- CathEnchanteur
Re: Le programme éducatif du FN selon Florian Philippot - Interview dans Le Point par J.P. Brighelli
Ben moi j'ai l'impression depuis 20 ans que les programmes d'histoire-géo ont pour vocation de vanter l'unité et l'existence de l'Europe (géographique, politique).
Je me souviens de programmes dans lesquels il fallait étudier la géographie physique de l'Europe (comme une entité), reliefs et tout...
Et depuis peu, on a rajouté l'item "développement durable".
Donc dire que l'histoire n'a pas à servie une vision politique, oui, c'est vrai, mais dans les faits, c'est pourtant ce qui se passe.
Je me souviens de programmes dans lesquels il fallait étudier la géographie physique de l'Europe (comme une entité), reliefs et tout...
Et depuis peu, on a rajouté l'item "développement durable".
Donc dire que l'histoire n'a pas à servie une vision politique, oui, c'est vrai, mais dans les faits, c'est pourtant ce qui se passe.
- Isis39Enchanteur
Re: Le programme éducatif du FN selon Florian Philippot - Interview dans Le Point par J.P. Brighelli
Balthazaard a écrit:Isis39 a écrit:Lefteris a écrit:Il est vrai que l'on pourrait préférer "récit" national à "roman". Pour le reste , je ne vois pas trop ce qui ne colle pas.Isis39 a écrit:On peut changer le nom, il reste ça :
C'est une vision de l'histoire nationaliste, au service d'une volonté d'assimilation. L'histoire n'a pas à servir une vision politique. Elle n'a pas vocation à "rendre fier", mais apprendre la réalité de l'histoire. Certains aspects de notre histoire sont positifs, d'autre largement négatifs et l'on n'a pas à les passer sous silence.
J'imagine que parler des traites négrières, des guerres coloniales, du régime de Vichy, etc, n'entrerait pas dans le programme du FN.
De plus l'histoire n'est pas que l'histoire de la construction de la nation, c'est aussi une histoire sociale culturelle. Et l'histoire ne concerne pas seulement la France qui n'est pas restée isolée dans son coin pendant des millénaires.
Malheureusement c'est en partie cette vision qui a gagné cet été dans la réécriture du programme.
J'y vois là une assez forte interprétation des propos cités à la limite (franchie?) du procès d'intention.
Relis le vocabulaire utilisé : "enfants de France des raisons d'être fiers de leur pays", "renoncement et de soumission de notre pays à l'égard d'instances supranationales". Et par ailleurs, j'ai déjà eu l'occasion de lire le FN à ce sujet. Rien de nouveau sous le soleil. Le FN reste d'extrême droite et sa vision de l'histoire aussi.
- Isis39Enchanteur
Re: Le programme éducatif du FN selon Florian Philippot - Interview dans Le Point par J.P. Brighelli
Cath a écrit:Ben moi j'ai l'impression depuis 20 ans que les programmes d'histoire-géo ont pour vocation de vanter l'unité et l'existence de l'Europe (géographique, politique).
Je me souviens de programmes dans lesquels il fallait étudier la géographie physique de l'Europe (comme une entité), reliefs et tout...
Et depuis peu, on a rajouté l'item "développement durable".
Donc dire que l'histoire n'a pas à servie une vision politique, oui, c'est vrai, mais dans les faits, c'est pourtant ce qui se passe.
Cela dépend aussi de l'enseignement de l'enseignant.
- BalthazaardVénérable
Re: Le programme éducatif du FN selon Florian Philippot - Interview dans Le Point par J.P. Brighelli
Isi j'ai toujours eu du mal à discuter avec les professeur d'histoire mais ce n'est pas grave. Il y a un autre post où quelqu'un a passé "la chute" dans une classe de 3eme ou de seconde et s'est aperçu que la majorité des élèves n'avaient jamais entendu parler d'Hitler. Je pense qu'avoir une vision générale, non bornée géographiquement dans l'histoire est sans doute une idée généreuse mais recentrer un peu les choses, si ce n'est au niveau national, du moins au niveau européen ne serait pas une mauvaise idée.
Si on en arrive avec la vision d'aujourd'hui à ne plus savoir qui est Hitler, à quoi bon parler du régime de Vichy? Et bien pire que penser des arguments pour combattre le FN?
Si on en arrive avec la vision d'aujourd'hui à ne plus savoir qui est Hitler, à quoi bon parler du régime de Vichy? Et bien pire que penser des arguments pour combattre le FN?
- Isis39Enchanteur
Re: Le programme éducatif du FN selon Florian Philippot - Interview dans Le Point par J.P. Brighelli
Balthazaard a écrit:Isi j'ai toujours eu du mal à discuter avec les professeur d'histoire mais ce n'est pas grave. Il y a un autre post où quelqu'un a passé "la chute" dans une classe de 3eme ou de seconde et s'est aperçu que la majorité des élèves n'avaient jamais entendu parler d'Hitler. Je pense qu'avoir une vision générale, non bornée géographiquement dans l'histoire est sans doute une idée généreuse mais recentrer un peu les choses, si ce n'est au niveau national, du moins au niveau européen ne serait pas une mauvaise idée.
Si on en arrive avec la vision d'aujourd'hui à ne plus savoir qui est Hitler, à quoi bon parler du régime de Vichy? Et bien pire que penser des arguments pour combattre le FN?
Oui, bien sûr, les profs d'histoire ne le font pas. Les élèves sont dignes de confiance...
- Isis39Enchanteur
Re: Le programme éducatif du FN selon Florian Philippot - Interview dans Le Point par J.P. Brighelli
doublon
- BalthazaardVénérable
Re: Le programme éducatif du FN selon Florian Philippot - Interview dans Le Point par J.P. Brighelli
Isis39 a écrit:Cath a écrit:Ben moi j'ai l'impression depuis 20 ans que les programmes d'histoire-géo ont pour vocation de vanter l'unité et l'existence de l'Europe (géographique, politique).
