- InvitéeLaNiveau 5
Voici le sujet :
"Un théâtre sans convention n'a pas d'espoir. La convention c'est cette pure entrée dans l'imaginaire, sans les antichambres de l'intelligence, les salons mondains de l'élégance, etc. Le public populaire se saisit toujours plus vite d'une convention que le public savant (lequel voudrait inlassablement de la vraisemblance, de la logique psychologique, de la profondeur, de la dialectique, du parlé vrai, tout ce qui tente de se soustraite à l'architecture des conventions théâtrales).
Le public enfantin des guignols joue avec les conventions du genre comme peu de critiques savent le faire. Car il s'agit non pas de juger l'oeuvre mais de jouer avec, de se jouer, de faire jouer son imaginaire, d'utiliser les conventions théâtrales pour animer son jardin intérieur."
Olivier Py, Les Mille et une définitions du théâtre, Actes Sud, 2013.
Vous analyserez et discuterez ces propos en vous appuyant sur des exemples précis empruntés à votre culture théâtrale
NdlR : "parlé vrai" [sic]
Qu'en pensez-vous ? Qu'auriez-vous fait ?
"Un théâtre sans convention n'a pas d'espoir. La convention c'est cette pure entrée dans l'imaginaire, sans les antichambres de l'intelligence, les salons mondains de l'élégance, etc. Le public populaire se saisit toujours plus vite d'une convention que le public savant (lequel voudrait inlassablement de la vraisemblance, de la logique psychologique, de la profondeur, de la dialectique, du parlé vrai, tout ce qui tente de se soustraite à l'architecture des conventions théâtrales).
Le public enfantin des guignols joue avec les conventions du genre comme peu de critiques savent le faire. Car il s'agit non pas de juger l'oeuvre mais de jouer avec, de se jouer, de faire jouer son imaginaire, d'utiliser les conventions théâtrales pour animer son jardin intérieur."
Olivier Py, Les Mille et une définitions du théâtre, Actes Sud, 2013.
Vous analyserez et discuterez ces propos en vous appuyant sur des exemples précis empruntés à votre culture théâtrale
NdlR : "parlé vrai" [sic]
Qu'en pensez-vous ? Qu'auriez-vous fait ?
- WabiSabiHabitué du forum
laïla a écrit:Voici le sujet :
"Un théâtre sans convention n'a pas d'espoir. La convention c'est cette pure entrée dans l'imaginaire, sans les antichambres de l'intelligence, les salons mondains de l'élégance, etc. Le public populaire se saisit toujours plus vite d'une convention que le public savant (lequel voudrait inlassablement de la vraisemblance, de la logique psychologique, de la profondeur, de la dialectique, du parlé vrai, tout ce qui tente de se soustraite à l'architecture des conventions théâtrales).
Le public enfantin des guignols joue avec les conventions du genre comme peu de critiques savent le faire. Car il s'agit non pas de juger l'oeuvre mais de jouer avec, de se jouer, de faire jouer son imaginaire, d'utiliser les conventions théâtrales pour animer son jardin intérieur."
Olivier Py, Les Mille et une définitions du théâtre, Actes Sud, 2013.
Vous analyserez et discuterez ces propos en vous appuyant sur des exemples précis empruntés à votre culture théâtrale
NdlR : "parlé vrai" [sic]
Qu'en pensez-vous ? Qu'auriez-vous fait ?
Moi j'ai bien failli pleurer!
Puis j'ai fait contre mauvaise fortune bon cœur... 2 parties au lieu de 3, faute de temps! Ce sujet forçait à réinventer l'eau tiède et à ânonner, au moins en 1ère partie, tous les poncifs possible sur la nature de l'écriture théâtrale. Et après une composition française sur Corneille à l'agreg externe, le choix d'un autre genre que le théâtre eût été sympathique, mais enfin...
J'ajoute que le piège du sujet, c'est que, portant principalement sur le problème de la réception et l'organisation scénique, il rendait l'évocation d'exemples d’œuvres particulièrement casse-gueule et complexe, sauf à posséder une solide culture de l'histoire "technique" du théâtre. Bref, un sujet peu "littéraire" en soi, sinon par la bande.
