récit d'une évaluation négative...

Bonjour,

voici le récit de mes mésaventures de contractuel somme toute assez scandaleuse... en reprenant ce que j'ai à l'inspecteur à l'époque...à vous de juger...

j’ai pris mon poste à la suite du départ de****** au Lycée *******, ce dernier a été appelé à la dernière minute à la rentrée suite à la démission d’un stagiaire redoublant son année de stage. M ******* souhaitait étant lui-même contractuel passer l’agrégation et suivre des cours à l’Université de*****. Il s’est alors rendu compte rapidement qu’il ne pouvait pas suivre les cours et en donner, il a préféré quitter son poste à la date des vacances de la Toussaint. Il m’a dit lui-même lors d’une entrevue qu’il n’avait pas le temps de préparer des cours dignes d’une classe de terminale et de facto, proposer une évaluation des élèves sur des sujets type « bac » , bref, il était déjà parti dans son esprit durant cette période.

Arrivant à la reprise des vacances de la Toussaint, je retrouve mes classes (au nombre de 6) sans notes et ce, à trois semaines de la date limite de la remise des notes qui est le 29 novembre. Passé la prise de contact et la première semaine, la deuxième semaine j’organise pour toutes les classes un devoir sur table que je dois corriger rapidement malgré leur nombre (environ 180 élèves) j’ai le sentiment que les classes ont du retard en terme de niveau, et que le premier trimestre est perdu quoiqu’il arrive. Je donne trois sujets différents aux classes sur un thème que je n’ai pas traité et en n’ayant aucun repère pour connaître le niveau des élèves, bref, c’est à l’aveuglette. Tous ne réussissent pas le devoir en 2h de temps, les plus mauvaises notes de TS*** correspondent à des hors-sujets, car les élèves n’ont pas répondu à la question posée ou ont récité le cours. Bref, le premier mois se déroule dans l’urgence, sachant aussi que je viens de*****et qu’il y a un peu de fatigue.

Mes classes n’auront qu’une note, car par équité, je n’ai pas matériellement le temps de corriger de nouveau 180 copies sur des notions que je n’ai pas tout à fait terminées et de toute façon sans savoir qu’elles seront prises en compte ou non durant le trimestre. Durant la période entre l’arrêt des notes et les conseils juste avant les vacances, je n’ai aucune remarque qui sorte de l’ordinaire de la part des élèves, ni de fronde des élèves, ni entrevue à ce sujet de la part des délégués, ni des collègues, ni de la direction, bref un quasi silence radio. J’ai appris par mail qu’une réunion entre la direction et les parents d’élèves de TS4 avait eu lieu. L’idée que la moyenne de classe était trop basse était sortie ( 9,29) mais personne n’est venu me voir pour proposer une solution à cela ( absence de moyenne et note mise dans l’appréciation, moyenne provisoire du 1er trimestre avec rectification avec l’arrivée d’une seconde note, contrôle rapide de connaissance en 1 heure si on pouvait ajouter une note), la seule consigne que j’ai respecté est de mentionner dans l’appréciation que les élèves n’avaient qu’une note ce trimestre. On peut donc dire qu’il n’y a pas eu de concertation, ni de vrai dialogue concernant cela et c’est là à mon sens qu’il y a un manque. De plus, j’ai appris qu’il y a eu une rencontre entre les parents d’élèves de cette même classe et le proviseur le 29 novembre, soit deux semaines avec les conseils, et ce même problème était remonté sans que personne ne m’informe de quoi que ce soit.

