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Elyas
Esprit sacré

Récit d'une journée "information-formation" - Page 13 Empty Re: Récit d'une journée "information-formation"

par Elyas Mar 13 Oct 2015 - 6:04
trompettemarine a écrit:

Elyas,
de mon côté ce qui me gêne dans la proposition de ton cours d'AP, c'est que le travail demandé (même s'il s'agit d'un travail de (ré)appropriation d'un cours) me semble difficile et fort complexe. (Donner une définition "historique" du mot Empire (qui a dû être probablement donnée en cours) + reprendre les exemples + comprendre des évolutions + construire une carte.)
Mon propos est à mesurer dans le sens où je ne suis pas historienne du tout.

Mes élèves s'éclatent à faire ça. Quand tu as un 6e qui au mois de juin te dit : "Bon, monsieur, un Empire vit des sous qu'il prend aux autres peuples, c'est ça ? On a vu ça avec Naram-Sin qui a massacré les Lullubis car ils ne voulaient plus payer. Avec Athènes qui prenaient les sous à ses cités alliées et les mettaient dans le Parthénon. Avec les Romains aussi. Alors, je peux mettre ça dans le texte ?" Là, moi, je lui dis : "Hummmm... et quand est-ce que tu situes ça dans le temps et l'espace ? Où sont tes dates et tes lieux pour tous ces exemples ?" Un autre qui te dit : "J'ai un problème, on a dit qu'un Empire a un vaste territoire. Mais Athènes, son territoire est tout petit ! A côté des Romains, ils sont nuls ! C'est pas un empire ? Si ?" Je pourrais donner une définition en mode descendant. Mes élèves l'apprendraient sur le bout des doigts mais pour 90% d'entre eux ça resterait vide. L'avantage de la conceptualisation est qu'ils réfléchissent en relisant leurs cours et que ça les fait revoir tout le programme et développer une culture historique (mince, le truc que tous les profs de lycée veulent voir chez leurs élèves et qu'apparemment les élèves de mon collège ont selon mes collègues de lycée). Il n'y a absolument rien de complexe là-dedans. Ils émettent des hypothèses, vérifient qu'ils ont vu ça en cours et travaillent sous différentes manières de transcription (cartes, texte, carte mentale, iconographie...).

Ilse a écrit:
trompettemarine a écrit:
Elyas a écrit:
isabe a écrit:Non, on n'est pas dans la même matière, mais pour moi ce que tu dis est trop jargonnant.
Je pense que c'est moi qui suis réac. Wink
Après les langues n'évoluent pas, les objectifs passent... mais la finalité reste la même.

Je traduis : "Je demande à mes élèves une définition historique du mot "Empire" qui tient compte des exemples étudiés et des évolutions effectuées au fil du temps tout en leur demandant de construire des cartes pour montrer ces empires et leurs évolutions".

Elyas,
de mon côté ce qui me gêne dans la proposition de ton cours d'AP, c'est que le travail demandé (même s'il s'agit d'un travail de (ré)appropriation d'un cours) me semble difficile et fort complexe. (Donner une définition "historique" du mot Empire (qui a dû être probablement donnée en cours) + reprendre les exemples + comprendre des évolutions + construire une carte.)
Mon propos est à mesurer dans le sens où je ne suis pas historienne du tout.


Pour moi cela ne correspond pas à l'AP défini par les textes.
Et la définition historique du mot "Empire" est-elle au programme  du collège ?

Bah si, ça correspond aux textes. Ton "pour moi" montre que tu as une vision de l'AP, une interprétation et qu'apparemment, tu n'acceptes pas d'autres visions issues des mêmes textes. L'AP demande à donner des méthodes pour apprendre à apprendre, pratiquer les langages, devenir autonome tout en avançant dans les programmes. C'est juste ce que je propose. Après, j'ai d'autres modalités d'AP en tête avec des petits ateliers pour travailler l'acquisition des différents langages de l'HG ou les méthodes d'apprentissage mais je ne vais pas multiplier les exemples pour me retrouver à chaque fois étrillé alors que ceux qui me rentrent dedans avec tant d'assurance n'expliquent jamais ce qu'eux font ou feront ou pensent qu'il faut faire en AP. En revanche, m'attaquer sur mes pratiques ou dire "Oh, c'est trop dur !", ça, pas de problèmes (en même temps, c'est paradoxal de la part de gens qui veulent relever le niveau général des élèves). Ensuite, je ne parle pas de définition mais de construction de la notion par les élèves. Donner une définition est simplissime. Construire une notion pour développer une culture historique riche, c'est effectivement plus difficile. Après, si on n'a pas d'ambitions pour les élèves, on peut se révolter contre la réforme mais le mal est déjà là et la réforme ne changera rien.

Une des choses que je reproche souvent à l'EN, c'est de prendre les élèves pour des imbéciles. On les confine trop souvent à des tâches simples car on nivelle par le bas. Les exercices sont souvent créés pour ne pas perdre totalement les plus faibles. Les gens râlent à ce sujet en permanence. Mais dès qu'un collègue propose du contenu et des démarches un peu ambitieux, certains de ces râleurs sont les premiers à démolir ledit collègue. Et dès qu'on parle différenciation pédagogique, on sort toujours les vieux clichés du "ça prend trop de temps !", "ça manque d'ambition !", "ce n'est pas juste !" ... etc. Or, la différenciation pédagogique, c'est donner les mêmes contenus mais par des chemins d'apprentissage différents et variés. De plus, la différenciation peut se faire sur un cours ou sur l'année entière. Enfin, la différenciation permet d'aller plus loin pour les élèves qui ont faim de connaissances.

Donner en abondance des connaissances, amener les élèves à lire et à écrire, à émettre des hypothèses, à les confronter aux sources pour les vérifier et à apprendre et construire des savoirs, c'est un peu la base de l'enseignement, non ?

Une remarque, Ilse, je réponds aux questions qu'on me pose (et j'en prends plein la poire au passage). A moi maintenant, de t'en poser une et j'espère que tu auras l'honnêteté intellectuelle de t'exposer comme je le fais, tu ferais quoi en AP dans ta discipline ?
Elyas
Elyas
Esprit sacré

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par Elyas Mar 13 Oct 2015 - 6:11
Malaga a écrit:
Crois-tu sincèrement que la réforme va changer les pratiques professionnelles des enseignants qui ne le souhaitent pas ? Parce qu'une heure de cours s'appelera AP, d'un seul coup, tout le monde va faire de la différenciation pédagogique ? Les enseignants qui se heurtent à la difficulté de la très forte hétérogénéité des classes peuplées de 29 élèves dont certains sont capables d'ecrire un récit d'une dizaine de lignes riche, précis et dans un français tout à fait acceptable quand d'autres peinent à rédiger une seule phrases, bref ces enseignants (dont je fais partie) vont-ils miraculeusement faire progresser tous les élèves alors même que l'AP se fera encore en classe entière ?

Tu cites l'exemple d'enseignants qui pratiquent déjà la différenciation pédagogique. Or, je parlais avant tout du fait que ces gens sont rares, très rares. Ce n'est pas moi qui ai l'objectif avec la réforme de changer les pratiques, c'est le ministère. Son constat est juste. On laisse sur le carreau pas mal d'élèves et on ne les instruit pas assez. Cette réforme veut obliger sur des temps institutionnels des enseignants à vraiment faire de la différenciation. C'est ce que tu comprendras très vite en formation sur l'AP (en tout cas, chez moi, c'est le mot d'ordre).

Maintenant, si tout le monde fait de la différenciation pédagogique dans ses cours, super ! Distribuer l'AP ne sera qu'une formalité et ne prendra rien aux disciplines ! Donc, effectivement, la réforme n'aura pas grand intérêt. Cependant, quelque chose me dit que ce n'est pas exactement ça qu'on voit sur le terrain pour de multiples raisons dont pas mal sont de la responsabilité de notre ministère qui a un problème avec son idée de la formation.

