Le fil des thésards (ou des thésards sur le fil, allez savoir...)

Ben manier du html/xtml avec des url comme dit dessus, ça peut s'apprendre en 1 semaine.
A mon sens, c'est le genre de trucs qu'on peut faire en amateur et qui ne mérite pas le tampon "humanités numériques", même si c'est vrai que ça apporte une petite valeur ajoutée.
Par contre, si par dessus ce dispositif, tu rajoutes un moteur de recherche qui peut sérier un questionnaire et sortir les résultats sous différentes présentations (graphiques, tableaux, etc), là ça commence à ressembler à un boulot professionnel digne d'un technicien.
Ce que je veux dire, c'est que l'incorporation d'un peu de numérique est devenu si banal que les opérations les plus triviales qu'on faisait déjà dans les années 1990 ne me semblent pas relever des "humanités numériques".

Evidemment, ce type d'apprentissage est rapide.
Par contre, coder les manuscrits, pas vraiment, surtout lorsqu'il faut aller les vérifier en archive avant pour décider de la version qui sera mise en ligne - voire mettre toutes les versions, avec les variantes éditoriales.

Le gros problème là-dessous, c'est que l'outil devient la fin. Si tu as l'intention d'étudier les textes, tu te donnes les moyens de le faire efficacement. Et cela peut passer par l'utilisation intelligente, voire experte, de l'informatique. Cela peut aussi passer par un contournement pensé de certaines de certaines pseudo-évidences scientistes. C'est tout.

En biologie ou en chimie, quand on a un vrai besoin d'outils informatiques appropriés à la recherche qu'on fait, on ouvre un poste pour un informaticien dans le labo. En lettres, on espère que pif paf pouf on va trouver par magie un gus qui s'est autoformé et qui voudra bien faire deux boulots pour le prix d'un. Je trouve ça assez révélateur.

Ben ouais, fallait pas faire une matière sans capacité d'application ou de monétisation. Débloquer un poste auxiliaire, et puis quoi encore ? Tu voudrais pas une augmentation aussi ? Faut assumer nos matières de clochards.

Sphinx a écrit:En biologie ou en chimie, quand on a un vrai besoin d'outils informatiques appropriés à la recherche qu'on fait, on ouvre un poste pour un informaticien dans le labo.

:mdr3:  :mdr3:  :mdr3:

------

Pour répondre sur le fond, vu du côté du scientifique. Le numérique est un outil, outil qui n'a d'intérêt que s'il permet soit de faire des choses impossibles autrement soit de gagner un temps important. Cependant, on ne peut utiliser les outils numériques que si l'on a un minimum conscience de ce qu'ils permettent de faire et si l'on appris les bases. Autant je trouve cela sain de ne plus avoir des universitaires en immunité qui ne sont incapable de faire un powerpoint (même en essayant), autant je trouve aberrant de recruter avant tout sur un outil et non sur le fond. Que la maitrise de l'outil soit un critère absolu de recrutement quand il est nécessaire à la recherche proposée me parait normal. Mais certainement pas quand il ne l'est pas.

Mais je trouve aussi lamentable de voir certains universitaires en humanités se permettent de raconter n'importe nawak parce qu'ils refusent de toucher aux outils scientifiques. Il y a une rigueur associée au travail universitaire : elle prend bien sûr plusieurs formes : une de ces formes est la rigueur scientifique qui doit être appliquée quand elle est nécessaire et non mise de côté soit disant parce que le travail appartient au champ des humanités.

Je n'ai pas dit le contraire. À titre personnel, je sais me servir d'un ordinateur, merci pour moi. Seulement voyons les choses en face : je ne saurai sûrement pas développer un logiciel aussi bien que quelqu'un qui y est formé. Et je ne vois pas ce qui te fait ricaner, comme si je racontais des choses fausses : j'ai des potes informaticiens qui ont candidaté (ou pas d'ailleurs) sur des postes ouverts pour eux dans des labos de bio, je n'invente rien

Zagara a écrit:Ben ouais, fallait pas faire une matière sans capacité d'application ou de monétisation.

Je sais que ce n'est pas voulu, mais c'est une remarque qui tape là où ça fait très, très, très mal

Débloquer un poste auxiliaire, et puis quoi encore ? Tu voudrais pas une augmentation aussi ? Faut assumer nos matières de clochards.

