La philo en filière ST

Les ST, c'est la loterie, j'ai eu des classes agréables quoiqu'un peu folkloriques, comme des classes refusant toute implication. Le problème, en particulier, avec les STI est le passage à l'écrit et à la rédaction - et arriver aussi à canaliser l'oral. Cela oblige à être inventif.

Oh oui ! Ils peuvent s'y intéresser ! Et ils s'y intéressent réellement le plus souvent ! J'ai, chaque année où j'ai eu ces séries, des élèves que cela passionne, certains qui s'investissent vraiment et beaucoup donnent à leur moyenne de philo une valeur un peu à part. En fait, de vrais vrais récalcitrants, il y en a peu, à peine plus que dans les séries S ou ES. Simplement, en terme de travail ou d'attitude, on ne parle pas des mêmes élèves ; ils n'ont pas les mêmes habitudes, pas les mêmes pratiques : ils passent le plus clair du temps dans les matières à gros coefficients en automomie sur des ordis ou en atelier, et du coup, l'astreinte que représente le type de cours qu'est la philo est réelle pour eux. Il faut juste en être conscient...

Edit : et comme le dit Ruthven, en effet, l'écrit est vraiment très très souvent un obstacle pour eux, indépendamment de leur bonne volonté.

Parmi les trucs qui fonctionnent, c'est faire un pendu pour leur faire trouver un terme technique (c'est aussi un bon moyen de récupérer l'attention d'une classe quand tu vois que la plupart décroche).

Merci Ruthven et Aspasie. Me voilà un peu rassurée  

J'espère que la loterie sera gagnante...Je me doutais bien quand même que la philosophie en intéresse plus d'un(e), surtout ceux qui n'ont pas nécessairement le capital culturel...

Du coup, quels "trucs" avez vous pour canaliser leur participation orale (qu'elle ne soit pas stérile, que ça ne parte pas dans tous les sens) et pour les faire écrire ?
Faut-il les exercer à écrire dès le début, quitte à leur en demander trop?

Je me demandais aussi: Avec quelles séries a-t-on le plus de risques de se faire, pardonnez moi l'expression, "bordélisés"?  Quels conseils pratiques pourriez vous me donner pour que cela n'arrive pas ? Faut-il être très très sévère, juste ferme, mais sympa ?

Ruthven, je viens seulement de voir ta réponse concernant le pendu, c'est pas mal.

Silésius a écrit: et pour les faire écrire ?
Faut-il les exercer à écrire dès le début, quitte à leur en demander trop?

Le problème (qui concerne largement plus les STIDD que les STMG), c'est que cette difficulté ne provient pas d'un simple manque d'exercice. Ils croient, avec l'appui d'une certaine (in-)expérience scolaire, que la chose n'est pas faite pour eux (je parle de ceux qui ont de vraies difficultés). On ne peut pas inverser ce pli en une année avec deux heures hebdomadaires (et un coef 2 au bac !). Il vaut mieux se dire qu'il faudra faire avec. Bref être exigeant et encourageant, mais en acceptant tout de même que ce n'est définitivement plus ce qu'ils considèrent comme leur mode naturel de communication. Disons qu'il ne faudrait pas que l'exigence (légitime et bénéfique) réveille des blocages (qui ont eu lieu et qui ont souvent motivé le choix du technique au détriment du général).

Dans l'idéal, j'essaie de les faire écrire sans qu'ils s'en rendent compte : c'est l'intérêt pour la question traitée et l'exploration menée collectivement, qui doit leur donner envie de fixer ce qu'on a réussi à formuler en classe, en tout cas d'écrire plus que ce que l'on dicte (parce qu'au début on dicte toujours un minimum). — j'ai bien dit : dans l'idéal... :|

Justement ce qui me bloque avec les ST en général c'est la prise du cours : la dictée est un minimum mais quelle lenteur ! Et je ne veux pas distribuer quoi que ce soit sous peine qu'ils ne fassent plus rien après !

