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Fesseur Pro
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Récit d'une journée "information-formation" - Page 7 Empty Re: Récit d'une journée "information-formation"

par Fesseur Pro Dim 11 Oct 2015 - 23:02
Jenny a écrit:Je trouve aussi certains messages très agressifs. On peut ne pas être d'accord et rester courtois.
C'est aussi le but de cette réforme, diviser pour mieux régner.
Et ça fonctionne.
Sur ce forum comme dans les collèges.
Et ce n'est qu'un début...
Elyas
Elyas
Esprit sacré

Récit d'une journée "information-formation" - Page 7 Empty Re: Récit d'une journée "information-formation"

par Elyas Dim 11 Oct 2015 - 23:05
guennec a écrit:Une ligne de partage possible : Elyas, tu dis que la réforme est pédagogique, et que c'est pour cela qu'elle suscite le rejet (j'espère ne pas trahir ta pensée). Quant à moi je dis que la réforme est budgétaire, et que la pédagogie est (malheureusement) instrumentalisée pour masquer l'objectif budgétaire.
C'est difficile de discuter quand les hypothèses de départ sont si divergentes, non ?

C'est là où il y a la méprise. En effet, elle est pédagogique. Elle est aussi motivée par des raisons budgétaires. Enfin, elle est motivée par des questions légales liées aux ressources humaines. Elle est les trois à la fois et, curieusement, personne n'a noté que ces trois choses ont été décidées par trois instances différentes (le CSP, la DGESCO et le gouvernement).

Elle est avant tout pédagogique car ceux qui ont écrit et inventé les programmes, les EPI et l'AP version collège ont une vision de la pédagogie et qu'ils voudraient la voir se mettre en place sur le terrain. Dedans, il y a la différenciation pédagogique, l'interdisciplinarité, le travail d'équipe, les pratiques métacognitives, l'approche par compétences la pédagogie de projet... Ils ont même été plus loin avec l'idée des curriculas mais là, de mon point de vue, c'est une envie d'adulte de se faire plaisir et non d'être efficace pour les élèves. Il y a aussi dedans des revanches idéologiques puissantes (en maths et français + lettres classiques, principalement) et qui dit revanche dit mauvais choix.

Elle est budgétaire car le gouvernement veut des économies dans un gros service public qui ne donne pas les statistiques à la mesure des attentes budgétaires. C'est débile car le gouvernement est à la fois juge et partie dans cet échec.

Enfin, il y a la crise du recrutement qui entraîne des absences de professeurs de lettres, d'anglais et de mathématiques devant les élèves qui pourraient conduire des parents à attaquer l'Etat pour défaillance du service public.

Le choix des 26h, de la répartition horaire entre les disciplines et de la mise à mort des bilangues/euros dans la plupart des cas répond au problème budgétaire et de recrutement. C'est là qu'il y a scandale.

Après, la question pédagogique de la réforme est ultra-stimulante pour de nombreux enseignants mais elle demande une formation longue qui n'est pas mise en place, tant disciplinairement qu'interdisciplinairement, pour que tous les collègues y trouvent leur compte afin d'éviter les projets bidons, les passages en force de pratiques pédagogiques et les dérives. Seule une formation longue permet d'assurer la liberté pédagogique tout en diffusant des pratiques d'enseignement qui répondent aux besoins du terrain.

Je vais être cynique mais dans un pays qui vante les footballeurs comme modèles, où les gens ne rêvent que de gros salaires et votent pour les mêmes personnalités politiques qui sont aux commandes depuis 30 ans et qui ont prouvé être inefficaces, j'abandonne tout espoir sur la lutte contre la ligne budgétaire (qui a un impact sur le recrutement) car tout le monde accepte cette idée que la France n'a plus les moyens (et blabla blabla blabla). J'en reste au point pédagogique et je ne comprends pas pourquoi ce sont les EPI et l'AP qui sont attaqués alors que c'est le reste qui pose problème (les 26h, le sort fait aux LC/bilangues/euros, les choix de répartition horaire entre les disciplines, les programmes de français et de maths/sciences, le choix curriculaire...).