Après, personnellement, je suis très pessimiste sur les résultats de la réforme. Déjà, quand on lit que des tas de gens disent ne pas être formés et qui en même temps appellent à boycotter les formations, je me dis qu'on vire dans la 7e dimension.
Malaga
Malaga
Modérateur

Récit d'une journée "information-formation" - Page 13 Empty Re: Récit d'une journée "information-formation"

par Malaga Mar 13 Oct 2015 - 6:36
Elyas a écrit:
Malaga a écrit:
Crois-tu sincèrement que la réforme va changer les pratiques professionnelles des enseignants qui ne le souhaitent pas ? Parce qu'une heure de cours s'appelera AP, d'un seul coup, tout le monde va faire de la différenciation pédagogique ? Les enseignants qui se heurtent à la difficulté de la très forte hétérogénéité des classes peuplées de 29 élèves dont certains sont capables d'ecrire un récit d'une dizaine de lignes riche, précis et dans un français tout à fait acceptable quand d'autres peinent à rédiger une seule phrases, bref ces enseignants (dont je fais partie) vont-ils miraculeusement faire progresser tous les élèves alors même que l'AP se fera encore en classe entière ?

Tu cites l'exemple d'enseignants qui pratiquent déjà la différenciation pédagogique. Or, je parlais avant tout du fait que ces gens sont rares, très rares. Ce n'est pas moi qui ai l'objectif avec la réforme de changer les pratiques, c'est le ministère. Son constat est juste. On laisse sur le carreau pas mal d'élèves et on ne les instruit pas assez. Cette réforme veut obliger sur des temps institutionnels des enseignants à vraiment faire de la différenciation. C'est ce que tu comprendras très vite en formation sur l'AP (en tout cas, chez moi, c'est le mot d'ordre).

Maintenant, si tout le monde fait de la différenciation pédagogique dans ses cours, super ! Distribuer l'AP ne sera qu'une formalité et ne prendra rien aux disciplines ! Donc, effectivement, la réforme n'aura pas grand intérêt. Cependant, quelque chose me dit que ce n'est pas exactement ça qu'on voit sur le terrain pour de multiples raisons dont pas mal sont de la responsabilité de notre ministère qui a un problème avec son idée de la formation.

Après, personnellement, je suis très pessimiste sur les résultats de la réforme. Déjà, quand on lit que des tas de gens disent ne pas être formés et qui en même temps appellent à boycotter les formations, je me dis qu'on vire dans la 7e dimension.

Mes propos n'étaient pas clairs. Je pense, comme toi, que peu d'enseignants pratiquent la différenciation pédagogique et, moi-même, je le fais très peu car je me sens souvent démunie face aux écarts dans les classes. Quand je pense à ma classe de 6e, je n'arrive pas, en 55 minutes de cours (plutôt 50 en réalité), à donner autant à C. (élève adorable mais totalement perdue, qui ne comprend pas les questions les plus simples, qui a de gros problèmes de mémorisation), à G. (niveau très faible, aucune concentration, ne prend pas le cours ou la correction si on ne lui demande pas personnellement), à Q. (incapable d'écrire une phrase qui se tient dans un français correct, je veux dire une phrase avec un sujet, un verbe et un complément) ou à D. (qui comprend tout, très vite, écrit parfaitement) ou à M. (très bonne compréhension, gros problème lorsqu'elle passe à l'écrit)...

Donc, perso, si l'année prochaine, l'une de mes heures d'HG s'appelle "AP", cela ne me donnera pas plus de billes pour faire réussir les élèves. Tout comme pour toi, j'imagine ; tu fais déjà de la différenciation pédagogique, l'AP ne changera pas ta pratique.

De plus, les différentes injonctions des IPR me fatiguent : "faites de la différenciation", "terminez absolument vos programmes, vous y êtes tenus en tant que fonctionnaire éthique et responsable" : pour moi, c'est contradictoire. Surtout que d'années en années, nous arrivent de plus en plus d'élèves qui auparavant bénéficiaient d'une orientation en EGPA car ils ont besoin de petits groupes, de plus de temps que les autres.

Si la formation portait réellement sur ce sujet, avec des formateurs qui pratiquent réellement cela dans leurs classes, cela m'intéresserait. Les seules formations que j'ai eu étaient avec des formateurs n'ayant plus de classe et malheureusement, cela se ressentait dans ce qu'ils nous proposaient. Maintenant, passer deux jours à me former sur le numérique, ça me gonfle car je trouve cela inutile. Passer une journée sur les EPI, cela me gonfle car je ne crois pas du tout à ce type de cours qui vont être très artificiels.

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J'utilise des satellites coûtant plusieurs millions de dollars pour chercher des boîtes Tupperware dans la forêt ; et toi, c'est quoi ton hobby ?
Volubilys
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par Volubilys Mar 13 Oct 2015 - 6:47
Elyas a écrit:
Après, personnellement, je suis très pessimiste sur les résultats de la réforme. Déjà, quand on lit que des tas de gens disent ne pas être formés et qui en même temps appellent à boycotter les formations, je me dis qu'on vire dans la 7e dimension.
Je ne sais pas comment sont les formations dans le secondaire, mais dans le primaire les temps de "formations" sont des heures de meeting politique/catéchisme/grand-messe où pendant des heures on va nous répéter ad-nauseum que c'est bien la différentiation (par exemple) sans nous dire jamais comment faire (car, dixit les formateurs, ils ne sont pas là pour ça).
Alors je fais parti de ces profs qui se plaignent du manque de formation, tout en ne voulant pas assister aux formations proposées/obligées.

_________________
Je vous prie de m'excuser si mes messages contiennent des coquilles, je remercie les personnes qui me les signaleront par mp pour que je puisse les corriger.
Roumégueur Ier
Roumégueur Ier
Érudit

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par Roumégueur Ier Mar 13 Oct 2015 - 6:56
Volubilys a écrit:
Elyas a écrit:
Après, personnellement, je suis très pessimiste sur les résultats de la réforme. Déjà, quand on lit que des tas de gens disent ne pas être formés et qui en même temps appellent à boycotter les formations, je me dis qu'on vire dans la 7e dimension.
Je ne sais pas comment sont les formations dans le secondaire, mais dans le primaire les temps de "formations" sont des heures de meeting politique/catéchisme/grand-messe où pendant des heures on va nous répéter ad-nauseum que c'est bien la différentiation (par exemple) sans nous dire jamais comment faire (car, dixit les formateurs, ils ne sont pas là pour ça).
Alors je fais parti de ces profs qui se plaignent du manque de formation, tout en ne voulant pas assister aux formations proposées/obligées.

Et quand tu es dans une académie où un système de fichage des enseignants a été proposé, ça n'aide vraiment pas!
Autre chose, ces formations ne changeront rien sur le fond de la réforme : les bilangues, dp3 disparaissent et l'option latin est saccagée(le privé s'en frotte les mains), la lv2 5ème se fera sur 2h30 (insuffisant) et en classe entière (sans tenir compte su retour d'expérimentation de Toulouse), les EPI et l'AP seront toujours à prendre sur le disciplinaire (que cela te plaise ou non, ce n'est pas du tout la même chose)...
Quand on a entendu tout le mépris de Mme Robine, on a du mal à se dire que ces gens ont pondu une réforme qui peut aller dans le bon sens, à moins d'avoir des œillères XXXL.
Donc, non, ce n'est pas la 7ème dimension de boycotter les formations, c'est une des seules options qui nous reste pour bien montrer la forte résistance à ce collège 2016 totalement fou.
De même, les premiers retours de formation nous apprennent... que personne n'a rien à nous apprendre, on fait des jeux de rôles, on s'y prend une propagande indécente, mais pas de réponses lorsque l'on se place sur le plan de la pédagogie. Personne n'est prêt, pas grand monde veut y aller.
On entend maintenant de plus en plus que NVB veut tout plier avant janvier pour laisser la place après les régionales, on verra bien si cela se confirme, ce serait la confirmation de beaucoup de choses... Et l'intérêt des enfants (dont les nôtres), on s'en contrefiche!
Elyas
Elyas
Esprit sacré

