[Stagiaire] Gestion de classe: relation tendue avec ma 5e...

*Fifi* a écrit:Dans tous les cas il ne t faut pas avoir peur, être sur de tes remarques ou punitions que tu donnes.

Je pense que c'est une faille que j'ai et dans laquelle les élèves s'engouffrent volontiers: je n'ai pas du tout confiance en moi, je n'arrive pas non plus à faire semblant.

Il faut que je respire un grand coup, que je me sente légitime dans ce costume de prof que je trouve encore trop impressionnant pour moi .

Croix ou pas croix, effectivement, chacun fait comme il sent: pour le moment, je préfère éviter. Je crois que si jeudi l'ambiance est aussi détestable il va falloir que je franchisse un palier supérieur et que je commence à coller.

Tu sais Black Mail, j'ai beau être plus âgée et prise pour une vraie prof ...moi aussi j'ai comme une angoisse d'en arriver à coller,comme si c'était un échec personnel ou un truc comme ça,ou alors comme si ça allait détruire quelque chose, je ne sais pas.
Il faut que je le fasse

Cicyle a écrit:Je le fais "naturellement" : ils me gonflent, je les incendie du regard. J'aime pas les cris, et j'aime pas les "chuuuuut". Donc le regard-qui-tue est naturel ! Razz

Je t'envie. Je te jalouse. Apprends-moi.

Mon regard à moi fait interrompre le bavardage, mais ne l'empêche pas de reprendre dès qu'il se déporte vers d'autres horizons.

Je crois que j'ai le regard plus implorant que méchant.

J'ai le même problème, comme beaucoup d'autres profs stagiaires (ou titulaires même) ici. Ma tutrice me dit de leur tomber plus vite dessus, de prendre les carnets plus vite et de graduer les sanctions clairement, qu'ils sachent à quel palier ils en sont. Elle dit aussi que s'il faut que je perde du temps pour la gestion de classe et laisser le pédagogique de côté, il faut le faire (même si on perd du temps et que ça m'agaaaace !). Bref, je dois recadrer tout ça. Il semblerait que les vacances effacent tout ça de leurs petites têtes

Rabelais a écrit:Tu sais Black Mail, j'ai beau être plus âgée et prise pour une vraie prof ...moi aussi j'ai comme une angoisse d'en arriver à coller,comme si c'était un échec personnel ou un truc comme ça,ou alors comme si ça allait détruire quelque chose, je ne sais pas.
Il faut que je le fasse

Richoz, dans son bouquin, en explique très bien les raisons. Mise en cause du principe d'autorité pendant la seconde moitié du XXe siècle, développement de pédagogies non contraignantes, et ainsi de suite.

C'est une idée largement diffuse. Si on punit, c'est qu'au fond, on est mauvais profs. Même si consciemment, on ne le pense pas, cette idée fait son chemin subrepticement chez beaucoup d'entre nous.

Je suis en train de m'en débarrasser. Ça aide à sanctionner sans le vivre mal. Ça aide à sanctionner sans le moindre complexe et donc, mieux. Ça aide à sanctionner avec le sourire.

Le souci c'est quand on se fait inspecter avec ce genre de classe. On a juste à espérer qu'ils se tiendront bien pendant cette heure-là

Jézabel a écrit:Le souci c'est quand on se fait inspecter avec ce genre de classe. On a juste à espérer qu'ils se tiendront bien pendant cette heure-là

Si on les a habitués à ne pas avoir la possibilité de ne pas bien se tenir, pas de raison que ça se passe mal. Personnellement, je n'hésiterais pas à exclure quelqu'un qui déconne, inspecteur ou pas.

BlackMail a écrit:

*Fifi* a écrit:Dans tous les cas il ne t faut pas avoir peur, être sur de tes remarques ou punitions que tu donnes.

Je pense que c'est une faille que j'ai et dans laquelle les élèves s'engouffrent volontiers: je n'ai pas du tout confiance en moi, je n'arrive pas non plus à faire semblant.

Il faut que je respire un grand coup, que je me sente légitime dans ce costume de prof que je trouve encore trop impressionnant pour moi .

Croix ou pas croix, effectivement, chacun fait comme il sent: pour le moment, je préfère éviter. Je crois que si jeudi l'ambiance est aussi détestable il va falloir que je franchisse un palier supérieur et que je commence à coller.