Au final, en attaquant les "nouveautés", vous prêtez le flanc à ce qui est mineur mais intéressant de mon point de vue. Or, le vrai scandale, c'est tout de même les programmes de français/maths/sciences, les 26h... etc.
Infiniment
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Habitué du forum

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par Infiniment Dim 11 Oct 2015 - 23:33
Comme d'autres, je suis très intéressé par les questions de Sowana... Merci d'avance pour un éventuel MP. L'union fait la force !

_________________
Ah ! la belle chose, que de savoir quelque chose !
Maellerp
Maellerp
Érudit

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par Maellerp Lun 12 Oct 2015 - 7:35
Sowana et snoopyves je vojs ai envoyé des mp, vos docs m'intéressent et je vous remercie tous deux ainsi que tous les neos qui nous aident à argumenter contre cette réforme. Bon courage à tous.
matahari
matahari
Niveau 3

Récit d'une journée "information-formation" - Page 7 Empty Re: Récit d'une journée "information-formation"

par matahari Lun 12 Oct 2015 - 7:40
Infiniment a écrit:Comme d'autres, je suis très intéressé par les questions de Sowana... Merci d'avance pour un éventuel MP. L'union fait la force !

Bonjour, je suis intéressée aussi par ton fichier.
merci par avance
Zagara
Zagara
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par Zagara Lun 12 Oct 2015 - 8:16
J'aime bien lire Elyas car il apporte des points de vue qu'on ne trouve pas forcément sur ce forum, ce qui permet de se rendre un peu compte de la diversité qui existe dans le secondaire. Souvent, ses remarques sont motivées et argumentées. Par principe, je considère mes points de vue comme friables, j'aime être convaincue du contraire de ce que je pense. Aussi, j'aimerais bien quelques précisions parce que je n'ai pas tout compris, je crois (sur la question pédagogique de la réforme) :

Elyas a écrit:
C'est là où il y a la méprise. En effet, elle est pédagogique. [...]

Elle est avant tout pédagogique car ceux qui ont écrit et inventé les programmes, les EPI et l'AP version collège ont une vision de la pédagogie et qu'ils voudraient la voir se mettre en place sur le terrain. Dedans, il y a la différenciation pédagogique, l'interdisciplinarité, le travail d'équipe, les pratiques métacognitives, l'approche par compétences la pédagogie de projet... Ils ont même été plus loin avec l'idée des curriculas mais là, de mon point de vue, c'est une envie d'adulte de se faire plaisir et non d'être efficace pour les élèves.

Je suis d'accord avec toi pour dire que, au départ, l'idée d'EPI est née d'une vision pédagogique cohérente, que j'ai d'ailleurs vue proposée et mise en oeuvre à l'ESPE (travail interdisciplinaire en groupe autour d'un projet). Ainsi, une des formations de l'ESPE consistait à mettre ensemble des stagiaires de 2 ou 3 matières et à proposer un travail interdisciplinaire pratique. Le problème de cette formation était sa virtualité : impossible de tester la séquence produite en classe. Enfin, cela à quand même généré des exposés de stagiaires stimulants. Tout cela pour dire que je comprends ce que tu dis.

J'aimerais toutefois savoir ce que tu penses du passage de l'idée originelle, qui a sa cohérence, à sa mise en oeuvre pratique dans le cadre des décrets. Je vois plusieurs problèmes qui refroidissent l'ardeur possible. D'abord, le fait qu'en pratique les 2 enseignants d'EPI ne seront pas ensemble dans la même classe (sauf à être libre pendant l'heure d'EPI du collègue + faire des heures sup gratuites, d'après ce que j'ai compris). Je trouve que cela limite grandement la vision de départ. Autre problème : la ponction de l'EPI sur les heures réelles des enseignants. Puisque les EPI prennent de vraies heures de cours, la tentation est de faire avancer le programme pendant ces EPI, leur appliquant donc une vision pédagogique contraire à leur objectif initial (concilier le besoin de faire avancer un programme fondé sur la transmission de connaissances et un travail pratique qui doit développer des compétences type entreprise). Je ne dis pas que cette difficulté soit insurmontable, mais, pour la surmonter, il faudrait énormément de concertation dans la préparation de l'EPI. Ce qui amène une troisième question : les heures de réunion non-payées. Que penses-tu de leur multiplication ? Traces-tu une ligne entre les réunions pertinentes (entre fabriquants d'EPI par exemple) et les non-pertinentes ?