La faute de français m'a choqué et abasourdi, et j'ai bien failli mettre un "sic" moi aussi lors de la citation puis me suis ravisé en me disant que ça pourrait être mal perçu par les correcteurs. Pour l'anecdote, j'ai discuté le lendemain avec une candidate, contractuelle à Lyon, et qui, ayant travaillé chez Actes sud pendant quelques temps, avait notamment corrigé les épreuves d'un autre livre d'Olivier Py, apparemment truffé de fôtes énormes et à peu près illisible en l'état, tant sa pensée est confuse... Disons que le choix laisse rêveur! ^^
- InvitéeLaNiveau 5
Et moi, je ne voulais pas de théâtre ! Mais on ne m'a pas écoutée. Et tout ce que je savais, je l'ai casé. Je ne me suis pas posé trop de questions, et je ne pense pas avoir répondu à celles de mon intro :
"Pour tenter d'entrer pleinement dans cette histoire racontée par Olivier Py, nous démêlerons les contradictions apparentes de sa définition de la convention théâtrale...Pouvons-nous accepter l'idée - brillamment exposée par Py - que nous devons oublier intelligence et élégance pour entrer dans l'imaginaire et savourer le théâtre ? N'y a-t-il pas des cas où c'est précisément l'intelligence, prise comme la compréhension, qui permet de "faire jouer son imaginaire" ? Finalement, le théâtre redevient-il un art populaire, fermé à l'esprit des sociétés savantes et des adultes ?
Pour répondre à ces questions, nous verrons comment le théâtre, en se codifiant dès le XVIIème siècle, a su s'attirer la sympathie des têtes bien pensantes. Mais nous verrons aussi comment il a su remuer les coeurs et déchaîner les passions en s'affranchissant des conventions, a posteriori appelées classiques. Finalement, nous nous demanderons si c'est tant la pièce, ou le public, qui fait la convention, cette "pure entrée dans l'imaginaire".
J'ai rédigé une simple présentation linéaire, en partant de Boileau, Corneille, Racine, Molière, pour finir sur Ionesco et Anouilh (Rhinocéros et Les poissons rouges). En passant par Marivaux, Beaumarchais (vite, très vite fait ), Stendhal (Racine et Shakespeare), et Hernani. Tout ça pour aboutir à l'idée que la convention (terme répété X fois dans ces quelques lignes) est finalement prise par Py comme la liberté de création, liberté d'écriture : les possibles de l'auteur, et du public. Shéhérazade et ses contes.
J'aurais pu ajouter "Il est interdit d'interdire" ; bien sûr, je n'y ai pas pensé. Mais ce n'est pas le plus grave.
"Pour tenter d'entrer pleinement dans cette histoire racontée par Olivier Py, nous démêlerons les contradictions apparentes de sa définition de la convention théâtrale...Pouvons-nous accepter l'idée - brillamment exposée par Py - que nous devons oublier intelligence et élégance pour entrer dans l'imaginaire et savourer le théâtre ? N'y a-t-il pas des cas où c'est précisément l'intelligence, prise comme la compréhension, qui permet de "faire jouer son imaginaire" ? Finalement, le théâtre redevient-il un art populaire, fermé à l'esprit des sociétés savantes et des adultes ?
Pour répondre à ces questions, nous verrons comment le théâtre, en se codifiant dès le XVIIème siècle, a su s'attirer la sympathie des têtes bien pensantes. Mais nous verrons aussi comment il a su remuer les coeurs et déchaîner les passions en s'affranchissant des conventions, a posteriori appelées classiques. Finalement, nous nous demanderons si c'est tant la pièce, ou le public, qui fait la convention, cette "pure entrée dans l'imaginaire".
J'ai rédigé une simple présentation linéaire, en partant de Boileau, Corneille, Racine, Molière, pour finir sur Ionesco et Anouilh (Rhinocéros et Les poissons rouges). En passant par Marivaux, Beaumarchais (vite, très vite fait ), Stendhal (Racine et Shakespeare), et Hernani. Tout ça pour aboutir à l'idée que la convention (terme répété X fois dans ces quelques lignes) est finalement prise par Py comme la liberté de création, liberté d'écriture : les possibles de l'auteur, et du public. Shéhérazade et ses contes.
J'aurais pu ajouter "Il est interdit d'interdire" ; bien sûr, je n'y ai pas pensé. Mais ce n'est pas le plus grave.
- User5899Demi-dieu
Excusez-moi, mais le parlé vrai n'est pas le parler vrai, voilà tout. Il y a l'état et l'action. Je ne vois aucune faute là-dedans.
Surtout qu'un des correcteurs est mon IPR, qui emploie couramment l'expression "rendu-compte"
Par ailleurs, je me demande si on peut dire que le théâtre 1) se "codifie" (une convention est-elle un code ?) 2) et se codifie depuis le XVIIe. Il n'existe donc pas de conventions sur les gradins athéniens des grandes dionysies ?
