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- Lyssya GoryNiveau 1
Je ne fais pas de vacations dans des collèges ou des lycées mais dans des facs privées, aucune pression, je n'ai de comptes à rendre à personne. A côté, je fais pas mal de traduction juridique et je donne quelques cours particuliers. Pas de réunions, pas de parents pénibles, pas de tuteur, pas d'ESPE ... je suis (un peu) plus pauvre mais pour rien au monde je ne reviendrais en arrière.
- YoKonokéFidèle du forum
C'est un choix que je comprends.
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«Plus on partage, plus on possède, voilà le miracle.» Léonard Nimoy
- ErgoDevin
Ah oui, en effet.
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"You went to a long-dead octopus for advice, and you're going to blame *me* for your problems?" -- Once Upon a Time
"The gull was your ordinary gull." -- Wittgenstein's Mistress
« Cède, cède, cède, je le veux ! » écrivait Ronin, le samouraï. (Si vous cherchez un stulo-plyme, de l'encre, récap de juillet 2024)
- LefterisEsprit sacré
Tu fais du russe ?Lyssya Gory a écrit:Je ne fais pas de vacations dans des collèges ou des lycées mais dans des facs privées, aucune pression, je n'ai de comptes à rendre à personne. A côté, je fais pas mal de traduction juridique et je donne quelques cours particuliers. Pas de réunions, pas de parents pénibles, pas de tuteur, pas d'ESPE ... je suis (un peu) plus pauvre mais pour rien au monde je ne reviendrais en arrière.
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"La réforme [...] c'est un ensemble de décrets qui s'emboîtent les uns dans les autres, qui ne prennent leur sens que quand on les voit tous ensemble"(F. Robine , expliquant sans fard la stratégie du puzzle)
Gallica Musa mihi est, fateor, quod nupta marito. Pro domina colitur Musa latina mihi.
Δεν ελπίζω τίποτα, δεν φοβούμαι τίποτα, είμαι λεύτερος (Kazantzakis).
- Lyssya GoryNiveau 1
Non, italien. Tu dis ça pour Lyssya Gory?
- LefterisEsprit sacré
Oui... faut reconnaître qu'elle est particulièrement maltraitée dans l'E.N. , la langue "del bel paese ch'Appennin parte, e 'l mar circonda et l'Alpe". considérée comme "inutile".Lyssya Gory a écrit:Non, italien. Tu dis ça pour Lyssya Gory?
Avoir un poste complet relève du tour de force. Même en Italie, quand un ex-président (Sarlusconi ? Berluscozy ? me rappelle plus... ) disait que l'école devait s'en tenir aux "Tre I : Internet, Inglese, Informatica" .
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"La réforme [...] c'est un ensemble de décrets qui s'emboîtent les uns dans les autres, qui ne prennent leur sens que quand on les voit tous ensemble"(F. Robine , expliquant sans fard la stratégie du puzzle)
Gallica Musa mihi est, fateor, quod nupta marito. Pro domina colitur Musa latina mihi.
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- Lyssya GoryNiveau 1
Quel bonheur de voir ici cité le cher grand Pétrarque, merci !
Oui, cette langue merveilleuse est malheureusement traitée comme un idiome du fin fond de la Sibérie ... quand on songe à ce qu'elle a apporté au monde, c'est à pleurer.
Les tre I, c'est bien du Sarlusconi, ou du Berluscozy ! :lol:
Oui, cette langue merveilleuse est malheureusement traitée comme un idiome du fin fond de la Sibérie ... quand on songe à ce qu'elle a apporté au monde, c'est à pleurer.
Les tre I, c'est bien du Sarlusconi, ou du Berluscozy ! :lol:
- OsmieSage
Ce n'est pas de la théorie.Lyssya Gory a écrit:En théorie oui. Mais, d'une part, j'ai bien peur que cette liberté ne soit précaire et, d'autre part, le métier ne se limite plus, loin de là, à la salle de classe et on se heurte à l'absurdité du système en permanence.
