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- LefterisEsprit sacré
Ne surtout pas démissionner ! Aredius a raison , avoir été agrégé de philo, chercher un boulot, comme ça, nez au vent.... c'est quasi impossible , et les sentiments d'échec, de déclassement, les regrets ne tarderont pas à arriver.Tonio Kröger a écrit:piesco a écrit:Tout comme toi, j'ai passé d'une année de stage avec un très bon public à une année de néo-titulaire difficile, avec quatre classes pénibles (dont deux STMG). Heureusement que j'avais une classe exceptionnellement agréable pour compenser!
Cette année fut donc difficile, ces classes étaient dures, et les heures de cours pénibles. A leur attitude il fallait ajouter le manque de niveau (ce que je pense, est au fond intimement lié).
Mais il n'y avait que cela. J'ai ressenti (comme beaucoup d'autres néos,d'ailleurs) une espèce de vide, de profonde lassitude. Je pense que c'était le résultat des deux années précédentes, très exigeantes. L'année de néo-titulaire est celle où, finalement,il n'y a plus d'enjeux (sauf si tu es inspecté, mais puisque les agrégés sont inspectés pendant leur année de stage, cela ne risque pas d'arriver) et la pression du cours et de la titularisation est retombée.
Depuis j'ai retrouvé des bien meilleures conditions de travail et le vide a disparu. Mais je ne risque pas d'oublier les vendredis de mon année de néo-tit (cours avec STMG en première et dernière heure). Certaines heures de cours devraient compter double, voire triple.
Ce qui m'a aidé à tenir cette année? Je savais que chaque cours était un pas de plus vers la fin de l'année. Et petit à petit le plus grand nombre s'est mis à avancer dans le bon sens, à leur rythme, certes, mais des progrès ont été faits. Le jour où la classe de Tle a récité une leçon de grammaire d'une seule voix j'ai frôlé l'extase. :lol:
Sincèrement, si ton année de stage s'est bien passée, je trouve précipité de démissionner après deux mois de cours. Tu ne vas pas bien à présent, certes ( ), mais un arrêt de travail serait peut-être plus bénéfique qu'une démission.
L'année de stage s'est "bien passée" au sens où l'enjeu de la titularisation m'a donné l'énergie nécessaire pour ne pas lâcher (et parce que c'était justement la première année, celle où l'on se dit que ce qui ne va pas finira par s'arranger avec l'expérience). Il y a quand même eu une grosse difficulté objective avec une classe de très bas niveau et réfractaire. Mais en réalité, je n'ai pas vraiment pris plaisir, même avec les bonnes classes (qui étaient de surcroît très bavardes). Quand on me demandait : "Alors, comment trouves-tu le métier ?", pas une seule fois je n'ai réussi à exprimer un jugement positif.
En toute sincérité, puis-je continuer ce métier lorsque la seule idée d'être en cours devant 30 ados me donne des crampes au ventre ? Que ces crampes accompagnent chaque moment qui précède un cours ? Que le vendredi soir je pense déjà au lundi matin qui arrive ? Qu'au moment de franchir le seuil de la classe je me dis "vivement dans deux heures", voire qu'au milieu d'une heure je me prends à penser que c'est décidément interminable ?
Je comprends ton point de vue mais je n'ai pas l'once de goût du métier qui me donnerait la motivation pour relativiser tout cela. Lorsque je parle avec mes amis, tout le monde me dit qu'il est clair que je ne suis pas fait pour ça.
Concrètement à présent j'ai 15 jours d'arrêt. Je vais en profiter pour faire le point très rapidement sur la suite, notamment demain avec la DRH. La seule chose que je vois à part la démission c'est une dispo.
Il faut changer de regard sur sa matière, se dire que ce ne sont pas les enseignants, qui ne sont pas à leur place, mais les élèves, à qui on n'a jamais demandé un effort, qui ne se sont jamais intéressés à autre chose qu'à leur nombril, et qui n'ont pas été éduqués au point d'en arriver à ce degré d'impolitesse consistant à parler tout le temps.
