Le fil des thésards (ou des thésards sur le fil, allez savoir...)

Quant aux capacités des comités à savoir toujours distinguer les travaux sérieux des trucs vaguement à la mode, merci, j'ai bien ri.

Vous m'en voyez ravi.

Formidable, nous voilà satisfaits tous les deux.

Ben franchement, quand on voit les exemples de sujets que vous donnez, ça ressemble fort à la "première mode qu'on voit passer", mais je me méprends peut-être.

Je connais quelqu'un qui a eu un poste quelque part (pardon de ne pas être plus précise mais bon vous comprendrez pourquoi), et pourtant son sujet de recherche n'est pas DU TOUT dans la veine de ce que vous évoquez, et n'essaie pas du tout de plaquer des thématiques actuelles sur des textes anciens (merci les anachronismes). Bon, après, cette personne est LC, peut-être qu'en LC on est tous des dinosaures.

Il est fort possible que les lettres classiques parviennent à conserver un sérieux que d'autres matières ne gardent pas toujours.
Après je ne dis pas qu'en lettres modernes (par là j'entends littérature française et littérature comparée) ce soit toujours n'importe quoi, mais on voit de plus en plus ces dernières des années des profils de postes qui laissent croire que bien se renseigner sur certaines tendances aurait au moins retenu l'attention des commissions: série télé, écologie, politique... La théorie littéraire par exemple n'intéresse plus beaucoup ces derniers temps.

Bon, ben j'en connais une qui est bonne pour refaire une thèse sur L'écologie au prisme du genre dans Game of Thrones

Mais d'abord, l'agrégation

Sans rire, ce sujet aurait des tas de possibilités.
""Winter is coming": des modalités du dérèglement climatique dans Game of Thrones. "
Mais c'est vrai, l'agrégation d'abord!

Non mais quitte à refaire sa thèse de zéro pour augmenter ses chances d'avoir un poste, autant la faire en maths.

Sphinx
Tu m'inquiètes : va te coucher, tu es épuisée pour dire des trucs pareils !

Non, juste un peu désabusée

La thèse d'informatique c'est la meilleure des planques.
Conseil d'amie.

Oui, ça marche aussi.

En maths, non, c'est tendu aussi; plutôt en sciences de l'éducation ou en info-com. Je serais mauvaise langue, cela dit, si je disais que là, il suffit de demander poliment un poste pour l'obtenir (pour l'obtention du doctorat, c'est déjà moins caricatural).

M'enfin, pour revenir plus sérieusement sur cette question de modes, je crois qu'il faut faire attention à ne pas en faire une montagne. Bien sûr qu'on trouvera ici et là, et là aussi, des lauréats qui ont fait sans grande conviction un travail auquel ils ne croyaient qu'à moitié, parce qu'ils pensaient par calcul qu'il paierait. On parle moins, et pourtant ils sont autrement plus nombreux, des candidats qui ont fait le même calcul sans succès. De la même façon, chacun pense avoir des exemples de succès qui ne sont dus qu'au réseautage, et il n'est pas vraisemblable que tous ces exemples soient illusoires. Mais ça n'en fait pas un conseil à donner ("va donc pincer moult fesses"), même si c'est un conseil qu'on a pu entendre --- en mon temps je l'ai entendu.

L'art du pincement de fesses est quand même une compétence fondamentale pour monter en faveur, surtout à Paris.
Mais ça vient couronner le reste et ne le remplace pas. Enfin je vois trop de gens excellents sur le carreau, notamment à cause de postes fléchés, pour ne pas me dire qu'il y a eu des pince-fesses un peu privilégiés parfois.

J'entends, j'entends, et j'ai toujours eu envie, et j'ai d'ailleurs toujours envie, de répondre qu'on a sa dignité.

Je pense que la thèse d'info, c'est beaucoup mieux que la thèse de maths en ce moment si on veut un poste.
En maths, c'est devenu très dur de décrocher un poste, même après 3-4 ans de post-doc (et déjà, se trouver des post-docs n'est plus aussi évident qu'avant). Disons qu'il faut vraiment faire partie de la crème des thésards.

Bon sinon, alors que je dois soutenir dans un mois, un rapporteur vient de voir qu'un des lemmes (et donc un des théorèmes aussi) ne marche pas. Cooooool...

PauvreYorick a écrit:Bon, ben j'en connais une qui est bonne pour refaire une thèse sur L'écologie au prisme du genre dans Game of Thrones

Mais d'abord, l'agrégation

Heeeey en voilà une idée, je pique !   Allez, lundi, je dis au comigé que je recommence tout avec un nouveau sujet. Mais j'ajouterai « cataclysme » quelque part. Et transfictionnalité aussi. Oh et fan theories.