Récit d'une journée "information-formation" - Page 13 Empty Re: Récit d'une journée "information-formation"

par Elyas Mar 13 Oct 2015 - 7:01
Roumégueur Ier a écrit:
Volubilys a écrit:
Elyas a écrit:
Après, personnellement, je suis très pessimiste sur les résultats de la réforme. Déjà, quand on lit que des tas de gens disent ne pas être formés et qui en même temps appellent à boycotter les formations, je me dis qu'on vire dans la 7e dimension.
Je ne sais pas comment sont les formations dans le secondaire, mais dans le primaire les temps de "formations" sont des heures de meeting politique/catéchisme/grand-messe où pendant des heures on va nous répéter ad-nauseum que c'est bien la différentiation (par exemple) sans nous dire jamais comment faire (car, dixit les formateurs, ils ne sont pas là pour ça).
Alors je fais parti de ces profs qui se plaignent du manque de formation, tout en ne voulant pas assister aux formations proposées/obligées.

Et quand tu es dans une académie où un système de fichage des enseignants a été proposé, ça n'aide vraiment pas!
Autre chose, ces formations ne changeront rien sur le fond de la réforme : les bilangues, dp3 disparaissent et l'option latin est saccagée(le privé s'en frotte les mains), la lv2 5ème se fera sur 2h30 (insuffisant) et en classe entière (sans tenir compte su retour d'expérimentation de Toulouse), les EPI et l'AP seront toujours à prendre sur le disciplinaire (que cela te plaise ou non, ce n'est pas du tout la même chose)...
Quand on a entendu tout le mépris de Mme Robine, on a du mal à se dire que ces gens ont pondu une réforme qui peut aller dans le bon sens, à moins d'avoir des œillères XXXL.
Donc, non, ce n'est pas la 7ème dimension de boycotter les formations, c'est une des seules options qui nous reste pour bien montrer la forte résistance à ce collège 2016 totalement fou.
De même, les premiers retours de formation nous apprennent... que personne n'a rien à nous apprendre, on fait des jeux de rôles, on s'y prend une propagande indécente, mais pas de réponses lorsque l'on se place sur le plan de la pédagogie. Personne n'est prêt, pas grand monde veut y aller.
On entend maintenant de plus en plus que NVB veut tout plier avant janvier pour laisser la place après les régionales, on verra bien si cela se confirme, ce serait la confirmation de beaucoup de choses... Et l'intérêt des enfants (dont les nôtres), on s'en contrefiche!

Tu as une vision idéologique sur l'AP et les EPI car non, ça ne prendra pas sur le disciplinaire. Et si tu considères que ça prend sur le disciplinaire, c'est parce que tu le fais prendre sur le disciplinaire, toi, et toi tout seul. Ce ne sera pas la faute de la réforme. Mais là, on le sait, on est sur un clivage incompressible comme le disent plusieurs collègues. Cela vous énerve que je pense pas comme vous et moi, de mon côté, ça m'exaspère de vous lire toujours répéter la même chose. Partons donc du point de vue que nos positions sont claires mais totalement opposées et que rien n'y changera.

Pour la formation, je sais. Au sein des formateurs, il y a de terribles clivages aussi. Je ne pratique pas ce type d'exercices que tu cites même si, parfois, on me force à le faire. Je préfère les exercices impossibles et les changements de posture rapides mais intenses. Maintenant, on a des grands pontes de la DGESCO qui nous contraignent avec un cadre formel et un cahier des charges précis. La liberté pédagogique des formateurs, parfois, est envoyée valdinguer au fin fond de Triffouillis-les-Zèbres.
Iphigénie
Iphigénie
Prophète

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par Iphigénie Mar 13 Oct 2015 - 7:06
La septième dimension c'est cette réforme. C'est aussi l'inflation du vocabulaire: jusqu'à présent on utilisait "réformer" à la place "d'empirer"; maintenant j'observe que "refuser" se dit: "manquer de formation".
Ras la casquette de ce langage!

Pour les langues anciennes faire en epi quelque chose de réellement consistant demandera une formation au miracle, soit dit en passant.
Ah pardon c'est vrai qu'il suffit de réformer ce qu'on entend par" faire du latin".
MUTIS
MUTIS
Expert

Récit d'une journée "information-formation" - Page 13 Empty Re: Récit d'une journée "information-formation"

par MUTIS Mar 13 Oct 2015 - 7:14
Elyas a écrit:
Roumégueur Ier a écrit:
Volubilys a écrit:
Elyas a écrit:
Après, personnellement, je suis très pessimiste sur les résultats de la réforme. Déjà, quand on lit que des tas de gens disent ne pas être formés et qui en même temps appellent à boycotter les formations, je me dis qu'on vire dans la 7e dimension.
Je ne sais pas comment sont les formations dans le secondaire, mais dans le primaire les temps de "formations" sont des heures de meeting politique/catéchisme/grand-messe où pendant des heures on va nous répéter ad-nauseum que c'est bien la différentiation (par exemple) sans nous dire jamais comment faire (car, dixit les formateurs, ils ne sont pas là pour ça).
Alors je fais parti de ces profs qui se plaignent du manque de formation, tout en ne voulant pas assister aux formations proposées/obligées.

Et quand tu es dans une académie où un système de fichage des enseignants a été proposé, ça n'aide vraiment pas!
Autre chose, ces formations ne changeront rien sur le fond de la réforme : les bilangues, dp3 disparaissent et l'option latin est saccagée(le privé s'en frotte les mains), la lv2 5ème se fera sur 2h30 (insuffisant) et en classe entière (sans tenir compte su retour d'expérimentation de Toulouse), les EPI et l'AP seront toujours à prendre sur le disciplinaire (que cela te plaise ou non, ce n'est pas du tout la même chose)...
Quand on a entendu tout le mépris de Mme Robine, on a du mal à se dire que ces gens ont pondu une réforme qui peut aller dans le bon sens, à moins d'avoir des œillères XXXL.
Donc, non, ce n'est pas la 7ème dimension de boycotter les formations, c'est une des seules options qui nous reste pour bien montrer la forte résistance à ce collège 2016 totalement fou.
De même, les premiers retours de formation nous apprennent... que personne n'a rien à nous apprendre, on fait des jeux de rôles, on s'y prend une propagande indécente, mais pas de réponses lorsque l'on se place sur le plan de la pédagogie. Personne n'est prêt, pas grand monde veut y aller.
On entend maintenant de plus en plus que NVB veut tout plier avant janvier pour laisser la place après les régionales, on verra bien si cela se confirme, ce serait la confirmation de beaucoup de choses... Et l'intérêt des enfants (dont les nôtres), on s'en contrefiche!

