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- MUTISExpert
V.Marchais a écrit:Mutis, comment analyserais-tu la subordonnée dans :
Je comprends pourquoi il a fait ça.
Dans ce cas je l'analyserais plus facilement comme la réponse à une question implicite.
Un raisonnement disons que l'on peut recomposer ainsi
1) Je me demande quelles sont ses motivations
2) J'essaie de comprendre
3) Je comprends pourquoi il a fait ça.
Dans ce cas, la notion de (réponse à une) interrogative indirecte (je me demande pourquoi il a fait ça) me choque moins.
Mais dans le cas que j'ai cité au départ, ce raisonnement ne tient pas selon moi
"Il n'aima pas comment elle était habillée" peut être un jugement de valeur immédiat qui fait justement l'économie de l'interrogation...
Dans ce cas, je pencherais vers une conjonctive de manière ! :lol: Ok ! Je sais que ça n'existe pas dans les grammaires !
- V.MarchaisEmpereur
Ce qui vous trouble, c'est le sens de "comment".
Mais "comment", même en interrogative directe, interroge sur la manière, "pourquoi" que la cause, etc.
Comment a-t-il pu s'achapper = De quelle façon a-t-il pu s'échapper.
De toute façon (n'importe comment ) je crois qu'à un moment il faut s'en tenir à une analyse rigoureuse et syntaxique.
Fonction : COD, indubitablement.
nature : prop. sub.
comment = adverbe.
Les seules subordonnées introduites par des adverbes sont les interrogatives.
Donc, en vertu du principe simple qui dit que la nature d'une subordonnée dépend de la nature du mot subordonnant qui l'introduit, c'est ici une sub. interrogative. Même si le lien avec l'interrogation peut paraître un peu lâche.
Mais "comment", même en interrogative directe, interroge sur la manière, "pourquoi" que la cause, etc.
Comment a-t-il pu s'achapper = De quelle façon a-t-il pu s'échapper.
De toute façon (n'importe comment ) je crois qu'à un moment il faut s'en tenir à une analyse rigoureuse et syntaxique.
Fonction : COD, indubitablement.
nature : prop. sub.
comment = adverbe.
Les seules subordonnées introduites par des adverbes sont les interrogatives.
Donc, en vertu du principe simple qui dit que la nature d'une subordonnée dépend de la nature du mot subordonnant qui l'introduit, c'est ici une sub. interrogative. Même si le lien avec l'interrogation peut paraître un peu lâche.
- ProustichouNiveau 5
Donc vous ne reconnaissez pas l'existence des exclamatives indirectes, elles aussi COD ?
C'est une vraie question
C'est une vraie question
- V.MarchaisEmpereur
Si, Proustichou. Elles existent. Mais bon, on en parle pas dans le cadre de la grammaire scolaire parce que, franchement, on n'en croise pas souvent ! :lol:
Quant aux grammairiens, de mémoire, certains en font état, et d'autres les rangent parmi les interrogatives, arguant du fait que les mots interrogatifs et exclamatifs sont les mêmes. Mais du point de vue du sens, c'est un peu bizarre - ce n'est pas Mutis qui dira le contraire !
Quant aux grammairiens, de mémoire, certains en font état, et d'autres les rangent parmi les interrogatives, arguant du fait que les mots interrogatifs et exclamatifs sont les mêmes. Mais du point de vue du sens, c'est un peu bizarre - ce n'est pas Mutis qui dira le contraire !
- AnacycliqueÉrudit
Elles existent bien. Je crois que VM a montré que la frontière entre exclamative et interrogative indirecte est ténue. Un exemple chez Maupassant :Proustichou a écrit:Donc vous ne reconnaissez pas l'existence des exclamatives indirectes ?
"Jean reprit :
– Regarde le soleil, s'il est rouge. Le grand loup va faire quelque malheur cette nuit."
On peut hésiter, entre autres, entre interrogative et exclamative :
comme/qu'il est rouge != exclamative indirecte
est-ce qu'il est rouge ? = interrogative indirecte
Edit : même lecture que Mutis. Je n'arrive pas à valider l'I.I. pour sa phrase.
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"Faire ce que l'on dit et dire ce que l'on fait. Passer aux actes afin de faire sa part."
- MUTISExpert
MUTIS a écrit:V.Marchais a écrit:Mutis, comment analyserais-tu la subordonnée dans :
Je comprends pourquoi il a fait ça.
Dans ce cas je l'analyserais plus facilement comme la réponse à une question implicite.
Un raisonnement disons que l'on peut recomposer ainsi
1) Je me demande quelles sont ses motivations
2) J'essaie de comprendre
3) Je comprends pourquoi il a fait ça.
Dans ce cas, la notion de (réponse à une) interrogative indirecte (je me demande pourquoi il a fait ça) me choque moins.
Mais dans le cas que j'ai cité au départ, ce raisonnement ne tient pas selon moi
"Il n'aima pas comment elle était habillée" peut être un jugement de valeur immédiat qui fait justement l'économie de l'interrogation...
Dans ce cas, je pencherais vers une conjonctive de manière ! :lol: Ok ! Je sais que ça n'existe pas dans les grammaires !
Je pensais à une nouvelle curiosité de nos grammaires qui va un peu dans le sens de mes remarques.
On connaît la liste des compléments circonstanciels (variable selon les grammaires). Parmi ceux-ci, le complément circonstanciel de manière.