Ton sentiment est normal en débutant. Pour me booster j'avais des pensées assez dures pour me booster et me convaincre de me mettre dans la peau du prof, du type :
- tu es là pour leur enseigner des trucs, tu es payée pour ça donc il le faut.
- c'est "eux ou toi" en cette année stagiaire avec un verdict au bout. Et ce sera toi. Point.
- dis toi que pour eux même si tu es jeune tu es ringarde, tu es prof. Les élèves te donnent peut être bien plus que tu n'as.
- Il te faut faire semblant. Il te faut paraître stricte pour instaurer une ambiance sérieuse et agréable. Mords toi les joues si besoin quand tu les regardes ou les réprimandes !

kero a écrit:

Jézabel a écrit:Le souci c'est quand on se fait inspecter avec ce genre de classe. On a juste à espérer qu'ils se tiendront bien pendant cette heure-là

Si on les a habitués à ne pas avoir la possibilité de ne pas bien se tenir, pas de raison que ça se passe mal. Personnellement, je n'hésiterais pas à exclure quelqu'un qui déconne, inspecteur ou pas.

Souvent on aimerait bien ne pas leur laisser cette possibilité, mais quand on n'a pas d'autorité...

Blackmail, stagiaire aussi cette année, j'ai également ce souci de bavardages. J'ai commis l'erreur principale de changer souvent de système pour trouver celui qui me convient : je faisais aussi trois crois, une punition, mais les punitions ne revenaient pas toujours, ça m'énervait. J'ai donc instauré une sorte de "permis à point" : une note qui démarre à 20, un point en moins par bavardage, quand on arrive à 0, une heure de colle, et la note compte dans le trimestre. Le seul problème de ce système, c'est qu'il faut du temps avant que la punition tombe donc ils en profitent (madame, je suis à combien de points, là ?)
Cette semaine, j'ai décidé de coupler à ce système un truc de plus, trouvé sur internet : 1er bavardage une remarque/avertissement "machin, si tu continues à bavarder, tu auras un travail écrit à faire". Et quand il continue, hop, je donne le travail (recopier la page du manuel en rapport avec le cours, ou des exercices pour ceux qui n'ont pas leur manuel) à faire tout de suite, pendant le cours. Comme ça, ça les occupe, et à charge pour eux de rattraper ensuite le cours.
S'ils continuent à bavarder, première étape de "chaise éjectable" dans le couloir, et s'ils recommencent, ils sont exclus. Le premier cours comme ça s'est plutôt bien passé. Le deuxième a été plus tendu (en dernière heure hier soir, avant un jour férié...) et j'ai dû exclure un élève. Pareil, j'ai ce sentiment d'échec de ne pas avoir réussi à ce qu'ils se taisent avant et l'appréhension que cet élève ensuite soit en opposition constante, mais j'ai vu la CPE ensuite qui m'a dit que j'avais bien fait, qu'il ne fallait pas leur laisser croire que tout était permis. Maintenant, j'imagine que si j'ai trop d'exclusions, ils vont aussi me tomber sur le dos, mais j'espère ne pas en venir là...
Je pense que c'est dur de les reprendre en main quand on a laissé le bavardage s'installer, mais on va y arriver !
(ah oui, un autre "truc" : maintenant, je refuse de donner cours dans le bruit, je ne vais pas m'évertuer à parler s'ils le font aussi, et tenter de couvrir leurs voix pour que la moitié de la classe puisse suivre. Et, du coup, je tombe sur eux dès le premier bavardage, même chuchoté, même discret, même si c'est pour demander une explication, madame, je n'ai pas compris... Ce n'est pas moi qui suis sévère, c'est eux qui me forcent à l'être... )

Et qu'est-ce que j'aimerais avoir un regard qui tue moi aussi !

Eh, c'est le 11 novembre ! Vous y repenserez en reprenant les cours, mais pas aujourd'hui.

Moi aussi je refuse de faire cours dans le bruit. Donc je m'arrête dès que c'est trop bruyant, c'est-à-dire souvent. Donc on patauge. Et je finis par m'énerver. C'est désolant de voir qu'on ne peut pas toujours faire tout ce qu'on avait prévu, alors même que le cours prévu était déjà bien bien allégé.
En plus de cela, il y a le temps perdu en début d'heure, car ils mettent un temps monstre à sortir leurs affaires, à s'installer et à se taire. Malgré mes injonctions. Malgré mes menaces de temps rattrapé plus tard en DM...

Sylvain de Saint-Sylvain a écrit:

Cicyle a écrit:Je le fais "naturellement" : ils me gonflent, je les incendie du regard. J'aime pas les cris, et j'aime pas les "chuuuuut". Donc le regard-qui-tue est naturel ! Razz

Je t'envie. Je te jalouse. Apprends-moi.

Mon regard à moi fait interrompre le bavardage, mais ne l'empêche pas de reprendre dès qu'il se déporte vers d'autres horizons.

Je crois que j'ai le regard plus implorant que méchant.

