Avenir latin grec : dernières nouvelles !

Dans un des établissements où j'enseigne, on vient de mettre en concurrence avec le latin une nouvelle option : l'option "plein air"

Du peu que j'en ai compris, les élèves durant ces heures vont sortir du collège, un jour pour se balader au bord d'un lac, une autre pour faire de l'escalade, une course d'orientation, une petite rando ou un peu de spéléo ... Du coup, en découvrant ça, un grand nombre de latinistes est tenté d'arrêter l'option pour aller jouer. Je comprends que ce soit tentant. Déjà que j'ai en concurrence dans un autre établissement l'option ski et l'occitan (leur langue maternelle, et option ludique où, selon leurs mots : on chante on danse et on fait des goûter), que les élèves n'ont plus le droit de cumuler les options (et pourtant nombreux sont ceux qui aimeraient faire les deux) ... Donc, si en plus de l'option "je glande en étude ou je reste au lit", on tente les plus vaillants en leur demandant de choisir entre des heures de sortie et de rigolade entre amis, et le fait de plancher sur des déclinaisons et des textes latins, je comprends qu'à cet âge on ne balance pas longtemps.
J'appréhende de découvrir la semaine prochaine l'importance de l'hémorragie.

:| Mais ils le font exprès ? (je parle des collègues ou de la direction, bien sûr)

J'ai du mal à imaginer comment on peut aller voir un chef d'établissement et lui dire : "cette nuit, j'ai eu l'idée d'emmener les élèves en balade et faire des jeux sportifs. On pourrait inventer une option et mettre ça sur les mêmes heures que celles qui existent ?"
Pourtant, si je voulais proposer une option jeux vidéos et jeux de société, on ne passerait pas et on me rirait au nez. Je caricature bien sûr, j'imagine qu'il a dû ficeler des objectifs pédagogiques et des compétences à valider.
Mais j'ignore comment un tel projet d'option venant de nulle part a pu être conçu de façon locale et tomber du ciel comme ça.

Mais cela ne peut pas être une option : la liste des options est définie dans les textes. La nouveauté, cette année, c'est l'octroi de la dénomination d'option pour la chorale seulement, pas pour n'importe quelle activité proposée dans l'établissement.
Ce dont tu parles relève de l'atelier, non de l'option ! C'est n'importe quoi.
En plus, au niveau du finacement de ces heures de sorties jeux, ça se passe comment ? C'est dans le service des collègues en question ? Je serais curieuse de voir l'intitulé du bouzin sur leur VS, tiens. Car on ne va pas prétendre non plus que c'est du face à face pédagogique rémunéré en HSE, si ?

Y a-t-il un canadien dans l'équipe ?

https://vimeo.com/200376432

J'ignore qui est derrière encore, je pense un prof de sport ou de SVT. Comme c'est un établissement où je passe que deux demi-journées, je en connais pas encore les collègues et j'ai juste eu le temps d'apprendre la bonne nouvelle vendredi avant de partir. J'ai vu la chef pour lui demander s'il n'était pas possible de mettre cette activité à un autre moment, elle m'a dit qu'elle avait fait ce qu'elle pouvait mais que ça ne pouvait pas être autrement. Et il me semble que, comme les élèves qui m'en ont parlé, elle a aussi employé l'expression d'option plein air.
Je vais essayer de poser des questions plus précises cette semaine sur la dénomination exacte du machin, mais je ne me vois pas trop poser la question de la paie du collègue.
Après, si c'est un atelier, il n'empêche que c'est validé et mis sur le même créneau horaire que les options. J'ai l'impression de devoir me battre chaque année contre des choses supplémentaires, c'est épuisant.

Les élèves entrant en seconde sont atterrés d'apprendre la nouvelle (plus de prise en compte des options au baccalauréat ou presque).