Bon, bonne chance à tous.
Il faut être très sûr de soi... Vous avez sans doute bien fait de vous abstenir.WabiSabi a écrit:La faute de français m'a choqué et abasourdi, et j'ai bien failli mettre un "sic" moi aussi lors de la citation puis me suis ravisé en me disant que ça pourrait être mal perçu par les correcteurs.
Surtout qu'un des correcteurs est mon IPR, qui emploie couramment l'expression "rendu-compte"
Par ailleurs, je me demande si on peut dire que le théâtre 1) se "codifie" (une convention est-elle un code ?) 2) et se codifie depuis le XVIIe. Il n'existe donc pas de conventions sur les gradins athéniens des grandes dionysies ?
Bon, bonne chance à tous.
- InvitéeLaNiveau 5
Sur les gradins, je ne sais pas, sur la scène, sans doute. Mais mes savoirs ne remontaient pas à aussi loin, j'ai du faire avec ce que j'avais En partant de Boileau, en France, ça pouvait peut-être se défendre un peu...
"Parlé vrai" est dans l'action, je suis d'accord, ce qui est "parlé" sur scène, ça va avec le reste de la définition de Py. Enfin, vous soulignez l'importance de définir chaque mot utilisé...pour éviter l'à-peu-près.
"Parlé vrai" est dans l'action, je suis d'accord, ce qui est "parlé" sur scène, ça va avec le reste de la définition de Py. Enfin, vous soulignez l'importance de définir chaque mot utilisé...pour éviter l'à-peu-près.
- User5899Demi-dieu
Ben, au XVIIe, Boileau est à la fin, il ne fait que décrire ce qu'il a vu représenté pendant vingt ans. Ce ne sont pas des règles qu'il énonce, mais une sorte de synthèse.laïla a écrit:Sur les gradins, je ne sais pas, sur la scène, sans doute. Mais mes savoirs ne remontaient pas à aussi loin, j'ai du faire avec ce que j'avais En partant de Boileau, en France, ça pouvait peut-être se défendre un peu...
"Parlé vrai" est dans l'action, je suis d'accord, ce qui est "parlé" sur scène, ça va avec le reste de la définition de Py. Enfin, vous soulignez l'importance de définir chaque mot utilisé...pour éviter l'à-peu-près.
Bon, mieux vaut Boileau que rien, c'est sûr.
Pensez à l'épatante Histoire du théâtre dessinée d'André Degaine, un volume unique pour apprendre tout tout plein de choses sur le théâtre avec plein de zoulis dessins et un texte d'amoureux du théâtre et non d'universitaire.
- WabiSabiHabitué du forum
Cripure a écrit:Excusez-moi, mais le parlé vrai n'est pas le parler vrai, voilà tout. Il y a l'état et l'action. Je ne vois aucune faute là-dedans.Il faut être très sûr de soi... Vous avez sans doute bien fait de vous abstenir.WabiSabi a écrit:La faute de français m'a choqué et abasourdi, et j'ai bien failli mettre un "sic" moi aussi lors de la citation puis me suis ravisé en me disant que ça pourrait être mal perçu par les correcteurs.
Surtout qu'un des correcteurs est mon IPR, qui emploie couramment l'expression "rendu-compte"
Par ailleurs, je me demande si on peut dire que le théâtre 1) se "codifie" (une convention est-elle un code ?) 2) et se codifie depuis le XVIIe. Il n'existe donc pas de conventions sur les gradins athéniens des grandes dionysies ?
Bon, bonne chance à tous.
Cripure, mea culpa sur la nuance orthographique, que j'ignorais...
En ce qui me concerne, j'ai justement commencé par l'organisation des dionysies et les conventions aristotéliciennes dans ma 1ère partie.
Laïla, ma 3e partie et ma conclusion allaient dans le même sens que toi, i.e. la liberté créatrice, avec l'idée que la convention peut aussi être féconde parce qu'invitation à la transgression, avec fin sur le fait que toute limite est justement faite pour être franchie.
- InvitéeLaNiveau 5
Cripure, merci pour les informations et les conseils. Zouli :lol:
WabiSabi, ça à l'air chouette, joliment exposé. Tu as choisi une sorte de présentation chronologique ?
WabiSabi, ça à l'air chouette, joliment exposé. Tu as choisi une sorte de présentation chronologique ?
