Que faites-vous lorsque des élèves n'achètent pas l'oeuvre étudiée en cours?

Je suis très perplexe car dans une de mes classes de cinquième, environ un tiers des élèves n'a pas acheté le livre que nous commençons à étudier... Je les ai pourtant commandés auprès de la librairie de la ville, en m'assurant que la commerçante acceptait bien les chèques collégiens (le livre coûte 5,50€ et un chèque collégien vaut 6€).
J'avais demandé aux élèves de l'acheter avant les vacances de la Toussaint afin qu'ils aient le temps de le lire (il s'agit de [i]Mondo et trois autres histoires"[i]). J'ai beau leur dire qu'il faut absolument qu'ils aillent le chercher, rien n'y fait...
Un collègue me conseille d'aller voir la C.P.E. pour les sanctionner.
Qu'en pensez-vous?
Peut-on punir un élève parce qu'il n'achète pas un livre?

as-tu essayer d'appeler les parents (je sais que c'est un travail en plus, mais bon... )? Certains élèves ne mettent même pas leurs parents au courant des livres à acheter...

L'année dernière, j'avais un élève dont la famille était en grande difficulté financière. J'ai fait appel au fonds social du collège. Visiblement, cela ne t'aide pas beaucoup puisqu'ils peuvent se procurer le livre avec le chèque collégien. Je ferais un mot à coller dans le carnet (c'est moins fastidieux que d'appeler les parents, mais peut-être aussi moins efficace).

Valivalou a écrit:
Peut-on punir un élève parce qu'il n'achète pas un livre?

Evidemment. C'est d'une certaine façon un refus de travailler.

L'achat de livres n'est pas obligatoire, c'est délicat de sanctionner si les parents refusent d'acheter, non ?
Comment as-tu prévenu les parents de cet achat à faire ?

Non, je n'ai pas appelé les parents... Même si mes élèves ne semblent pas miséreux, certains m'ont sorti que leurs parents refusaient de leur donner l'argent pour aller acheter le livre. Mais cet après-midi, une élève m'a sorti que le livre n'était toujours pas arrivé à la librairie (ce qui est faux, j'y suis moi-même allée!). Du coup, j'ai vraiment l'impression qu'ils se moquent de moi...

abricotedapi a écrit:L'achat de livres n'est pas obligatoire, c'est délicat de sanctionner si les parents refusent d'acheter, non ?
Comment as-tu prévenu les parents de cet achat à faire ?

J'avais donné un mot avec les références du livre, le prix et l'indication de la prise en charge par un chèque - collégien.

abricotedapi a écrit:L'achat de livres n'est pas obligatoire, c'est délicat de sanctionner si les parents refusent d'acheter, non ?
Comment as-tu prévenu les parents de cet achat à faire ?

En EPS, il n'est pas "obligatoire" non plus d'acheter une paire de baskets. Pourtant aucun parent ne s'offusque quand le prof refuse qu'une donzelle fasse EPS en talons et exige des chaussures adaptées.
Je donne la liste des livres à acheter le jour de la rentrée, en Septembre, avec le budget à prévoir : entre 12 et 15€ selon les classes.
Sur 4 classes, j'ai actuellement 1 rebelle qui n'a toujours rien acheté, mais faut dire que c'est un cas.

Pas de livre : tu les regroupes au fond de la classe avec des tableaux de conjugaison à remplir ou des textes à recopier (des photocopies du livre ?). Tu travailles avec les autres. Et bien sûr, tu considères que le cours est fait pour tout le monde, tu interroges sur le texte lu/à lire sans te demander qui a le livre et qui ne l'a pas.

Dinaaa a écrit:En EPS, il n'est pas "obligatoire" non plus d'acheter une paire de baskets. Pourtant aucun parent ne s'offusque quand le prof refuse qu'une donzelle fasse EPS en talons et exige des chaussures adaptées.