Par ailleurs, quand tu es censé enseigner une langue étrangère et que tes élèves (collèges de centre-ville, excellente académie) sont, pour la plupart, incapables de conjuguer correctement un verbe, ne savent pas ce qu'est un nom, un adjectif, un infinitif etc... dans leur PROPRE langue, je ne vois pas très bien à quoi peut servir cette prétendue liberté pédagogique. Leurs cerveaux sont déjà ravagés par le bain de bêtise qu'on leur inflige depuis leur entrée à l'école. Je dis cela sans aucun mépris pour eux, ils ne sont que les victimes d'un système qui, précisément, les méprise et n'a plus pour objectif que de les occuper, de faire en sorte qu'ils se tiennent tranquilles en les abrutissant encore un peu plus devant des écrans, en ne leur proposant que du "ludique", en leur faisant croire que le monde est simple comme une page de manuel aux couleurs criardes. C'est le bafa qu'il faut demander aux profs maintenant, pas un master 2.
Il y a un combat quotidien à mener pour enseigner les bases aux élèves, et la liberté pédagogique n'est pas un vain mot. Rien ne m'empêche d'étudier le texte, le roman que je veux, qui me semble le plus à même de façonner une pensée. A moi d'expliquer mes choix aux parents, à supposer que l'un d'eux me le demande (ce qui n'arrive jamais).
La liberté pédagogique est au cœur même du métier en lettres : à nous de choisir entre Gudule ou Hugo, entre l'Autobiographie d'une courgette et La promesse de l'aube.
Quant aux ravages sur les cerveaux, as-tu pu les noter en deux mois ? Le professeur seul dans sa classe n'est pas contraint de les occuper "en les abrutissant", "en ne leur proposant que du "ludique"" ; là encore, libre à lui de faire autrement, mais libre à lui aussi de tomber dans la facilité que tu décris.
Avec cynisme, je dis souvent aussi qu'un BAFA lettres suffirait, mais ce n'est pas le cas. Un BAFA suffit pour faire de l'animation, mais ce n'est pas notre métier ; à nous de faire en sorte que cela ne le devienne jamais.
- LefterisEsprit sacré
Je suis assez d'accord avec toi, et je suis de ceux qui tiennent leur ligne de conduite, entre autres en ne pratiquant que des textes d'auteurs. Mais je reconnais aussi que plus les enseignants sont jeunes, plus il leur est difficile de lutter contre la dispersion organisée, les activités bordélisantes, les projets. Ils finissent même parfois par intégrer tout ça, l'intérioriser, et comme évidemment ça ne marche pas, à culpabiliser. Il suffit de lire les messages d'angoisse, de culpabilité, de remise en question sur le mode autocritique, pour voir que la situation n'est pas si simple.Osmie a écrit:Ce n'est pas de la théorie.Lyssya Gory a écrit:En théorie oui. Mais, d'une part, j'ai bien peur que cette liberté ne soit précaire et, d'autre part, le métier ne se limite plus, loin de là, à la salle de classe et on se heurte à l'absurdité du système en permanence.
Par ailleurs, quand tu es censé enseigner une langue étrangère et que tes élèves (collèges de centre-ville, excellente académie) sont, pour la plupart, incapables de conjuguer correctement un verbe, ne savent pas ce qu'est un nom, un adjectif, un infinitif etc... dans leur PROPRE langue, je ne vois pas très bien à quoi peut servir cette prétendue liberté pédagogique. Leurs cerveaux sont déjà ravagés par le bain de bêtise qu'on leur inflige depuis leur entrée à l'école. Je dis cela sans aucun mépris pour eux, ils ne sont que les victimes d'un système qui, précisément, les méprise et n'a plus pour objectif que de les occuper, de faire en sorte qu'ils se tiennent tranquilles en les abrutissant encore un peu plus devant des écrans, en ne leur proposant que du "ludique", en leur faisant croire que le monde est simple comme une page de manuel aux couleurs criardes. C'est le bafa qu'il faut demander aux profs maintenant, pas un master 2.
Il y a un combat quotidien à mener pour enseigner les bases aux élèves, et la liberté pédagogique n'est pas un vain mot. Rien ne m'empêche d'étudier le texte, le roman que je veux, qui me semble le plus à même de façonner une pensée. A moi d'expliquer mes choix aux parents, à supposer que l'un d'eux me le demande (ce qui n'arrive jamais).
La liberté pédagogique est au cœur même du métier en lettres : à nous de choisir entre Gudule ou Hugo, entre l'Autobiographie d'une courgette et La promesse de l'aube.
Quant aux ravages sur les cerveaux, as-tu pu les noter en deux mois ? Le professeur seul dans sa classe n'est pas contraint de les occuper "en les abrutissant", "en ne leur proposant que du "ludique"" ; là encore, libre à lui de faire autrement, mais libre à lui aussi de tomber dans la facilité que tu décris.