- moboNiveau 10
WabiSabi a écrit:
En ce qui me concerne, j'ai justement commencé par l'organisation des dionysies et les conventions aristotéliciennes dans ma 1ère partie.
Laïla, ma 3e partie et ma conclusion allaient dans le même sens que toi, i.e. la liberté créatrice, avec l'idée que la convention peut aussi être féconde parce qu'invitation à la transgression, avec fin sur le fait que toute limite est justement faite pour être franchie.
Je pense que nous avons fait la même dissertation...
- SeiGrand Maître
laïla a écrit:Voici le sujet :
"Un théâtre sans convention n'a pas d'espoir. La convention c'est cette pure entrée dans l'imaginaire, sans les antichambres de l'intelligence, les salons mondains de l'élégance, etc. Le public populaire se saisit toujours plus vite d'une convention que le public savant (lequel voudrait inlassablement de la vraisemblance, de la logique psychologique, de la profondeur, de la dialectique, du parlé vrai, tout ce qui tente de se soustraite à l'architecture des conventions théâtrales).
Le public enfantin des guignols joue avec les conventions du genre comme peu de critiques savent le faire. Car il s'agit non pas de juger l'oeuvre mais de jouer avec, de se jouer, de faire jouer son imaginaire, d'utiliser les conventions théâtrales pour animer son jardin intérieur."
Olivier Py, Les Mille et une définitions du théâtre, Actes Sud, 2013.
Vous analyserez et discuterez ces propos en vous appuyant sur des exemples précis empruntés à votre culture théâtrale
NdlR : "parlé vrai" [sic]
Qu'en pensez-vous ? Qu'auriez-vous fait ?
Je n'ai pas passé le CAPES cette année, mais le sujet m'intéresse.
Comment avez-vous compris cette définition de la convention théâtrale ? Etonnante, non ? Py part de "la convention", et finalement admet "les conventions" du théâtre de Guignol. J'aurais pensé que le public, savant comme populaire (mais adulte, certes), conviendrait sans peine, comme conventions, de la vraisemblance, logique interne et du parlé vrai. Qu'en pensez-vous ? C'est le point qui me pose le plus problème.
En tout cas, Py renoue avec l'idée fort simple que faire du théâtre, et donc aller au théâtre, c'est jouer (ce n'est pas anodin que Py ait écrit et mis en scène des pièces jeune public). Terrible que d'aller au théâtre, et de rester de l'autre côté, de ne pas admettre la partie qui se déroule, de s'ennuyer, non pas tant parce que ce qui se déroule est ennuyeux, mais parce que l'on n'en fait pas partie, on n'accepte pas d'y croire pour telle ou telle raison. J'imagine que j'aurais bâti ma première partie sur ce pacte d'illusion (cf. prologue d'Henry V : "Think, when we talk of horses that you see them / Printing their prood hoofs into i'th' receiving earth : / For this your thoughts that now must deck our kings, / Carry them here and there : jumping o'er times ; / Turning th'accomplishment of many years / Into an hour glass"). La convention par excellence serait "l'espace vide" dont parle Brook, un endroit pour l'imaginaire, comme au plus fort de nos jeux d'enfants (on dirait que je serais princesse et que tu serais sorcière, et on dirait que ce bâton, c'est ta baguette magique).
Puisqu'il évoque guignol, j'aurais évoqué le pouvoir de la farce (public populaire) et celui de la comédie classique (public savant), sans doute, ici, pour contester son point de vue, en en montrant les limites. Lorsque Hanock Levin, auteur israélien que j'aime beaucoup, réécrit Amphitryon de Molière, il perd le vertige du langage poussé à son paroxysme. Seule la bastonnade (pure farce) convainc son personnage, et le doute ne n'instaure plus de façon aussi puissante et troublante que dans le vacillement d'identité du Sosie original, saisi par le raisonnement de son double Mercure. La dialectique, la profondeur peuvent renverser bien plus que l'action pure, à condition de se laisser bouleverser par la convention, d'en sortir, de se laisser happer par le pouvoir de la langue lui-même, bref, accepter de ne plus être le maître du jeu.
Enfin, je trouve la dichotomie qu'il propose entre théâtre populaire et théâtre savant intéressante. Qui va au théâtre aujourd'hui ? Est-il possible d'allier force et intelligence du théâtre et popularité ? Le théâtre rencontre-t-il la même limite que celle qui existe entre les salles de cinéma dit "d'art et d'essai" et les multiplex ? Py reste un homme du théâtre public, et il a affaire à un public qu'il nomme lui-même "savant". Alors sa déclaration reste-t-elle un vœu pieu ? J'aurais sans doute évoqué le projet d'Ariane Mnouchkine en tant qu'œuvre, projet mené sur des années, l'étonnant Opéra du dragon d'Heiner Müller, qui tranche dans son œuvre, ou les Fables mises en scène par Bob Wilson, dans ce lieu ultra-protégé qu'est la Comédie Française… Que deviennent les conventions dans ces spectacles ?