On connaît aussi la liste des subordonnées conjonctives circonstancielles. Or, si la liste suit d'assez près celle des compléments circonstanciels, il n'existe pas (curieusement) de subordonnée conjonctive de manière.
Pourquoi ? Car dans l'exemple que je propose ("Il n'aima pas comment elle était habillée") cette analyse serait, à mon avis, plus légitime que l'interrogative indirecte. Il y aurait une distinction à établir en fonction du sémantisme du verbe introducteur. Si le verbe pose une question (même implicitement), on a une interrogative indirecte : Il ne sait pas comment il doit s'habiller.
Si, en revanche, le verbe est un verbe d'assertion clair comme dans l'exemple d'Aragon, l'appellation "subordonnée conjonctive de manière" me semblerait plus adaptée.
Au passage, je me pose une question à laquelle je ne sais pas répondre. Qui a fixé la liste des subordonnées conjonctives ? A quelle époque et selon quels critères ? Questions aux grammairiens, aux vrais !? :lol:
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"Heureux soient les fêlés car ils laissent passer la lumière" (Audiard)
"Ce n'est pas l'excès d'autorité qui est dangereux, c'est l'excès d'obéissance" (Primo Levi)
"La littérature, quelque passion que nous mettions à le nier, permet de sauver de l'oubli tout ce sur quoi le regard contemporain, de plus en plus immoral, prétend glisser dans l'indifférence absolue" (Enrique Vila-Matas)
" Que les dissemblables soient réunis et de leurs différences jaillira la plus belle harmonie ; rien ne se fait sans lutte." (Héraclite)
"Les hommes sont si nécessairement fous que ce serait être fou par un autre tour de folie, de n'être pas fou" (Pascal).
- OudemiaBon génie
Anacyclique a écrit:Elles existent bien. Je crois que VM a montré que la frontière entre exclamative et interrogative indirecte est ténue. Un exemple chez Maupassant :Proustichou a écrit:Donc vous ne reconnaissez pas l'existence des exclamatives indirectes ?
"Jean reprit :
– Regarde le soleil, s'il est rouge. Le grand loup va faire quelque malheur cette nuit."
On peut hésiter, entre autres, entre interrogative et exclamative :
comme/qu'il est rouge != exclamative indirecte
est-ce qu'il est rouge ? = interrogative indirecte
Edit : même lecture que Mutis. Je n'arrive pas à valider l'I.I. pour sa phrase.
Merci pour l'exemple, Anacyclique.
Pas de réponse, mais je partage les questions.MUTIS a écrit:Je pensais à une nouvelle curiosité de nos grammaires qui va un peu dans le sens de mes remarques.
On connaît la liste des compléments circonstanciels (variable selon les grammaires). Parmi ceux-ci, le complément circonstanciel de manière.
On connaît aussi la liste des subordonnées conjonctives circonstancielles. Or, si la liste suit d'assez près celle des compléments circonstanciels, il n'existe pas (curieusement) de subordonnée conjonctive de manière.
Pourquoi ? Car dans l'exemple que je propose ("Il n'aima pas comment elle était habillée") cette analyse serait, à mon avis, plus légitime que l'interrogative indirecte. Il y aurait une distinction à établir en fonction du sémantisme du verbe introducteur. Si le verbe pose une question (même implicitement), on a une interrogative indirecte : Il ne sait pas comment il doit s'habiller.
Si, en revanche, le verbe est un verbe d'assertion clair comme dans l'exemple d'Aragon, l'appellation "subordonnée conjonctive de manière" me semblerait plus adaptée.
Au passage, je me pose une question à laquelle je ne sais pas répondre. Qui a fixé la liste des subordonnées conjonctives ? A quelle époque et selon quels critères ? Questions aux grammairiens, aux vrais !? :lol:
Edit : éditer un massage quand le site est en maintenance
- NLM76Grand Maître
Dis donc, @Oudemia, ça ne se fait pas, d'éditer les massages !
C'est marrant cette affaire, quand même. Il est évident qu'il s'agit d'une interrogative indirecte, comme l'ont expliqué plusieurs. Maintenant, au plan sémantique, cela me paraît assez simple à expliquer : "Il n'aima pas [qqch = réponse à la question "Comment était-elle habillée"].
Cela me paraît régler assez définitivement le problème de la définition sémantique des interrogatives indirectes.
C'est marrant cette affaire, quand même. Il est évident qu'il s'agit d'une interrogative indirecte, comme l'ont expliqué plusieurs. Maintenant, au plan sémantique, cela me paraît assez simple à expliquer : "Il n'aima pas [qqch = réponse à la question "Comment était-elle habillée"].
Cela me paraît régler assez définitivement le problème de la définition sémantique des interrogatives indirectes.
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Sites du grip :
- http://instruire.fr
- http://grip-editions.fr
Mon site : www.lettresclassiques.fr
«Boas ne renonça jamais à la question-clé : quelle est, du point de vue de l'information, la différence entre les procédés grammaticaux observés ? Il n'entendait pas accepter une théorie non sémantique de la structure grammaticale et toute allusion défaitiste à la prétendue obscurité de la notion de sens lui paraissait elle-même obscure et dépourvue de sens.» [Roman Jakobson, Essais de linguistique générale, "La notion de signification grammaticale selon Boas" (1959)]
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