Je me dis qu'une heure en série technologique, c'est au grand maximum une page de prise de notes (pas une feuille, une page) ; et ça peut tomber, sans que ce soit un scandale, à la moitié d'une page. Quel contenu philosophique intéressant peut tenir en si peu de texte ? ça doit être simple et opératoire, des séries d'outils qui fonctionnent, pour le prof autant que pour les élèves.

Ce qui nous donne grand max 64 pages de cours pour l'année. (32 fois 2 heures.) C'est pas si mal. Bon, les leçons de Simone Weil tiennent sur environ 280 (petites) pages.

Panturle a écrit:Ce qui nous donne grand max 64 pages de cours pour l'année. (32 fois 2 heures.) C'est pas si mal. Bon, les leçons de Simone Weil tiennent sur environ 280 (petites) pages.

Ah, quand même ! Mais c'est d'ailleurs bien pour ça qu'entre temps nous avons créé la série STI2D, qui porte bien son nom, au moins dans nos cours. Avant, l'enseignement de la philo était une sorte de fléau pour les forêts.

D'autre part, mieux vaut compter 28/29 semaines de cours (c'est-à-dire sans la ou les semaine(s) de bac blanc, tes propres DS qui peuvent prendre sur les cours, et autres choses diverses qui diminuent le temps consacré au contenu lui-même), c'est plus prudent pour ne pas se retrouver à filer des polycopiés en fin d'année.

Aenésidème a écrit:c'est d'ailleurs bien pour ça qu'entre temps nous avons créé la série STI2D

Excellent :lol:

Merci Aspasie.
Ce que tu as écrit, ainsi que les réactions des autres membres, m'encourage fortement à... me faire plaisir y aller sans suée :chat: :chat:

InvitéAE a écrit: Quel contenu philosophique intéressant peut tenir en si peu de texte ? ça doit être simple et opératoire, des séries d'outils qui fonctionnent, pour le prof autant que pour les élèves.

Après ma prise de contact avec mes élèves (attentifs, actifs!) je me rend compte qu'il va falloir être d'une limpidité exemplaire. Et c'est un vrai défi, en ce qui me concerne...

Cette année, j'essaie le diaporama : titres, définitions, mots-clefs, tableaux d'oppositions, etc.
Juste quelques mots ou quelques expressions, pas de phrases rédigées, l'essentiel...
Pas de fioritures.
Pour l'instant (1 heure) l'attention est bien fixée et je peux compter sur une prise de notes minimale pour tous... C'est un pis-aller, mais il faut bien que j'emmène cette classe de 31 mercatiques.

En rentrant ce soir, un peu désespérée. Ils comprennent ce que je dis. Ils sont là, ils posent des questions souvent pertinentes... Mais j'ai regardé leurs prises de notes. Et là...

Rien. Ou presque rien. J'ai discuté avec certains à la fin du cours, qui m'expliquaient que, globalement, soit ils font effort pour comprendre ce que je dis, soit ils notent, mais ne peuvent faire les deux. Et que dans les autres disciplines, on leur écrit encore beaucoup au tableau.

Je suis un peu désemparée, parce que je pensais bien les mettre à la carte heuristique, mais je ne peux pas faire que cela, comme Huv, parce que je suis stagiaire, et que lors de l'inspection, j'imagine qu'ils ne me rateront pas sur "la trace écrite"... Auriez vous des conseils?

Bonsoir philopoussin;

Personnellement, j'impose une prise de notes, mais mes cours sont plutôt "magistraux" (je sais, ce n'est pas bien...). Et j'ai des ST2S (public rassuré par un cours à noter - ce qui n'empêche pas les échanges !).

