2017 : création d'une agrégation réservée aux docteurs ?

On en sait un chouilla plus :
http://www.lemonde.fr/campus/article/2016/05/26/les-agreges-craignent-une-agregation-light-destinee-aux-docteurs_4927102_4401467.html

Par contre il y a quelque chose que j'ai du mal à saisir dans le décret :

« Les candidats qui ont été admis au concours externe spécial sont classés selon les dispositions du décret du 5 décembre 1951. Toutefois, ils bénéficient d'une bonification d'ancienneté de deux ans au titre de la période de préparation du doctorat. Lorsque la période de préparation du doctorat a été accomplie sous contrat de travail, les services accomplis dans ce cadre sont pris en compte, selon les modalités prévues à l'article 11-5 du même décret pour la part de leur durée excédant deux ans. Une même période ne peut être prise en compte qu'une seule fois.

Si je comprends bien, tout titulaire d'un doctorat a droit à deux années d'ancienneté et en pratique 3 en sciences (puisque tous les doctorats se font sous contrat de travail ou presque). Si je ne me trompe pas, c'est plus que pour un docteur qui a eu l'agrégation externe (avant ou après sa thèse ) ?

Sulfolobus;

Les docteurs commencent échelon 4 donc au moins 2 ans d’ancienneté. L'ENS ça compte 0,5 ans pour les 2 premières années et 0.75 les 2 dernières.

2 pas 3. Donc ça fait un an de moins, non ?

Sulfolobus a écrit:
Si je comprends bien, tout titulaire d'un doctorat a droit à deux années d'ancienneté et en pratique 3 en sciences (puisque tous les doctorats se font sous contrat de travail ou presque).

Tutut : tu oublis les "vieux c..." qui ont un doctorat antique passé à l'époque où le "gratos pro labo" était la règle ... A moins qu'ils ne soient pas concernés par cette nouveauté nouvelle.

Disons que vu que l'introduction du contrat doctoral remonte à 2009, je ne pense pas que ça concerne grand monde : ces personnes ont normalement soutenu au plus tard en 2011/2 (4 ans de thèses) et sont donc sur le marché du travail depuis 5 ans. Je doute que ça soit elles qui soient recrutées par cette agrégation. Néanmoins, elles bénéficieront de deux ans.

J'ai cru que c'était une blague, mais non. C'est lamentable ....

Les docteurs qui veulent se (re)caser dans l'enseignement (secondaire) ont
sans trop d'efforts  la possibilité de passer le capes. Dans les
matières scientifiques, ça foit être une formalité. Mais l'Institution pense
que cela n'est pas assez bien, pas assez en rapport avec la hauteur de leur
grade universitaire.

Alors on crée une voie parrallèle (enfin, plutôt orthogonale...)  pour
l'agrégation.

- Si ce nouveau concours est un vrai concours, dont le but est de selectionner
des gens (les meilleurs, principe du concours) qui ont une culture et un recul suffisants dans une matière, cela veut dire qu'il
demandera aux docteurs  du temps de  préparation, qu'ils  pourraient tout aussi
bien employer à préparer l'agrégation "normale", à la quelle ils peuvent se
présenter depuis toujours.

-Sinon, cela veut dire qu'on leur offre ou facilite l'accès à l'agrégation, au mépris du principe
élémentaire d'égalité.

Bref, ce nouveau  concours est injuste et inepte. J'espère qu'il sera considéré comme
ce qu'il est : un concours au rabais.

Préparer l'agrégation externe suppose un centre de préparation digne de ce nom, une chose introuvable dans certaines académies, il est important de le souligner.

histoireeternelle59 a écrit:Préparer l'agrégation externe suppose un centre de préparation digne de ce nom, une chose introuvable dans certaines académies, il est important de le souligner.

Oui même dans les très grosses académies (comme en SVT à Toulouse )

On ne sait pas encore quelles seront les modalités de l'admissibilité et de l'admission.

Je suppose que les agrégations pluridisciplinaires sont parfois difficiles à obtenir par la voie externe. Par exemple, en chimie, il y a deux épreuves de physique, un écrit de bon niveau CPGE et un oral qui peut aller au niveau CPGE. Le problème évidemment, c'est que le docteur pourrait se retrouver à enseigner la physique en CPGE. À suivre...

histoireeternelle59 a écrit:Préparer l'agrégation externe suppose un centre de préparation digne de ce nom, une chose introuvable dans certaines académies, il est important de le souligner.

C'est valable pour tout le monde ...

Mais à supposer que ce soit un pb, en quoi la nouvelle voie le résout-il ? elle ne nécessiterait donc aucune préparation ?

Une absurdité de plus !

Ils feraient mieux de créer une "agrégation" pour les PE avec deux options possibles
-option Lettres/HG/langues
-option Maths/Sciences

ça revaloriserait leur salaire (leur image) et leurs possibilités de carrière

denis_neoprofs a écrit:

histoireeternelle59 a écrit:Préparer l'agrégation externe suppose un centre de préparation digne de ce nom, une chose introuvable dans certaines académies, il est important de le souligner.

C'est valable pour tout le monde ...

Mais à supposer que ce soit un pb, en quoi la nouvelle voie le résout-il ? elle ne nécessiterait donc aucune préparation ?