- InvitéeLaNiveau 5
mobo a écrit:
Je pense que nous avons fait la même dissertation...
Ils vont s'amuser les correcteurs Je n'ai pas pu trouver un plan thématique, quelqu'un a-t-il procédé comme ça ?
- WabiSabiHabitué du forum
laïla a écrit:mobo a écrit:
Je pense que nous avons fait la même dissertation...
Ils vont s'amuser les correcteurs Je n'ai pas pu trouver un plan thématique, quelqu'un a-t-il procédé comme ça ?
C'est sûr que ça doit pas être passionnant comme boulot! Pour te répondre Laïla mon plan n'était pas strictement chronologique mais il est vrai que ma progression thématique suivait en gros de grandes périodes... :/
Sinon quand je vois la culture théâtrale se Sei je me rends compte de l'indigence totale de ma compo donc je vais arrêter de suivre ce fil...
- SeiGrand Maître
Oh pardon. Le théâtre, c'est mon dada, en fait, c'est pour ça que j'ai eu envie de réfléchir au sujet. Mais je ne me dépatouille pas bien des conventions et je biaise, alors qu'il semble que vous vous êtes emparés de la difficulté. Je croise les doigts pour vous ! :trèfle:
Edit : j'imagine que lorsque WabiSabi, tu évoques ma culture théâtrale, tu fais allusion à ça : "on dirait que je serais princesse et que tu serais sorcière, et on dirait que ce bâton, c'est ta baguette magique".
Edit : j'imagine que lorsque WabiSabi, tu évoques ma culture théâtrale, tu fais allusion à ça : "on dirait que je serais princesse et que tu serais sorcière, et on dirait que ce bâton, c'est ta baguette magique".
- InvitéeLaNiveau 5
Merci Sei pour ces lignes que je relirai à tête reposée : mon fils joue à côté ! Eh oui, pourtant, je n'ai pas évoqué ces jeux d'enfants, ni ces rires devant le spectacle de guignol devant lequel je me suis un peu...ennuyée.
Je n'ai pas totalement compris la partie qui suit : "lequel voudrait inlassablement de la vraisemblance, de la logique psychologique, de la profondeur, de la dialectique, du parlé vrai, tout ce qui tente de se soustraite à l'architecture des conventions théâtrales".
La difficulté pour moi résidait dans les nombreux points abordés : élégance/intelligence VS imaginaire, Jeux divers, populaire VS savant. Comment définir populaire et savant ? C'était dense, et je me suis rendu compte que 6h c'est trop trop court !
Je n'ai pas totalement compris la partie qui suit : "lequel voudrait inlassablement de la vraisemblance, de la logique psychologique, de la profondeur, de la dialectique, du parlé vrai, tout ce qui tente de se soustraite à l'architecture des conventions théâtrales".
La difficulté pour moi résidait dans les nombreux points abordés : élégance/intelligence VS imaginaire, Jeux divers, populaire VS savant. Comment définir populaire et savant ? C'était dense, et je me suis rendu compte que 6h c'est trop trop court !
- WabiSabiHabitué du forum
laïla a écrit:Merci Sei pour ces lignes que je relirai à tête reposée : mon fils joue à côté ! Eh oui, pourtant, je n'ai pas évoqué ces jeux d'enfants, ni ces rires devant le spectacle de guignol devant lequel je me suis un peu...ennuyée.
Je n'ai pas totalement compris la partie qui suit : "lequel voudrait inlassablement de la vraisemblance, de la logique psychologique, de la profondeur, de la dialectique, du parlé vrai, tout ce qui tente de se soustraite à l'architecture des conventions théâtrales".
La difficulté pour moi résidait dans les nombreux points abordés : élégance/intelligence VS imaginaire, Jeux divers, populaire VS savant. Comment définir populaire et savant ? C'était dense, et je me suis rendu compte que 6h c'est trop trop court !
