Le Projet de Programme d'Enseignement Moral et Civique est publié !

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Le CSP a planché sur l'Enseignement moral et civique voulu par Peillon.
Le texte en projet sur les principes généraux est paru le 3 juillet 2014

La culture morale et civique comporte quatre dimensions, étroitement articulées entre elles : une dimension sensible (culture de la sensibilité) ; une dimension normative (culture de la règle et du droit) ; une dimension cognitive (culture du jugement - moral -) et une dimension pratique (culture de l’engagement)... L’évaluation fera l’objet d’une proposition ultérieure.

http://cache.media.education.gouv.fr/file/Organismes/32/8/CSP-Projet_EMC_337328.pdf

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Première « compétence » de la « culture de la sensibilité » : « S’estimer. Être capable de prendre soin de soi. Avoir confiance en soi. »

J'ai vu ça et refermé le document. On lira quand ils auront fait un travail sérieux.

  

C'est marrant, j'aurais parié te retrouver sur ce fil, PauvreYorick.

En tout cas, on peut être sûr que l'évaluation ne se fera pas par le biais de notes, pour ne pas plomber les résultats de la compétence "Avoir confiance en soi".

Rhââ, merci, ce texte est vraiment la perle des perles, merci. Déjà, j'engrange des données sur "et" :
de transmettre et de faire partager
toute discrimination et toute dévalorisation
("Ah mais c'est pas du tout la même chose, hein ! " - j'adore)
J'imprime ce joyau.

Quelques remarques, après lecture. Cette phrase me fait rire :

Ce cadre impose de la part des personnels de l’Education nationale une évidente obligation de neutralité, mais celle-ci ne doit pas conduire à une réticence, voire une abstention, dans l’affirmation des valeurs transmises.

Je n'aime pas celle-ci :

L’enseignement moral et civique a pour but de favoriser le développement d’une aptitude à [...] comprendre le bien-fondé des règles régissant les comportements individuels et collectifs, à y obéir et à agir conformément à elles (principe de discipline).

Changez de contexte et prétendez que cette phrase est écrite sur les manuels scolaires des petits Chinois, pour voir.

Celle-ci m'a toujours fait sourire :

On peut regrouper les valeurs et les normes que cet enseignement transmet en trois catégories. [...] La deuxième relève à la fois du principe de discipline et du principe de la communauté des citoyens : [...] le sens de l’intérêt général et de la participation à la vie démocratique.  

Ca les ennuie, nos hommes politiques, hein, que leurs propositions conviennent si peu à l'électorat que le taux d'abstention grimpe d'année en année. C'est vrai qu'un Président élu avec 40% d'abstention, ça ferait tache pour un pays qui se mêle régulièrement de donner des leçons de démocratie et de libertés aux autres.

Comme l'écrivait Celeborn ailleurs, la notion de compétences (connaissances, capacités, attitudes) est gênante parce qu'elle conduit à évaluer la personne humaine de l'élève, et non la production fournie à un instant t. Est-ce que, vraiment, les éléments suivants ont leur place à l'école : "Etre capable d’empathie, savoir se mettre à la place des autres" ou "Etre capable d’exprimer en les contrôlant ses émotions et ses sentiments" ?

Ce document est, finalement, plein de vide.

Plus prosaïquement, je me demande quelle discipline va se coltiner les jeux de rôles et scènes de théâtre préconisées pour faire acquérir les différents éléments aux élèves :

Apprendre les techniques des « messages clairs » pour exprimer ses émotions vis-à-vis de ses pairs

Connaissance et reconnaissance des sentiments et des émotions : Jeu théâtral, Mime, Jeux de rôle

Et quelques autres, que j'aime bien (c'est moi qui graisse) :

Discussion à visée philosophique: Les droits et les devoirs de l’élève

Dilemmes moraux simples

La laïcité à l’école : le calendrier, les jours fériés, leur origine.

Analyse des faits, confrontation des idées, à travers la démarche de résolution de problèmes et la démarche d’investigation (par ex. en EPS)

La diversité des valeurs : méthode de clarification des valeurs

Dalathée2 a écrit:Quelques remarques, après lecture. Cette phrase me fait rire :

Ce cadre impose de la part des personnels de l’Education nationale une évidente obligation de neutralité, mais celle-ci ne doit pas conduire à une réticence, voire une abstention, dans l’affirmation des valeurs transmises.

Ce bourdonnement (souligné) enchâssé dans un "oui mais non" englobant est extraordinaire.

Je n'aime pas celle-ci :

L’enseignement moral et civique a pour but de favoriser le développement d’une aptitude à [...] comprendre le bien-fondé des règles régissant les comportements individuels et collectifs, à y obéir et à agir conformément à elles (principe de discipline).