Au final, mon impression est que la volonté initiale a été tellement déviée par les autres acteurs de la réforme (gouvernement qui veut faire des économies et donc ne veut pas débloquer d'heures dédiées, notamment), que je ne peux pas soutenir ce texte tel qu'il est. Peut-être que je pourrais être convaincue par l'ambition pédagogique initiale, toutefois j'ai l'impression que le résultat est un tas informe qui n'a jamais réfléchi à son application réelle.

Elyas a écrit:Elle est budgétaire car le gouvernement veut des économies dans un gros service public qui ne donne pas les statistiques à la mesure des attentes budgétaires. C'est débile car le gouvernement est à la fois juge et partie dans cet échec.

On est d'accord.

Elyas a écrit:Le choix des 26h, de la répartition horaire entre les disciplines et de la mise à mort des bilangues/euros dans la plupart des cas répond au problème budgétaire et de recrutement. C'est là qu'il y a scandale.

Tu oublies la disparition effective du latin et du grec ancien, qui, à mon sens, constitue le plus grand des scandales. Notamment parce que le latin était dynamique, en expansion et ce dans des territoires défavorisés. Il était une porte vers l'ouverture à une culture exogène et il a été broyé sur l'autel d'une idéologie que je trouve scandaleuse ("le latin c'est seulement pour les enfants d'élite" <- factuellement faux) et pour faire des économies.

En plus, en créant l'EPI LCA, le gouvernement a fait un double échec. 1/ il n'a pas rétabli le latin (et encore moins le grec, disparu des radars), car ce n'est pas avec 1 an d'enseignement pratique seulement en partie linguistique qu'on va apprendre le latin aux élèves 2/ il a encore plus pourri l'idée initiale de l'EPI, en lui enfournant le latin comme sous-thème, ce qui a encore plus déstructuré sa cohérence pédagogique.

Au final, je suis persuadée que les grands établissements de population aisée vont détourner les EPI pour en faire des cours de latin/grec à l'ancienne et ce seront les défavorisés qui vont trinquer, augmentant ainsi les inégalités.

Elyas a écrit:Je vais être cynique mais dans un pays qui vante les footballeurs comme modèles, où les gens ne rêvent que de gros salaires et votent pour les mêmes personnalités politiques qui sont aux commandes depuis 30 ans et qui ont prouvé être inefficaces, j'abandonne tout espoir sur la lutte contre la ligne budgétaire (qui a un impact sur le recrutement) car tout le monde accepte cette idée que la France n'a plus les moyens (et blabla blabla blabla). J'en reste au point pédagogique et je ne comprends pas pourquoi ce sont les EPI et l'AP qui sont attaqués alors que c'est le reste qui pose problème (les 26h, le sort fait aux LC/bilangues/euros, les choix de répartition horaire entre les disciplines, les programmes de français et de maths/sciences, le choix curriculaire...).

Je comprends la position de dissocier d'une part les EPI et d'autre part les autres problèmes. C'est vrai que ce que tu cites est pire que les EPI.
Je vais me répéter concernant les EPI : il me semble que c'est une idée cohérente dénaturée par des enjeux non-pédagogiques (faire des économies) et mise en oeuvre à la machette.

Elyas a écrit:Au final, en attaquant les "nouveautés", vous prêtez le flanc à ce qui est mineur mais intéressant de mon point de vue. Or, le vrai scandale, c'est tout de même les programmes de français/maths/sciences, les 26h... etc.