Tu as une vision idéologique sur l'AP et les EPI car non, ça ne prendra pas sur le disciplinaire. Et si tu considères que ça prend sur le disciplinaire, c'est parce que tu le fais prendre sur le disciplinaire, toi, et toi tout seul. Ce ne sera pas la faute de la réforme. Mais là, on le sait, on est sur un clivage incompressible comme le disent plusieurs collègues. Cela vous énerve que je pense pas comme vous et moi, de mon côté, ça m'exaspère de vous lire toujours répéter la même chose. Partons donc du point de vue que nos positions sont claires mais totalement opposées et que rien n'y changera.
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Faux Elyas...
Prenons le niveau 6ème.
Actuellement un élève a 25h de cours disciplinaires + 2 heures d'AP = 27 heures.
Dans la réforme il aura 26 heures en tout incluant 3 heures d'AP...
Soit 22h disciplinaires + 3h d'AP.
Cet AP contrairement à ce que tu dis n'est pas forcément consacré au disciplinaire : il peut être consacré à la méthodologie (ce qui se faisait en plus des cours de français dans les années 90), à l'apprentissage de la vie au collège, à l'aide aux devoirs.
En français en particulier, un élève a actuellement 5h de cours sans AP. Dans mon collège c'est une heure d'AP en plus prise en charge par le français= 6h avec AP. Dans la réforme c'est 4,5h avec AP pour le français.  
Quant au niveau 3ème, le plus massacré, tu veux le détail ?  Parce que là on passe de 28,5h disciplinaires à 22+4 = 26h. Et je ne compte même pas les options retirées. Donc 2,5h en moins pour chacun (même en incluant les 4h d'AP+ EPI) et 4,5h ou 5,5 chez nous en moins pour 50% des élèves. Et que leur propose-t-on : la cour, l'étude ou la maison... Bref rien alors qu'ils pouvaient, à un âge où l'on absorbe quand on a envie, apprendre !
Quant au fait de savoir si l'EPI est plus efficace qu'un cours disciplinaire pour apprendre le français, beaucoup en doutent...[/quote]

Bon, c'est vrai que c'est un peu fatigant de répéter la même chose. Mais évidemment que cette réforme propose une baisse des horaires d'enseignements disciplinaires massive, surtout en 3ème. Et la disparition des options gratuites qui concernent 50% des élèves dans un collège comme le mien est un deuxième sujet de discorde irrémédiable.
Maintenant ce que tu dis sur les EPI et l'AP, aussi intéressant et discutable que ce soit, est HS... Car les problèmes sont là et ces dispositifs, qui n'ont rien de nouveau, ne permettent aucune aide réelle pour les élèves en grande difficulté.

C'est ce que j'ai essayé d'expliquer ailleurs :

MUTIS a écrit:Selon les statistiques et nos expériences, 20% à 30% des élèves arrivent au collège avec des difficultés importantes en français ou en maths. Dans un collège comme le mien, favorisé, disons que c'est plutôt 15 à 20%. Soit 4 ou 5 élèves par classe.
A l'heure actuelle nous disposons donc de 2h d'AP et d'une possibilité supplémentaire variable selon les établissements : l'accompagnement éducatif qui peut s'adresser à ces élèves et leur fournir une aide en petits groupes.
S'il est une idée qui semble intéressante à retenir de l'exemple finlandais c'est dans le domaine de l'aide aux élèves en difficulté.
je cite un rapport confirmé par d'autres :
"Des professeurs spécialisés sont également présents dans tous les établissements secondaires afin d’apporter une aide ciblée aux élèves qui éprouvent des difficultés à un moment de leur cursus dans telle ou telle matière. Les effectifs d’élèves pris en charge pour une durée variable par ces professeurs n’excèdent pas 5. Dès que possible les élèves sont réintégrés dans leurs classe normale. Ces professeurs spécialisés sont aussi présents dans les lycées et les lycées professionnels."
A cette aide s'ajoute des effectifs limités qui permettent un suivi plus efficace et plus individualisé..."Durant les premières années de l’école obligatoire (« basic education » de 7 à 13 ans), les effectifs ne doivent pas dépasser 25 élèves par classe. En fait la norme semble plutôt être autour de 20 élèves mais il peut y avoir, on l’a vu, des exceptions. Au collège de Juhanala aucune des classes que j’ai visitée ne dépassait 20 élèves."
http://www.meirieu.com/ECHANGES/robertfinlande.pdf

Dans le livre fort intéressant de Christian Camara et Claudine Gaston, 150 idées reçues sur l'école, on trouve aussi cette précision : "(...) à quoi tiennent leurs brillants résultats en "mathématiques façon PiSA" et en lecture ? Pour Nathalie Bulle, l'essentiel se joue très tôt, par une lutte efficace contre l'échec scolaire des très jeunes. Des enseignants spécialisés interviennent dès les premières difficultés, une aide qui concerne 30% des élèves de façon ponctuelle et 8% de façon permanente. Cet effort éloigne la Finlande des systèmes indifférenciés (type collège unique) puisque les élèves n'y reçoivent pas tous le même enseignement, avec pour conséquence une homogénéité des classes, comme le confirme Hannv Simola, sociologue à l'université d'Helsinski dans une étude de 2005 ("The Finnish miracle of Pisa") , homogénéité renforcée qui plus est par la répartition d'élèves en groupes de niveau."
Extrait du rapport de Rémy Jost : http://www.mlfmonde.org/IMG/pdf/47_77_ams62.pdf
"Selon les publics, les disciplines et les communes l’aide est organisée de plusieurs manières complémentaires et souvent conjointes:
– en dédoublant une heure hebdomadaire;
– en faisant co-intervenir dans la classe pendant une heure de la semaine un deuxième enseignant qualifié dans la discipline ;
– en donnant des cours particuliers à l’élève concerné par le professeur de la classe ou par un professeur généraliste dit «de soutien», ce qui paraît très apprécié."

Effectifs allégés qui permettent une aide individualisée, prise en charge des élèves en difficulté par un enseignant spécialisé qui peut leur assurer une aide vraiment ciblée et personnalisée. Ainsi, les élèves peuvent sortir de la classe pour recevoir des enseignements supplémentaires quand une difficulté est repérée... Tout cela paraît fort intéressant et raisonnable.
Or que propose la réforme pour les élèves en grande difficulté... Une heure d'AP en plus en classe entière, le plus souvent, pour les 6ème  par rapport à aujourd'hui ! Et la suppression de l'Accompagnement Educatif pour 85% des collèges, moins d'heures de cours en français et en maths...
Pense-t-on vraiment que les élèves en grande difficulté vont s'en sortir avec cela ? Cela n'est pas très sérieux... et révélateur d'une réforme qui ne distingue pas mais veut égaliser partout, sans tenir compte des difficultés des uns, des curiosités et des facilités de beaucoup d'autres.
Pour les plus faibles, il faudra désormais chercher le soutien en dehors du collège...

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"Heureux soient les fêlés car ils laissent passer la lumière" (Audiard)
"Ce n'est pas l'excès d'autorité qui est dangereux, c'est l'excès d'obéissance" (Primo Levi)
"La littérature, quelque passion que nous mettions à le nier, permet de sauver de l'oubli tout ce sur quoi le regard contemporain, de plus en plus immoral, prétend glisser dans l'indifférence absolue" (Enrique Vila-Matas)
" Que les dissemblables soient réunis et de leurs différences jaillira la plus belle harmonie ; rien ne se fait sans lutte." (Héraclite)
"Les hommes sont si nécessairement fous que ce serait être fou par un autre tour de folie, de n'être pas fou" (Pascal).
Roumégueur Ier
Roumégueur Ier
Érudit

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par Roumégueur Ier Mar 13 Oct 2015 - 7:21
Elyas a écrit:
Roumégueur Ier a écrit:
Volubilys a écrit:
Elyas a écrit:
Après, personnellement, je suis très pessimiste sur les résultats de la réforme. Déjà, quand on lit que des tas de gens disent ne pas être formés et qui en même temps appellent à boycotter les formations, je me dis qu'on vire dans la 7e dimension.
Je ne sais pas comment sont les formations dans le secondaire, mais dans le primaire les temps de "formations" sont des heures de meeting politique/catéchisme/grand-messe où pendant des heures on va nous répéter ad-nauseum que c'est bien la différentiation (par exemple) sans nous dire jamais comment faire (car, dixit les formateurs, ils ne sont pas là pour ça).
Alors je fais parti de ces profs qui se plaignent du manque de formation, tout en ne voulant pas assister aux formations proposées/obligées.