Avec cynisme, je dis souvent aussi qu'un BAFA lettres suffirait, mais ce n'est pas le cas. Un BAFA suffit pour faire de l'animation, mais ce n'est pas notre métier ; à nous de faire en sorte que cela ne le devienne jamais.
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"La réforme [...] c'est un ensemble de décrets qui s'emboîtent les uns dans les autres, qui ne prennent leur sens que quand on les voit tous ensemble"(F. Robine , expliquant sans fard la stratégie du puzzle)
Gallica Musa mihi est, fateor, quod nupta marito. Pro domina colitur Musa latina mihi.
Δεν ελπίζω τίποτα, δεν φοβούμαι τίποτα, είμαι λεύτερος (Kazantzakis).
- Lyssya GoryNiveau 1
Lefteris a tout dit.
Je comprends très bien votre ligne de conduite, et je vous envie de pouvoir la tenir, mais je crois sincèrement qu'en effet elle n'est plus vraiment praticable par de jeunes enseignants. C'est bien pour cela que je parlais dans ma première intervention de la nécessité d'une sorte de "foi" et d'enthousiasme particuliers pour pouvoir exercer ce métier à l'heure actuelle. Sans cela il me semble que l'on ne peut verser que dans l'aigreur ou le cynisme.
Et oui Osmie, oh que oui, j'ai pu constater les ravages sur les cerveaux: incapacité à se concentrer sur une même activité plus de quelques minutes, raisonnement anarchique, orthographe misérable, syntaxe chaotique et j'en passe ... un mois n'était même pas nécessaire, une semaine a suffi.
Un collègue africain d'une autre discipline, stagiaire dans le même établissement que moi était anéanti et révolté par ce qu'il voyait; lui qui a grandi, et enseigné plus tard, dans un environnement infiniment plus défavorisé, dans des écoles sans aucuns moyens matériels ou financiers, sans TBI ou salle multimedia etc ... il se retrouve ici face à des élèves au niveau bien plus faible que la plupart de ceux qu'il a connus là-bas. Et je ne vous dis même pas ce qu'il pense de leur "savoir-être" pour employer le jargon qu'on aime bien ...
Je comprends très bien votre ligne de conduite, et je vous envie de pouvoir la tenir, mais je crois sincèrement qu'en effet elle n'est plus vraiment praticable par de jeunes enseignants. C'est bien pour cela que je parlais dans ma première intervention de la nécessité d'une sorte de "foi" et d'enthousiasme particuliers pour pouvoir exercer ce métier à l'heure actuelle. Sans cela il me semble que l'on ne peut verser que dans l'aigreur ou le cynisme.
Et oui Osmie, oh que oui, j'ai pu constater les ravages sur les cerveaux: incapacité à se concentrer sur une même activité plus de quelques minutes, raisonnement anarchique, orthographe misérable, syntaxe chaotique et j'en passe ... un mois n'était même pas nécessaire, une semaine a suffi.
Un collègue africain d'une autre discipline, stagiaire dans le même établissement que moi était anéanti et révolté par ce qu'il voyait; lui qui a grandi, et enseigné plus tard, dans un environnement infiniment plus défavorisé, dans des écoles sans aucuns moyens matériels ou financiers, sans TBI ou salle multimedia etc ... il se retrouve ici face à des élèves au niveau bien plus faible que la plupart de ceux qu'il a connus là-bas. Et je ne vous dis même pas ce qu'il pense de leur "savoir-être" pour employer le jargon qu'on aime bien ...
- A TuinVénérable
pailleauquebec a écrit:
J'en ai guéri en équilibrant différemment ma vie, en faisant du sport, de la lecture plaisir, du jardinage,... le psy m'a aidé à faire ce rééquilibrage, car ce n'est pas simple de comprendre ce qui cloche tout seul.
Il n'y a pas besoin d'aller voir un psy dans ce genre de cas : ce qui cloche est très bien exprimé en l’occurrence pour la personne, c'est le fait de ne pas se sentir soutenue par sa hiérarchie alors que le contexte et les classes sont difficiles. Dans un tel cas de figure tu peux bien faire piscine tant que tu veux ou aller donner tes sous au psy du coin, tant que ce problème de base ne sera pas réglé par une mutation ou un changement de direction, ça n'ira pas mieux. A un moment donné l'équilibre c'est de recevoir le respect ou le bien-être en proportion de ce qu'on donne ou laisse dans un domaine donné, c'est tout. Je dirais qu'avant de songer à se reconvertir, il faudrait déjà songer à redemander une mutation pour avoir une affectation plus stable et sécurisante, cela aiderait surement.