Je comprends aussi cette position : tu dis qu'il vaut mieux concentrer les dénonciations sur ce qui est inadmissible et s'approprier les EPI, pour en faire quelque chose. La limite étant la multiplication des heures non-payées pour espérer en faire quelque chose de bien, car cela ne s'improvise pas.
Isis39
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par Isis39 Lun 12 Oct 2015 - 8:59
Elyas a écrit:

Le choix des 26h, de la répartition horaire entre les disciplines et de la mise à mort des bilangues/euros dans la plupart des cas répond au problème budgétaire et de recrutement. C'est là qu'il y a scandale.

Après, la question pédagogique de la réforme est ultra-stimulante pour de nombreux enseignants mais elle demande une formation longue qui n'est pas mise en place, tant disciplinairement qu'interdisciplinairement, pour que tous les collègues y trouvent leur compte afin d'éviter les projets bidons, les passages en force de pratiques pédagogiques et les dérives. Seule une formation longue permet d'assurer la liberté pédagogique tout en diffusant des pratiques d'enseignement qui répondent aux besoins du terrain.

Je vais être cynique mais dans un pays qui vante les footballeurs comme modèles, où les gens ne rêvent que de gros salaires et votent pour les mêmes personnalités politiques qui sont aux commandes depuis 30 ans et qui ont prouvé être inefficaces, j'abandonne tout espoir sur la lutte contre la ligne budgétaire (qui a un impact sur le recrutement) car tout le monde accepte cette idée que la France n'a plus les moyens (et blabla blabla blabla). J'en reste au point pédagogique et je ne comprends pas pourquoi ce sont les EPI et l'AP qui sont attaqués alors que c'est le reste qui pose problème (les 26h, le sort fait aux LC/bilangues/euros, les choix de répartition horaire entre les disciplines, les programmes de français et de maths/sciences, le choix curriculaire...).

Au final, en attaquant les "nouveautés", vous prêtez le flanc à ce qui est mineur mais intéressant de mon point de vue. Or, le vrai scandale, c'est tout de même les programmes de français/maths/sciences, les 26h... etc.

Je partage la vision d'Elyas. J'ajouterais la fin du latin.

zagara a écrit:Puisque les EPI prennent de vraies heures de cours, la tentation est de faire avancer le programme pendant ces EPI, leur appliquant donc une vision pédagogique contraire à leur objectif initial (concilier le besoin de faire avancer un programme fondé sur la transmission de connaissances et un travail pratique qui doit développer des compétences type entreprise). Je ne dis pas que cette difficulté soit insurmontable, mais, pour la surmonter, il faudrait énormément de concertation dans la préparation de l'EPI.

Je suis aussi assez d'accord avec cela.
En résumé, pour cette réforme pédagogique, il faudra une vraie et bonne formation. Et je n'ai pas l'impression que l'on s'achemine vers cela.
Pour le reste 😢
Thalie
Thalie
Grand sage

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par Thalie Lun 12 Oct 2015 - 9:03
J'avoue que quelque chose m'échappe Elyas. Si on est d'accord pour dire que les 26h et certains programmes sont le problème, les EPI le sont aussi puisqu'ils sont pris sur les fameuses 26h donc encore moins de français.
Pour ma part, j'ai vécu les IDD donnés aux TZR ou contractuels, si je peux imaginer que ces projets transdisciplinaires peuvent avoir un sens et une utilité pour les élèves c'est en plus d'un cours solide. Mal compris, mal préparés, avec peu d'heures, cela donnera une bouillie immangeable. On sait que cela profite surtout aux bons élèves qui ont la maturité pour se prendre en main et travailler en autonomie avec des tâches moins scolaires. J'ai entendu parler de ces projets il y a très longtemps. Ils étaient montés par des collègues volontaires qui avaient des heures dédiées (j'ai oublié l'acronyme, je vais demander) en plus de leurs heures disciplinaires et ils avaient la classe pouvant ainsi créer des liens entre le cours et le projet. Je vois bien dans ce cas-là seulement l'intérêt mais imposé à tous, 6 obligatoires à heures imposées, je ne comprends pas que l'on puisse gâcher tant d'heures de cours essentielles pour mieux apprendre à lire tout simplement.
Murthe
Murthe
Niveau 5