Et quand tu es dans une académie où un système de fichage des enseignants a été proposé, ça n'aide vraiment pas!
Autre chose, ces formations ne changeront rien sur le fond de la réforme : les bilangues, dp3 disparaissent et l'option latin est saccagée(le privé s'en frotte les mains), la lv2 5ème se fera sur 2h30 (insuffisant) et en classe entière (sans tenir compte su retour d'expérimentation de Toulouse), les EPI et l'AP seront toujours à prendre sur le disciplinaire (que cela te plaise ou non, ce n'est pas du tout la même chose)...
Quand on a entendu tout le mépris de Mme Robine, on a du mal à se dire que ces gens ont pondu une réforme qui peut aller dans le bon sens, à moins d'avoir des œillères XXXL.
Donc, non, ce n'est pas la 7ème dimension de boycotter les formations, c'est une des seules options qui nous reste pour bien montrer la forte résistance à ce collège 2016 totalement fou.
De même, les premiers retours de formation nous apprennent... que personne n'a rien à nous apprendre, on fait des jeux de rôles, on s'y prend une propagande indécente, mais pas de réponses lorsque l'on se place sur le plan de la pédagogie. Personne n'est prêt, pas grand monde veut y aller.
On entend maintenant de plus en plus que NVB veut tout plier avant janvier pour laisser la place après les régionales, on verra bien si cela se confirme, ce serait la confirmation de beaucoup de choses... Et l'intérêt des enfants (dont les nôtres), on s'en contrefiche!

Tu as une vision idéologique sur l'AP et les EPI car non, ça ne prendra pas sur le disciplinaire. Et si tu considères que ça prend sur le disciplinaire, c'est parce que tu le fais prendre sur le disciplinaire, toi, et toi tout seul. Ce ne sera pas la faute de la réforme. Mais là, on le sait, on est sur un clivage incompressible comme le disent plusieurs collègues. Cela vous énerve que je pense pas comme vous et moi, de mon côté, ça m'exaspère de vous lire toujours répéter la même chose. Partons donc du point de vue que nos positions sont claires mais totalement opposées et que rien n'y changera.

Pour la formation, je sais. Au sein des formateurs, il y a de terribles clivages aussi. Je ne pratique pas ce type d'exercices que tu cites même si, parfois, on me force à le faire. Je préfère les exercices impossibles et les changements de posture rapides mais intenses. Maintenant, on a des grands pontes de la DGESCO qui nous contraignent avec un cadre formel et un cahier des charges précis. La liberté pédagogique des formateurs, parfois, est envoyée valdinguer au fin fond de Triffouillis-les-Zèbres.

Ah ok, c'est de MA faute si l'AP et l'EPI prennent sur le disciplinaire... Là, j'ai du mal à répondre quelque chose de sensé.
Un exemple : on vient de se plaindre avec ma collègue de ne pas avoir assez de temps pour faire de la conjugaison en classe parce que les horaires de français sont trop peu importants (il en faudrait 6 par classe avec des dédoublements).
L'an prochain, on va me demander de consacrer du temps EPI - AP pris sur mes horaires déjà très légers. Difficile de me faire croire que je pourrai efficacement remédier à mon problème numéro par le subterfuge de l'AP ou des EPI, mais bon, à partir du moment où ce sera MOI le responsable du mauvais fonctionnement de la réforme, tout est possible.

Par la même occasion, j'ai vu des propositions farfelues d'EPI sur Twitter (déclamer un texte appris en faisant un enchaînement de mouvements appris en EPS) : les EPI, ça va être le grand n'importe quoi. J'ai du mal à me dire que les élèves vont progresser dans leur langue maternelle avec ces illuminés.
ylm
ylm
Expert spécialisé

Récit d'une journée "information-formation" - Page 13 Empty Re: Récit d'une journée "information-formation"

par ylm Mar 13 Oct 2015 - 8:11
Elyas a écrit:Tu as une vision idéologique sur l'AP et les EPI car non, ça ne prendra pas sur le disciplinaire. Et si tu considères que ça prend sur le disciplinaire, c'est parce que tu le fais prendre sur le disciplinaire, toi, et toi tout seul. Ce ne sera pas la faute de la réforme.

L'arrêté dit ceci: "L'accompagnement personnalisé s'adresse à tous les élèves selon leurs besoins ; il est destiné à soutenir leur capacité d'apprendre et de progresser, notamment dans leur travail personnel, à améliorer leurs compétences et à contribuer à la construction de leur autonomie intellectuelle ;"

Donc si tu as AP avec des élèves dont les besoins sont en danse bretonne, quelle que soit la discipline que tu enseignes tu dois les faire progresser en danse bretonne. C'est comme ça que je le comprends.

PS: je t'avais envoyé un MP il y a quelques temps Elyas, je n'ai pas eu de réponse; je ne sais pas si tu l'as vu.


Dernière édition par ylm le Mar 13 Oct 2015 - 8:12, édité 1 fois
Isis39
Isis39
Enchanteur

Récit d'une journée "information-formation" - Page 13 Empty Re: Récit d'une journée "information-formation"

par Isis39 Mar 13 Oct 2015 - 8:12
Malaga a écrit:
Elyas a écrit:
Malaga a écrit:
Crois-tu sincèrement que la réforme va changer les pratiques professionnelles des enseignants qui ne le souhaitent pas ? Parce qu'une heure de cours s'appelera AP, d'un seul coup, tout le monde va faire de la différenciation pédagogique ? Les enseignants qui se heurtent à la difficulté de la très forte hétérogénéité des classes peuplées de 29 élèves dont certains sont capables d'ecrire un récit d'une dizaine de lignes riche, précis et dans un français tout à fait acceptable quand d'autres peinent à rédiger une seule phrases, bref ces enseignants (dont je fais partie) vont-ils miraculeusement faire progresser tous les élèves alors même que l'AP se fera encore en classe entière ?

Tu cites l'exemple d'enseignants qui pratiquent déjà la différenciation pédagogique. Or, je parlais avant tout du fait que ces gens sont rares, très rares. Ce n'est pas moi qui ai l'objectif avec la réforme de changer les pratiques, c'est le ministère. Son constat est juste. On laisse sur le carreau pas mal d'élèves et on ne les instruit pas assez. Cette réforme veut obliger sur des temps institutionnels des enseignants à vraiment faire de la différenciation. C'est ce que tu comprendras très vite en formation sur l'AP (en tout cas, chez moi, c'est le mot d'ordre).

Maintenant, si tout le monde fait de la différenciation pédagogique dans ses cours, super ! Distribuer l'AP ne sera qu'une formalité et ne prendra rien aux disciplines ! Donc, effectivement, la réforme n'aura pas grand intérêt. Cependant, quelque chose me dit que ce n'est pas exactement ça qu'on voit sur le terrain pour de multiples raisons dont pas mal sont de la responsabilité de notre ministère qui a un problème avec son idée de la formation.

Après, personnellement, je suis très pessimiste sur les résultats de la réforme. Déjà, quand on lit que des tas de gens disent ne pas être formés et qui en même temps appellent à boycotter les formations, je me dis qu'on vire dans la 7e dimension.

Mes propos n'étaient pas clairs. Je pense, comme toi, que peu d'enseignants pratiquent la différenciation pédagogique et, moi-même, je le fais très peu car je me sens souvent démunie face aux écarts dans les classes. Quand je pense à ma classe de 6e, je n'arrive pas, en 55 minutes de cours (plutôt 50 en réalité), à donner autant à C. (élève adorable mais totalement perdue, qui ne comprend pas les questions les plus simples, qui a de gros problèmes de mémorisation), à G. (niveau très faible, aucune concentration, ne prend pas le cours ou la correction si on ne lui demande pas personnellement), à Q. (incapable d'écrire une phrase qui se tient dans un français correct, je veux dire une phrase avec un sujet, un verbe et un complément) ou à D. (qui comprend tout, très vite, écrit parfaitement) ou à M. (très bonne compréhension, gros problème lorsqu'elle passe à l'écrit)...

Donc, perso, si l'année prochaine, l'une de mes heures d'HG s'appelle "AP", cela ne me donnera pas plus de billes pour faire réussir les élèves. Tout comme pour toi, j'imagine ; tu fais déjà de la différenciation pédagogique, l'AP ne changera pas ta pratique.

De plus, les différentes injonctions des IPR me fatiguent : "faites de la différenciation", "terminez absolument vos programmes, vous y êtes tenus en tant que fonctionnaire éthique et responsable" : pour moi, c'est contradictoire. Surtout que d'années en années, nous arrivent de plus en plus d'élèves qui auparavant bénéficiaient d'une orientation en EGPA car ils ont besoin de petits groupes, de plus de temps que les autres.  

Si la formation portait réellement sur ce sujet, avec des formateurs qui pratiquent réellement cela dans leurs classes, cela m'intéresserait. Les seules formations que j'ai eu étaient avec des formateurs n'ayant plus de classe et malheureusement, cela se ressentait dans ce qu'ils nous proposaient. Maintenant, passer deux jours à me former sur le numérique, ça me gonfle car je trouve cela inutile. Passer une journée sur les EPI, cela me gonfle car je ne crois pas du tout à ce type de cours qui vont être très artificiels.

Je suis un peu d'accord avec toi Malaga. Je fais de la différenciation, mais j'échoue à différencier pour les élèves ne sachant pas écrire une phrase (sujet, verbe, complément) à côté de qui je devrais être quasiment en permanence pour leur faire relire, refaire les phrases (il ne se rendent pas compte, même en relisant, que ce qu'ils écrivent n'a aucun sens). Quand on doit intégrer des élèves relevant de la SEGPA, voire de l'ULIS, j'avoue être complètement démunie. J'aimerais vraiment une formation là-dessus.
Sophie38
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par Sophie38 Mar 13 Oct 2015 - 8:24
moi je suis totalement perdue et démotivée au vue de tous ces écrits ...
Tangleding
Tangleding
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Récit d'une journée "information-formation" - Page 13 Empty Re: Récit d'une journée "information-formation"

par Tangleding Mar 13 Oct 2015 - 9:45
Finalement Elyas tu dis des choses intéressantes (sur l'AP surtout) mais tu évacues les critiques du projet avec une forme soft d'attaque ad hominem (c'est parce que vous ne savez pas faire).

Personnellement je fais peu de différenciation (du moins il me semble), on ne m'a jamais appris à en faire. Mais je suis totalement d'accord pour en faire dès lors que le précepte central est, comme tu le dis (et comme je l'entends souvent) : "Le même contenu par des chemins différents."

Le problème c'est que certains collègues me présentent une différenciation sur les objectifs que je ne peux cautionner. Et que jusqu'à présent je n'ai jamais vu un formateur "différenciation par les moyens" dans ma discipline. Le plus souvent on a eu droit à des exemples scientifiques. On avait demandé une formation en établissement, j'avais bien insisté pour qu'il y ait un formateur "littéraire" (au minimum HG) et cela n'a pas été pris en compte (SPC, SVT, maths). Bref rien d'exploitable (à part les échelles descriptives pour l'évaluation, mais c'est un autre sujet).

Pour en revenir à la réforme. Je ne vois pas non plus en quoi la réforme de structure (d'organisation) permettra d'atteindre une généralisation de ces pratiques. Pour obtenir cela il faut traiter le problème à la racine, par la formation, mais bien en amont d'une éventuelle réforme organisationnelle (que je considère purement budgétaire, et tu le concèdes toi-même largement un peu plus haut...) Ce n'est vraiment pas ce qui se dessine...

Bref aucune raison pour moi de défendre ce projet, beaucoup de raisons de le combattre. Le MEN n'a pas la science infuse, juste l'autoritarisme d'un petit chef borné.


Dernière édition par Tangleding le Mar 13 Oct 2015 - 10:07, édité 3 fois

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Récit d'une journée "information-formation" - Page 13 Empty Re: Récit d'une journée "information-formation"

par Presse-purée Mar 13 Oct 2015 - 10:00
Elyas a écrit:
Roumégueur Ier a écrit:
Volubilys a écrit:
Elyas a écrit:
Après, personnellement, je suis très pessimiste sur les résultats de la réforme. Déjà, quand on lit que des tas de gens disent ne pas être formés et qui en même temps appellent à boycotter les formations, je me dis qu'on vire dans la 7e dimension.
Je ne sais pas comment sont les formations dans le secondaire, mais dans le primaire les temps de "formations" sont des heures de meeting politique/catéchisme/grand-messe où pendant des heures on va nous répéter ad-nauseum que c'est bien la différentiation (par exemple) sans nous dire jamais comment faire (car, dixit les formateurs, ils ne sont pas là pour ça).
Alors je fais parti de ces profs qui se plaignent du manque de formation, tout en ne voulant pas assister aux formations proposées/obligées.

Et quand tu es dans une académie où un système de fichage des enseignants a été proposé, ça n'aide vraiment pas!
Autre chose, ces formations ne changeront rien sur le fond de la réforme : les bilangues, dp3 disparaissent et l'option latin est saccagée(le privé s'en frotte les mains), la lv2 5ème se fera sur 2h30 (insuffisant) et en classe entière (sans tenir compte su retour d'expérimentation de Toulouse), les EPI et l'AP seront toujours à prendre sur le disciplinaire (que cela te plaise ou non, ce n'est pas du tout la même chose)...
Quand on a entendu tout le mépris de Mme Robine, on a du mal à se dire que ces gens ont pondu une réforme qui peut aller dans le bon sens, à moins d'avoir des œillères XXXL.
Donc, non, ce n'est pas la 7ème dimension de boycotter les formations, c'est une des seules options qui nous reste pour bien montrer la forte résistance à ce collège 2016 totalement fou.
De même, les premiers retours de formation nous apprennent... que personne n'a rien à nous apprendre, on fait des jeux de rôles, on s'y prend une propagande indécente, mais pas de réponses lorsque l'on se place sur le plan de la pédagogie. Personne n'est prêt, pas grand monde veut y aller.
On entend maintenant de plus en plus que NVB veut tout plier avant janvier pour laisser la place après les régionales, on verra bien si cela se confirme, ce serait la confirmation de beaucoup de choses... Et l'intérêt des enfants (dont les nôtres), on s'en contrefiche!

Tu as une vision idéologique sur l'AP et les EPI car non, ça ne prendra pas sur le disciplinaire. Et si tu considères que ça prend sur le disciplinaire, c'est parce que tu le fais prendre sur le disciplinaire, toi, et toi tout seul. Ce ne sera pas la faute de la réforme.

Et l'EPI LCA, si on veut y mettre du contenu réellement en rapport avec les LCA dans toutes leurs dimensions (notamment linguistique), ça se fera au dépend des disciplines qui fileront des heures.
Donc, non, rien que pour cela, cette réforme est mauvaise. Et ce n'est pas, comme le dit Watrelot, une simple question de conditions de travail (allez lire aussi ce que dit la PS Viviane Micaud sur les profs de LC et d'Allemand [cette langue de merde qui ne sert à rien, c'est bien connu], c'est assez savoureux). Notre discipline est démembrée, niée dans sa spécificité épistémologique et cognitive, ramenée à son impact social qui est dû essentiellement au ministère lui-même est à ses affidés qui laminent le travail de leurs collègues en les traitant de fascistes et de petits-bourgeois. Il suffit de voir les propos honteux pour le travail de profs de LCA que Robine colporte sous les rires en réunion à Caen. Parce que, contrairement à ce que disent certains sur les réseaux sociaux, non, ces propos n'étaient pas neutres: ils étaient méchants et dévastateurs parce que prononcés devant des CdE, qui, par conséquent, sentent qu'ils ont toute latitude pour humilier en réunion les profs de LC PARCE QU'ILS SONT PROFS DE LC.


Et sinon, désolé, mais les horaires disciplinaires baissent.