- OsmieSage
C'est ma septième rentrée ; suis-je encore une jeune enseignante ?Lyssya Gory a écrit:Lefteris a tout dit.
Je comprends très bien votre ligne de conduite, et je vous envie de pouvoir la tenir, mais je crois sincèrement qu'en effet elle n'est plus vraiment praticable par de jeunes enseignants. C'est bien pour cela que je parlais dans ma première intervention de la nécessité d'une sorte de "foi" et d'enthousiasme particuliers pour pouvoir exercer ce métier à l'heure actuelle. Sans cela il me semble que l'on ne peut verser que dans l'aigreur ou le cynisme.
Et oui Osmie, oh que oui, j'ai pu constater les ravages sur les cerveaux: incapacité à se concentrer sur une même activité plus de quelques minutes, raisonnement anarchique, orthographe misérable, syntaxe chaotique et j'en passe ... un mois n'était même pas nécessaire, une semaine a suffi.
Un collègue africain d'une autre discipline, stagiaire dans le même établissement que moi était anéanti et révolté par ce qu'il voyait; lui qui a grandi, et enseigné plus tard, dans un environnement infiniment plus défavorisé, dans des écoles sans aucuns moyens ou financiers, sans TBI ou salle multimedia etc ... il se retrouve ici face à des élèves au niveau bien plus faible que la plupart de ceux qu'il a connus là-bas. Et je ne vous dis même pas ce qu'il pensait de leur "savoir-être" pour employer le jargon qu'on aime bien ...
Ma relative survie mentale tient au fait que je me concentre sur ce qui se passe dans mon domaine, qui est ma classe. Mais j'oscille sans cesse entre fureur, cynisme et lutte.
- Lyssya GoryNiveau 1
Quand je parlais des "jeunes enseignants", je pensais aux "créatures ESPE modèle 2014", pas à la date de naissance
- LefterisEsprit sacré
Un raro vantaggio di invecchiareLyssya Gory a écrit:Lefteris a tout dit.
Je comprends très bien votre ligne de conduite, et je vous envie de pouvoir la tenir,
mais je crois sincèrement qu'en effet elle n'est plus vraiment praticable par de jeunes enseignants. C'est bien pour cela que je parlais dans ma première intervention de la nécessité d'une sorte de "foi" et d'enthousiasme particuliers pour pouvoir exercer ce métier à l'heure actuelle. Sans cela il me semble que l'on ne peut verser que dans l'aigreur ou le cynisme.
On peut aussi relativiser. Ca me débecte aussi , et je préfèrerais qu'il en soit autrement mais je sais couper. Il faut dire que j'ai vu l'absurde ailleurs que dans l'EN, ça aide à supporter.
Là , tu touches au point le plus sensible. Nous avons désormais en masse des ados qui sont autocentrés à un degré qu'on ne mesure même plus (qu'on ne vienne pas dire que ca a toujours été comme ça, c'est faux, c'est un mensonge qui sert de prétexte à la capitulation) ce qui entraîne leur incapacité d'écoute, de concentration , d'intérêt même sur tout ce qui n'est pas eux ou leur plaisir immédiat. Un élève dit "défavorisé" demeure un élève qui baigne quand même dans un confort relatif que n'a pas un pays du Tiers-Monde, et dans une dispersion liée aux objets matériels que n'avait pas un élève aisé il y a vingt ou trente ans (téléphone érigé au rang de divinité, médias nombreux et agressifs qui leur donnent de manière surdimensionnée le coût du show-biz et du people, habitude de jacasser sur tout -ce qui est lié à leur autocentrage, ils croient que tout ce qui sort d'eux est intéressant...). Bref, la société forme des décérébrés, qui formeront soit les consommateurs de demain, soit les nervis de systèmes oppressifs où ils trouveront leur avantage, et la grande faute de l'E.N. (la machine, pas les individus qui résistent) est de ne plus essayer de lutter , de fermer la porte à tout ça, mais d’accompagner le mouvement, de faire du suivisme à haute dose (le reproche principal qui est fait au pédagogisme).incapacité à se concentrer sur une même activité plus de quelques minutes, raisonnement anarchique, orthographe misérable, syntaxe chaotique et j'en passe ... un mois n'était même pas nécessaire, une semaine a suffi.