Mais non pour assurer le coup, vaudrait mieux passer en sciences de l'éduc.

Oui Ergo, je crois aussi. Tu vas voir des spécialistes des sciences de léduk, tu dis "Bonjour, sivouplé, je peux avoir un doctorat ?", eux vont te dire "Bien sûr, menez une expérience sans méthodologie avec un groupe, déduisez que l'école n'est pas assez au service de l'apprenant, et c'est dans la poche". Même pas besoin de trois ans (ou six) !

Facile, je trouverai ce qu'il faut dans mes années de collège. Ou sur le CM...

Je ne prononcerais pas pour "sciences de l'éducation", car je n'y connais rien. Mais personnellement j'aurais aimé qu'on me donne avant mon inscription en thèse les conseils qui, apparemment, en irritent plus d'un ici et qui, encore une fois, sont plutôt l'objet d'un constat. Je crois avoir fait le parcours qui, "avant", donnait beaucoup de chances pour avoir un poste MCF: ENS, agrégation, contrat doctoral, 4 ans d'ATER, le tout dans trois facs différentes, une parisienne, une provinciale, une de banlieue parisienne (ce qui permet de dire aux auditions "j'ai fait cours à une grande variété de public"). Mais ça, c'était "avant". Ma thèse, sur un sujet littéraire, est en cours de publication dans l'une des deux grandes maisons d'édition universitaire parisienne. J'ai publié deux volumes d'actes de colloque dans deux autres maisons universitaires, j'en prépare un troisième. Je vous fait grâce de ma liste d'articles, communications, organisations de colloque et cie, c'est aussi fastidieux que pédant. Quel constat tirer de ma quatrième campagne MCF, l'année dernière, quand j'avais le choix de candidater entre "profil séries télés" et "profil écriture créative", pour les sections 9/10? Et quand mon ancien directeur de thèse, un homme charmant mais peu pratique, m'a dit "actuellement, dans notre section, ce qui marche c'est ça, ça et ça. Vous travaillez sur ci. Cherchez-vous plutôt un poste en prépa". Et quand après une année dans un collège officieusement difficile, l'année dernière, je me retrouve affectée cette année dans un collège officiellement difficile, classé en ZEP?
Je ne cautionne nullement cette idée de mode ou de tendance, ce n'est pas facile tous les jours d'avoir l'impression que le sérieux ou l'investissement ne paient plus - parce que les postes se raréfient, parce que les temps ont changé. On essaie de retenir les étudiants avec des formations originales, alors "séries télés" ou "écriture créative" ont le vent en poupe. Par contre, on vient me solliciter pour assurer des vacations auprès des agrégatifs, parce que ma formation et mon parcours semblent rentables aux directeurs de département à ce moment-là, quand on doit inculquer aux étudiants des savoirs moins à la mode mais nécessaires. Encore une fois j'aurais aimé qu'on me parle cyniquement avant mon inscription en thèse, ça m'aurait épargné des moments difficiles - et pourtant je n'étais pas non plus dupe à cet instant-là, je savais que ce serait difficile.

Y'a vraiment des thèses de Lettres modernes sur les séries télés américaines...?

Personnellement, si je rate tout dans le supérieur, ma voie de recours est de passer l'ena puis de me faire affecter dans le MEN ou MESR du côté techno pour me venger.
Puis vous couper les bourses.

Mais oui. Il y en a aussi sur les jeux vidéos...

J'entends bien l'amertume liée au parcours et je serai le dernier à la condamner, mais honnêtement je ne vois pas vraiment ce qu'il change au propos. Je pourrais vous détailler le mien (je connais très bien votre situation, en fait) sans que la discussion y gagne. Evidemment, je ne veux pas dire, et n'ai pas voulu dire, que vous avez tort de regretter de ne pas avoir fait une thèse sur les séries télé ou les jeux vidéo: cela vous appartient entièrement.

Je pense que toute expérience est bonne à partager de mon côté. J'ai eu trop de camarades doctorants ou jeunes docteurs qui découvraient les réalités du parcours trop tard et se plaignaient de ne pas avoir eu de conseils ou d'avertissements avant. Je trouve que tout directeur de thèse en lettres devrait imposer la lecture de "Carnet de thèse" de T. Rivière à tout futur doctorant.

Je ne pense pas que quiconque vous reprochera de partager votre expérience, pas plus que je n'imagine que vos conseils aient pu irriter qui que ce soit

Je n'ai évidemment pas été irrité par les conseils, que je comprends mieux maintenant que vous avez exposé votre parcours. Je n'en pense pas moins que ce sont de très mauvais conseils, qui ne peuvent mener qu'à la catastrophe.