L’augmentation des moyennes a été demandée à l’initiative du proviseur par téléphone vers 17h45 le vendredi avant les vacances, (et je n’ai jamais émis cette idée). Il a commencé par mentionner plusieurs choses. Il m’a proposé (maintenant, je l’interprète ainsi) en échange de ces trois points une proposition de tutorat par un collègue de philosophie pour m’aider. Il a présenté l’idée comme ceci « les notes de TS*** sont trop basses, comment fait-on pour harmoniser ?) Il a ensuite proposé d’augmenter de 3 points. Il a ajouté au téléphone, « De toute façon, on ne va pas vous virer, le rectorat n’a personne a proposé pour vous remplacer » sous-entendu qu’avec cette histoire de note, je ne fais pas l’affaire mais on fait avec malgré cela. Je me vois ainsi en position de faiblesse, étant contractuel, je me dis, que va-t-il se passer si je refuse de faire ce qu’il demande ? De plus, il n’y a pas le temps de la réflexion, de demander aux collègues leur avis, de construire quelque chose de pédagogique comme je l’ai mentionné avant. Je me mets à la place des élèves qui doivent constituer des dossiers post-bac et qui n’ont pas à subir dans leur orientation une situation que ni eux ni moi n’ont voulue. Je comprends en cela la démarche de « corriger » la réalité. Maintenant, je vois cela comme une solution temporaire pour calmer les esprits et présenter un bon bulletin aux familles, mais je ne vois pas non plus comment corriger cela maintenant que les bulletins sont édités et signés. Et je ne souhaite plus corriger cela, car ce n’est pas moi qui ai physiquement changé les notes mais le proviseur adjoint. (De plus les appréciations ne coïncident plus avec les notes) Du reste, j’ai contacté dans la foulée des collègues pour demander leur avis.

Il est à noter que je suis un remplaçant expérimenté (un remplaçant n’est pas forcément nul et novice contrairement à ce que croient aussi certains élèves), j’ai 4 ans d’expérience et je passe cette année le CAPES interne avec un dossier de 8 pages avec mon parcours et une séquence pédagogique et son analyse réalisée au lycée et signé par le proviseur sans la moindre remarque de sa part. Et jamais de remarques de la part du rectorat, mes élèves ont toujours de bons résultats au bac. J’ai enseigné à toutes les filières, dans des lycées privés de**** exigeants sans avoir de remarques de la part des directeurs sur ma notation. Je dois l’avouer j’ai eu quelques réticences à vous contacter en ayant peur de l’impact cela peut avoir pour la suite ou pour un autre remplacement.

Désormais ; toutes mes classes me posent la question du pourquoi du comment et se demandent pourquoi, je ne peux rajouter 3 points aussi. Les élèves de TS*** ont aussi des remarques désagréables de la part des autres élèves.

A la suite de cela, à l’initiative des mes collègues syndicalistes, une pétition a été mise en place et a été signé par la très grande majorité de mes collègues. Un rendez-vous a été demandé avec le proviseur qui a avoué être fier de son geste, nier avoir fait pression. Ce problème a été aussi traité avec d’autres problèmes, mais c’est ce dernier qui a incité mes collègues à faire quelque chose. A ma connaissance une lettre est partie à ce sujet et il y a une demande de rendez-vous est en cours.

Cet événement a dégradé mes conditions de travail en me mettant au centre d’une polémique que je n’ai pas voulu et que je n’ai pas recherché. Il est à noter aussi qu’aucun moment je n’ai mis de l’huile sur le feu, que ce fait s’est répandu par lui seul dans l’établissement et que ce sont les élèves qui ont abordé ce sujet et que je n’ai pas signé la pétition, j’ai tout fait pour me mettre en retrait et ne rien envenimer.

Mais un autre fait me fait dire que l’on s’acharne un peu sur moi est le fait que de nouveau le proviseur m’a appelé encore une fois le premier jour de ces dernières vacances pour que je modifie les appréciations d’un élève de terminale S***, qui souhaite aller en classe préparatoire et qui pense que la mention « la moyenne ne comporte qu’une seule note » pourrait lui nuire au sens où le jury pourrait croire qu’il n’a fait qu’un devoir sur plusieurs à faire ou que l’évaluation n’est pas significative. Est-ce encore un abus de pouvoir ? Un bulletin est-définitif après sa signature ? Quel est le rôle du conseil pédagogique de l’établissement dans ce cadre ? Faut-il le consulter ? Dans les faits, je me suis exécuté alors que Pronote était bloqué, et qu’il a fallu l’intervention du proviseur adjoint le débloque car les délais légaux étaient dépassés…

Après avoir communiqué avec l’inspecteur, que dans cette situation, le proviseur étant mon supérieur hiérarchique, il fallait obéir à ses directives…et ensuite voir

Il est aussi revenu sur l’affaire précédente en disant qu’il se fichait des éventuelles sanctions et que mes collègues signataires de la pétition étaient de mauvaise foi et qu’il n’avait pas fait pression sur moi. Là aussi, je me sens contourné et d’autres à la fois.

