Comment faites-vous pour garder le moral ?

Bon, il y bien le Nutella mais ça n'est pas suffisant. En cette fin d'année, je suis plus que démotivée. Je lis les dernières rédactions des élèves et j'ai l'impression de ne voir aucune amélioration, de ne leur avoir rien apporté cette année... Je ne suis, par ailleurs, pas du tout satisfaite de mon travail... J'ai eu beaucoup de problèmes d'organisation et de planification et je n'ai pas du tout réussi à aider ou même motiver les élèves en difficultés et qui ne sont pourtant qu'en sixième... Que va-t-il se passer pour eux pendant trois ans encore? J'ai vraiment l'impression d'avoir échoué alors que je suis dans un très bon établissement. J'ai sans cesse l'impression de creuser les inégalités dans ma classe alors que je me suis engagée dans ce métier pour parvenir au contraire. Je n'arrive plus à supporter cette contradiction entre mes volontés et les réalités dans ma classe... Sans parler de cette nouvelle réforme qui va me donner encore moins les moyens de parvenir à mon but et qui me fera sentir encore plus coupable.
Je suis lasse de ces contradictions alors que personne ne comprend notre souffrance ni ne nous entend. Je dois aussi le dire, et même si j'en étais consciente, je ne m'y attendais pas, je suis très affectée par tous les discours que l'on peut entendre sur les profs par les politiques ou même les journalistes. J'en ai également marre d'entendre qu'on a donné le concours à tous ces jeunes profs comme moi. Je sais que je suis arrivée très bien classée au concours mais ça ne suffit plus à me sentir légitime. J'ai l'impression que la société me dit en permanence que je n'ai pas pas ma place dans ma salle de classe... J'aurais besoin d'échanger avec les collègues sur les propres contradictions ou leur motivation, leurs expériences qui doivent être stimulantes et redonner l'envie d'essayer. Mais j'ai toujours l'impression de passer pour la rabat-joie qui vient parler boulot pendant la pause. Je crois qu'au bout du compte, je me sens seule face à mes contradictions et mes échecs.
J'ai pris mes distances un petit peu, je me suis dit que j'avais besoin de changer d'air. Mais moins je travaille, moins je prépare mes cours, et plus difficile est la sonnerie du réveil. D'où ma question: comment faites-vous pour garder le moral? Ou mieux pour garder la foi?

La première des choses serait de regagner un peu d'estime de soi en passant en revue ce que tu penses avoir réussi (ne me dis pas "rien"). Ensuite, il ne faut pas rester sur un constat d'échec mais s'interroger sur les façons de remédier aux problèmes rencontrés: comment mieux t'organiser, planifier, que mettre en place de simple pour les élèves en difficulté (parfois on ne peut rien de mieux que les encourager, leur tenir la main). Tu as tout un été pour y réfléchir.

Oui, c'est ce que je me dis. En fait, ça devient compliqué pour moi de terminer l'année par ce que j'ai besoin de me donner de nouvelles chances, de prendre le temps de réfléchir, bref d'être à l'année prochaine pour tout recommencer.

Voici quelques trucs que j'utilise régulièrement :
- travailler des sujets et des textes que j'adore, comme ça le travail me pèse moins (voire pas du tout !)... puisque tu parles de "foi", je dirais que je crois beaucoup plus en la littérature qu'en l'enseignement
- ne jamais culpabiliser quand je sens que ce qui bloque, c'est le contexte (la classe/le groupe, le milieu social des élèves, les CPE ou chefs d'établissement un peu à l'ouest, la démagogie de certains collègues, le printemps qui arrive, ou quoi que ce soit d'autre)
- insérer dans toutes les évaluations des points qui me permettent de vérifier que les élèves travaillent : si la simple application du cours n'est pas correcte, c'est qu'ils n'ont pas montré le sérieux attendu... du coup, cela minimise mon sentiment de culpabilité (déjà extrêmement réduit après 15 ans de carrière)
- éviter de vivre mon métier uniquement comme un sacerdoce, une mission trop lourde à porter : ce qui compte, c'est que je puisse me dire que j'ai honnêtement fait de mon mieux... il ne s'agit pas de TOUS les "sauver", mes deux bras n'y suffiraient pas
- boire chaud, cela détend
- dormir beaucoup
- se tenir éloigné du discours des médias pour se protéger des accusations permanentes et autres marques de mépris : je sélectionne à fond (pas de TV, juste la radio... et très peu de journaux ou magazines, c'est souvent une perte de temps)
- se promener sur Neoprofs pour se rendre compte qu'on n'est pas seul à douter, à subir, à lutter, et finalement, à tenir !