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par Murthe Lun 12 Oct 2015 - 9:06
Est-il obscène de se prononcer uniquement sur les conséquences de cette réforme - et de la casse des statuts de 50 - en termes de conditions de travail ?
Quelle que soit la validité (ou l'invalidité) pédagogique d'une réforme, si les professeurs chargés de la mettre en oeuvre voient leur charge de travail augmenter de manière incontrôlable, je pense que c'est une réforme à immoler en place publique.
Réunions, concertations, préparations, formations volonbligatoires pendant les vacances, 1607h divisées par 36 semaines = 45h hebdomadaires (Mme Robine l'a rappelé dans sa merveilleuse conférence). Je crois que ça suffit, non ?
Lefteris
Lefteris
Esprit sacré

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par Lefteris Lun 12 Oct 2015 - 9:11
Murthe a écrit:Est-il obscène de se prononcer uniquement sur les conséquences de cette réforme - et de la casse des statuts de 50 - en termes de conditions de travail ?
Quelle que soit la validité (ou l'invalidité) pédagogique d'une réforme, si les professeurs chargés de la mettre en oeuvre voient leur charge de travail augmenter de manière incontrôlable, je pense que c'est une réforme à immoler en place publique.
Réunions, concertations, préparations, formations volonbligatoires pendant les vacances, 1607h divisées par 36 semaines = 45h hebdomadaires (Mme Robine l'a rappelé dans sa merveilleuse conférence). Je crois que ça suffit, non ?
Cette réforme -économique avant tout - est indécente sur bien des aspects, et celui-ci n'est pas des moindres. Elle se fait non seulement sur le dos des élèves, mais aussi sur celui des enseignants auxquels ont demande de travailler encore plus pour faire de la merdre. Et tout ça en période de gel du point, de restriction des HSE, de non -revalorisation des carrières.

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"La réforme [...] c'est un ensemble de décrets qui s'emboîtent les uns dans les autres, qui ne prennent leur sens que quand on les voit tous ensemble"(F. Robine , expliquant sans fard la stratégie du puzzle)

Gallica Musa mihi est, fateor, quod nupta marito. Pro domina colitur Musa latina mihi.

Δεν ελπίζω τίποτα, δεν φοβούμαι τίποτα, είμαι λεύτερος (Kazantzakis).
Iphigénie
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par Iphigénie Lun 12 Oct 2015 - 9:12
Thalie a écrit:J'avoue que quelque chose m'échappe Elyas. Si on est d'accord pour dire que les 26h et certains programmes sont le problème, les EPI le sont aussi puisqu'ils sont pris sur les fameuses 26h donc encore moins de français.
Pour ma part, j'ai vécu les IDD donnés aux TZR ou contractuels, si je peux imaginer que ces projets transdisciplinaires peuvent avoir un sens et une utilité pour les élèves c'est en plus d'un cours solide. Mal compris, mal préparés, avec peu d'heures, cela donnera une bouillie immangeable. On sait que cela profite surtout aux bons élèves qui ont la maturité pour se prendre en main et travailler en autonomie avec des tâches moins scolaires. J'ai entendu parler de ces projets il y a très longtemps. Ils étaient montés par des collègues volontaires qui avaient des heures dédiées (j'ai oublié l'acronyme, je vais demander) en plus de leurs heures disciplinaires et ils avaient la classe pouvant ainsi créer des liens entre le cours et le projet. Je vois bien dans ce cas-là seulement l'intérêt mais imposé à tous, 6 obligatoires à heures imposées, je ne comprends pas que l'on puisse gâcher tant d'heures de cours essentielles pour mieux apprendre à lire tout simplement.
+10
Elyas, la réforme "pédagogique" n'est ultra stimulante que pour ceux qui aiment la pédagogie de projets: c'est un droit légitime et respectable, mais un droit parmi d'autres. Et rien ne permet de prouver qu'elle est plus efficace qu'une pédagogie plus traditionnelle, à partir du moment où elle est menée par un "bon" enseignant.
Toutes ces histoires de "pédagogie" sont pour moi des foutaises accessoires (des leurres pour imposer une réforme budgétaire conséquente): je veux dire par là que le propre d'un professeur c'est d'inventer SA pédagogie, celle qui va avec sa personnalité et s'adapte aux besoins réels de ses élèves; un "mauvais prof" restera mauvais quelle que soit la méthode - et l'inverse idem.
La réforme c'est la folie furieuse de quelques-uns d'imposer leur façon de faire (pour de multiples raisons, y compris budgétaire et y compris de désaffection de plus en plus grande dans le recrutement, qui fait qu'il faudra bien "faire avec" ce qu'on aura, en bricolant par conséquent)...
bernardo
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par bernardo Lun 12 Oct 2015 - 9:14
D'accord avec Iphigénie Very Happy

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Isis39
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par Isis39 Lun 12 Oct 2015 - 9:21
Iphigénie a écrit:
Thalie a écrit:J'avoue que quelque chose m'échappe Elyas. Si on est d'accord pour dire que les 26h et certains programmes sont le problème, les EPI le sont aussi puisqu'ils sont pris sur les fameuses 26h donc encore moins de français.
Pour ma part, j'ai vécu les IDD donnés aux TZR ou contractuels, si je peux imaginer que ces projets transdisciplinaires peuvent avoir un sens et une utilité pour les élèves c'est en plus d'un cours solide. Mal compris, mal préparés, avec peu d'heures, cela donnera une bouillie immangeable. On sait que cela profite surtout aux bons élèves qui ont la maturité pour se prendre en main et travailler en autonomie avec des tâches moins scolaires. J'ai entendu parler de ces projets il y a très longtemps. Ils étaient montés par des collègues volontaires qui avaient des heures dédiées (j'ai oublié l'acronyme, je vais demander) en plus de leurs heures disciplinaires et ils avaient la classe pouvant ainsi créer des liens entre le cours et le projet. Je vois bien dans ce cas-là seulement l'intérêt mais imposé à tous, 6 obligatoires à heures imposées, je ne comprends pas que l'on puisse gâcher tant d'heures de cours essentielles pour mieux apprendre à lire tout simplement.
+10
Elyas, la réforme "pédagogique" n'est ultra stimulante que pour ceux qui aiment la pédagogie de projets: c'est un droit légitime et respectable, mais un droit parmi d'autres. Et rien ne permet de prouver qu'elle est plus efficace qu'une pédagogie plus traditionnelle, à partir du moment où elle est menée par un "bon" enseignant.
Toutes ces histoires de "pédagogie" sont pour moi des foutaises accessoires (des leurres pour imposer une réforme budgétaire conséquente): je veux dire par là que le propre d'un professeur c'est d'inventer SA pédagogie, celle qui va avec sa personnalité et s'adapte aux besoins réels de ses élèves; un "mauvais prof" restera mauvais quelle que soit la méthode - et l'inverse idem.
La réforme c'est la folie furieuse de quelques-uns d'imposer leur façon de faire (pour de multiples raisons, y compris budgétaire et y compris de désaffection de plus en plus grande dans le recrutement, qui fait qu'il faudra bien "faire avec" ce qu'on aura, en bricolant par conséquent)...

En dehors de toute polémique liée à la réforme, pour pouvoir vraiment inventer sa pédagogie, encore faut-il avoir été formé et pratiquer diverses formes de pédagogie. Je parle d'expérience, n'ayant jamais été formée qu'à une forme de transmission des savoirs.
Ronin
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par Ronin Lun 12 Oct 2015 - 9:25
Pareil, je n'ai été formé qu'au socio-constructivisme : question, que font les formateurs en IUFM/ESPE, à quoi servent-ils ? je précise que ma génération n'a été formé que à cela parce que c'était le choix des formateurs. Toute autre vision de la pédagogie était considérée comme inefficace ou réactionnaire.

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par Isis39 Lun 12 Oct 2015 - 9:32
Ronin a écrit:Pareil, je n'ai été formé qu'au socio-constructivisme : question, que font les formateurs en IUFM/ESPE, à quoi servent-ils ? je précise que ma génération n'a été formé que à cela parce que c'était le choix des formateurs. Toute autre vision de la pédagogie était considérée comme inefficace ou réactionnaire.