Je me souviens de programmes dans lesquels il fallait étudier la géographie physique de l'Europe (comme une entité), reliefs et tout...
Et depuis peu, on a rajouté l'item "développement durable".
Donc dire que l'histoire n'a pas à servie une vision politique, oui, c'est vrai, mais dans les faits, c'est pourtant ce qui se passe.
Cela dépend aussi de l'enseignement de l'enseignant.
Quand j'étais élève (72) il y a avait une illustration des régimes de l'est (Karl Marx Strasse à Berlin est...bâtiment gris, peu de voitures, pas d'affiches....le paradis quoi...) fàce aux régimes occidentaux (étudiants rigolards à la terrasse d'un bar de Munich) avec voitures, affiches colorées géantes...etc...ceci mis devant des gamins de 12 ans (nous!) pas de vision politique des manuels..ou des programmes ...non..
- Fesseur ProGuide spirituel
Re: Le programme éducatif du FN selon Florian Philippot - Interview dans Le Point par J.P. Brighelli
N'exagérons rien tout de même !Balthazaard a écrit:Il y a un autre post où quelqu'un a passé "la chute" dans une classe de 3eme ou de seconde et s'est aperçu que la majorité des élèves n'avaient jamais entendu parler d'Hitler.
S'il y a bien un personnage dont les élèves se souviennent de leur année de 3e, c'est bien lui.
_________________
Pourvu que ça dure...
- BalthazaardVénérable
Re: Le programme éducatif du FN selon Florian Philippot - Interview dans Le Point par J.P. Brighelli
Je te renvoie au post , il doit être en actualité...
- Isis39Enchanteur
Re: Le programme éducatif du FN selon Florian Philippot - Interview dans Le Point par J.P. Brighelli
Fesseur Pro a écrit:N'exagérons rien tout de même !Balthazaard a écrit:Il y a un autre post où quelqu'un a passé "la chute" dans une classe de 3eme ou de seconde et s'est aperçu que la majorité des élèves n'avaient jamais entendu parler d'Hitler.
S'il y a bien un personnage dont les élèves se souviennent de leur année de 3e, c'est bien lui.
Mais voyons, les profs d'histoire ne font pas du tout le nazisme et Hitler, c'est bien connu. Et quand les élèves disent ne pas l'avoir fait, il faut bien sûr les croire....
- Fesseur ProGuide spirituel
Re: Le programme éducatif du FN selon Florian Philippot - Interview dans Le Point par J.P. Brighelli
Ca c'était avant.Balthazaard a écrit:Quand j'étais élève (72) il y a avait une illustration des régimes de l'est (Karl Marx Strasse à Berlin est...bâtiment gris, peu de voitures, pas d'affiches....le paradis quoi...) fàce aux régimes occidentaux (étudiants rigolards à la terrasse d'un bar de Munich) avec voitures, affiches colorées géantes...etc...ceci mis devant des gamins de 12 ans (nous!) pas de vision politique des manuels..ou des programmes ...non..
Nous n'en sommes plus là, fais-nous confiance.
_________________
Pourvu que ça dure...
- Fesseur ProGuide spirituel
Re: Le programme éducatif du FN selon Florian Philippot - Interview dans Le Point par J.P. Brighelli
Le lien m'intéresse.Balthazaard a écrit:Je te renvoie au post , il doit être en actualité...
_________________
Pourvu que ça dure...
- titus06Habitué du forum
Re: Le programme éducatif du FN selon Florian Philippot - Interview dans Le Point par J.P. Brighelli
Isis39 a écrit:Lefteris a écrit:Il est vrai que l'on pourrait préférer "récit" national à "roman". Pour le reste , je ne vois pas trop ce qui ne colle pas.Isis39 a écrit:On peut changer le nom, il reste ça :
L'enseignement de l'histoire et de la géographie a pour fonctions de permettre à l'élève de se situer dans le temps et l'espace, de lui rendre concrètes ses appartenances collectives, et même l'âme de la France, et participe grandement à sa formation en tant que citoyen. Or il n'y a de citoyenneté que dans le cadre de la nation. C'est pourquoi il est proprement inacceptable que des pans entiers de notre histoire nationale disparaissent des programmes d'histoire, ce qui est très choquant. Cela en dit long quant au degré de renoncement et de soumission de notre pays à l'égard d'instances supranationales non démocratiques. L'enseignement de l'histoire doit, au contraire, renouer avec le roman national, qui doit y occuper une place centrale. L'une des finalités de l'école est en effet de donner aux enfants de France des raisons d'être fiers de leur pays, et elle doit tout autant remplir une fonction assimilatrice, ce qui exige que tous les jeunes Français puissent se reconnaître dans une histoire commune, de la Gaule romaine à la République en passant par nos rois et l'empire.
C'est une vision de l'histoire nationaliste, au service d'une volonté d'assimilation. L'histoire n'a pas à servir une vision politique. Elle n'a pas vocation à "rendre fier", mais apprendre la réalité de l'histoire. Certains aspects de notre histoire sont positifs, d'autre largement négatifs et l'on n'a pas à les passer sous silence.
J'imagine que parler des traites négrières, des guerres coloniales, du régime de Vichy, etc, n'entrerait pas dans le programme du FN.
De plus l'histoire n'est pas que l'histoire de la construction de la nation, c'est aussi une histoire sociale culturelle. Et l'histoire ne concerne pas seulement la France qui n'est pas restée isolée dans son coin pendant des millénaires.
Malheureusement c'est en partie cette vision qui a gagné cet été dans la réécriture du programme.
Il n'y a pas de différence fondamentale entre le projet d'avril et celui définitif pour l'histoire (mise à part la disparition des thèmes obligatoires et facultatifs et la réintroduction de la 1GM en 3e). Les traites négrières, la colonisation et le régime de Vichy y sont bien inscrits.