Et en conséquence baisser le rythme de travail, donner moins de devoirs, se taire quand ils bavardent et projeter un cours, et tant pis pour eux. Et à côté s'occuper de sa matière, pour soi-même, ou avoir des tas d'autres centres d'intérêt. Ou encore préparer une reconversion (concours administratifs) par les voies normales, de manière à intégrer un autre corps de catégorie A par détachement ou concours, en estimant que c'st un dû après tous ces efforts de ne pas dégringoler.
- OudemiaBon génie
+ 1000 avec Lefteris, même si ce changement de regard demande beaucoup d'efforts.
L'arrêt va déjà te permettre de t'y préparer.
L'arrêt va déjà te permettre de t'y préparer.
- User17706Bon génie
Je rejoins sans la moindre réserve tous ceux qui disent qu'il est en tout cas trop tôt pour prendre la décision de démissionner.
- ParatgeNeoprof expérimenté
D'accord avec tous ceux qui recommandent de ne pas démissionner maintenant !
Le chômage, j'ai connu, c'est quand même pire que l'enseignement !
Il faut se faire aider de toute façon.
Le chômage, j'ai connu, c'est quand même pire que l'enseignement !
Il faut se faire aider de toute façon.
- LefterisEsprit sacré
Il y avait un fil , il y a déjà un moment, d'une jeune agrégée démissionnaire. Elle se mordait les doigts jusqu'au coude, n'avait aucun revenu , aucune perspective... Si tu aimes la philo, sépare ton goût de la matière de celui qu'en ont les élèves (je sais de quoi je parle, enseignant des matières inutiles à des fruits secs ...), en te disant que de toute manière c'est peine perdue. Leur vie c'est le smartphone, les émissions de show-biz en bouffant des chips et ce genre de trucs, et la société en fera plus sûrement des pedzouilles que toi des philosophes. Après quelques années d'un tel régime, il est trop tard, tu n'y es pour rien, préserve-toi.
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"La réforme [...] c'est un ensemble de décrets qui s'emboîtent les uns dans les autres, qui ne prennent leur sens que quand on les voit tous ensemble"(F. Robine , expliquant sans fard la stratégie du puzzle)
Gallica Musa mihi est, fateor, quod nupta marito. Pro domina colitur Musa latina mihi.
Δεν ελπίζω τίποτα, δεν φοβούμαι τίποτα, είμαι λεύτερος (Kazantzakis).
- DimkaVénérable
Il y a quand même, dans ce type de discours, une pression sociale poussant les gens à être timorés, à se soumettre à l’ordre établi (avec la menace du chômage pour contraindre l’individu à rester à sa place et à être sage), et probablement à devenir frustrés. Fais un job qui te rend malade, c’est le destin (et estime-toi heureux… en gros, fais-toi entuber avec le sourire)… La sécurité de l’emploi devient une chaîne au lieu d’être un bonus, on fait comme s’il n’y avait rien en dehors de l’éducation nationale (et peut-être qu’à force de le dire, les gens en sont tellement convaincus qu’ils sont paumés, après leur démission…).
Je passe sur la culpabilisation, du type pense aux chômeurs… Et termine ton assiette en pensant aux petits Africains qui crèvent de faim ?
Quant au sentiment d’échec, n’est-il pas créé uniquement par ce type de discours ? On peut facilement le renverser : rester dans un job subi, qui rend malade, avoir peur de suivre ses envies et d’être libre… en quoi est-ce une victoire ? Ce n’est pas la démission qui rend loser, mais les discours que l’on porte dessus, j’ai l’impression.
Je passe sur la culpabilisation, du type pense aux chômeurs… Et termine ton assiette en pensant aux petits Africains qui crèvent de faim ?