Changez de contexte et prétendez que cette phrase est écrite sur les manuels scolaires des petits Chinois, pour voir.

La mise entre parenthèses te vous a un petit côté 'philosophie analytique'...

(...)

Ce document est, finalement, plein de vide.

Oui, une vacuité généreuse, opulente. C'est comme la catégorie du fade dans la cuisine chinoise : pour qui s'entraîne, c'est succulent.

Et quelques autres, que j'aime bien (c'est moi qui graisse) :

Discussion à visée philosophique: Les droits et les devoirs de l’élève

Dilemmes moraux simples

La laïcité à l’école : le calendrier, les jours fériés, leur origine.

Analyse des faits, confrontation des idées, à travers la démarche de résolution de problèmes et la démarche d’investigation (par ex. en EPS)

La diversité des valeurs : méthode de clarification des valeurs

 

Cher ὄνομα, votre enthousiasme sent le suaue mari magno jusque dans mon bureau

PauvreYorick a écrit:Première « compétence » de la « culture de la sensibilité » : « S’estimer. Être capable de prendre soin de soi. Avoir confiance en soi. »

J'ai vu ça et refermé le document. On lira quand ils auront fait un travail sérieux.

  

Quand?

Ne t'attends pas à mieux.
Lorsque les imbéciles et les fous ont le pouvoir, il vaudrait mieux lire ce qu'ils produisent, pour savoir comment réagir. C'est fatigant, décourageant, insupportable, mais bien utile.
Hélas, ils sont trop nombreux et travaillent trop vite. Comment suivre? On n'a même pas le temps de lire les lois produites en une année.

YorikHaMisken a écrit:Cher ὄνομα, votre enthousiasme sent le suaue mari magno jusque dans mon bureau

Hélas, יוריק המסכן, hélas...

PauvreYorick a écrit:Première « compétence » de la « culture de la sensibilité » : « S’estimer. Être capable de prendre soin de soi. Avoir confiance en soi. »

Et pourtant, mon pauvre Yorick.  Là en ITEP c'est le BAB:  passer sous la douche de temps en temps, changer de slip...

J'ai vu ça et refermé le document. On lira quand ils auront fait un travail sérieux.

  

 

C'est certain, ami grenouille, mais si les profs ont naturellement à prendre en compte ce genre de choses, et d'ailleurs le font, en revanche en faire des items évaluables me stupéfie au sens le plus propre du terme et me terrorise.

IPR anonyme a écrit:on évalue trop.

 

Là en contexte, ce n'était pas une question de compétence vs. note chiffrée, mais de l'évaluation tout court. J'étais content d'entendre ses trois mots, car je ne cache pas que je crois qu'elle a raison.

PauvreYorick a écrit:Première « compétence » de la « culture de la sensibilité » : « S’estimer. Être capable de prendre soin de soi. Avoir confiance en soi. »

J'ai vu ça et refermé le document. On lira quand ils auront fait un travail sérieux.

  

    

Quelqu'un, plus haut fait allusion au positivisme logique. Il semble en effet que les rédacteurs, dans un rare moment de lucidité (mais plût à Bacchus qu'ils eussent carburé au whisky 20 ans d'âge pour rédiger autre chose que ce triste pensum) se soient  arrêtés un bref instant pour se demander "mais enfin, les gars, de quoi parlons-nous au juste ?" ... avant de s'écrier : "N'y pensons-pas, continuons, on est payés pour ça, non ?"

... Mais la différence entre morale et éthique et la question de la "relativité des valeurs" ne semble même pas les avoir effleurés, ce qui intellectuellement parlant, n'est pas très... "moral", non ?

"Travaillons donc à bien penser. Voilà le vrai principe de la morale." (Pascal)... Pas sûr qu'on en prenne le chemin avec ce catalogue plein de bonnes (?) intentions dont on sait que l'enfer est pavé.

Dans les années 60, on avait un peu de morale (et un peu d'évaluation) et beaucoup de travail (les instruments de pensée), aujourd'hui c'est l'inverse : beaucoup de morale - en fait, il s'agit de "socialisation" et de conformisme -  et ça donne furieusement envie de relire Nietzsche et d'escalader les montagnes pour chercher les edelweiss - beaucoup d'évaluation et de moins en moins de travail.

Et si les enfants d'aujourd'hui, comme de toujours avaient envie qu'on leur f... la paix en matière de "morale", tout en leur rappelant "jusqu'où il ne faut pas aller trop loin", mais qu'on soit très exigeant en matière de travail ?