Oui, bien sûr, mais le prof d'EPS punit-il l'élève pour ne pas avoir le matériel adapté ?

Dinaaa a écrit:Pas de livre : tu les regroupes au fond de la classe avec des tableaux de conjugaison à remplir ou des textes à recopier (des photocopies du livre ?). Tu travailles avec les autres. Et bien sûr, tu considères que le cours est fait pour tout le monde, tu interroges sur le texte lu/à lire sans te demander qui a le livre et qui ne l'a pas.

Je plussoie cette méthode.

Tiens, c'est marrant, j'ai eu quelques élèves aussi en 5e qui ont essayé de me faire ce coup-là : j'avias donné un papier, à signer par les parents, où il est clairement indiqué que le livre va être étudié en classe et où ils doivent cocher s'ils l'achètent via le collège en commande groupée ou par leurs propres moyens, et certains m'ont dit qu'ils n'avaient pas compris et qu'ils ne voulaient pas acheter le livre. Je me demandais justement comment j'allais réagir...

abricotedapi a écrit:L'achat de livres n'est pas obligatoire, c'est délicat de sanctionner si les parents refusent d'acheter, non ?
Comment as-tu prévenu les parents de cet achat à faire ?

Cela fait parti des fournitures.
Que fais le prof d'EPS si l'élève n'a jamais de baskets ?
le prof d'art si l'élève n'a pas acheté le matos ?
le prof de maths si l'élève n'a pas de calculatrice ?

abricotedapi a écrit:

Dinaaa a écrit:En EPS, il n'est pas "obligatoire" non plus d'acheter une paire de baskets. Pourtant aucun parent ne s'offusque quand le prof refuse qu'une donzelle fasse EPS en talons et exige des chaussures adaptées.

Oui, bien sûr, mais le prof d'EPS punit-il l'élève pour ne pas avoir le matériel adapté ?

Dinaaa a écrit:Pas de livre : tu les regroupes au fond de la classe avec des tableaux de conjugaison à remplir ou des textes à recopier (des photocopies du livre ?). Tu travailles avec les autres. Et bien sûr, tu considères que le cours est fait pour tout le monde, tu interroges sur le texte lu/à lire sans te demander qui a le livre et qui ne l'a pas.

Je plussoie cette méthode.

Evidemment !

Dinaaa a écrit:


En EPS, il n'est pas "obligatoire" non plus d'acheter une paire de baskets. Pourtant aucun parent ne s'offusque quand le prof refuse qu'une donzelle fasse EPS en talons et exige des chaussures adaptées.

En fait, cela peut être dans le règlement intérieur : l'eps se pratique avec une tenue adaptée, que l'on décrit. Les profs d'eps ont même exigé chez nous que soit mentionné le fait qu'il fallait retirer le piercing - ou se munir d'un sparadrap pour le recouvrir

Sinon, j'ai passé aux ebooks, et quand j'ai besoin d'un passage, je fais des photocopies. Mais cela limite, évidemment, aux textes libres de droits, car je me limite aux ebooks gratuits. Et pas question qu'on me fasse le coup du : pas de sous pour acheter une liseuse. C'est l'occasion de découvrir une utilisation intelligente des smartphones : ils peuvent servir à lire... Tiens, monsieur, on ne savait pas ?

Mouais, lire sur un smartphone, se priver de l'objet livre, je trouve ça dommage. Vraiment.

Merci pour vos précieux conseils, ainsi que pour vos idées.
Jeudi, je vais déjà sévir sur un point, puisque j'avais prévu une séance en demi-groupe au CDI, pour travailler sur le vocabulaire du recueil. De ce fait, seuls les élèves ayant acheté et lu le livre iront au CDI. Par ailleurs, je vais préparer un mot à coller dans le carnet de liaison pour les autres, mentionnant l'achat "obligatoire" du livre pour suivre les cours de français. Et en même temps, je vais aller voir la C.P.E. pour voir comment sanctionner les réfractaires.