Des collègues, en STMG et STI, me disent :

- qu'ils organisent un temps de synthèse après discussions et analyses orales ; la synthèse doit obligatoirement être copiée : un synthèse qu'ils dictent ou qu'ils écrivent au tableau (seul hic : ils tournent le dos à la classe) ;

- D'autres utilisent le vidéo-projecteur pour afficher tableaux, définitions, résumés ...que les élèves doivent reproduire sur leur cahier. Il paraît que cela leur plaît beaucoup, surtout si animation il y a.

Je crois que Ruthven, quant à lui, fait, entre autres, le choix de textes à trous... Peut-être est-ce une solution ?

Après le désespoir, le travail... Je vais essayer de développer une formule pour stimuler et conserver leur questionnement, et en même temps m'assurer qu'il y ait bien quelque chose qui en reste, et ce dès demain. Je vais leur dicter une synthèse de ce qui a été vu aujourd'hui, et leur expliquer la nouvelle répartition. Pour leur bien. Non mais. Et puis utiliser tout de suite les cartes heuristiques. Mais je ne sais pas encore, bien concrètement, comment procéder, je ne suis pas très à l'aise avec le RP, il me dérange toujours, cet écran géant sur lequel ils collent leur nez et leur attention... Je sais, c'est bête...

philopoussin a écrit:Après le désespoir, le travail... Je vais essayer de développer une formule pour stimuler et conserver leur questionnement, et en même temps m'assurer qu'il y ait bien quelque chose qui en reste, et ce dès demain. Je vais leur dicter une synthèse de ce qui a été vu aujourd'hui, et leur expliquer la nouvelle répartition. Pour leur bien. Non mais. Et puis utiliser tout de suite les cartes heuristiques. Mais je ne sais pas encore, bien concrètement, comment procéder, je ne suis pas très à l'aise avec le RP, il me dérange toujours, cet écran géant sur lequel ils collent leur nez et leur attention... Je sais, c'est bête...

 Je sais, c'est bête... 

Ben, non, ce n'est pas bête ...


stimuler et conserver leur questionnement...

Tu touches du doigt ce qui fait toute la difficulté de notre métier... et de notre discipline  :|  Mais, en général, ils apprécient voir un prof aimer ce qu'il fait et qui a de l'intérêt pour eux. Tu rajoutes de l'humour, de la patience, des exigences dans un gant de velour ... et le tour est joué   !!!!

Philopoussin ; quelle est la position de ton inspection, tuteur (ou je ne sais trop qui) sur le sujet ?
Les élèves suivent ton cours (c'est donc gagné non ?), te font savoir qu'ils ont des difficultés à se concentrer pour prendre des notes (c'est aussi une preuve de confiance), tu peux les aider, mais certainement pas leur apprendre (tu n'as pas le temps) et par ailleurs ils ne travaillent pas de cette façon là et sauf erreur ne travailleront jamais ainsi (en BTS et en IUT ce sera powerpoint + poly + support web)...
Làoùfinitlaterre : ma question est sans doute stupide, mais en quoi il y a un hic lorsqu'on tourne le dos à la classe ?
H.

philopoussin a écrit:Mais je ne sais pas encore, bien concrètement, comment procéder, je ne suis pas très à l'aise avec le RP, il me dérange toujours, cet écran géant sur lequel ils collent leur nez et leur attention... Je sais, c'est bête...

Non, non... ce n'est pas bête du tout. C'est extrêmement légitime ! Tu as capté leur attention, tu as un cours vivant, tu as leur intérêt, bref, tu as l'essentiel : le questionnement. Mais... parce qu'il y a toujours un "mais", il manque la "trace écrite". Ce n'est pas qu'elle soit sacro-sainte en soi : au fond, Socrate se passait bien de la trace écrite hein... mais Socrate n'avait ni inspecteur, ni bac à la fin de l'année.

Bon, ben 'faut jongler.
J'écris cela très sérieusement. Je ne crois pas qu'il faille abdiquer de l'un ou de l'autre de ces éléments. Il ne faut pas se leurrer sur l'oral : les élèves adorent parler en cours... d'autant plus que pendant ce temps-là, ils n'écrivent pas. Et les élèves adorent avoir des cours en fiches toute prêtes, d'autant plus que tant qu'ils recopient, ils ne réfléchissent pas.