Par contre, le projet pour le CM1/CM2 est nettement plus franco-français je l'admets. Mais je pense qu'il est tout à fait normal de traiter en priorité de l'histoire nationale au primaire.
- BalthazaardVénérable
Re: Le programme éducatif du FN selon Florian Philippot - Interview dans Le Point par J.P. Brighelli
Isis39 a écrit:Fesseur Pro a écrit:N'exagérons rien tout de même !Balthazaard a écrit:Il y a un autre post où quelqu'un a passé "la chute" dans une classe de 3eme ou de seconde et s'est aperçu que la majorité des élèves n'avaient jamais entendu parler d'Hitler.
S'il y a bien un personnage dont les élèves se souviennent de leur année de 3e, c'est bien lui.
Mais voyons, les profs d'histoire ne font pas du tout le nazisme et Hitler, c'est bien connu. Et quand les élèves disent ne pas l'avoir fait, il faut bien sûr les croire....
La question n'est pas que je les croie ou pas...j'ai des élèves qui me jurent mordicus ne jamais (dans ma matière) avoir entendu parler de certaines chose alors qu'ils les ont vues l'année précédente avec moi. Mais ils sont sincères et ces choses là ont été lavées de leur esprit. j'accuse nos (les miens) programmes, nos inspecteurs de nous imposer des méthodes de saupoudrages qui font que les notions fondamentales ne sont jamais acquises (et c'est pareil avec mes collègues je ne suis pas l'exception du mauvais prof). Je suis à peu près persuadé qu'il se passe plus ou moins la même chose ailleurs.
je ne retrouve hélas pas le sujet, il était dans les "nouveaux sujets" vers 17h...on poste trop, il est sorti
- LefterisEsprit sacré
Re: Le programme éducatif du FN selon Florian Philippot - Interview dans Le Point par J.P. Brighelli
La volonté d'assimilation est louable, ce n'est pas ça qu'on peut reprocher. Le mot "fier" est déplacé, comme "honteux" d'ailleurs : on hérite d'un passé, on revendique certains héritages, et il faut en tout cas que tout le monde se sente héritier du même passé. On a toujours parlé des traites négrières que je sache, et je ne pense pas que ça disparaîtrait. Tout au plus ne verrait on pas des manuels qui y consacrent, comme je l'ai vu, 4 pages, et dans lesquels on cherche un encadré pour trouver une fois le nom de Montesquieu. Il est vrai que les manuels ne sont pas les programmes, mais quand même, l'ado qui a ça dans les mains, eh bien pour lui, le XVIIIè , c'est avant tout la traite négrière. Et jamais les programmes n'ont évacué, ni ne le peuvent, les relations de notre culture avec ce qui l'a précédé, à commencer par la pensée grecque et Rome(mais ça, justement, ça va disparaître peu à peu, déjà je vois les 5è en latin, ils ne savent pas grand -chose sur l'Antiquité), et on ne peut parler des nombreux conflits qu'en mettant en perspective ce qui se passait justement dans ces pays, et fournir une réflexion sur les mécanismes qui ont fait en arriver là.Isis39 a écrit:Lefteris a écrit:Il est vrai que l'on pourrait préférer "récit" national à "roman". Pour le reste , je ne vois pas trop ce qui ne colle pas.Isis39 a écrit:On peut changer le nom, il reste ça :
L'enseignement de l'histoire et de la géographie a pour fonctions de permettre à l'élève de se situer dans le temps et l'espace, de lui rendre concrètes ses appartenances collectives, et même l'âme de la France, et participe grandement à sa formation en tant que citoyen. Or il n'y a de citoyenneté que dans le cadre de la nation. C'est pourquoi il est proprement inacceptable que des pans entiers de notre histoire nationale disparaissent des programmes d'histoire, ce qui est très choquant. Cela en dit long quant au degré de renoncement et de soumission de notre pays à l'égard d'instances supranationales non démocratiques. L'enseignement de l'histoire doit, au contraire, renouer avec le roman national, qui doit y occuper une place centrale. L'une des finalités de l'école est en effet de donner aux enfants de France des raisons d'être fiers de leur pays, et elle doit tout autant remplir une fonction assimilatrice, ce qui exige que tous les jeunes Français puissent se reconnaître dans une histoire commune, de la Gaule romaine à la République en passant par nos rois et l'empire.
C'est une vision de l'histoire nationaliste, au service d'une volonté d'assimilation. L'histoire n'a pas à servir une vision politique. Elle n'a pas vocation à "rendre fier", mais apprendre la réalité de l'histoire. Certains aspects de notre histoire sont positifs, d'autre largement négatifs et l'on n'a pas à les passer sous silence.
J'imagine que parler des traites négrières, des guerres coloniales, du régime de Vichy, etc, n'entrerait pas dans le programme du FN.
De plus l'histoire n'est pas que l'histoire de la construction de la nation, c'est aussi une histoire sociale culturelle. Et l'histoire ne concerne pas seulement la France qui n'est pas restée isolée dans son coin pendant des millénaires.
Malheureusement c'est en partie cette vision qui a gagné cet été dans la réécriture du programme.
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"La réforme [...] c'est un ensemble de décrets qui s'emboîtent les uns dans les autres, qui ne prennent leur sens que quand on les voit tous ensemble"(F. Robine , expliquant sans fard la stratégie du puzzle)
Gallica Musa mihi est, fateor, quod nupta marito. Pro domina colitur Musa latina mihi.
Δεν ελπίζω τίποτα, δεν φοβούμαι τίποτα, είμαι λεύτερος (Kazantzakis).
