De l'avenir des langues anciennes au collège en 2016: sortez vos mouchoirs.

V.Marchais a écrit:

Kilmeny a écrit:Je vous rappelle que ce projet est CONSULTATIF !!!!!! C'est le moment de dire ce que nous en pensons et aussi de leur faire clarifier les choses, car ce n'est pas clair pour l'instant !

Ouais, c'est ça.
On nous consulte.
Et pendant ce temps-là, ces programmes consultatifs, on les envoie aux éditeurs pour qu'ils mettent en oeuvre leurs manuels sur cette base. C'est dire comme on a l'intention de les remanier.
Mais bon, on nous consulte. C'est gentil de nous demander notre avis.

Et puis, la ministre, elle a dit que c'était déjà les programmes qu'on avait faits ensemble:

Pour la première fois, les 800 000 enseignants ont contribué à l’élaboration de ce nouveau socle et de ces nouveaux programmes.

Les choses deviennent claires avec ce nouvel "enseignement pratique interdisciplinaire" des "langues et cultures de l'antiquité".

Cet EPI sera l'épitaphe du latin : "Inscription mise sur un tombeau pour rappeler le souvenir d'une personne morte".

Kilmeny a écrit:Mais non, l'option ne pourra pas disparaître ! Je n'y crois pas.

Si les EPI sont l'équivalent des enseignement d'exploration, on en revient comme au lycée non ?

Dans les textes, l'enseignement d'exploration LCA est distinct des options et n'empêche pas les élèves de pratiquer les options, le véritable Enseignement d'exploration LCA n'étant presque jamais pratiqué suivant les textes et se confondant dans les faits avec les options à l'heure actuelle.

Donc en lycée: les faits ont tranché et les options ont "naturellement pris le dessus".

Après, si la décision de maintenir revient aux collèges, les CDE savent bien (sauf exception) qu'un collège sans options de langues anciennes perd de son prestige, non ?

henriette a écrit:Je pense que c'est mort pour une raison très basique : obligation d'1 h 30 de pause méridienne. On va les mettre où les heures de latin du coup ? De 5 à 6 ?
Et le grec a donc de facto disparu.

En fait, ce que je comprends, c'est qu'il n'y aura plus d'option au collège, du moins plus d'option facultative, uniquement des options obligatoires appelées (j'ai déjà oublié...) IPI (?). Donc tous les élèves devront choisir (ou se verront orienter vers) une de ces options à définir en conseil péda.

Sauf qu'effectivement, plusieurs problèmes se posent :
- diminution des heures (comme l'a dit Luigi), d'autant plus que "Langues et cultures de l'Antiquité" = latin + grec (si un professeur compétent peut et veut les enseigner)
- incertitude des heures : 5 IPI = 2.5h + 2.5h est peut-être une équation fausse. Pourquoi ne pas donner 4h au "parcours citoyen" et 1h aux "LCA" ?
- problème du parcours : un élève peut-il changer ses IPI tout au long de son cycle ? Si oui, ça va être le gros gros gros bordel !! Ex., j'arrive dans un établissement, je me charge de l'option (= IPI) LCA 3ème, j'ai 20 élèves dont 10 qui ont suivi la même option en 5ème mais plus en 4ème, 5 qui ont suivi l'option en 5ème et 4ème (c'était un nouveau prof en 4ème, un prof de LC, donc il y a même eu du grec, ce qui ne fut pas le cas en 5ème), 5 qui n'ont jamais suivi l'option - je me retrouve donc avec un groupe on ne peut plus hétérogène !
- problème de la compétence de ceux qui vont être chargés de ce cours
- problème de l'absence possible de programmes... qui ne seront certainement que des indications --> conseil pédagogique

Pas IPI mais EPI donc !

Mais bref, pour conclure, c'est une dérégulation totale, on rogne sur le National qui qualifiait notre Education... Ce n'est pas la mort de l'option, c'est l'option dérégulée, mise au service des aléas de l'offre et de la demande, qui repose sur les dites compétences individuelles des enseignants, sur leur dit rayonnement, etc. C'est de l'individualisation pure et dure. C'est du néolibéralisme.