Un collègue africain d'une autre discipline, stagiaire dans le même établissement que moi était anéanti et révolté par ce qu'il voyait; lui qui a grandi, et enseigné plus tard, dans un environnement infiniment plus défavorisé, dans des écoles sans aucuns moyens matériels ou financiers, sans TBI ou salle multimedia etc ... il se retrouve ici face à des élèves au niveau bien plus faible que la plupart de ceux qu'il a connus là-bas. Et je ne vous dis même pas ce qu'il pense de leur "savoir-être" pour employer le jargon qu'on aime bien ...
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"La réforme [...] c'est un ensemble de décrets qui s'emboîtent les uns dans les autres, qui ne prennent leur sens que quand on les voit tous ensemble"(F. Robine , expliquant sans fard la stratégie du puzzle)
Gallica Musa mihi est, fateor, quod nupta marito. Pro domina colitur Musa latina mihi.
Δεν ελπίζω τίποτα, δεν φοβούμαι τίποτα, είμαι λεύτερος (Kazantzakis).
- LefterisEsprit sacré
D'un autre côté, certains sont lucides, j'en ai vu. Ils ne sontpas tous malléables, et ne devraient pas tarder à se reconvertir ou à résister dans leur coin...Lyssya Gory a écrit:Quand je parlais des "jeunes enseignants", je pensais aux "créatures ESPE modèle 2014", pas à la date de naissance
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"La réforme [...] c'est un ensemble de décrets qui s'emboîtent les uns dans les autres, qui ne prennent leur sens que quand on les voit tous ensemble"(F. Robine , expliquant sans fard la stratégie du puzzle)
Gallica Musa mihi est, fateor, quod nupta marito. Pro domina colitur Musa latina mihi.
Δεν ελπίζω τίποτα, δεν φοβούμαι τίποτα, είμαι λεύτερος (Kazantzakis).
- HesteNiveau 9
Je suis une "créature ESPE modèle 2014", j'ai fait mon M1 sous feu les IUFM, et mon M2 en ESPE. La plupart des stagiaires que je rencontrent à l'ESPE en formation on le même état d'esprit que moi: on prend ce qu'il y a d'intéressant à prendre (certains formateurs sont passionnants) et pour le reste ça rentre par une oreille avant de ressortir par l'autre. Mais c'est fatiguant de devoir toujours réfléchir à ce que l'on va dire ou écrire à l'ESPE, d'assister à des formations souvent vides de sens et de contenu...
- Lyssya GoryNiveau 1
Lefteris, tu résumes parfaitement la situation. Le tableau est sombre mais tellement juste ...
Je pense qu'il y a une forme d'héroïsme à résister ainsi et j'éprouve une grande admiration pour ceux qui le font.
Cette citation de Kazantzakis qui figure sous tes message m'accompagne aussi depuis très longtemps et je suis touchée de l'avoir retrouvée ici, nous la mettons en pratique de deux manières différentes mais à la fin il reste toujours la liberté.
Heste: bon courage
Je pense qu'il y a une forme d'héroïsme à résister ainsi et j'éprouve une grande admiration pour ceux qui le font.
Cette citation de Kazantzakis qui figure sous tes message m'accompagne aussi depuis très longtemps et je suis touchée de l'avoir retrouvée ici, nous la mettons en pratique de deux manières différentes mais à la fin il reste toujours la liberté.
Heste: bon courage
- OsmieSage
Pour faire une permanence chaque semaine à l'ESPE, c'est ce que je constate aussi ; du temps des IUFM, le formatage battait déjà son plein, mais la charge de travail était moins lourde à porter.Lefteris a écrit:D'un autre côté, certains sont lucides, j'en ai vu. Ils ne sontpas tous malléables, et ne devraient pas tarder à se reconvertir ou à résister dans leur coin...Lyssya Gory a écrit:Quand je parlais des "jeunes enseignants", je pensais aux "créatures ESPE modèle 2014", pas à la date de naissance
- OsmieSage
D'accord avec toi ; le plus dur est d'avoir des élèves qui ne sont plus en situation d'être instruits.Lefteris a écrit:Un raro vantaggio di invecchiareLyssya Gory a écrit:Lefteris a tout dit.