Oui, c'était vraiment le risque de ce sujet, beaucoup trop vaste à mon goût (création, réception, etc.), et qui, du coup, m'a fait perdre beaucoup trop de temps avant rédaction. J'imagine que l'idée de donner un sujet "large" était bienveillant de la part du jury, mais dans ce cas il vaut mieux faire comme pour le sujet de compo comparée d'agreg de cette année (un vers de TS Eliot) ou carrément le sujet de Sciences Po cette année (le mot expliquer), qui ont le mérite de dire d'emblée que le sujet est ouvert, et permettent de ne pas perdre de temps à disséquer chaque terme abscons! Les sujets, pour moi, c'est comme les places pour se garer : plus c'est large et plus je galère! ^^
Concernant la partie que tu cites, c'est effectivement là que se nouait la tension de la problématique, à mon sens : la convention n'est pas liée aux codes (pour rebondir sur les termes de Cripure) mais bien sur l'acceptation du jeu dans tous les sens du terme, et dans la pleine acceptation, quel que soit le "code" à la mode, d'une entière suspension of disbelief.
@Sei : oui, ce passage est très probant, on sent une pleine maitrise du vocabulaire technique de la scène!
- SeiGrand Maître
laïla a écrit:Merci Sei pour ces lignes que je relirai à tête reposée : mon fils joue à côté ! Eh oui, pourtant, je n'ai pas évoqué ces jeux d'enfants, ni ces rires devant le spectacle de guignol devant lequel je me suis un peu...ennuyée.
Je n'ai pas totalement compris la partie qui suit : "lequel voudrait inlassablement de la vraisemblance, de la logique psychologique, de la profondeur, de la dialectique, du parlé vrai, tout ce qui tente de se soustraite à l'architecture des conventions théâtrales".
La difficulté pour moi résidait dans les nombreux points abordés : élégance/intelligence VS imaginaire, Jeux divers, populaire VS savant. Comment définir populaire et savant ? C'était dense, et je me suis rendu compte que 6h c'est trop trop court !
Voilà ! c'est aussi ce passage que je trouve difficile, et je te rejoins sur tout ton post.
- User5899Demi-dieu
Sei a écrit:laïla a écrit:Voici le sujet :
"Un théâtre sans convention n'a pas d'espoir. La convention c'est cette pure entrée dans l'imaginaire, sans les antichambres de l'intelligence, les salons mondains de l'élégance, etc. Le public populaire se saisit toujours plus vite d'une convention que le public savant (lequel voudrait inlassablement de la vraisemblance, de la logique psychologique, de la profondeur, de la dialectique, du parlé vrai, tout ce qui tente de se soustraite à l'architecture des conventions théâtrales).
Le public enfantin des guignols joue avec les conventions du genre comme peu de critiques savent le faire. Car il s'agit non pas de juger l'oeuvre mais de jouer avec, de se jouer, de faire jouer son imaginaire, d'utiliser les conventions théâtrales pour animer son jardin intérieur."
Olivier Py, Les Mille et une définitions du théâtre, Actes Sud, 2013.
Vous analyserez et discuterez ces propos en vous appuyant sur des exemples précis empruntés à votre culture théâtrale
NdlR : "parlé vrai" [sic]
Qu'en pensez-vous ? Qu'auriez-vous fait ?
Je n'ai pas passé le CAPES cette année, mais le sujet m'intéresse.
Comment avez-vous compris cette définition de la convention théâtrale ? Etonnante, non ? Py part de "la convention", et finalement admet "les conventions" du théâtre de Guignol. J'aurais pensé que le public, savant comme populaire (mais adulte, certes), conviendrait sans peine, comme conventions, de la vraisemblance, logique interne et du parlé vrai. Qu'en pensez-vous ? C'est le point qui me pose le plus problème.
En tout cas, Py renoue avec l'idée fort simple que faire du théâtre, et donc aller au théâtre, c'est jouer (ce n'est pas anodin que Py ait écrit et mis en scène des pièces jeune public). Terrible que d'aller au théâtre, et de rester de l'autre côté, de ne pas admettre la partie qui se déroule, de s'ennuyer, non pas tant parce que ce qui se déroule est ennuyeux, mais parce que l'on n'en fait pas partie, on n'accepte pas d'y croire pour telle ou telle raison. J'imagine que j'aurais bâti ma première partie sur ce pacte d'illusion (cf. prologue d'Henry V : "Think, when we talk of horses that you see them / Printing their prood hoofs into i'th' receiving earth : / For this your thoughts that now must deck our kings, / Carry them here and there : jumping o'er times ; / Turning th'accomplishment of many years / Into an hour glass"). La convention par excellence serait "l'espace vide" dont parle Brook, un endroit pour l'imaginaire, comme au plus fort de nos jeux d'enfants (on dirait que je serais princesse et que tu serais sorcière, et on dirait que ce bâton, c'est ta baguette magique).