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Homines, dum docent, discunt.Sénèque, Epistulae Morales ad Lucilium VII, 8

"La culture est aussi une question de fierté, de rapport de soi à soi, d’esthétique, si l’on veut, en un mot de constitution du sujet humain." (Paul Veyne, La société romaine)
"Soyez résolus de ne servir plus, et vous voilà libres". La Boétie
"Confondre la culture et son appropriation inégalitaire du fait des conditions sociales : quelle erreur !" H. Pena-Ruiz
"Il vaut mieux qu'un élève sache tenir un balai plutôt qu'il ait été initié à la philosophie: c'est ça le socle commun" un IPR
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par Tangleding Mar 13 Oct 2015 - 10:57
J'avais commencé à évoquer un exemple de pratique personnelle dans l'esprit des EPI mais non compatible avec leur cadre actuel. Et puis je l'ai retiré. L'oeil du MEN volète sur Neo, je n'ai pas envie de voir un exemple utilisé par le service de com du MEN pour grappiller des%ages d'adhésion.

La différence est là : tu t'accommodes de la réforme donc tu peux exposer ce qui irait dans le bon sens, nous n'acceptons pas son contenu idéologique et budgétaire, donc tan t que le décret n'est pas abrogé, on ne va pas donner des munitions à l'ennemi.

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par fraisedesbois Mar 13 Oct 2015 - 11:09
je voulais saluer les participants de cette discussion.
franchement, c'est bien la première fois que je lis dans le cadre de la réforme des propos positifs et sensés sur l'AP et sur les projets.

merci à tous, donc, pour cette lecture fort intéressante Smile






et si besoin est de le préciser, je revendique la colère qui me tient à la perspective de cette réforme à mes yeux avant tout budgétaire, et... par-là même idéologique.

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par musa Mar 13 Oct 2015 - 11:35
J'ai du mal à croire qu'il y ait des méthodes efficaces pour faire de la différenciation en 6è avec des élèves qui savent à peine lire et d'autres qui écrivent parfaitement. Je ne vois pas, pour reprendre la belle formule, comment on peut arriver au même point par des moyens différents avec ces élèves. Si une telle formation au miracle (coucou Iphigénie) existait, nous serions évidemment tous preneurs et il n'y aurait qu'à lancer un mega plan de formation avec des super formateurs genre Elyas pour résoudre les problèmes. Pourquoi n'est-ce pas ce que l'on nous propose?
Sowana
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par Sowana Mar 13 Oct 2015 - 11:51
musa a écrit:J'ai du mal à croire qu'il y ait des méthodes efficaces pour faire de la différenciation en 6è avec des élèves qui savent à peine lire et d'autres qui écrivent parfaitement. Je ne vois pas, pour reprendre la belle formule, comment on peut arriver au même point par des moyens différents avec ces élèves. Si une telle formation au miracle (coucou Iphigénie) existait, nous serions évidemment tous preneurs et il n'y aurait qu'à lancer un mega plan de formation avec des super formateurs genre Elyas pour résoudre les problèmes. Pourquoi n'est-ce pas ce que l'on nous propose?

Parce que tout cela, la réforme, les programmes, le socle, est complètement utopique. Et c'est pour cela que l'atterrissage va être catastrophique, tant pour les enseignants que pour les élèves, ce qui encore plus gênant. Sur la plaquette tout est beau, mais en prétextant mieux prendre en compte les élèves dans leurs différences, on ne fait que nier la réalité. Cette réforme, avec la formation qui l'accompagne, n'est qu'un prêche, tout sauf une solution viable. Je comprends que certains soient sensibles aux prêches, c'est séduisant, et comme la situation n'est pas simple, on a envie de croire, mais pour moi c'est  simplement dangereux.
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par 79 airlines Mar 13 Oct 2015 - 12:18
je réitère ce que j'avais écrit sur un autre fil : pourquoi ne pas associer/intégrer les élèves à ces formations ? Puisqu'ils sont les premiers concernés.
Ronin
Ronin
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Récit d'une journée "information-formation" - Page 13 Empty Re: Récit d'une journée "information-formation"

par Ronin Mar 13 Oct 2015 - 12:54
Volubilys a écrit:
Elyas a écrit:
Après, personnellement, je suis très pessimiste sur les résultats de la réforme. Déjà, quand on lit que des tas de gens disent ne pas être formés et qui en même temps appellent à boycotter les formations, je me dis qu'on vire dans la 7e dimension.
Je ne sais pas comment sont les formations dans le secondaire, mais dans le primaire les temps de "formations" sont des heures de meeting politique/catéchisme/grand-messe où pendant des heures on va nous répéter ad-nauseum que c'est bien la différentiation (par exemple) sans nous dire jamais comment faire (car, dixit les formateurs, ils ne sont pas là pour ça).
Alors je fais parti de ces profs qui se plaignent du manque de formation, tout en ne voulant pas assister aux formations proposées/obligées.

Exactement pareil que Volubylis. Par ailleurs, je crois que tu te trompes Elyas. De ce que j'en vois depuis mon poste à cheval sur le primaire et le collège, beaucoup d'enseignants veulent bien faire un effort de différenciation. Mais faire le boulot d'une orthophoniste ou d'un PE spécialisé, sans la formation, avec des classes de 30 et tout en tenant le programme, c'est tout simplement impossible. J'ai du mal à récupérer certains mômes dans des groupes de trois ou quatre tellement ils sont en difficulté, alors que je suis spécialisé, alors en classe de trente et sans formation je rigole.

En quoi le travail inter-disciplinaire, la pédagogie de projets ou la différenciation pédagogique peut aider dans un cours d’histoire-géo de sixième quand certains élèves ont un niveau de CE1 ou de CE2 ? si demain on me balance dans une classe de collège, même dans ma cambrousse et même hors établissement de type ZEP, je ne pourrais matériellement pas faire ce que je fais actuellement.

Pour moi cette réforme, comme beaucoup précédemment, c'est 50 % d'économies, 50 % d'idéologie pour masquer les erreurs du passé et les coupes précédentes.

Soyons clair, du point de vue scientifique, nous en sommes encore à la saignée. Les élèves sortent du primaire encore plus faibles qu'avant ? on va faire des nouveaux rythmes et supprimer les rased ! ils ne s'en sortent toujours pas ? on supprime le redoublement et on diminue les places en segpa ! ça marche toujours pas ? c'est la faute des profs de collège et on va tout changer !

On va continuer longtemps comme ça ou on va enfin réformer correctement le primaire ? parce que sans ça, vous pouvez toujours vous épuisez à faire des séquences différenciées de ce que vous voulez, vous vous épuisez à la tâche pour presque rien.

Mais j'oubliais, madame Vallaud-Belkacem nous a promis une dictée par jour, tout va changer.

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Rendash
Rendash
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par Rendash Mar 13 Oct 2015 - 13:00
Elyas a écrit:

Personnellement, je perds les pédales dès qu'on me demande la différence entre concept et notion en HG. On a bien essayé de m'expliquer une douzaine de fois, je ne retiens jamais.

Pour moi, c'est une question de précision, simplement. Le concept est cadré, défini, très précis, systématique, tandis que la notion est beaucoup plus vague.
Autrement dit, on part d'une notion pour aboutir au concept.

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"Ce serait un bien bel homme s’il n’était pas laid ; il est grand, bâti en Hercule, mais a un teint africain ; des yeux vifs, pleins d’esprit à la vérité, mais qui annoncent toujours la susceptibilité, l’inquiétude ou la rancune, lui donnent un peu l’air féroce, plus facile à être mis en colère qu’en gaieté. Il rit peu, mais il fait rire. [...] Il est sensible et reconnaissant ; mais pour peu qu’on lui déplaise, il est méchant, hargneux et détestable."
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par doctor who Mar 13 Oct 2015 - 13:00
La "différenciation par les moyens" me semble effectivement un sujet de débat intéressant. (J'ai tendance à y voir des limites très sérieuses, effectivement pour les élèves en difficulté avec l'écrit, pour lesquels l'écrit est un objectif)

Mais c'est un point de détail par rapport à l'ensemble de la réforme, et même par rapport à l'AP : ces pratiques, en plus d'être problématiques, sont minoritaires et ne seront pas mises en place sans un plan de formation ad hoc (ce n'est pas ce qui est envisagé).