- BalthazaardVénérable
Re: Le programme éducatif du FN selon Florian Philippot - Interview dans Le Point par J.P. Brighelli
Encore une fois sur la même longueur d'onde (Ah non! sur les ondes je suis tout à fait en désaccord...autre sujet)
- User17706Bon génie
Re: Le programme éducatif du FN selon Florian Philippot - Interview dans Le Point par J.P. Brighelli
Ah ben en ce qui me concerne, je dois dire que je ne modifie pas mon enseignement dans le but de donner à mes élèves des « raisons d'être fiers de leur pays » ─ et n'ai aucune intention de le faire, leur rapport sentimental à la nation étant leur affaire et non la mienne. Présenter cela comme l'une des finalités de l'école me paraît incongru. Pour ce qui est des diverses « appartenances », j'avoue que je cherche à les analyser (aussi objectivement que possible et, donc, entre autres pour souligner leur contingence ─ je suis navré si ça chagrine quiconque mais c'est malheureusement une vérité, donc quelque chose d'inévitable) plutôt que de chercher à les renforcer, ou à en renforcer certaines sélectivement.
Comme plusieurs l'ont déjà souligné, ce passage soulignerait plutôt, sur ce point du moins, la continuité totale entre le programme de Philippot et ce qui se fait, ou se programme, trop souvent aujourd'hui : de l'édification, du prêchi-prêcha, bref, une fois de plus, les indiscrétions de l'« éducation morale » et de la direction de conscience, plutôt que la simple instruction. Il me semble qu'il est, à un certain degré, incohérent d'applaudir à cela et de déplorer l'EMC ─ ou alors ça indique seulement qu'on a, à mes yeux du moins, les plus mauvaises raisons possibles de déplorer l'EMC.
(Et je n'insiste pas sur les questions d'efficacité : un prêche n'a pas toujours l'effet souhaité.)
Comme plusieurs l'ont déjà souligné, ce passage soulignerait plutôt, sur ce point du moins, la continuité totale entre le programme de Philippot et ce qui se fait, ou se programme, trop souvent aujourd'hui : de l'édification, du prêchi-prêcha, bref, une fois de plus, les indiscrétions de l'« éducation morale » et de la direction de conscience, plutôt que la simple instruction. Il me semble qu'il est, à un certain degré, incohérent d'applaudir à cela et de déplorer l'EMC ─ ou alors ça indique seulement qu'on a, à mes yeux du moins, les plus mauvaises raisons possibles de déplorer l'EMC.
(Et je n'insiste pas sur les questions d'efficacité : un prêche n'a pas toujours l'effet souhaité.)
- Isis39Enchanteur
Re: Le programme éducatif du FN selon Florian Philippot - Interview dans Le Point par J.P. Brighelli
PauvreYorick a écrit:Ah ben en ce qui me concerne, je dois dire que je ne modifie pas mon enseignement dans le but de donner à mes élèves des « raisons d'être fiers de leur pays » ─ et n'ai aucune intention de le faire, leur rapport sentimental à la nation étant leur affaire et non la mienne. Présenter cela comme l'une des finalités de l'école me paraît incongru. Pour ce qui est des diverses « appartenances », j'avoue que je cherche à les analyser (aussi objectivement que possible et, donc, entre autres pour souligner leur contingence ─ je suis navré si ça chagrine quiconque mais c'est malheureusement une vérité, donc quelque chose d'inévitable) plutôt que de chercher à les renforcer, ou à en renforcer certaines sélectivement.
Comme plusieurs l'ont déjà souligné, ce passage soulignerait plutôt, sur ce point du moins, la continuité totale entre le programme de Philippot et ce qui se fait, ou se programme, trop souvent aujourd'hui : de l'édification, du prêchi-prêcha, bref, une fois de plus, les indiscrétions de l'« éducation morale » et de la direction de conscience, plutôt que la simple instruction. Il me semble qu'il est, à un certain degré, incohérent d'applaudir à cela et de déplorer l'EMC ─ ou alors ça indique seulement qu'on a, à mes yeux du moins, les plus mauvaises raisons possibles de déplorer l'EMC.
(Et je n'insiste pas sur les questions d'efficacité : un prêche n'a pas toujours l'effet souhaité.)
Merci.
- IphigénieProphète
Re: Le programme éducatif du FN selon Florian Philippot - Interview dans Le Point par J.P. Brighelli
Merci Leftéris.Lefteris a écrit:La volonté d'assimilation est louable, ce n'est pas ça qu'on peut reprocher. Le mot "fier" est déplacé, comme "honteux" d'ailleurs : on hérite d'un passé, on revendique certains héritages, et faut en tout cas que tout le monde se sente héritier du même passé. On a toujours parlés des traites négrières que je sache, et je ne pense pas que ça disparaîtrait. Tout au plus ne verrait on pas des manuels qui y consacrent, comme je l'ai vu, 4 pages, et dans lesquels on cherche un encadré pour trouver une fois le nom de Montesquieu. Il est vrai que les manuels ne sont pas les programmes, mais quand même, l'ado qui a ça dans les mains, eh bien pour lui, le XVIIIè , c'est avant tout la traite négrière. Et jamais les programmes n'ont évacué, ni ne le peuvent, les relations de notre culture avec ce qui l'a précédé, à commencer par la pensée grecque et Rome(mais ça, justement, ça va disparaître peu à peu, déjà je vois les 5è en latin, ils ne savent pas grand -chose sur l'Antiquité), et on ne peut parler des nombreux conflits qu'en mettant en perspective ce qui se passait justement dans ces pays, et fournir une réflexion sur les mécanismes qui ont fait en arriver là.Isis39 a écrit:Lefteris a écrit:Il est vrai que l'on pourrait préférer "récit" national à "roman". Pour le reste , je ne vois pas trop ce qui ne colle pas.Isis39 a écrit:On peut changer le nom, il reste ça :
C'est une vision de l'histoire nationaliste, au service d'une volonté d'assimilation. L'histoire n'a pas à servir une vision politique. Elle n'a pas vocation à "rendre fier", mais apprendre la réalité de l'histoire. Certains aspects de notre histoire sont positifs, d'autre largement négatifs et l'on n'a pas à les passer sous silence.
J'imagine que parler des traites négrières, des guerres coloniales, du régime de Vichy, etc, n'entrerait pas dans le programme du FN.
De plus l'histoire n'est pas que l'histoire de la construction de la nation, c'est aussi une histoire sociale culturelle. Et l'histoire ne concerne pas seulement la France qui n'est pas restée isolée dans son coin pendant des millénaires.
Malheureusement c'est en partie cette vision qui a gagné cet été dans la réécriture du programme.
Mes premières n'ont jamais entendu parlé de Montaigne, Rabelais, Montesquieu et Camus (ce que j'ai découvert pour l'instant: je veux dire par là qu'ils n'ont jamais entendu ces noms.): il y a bien quelque chose qui ne va plus dans la transmission. Après on peut philosopher.
- OsmieSage
Re: Le programme éducatif du FN selon Florian Philippot - Interview dans Le Point par J.P. Brighelli
Tes premières sont comme moi en première il y a vingt ans ; j'ai dû tout découvrir par moi-même, par des livres qui en appelaient d'autres, par des discussions, etc.
En 2e année de lettres, le XVIe siècle était au programme : nous n'avons jamais abordé Montaigne, Erasme, More, Rabelais, jamais. Cela fait un bail qu'il existe un problème dans la transmission.
En 2e année de lettres, le XVIe siècle était au programme : nous n'avons jamais abordé Montaigne, Erasme, More, Rabelais, jamais. Cela fait un bail qu'il existe un problème dans la transmission.
- El-vacatorNiveau 7
Re: Le programme éducatif du FN selon Florian Philippot - Interview dans Le Point par J.P. Brighelli
Le sujet m'intéresse. Contrairement à mon habitude, voici un long message (ce qui fait qu'au moment de le publier, je n'ai pas encore lu la suite du fil). J'essaie de développer un point de vue simple (pas simpliste, j'espère) sans oublier un peu de réflexion (sans prétendre atteindre des hauteurs hymalayesques). Les conditions de rédaction n'étant pas optimales (si les collègues de la salle des profs savaient ce que je fais en ce moment...), j'espère que l'orthographe ne sera pas défaillante.
Philippot est un aventurier (il y en a eu d'autres). Il a "importé" une grande partie du "logiciel" (pour employer un mot à la mode) chevènementiste à l'intérieur d'un parti qui est historiquement aux antipodes d'une conception étatiste (l'ultra-libéralisme d'un Jean-Marie le Pen et de ses affiliés est connu) et jacobine, cette dernière étant héritière dans l'esprit des thuriféraires du "menhir" de l'infâme Révolution française et pis encore, de celle de Robespierre. Dans le même ordre d'idées, ce parti est à l'origine foncièrement anti-laïc. Le tout est de savoir si le changement est cosmétique, c'est-à-dire porté par un seul homme, Philippot, ou s'il correspond à une mutation en profondeur de la cible électorale du F.N (une raison n'excluant pas l'autre).
D'une part, on observe un recentrage du discours frontiste porté par les nouveaux cadres mais aussi par les mutations de la société. Les cibles changent : si je reste persuadé qu'une bonne partie de la vieille garde est toujours foncièrement antisémite, un tel discours n'apparaît plus en public. Pas pour des raisons morales, mais politiques : la cible a changé. MLP ne ferait pas entre 20 & 30% en tapant sur la "finance juive". En revanche, en tapant sur les arabes (rebaptisés, si j'ose dire, "musulmans", ce qui permet d'embarquer la laïcité dans l'affaire), elle "fait du score". Il y a presque cent ans, l'extrême-droite visait une "élite juive" qui était accusée de voler le peuple ; aujourd'hui on observe un renversement au sein duquel c'est la "masse musulmane" qui est accusée des mêmes maux, cette fois en "pompant" les "allocations sociales", etc.)
D'autre part, il est évident que la fracture entre "souverainistes" et "libéraux" se révèle plus clairement de nos jours, même si elle court depuis le vote du traité de Maastricht (49% contre), plus récemment avec le référendum de 2005, foulé aux pieds deux ou trois ans plus tard. Fabius avait bien senti venir l'affaire, et avait tenté de capter une partie du flux électoral des opposants (on l'oublie un peu vite). Il n'a pas réussi, question de crédibilité. Cette fracture court principalement dans les deux grands partis, d'où le succès de l'appellation "UMPS" ou maintenant "LRPS" (ils le font exprès ou quoi ? ^^)
Dans ce contexte, la geste de Philippot s'explique assez facilement : il y avait une place à prendre, rendue possible par les circonstances, en profondeur et en surface (changement de direction) et... il l'a prise. Philippot importe par conséquent les discours et outillages mentaux souverainistes, chevènementistes ; au sein d'un parti en pleine mutation qui est plus à même de les accepter ou de les tolérer. Ses compétences propres (il est énarque) manquaient cruellement à ce parti - il en devient par conséquent le numéro 2 en bute à une hostilité discrète mais certaine. Pas seulement de la part des vieux de la vieille : par exemple, Marion Maréchal le Pen, qui colle plus avec la vision "historique" d'un FN traditionnel, l'abhorre - ce n'est pas pour rien que le parti lui délègue la bataille dans le sud-est.
D'après Jean-Marc Lech, co-fondateur d'Ipsos (je cite de mémoire, j'essaierai de retrouver la source), le discours chevènementiste, à gauche, est stable sur la longue durée : il capte 10% de l'électorat avec des fluctuations mineures. Mais ce qu'a vu Philippot, à mon sens, c'est que cette stabilité électorale serait en partie remise en cause par la retraite du "lion de Belfort", ce en quoi il a eu raison. Le chevènementisme se désagrège sans Chevènement (Lapalissade, je le sais), et il n'y avait plus que lui à gauche pour porter efficacement ce type de discours. Par contrecoup, cela laisse la gauche bien seule sur les questions de Nation, de République, de souveraineté, etc. Il serait très intéressant d'étudier en détail le report des votes (les fameux 10% de Jean-Marc Lech) du MRC vers le FN, ou, plus pudiquement, vers le rassemblement Bleu-Marine (structure habilement créée dans ce but, me semble-t-il). Il serait encore plus intéressant d'étudier le lien que cela induit avec le développement du "Collectif Racine", lequel, selon moi, n'aurait pas vu le jour sans cette captation - ou pas de la même manière.