Quant au sentiment d’échec, n’est-il pas créé uniquement par ce type de discours ? On peut facilement le renverser : rester dans un job subi, qui rend malade, avoir peur de suivre ses envies et d’être libre… en quoi est-ce une victoire ? Ce n’est pas la démission qui rend loser, mais les discours que l’on porte dessus, j’ai l’impression.
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- Spoiler:
- Tonio KrögerNiveau 8
J'ai connu beaucoup de métiers pendant mes études, et même pendant la préparation à l'agrégation (ramasseur de fruits, caissier, serveur en bar-restaurant et en colonies de vacances, ménage en stations de ski...), et le chômage également grâce aux droits acquis avec mes jobs (pour finir "tranquillement" la préparation à l'agrégation).
Le déclassement m'importe peu, sachant que la perspective de faire ma thèse au Canada me fera tenir quelques mois. Et j'aurai l'esprit libre pour travailler ma thèse hors du job que je trouverai.
Pour ce que tu dis Lefteris, je le sais bien... Je ne m'accable pas, mais je constate que je ne peux pas faire face à la réalité du métier, même à l'aide de ruses psychologiques (lesquelles j'emploie d'ailleurs depuis le début de mon année de stage). J'aime trop ma discipline pour en faire ce que j'en fais en cours, même en utilisant la "pensée de derrière" (Pascal). Je vois tellement de profs accablés, dépités (quand j'exprime mon sentiment en salle des profs, tout le monde se met à acquiescer avec ferveur, comme si enfin quelqu'un avait osé le dire), et qui continuent malgré tout : ça ne sera pas ma vie.
D'autre part, ce dédoublement de soi peut tout aussi bien servir lorsqu'on fait un job quelconque (je suis caissier mais "en vrai" chercheur en philosophie) et dans ce cas les heures où l'on n'est pas soi sont bien moins coûteuses que celles que l'on s'inflige en classe.
Bien d'accord avec Dimka : le moment où "démission" a commencé à résonné dans ma tête m'a fait l'effet d'un allègement d'une tonne.
Pour la démission effective, encore une fois, ça sera si on me refuse une disponibilité pour le reste de l'année.
Le déclassement m'importe peu, sachant que la perspective de faire ma thèse au Canada me fera tenir quelques mois. Et j'aurai l'esprit libre pour travailler ma thèse hors du job que je trouverai.
Pour ce que tu dis Lefteris, je le sais bien... Je ne m'accable pas, mais je constate que je ne peux pas faire face à la réalité du métier, même à l'aide de ruses psychologiques (lesquelles j'emploie d'ailleurs depuis le début de mon année de stage). J'aime trop ma discipline pour en faire ce que j'en fais en cours, même en utilisant la "pensée de derrière" (Pascal). Je vois tellement de profs accablés, dépités (quand j'exprime mon sentiment en salle des profs, tout le monde se met à acquiescer avec ferveur, comme si enfin quelqu'un avait osé le dire), et qui continuent malgré tout : ça ne sera pas ma vie.
D'autre part, ce dédoublement de soi peut tout aussi bien servir lorsqu'on fait un job quelconque (je suis caissier mais "en vrai" chercheur en philosophie) et dans ce cas les heures où l'on n'est pas soi sont bien moins coûteuses que celles que l'on s'inflige en classe.
Bien d'accord avec Dimka : le moment où "démission" a commencé à résonné dans ma tête m'a fait l'effet d'un allègement d'une tonne.
Pour la démission effective, encore une fois, ça sera si on me refuse une disponibilité pour le reste de l'année.
- LefterisEsprit sacré
Non, ce n'est pas timoré. On travaille pour gagner sa vie avant tout, et il "suffit" de ne plus se rendre malade. Ca se décide mentalement, puis ça se travaille comme dit Oudemia.Dimka a écrit:Il y a quand même, dans ce type de discours, une pression sociale poussant les gens à être timorés, à se soumettre à l’ordre établi (avec la menace du chômage pour contraindre l’individu à rester à sa place et à être sage), et probablement à devenir frustrés. Fais un job qui te rend malade, c’est le destin (et estime-toi heureux… en gros, fais-toi entuber avec le sourire)… La sécurité de l’emploi devient une chaîne au lieu d’être un bonus, on fait comme s’il n’y avait rien en dehors de l’éducation nationale (et peut-être qu’à force de le dire, les gens en sont tellement convaincus qu’ils sont paumés, après leur démission…).