Bon courage ! Dis-toi que le simple fait de te poser toutes ces questions, et d'éprouver une telle lassitude, est une preuve que tu es un professeur sérieux et à sa place... J'espère que mes petits trucs te permettront de tenir jusqu'à la fin de l'année.

C'est très gentil à toi! Je vais aller me faire un thé tout de suite pour la peine. Tu m'éclaires beaucoup en me disant que tu crois plus en la littérature qu'en l'enseignement. Je n'y avais jamais vraiment pensé mais cela est tellement vrai! Il est vrai que Les néos sont vraiment des professeurs exceptionnels dont je me sens beaucoup plus proche que certaines de mes collègues. Heureusement que vous êtes là!

Difficile en effet de garder le moral en cette fin d'année...
J'ai encore des tas de copies à corriger avant les conseils de classe, et je n'ai aucune motivation pour m'y mettre.
Je commence déjà à penser à l'année prochaine (répartition des classes, et je me lance dans l'évaluation par compétences...) et j'ai du mal à m'intéresser à ce qui me reste à faire cette année...
Les élèves sont super pénibles, alors je les colle systématiquement de 17h à 18h, ce qui m'oblige à rester au collège pour les garder. Les dernières semaines sont toujours les plus longues!!

Je me drogue.

tiptop77 a écrit:Je me drogue.

... au chocolat !

1/En fin d'année, 2/ou par rapport à ce qui arrive à la profession ?
Si 1/, il faut changer le titre.
Comment faites-vous pour garder le moral en fin d'année ?
Un "détail", mais qui orientera les réponses.

Plus sérieusement, de prendre soin de soi est la solution

Ne sois pas trop dure avec toi-même. Apprécie ce que tu as réussi et pour le reste dis-toi que ça viendra petit à petit  avec les années.

Sois douce avec toi-même, prends le temps de dormir, de passer du temps avec ceux que tu aimes, de lire un bon bouquin sans aucun rapport avec tes cours, de faire du sport, une simple balade pour admirer ce qui t'entoure, etc...
Prends le temps pour toi. La première année, je dormais peu et j'étais toujours insatisfaite de mon boulot et forcément de celui fourni par les élèves. Ensuite, je me suis rendu compte que certes le travail de préparation est important mais surtout qu'il faut essayer d'être reposée, détendue et à l'écoute en classe. Ca se passe bien mieux ainsi

Quant à ce que certains disent de ton métier, tu leur dis JTM*.

*:

amethyste a écrit:

tiptop77 a écrit:Je me drogue.

... au chocolat !

tiptop77 a écrit:Plus sérieusement, de prendre soin de soi est la solution

Ne sois pas trop dure avec toi-même. Apprécie ce que tu as réussi et pour le reste dis-toi que ça viendra petit à petit  avec les années.

Sois douce avec toi-même, prends le temps de dormir, de passer du temps avec ceux que tu aimes, de lire un bon bouquin sans aucun rapport avec tes cours, de faire du sport, une simple balade pour admirer ce qui t'entoure, etc...
Prends le temps pour toi. La première année, je dormais peu et j'étais toujours insatisfaite de mon boulot et forcément de celui fourni par les élèves. Ensuite, je me suis rendu compte que certes le travail de préparation est important mais surtout qu'il faut essayer d'être reposée, détendue et à l'écoute en classe. Ca se passe bien mieux ainsi

Quant à ce que certains disent de ton métier, tu leur dis JTM*.

*:

La modération va tiquer sur ton mp.
Le poussin a raison. Moi aussi, tous les ans à cette période, je doute, et en faisant le bilan de tout ce que j'ai pu étudier avec les élèves, je me dis que j'ai bossé.

Tu commences à peine, et comme dit plus haut le mieux est de pointer ce qui a marché et de voir ce qui peut être amélioré.
Ensuite, il faut aussi garder une chose à l'esprit, malheureusement, on ne peut pas sauver tous les élèves, surtout s'ils ne veulent pas bosser. D'expérience, ce ne sont pas forcément les collèges de centre-ville ou les élèves sont toujours les meilleurs, certains se laissent vivre, ont trop conscience de leurs atouts et finalement ne sont pas si bons que ça.