Dans ce contexte, le discours qu'il vient de servir à Brighelli, s'il séduit une grande partie d'entre nous (pas totalement, mais dans ses grandes lignes, comme on peut le constater dans le fil) n'a rien d'étonnant : c'est la transcription, avec des adaptations cosmétiques, du discours de Chevènement. Et il risque bien de séduire au-delà, car c'est ce qu'une partie de l'électorat attend. Les propositions sont claires, simples, parfois de bon sens ; quand de l'autre côté on "numérise l'interaction de la bienveillance dans un cadre global de refondation du contenu didactique qui permettra de gommer l'échec intolérable dû aux élites provinciales de l'entre-soi latiniste grâce à des dictées sous Twitter" (oui je caricature mais ce post est trop sérieux ^^).
Notez bien que les propositions perçues comme rétrogrades pour la majorité d'entre nous (l'apprentissage à 14 ans) ne sont pas forcément perçues de la même manière par une grande partie de la population, surtout en contexte de chômage de masse. La critique sur le collège unique ne mange pas de pain, dans le même esprit. Même si l'on y est très attaché, comme moi, on aura beau jeu de dénoncer cette proposition comme fasciste parce qu'émanant du FN : Philippot pourra invoquer les systèmes germaniques et anglo-saxons (écoles à filières ou polyvalentes qui possèdent chacune un secondaire "inférieur" et "supérieur") pour parer l'attaque. Les âneries sur le roman national et la fonction de l'histoire ne sont perçues comme telles que par les professeurs (et encore, pas tous). Rappel : on compte (en 2007) environ 40 000 profs d'HG dans le secondaire (source : http://cache.media.education.gouv.fr/file/93/5/20935.pdf) et le tirage mensuel de tout magasine d'histoire (du meilleur au pire) est environ de 600 000 en 1996 (Prost, Douze leçons sur l'histoire, Seuil, Points, édition 2010, page 15). C'est bien, en partie, parce que le "roman national" fascine que de tels chiffres existent (ou ont existé). Pour ma part, je n'ai rien contre le récit national, en revanche, tant qu'il est rigoureux - mais là n'est pas le propos.
Enfin, notons que "la touche Philippot", anti-libérale, se donne à voir dans la réponse, claire et nette, qu'il donne à Brighelli :
En interne, cela fera grincer quelques dents. En externe, c'est le jackpot assuré. L'homme est habile, il esquive quand il le faut, attaque où il le faut, place ses pions patiemment. S'il chute, cela sera certainement de l'intérieur (on entend de plus en plus de cadres du FN, sur les ondes, assurer que leur parti n'est pas "génétiquement gaulliste", indication de la tension que Philippot génère). C'est cette habileté qui fait écrire, dans les colonnes du Figaro (je mets en gras) :
Source : http://www.lefigaro.fr/politique/2015/09/30/01002-20150930ARTFIG00229-jean-paul-brighelli-adhere-a-80-au-programme-du-fn-sur-l-ecole.php
Reste à savoir quel est le "vrai" FN. Je ne pense pas, à titre personnel, que Philippot le représente - c'est un aventurier qui tente sa chance. Au vu de la disparité sociologique de l'électorat du FN, en cas de prise de pouvoir, demandons-nous quel public il satisfera en premier : les friqués de la côte d'Azur ou les pauvres du Nord. J'ai bien une idée...
Philippot est un aventurier (il y en a eu d'autres). Il a "importé" une grande partie du "logiciel" (pour employer un mot à la mode) chevènementiste à l'intérieur d'un parti qui est historiquement aux antipodes d'une conception étatiste (l'ultra-libéralisme d'un Jean-Marie le Pen et de ses affiliés est connu) et jacobine, cette dernière étant héritière dans l'esprit des thuriféraires du "menhir" de l'infâme Révolution française et pis encore, de celle de Robespierre. Dans le même ordre d'idées, ce parti est à l'origine foncièrement anti-laïc. Le tout est de savoir si le changement est cosmétique, c'est-à-dire porté par un seul homme, Philippot, ou s'il correspond à une mutation en profondeur de la cible électorale du F.N (une raison n'excluant pas l'autre).
D'une part, on observe un recentrage du discours frontiste porté par les nouveaux cadres mais aussi par les mutations de la société. Les cibles changent : si je reste persuadé qu'une bonne partie de la vieille garde est toujours foncièrement antisémite, un tel discours n'apparaît plus en public. Pas pour des raisons morales, mais politiques : la cible a changé. MLP ne ferait pas entre 20 & 30% en tapant sur la "finance juive". En revanche, en tapant sur les arabes (rebaptisés, si j'ose dire, "musulmans", ce qui permet d'embarquer la laïcité dans l'affaire), elle "fait du score". Il y a presque cent ans, l'extrême-droite visait une "élite juive" qui était accusée de voler le peuple ; aujourd'hui on observe un renversement au sein duquel c'est la "masse musulmane" qui est accusée des mêmes maux, cette fois en "pompant" les "allocations sociales", etc.)