C'est cela qui est désolant. On répète ce qu'on a appris. Alors qu'une solide formation pédagogique permettrait de choisir ce qui convient le mieux, voire de combiner et réellement d'inventer sa pédagogie.
Les EPI semblent un moyen pour demander aux collègues de changer : sauf qu'on peut changer et réinventer son enseignement sans forcément passer par l'interdisciplinaire.
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par bernardo Lun 12 Oct 2015 - 9:33
J'ai mis 10 ans à me débarrasser complètement des inepties qu'on a cherché à m'inculquer à l'IUFM : apprendre, oui, mais comment, et autres foutaises. On ne peut pas transposer des pédagogies valables dans une classe primaire unique de campagne en 1920 à une classe de collège unique en 2015. Ce qui fait que les enfants échouent ce n'est pas la pédagogie des professeurs de collège. Il y a de multiples facteurs, ce serait malhonnête de les réduire à un seul.

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par V.Marchais Lun 12 Oct 2015 - 9:35
Même chose.
J'ai perdu des années à réinventer l'eau tiède, à chercher toute seule comment enseigner la grammaire, la rédaction, parce qu'à l'IUFM, tout était séquence, socio-constructivisme mal pensé, théorie de la production via les multiples corrections de brouillon (sans apprentissage réel à aucun moment, mais vas-y, corrige quand même, Kévin...), etc.
Le jour où les ESPE sortiront du giron de quelques idéologues qui imposent une pédagogie unique et décrient toutes les autres, on aura fait un grand pas.
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par doctor who Lun 12 Oct 2015 - 9:41
Il faut passer à l'ère de l'éclectisme éclairé.
Pas possible dans les conditions actuelles :
- dogmatisme pédagogique des formateurs,
- révisionnisme historique quant à la tradition pédagogique des écoles primaires d'avant les 60s,
- réforme du collège à sens unique, pédagogiquement parlant,
- nouveaux programmes faussement libéraux, contraignants de fait.

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par Isis39 Lun 12 Oct 2015 - 9:43
doctor who a écrit:Il faut passer à l'ère de l'éclectisme éclairé.
Pas possible dans les conditions actuelles :
- dogmatisme pédagogique des formateurs,
- révisionnisme historique quant à la tradition pédagogique des écoles primaires d'avant les 60s,
- réforme du collège à sens unique, pédagogiquement parlant,
- nouveaux programmes faussement libéraux, contraignants de fait.

Je ne me voyais pas comme ça.... Sad
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par Ronin Lun 12 Oct 2015 - 9:49
Ben chez moi c'était clairement le dogme ou dehors.

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par doctor who Lun 12 Oct 2015 - 9:58
Isis39 a écrit:
doctor who a écrit:Il faut passer à l'ère de l'éclectisme éclairé.
Pas possible dans les conditions actuelles :
- dogmatisme pédagogique des formateurs,
- révisionnisme historique quant à la tradition pédagogique des écoles primaires d'avant les 60s,
- réforme du collège à sens unique, pédagogiquement parlant,
- nouveaux programmes faussement libéraux, contraignants de fait.

Je ne me voyais pas comme ça.... Sad

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par Balthamos Lun 12 Oct 2015 - 10:03
Stimulant, les EPI auraient pu être si :
- ils n'étaient pas pris sur les disciplines
- ils n'étaient pas imposés dans la forme actuelle
- ils s'accompagnaient d'une véritable formation (et on peut tous le remarquer, les faibles moyens donnés à la formation ou les formations improvisées par commande rectorale)
- l'enseignant conservait sa liberté de choix et pédagogique (un bon projet se monte avec des personnes sympathiques à nos yeux)
- ils ne s'accompagnaient pas d'un alourdissement du temps de travail conséquent si on veut les préparer avec sérieux
- ils ne fonctionnaient pas par cycle (qui va gérer mes epi quand je vais muter? et une fois muté, vais je récupérer les epi de l'ancien professeur d'histoire sur un sujet que je ne maîtrise pas?)