Entre temps, un rendez-vous avec les délégués syndicaux du lycée, avec le proviseur et l’inspecteur a fait ressortir clairement que les 3 points sur les moyennes n’auraient pas dû être rajouté, qu’il y avait derrière cela des soupçons de clientélisme, que j’avais sans doute subit des pressions et que globalement, il fallait améliorer la communication.


suite des événements:

l'année scolaire a été un enfer, aucun respect en ma direction, heures de colle distribuées, exclusion, triches durant les DM et les DS ( plus étonnant en trouvant des corrigés sur internet);
Durant la fin d'année, élève qui font des intrusions avec la bénédiction de la direction car c'est la tradition, pétard dans les classes, élèves qui renversent les tables, menacent de bordélisé les cours, pas de surveillant...droit de retrait...mais le proviseurs souhaitera que j'aille à un conseil de classe de seconde à la place ( absurdité à mon sens, je n'y vais pas et ça sera reproché)
mail médisant d'élève...
sabotage de cours, reversage de table mais examen en dessous, plaintes d'autres profs...
refus de la part des collègues de philo d'échanger les copies pour le bac blanc ( collègue qui démissionne de la coordination de la philo, en conflit avec le CDE, autre collègue qui demande sa mutation)
ambiance exécrable entre prof littéraires et scientifique ( pétage de plomb d'une prof en salle des profs)
CDE qui n'a jamais expliqué le fait de remonter ses 3 points ni excuse...

bilan: bouc-émissaire de collègues en conflits avec leur CDE pour cause d'emploi du temps, vengeance d'élèves qui ne comprennent pas le changement de prof et n'ont aucun respect pour la fonction ni des cours alors qu'ils souhaitent faire des études longues et difficiles. Vengeance du CDE qui ne peut pas s'attaquer aux profs de philo titulaires...mépris des contractuels...

Après une correction de bac sans encombre...avec deux avenants au contrat, fin juillet je reçois une notation adm négative mentionnant le fait d'être absent du conseil de classe que je ne connaissais pas et de l'autre conseil de seconde, et refus de se faire aidé...

je reçois encore des appels pour faire des remplacements dans le privé à la rentrée suivante...mais j'apprends en octobre que je suis aussi rayé des listes du privé...( que se serait-il passé si j'avais pris ou eu un poste alors que j'étais rayé des listes?)

entre temps, dialogue avec le SNES pour voir s'il y a quelque chose à faire
en juillet, un incompétent me dit que ça n'a pas d'incidence sur mon éventuel réemploi...
je demande un examen de mon cas pour essayer de défendre ma cause en ayant tout expliqué...
puis plus rien, aucune réponse...

puis le SNES me relance par tel, mail, courrier pour que je reprenne mon inscription :lol: incroyable...

j'ai écrit à l'inspecteur mais pas de réponse...

j'ai sollicité un emploi adm au rectorat, entretien où on perçoit plus un profil enseignant ( j'ai pas dit que j'étais rayé des listes) mais même pas de réponses négatives ou d'autres postes proposés par la suite...comme ils le suggéraient...

depuis un remplacement de 15 jours dans une autre académie qui s'est bien passé...

admissible au capes, pas réussi l'oral et nouveau dossier de capes interne posté

bref, personne n'a été bon...les collègues, le CDE, le CPE, les élèves, l'adm du rectorat, le syndicat et moi qui ait géré ça comme j'ai pu...

Quel récit!!!! C'est effrayant cette condition de contractuel dans laquelle je suis aussi. J'ai la chance d'avoir un très bon CDE qui me considère comme un prof à part entière, mais je me dis que ce n'est peut-être pas le cas partout. On a toujours cette épée de Damoclès au dessus de nos tête : cette évaluation qui peut juger de notre sort.

En tous cas dans cette histoire, tu n'a rien à te reprocher. Tu fais ce que tu as pu avec les moyens du bord. Et cela ne t'a pas dégoûté de l'enseignement. Je ne sais pas si à ta place j'aurai pu le supporter. En tous cas bonne chance pour la suite.

BenjaminD a écrit:Quel récit!!!! C'est effrayant cette condition de contractuel dans laquelle je suis aussi. J'ai la chance d'avoir un très bon CDE qui me considère comme un prof à part entière, mais je me dis que ce n'est peut-être pas le cas partout. On a toujours cette épée de Damoclès au dessus de nos tête : cette évaluation qui peut juger de notre sort.

En tous cas dans cette histoire, tu n'a rien à te reprocher. Tu fais ce que tu as pu avec les moyens du bord. Et cela ne t'a pas dégoûté de l'enseignement. Je ne sais pas si à ta place j'aurai pu le supporter. En tous cas bonne chance pour la suite.

Dégoûté de l'enseignement quand même si...mais c'est un cas d'espèce que je ne comprends toujours pas...à part un cocktail assez surprenant entre un chef d'établissement ambitieux, des parents d'élèves ambitieux, des profs qui subissent une désorganisation ( le proviseur adjoint y était pour quelque chose) des collègues fatigués de ça et des élèves au comportement qui ne correspond pas aux attentes, fénéant mais qui font jouer le réseau pour se couvrir...
et dire que j'ai fais plus de 10 établissements sans avoir aucune remarques de cet ordre...

Lors d'un précédent remplacement, la principale aurait affirmé à un parent d'élève que c'était mon premier remplacement  (j'avais 6 mois d'expérience) et que mes notes ne compteraient pas pour le passage. Je n'ai jamais su si c'était  de la malveillance ou de l'incompétence. La Direction et la CPE demandaient régulièrement leurs avis aux élèves sur les cours. Le collège était petit, les élèves  qui se connaissaient bien se sont engouffrés dans la brèche. Je  n'ai jamais eu autant de mal à gérer des classes surtout les 3èmes.Dans les établissements où les parents se croient arrivés, il y a souvent de l'ingérence (cela tend à se généraliser même les parents analphabètes s'y mettent). Si la Direction est faible, cela devient vraiment usant. Effectivement dès le premier jour, j'avais trouvé une équipe fatiguée, des collégiens agités. La CPE et les surveillants ne montraient aucune autorité. Les élèves n'étant pas assez punis, le harcèlement entre élèves était courant et il y avait même eu un cas de viol...Bref c'était l'enfer !Et la CDE doit encore faire tranquillement le tour du collège avec son vieux haut de jogging.
Pour en revenir à ton évaluation, pour l'inspecteur et le CDE, ton insistance a pu être être ressentie comme déplacée étant donné ton statut (cf La société de cour). De plus ces gens n'aiment pas l'imprévu ou le risque. Oublie le cynisme de ces rentiers à lorgnons , et passe à autre chose ! Continue à faire de ton mieux sans te démonter !A l'avenir, méfie toi de certains chefs...

Ca fait peur tout ça...

courage!

Bonjour,

jésus a écrit:Je me mets à la place des élèves qui doivent constituer des dossiers post-bac et qui n’ont pas à subir dans leur orientation une situation que ni eux ni moi n’ont voulue. Je comprends en cela la démarche de « corriger » la réalité. Maintenant, je vois cela comme une solution temporaire pour calmer les esprits et présenter un bon bulletin aux familles, mais je ne vois pas non plus comment corriger cela maintenant que les bulletins sont édités et signés.

Les dossiers post-bac sont l'objet de nombreux fantasmes.

Les établissements soupçonnés de bricoler des notes ou des appréciations sont très vite repérés par les formations post-bac sélectives, et faire la gonflette sur les notes ne joue vraiment pas en faveur des élèves.

Au contraire, l'honnêteté paie. Une situation compliquée de remplacement telle que tu la décris est très bien comprise par les commissions qui sélectionnent les dossiers. Il suffit de bien l'expliquer dans l'appréciation, exactement comme tu voulais le faire.

Bon courage à toi... La position de contractuel n'est vraiment pas confortable quand le management s'avère défaillant. J'espère que cette session du CAPES interne sera la bonne.

Clairement, je comprends mieux leur soucis de bidouiller les appréciations, histoire de ne pas se faire repérer.
Le plus incroyable, c'est qu'il n'a jamais expliqué son geste, ni lorsqu'il est passé devant les classes pour soit-disant s'expliquer, ni en conseil de classe, ni aux délégués des autres classes qui se sont retrouvés lésés ni en rendez-vous syndical, ni devant l'inspecteur...( on imagine un parent influent)
L'absurde dans cette histoire , c'est que la classe plus faible, avec ses trois points s'est retrouvé avec de meilleures notes que des élèves de TS méritant que j'avais d'autre part...
Et que j'ai été le contractuel sacrifié , puisqu'il fallait que quelqu'un paie pour la désorganisation du début d'année...et de surcroît pour des élèves qui méprisait la matière et ne regardait que les notes.