Luigi_B a écrit:Les choses deviennent claires avec ce nouvel "enseignement pratique interdisciplinaire" des "langues et cultures de l'antiquité".

Cet EPI sera l'épitaphe du latin : "Inscription mise sur un tombeau pour rappeler le souvenir d'une personne morte".

Tu tiens ton titre ! :lol:

EPI = zapping. Une demi-année sur ça, une sur autre chose.
Notion de progression = has been.

doctor who a écrit:EPI = zapping. Une demi-année sur ça, une sur autre chose.
Notion de progression = has been.

Exactement. Je crois qu'on peut rapprocher ça des enseignements d'exploration du lycée, des options obligatoires d'une certaine manière : les profs de lycée en sont tellement ravis à ce que j'ai pu comprendre...

Ah oui, vu le succès qu'ont rencontré les TPE, ça méritait d'être étendu...

Je ne comprends rien ou presque à ce merdier.. mais le fait même qu'on ne sache pas clairement ce que deviennent les options grec et latin n'est pas bon signe. Pas bon du tout... Quand je pense à mes 6e ce matin qui en me voyant terminer mon cours de latin 3è m'ont posé plein de questions sur Jules César et l'histoire du français... je suis désespérée.

Je pense qu'ils n'y ont pas pensé du tout. C'est le cadet de leurs soucis.

Journaliste à Europe1 à l'instant : "le collège reste collège unique, pas question d'avoir des classes de bons et des classes de faibles, d'ailleurs on supprime les options, plus d'élitisme".
Je ne sais pas exactement d'où elle sort ça, mais en gros elle a tout compris je crois...

Audrey a écrit:Je ne comprends rien ou presque à ce merdier.. mais le fait même qu'on ne sache pas clairement ce que deviennent les options grec et latin n'est pas bon signe. Pas bon du tout...

Bon, je quitte ma vision naïve et candide.

C'est peut-être flou pour voir si on réagit. Si on réagit trop fort, ils pourront toujours dire "ah, mais non, on n'avait jamais parlé de suppression". Sinon, ils espèrent noyer le poisson...

Oudemia a écrit:Journaliste à Europe1 à l'instant : "le collège reste collège unique, pas question d'avoir des classes de bons et des classes de faibles, d'ailleurs on supprime les options, plus d'élitisme".
Je ne sais pas exactement d'où elle sort ça, mais en gros elle a tout compris je crois...

V.Marchais a écrit:

Kilmeny a écrit:Je vous rappelle que ce projet est CONSULTATIF !!!!!! C'est le moment de dire ce que nous en pensons et aussi de leur faire clarifier les choses, car ce n'est pas clair pour l'instant !

Ouais, c'est ça.
On nous consulte.
Et pendant ce temps-là, ces programmes consultatifs, on les envoie aux éditeurs pour qu'ils mettent en oeuvre leurs manuels sur cette base. C'est dire comme on a l'intention de les remanier.
Mais bon, on nous consulte. C'est gentil de nous demander notre avis.

C'est comme pour la "consultation" sur la suppression du service militaire, la décision était déjà prise (infos perso de source excellente).

Kilmeny a écrit:

Oudemia a écrit:Journaliste à Europe1 à l'instant : "le collège reste collège unique, pas question d'avoir des classes de bons et des classes de faibles, d'ailleurs on supprime les options, plus d'élitisme".
Je ne sais pas exactement d'où elle sort ça, mais en gros elle a tout compris je crois...

+1 !

En tout cas concernant la 2ème langue vivante en 5ème, c'était annoncé hier soir au JT. On invoquait le souhait de réduire la charge de travail en 4ème. Bentolila est intervenu pour dire que vu le niveau de français de bien des élèves, il trouvait peu judicieux d'introduire une 2ème langue en 5ème.

Du calme.

En gros, c'est comme d'hab: ils n'ont rien foutu. Ils ont jeté deux trois idées sur un papier, on écouté les copains de Twitter et basta. Donc, il y a quelques vagues principes de posés et ensuite c'est "démerdez-vous!". Le problème étant que derrière les rectorats vont passer avec comme consigne : "filez-nous des heures!".