Les parents des élèves latinistes ou hellénistes concernés par la "réforme" (en seconde ou au collège), qui ont commencé une option et se voient donc privés - en l'état actuel - de sa prise en compte dans le futur baccalauréat seraient fondés à écrire à leur député pour demander des explications. Et les élèves eux-mêmes d'ailleurs, pour les plus âgés futurs électeurs lors des prochaines législatives. Il faut demander que le latin ou le grec ancien soient à tout le moins pris en compte dans les épreuves communes du cycle de terminale et si possible à titre de bonus.

http://www2.assemblee-nationale.fr/recherche-localisee/formulaire

Lors de la première version de collège 2016 (suppression totale des options), les remontées auprès des députés avaient été assez efficaces. Le ministère avait fait volte-face au bout de deux semaines. Pour l'instant, le ministère surfe sur l'ignorance du public.

Petite simulation chiffrée à diffuser auprès des parents de seconde en ce début d'année : c'est encore pire que ce que je pensais. Certains chiffres valent parfois mieux que de grands discours.

"Langues anciennes : et s'il n'en reste qu'un millième..."

Merci Loys, c'est court, c'est clair ; est-ce que cela va enfin alerter ?...
Sur un autre fil, on parle d'une possibilité de limiter les options à UN lycée par bassin : en avez-vous entendu parler ?

Eheu ! Ça pique.

Grève de la faim ? Suicide ?
J'avoue sans rire que ces idées m'ont fugacement traversé l'esprit. Je ne pensais pas que cela m'arriverait un jour.

J'évite de venir trop souvent sur ce fil, il y a de quoi déprimer à chaque visite

C'est vrai qu'il est difficile de ne pas penser à Pierre Jacque : "le métier tel qu'il est devenu au moins dans ma spécialité ne m'est plus acceptable en conscience."

https://www.neoprofs.org/t64221p50-marseille-le-suicide-de-pierre-jacque-en-septembre-2013-enseignant-en-serie-technologique-au-lycee-antonin-artaud-est-imputable-a-son-environnement-de-travail#2134378

Hypermnestre a écrit:Merci Loys, c'est court, c'est clair ; est-ce que cela va enfin alerter ?...
Sur un autre fil, on parle d'une possibilité de limiter les options à UN lycée par bassin : en avez-vous entendu parler ?

J'ai seulement entendu parler d'un questionnaire sur les options dans l'académie de Reims, l'ami trouvait que cela sentait assez mauvais...

Et moi qui ai fait passer mes photocopies de présentation du cours de latin sans modifier la page sur les points à gagner au bac...
Dans le lycée où j'enseigne, il y a désormais un élève latiniste sur sept classes de seconde... Les trois élèves de terminale sont là pour les points pour cette année. En première, j'ai essayé de rester un peu évasif en rappelant que l'option est utile dans tous les cas.
Et moi-même je ne sais même pas si je veux continuer dans le secondaire, là (pour d'autres raisons). Quoi que je fasse de toute façon, les LC ne sont plus représentées que par un BMP dans l'établissement concerné et d'après un aspect purement budgétaire le latin finira par y disparaître...

Il faut de la cohérence au Ministère : le volontarisme dans le discours, c'est bien, mais s'il est quasiment aussitôt contredit dans les faits... Doit-on écrire Tristis est anima mea ?

Serge a écrit:Dans un des établissements où j'enseigne, on vient de mettre en concurrence avec le latin une nouvelle option : l'option "plein air"

Du peu que j'en ai compris, les élèves durant ces heures vont sortir du collège, un jour pour se balader au bord d'un lac, une autre pour faire de l'escalade, une course d'orientation, une petite rando ou un peu de spéléo ... Du coup, en découvrant ça, un grand nombre de latinistes est tenté d'arrêter l'option pour aller jouer. Je comprends que ce soit tentant. Déjà que j'ai en concurrence dans un autre établissement l'option ski et l'occitan (leur langue maternelle, et option ludique où, selon leurs mots : on chante on danse et on fait des goûter), que les élèves n'ont plus le droit de cumuler les options (et pourtant nombreux sont ceux qui aimeraient faire les deux) ... Donc, si en plus de l'option "je glande en étude ou je reste au lit", on tente les plus vaillants en leur demandant de choisir entre des heures de sortie et de rigolade entre amis, et le fait de plancher sur des déclinaisons et des textes latins, je comprends qu'à cet âge on ne balance pas longtemps.
J'appréhende de découvrir la semaine prochaine l'importance de l'hémorragie.