Puisqu'il évoque guignol, j'aurais évoqué le pouvoir de la farce (public populaire) et celui de la comédie classique (public savant), sans doute, ici, pour contester son point de vue, en en montrant les limites. Lorsque Hanock Levin, auteur israélien que j'aime beaucoup, réécrit Amphitryon de Molière, il perd le vertige du langage poussé à son paroxysme. Seule la bastonnade (pure farce) convainc son personnage, et le doute ne n'instaure plus de façon aussi puissante et troublante que dans le vacillement d'identité du Sosie original, saisi par le raisonnement de son double Mercure. La dialectique, la profondeur peuvent renverser bien plus que l'action pure, à condition de se laisser bouleverser par la convention, d'en sortir, de se laisser happer par le pouvoir de la langue lui-même, bref, accepter de ne plus être le maître du jeu.
Enfin, je trouve la dichotomie qu'il propose entre théâtre populaire et théâtre savant intéressante. Qui va au théâtre aujourd'hui ? Est-il possible d'allier force et intelligence du théâtre et popularité ? Le théâtre rencontre-t-il la même limite que celle qui existe entre les salles de cinéma dit "d'art et d'essai" et les multiplex ? Py reste un homme du théâtre public, et il a affaire à un public qu'il nomme lui-même "savant". Alors sa déclaration reste-t-elle un vœu pieu ? J'aurais sans doute évoqué le projet d'Ariane Mnouchkine en tant qu'œuvre, projet mené sur des années, l'étonnant Opéra du dragon d'Heiner Müller, qui tranche dans son œuvre, ou les Fables mises en scène par Bob Wilson, dans ce lieu ultra-protégé qu'est la Comédie Française… Que deviennent les conventions dans ces spectacles ?
Je trouve ces réflexions très intéressantes, qui permettent aussi, et ce n'est pas rien, de s'affranchir d'un simple déroulé chronologique. Après tout, une convention, c'est aussi un grand rassemblement, physique mais aussi intellectuel, qui repose sur une communauté, politique, sensible, esthétique, etc. Pour ce sujet, je pense qu'on peut comprendre ces conventions comme autre chose qu'une simple liste de prétendues règles, mais bien plutôt comme ce qui permet l'adhésion voire l’assimilation aux personnages (cf. Hugo : "Il y a des cœurs humains sur la scène, il y a des cœurs humains dans la salle") : ces règles, qui concentrent au départ (sur un lieu, un jour) parce qu'on pense que ce sera plus facile à suivre, ont pour but de permettre l'immersion du public : peu importent les décors, les costumes, un homme peut jouer une femme, on porte des masques, peu importe les détails réalistes.
Intéressant aussi ce départ entre populaire et savant. S'agit-il de reconduire la fameuse distinction étymologique, où la forme savante est celle qui a assimilé les changements, quand la forme savante singe le modèle ? Un théâtre austère comme celui de Beckett est pourtant tout sauf savant (il n'est que d'assister à une représentation ou de projeter une captation devant une classe).
Pour moi, la première convention théâtrale, c'est l'absence du 4e mur et l'indiscrétion essentielle du spectateur.
- WabiSabiHabitué du forum
Merci Cripure pour ces reflexions. Il y avait en effet de quoi dire sur distinguo populaire/savant qui réclamait bien sûr quelques nuances... on peut penser aux formes populaires du Moyen age (farces, soties, mystères) ou à l'opposition, à l'époque classique, entre comédies et tragédies, et jusqu'à nos jours (théâtre de boulevard vs dramaturges plus "littéraires").
_________________
"De duobus malis, minus est semper eligendum."
"Plus je travaille moins, moins je glande plus. C'est shadokien." Lefteris
T2 ('17-'18) : TZR 2 collèges REP/REP+, 5e/4e/3e
T1 ('16-'17) : TZR AFA Collège, 2 5e + 2 4e
Stage ('15-'16) : Lycée GT, 1 2de + 1 1re S
- InvitéeLaNiveau 5
Donc, en relisant, je comprends que Sei propose une réflexion en 3 points sur cette définition de Py. Merci pour cet échange, riche d'exemples originaux. Merci de nous sortir des sentiers battus.