Qu'on supprime les options, moi, ça me va. Je n'ai jamais milité pour être à part et être une variable d'ajustement, ni un paillasson à faux gauchiste twitterien. Si, alors que je suis en latin avec des élèves qui l'auront choisi, d'autres sont en découverte scientifique ou approfondissement LV, plutôt que chez eux devant Les Ch'tis à Tataouine, moi ça me va. Donc, si on aboutit à des horaires globaux identiques pour tous et un choix d'enseignements à la marge pour les élèves ainsi que du soutien, je trouve ça bien.

Ce qui me pose problème, c'est l'aspect projet qui vient se substituer à la progressivité et à la notion de parcours. Le projet est paré de toutes les vertus alors qu'il est parcellaire. Il semble aussi qu'il y ait obligation de concrétisation matérielle...

Autre problème soulevé: celui de la compétence des enseignants sur ces EPI et celui du service dû.

RIP aux langues anciennes...

Lemonde.fr : "Des thématiques dans l’air du temps donnent un cadre à ces modules interdisciplinaires, parmi lesquelles « développement durable », « monde économique et professionnel », « langues et cultures de l’Antiquité »… Les langues anciennes s’inscriront donc dans le cadre des EPI."
   

BrightStar a écrit:RIP aux langues anciennes...

Lemonde.fr : "Des thématiques dans l’air du temps donnent un cadre à ces modules interdisciplinaires, parmi lesquelles « développement durable », « monde économique et professionnel », « langues et cultures de l’Antiquité »… Les langues anciennes s’inscriront donc dans le cadre des EPI."
   

:shock: :shock:

Le plus comique ? tragique ? c'est que ces thématiques "dans l'air du temps", on va les retrouver en Français, pour l'étude de la littérature des textes.
L'école n'est plus le lieu de la formation au logos et à l'esprit critique qui s'ensuit, mais le lieu d'un gavage idéologique censé susciter l'adhésion ex nihilo.

En 2003 on a vu apparaître des manuels de français CAP a vomir. Bien démago, écris dans une langue orale, où la publicité , les modes d'emploi et les articles de presse people prenaient 5 fois plus de place que la littérature contemporaine. Quand aux œuvres antérieures à 1980..., 2 ou 3 textes dans un manuel entier...

Oudemia a écrit:Journaliste à Europe1 à l'instant : "le collège reste collège unique, pas question d'avoir des classes de bons et des classes de faibles, d'ailleurs on supprime les options, plus d'élitisme".
Je ne sais pas exactement d'où elle sort ça, mais en gros elle a tout compris je crois...

C'est exactement l'effet recherché avec pour prétexte ou pour ambition l'idée d'éviter le contournement de la carte scolaire (avec la suppression des classes bilangues et de l'option européennes). Mais ça ne va pas marcher du tout. Tous les parents ayant une connaissance minimale du système trouveront une stratégie de contournement pour leurs rejetons, avec toujours le privé comme recours.

Je pense avoir moi aussi entendu que le latin-grec serait désormais étudié dans les enseignements complémentaires avec les projets donc... Désolée pour les profs de LC

virgieb a écrit:Je pense avoir moi aussi entendu que le latin-grec serait désormais étudié dans les enseignements complémentaires avec les projets donc... Désolée pour les profs de LC

Il le sera mais pas seulement, d'après ce que je comprends. Si les établissement veulent garder les options, ils les garderont. La vraie question est : le pourront-ils?

La phrase que les professeurs de lettres classiques vont bientôt entendre de la part de leur principal : "Si vous voulez sauver le latin dans le collège, il faut transformer l'option en EPI".

Avec réduction significative des horaires et (éventuel) partage des heures, enseignement sur une demi-année, volatilité des publics etc.

Oudemia a écrit:Journaliste à Europe1 à l'instant : "le collège reste collège unique, pas question d'avoir des classes de bons et des classes de faibles, d'ailleurs on supprime les options, plus d'élitisme".
Je ne sais pas exactement d'où elle sort ça, mais en gros elle a tout compris je crois...

C'est drôlement malin : pour lutter contre les inégalités dans l'établissement, on va renforcer celles entre les établissements.

En fait, pour éradiquer l'élitisme, il faudrait carrément supprimer les bons élèves.