En effet, je suis contractuelle, et certains élèves ne se sont pas gênés pour dire que je n'étais pas leur "vrai" prof et qu'ils n'allaient pas utiliser un chèque - collégien pour moi. Je leur ai passé un savon en leur disant que je serai leur prof de français jusqu'à la fin de l'année scolaire et qu'ils avaient intérêt à s'y faire, mais, bon... Il y en a toujours deux -trois à jouer les révoltés...

choisir les disponibles en ebook gratuit, c'est un bon moyen de répondre à ceux qui jouent les misérables et qui ont un smartphone, en plus choisir ces oeuvres là permet aussi de trouver des éditions premier prix à moins de 2€.

288 a écrit:

Valivalou a écrit:
Peut-on punir un élève parce qu'il n'achète pas un livre?

Evidemment. C'est d'une certaine façon un refus de travailler.

Ouais, sauf que le CDE va vous sortir son laïus sur la gratuité des études et l"interdiction de faire acheter un livre. Rien ne peut vraiment obliger des collégiens à acheter un livre. En plus, 5 euros pour certains, c'est vraiment beaucoup. Sur cette histoire de livres, on marche sur des œufs. Bon, les tablettes vont tout changer...

Pour les élèves qui ne peuvent pas acheter le livre :
http://p.depoire.free.fr/page-e-book/Le_Clezio_Jean-Marie_Gustave_Mondo_Autres_Histoires.pdf

Jane a écrit:L'année dernière, j'avais un élève dont la famille était en grande difficulté financière. J'ai fait appel au fonds social du collège. Visiblement, cela ne t'aide pas beaucoup puisqu'ils peuvent se procurer le livre avec le chèque collégien. Je ferais un mot à coller dans le carnet (c'est moins fastidieux que d'appeler les parents, mais peut-être aussi moins efficace).

Oui, mais cela fonctionne justement pour les familles en difficulté financière, or les élèves qui n'achètent pas ne sont pas obligatoirement dans ce cas.
Mot dans le carnet.
Aller voir le CPE pour réfléchir.
Ensuite, celui qui n'a pas son livre et ne l'a pas lu, si un devoir est basé sur sa lecture, devra assumer sa note.
L'école est gratuite, mais les élèves financent leurs crayons. Le livre c'est la même chose.

Valivalou a écrit:

En effet, je suis contractuelle, et certains élèves ne se sont pas gênés pour dire que je n'étais pas leur "vrai" prof et qu'ils n'allaient pas utiliser un chèque - collégien pour moi. Je leur ai passé un savon en leur disant que je serai leur prof de français jusqu'à la fin de l'année scolaire et qu'ils avaient intérêt à s'y faire, mais, bon... Il y en a toujours deux -trois à jouer les révoltés...

Raison de plus pour ne pas céder. N'hésite pas à sanctionner les élèves insolents: une telle attitude est inadmissible.

roxanne a écrit:

288 a écrit:

Valivalou a écrit:
Peut-on punir un élève parce qu'il n'achète pas un livre?

Evidemment. C'est d'une certaine façon un refus de travailler.

Ouais, sauf que le CDE va vous sortir son laïus sur la gratuité des études et l"interdiction de faire acheter un livre. Rien ne peut vraiment obliger des collégiens à acheter un livre. En plus, 5 euros pour certains, c'est vraiment beaucoup. Sur cette histoire de livres, on marche sur des œufs. Bon, les tablettes vont tout changer...

Et se pose alors l'éternelle question : à quoi sert l'allocation de rentrée scolaire ?
J'ai souvent le cas dans mes classes et étrangement, ce sont rarement les familles les plus en difficulté qui n'achètent pas les livres. J'applique la même stratégie que Dinaa pour ceux qui n'ont pas le livre en question. Pour ce qui est de l'achat par le fonds social, notre assistance sociale ne veut pas y faire appel en général, parce qu'elle part du principe qu'acheter un livre, c'est aussi une façon pour les parents d'assumer leur rôle.