Si ça peut te rassurer, mon regard-qui-tue n'a pas un effet d'une heure. Il est efficace sur le moment. Disons que les élèves en question se taisent. Certains recommencent au bout de 5', d'autres restent silencieux. Mais du coup, à l'arrivée, je n'ai plus qu'à gérer les quelques bavards invétérés : ça réduit le nombre !

meldc a écrit:
J'ai commis l'erreur principale de changer souvent de système pour trouver celui qui me convient : je faisais aussi trois crois, une punition, mais les punitions ne revenaient pas toujours, ça m'énervait. J'ai donc instauré une sorte de "permis à point" : une note qui démarre à 20, un point en moins par bavardage, quand on arrive à 0, une heure de colle, et la note compte dans le trimestre. Le seul problème de ce système, c'est qu'il faut du temps avant que la punition tombe donc ils en profitent (madame, je suis à combien de points, là ?)

+1
L'année dernière, durant mon année de stage, j'ai eu beaucoup de mal à gérer deux de mes classes.
On m'avait conseillé de changer de méthode jusqu'à ce que je trouve la bonne qui fonctionne. (Par "on", entendre tuteur et formateur de l'ESPE)
Après tout, l'année de stage est faîte pour tester et se "trouver".
J'ai donc changé de méthode assez souvent. J'ai plutôt eu l'impression que cela m'a désservi auprès des élèves.

BlackMail a écrit:, je me sens vraiment nulle dans la gestion de classe et dans le contact avec les élèves.

Moi aussi. C'est déprimant.
Quand ta tutrice est là, ils sont calmes. C'est déjà ça. Moi aussi quand mon tuteur est là, ils sont calmes. Mais quand il y aura l'inspecteur, comment seront-ils ? Là est la question, vu qu'ils auront été habitués à voir un autre adulte dans la classe. Si ça se trouve ça ne leur fera plus rien.
Autre chose : tes élèves, quand ils bavardent, de quoi bavardent-ils ? Du cours ? (est-ce qu'ils donnent leur avis, répondent aux questions sans lever la main...) Ou racontent-ils leur vie ? Car comme nous a dit une formatrice Isfec (l'espe privé) : "un cours silencieux n'est pas forcément un cours réussi". Sous-entendu, s'ils parlent du cours, c'est une bonne chose. Certes. Le souci étant que ça finit par devenir ingérable et on patauge. Et je sais pas trop ce que peuvent en penser les inspecteurs.

Jézabel, arrête de psychoter sur ce qu'en pensera l'inspecteur, arrête de tirer des plans sur la comète à propos de la manière dont se comporteront les élèves.

Presque tous les débutants sont confrontés à des difficultés de gestion de classe. C'est normal, puisque ça ne tombe pas du ciel. Ça s'apprend.

Réfléchis à des solutions, prend le temps de les appliquer et tu verras que les choses se stabiliseront.

Moi le fait qu'il y ait un autre adulte (ma tutrice) ne les dérange aucunement: ils restent les mêmes ! :lol: D'ailleurs je préfère ça car comme ça elle voit comment ils sont et elle peut vraiment m'aider. S'ils étaient calmes, elle aurait beaucoup plus de mal à me donner des pistes pour pouvoir améliorer ma gestion de classe. Quant à l'inspecteur, je n'y pense pas pour le moment: nous ne sommes qu'en novembre !

kero a écrit:Jézabel, arrête de psychoter sur ce qu'en pensera l'inspecteur, arrête de tirer des plans sur la comète à propos de la manière dont se comporteront les élèves.

+1
Ne te mets pas trop la pression.
L'année de stage est déjà suffisement stressante comme cela.

SilverLining a écrit:Moi le fait qu'il y ait un autre adulte (ma tutrice) ne les dérange aucunement: ils restent les mêmes ! :lol: D'ailleurs je préfère ça car comme ça elle voit comment ils sont et elle peut vraiment m'aider. S'ils étaient calmes, elle aurait beaucoup plus de mal à me donner des pistes pour pouvoir améliorer ma gestion de classe. Quant à l'inspecteur, je n'y pense pas pour le moment: nous ne sommes qu'en novembre !

Idem.
Mes 4ème pénibles étaient aussi pénibles avec ou sans la présence du tuteur.

Jézabel, certains parlent du cours, d'autres de leur fascinante vie (télé-réalité et cie).

Pour jeudi je viens de finir de préparer une feuille d'exercice recto-verso à faire pendant le cours. C'est long, c'est chiant et c'est le but. On verra si ça les calme.

BlackMail a écrit:
Pour jeudi je viens de finir de préparer une feuille d'exercice recto-verso à faire pendant le cours. C'est long, c'est chiant et c'est le but. On verra si ça les calme.