Robin a écrit:Et si les enfants d'aujourd'hui, comme de toujours avaient envie qu'on leur f... la paix en matière de "morale", tout en leur rappelant "jusqu'où il ne faut pas aller trop loin", mais qu'on soit très exigeant en matière de travail ?

Pour moi ce n'est pas une question mais une certitude.
Cette volonté de l'institution de nous transformer en dames de catéchisme m'horripile au plus haut point.

Le projet de Programme d'Enseignement Moral et Civique au primaire et au collège (cycles 1 à 4) a été rendu public.

Il est à lire ici :
http://cache.media.education.gouv.fr/file/Organismes/32/8/CSP-Projet_EMC_337328.pdf

Quel galimatias charabiesque indigeste ce truc  
"Culture de la sensibilité" pfffffffffff

Programme de morale, machin, toussa a écrit:quelles que soient les convictions, les croyances ou les choix de vie

Incultes

Je n'ai pas les mots pour exprimer mon malaise vis à vis de ces injonctions mais il y a vraiment quelque chose qui me dérange. J'ai l'impression que l'on nous demande de les "conditionner" un peu comme dans le "meilleur des mondes". Sauf qu'à défaut de les avoir dans des éprouvettes, c'est à une sorte de bourrage de crane que tout le monde est convié.
Ai-je tort ?

Cripure a écrit:

Programme de morale, machin, toussa a écrit:quelles que soient les convictions, les croyances ou les choix de vie

Incultes

Où est le problème? J'aurais écrit ça pareil (en dictée, hein. De mon propre chef je n'aurais pas écrit ça du tout.)

Il y a "choix", donc : "quels que...", non ?

Héliandre a écrit:Il y a "choix", donc : "quels que...", non ?

Ah oui peut-être. Comme j'ai signé la pétition, j'accepte le féminin. Le plus proche est convictions qui est féminin. Donc quelles que me convient.

Zenxya a écrit:Je n'ai pas les mots pour exprimer mon malaise vis à vis de ces injonctions mais il y a vraiment quelque chose qui me dérange. J'ai l'impression que l'on nous demande de les "conditionner" un peu comme dans le "meilleur des mondes". Sauf qu'à défaut de les avoir dans des éprouvettes, c'est à une sorte de bourrage de crane que tout le monde est convié.
Ai-je tort ?

Non, je ne le pense pas. D'un point de vue philosophique, on peut se demander quel est le statut des propositions que les enseignants seront obligés d'enseigner. Il y a une réelle ambiguïté à ce niveau puisque l'on fait comme si ces propositions avaient une valeur de vérité (analytique ou synthétique), alors qu'elles n'en ont pas. ce sont des propositions injonctives, subjectives et relatives, comme tout ce qui relève de la morale et de l'esthétique.

Lorsque vous enseignez votre matière, que ce soit une matière scientifique ou littéraire, vous le faites avec le sentiment d'énoncer des propositions "vraies", validées soit par leur caractère analytique, a priori, comme les mathématiques, ou en raison de leur caractère synthétique, par l'accord avec l'expérience sensible, comme les sciences naturelles ou par l'existence d'un état de fait (la langue française, latine, grecque, anglaise ou allemande...) que vous vous proposez de "montrer". Il en est de même de l'Histoire qui est basée sur des documents.

La nature des propositions morales (éthiques) ou esthétiques est entièrement différent, puisqu'elles ne sont ni analytiques (ce ne sont pas des tautologies), ni synthétiques (elles ne sont pas démontrables). Et là, nous sommes clairement dans l'idéologie.

Ce qui me gêne également dans ce projet, c'est le fait que l'on éprouve le besoin "d'injecter de la morale" dans un ensemble qui en serait dépourvu, comme si la recherche de la vérité, la rigueur intellectuelle, le sens de l'effort, l'honnêteté intellectuelle n'avaient pas une valeur éthique intrinsèque.

Et à qui va échoir ce "merveilleux" enseignement plein de bons sentiments?...    

Toi, tu n'as pas bien lu le document. Il y aura un horaire dédié (dont il y a fort à parier qu'il reviendra à nos collègues d'HG, en remplacement de l'actuelle éducation civique) mais qui "ne saurait suffire" et doit être complété de façon transversale et interdisciplinaire.

Au cycle 4, c'est surtout du transversal, et la "mémorisation des savoirs" doit être importante. :shock:

En tout cas, il y a au CSP au moins un-e partisan-e d'une orthographe moins "masculino-normée" puisqu'on parle dans ce document de "l'enseignant-e". (Bon, une seule fois, hein. Partout ailleurs, ce sont des "intervenants", des "enseignants". Son idéalisme a dû en prendre un sacré coup...)