Lorsque vous évoquez le cinéma, ça me fait penser à un point important dans l'enseignement du français : les programmes sont saucissonnés, avec des frontières nettes entre les genres. A l'oral, les règles stipulent qu'un élève interrogé sur le théâtre ne sera interrogé que sur le théâtre, que les exemples choisis pour illustrer une réponse sur le roman se limiteront à ce genre. Pourtant, en lisant Les liaisons dangereuses, par exemple, on peut être pris de l'envie de comparer cette oeuvre à une pièce de théâtre. Enfin, à côte de ce découpage au sein d'une matière, on met en place des EPI. Bizarre...
Lorsque vous évoquez le cinéma, ça me fait penser à un point important dans l'enseignement du français : les programmes sont saucissonnés, avec des frontières nettes entre les genres. A l'oral, les règles stipulent qu'un élève interrogé sur le théâtre ne sera interrogé que sur le théâtre, que les exemples choisis pour illustrer une réponse sur le roman se limiteront à ce genre. Pourtant, en lisant Les liaisons dangereuses, par exemple, on peut être pris de l'envie de comparer cette oeuvre à une pièce de théâtre. Enfin, à côte de ce découpage au sein d'une matière, on met en place des EPI. Bizarre...
- User5899Demi-dieu
Bah non. Les règles disent que l'entretien porte sur l'objet ou les objets d'étude auquel/auxquels appartient le texte de la 1re partie de l'épreuve. C'est différent.laïla a écrit:Donc, en relisant, je comprends que Sei propose une réflexion en 3 points sur cette définition de Py. Merci pour cet échange, riche d'exemples originaux. Merci de nous sortir des sentiers battus.
Lorsque vous évoquez le cinéma, ça me fait penser à un point important dans l'enseignement du français : les programmes sont saucissonnés, avec des frontières nettes entre les genres. A l'oral, les règles stipulent qu'un élève interrogé sur le théâtre ne sera interrogé que sur le théâtre, que les exemples choisis pour illustrer une réponse sur le roman se limiteront à ce genre. Pourtant, en lisant Les liaisons dangereuses, par exemple, on peut être pris de l'envie de comparer cette oeuvre à une pièce de théâtre. Enfin, à côte de ce découpage au sein d'une matière, on met en place des EPI. Bizarre...
Et si je puis me permettre, que la réflexion de Capes soit en trois ou en deux temps n'a rigoureusement aucune importance. Le départ se fera entre ceux qui auront compris "conventions" comme "règles" et ceux qui auront compris que Py distingue ceux qui vont au théâtre pour y venir, pour y participer et en être partie prenante et ceux qui le regardent comme un objet intellectuel.
- InvitéeLaNiveau 5
Oh, vous pouvez vous permettre. Je suis d'accord sur le fait que 2 ou 3 temps...tout dépend du contenu. Pour la suite, les 2 idées qui vous proposez ne s'opposent pas et peuvent être toutes 2 explicitées. Je ne pense pas que le départ se fera entre ceux-ci et ceux-là. Plutôt entre ceuxciceuxlà qui auront digéré le tout.
- InvitéeLaNiveau 5
Pour l'EAF, je trouve que les textes officiels sont quand même bien flous.Cripure a écrit:
Bah non. Les règles disent que l'entretien porte sur l'objet ou les objets d'étude auquel/auxquels appartient le texte de la 1re partie de l'épreuve. C'est différent.
- Salammb0Expert
J'ai trouvé le sujet confus, difficile à cerner. Je suis restée quarante-cinq minutes à le lire. J'ai l'impression qu'on pouvait lui faire dire beaucoup de choses. Après avoir lu la citation en cotexte, je suis un peu plus rassurée.
Mon plan n'était pas vraiment chronologique, et reposait sur la définition de la convention (convention comme norme, convention = conventionnel en I, convention au sens de volonté, participation active du lecteur/spectateur (convenir de) en II, et le III visait à expliquer que le théâtre "inconventionnel", enfantin, etc... peut avoir une portée intellectuelle). Mon III dépassait ce que disait O. Py. Ce théâtre sans "convention" (au sens de normes) a aussi des prétentions intellectuelles. Bref, alea jacta est.
Mon plan n'était pas vraiment chronologique, et reposait sur la définition de la convention (convention comme norme, convention = conventionnel en I, convention au sens de volonté, participation active du lecteur/spectateur (convenir de) en II, et le III visait à expliquer que le théâtre "inconventionnel", enfantin, etc... peut avoir une portée intellectuelle). Mon III dépassait ce que disait O. Py. Ce théâtre sans "convention" (au sens de normes) a aussi des prétentions intellectuelles. Bref, alea jacta est.
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