Je comprends très bien votre ligne de conduite, et je vous envie de pouvoir la tenir,
mais je crois sincèrement qu'en effet elle n'est plus vraiment praticable par de jeunes enseignants. C'est bien pour cela que je parlais dans ma première intervention de la nécessité d'une sorte de "foi" et d'enthousiasme particuliers pour pouvoir exercer ce métier à l'heure actuelle. Sans cela il me semble que l'on ne peut verser que dans l'aigreur ou le cynisme.
On peut aussi relativiser. Ca me débecte aussi , et je préfèrerais qu'il en soit autrement mais je sais couper. Il faut dire que j'ai vu l'absurde ailleurs que dans l'EN, ça aide à supporter.
Là , tu touches au point le plus sensible. Nous avons désormais en masse des ados qui sont autocentrés à un degré qu'on ne mesure même plus (qu'on ne vienne pas dire que ca a toujours été comme ça, c'est faux, c'est un mensonge qui sert de prétexte à la capitulation) ce qui entraîne leur incapacité d'écoute, de concentration , d'intérêt même sur tout ce qui n'est pas eux ou leur plaisir immédiat. Un élève dit "défavorisé" demeure un élève qui baigne quand même dans un confort relatif que n'a pas un pays du Tiers-Monde, et dans une dispersion liée aux objets matériels que n'avait pas un élève aisé il y a vingt ou trente ans (téléphone érigé au rang de divinité, médias nombreux et agressifs qui leur donnent de manière surdimensionnée le coût du show-biz et du people, habitude de jacasser sur tout -ce qui est lié à leur autocentrage, ils croient que tout ce qui sort d'eux est intéressant...). Bref, la société forme des décérébrés, qui formeront soit les consommateurs de demain, soit les nervis de systèmes oppressifs où ils trouveront leur avantage, et la grande faute de l'E.N. (la machine, pas les individus qui résistent) est de ne plus essayer de lutter , de fermer la porte à tout ça, mais d’accompagner le mouvement, de faire du suivisme à haute dose (le reproche principal qui est fait au pédagogisme).incapacité à se concentrer sur une même activité plus de quelques minutes, raisonnement anarchique, orthographe misérable, syntaxe chaotique et j'en passe ... un mois n'était même pas nécessaire, une semaine a suffi.
Un collègue africain d'une autre discipline, stagiaire dans le même établissement que moi était anéanti et révolté par ce qu'il voyait; lui qui a grandi, et enseigné plus tard, dans un environnement infiniment plus défavorisé, dans des écoles sans aucuns moyens matériels ou financiers, sans TBI ou salle multimedia etc ... il se retrouve ici face à des élèves au niveau bien plus faible que la plupart de ceux qu'il a connus là-bas. Et je ne vous dis même pas ce qu'il pense de leur "savoir-être" pour employer le jargon qu'on aime bien ...
- e-WandererGrand sage
Il mondo invecchia, e invecchiando intristisce…
- Lyssya GoryNiveau 1
Altro che !
Génial de voir débarquer les grands ancêtres sur le forum depuis hier!
Comme il manque encore le Patron:
Lasciate ogni speranza voi ch'entrate
Qui si convien lasciare ogni sospetto; ogni viltà convien che qui sia morta.
Noi siam venuti al loco ov'io t'ho detto che tu vedrai le genti dolorose c'hanno perduto il ben dell'intelletto.
J'y pensais quand je voyais les grilles du collège le matin
Génial de voir débarquer les grands ancêtres sur le forum depuis hier!
Comme il manque encore le Patron:
Lasciate ogni speranza voi ch'entrate
Qui si convien lasciare ogni sospetto; ogni viltà convien che qui sia morta.
Noi siam venuti al loco ov'io t'ho detto che tu vedrai le genti dolorose c'hanno perduto il ben dell'intelletto.