Raison pour laquelle, maintenant, quand tu as un poste, il faut, en plus de la recherche et de l'administration et de l'encadrement d'étudiants, faire l'archiviste (numériser des manuscrits), faire le webmaster gérer des revues en ligne), faire le développeur, faire la maintenance informatique, etc, etc. Mais tout ça avec le même nombre d'heures et le même salaire qu'avant. Enfin, je dis bien quand on a un poste, ce qui n'est pas mon cas et ne le sera jamais. Je me demande bien pourquoi je continue à intervenir sur ce genre de fils en fait.

Note à part : j'ai des copains physiciens über-calés en programmation, code etc. Ils en sont bien contents parce que maintenant qu'ils savent qu'ils n'auront jamais de poste dans la recherche même avec leur CV cinq étoiles ENS+doctorat, au moins ils ont de quoi manger en faisant de l'informatique dans le privé. D'un côté tant mieux pour eux et d'un autre côté c'est un peu triste en fait.

Plus sérieusement, tu pointes un problème qui me semble fondamental dans la direction que prend l'université : les postes d'enseignants-chercheurs multiplient les tâches annexes, parfois très lointaines de leurs deux cœurs du métier (l'administration vient en premier à l'esprit). Le tout pour un salaire pas folichon par rapport à ce que proposent les autres pays à compétences égales, et dans une ambiance de compétition effrénée.

C'est vrai que je me demande de plus en plus pourquoi je m'embête avec le système français, alors que je vois qu'un enseignant du secondaire au Québec ou en Australie commence à 2500 euros par mois... et un chargé de TD, 3000. Parfois je me dis que, voyager, ce ne serait pas si mal, après tout... J'ai l'impression qu'en France, on est prêts à tout accepter et à se battre avant tout pour obtenir du capital symbolique, alors qu'ailleurs, ils se battent pour quelque chose de bien plus matériel, du capital tangible...

Sphinx a écrit:Et je ne vois pas ce qui te fait ricaner, comme si je racontais des choses fausses : j'ai des potes informaticiens qui ont candidaté (ou pas d'ailleurs) sur des postes ouverts pour eux dans des labos de bio, je n'invente rien

Si.
Bien évidemment que ça existe. Mais ce que tu ne voies pas c'est le nombre de labos qui ont des besoins et qui ne peuvent pas ouvrir de postes ou qui ouvrent le poste après des années d'attente. Le "quand on a besoin, on ouvre un poste." est faux : les ouvertures de postes sont extrêmement rares et les ouvertures sont bien inférieures à la demande, simplement parce qu'il n'y a pas assez de moyens. La seule différence c'est qu'on arrive difficilement à bidouiller en accumulant des CDD et en prenant des auto-entrepreneurs.

Edit : la fin de mon message ne t'était pas particulièrement destinée. En relisant, je dois bien avouer que la manière dont j'ai écris le message est plus que trompeuse. Mea maxima culpa.

Zagara a écrit:
C'est vrai que je me demande de plus en plus pourquoi je m'embête avec le système français, alors que je vois qu'un enseignant du secondaire au Québec ou en Australie commence à 2500 euros par mois... et un chargé de TD, 3000. Parfois je me dis que, voyager, ce ne serait pas si mal, après tout... J'ai l'impression qu'en France, on est prêts à tout accepter et à se battre avant tout pour obtenir du capital symbolique, alors qu'ailleurs, ils se battent pour quelque chose de bien plus matériel, du capital tangible...

Oh ça fait bien longtemps que je me suis fait cette réflexion. Il faut dire que le système français est très fort pour te convaincre qu'en dehors de la France, point de salut.

Les ouvertures de postes sont rares, mais il y en a. J'ai peut-être eu l'air de généraliser, my bad, je sais qu'il y a des restrictions de postes dans tous les domaines. Chez nous, rien.

Ben chez nous si t'es pas content, on ne te renouvelle pas ton contrat précaire pourri, donc bon. Généralement on finit contents.

Les effectifs des doctorants en France baisse de façon continue depuis 2009 https://cache.media.enseignementsup-recherche.gouv.fr/file/2017/81/3/NF_04_-_Inscrits_univ_2016-2017_769813.pdf
Visiblement, tout le monde n'est pas content.

Ou pas. Ça pourrait aussi diminuer à cause de la plus grande rareté des financements en thèse de sciences, le financement étant obligatoire pour faire la-dite thèse.