Est-ce que tu as prévu de rammasser le travail ?
De le noter ?

Mon tuteur préconisait de leur dire qu'on rammasse quelques copies (de ceux qui bavardent, qui sont pénibles, mais sans leur dire... ils s'en rendront compte eux même) et de les noter.
Malheureusement pour moi, l'année dernière, mes élèves n'aivent rien à faire des notes, donc cela ne fonctionnait pas.
Par contre, cette année, j'ai des élèves assez sensibles à la note. Du coup, cela fonctionne assez bien.

Non je n'ai pas ramassé ni noté mais j'ai réussi à les calmer jeudi et vendredi: 4h de retenue en deux jours, ça les a douchés .
J'ai exclu toutes les activités de groupes ou présentées sous une forme plus avenante afin de leur montrer ce dont je suis capable quand on m'embête. Jeudi, certains élèves m'ont demandé: "mais madame, on a été sages pendant ce cours, on peut ravoir votre confiance maintenant ?".
Ben non, ce n'est pas comme ça que ça marche .

Bref, il y avait une amélioration en cette fin de semaine, cependant je dois continuer à serrer la vis avec eux.

Tiens bon, c'est toujours agréable de voir qu'on peut réussir à obtenir le calme, même si généralement ce n'est que ponctuel. Faut rien lâcher maintenant, mais c'est vrai que c'est pas facile.
Le coup des exos ramassés et notés, c'est une bonne chose s'ils sont accrocs aux notes.

Super BlackMail !

Lundi, j'ai trouvé ''ma'' classe de 5 ème pénible.  Un peu trop de bavardage à mon gout. Du coup, je leur ai demandé de faire les exercices sur feuille et j'ai ramassé les copies de ceux qui continuaient à bavarder et ricaner dans leur coin.  Cela les a calmé l'heure suivante.

Les miens, ceux qui avaient été infects vendredi de la semaine dernière, ont eu droit à un sermon monumental de ma part au cours suivant. De plus, 5 d'entre eux ont décidé de me "tester" en arrivant en retard en cours (15 secondes, certes, mais la porte était fermée et ils n'étaient pas rangés quand je suis allée les chercher). Comme par hasard, parmi eux figuraient les élèves les plus pénibles. Du coup je les ai renvoyés direct à la vie scolaire chercher un mot. La classe n'a pas moufté de l'heure

Bon, ça fait depuis deux trois cours que c'est de nouveau le bazar avec eux.
Ce matin, 2h de bruit intense, on a avancé très lentement car je n'arrêtais pas de demander le silence.
Je n'ai puni personne puisque j'avais en face de moi une vingtaine d'élèves extrêmement agités. A la récréation je me suis effondrée en larmes, or c'est à ce moment-là qu'ont décidé d'entrer la PA et la CDE dans la salle des profs. Bref, je suis nulle nulle nulle.

Du coup jeudi je vais vidéoprojeter la leçon et les faire copier... je n'arrive à rien avec eux, je suis vraiment une incapable pour le coup.

BlackMail a écrit:Bon, ça fait depuis deux trois cours que c'est de nouveau le bazar avec eux.
Ce matin, 2h de bruit intense, on a avancé très lentement car je n'arrêtais pas de demander le silence.
Je n'ai puni personne puisque j'avais en face de moi une vingtaine d'élèves extrêmement agités. A la récréation je me suis effondrée en larmes, or c'est à ce moment-là qu'ont décidé d'entrer la PA et la CDE dans la salle des profs. Bref, je suis nulle nulle nulle.

Du coup jeudi je vais vidéoprojeter la leçon et les faire copier... je n'arrive à rien avec eux, je suis vraiment une incapable pour le coup.

Mais non, je lis tes contributions et je peux bien voir que tu n'es pas nulle ! Ca nous arrive à tous de galérer, d'être fatigués, et de se sentir dépassés. Moi, c'était lundi dernier. Pas le moral dans ma vie perso, élèves agités. Pour mes 2h du lundi, je me suis sentie totalement dépassée. Mes 1ères, qui avaient senti une faiblesse, ont remis ça mardi. Et mercredi, je suis partie d'une humeur de lion et j'ai recadré tout ça. J'ai commencé mon cours par un longue remontrance, pour leur rappeler qui est le chef. Après, chaque élève qui parlait se faisait remonter les bretelles très vertement. J'ai eu un calme royal pendant 1h. Ca fait un peu dictature, mais ça m'a permis de reprendre les choses en main. Et ce matin, ils ont été supers (si on fait abstraction de l'exercice incendie et des 2 interventions de surveillants pour passer des messages ) : plutôt calmes et participatifs.
Courage, ça va s'arranger et ne crois surtout pas que tu es nulle.