D'autre part, il est évident que la fracture entre "souverainistes" et "libéraux" se révèle plus clairement de nos jours, même si elle court depuis le vote du traité de Maastricht (49% contre), plus récemment avec le référendum de 2005, foulé aux pieds deux ou trois ans plus tard. Fabius avait bien senti venir l'affaire, et avait tenté de capter une partie du flux électoral des opposants (on l'oublie un peu vite). Il n'a pas réussi, question de crédibilité. Cette fracture court principalement dans les deux grands partis, d'où le succès de l'appellation "UMPS" ou maintenant "LRPS" (ils le font exprès ou quoi ? ^^)
Dans ce contexte, la geste de Philippot s'explique assez facilement : il y avait une place à prendre, rendue possible par les circonstances, en profondeur et en surface (changement de direction) et... il l'a prise. Philippot importe par conséquent les discours et outillages mentaux souverainistes, chevènementistes ; au sein d'un parti en pleine mutation qui est plus à même de les accepter ou de les tolérer. Ses compétences propres (il est énarque) manquaient cruellement à ce parti - il en devient par conséquent le numéro 2 en bute à une hostilité discrète mais certaine. Pas seulement de la part des vieux de la vieille : par exemple, Marion Maréchal le Pen, qui colle plus avec la vision "historique" d'un FN traditionnel, l'abhorre - ce n'est pas pour rien que le parti lui délègue la bataille dans le sud-est.
D'après Jean-Marc Lech, co-fondateur d'Ipsos (je cite de mémoire, j'essaierai de retrouver la source), le discours chevènementiste, à gauche, est stable sur la longue durée : il capte 10% de l'électorat avec des fluctuations mineures. Mais ce qu'a vu Philippot, à mon sens, c'est que cette stabilité électorale serait en partie remise en cause par la retraite du "lion de Belfort", ce en quoi il a eu raison. Le chevènementisme se désagrège sans Chevènement (Lapalissade, je le sais), et il n'y avait plus que lui à gauche pour porter efficacement ce type de discours. Par contrecoup, cela laisse la gauche bien seule sur les questions de Nation, de République, de souveraineté, etc. Il serait très intéressant d'étudier en détail le report des votes (les fameux 10% de Jean-Marc Lech) du MRC vers le FN, ou, plus pudiquement, vers le rassemblement Bleu-Marine (structure habilement créée dans ce but, me semble-t-il). Il serait encore plus intéressant d'étudier le lien que cela induit avec le développement du "Collectif Racine", lequel, selon moi, n'aurait pas vu le jour sans cette captation - ou pas de la même manière.
Dans ce contexte, le discours qu'il vient de servir à Brighelli, s'il séduit une grande partie d'entre nous (pas totalement, mais dans ses grandes lignes, comme on peut le constater dans le fil) n'a rien d'étonnant : c'est la transcription, avec des adaptations cosmétiques, du discours de Chevènement. Et il risque bien de séduire au-delà, car c'est ce qu'une partie de l'électorat attend. Les propositions sont claires, simples, parfois de bon sens ; quand de l'autre côté on "numérise l'interaction de la bienveillance dans un cadre global de refondation du contenu didactique qui permettra de gommer l'échec intolérable dû aux élites provinciales de l'entre-soi latiniste grâce à des dictées sous Twitter" (oui je caricature mais ce post est trop sérieux ^^).
Notez bien que les propositions perçues comme rétrogrades pour la majorité d'entre nous (l'apprentissage à 14 ans) ne sont pas forcément perçues de la même manière par une grande partie de la population, surtout en contexte de chômage de masse. La critique sur le collège unique ne mange pas de pain, dans le même esprit. Même si l'on y est très attaché, comme moi, on aura beau jeu de dénoncer cette proposition comme fasciste parce qu'émanant du FN : Philippot pourra invoquer les systèmes germaniques et anglo-saxons (écoles à filières ou polyvalentes qui possèdent chacune un secondaire "inférieur" et "supérieur") pour parer l'attaque. Les âneries sur le roman national et la fonction de l'histoire ne sont perçues comme telles que par les professeurs (et encore, pas tous). Rappel : on compte (en 2007) environ 40 000 profs d'HG dans le secondaire (source : http://cache.media.education.gouv.fr/file/93/5/20935.pdf) et le tirage mensuel de tout magasine d'histoire (du meilleur au pire) est environ de 600 000 en 1996 (Prost, Douze leçons sur l'histoire, Seuil, Points, édition 2010, page 15). C'est bien, en partie, parce que le "roman national" fascine que de tels chiffres existent (ou ont existé). Pour ma part, je n'ai rien contre le récit national, en revanche, tant qu'il est rigoureux - mais là n'est pas le propos.
Enfin, notons que "la touche Philippot", anti-libérale, se donne à voir dans la réponse, claire et nette, qu'il donne à Brighelli :
Brighelli a écrit:Le FN a longtemps été favorable au chèque-éducation. Qu'en est-il aujourd'hui ?
Le Front national a depuis longtemps abandonné le projet du "chèque-éducation". Dans l'esprit de responsabilité de gouvernement qui l'anime, c'est au grand plan national de redressement de l'école et de l'université françaises qu'il travaille.
En interne, cela fera grincer quelques dents. En externe, c'est le jackpot assuré. L'homme est habile, il esquive quand il le faut, attaque où il le faut, place ses pions patiemment. S'il chute, cela sera certainement de l'intérieur (on entend de plus en plus de cadres du FN, sur les ondes, assurer que leur parti n'est pas "génétiquement gaulliste", indication de la tension que Philippot génère). C'est cette habileté qui fait écrire, dans les colonnes du Figaro (je mets en gras) :
Brighelli a écrit:«Les réponses sont très circonstanciées. On sent quelqu'un qui a une formation républicaine et gaulliste assez étendue. Je pense qu'il a fait évoluer les idées du Front en matière d'éducation de façon remarquable», estime Brighelli, en insistant sur le fait que cet entretien ne signifie «aucunement un rapprochement ou une allégeance» entre Debout La France et le Front national.