J'y pensais quand je voyais les grilles du collège le matin
- mémé49Niveau 2
Lyssya Gory a écrit:Bonjour à tous
Je vous lis depuis des mois en "sous-marin" et je poste aujourd'hui pour la première fois. Si j'interviens aujourd'hui c'est pour témoigner du fait que démissionner de l'EN est faisable, souhaitable dans certains cas et peut même être, c'est mon cas, une véritable délivrance. J'ai fait mes études avec passion, j'adore ma discipline et j'ai eu la joie de réussir facilement un capes peu ouvert. Malheureusement j'ai pris en pleine figure la réalité de ce monde de fous qu'est l'EN en commençant mon stage en septembre: obligation ubuesque de se réinscrire en master, de devoir valider des UE, d'avoir à réécrire un mémoire, formation à l'ESPE oscillant en permanence entre néant et débilité profonde, mais chronophage dans les deux cas, négation programmatique de la part des "formateurs" de la notion de liberté pédagogique, élèves pas antipathiques mais nullissimes pour lesquels on nous demande de déployer des trésors d'imagination et de créativité pour un résultat au mieux médiocre, et tout cela en ayant comme seule perspective d'être TZR sur 2 ou 3 établissements pendant au moins une bonne dizaine d'années ...
Un mois m'a suffi pour savoir que je ne voulais pas de cette vie là et j'ai démissionné. Tranquillement, facilement, sans aucun stress tant j'étais convaincue du bien-fondé de ma décision. Depuis je "bricole", vacations, cours particuliers, traductions ... Evidemment c'est moins confortable du point de vue du salaire mais au moins, je vis, je me sens libre, je ne suis plus soumise aux oukases de quelques pédagos cinglés et je sais que j'ai fait le bon choix. La décision n'est pas facile à prendre mais j'ai la chance d'avoir un instinct de survie assez développé, ce qui m'a grandement aidée Avec un peu de recul maintenant, je trouve le système tellement fou que je me demande comment l'édifice tient encore debout. Quand j'ai annoncé ma démission à mes collègues l'un deux m'a dit: "Vas-y, pars vite, tu prends l'une des dernières chaloupes avant le naufrage du Titanic" ...
Voilà. Bien sûr, je ne témoigne ici que de ce que j'ai vécu et je peux tout à fait comprendre que d'autres puissent s'épanouir dans ce métier qui reste, je le pense vraiment, beau et noble, mais qui demande à l'heure actuelle, si l'on veut l'exercer sans cynisme et sans aigreur, une forme bien particulière d'enthousiasme et de "foi" dont tout le monde n'est pas capable. Je lis bien souvent ici l'expression de beaucoup d'angoisse et de stress, je voulais juste dire à ceux qui en souffrent, que ce n'est pas une fatalité, il y a une vie hors de l'EN.
Bon courage à tous
Merci pour ton post Lyssya : j'ai relu cette conversation que j'avais lancée il y a quelques semaines auparavant, et cela me tente de plus en plus de partir. J'ai repris le boulot après avoir été arrêtée deux semaines, et là, qu'est-ce que ça a été dur de se remettre dedans, de recommencer les cours dans le brouhaha, l'impression de ne servir à rien devant les lacunes énormes des élèves, les réunions qui n'en finissent pas, la route etc... J'ai rencontré le médecin prévention qui m'avait proposé un allégement de service que j'attends toujours (mais au vu du nombre de remplaçants dans l'académie, je risque d'attendre longtemps) donc, je vais demander un mi-temps pour l'année prochaine (car j'aime malgré tout ma matière et de plus je n'ai pas envie de me dire que mon CAPES est bon à mettre à la poubelle..) et je pense que si je ne l'obtiens pas je partirai.
- bil36Niveau 6
Ne lâche rien ! tu as eu un concours difficile, perso j'ai vécu les pires difficultés à mes débuts et puis après... on apprend et on relativise
bon courage en tout cas à toi !
bon courage en tout cas à toi !
- DigilovelyNiveau 3
PauvreYorick a écrit:+1. Je trouve ça inquiétant.Modulo a écrit: j'ai quand même une furieuse impression que ce type de message se développe fortement
Je suis dans le même cas...
1ère année en tant que titulaire en lettres modernes... 3 pétages de plombs et 2 arrets de travail...Beaucoup de doutes quand à la suite de ma carrière...
- AshtrakFidèle du forum
Courage ! Il en faudra quelle que soit la décision : partir, c'est remettre en cause un choix de vie qui semblait évident (si on pensait avoir la "vocation") ; rester, c'est savoir que ce que l'on vit aujourd'hui ne disparaîtra pas magiquement demain et qu'il faudra trouver le moyen de l'apprivoiser.
Reste à savoir quel courage te semble le plus naturel !
Reste à savoir quel courage te semble le plus naturel !
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Un âne dit toujours ce qu'il pense : hi-han !
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