La Lettre de SOS Education : dans l'enfer du racket

Claire Polin SOS Education a écrit:Chère amie, cher ami,

La dernière fois que Lucie, ma petite-nièce et filleule, est venue me rendre visite, c'était à la fin des grandes vacances... Cette enfant respirait alors la santé et la joie de vivre ; bonne élève, elle se préparait à rentrer au collège avec un an d'avance, et n'était pas peu fière de me montrer son cartable tout neuf et ses belles affaires de classe !

Elle est revenue ce week-end à la maison pour les fêtes avec sa famille... et j'ai failli ne pas la reconnaître.

C’est un miracle qu’elle tienne encore. S’il avait subi la même chose, un adulte aurait été brisé ; il serait tombé en dépression. Il aurait peut-être pensé à sauter par une fenêtre.

Un cercle vicieux s’est en effet installé autour d'elle : dès sa première semaine au collège, Lucie a fait l'objet d'un harcèlement incessant de la part d'une bande d'élèves plus âgées qu'elle.

Elle a dû donner sa règle.

Puis ses lunettes.

Elle a dû mentir à sa mère, qui l’avait alors grondée pour ne pas avoir fait attention à ses affaires.

Plus tard, elle est revenue du collège avec des vêtements déchirés, des traces de griffure...

Elle se taisait, car quand on est au collège, c'est la Loi du silence.

Lucie est comme ces papillons qui se brûlent les ailes sur les bougies : celles qui la persécutent sont les seules personnes à faire attention à elle, à la faire exister.

Alors elle encaisse et s’enfonce un peu plus dans l’enfer.