Source : http://www.lefigaro.fr/politique/2015/09/30/01002-20150930ARTFIG00229-jean-paul-brighelli-adhere-a-80-au-programme-du-fn-sur-l-ecole.php
Reste à savoir quel est le "vrai" FN. Je ne pense pas, à titre personnel, que Philippot le représente - c'est un aventurier qui tente sa chance. Au vu de la disparité sociologique de l'électorat du FN, en cas de prise de pouvoir, demandons-nous quel public il satisfera en premier : les friqués de la côte d'Azur ou les pauvres du Nord. J'ai bien une idée...
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Victoriae mundis et mundis lacrima
- Albert JarlHabitué du forum
Re: Le programme éducatif du FN selon Florian Philippot - Interview dans Le Point par J.P. Brighelli
La société se "droitise" et le FN se "gauchise". Chacun faisant un pas vers l'autre. A quand la lune de miel ?
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Si vis pacem, para bellum
- Marcel KhrouchtchevEnchanteur
Re: Le programme éducatif du FN selon Florian Philippot - Interview dans Le Point par J.P. Brighelli
Merci El-vacator pour ton analyse, elle est très intéressante!
- InvitéInvité
Re: Le programme éducatif du FN selon Florian Philippot - Interview dans Le Point par J.P. Brighelli
Marcel Khrouchtchev a écrit:Merci El-vacator pour ton analyse, elle est très intéressante!
+1
- TristanaVénérable
Re: Le programme éducatif du FN selon Florian Philippot - Interview dans Le Point par J.P. Brighelli
PauvreYorick a écrit:Ah ben en ce qui me concerne, je dois dire que je ne modifie pas mon enseignement dans le but de donner à mes élèves des « raisons d'être fiers de leur pays » ─ et n'ai aucune intention de le faire, leur rapport sentimental à la nation étant leur affaire et non la mienne. Présenter cela comme l'une des finalités de l'école me paraît incongru. Pour ce qui est des diverses « appartenances », j'avoue que je cherche à les analyser (aussi objectivement que possible et, donc, entre autres pour souligner leur contingence ─ je suis navré si ça chagrine quiconque mais c'est malheureusement une vérité, donc quelque chose d'inévitable) plutôt que de chercher à les renforcer, ou à en renforcer certaines sélectivement.
Comme plusieurs l'ont déjà souligné, ce passage soulignerait plutôt, sur ce point du moins, la continuité totale entre le programme de Philippot et ce qui se fait, ou se programme, trop souvent aujourd'hui : de l'édification, du prêchi-prêcha, bref, une fois de plus, les indiscrétions de l'« éducation morale » et de la direction de conscience, plutôt que la simple instruction. Il me semble qu'il est, à un certain degré, incohérent d'applaudir à cela et de déplorer l'EMC ─ ou alors ça indique seulement qu'on a, à mes yeux du moins, les plus mauvaises raisons possibles de déplorer l'EMC.
(Et je n'insiste pas sur les questions d'efficacité : un prêche n'a pas toujours l'effet souhaité.)
Je souscris à cela et rajoute qu'il est dommage qu'on puisse lire que le FN n'oserait pas effacer certains thèmes des programmes d'histoire. On se souvient quand même de Sarkozy qui a failli mettre en place une partie du programme sur "les effets positifs de la colonisation"...
Je crois au contraire que l'enseignement de l'histoire est un des leviers essentiels dont se servirait très certainement le FN pour diffuser une forme de propagande que je crois être très dangereuse, et je trouve heureux que les profs d'histoire soient gênés en lisant ce genre de propos.
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« C’est tout de même épatant, et pour le moins moderne, un dominant qui vient chialer que le dominé n’y met pas assez du sien. »
Virginie Despentes
- Isis39Enchanteur
Re: Le programme éducatif du FN selon Florian Philippot - Interview dans Le Point par J.P. Brighelli
Tristana a écrit:PauvreYorick a écrit:Ah ben en ce qui me concerne, je dois dire que je ne modifie pas mon enseignement dans le but de donner à mes élèves des « raisons d'être fiers de leur pays » ─ et n'ai aucune intention de le faire, leur rapport sentimental à la nation étant leur affaire et non la mienne. Présenter cela comme l'une des finalités de l'école me paraît incongru. Pour ce qui est des diverses « appartenances », j'avoue que je cherche à les analyser (aussi objectivement que possible et, donc, entre autres pour souligner leur contingence ─ je suis navré si ça chagrine quiconque mais c'est malheureusement une vérité, donc quelque chose d'inévitable) plutôt que de chercher à les renforcer, ou à en renforcer certaines sélectivement.
Comme plusieurs l'ont déjà souligné, ce passage soulignerait plutôt, sur ce point du moins, la continuité totale entre le programme de Philippot et ce qui se fait, ou se programme, trop souvent aujourd'hui : de l'édification, du prêchi-prêcha, bref, une fois de plus, les indiscrétions de l'« éducation morale » et de la direction de conscience, plutôt que la simple instruction. Il me semble qu'il est, à un certain degré, incohérent d'applaudir à cela et de déplorer l'EMC ─ ou alors ça indique seulement qu'on a, à mes yeux du moins, les plus mauvaises raisons possibles de déplorer l'EMC.
(Et je n'insiste pas sur les questions d'efficacité : un prêche n'a pas toujours l'effet souhaité.)
Je souscris à cela et rajoute qu'il est dommage qu'on puisse lire que le FN n'oserait pas effacer certains thèmes des programmes d'histoire. On se souvient quand même de Sarkozy qui a failli mettre en place une partie du programme sur "les effets positifs de la colonisation"...
Je crois au contraire que l'enseignement de l'histoire est un des leviers essentiels dont se servirait très certainement le FN pour diffuser une forme de propagande que je crois être très dangereuse, et je trouve heureux que les profs d'histoire soient gênés en lisant ce genre de propos.
Merci beaucoup. J'éprouve un certain effroi en lisant certains collègues qui ne comprennent pas les enjeux de l'enseignement de l'histoire et sa vision par le FN (et ses sous-entendus).
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