Cela va dépendre des épreuves de ce nouveau concours, bien évidemment. S'il ne nécessite plus autant de cours et de - bonnes - bibliothèques à disposition, cela pourrait rendre un peu plus d'équité au concours. Car aujourd'hui, en histoire du moins, si on ne peut préparer dans les grandes facs parisiennes, on peut faire une croix sur l'agrégation externe. Et tout le monde n'a pas la possibilité de s'installer à Paris pour une année.

histoireeternelle59 a écrit:Car aujourd'hui, en histoire du moins, si on ne peut préparer dans les grandes facs parisiennes, on peut faire une croix sur l'agrégation externe.

Une croix, non. Chaque année, plusieurs candidats de province réussissent l'agrégation externe d'histoire. En 2015, ils étaient 16 admis inscrits en dehors des académies de Paris-Créteil-Versailles et de Lyon.

Encore heureux...

Je ne prenais pas ce sujet au sérieux... puis j'ai reçu un mail syndical dans ma boite académique.

Je trouve tout ça lamentable.

Quelqu'un sait-il à quoi ressemblera les épreuves ? Le Monde parle d'épreuves sur la recherche... D'autres infos ?

Eh bien moi, je demande un doctorat spécialement réservé aux agrégés qui enseignent à plein temps. En ce moment, cela m'arrangerait...

Oralnda, pour cela il existe déjà quelquechose: demander un poste d'ATER...

Je ne comprends pas trop ce que vous trouvez lamentable... Pourriez-vous être plus explicite s'il vous plaît Albert Jarl?

Lu sur un autre forum :

L'idée me paraissait assez ridicule : un docteur doit tout de même avoir un recul suffisant sur les mathématiques pour réussir l'agrégation sans problème. La pénurie de candidats (en 2014, 250 candidats suivaient une préparation à l'agrégation pour 275 postes pourvus) devrait permettre de réussir à n'importe quel docteur, pour peu qu'il sache raisonner et qu'il prenne la peine de retravailler sérieusement les bases des mathématiques de niveau licence. Mais j'ai pris la peine de lire le rapport du concours 2014 : 97 titulaires d'un doctorat ont passé les écrits, dont 49 ont été admissibles, parmi ces 49, 37 ont passé les oraux et 7 ont été admis.

:shock:

Dulcinea del Toboso a écrit:Oralnda, pour cela il existe déjà quelquechose: demander un poste d'ATER...

Déjà donné...

Dulcinea del Toboso a écrit:Je ne comprends pas trop ce que vous trouvez lamentable... Pourriez-vous être plus explicite s'il vous plaît Albert Jarl?

Ben les docteurs ne peuvent pas se sortir les doigts pour une fois et tenter l'agrégation par les mêmes voies que tout un chacun ?

Et comment pourra-t-on ensuite justifier la suppression ou la refonte/ fusion de l'agrégation avec le capes pour le quidam qui enseigne au secondaire ?

Au début, je pensais que l'idée était tellement ridicule qu'elle serait abandonnée dès les premières étapes de la réflexion. C'était méconnaitre qu'avec ce gouvernement, en matière d'éducation, tout est possible.

Normalement, dans un système géré de façon même modérément rationnelle, obtenir l'agrégation (la vraie) devrait être à la portée des docteurs. Agrégation : bac+5. Doctorat : bac+8 (et souvent bien plus dans les faits). En toute logique, le second devrait être plus difficile que la première. Las, notre système est un tel méli-mélo incohérent qu'on se croit désormais obligé d'inventer des passe-droits, des facilités, des filières adaptées, des voies de secours pour des gens qui sont théoriquement surqualifiés.

Par conséquent, le ministère de la recherche affirme tout à la fois que :
a) le doctorat démontre un niveau de haute excellence en recherche et patati et patata.
b) le doctorat est de la pure camelote, puisqu'il faut mettre en place une agreg bidon pour donner du travail aux docteurs.

Une telle incohérence laisse pantois. Le ministère contredit le ministère. Le ministère combat le ministère. Le ministère dit ouvertement que les diplômes décernés par le ministère ne valent rien. Le ministère de la recherche est un chien fou qui se mord la queue.

(et je le dis avec d'autant moins de parti pris que je serais un bénéficiaire éventuel de cette mesure, si j'avais abdiqué tout orgueil intellectuel au point d'aller quêter une agreg pipeau obtenue sur tapis vert).

De toute façon il faudra bien que les épreuves du nouveau concours soient validées par les futurs membres de jury, des universitaires... Je me souviens qu'à l'époque de la refonte des CAPES, il y avait eu des tentatives réussies de limiter un peu le désastre (différence entre les premières moutures des épreuves et coefficients qui avaient circulé et la version finale).
Sur ma génération, parce que ça a changé en fonction du nombre de postes, de la démographie, etc., on est passé d'un système où le diplôme était une simple condition d'accès à un concours sélectif (CAPES compris, à bac + 3 ou 4) à un autre où, au moins d'un point de vue extérieur, le diplôme est censé faire foi avec des concours allégés : d'abord le CAPES, moins touffu sur le plan strictement disciplinaire, puis, visiblement, l'agrégation réservée. En 2009, quand les facs protestaient contre la coquille vide de CAPES des premières versions, la réponse était que les connaissances étaient validées par le diplôme en amont.
Même mouvement ici, le doctorat valide les connaissances, toutes les connaissances...
A force de faire des concours des coquilles vides, il sera facile de les supprimer, hein.