Slim! Je pensais que personne ne m'avait vue

Thalia de G a écrit:1/En fin d'année, 2/ou par rapport à ce qui arrive à la profession ?
Si 1/, il faut changer le titre.
Comment faites-vous pour garder le moral en fin d'année ?
Un "détail", mais qui orientera les réponses.

Les 2 en fait... !

Excellent! C'est vrai que ça redonne le sourire

marie91270 a écrit:
Je commence déjà à penser à l'année prochaine (répartition des classes, et je me lance dans l'évaluation par compétences...) et j'ai du mal à m'intéresser à ce qui me reste à faire cette année...

En effet, mais il nous reste encore un mois et demi à tenir!

Bartleby a écrit:Voici quelques trucs que j'utilise régulièrement :
- travailler des sujets et des textes que j'adore, comme ça le travail me pèse moins (voire pas du tout !)... puisque tu parles de "foi", je dirais que je crois beaucoup plus en la littérature qu'en l'enseignement  

Je ne sais pas si je crois beaucoup plus en la philosophie qu’en l’enseignement, mais c’est la philosophie qui m’aide à "tenir" : je lis beaucoup, des textes que je voulais lire depuis longtemps, ou des textes que j’aime, avec lesquels je me sens bien parce qu’ils continuent de me questionner. "Domaine privé" en quelque sorte... non que je ne veuille en faire profiter les élèves, mais il faudrait sans cesse remédier, et c’est ce qui me prend encore du temps et me coûte bien des efforts. Là, dans ce "domaine privé", je me baigne, tranquillement, je prends le temps de mon questionnement, sans autre contrainte, et cela fait un bien fou. A pratiquer souvent, sur de longues plages de week-end, dix gélules de Platon, un sachet d’Augustin, une cuillère de Gabriel Marcel... Respirez, vous êtes bien sur radio-philo... :chat:

Courage.

tiptop77 a écrit:Je me drogue.

D'ailleurs, pour la livraison, c'est toujours ce soir 18h. A tout à l'heure

Sinon, y'a quand même une sacrée différence entre le collège où il faut les tenir jusqu'à début juillet par rapport au lycée où ils arrêtent le 5 juin (chez nous en tout cas).

Ok, paiement en petites coupures de 10 et 20 euros comme d'hab :lol:

Je prends beaucoup de distance.
Je suis entrée dans le métier en étant déjà blindée parce que je sais que je suis empathique, hypersensible, avec une tendance à me noyer dans le travail, à vouloir tout faire parfaitement, à culpabiliser. Je savais que je devais me protéger tout de suite alors j'ai de suite pris du recul : je sais que je ne suis pas là pour sauver miraculeusement les élèves (en difficulté scolaire et/ou sociale), je sais que mes cours ne sont pas parfaits, je sais que mon apport aux élèves est minime (je dis ça en pensant à l'écart élèves très bons/élèves en chute libre qui reste le même tout au long de la scolarité, et qui s'aggrave même).
Du coup, peu d'ambition = peu de déception.
Cela ne veut pas dire que je travaille n'importe comment non plus, j'ai une conscience professionnelle, mais j'ai une ambition réaliste et non idéaliste.

Et depuis quelques mois j'ai encore plus le moral parce que j'ai pris encore plus de distance en remettant le boulot à sa place : ce n'est qu'un travail. J'ai rempli ma vie de pleins d'autres choses qui me passionnent (tout comme ce métier), du coup je pioche mes joies et mes forces dans plein de domaines et tout ne repose pas sur le travail. Quand ça ne va pas très bien au boulot, ce n'est pas grave, je relativise, parce qu'il n'y a pas que ça dans la vie.
Je me suis rendue compte de ça avec soulagement quand il y a eu la réforme, là, ces derniers jours/semaines. Elle me démoralise complètement professionnellement parlant mais je garde le moral malgré tout parce que ma vie est géniale. Il y a encore quelques mois je pense que je me serais effondrée puisque tout mon bonheur reposait sur le boulot.

Abricote parle d'or :etoilecoeur:

Je bois.

leyade a écrit:Je bois.

:aav: