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Panturle
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Textes sur la spécificité des sciences humaines et sociales  Empty Textes sur la spécificité des sciences humaines et sociales

par Panturle 14/10/2015, 14:57
Bonjour tout le monde ! Je prépare un cours de ES abordant les notions : la société/l'histoire/les échanges... sous un angle épistémologique (question de départ possible : "À quelle condition l'homme peut-il être objet de science ?") et recherche des textes sur lesquels appuyer ma réflexion (donc, je précise, pas nécessairement des textes pouvant être étudiés avec les élèves). Je suis particulièrement intéressé par vos références 1) issues du corpus philosophique classique, 2) issues des sciences humaines et sociales elles-mêmes (si vous connaissez de bons textes d'économistes sur la question, je suis particulièrement preneur parce que particulièrement inculte dans ce domaine). Merci d'avance pour la "mutualisation" Smile

Je partagerai au fur et à mesure les résultats de mes propres recherches, histoire de ne pas simplement faire appel à votre bon cœur. Je compte d'ores et déjà partir d'une lecture de cet extrait qui me semble pas mal pour dégager d'entrée de jeu un certain nombre de problèmes importants :

Dans son Introduction à l'étude des sciences humaines, W. Dilthey a écrit:Les concordances que nous pouvons enregistrer dans le domaine social restent quant au nombre, à la signification et à la précision, bien loin derrière celles que nous constatons dans la nature en partant de la base solide des rapports dans l'espace et des propriétés du mouvement. Le mouvement des astres – non seulement dans notre système planétaire, mais même celui d'étoiles dont la lumière ne parvient à nos yeux qu'après des années et des années – se révèle soumis à la loi, pourtant bien simple, de la gravitation, et nous pouvons le calculer longtemps à l'avance. Les sciences sociales ne pourraient apporter à l'intelligence de pareilles satisfactions. Les difficultés que pose la connaissance d'une simple entité psychique se trouvent multipliées par la variété infinie, les caractères singuliers de ces entités, telles qu'elles agissent en commun dans la société, de même que par la complexité des conditions naturelles auxquelles leur action est liée, par l'addition des réactions qui s'amassent au cours de nombreuses générations – addition qui nous empêche de déduire directement de la nature humaine, telle que nous la connaissons aujourd'hui, les traits qui étaient propres à des temps antérieurs, ou de déduire logiquement l'état actuel de la société de certains caractères généraux de la nature humaine. Pourtant ces difficultés se trouvent plus que compensées par une constatation de fait : moi qui, pour ainsi dire, vis du dedans ma propre vie, moi qui me connais, moi qui suis un élément de l'organisme social, je sais que les autres éléments de cet organisme sont du même type que moi et que, par conséquent, je puis me représenter leur vie interne. Je suis à même de comprendre la vie de la société.


Dernière édition par Panturle le 20/10/2015, 18:47, édité 1 fois

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par Levincent 14/10/2015, 15:54
Sur l'aspect dialectique du progrès des sciences humaines, je proposerais bien Épistémologie et Philosophie politique, de Lucien Goldmann.

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par Panturle 14/10/2015, 23:31
Merci, je vais regarder ça en bibli. J'ai relu cet après-midi la belle leçon de Lévi-Strauss "Jean-Jacques Rousseau fondateur des sciences de l'homme" (Anthropologie structurale, II) lisible ICI.

Un extrait :

«Les  voilà  donc»  dit-il  de  ses  contemporains «étrangers, inconnus, nuls enfin pour moi, puisqu'ils l'ont voulu! Mais  moi,  détaché d'eux  et  de  tout,  que  suis-je  moi-même? Voilà  ce  qu'il  me  reste  à  chercher.»  (Première  promenade).  Et l'ethnographe  pourrait, paraphrasant  Rousseau,  s'écrier,  en considérant pour la première fois les sauvages qu'il s'est choisi: «Les  voilà  donc,  étrangers, inconnus,  nuls  enfin  pour  moi, puisque  je  l'ai  voulu!  Et  moi,  détaché  d'eux  et  de tout,  que suis-je moi-même? Voilà ce qu'il me faut d'abord chercher. »
Car,  pour  parvenir  à  s'accepter  dans  les  autres,  but  que l'ethnologie  assigne  à  la  connaissance  de  l'homme, il  faut d'abord se refuser en soi.

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