On ne peut donc pas faire de son acceptation la condition de l'acceptation de la réforme.

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par Docteur OX Mar 13 Oct 2015 - 13:25
Ronin a écrit:
Volubilys a écrit:
Elyas a écrit:
Après, personnellement, je suis très pessimiste sur les résultats de la réforme. Déjà, quand on lit que des tas de gens disent ne pas être formés et qui en même temps appellent à boycotter les formations, je me dis qu'on vire dans la 7e dimension.
Je ne sais pas comment sont les formations dans le secondaire, mais dans le primaire les temps de "formations" sont des heures de meeting politique/catéchisme/grand-messe où pendant des heures on va nous répéter ad-nauseum que c'est bien la différentiation (par exemple) sans nous dire jamais comment faire (car, dixit les formateurs, ils ne sont pas là pour ça).
Alors je fais parti de ces profs qui se plaignent du manque de formation, tout en ne voulant pas assister aux formations proposées/obligées.

Exactement pareil que Volubylis. Par ailleurs, je crois que tu te trompes Elyas. De ce que j'en vois depuis mon poste à cheval sur le primaire et le collège, beaucoup d'enseignants veulent bien faire un effort de différenciation. Mais faire le boulot d'une orthophoniste ou d'un PE spécialisé, sans la formation, avec des classes de 30 et tout en tenant le programme, c'est tout simplement impossible. J'ai du mal à récupérer certains mômes dans des groupes de trois ou quatre tellement ils sont en difficulté, alors que je suis spécialisé, alors en classe de trente et sans formation je rigole.

En quoi le travail inter-disciplinaire, la pédagogie de projets ou la différenciation pédagogique peut aider dans un cours d’histoire-géo de sixième quand certains élèves ont un niveau de CE1 ou de CE2 ?
si demain on me balance dans une classe de collège, même dans ma cambrousse et même hors établissement de type ZEP, je ne pourrais matériellement pas faire ce que je fais actuellement.

Pour moi cette réforme, comme beaucoup précédemment, c'est 50 % d'économies, 50 % d'idéologie pour masquer les erreurs du passé et les coupes précédentes.

Soyons clair, du point de vue scientifique, nous en sommes encore à la saignée. Les élèves sortent du primaire encore plus faibles qu'avant ? on va faire des nouveaux rythmes et supprimer les rased ! ils ne s'en sortent toujours pas ? on supprime le redoublement et on diminue les places en segpa ! ça marche toujours pas ? c'est la faute des profs de collège et on va tout changer !

On va continuer longtemps comme ça ou on va enfin réformer correctement le primaire ? parce que sans ça, vous pouvez toujours vous épuisez à faire des séquences différenciées de ce que vous voulez, vous vous épuisez à la tâche pour presque rien.

Mais j'oubliais, madame Vallaud-Belkacem nous a promis une dictée par jour, tout va changer.

veneration veneration veneration Ronin +1000 et d'accord aussi avec Volubylis.
titus06
titus06
Habitué du forum

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par titus06 Mar 13 Oct 2015 - 15:21
Isis39 a écrit:


Je suis un peu d'accord avec toi Malaga. Je fais de la différenciation, mais j'échoue à différencier pour les élèves ne sachant pas écrire une phrase (sujet, verbe, complément) à côté de qui je devrais être quasiment en permanence pour leur faire relire, refaire les phrases (il ne se rendent pas compte, même en relisant, que ce qu'ils écrivent n'a aucun sens). Quand on doit intégrer des élèves relevant de la SEGPA, voire de l'ULIS, j'avoue être complètement démunie. J'aimerais vraiment une formation là-dessus.

Le problème, ce n'est n'est pas notre formation. Ça me rappelle une réunion avec une mère d'élève dont le fils relevait de l'ULIS mais qui ne voulais pas l'y envoyer. L'adjoint lui avait dit clairement que "dans un collège classique, on ne savait pas faire". Il y a des structures spécialisées, elles doivent être utilisées, c'est tout.
Isis39
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par Isis39 Mar 13 Oct 2015 - 17:33
titus06 a écrit:
Isis39 a écrit:


Je suis un peu d'accord avec toi Malaga. Je fais de la différenciation, mais j'échoue à différencier pour les élèves ne sachant pas écrire une phrase (sujet, verbe, complément) à côté de qui je devrais être quasiment en permanence pour leur faire relire, refaire les phrases (il ne se rendent pas compte, même en relisant, que ce qu'ils écrivent n'a aucun sens). Quand on doit intégrer des élèves relevant de la SEGPA, voire de l'ULIS, j'avoue être complètement démunie. J'aimerais vraiment une formation là-dessus.

Le problème, ce n'est n'est pas notre formation. Ça me rappelle une réunion avec une mère d'élève dont le fils relevait de l'ULIS mais qui ne voulais pas l'y envoyer. L'adjoint lui avait dit clairement que "dans un collège classique, on ne savait pas faire". Il y a des structures spécialisées, elles doivent être utilisées, c'est tout.

Sauf que les parents décident. Nous avons cette année deux élèves arrivant en 3e car ils ne voulaient plus rester en SEGPA et c'est catastrophique. Leur orientation va être très problématique.
Honchamp
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Récit d'une journée "information-formation" - Page 13 Empty Re: Récit d'une journée "information-formation"

par Honchamp Mar 13 Oct 2015 - 18:06
J'ai eu l'an passé un grand gaillard qui arrivait de région parisienne (Vitry) , où il était en 4ème SEGPA.

Pb : dans notre 4ème de SEGPA , plus de place. Refus des collègues de l'ajouter à leur effectif.
Notre chef , vu ses "résultats", l'a placé en 5ème.
Ses parents, qui ne doutaient de rien, voulaient qu'il soit en 4ème.
Le chef n'a rien lâché, il est venu en 5ème.

Pb : il ne comprenait rien . Il s'intéressait globalement au cours, mais dès qu'on était sur des activités en autonomie, seul ou en groupe, plus rien......C'était l'enfer, pour moi, ET POUR LES AUTRES, plutôt mignons, à qui il faisait peur.
Par chance, j'avais à la maison un livre de coloriage : l'histoire de France par l'image, ou par les coloriages, je ne sais plus, aux éditions Ouest-France. (Je recommande, d'ailleurs)
Je lui faisais donc des photocopies, et il coloriait : les châteaux-forts, la Renaissance, etc..
En géo, il coloriait les fonds de carte, il adorait ça .
Cela me permettait , ainsi qu'à la classe de travailler.

En revanche, mes pauvres autres collègues...Vous imaginez en anglais, en Sc Phy, même en maths...

Bref, je différenciai mes méthodes...
Je différenciais aussi mes objectifs !
Je vais passer pour une horrible élitiste aux yeux de certains, mais je n'avais pas trouvé mieux pour assurer le travail de la majorité des élèves dans mes cours.

Il est reparti en cours d'année en région parisienne. Que va-t-il devenir ?

Tout ça pour dire collège unique, OK, mais pas collège uniforme.
Le collège inclusif, jusqu'où ?

Le plus drôle est que certains mignons de 5ème voulaient aussi les photocopies pour pouvoir colorier chez eux !
Je leur en donnais, mais interdiction de les coller dans le cahier , vous imaginez en cas d'inspection ?


Dernière édition par Honchamp le Mar 13 Oct 2015 - 18:07, édité 1 fois (Raison : Je suis désolée, je reconnais qu'on s'éloigne du sujet du fil, et que j'y contribue.)

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