Mais les financements étaient déjà rares en 2009 (ils sont "juste" devenus plus rares).

Oui mais si tu as un modèle (qui est assez vrai en sciences) qui suit la loi suivante :

nombre total de doctorants qui entrent en doctorat = nombre total de financements

avec les hypothèses suivantes :
- financement = 3 ans de salaire
- toutes les thèses sont soutenues en 3 ans

Alors le :
nombre total de doctorants = Somme nombre total de financements des années n, n-1 et n-2.

Si le nombre de financements diminue d'années en années, alors tu as une baisse du nombre total de doctorants.

La seule chose qui pourrait limiter ou inverser la tendance du nombre total de doctorants, serait qu'en SHS il y ait une augmentation du nombre de doctorants, indépendamment du financement. Il resterait à l'expliquer sachant que l'on ne peut pas vraiment dire que les conditions et les perspectives des doctorants en SHS se soient nettement améliorées.

En sciences humaines tes axiomes sont faux.
On existe quand même, hein. Rentre-nous dans ton modèle.

Je le sais bien mais comme le document montre un chiffre total, il suffit d'une baisse plus importante en sciences que l'augmentation éventuelle des doctorants en SHS pour qu'à la fin il y ait une baisse du nombre total de doctorants.

Il manque évidemment des données sur les disciplines et sur le nombre total de doctorants avec financement pour réellement comprendre d'où vient cette baisse.

Il faudrait déterminer si la baisse des financements en sciences est continue depuis 2009 puisque la baisse des effectifs totaux des doctorants l'est aussi. Je suis bien d'accord avec toi sur le manque de données, le ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche ne manifestant pas une folle envie de comprendre ce reflux.

En fait, il semble que le nombre de doctorants en lettres et SHS a eu tendance à baisser ces dernières années, tandis que le nombre de doctorants dans les disciplines scientifiques est resté stable.

Il y a eu une enquête récente sur l'emploi scientifique en France, avec des données sur les doctorats, par groupes de disciplines. Il y a aussi des indications sur le financement des thèses.

Le rapport est en ligne ici : CLIC !
La question des doctorants est abordée p. 41 et suivantes.

Il y a aussi des données sur les personnels de soutien dans les laboratoires (avec un détail par groupes de disciplines également, il me semble).

Il est assez logique que le nombre de doctorants baisse : il commence à être de notoriété publique que ce diplôme "honorifique" mêne tout droit à pôle emploi, où à l'éducation nationale...
En biologie (vaste domaine), le rapport précité est d'ailleurs assez explicite à ce sujet...

Après tous ces messages, me voilà rassurée de vous annoncer que je suis officiellement inscrite en doctorat. Je vais donc faire remonter les statistiques.
C'est parti pour huit ans de bonheur !

belote a écrit:Après tous ces messages, me voilà rassurée de vous annoncer que je suis officiellement inscrite en doctorat. Je vais donc faire remonter les statistiques.
C'est parti pour huit ans de bonheur !

6 maximum d'après le nouveau décret.

Dr Raynal a écrit:Il est assez logique que le nombre de doctorants baisse : il commence à être de notoriété publique que ce diplôme "honorifique" mêne tout droit à pôle emploi, où à l'éducation nationale...
En biologie (vaste domaine), le rapport précité est d'ailleurs assez explicite à ce sujet...

Certes mais il ne faut pas oublier que parfois si on n'a pas de poste en vue après le master, beaucoup se disent que finalement un doctorat pourquoi pas. :|

Je fais mon doctorat par amour de la recherche, on verra bien ensuite ; peu importe.

J'ai quelques questions en cette première année de travail.
*J'enseigne en lycée et ai donc des semaines bien chargées. Je souhaitais savoir combien d'heures par semaine vous travailliez/travaillez pour votre recherche.
*Au bout de combien de temps avez-vous réussi à établir un plan ?
*Quand faut-il commencer la rédaction pour ne pas dépasser les six ans évoqués par Ergo ?
*A partir de quel moment se sent-on seul et désemparé ? Je suis en effet en train de commencer mes lectures critiques et je me dis que je n'aurai jamais le niveau de faire cela ni ne proposerai quelque chose de vraiment original. Commencer par des doutes est quand même bien angoissant.
*Qu'est-ce qui vous a fait tenir pendant toutes ces années ?
Merci de vos réponses.
Belote