C'est l'option APPN sans doute: Activités Physiques en Pleine Nature.
Dans les collèges où je l'ai croisée, elle est est toujours en concurrence avec le latin car les collègues d'EPS (et on les comprend) veulent des élèves sportifs mais sérieux: ils visent le même public que nous, quoi.

Merci encore pour ton texte, Luigi.

Pour une fois qu’un enseignement annonce son contenu par son nom, « plein air », moi je dis qu’on progresse.
Restons positifs.

Merci, Luigi. En effet, simple et percutant.

Même réaction qu'Oudemia : à une époque, quand je venais sur ce fil, j'avais encore un peu la gnaque ; maintenant, je déprime d'avance.

Iphigénie a écrit:Pour une fois qu’un enseignement annonce son contenu par son nom, « plein air », moi je dis qu’on progresse.
Restons positifs.

Spoiler:

Attention tout de même au bien-être de l'élève : "plein air" est souvent confondu avec "en liberté" ; vérifiez bien l'emballage !

Oudemia a écrit:J'évite de venir trop souvent sur ce fil, il y a de quoi déprimer à chaque visite

Certes, mais c'est la politique qui est déprimante, pas ce fil, qui au moins permet d'être au courant, de s'organiser, de ne pas découvrir les choses quand il est trop tard…
Moi non plus trompettemarine, je ne sais pas quoi imaginer pour que l'opinion publique prenne conscience de ce que l'on est en train de faire à nos enseignements, à nos élèves, à nous-mêmes...

Pas possible, on parle de nous…
http://www.lepoint.fr/editos-du-point/sophie-coignard/coignard-sauvons-le-latin-et-le-grec-au-lycee-19-09-2018-2252417_2134.php#xtor=CS2-239
Quelqu'un est-il abonné pour nous en faire un résumé ?

up ? Je ne suis pas abonnée non plus.

Moi non plus.

Et un autre article ici : https://www.letudiant.fr/lycee/reforme-du-lycee-la-fin-du-latin-et-du-grec.html

La momie bouge encore.

L'enseignement de spécialité "Littérature et LCA" ne sera pas proposé dans mon lycée. Pour quelles raisons ? Il n'y en a pas en fait. On part du principe que les élèves ne le choisiront pas parce qu'il y a "LCA" dedans, comme si c'était un gros mot. Il y a de plus confusion avec l'option, ce que j'ai tenté d'expliquer. : ce n'est pas un enseignement de spécialité "dédié" aux LCA, mais aussi à la littérature. Réponse : "On n'a pas les programmes". Pour tous les autres enseignements, "on attend les programmes pour trancher", mais pour "Littérature et LCA", on ne les attend pas, on décide avant. Comment savoir si les élèves vont choisir cet enseignement, si on ne le propose même pas ? Je crois plutôt que ça ennuierait bien que les élèves le choisissent, parce qu'il faudrait alors le mettre en place. En ce qui concerne "Humanités, Littérature et philosophie", savoir si un professeur de Lettres Classiques pourrait prendre en charge la partie "littérature" et surtout "humanités" : "on attend les programmes".
Et je rajoute la menace de la suppression de l'option s'il n'y a pas tel nombre d'élèves.

Luigi_B a écrit:Et un autre article ici : https://www.letudiant.fr/lycee/reforme-du-lycee-la-fin-du-latin-et-du-grec.html

La momie bouge encore.

Un autre ici, qui retrace bien les choses : https://www.telerama.fr/monde/reforme-du-lycee-encore-une-fois,-linteret-des-eleves-est-meprise,n5809531.php

Si jamais certains en savent plus sur cette histoire de mise en commun des lycées pour les spé comme pour les options, qu'ils n'hésitent pas...