais quand je vois les dérapages, l'état de nerfs de certains collègues à la suite de leurs heures, quand je repense à l'horreur après Charlie, je pense que pour mes élèves, j'ai fait le meilleur choix possible. Et je trouve les propos sur les profs qui ont agi comme moi très excessifs et agressifs.
Dans mon établissement, des dérapages ont eu lieu dès 8h du mat. Comment pourrait-il en être autrement quand on somme de jeunes musulmans de réagir, de discuter, là-tout-de-suite, sur un massacre perpétré au nom de leur religion?!! On dirait que les profs jouent à twitter : dis ta phrase là, sur les attentats, vas-y exprime-toi, tu as forcément quelque chose à dire. Je trouve que c'est de la provocation. Si moi-même je n'ai pas encore eu le temps de réaliser ce qu'il s'était passé, comment l'espérer d'eux ? Bref je ne prétends de loin pas détenir la solution miracle mais quand je vois les dérapages, l'état de nerfs de certains collègues à la suite de leurs heures, quand je repense à l'horreur après Charlie, je pense que pour mes élèves, j'ai fait le meilleur choix possible. Et je trouve les propos sur les profs qui ont agi comme moi très excessifs et agressifs.
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"C’est le grand nuage des ambitions moroses qui étouffe la voix d’Éros."
- MaellerpÉrudit
A la lecture de certains d'entre vous je me rends compte d'une vraie solidarité dans notre collège REP+. Des collègues profs et cpe se sont réunis ce we pour que l on ait tous des pistes de reflexion avec nos élèves. Et ils ont écrit un texte que nous avons tous lu en préambule à la minute de silence. Les collègues HG ont tous expliqué le contexte géopolitique pendant leurs cours et tous les collègues dispo ont rejoint dans les classes ceux qui pouvaient se sentir demunis face aux questions, notamment les collègues arrives cette année. Et on les a laissés s'exprimer en alternant avec des cours pour qu ils reviennent aussi dans un rythme "normal". Du coup globalement les élèves ont été très bien. Et le soir ordre du jour du CP modifié. Réforme très brièvement mais pour le reste proposition d actions sur le long terme avec les élèves pour que tout cela ne se limite pas à une minute de silence.
- User5899Demi-dieu
Mais, trompez-moi si je me corrige, Hemingway le cite bien versifié ? Mon prof d'HKH nous l'avait bien donné à commenter en vers...RogerMartin a écrit:Cripure a écrit:Sphinx a écrit:RogerMartin a écrit:
Dans le recueil Devotions upon Emergent Occasions, la Meditation XVII. C'est le troisième paragraphe.
http://www.luminarium.org/sevenlit/donne/meditation17.php
C'est un des grands thèmes de prédication de Donne -- plus haut dans le même texte: "All mankinde is of one Author, and is one volume; when one Man dies, one Chapter is not torne out of the booke, but translated into a better language."
Donne
Ah, merci. Je vais placarder ça en salle des profs, je préférais avoir le titre du poème et celui du recueil que de mettre "Source : Cripure"
Femme de peu de foi...
Merci, ô divine copistée
De rien Ourson Câlin Olympien. En revanche, je le dis tout de même, c'est un texte en prose; mais c'est vrai que c'est très beau coupé période par période.
- titeprofExpert
En ce qui me concerne, j'ai fait cours comme c'était prévu, sans rien dire de particulier. En arrivant lundi, je ne savais pas quoi faire, et c'est une élève de 4eme que j'avais à 8h30 qui m'a permis de décider : elle m'a demandé si on était obligé d'en parler, parce que ce serait "cool si y'avait au moins un truc normal en ce moment".
Voilà.
J'ai apporté ma petite dose de normalité. Et tant pis si certains ont trouvé ça inapproprié.
Voilà.
J'ai apporté ma petite dose de normalité. Et tant pis si certains ont trouvé ça inapproprié.
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[center]Je suis comme le ciel, rien ne s'accroche à moi (mantra)
- CarnyxNeoprof expérimenté
C'est de la prose (17e méditation) qui fait partie des Devotions upon Emergent Occasions (1624).Cripure a écrit:Mais, trompez-moi si je me corrige, Hemingway le cite bien versifié ? Mon prof d'HKH nous l'avait bien donné à commenter en vers...RogerMartin a écrit:Cripure a écrit:Sphinx a écrit:
Ah, merci. Je vais placarder ça en salle des profs, je préférais avoir le titre du poème et celui du recueil que de mettre "Source : Cripure"
Femme de peu de foi...
Merci, ô divine copistée
De rien Ourson Câlin Olympien. En revanche, je le dis tout de même, c'est un texte en prose; mais c'est vrai que c'est très beau coupé période par période.
Ls Devotions sont divisées en 23 parties, chacune divisée en 3 parties.
https://en.wikisource.org/wiki/Meditation_XVII
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Of all tyrannies, a tyranny sincerely exercised for the good of its victims may be the most oppressive. It would be better to live under robber barons than under omnipotent moral busybodies. The robber baron’s cruelty may sometimes sleep, his cupidity may at some point be satiated; but those who torment us for our own good will torment us without end for they do so with the approval of their own conscience.
- User5899Demi-dieu
Ce n'était pas ma question, élève CarnyxCarnyx a écrit:C'est de la prose (17e méditation) qui fait partie des Devotions upon Emergent Occasions (1624).Cripure a écrit:Mais, trompez-moi si je me corrige, Hemingway le cite bien versifié ? Mon prof d'HKH nous l'avait bien donné à commenter en vers...RogerMartin a écrit:Cripure a écrit:
Femme de peu de foi...
Merci, ô divine copistée
De rien Ourson Câlin Olympien. En revanche, je le dis tout de même, c'est un texte en prose; mais c'est vrai que c'est très beau coupé période par période.
Ls Devotions sont divisées en 23 parties, chacune divisée en 3 parties.
https://en.wikisource.org/wiki/Meditation_XVII
- CarnyxNeoprof expérimenté
Dans ma version c'est en prose et en vieille orthographe :
No man is an Iland, intire of it selfe; every man is a peece of the Continent, a part of the maine; if a Clod bee washed away by the Sea, Europe is the lesse, as well as if a Promontorie were, as well as if a Mannor of thy friends or of thine owne were; any mans death diminishes me, because I am involved in Mankinde; And therefore never send to know for whom the bell tolls; It tolls for thee
No man is an Iland, intire of it selfe; every man is a peece of the Continent, a part of the maine; if a Clod bee washed away by the Sea, Europe is the lesse, as well as if a Promontorie were, as well as if a Mannor of thy friends or of thine owne were; any mans death diminishes me, because I am involved in Mankinde; And therefore never send to know for whom the bell tolls; It tolls for thee
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Of all tyrannies, a tyranny sincerely exercised for the good of its victims may be the most oppressive. It would be better to live under robber barons than under omnipotent moral busybodies. The robber baron’s cruelty may sometimes sleep, his cupidity may at some point be satiated; but those who torment us for our own good will torment us without end for they do so with the approval of their own conscience.
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