Je suis d'accord, c'est une attitude inadmissible. J'exclus, je colle mais il y a quelques énergumènes qui jouent les caïds malgré tout...

Pour la question de l'achat du livre, je trouve la situation délicate car on parle toujours de la gratuité de la scolarité et c'est l'idée de cet achat "obligatoire" qui me gêne... J'ai l'impression de forcer des personnes à dépenser de l'argent en leur mettant un couteau sous la gorge : "votre fils / fille ne suivra pas le cours de français parce que vous ne lui achetez pas le livre de lecture".

Le lien pdf, c'est super, mais je trouve qu'il ne serait pas juste de procurer ce livre gratuitement à des élèves qui ne font pas l'effort de demander à leurs parents un chèque - collégien et d'aller le chercher à la librairie, en ville, où la commerçante a fait un coin spécialement pour les aiguiller (classe, collège, nom du professeur), afin qu'ils ne se trompent pas d'édition. Aucun de mes élèves n'est en situation de détresse financière.

C'est vraiment une situation délicate... Je vais reprendre certaines de vos idées; c'est sûr!

Quand je demande d'acheter des annales en terminale, sachant que ça coûte moins cher qu'un paquet de clopes, ma politique est simple : démerdez-vous. Je donne l'exo numéro tant page tant, libre à eux de chercher sur internet le texte, et quand je dis "pour tel jour, apportez les annales", comme je ne sais pas toujours exactement quel exo je vais leur faire faire, je les renvoie dans les cordes sur "madaaaaame, ce sera quel exo".

Même chose avec la calculatrice : ceux qui ne sont pas venus me voir pour m'expliquer un problème financier, je ne veux rien entendre, ils font 1h de factorisation si on utilise la calculatrice 1h, et il leur manque des points au contrôle si la calculatrice est indispensable. Curieusement, après ça, j'ai peu de calculatrices manquantes...

Valivalou a écrit:
Pour la question de l'achat du livre, je trouve la situation délicate car on parle toujours de la gratuité de la scolarité et c'est l'idée de cet achat "obligatoire" qui me gêne... J'ai l'impression de forcer des personnes à dépenser de l'argent en leur mettant un couteau sous la gorge : "votre fils / fille ne suivra pas le cours de français parce que vous ne lui achetez pas le livre de lecture".

C'est vraiment une situation délicate... Je vais reprendre certaines de vos idées; c'est sûr!

Je ne vois pas ce qui te dérange : on les force également à venir avec un cartable, des stylos, etc et en plus ils doivent être habillés (!) ce qui coûte plus cher qu'un malheureux livre. Ici, ils se fichent du monde : ils ont des chèques. Ce n'est pas une situation délicate. Aucun texte n'interdit de faire acheter des livres. Le CDE qui le prétend est un menteur ou un imbécile.

Après lecture du post d'Helips : mes lycéens travaillent sur une oeuvre lors de certains devoirs surveillés ; s'ils n'ont pas leur exemplaire, ils ont 0.

Valivalou a écrit:

Pour la question de l'achat du livre, je trouve la situation délicate car on parle toujours de la gratuité de la scolarité et c'est l'idée de cet achat "obligatoire" qui me gêne... J'ai l'impression de forcer des personnes à dépenser de l'argent en leur mettant un couteau sous la gorge : "votre fils / fille ne suivra pas le cours de français parce que vous ne lui achetez pas le livre de lecture".

Les parents ne paient pas pour l'entretien des locaux, le traitement des professeurs... Et les textes sont clairs: gratuité de l'enseignement ne signifie pas gratuité des fournitures.

http://eduscol.education.fr/cid48578/principe-de-gratuite.html

Les fournitures scolaires individuelles, dans la mesure où il s'agit de matériels utilisés par un seul et même élève et qui restent à terme sa propriété, ne relèvent pas du principe de gratuité scolaire et restent à la charge des familles.