Donc avec autant de si, on ne peut pas dire que les EPI me stimulent.

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par Sophie38 Lun 12 Oct 2015 - 10:16
Balthamos a écrit:Stimulant, les EPI auraient pu être si :
- ils n'étaient pas pris sur les disciplines
- ils n'étaient pas imposés dans la forme actuelle
- ils s'accompagnaient d'une véritable formation (et on peut tous le remarquer, les faibles moyens donnés à la formation ou les formations improvisées par commande rectorale)
- l'enseignant conservait sa liberté de choix et pédagogique (un bon projet se monte avec des personnes sympathiques à nos yeux)
- ils ne s'accompagnaient pas d'un alourdissement du temps de travail conséquent si on veut les préparer avec sérieux
- ils ne fonctionnaient pas par cycle (qui va gérer mes epi quand je vais muter? et une fois muté, vais je récupérer les epi de l'ancien professeur d'histoire sur un sujet que je ne maîtrise pas?)


Donc avec autant de si, on ne peut pas dire que les EPI me stimulent.

A 100% d'accord avec toi.
Personnellement, j'avais vraiment beaucoup aimé les IDD quand ils étaient choisis par les profs ET les élèves. Ils étaient en plus des heures des matières et permettaient d'approfondir vraiment des notions, des savoirs, des compétences. J'ai peur que les EPI trop sclérosants ne permettent pas cela alors qu'ils sont faits pour normalement ...
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par titus06 Lun 12 Oct 2015 - 10:23
Balthamos a écrit:Stimulant, les EPI auraient pu être si :
- ils n'étaient pas pris sur les disciplines
- ils n'étaient pas imposés dans la forme actuelle
- ils s'accompagnaient d'une véritable formation (et on peut tous le remarquer, les faibles moyens donnés à la formation ou les formations improvisées par commande rectorale)
- l'enseignant conservait sa liberté de choix et pédagogique (un bon projet se monte avec des personnes sympathiques à nos yeux)
- ils ne s'accompagnaient pas d'un alourdissement du temps de travail conséquent si on veut les préparer avec sérieux
- ils ne fonctionnaient pas par cycle (qui va gérer mes epi quand je vais muter? et une fois muté, vais je récupérer les epi de l'ancien professeur d'histoire sur un sujet que je ne maîtrise pas?)


Donc avec autant de si, on ne peut pas dire que les EPI me stimulent.

Les EPI ont été créés pour imposer de gré ou de force l'interdisciplinarité à tous les enseignants sans exception. Pour les "penseurs" du MEN, si les IDD n'ont pas fonctionné en leur temps, c'est à cause de ces enseignants qui rechignent à tout changement et surtout pas parce que les IDD étaient un mauvais dispositif mal pensé.
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par Sophie38 Lun 12 Oct 2015 - 10:25
d'accord avec toi Titus06, mais c'est bien triste et ... désespérant : où est la bienveillance si chère au MEN ?
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frdm
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Récit d'une journée "information-formation" - Page 7 Empty Re: Récit d'une journée "information-formation"

par frdm Lun 12 Oct 2015 - 10:48
Isis39 a écrit:
Ronin a écrit:Pareil, je n'ai été formé qu'au socio-constructivisme : question, que font les formateurs en IUFM/ESPE, à quoi servent-ils ? je précise que ma génération n'a été formé que à cela parce que c'était le choix des formateurs. Toute autre vision de la pédagogie était considérée comme inefficace ou réactionnaire.

C'est cela qui est désolant. On répète ce qu'on a appris. Alors qu'une solide formation pédagogique permettrait de choisir ce qui convient le mieux, voire de combiner et réellement d'inventer sa pédagogie.
Les EPI semblent un moyen pour demander aux collègues de changer : sauf qu'on peut changer et réinventer son enseignement sans forcément passer par l'interdisciplinaire.

D'après ce que j'ai lu de lui, je ne crois pas que Ronin soit un adepte des méthodes "socio-constructivistes". Il me semble donc que c'est un contresens de se référer à son intervention pour illustrer le lieu commun que j'ai mis en gras.
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