Je crois que l'alternance est la clé ; je n'ai pas dit la panacée hein... et je n'ai pas dit "je sais". On tâtonne tous un peu forcément, on construit notre manière de faire.

Je reste cependant persuadée que tu as gagné l'essentiel en gagnant leur intérêt et leur attention. Mais il te faut te préparer au côté négatif de la chose : quand tu vas les contraindre à prendre des notes, ils vont trouver ça moins sympa. Et c'est toujours la même chose : il faut savoir pourquoi on fait ce que l'on fait. Tu n'as pas à te justifier devant eux. Mais si tu es en mesure de le faire, leurs objections ou simplement leurs questions ne seront pas un problème.
En même temps, rassure-toi : en grande majorité, nos inspecteurs n'ont pas totalement oublié ce qu'est l'enseignement (je ne suis pas certaine que toutes les disciplines en diraient autant...) et ils ont gardé le sens des priorités en série technologique. Que la "trace écrite" soit magistrale n'est pas un problème si le cours lui-même n'est pas une immense dictée.

Pour les ST, j'ai un truc qui marche assez bien ; à côté du poly, ils ont une fiche de questions (avec deux ou trois lignes libres pour rédiger), les questions portent sur les points essentiels du cours (définitions, distinction conceptuelle, résumé d'une thèse ....). Toutes les 20 minutes, après avoir lu le poly., ils doivent répondre aux questions (entre 4 et 5) et rédiger ainsi ce qu'ils ont compris. C'est assez chronophage, mais cela a été convaincant l'an dernier (sur des prépas ex-STMG qui devaient digérer des cours quand même bien denses), cela devrait pouvoir fonctionner en Terminale.

Bonsoir Huv : Un simple souvenir de prime jeunesse professionnelle: ai débuté avec des STI et des STG (c'est loin !) particulièrement bavards - surtout quand j'avais le dos tourné ... C'est tout, Huv. Ah ! cette dernière heure du Vendredi !!!  :abf: Je m'en souviens encore... mais c'était sympa.

Làoùfinitlaterre : merci, d'accord, je croyais que c'était une doctrine d'IUFM ou de l'inspection, la dernière heure du vendredi (sauf avec les TL) est toujours un peu sportive et éprouvante. Je me souviens de TS de 16h à 18h... après 2 heures de sport (de 14h à 16h) et la matinée à 2 heures de math et 2 heures de physiques. Cette année là, à 17 heures, nous avons surtout parler de... sport (j'ai du me mettre au foot pour entretenir la conversation).
Ruthven : je prends bonne note de ta technique, merci, mais des prépas ex-stmg ?

huv a écrit:Làoùfinitlaterre : merci, d'accord, je croyais que c'était une doctrine d'IUFM ou de l'inspection, la dernière heure du vendredi (sauf avec les TL) est toujours un peu sportive et éprouvante. Je me souviens de TS de 16h à 18h... après 2 heures de sport (de 14h à 16h) et la matinée à 2 heures de math et 2 heures de physiques. Cette année là, à 17 heures, nous avons surtout parler de... sport (j'ai du me mettre au foot pour entretenir la conversation).
Ruthven : je prends bonne note de ta technique, merci, mais des prépas ex-stmg ?

Je me souviens de TS de 16h à 18h... après 2 heures de sport (de 14h à 16h) et la matinée à 2 heures de math et 2 heures de physiques.


Je compatis ! Cela a dû être une sacrée année 

Oui, prépa ECT ... En culture gé. ils ont le même programme que les autres séries ECS et ECE (c'est passionnant comme niveau, je n'avais jamais vu des transformations aussi rapides sur une année).

J'ai honte : c'est quoi ECT ?