Je passe sur la culpabilisation, du type pense aux chômeurs… Et termine ton assiette en pensant aux petits Africains qui crèvent de faim ?
Quant au sentiment d’échec, n’est-il pas créé uniquement par ce type de discours ? On peut facilement le renverser : rester dans un job subi, qui rend malade, avoir peur de suivre ses envies et d’être libre… en quoi est-ce une victoire ? Ce n’est pas la démission qui rend loser, mais les discours que l’on porte dessus, j’ai l’impression.
Se rendre malade pour le boulot relève bien plus du discours social, et notamment du discours culpabilisant qui fait croire que parce qu'on a la malchance de tomber sur de jeunes crétins auto-centrés , c'est de sa faute. Quand on est intimement persuadé qu'on n'y est pour rien, la simple preuve étant que le problème est national, toutes matières confondues, on est déjà beaucoup mieux. Même si on passe 15 heures horribles (le pire des cas, il peut y avoir une ou dexu bonnes classes dans le tas) , ça reste 15 heures de sa semaine. Car plus ils sont affreux, moins on s'investit, moins on bosse à côté...
Tonio Kröger a écrit:J'aime trop ma discipline pour en faire ce que j'en fais en cours, même en utilisant la "pensée de derrière" (Pascal). Je vois tellement de profs accablés, dépités (quand j'exprime mon sentiment en salle des profs, tout le monde se met à acquiescer avec ferveur, comme si enfin quelqu'un avait osé le dire), et qui continuent malgré tout : ça ne sera pas ma vie.
D'autre part, ce dédoublement de soi peut tout aussi bien servir lorsqu'on fait un job quelconque (je suis caissier mais "en vrai" chercheur en philosophie) et dans ce cas les heures où l'on n'est pas soi sont bien moins coûteuses que celles que l'on s'inflige en classe.
J'aime peut-être autant ma discipline que toi, au point d'être quasi autodidacte, sans idée de devenir enseignant (l'organe a créé par hasard la fonction, une reconversion). Mais le "dédoublement de soi" , si on peut appeler la chose ainsi, j'y arrive parfaitement, simplement parce que je mets le travail à sa place de travail , et le public à sa place de public. Ils n'ont effectivement que peu de rapport avec "moi". Et faire un doctorat en étant enseignant me paraît quand même plus simple qu'en étant caissier ou maçon. Et quid à l'issue du doctorat, sans être déjà agrégé ?
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Δεν ελπίζω τίποτα, δεν φοβούμαι τίποτα, είμαι λεύτερος (Kazantzakis).
- Tonio KrögerNiveau 8
Lefteris a écrit:
Même si on passe 15 heures horribles (le pire des cas, il peut y avoir une ou dexu bonnes classes dans le tas) , ça reste 15 heures de sa semaine. Car plus ils sont affreux, moins on s'investit, moins on bosse à côté...
C'est justement ce raisonnement qui m'a fait tenir mais qui ne fonctionne plus. Dans la pratique, ces 15 heures contaminent tout le reste du temps, notamment le week-end qui les précède. Sans parler de l'angoisse générée immédiatement avant.
Pour ma part l'idée que ma faute n'y est pas pour grand chose n'est pas consolante. J'ai bien compris dès l'an dernier que la nature des élèves (et leur rapport avec les disciplines classiques) était en cause ; ça n'aide pas pour autant à supporter ces heures.
- AliceinwonderlandNeoprof expérimenté
Je me demande quand même si tu tiens suffisamment compte du déclassement. Quand j'ai démissionné, je n'avais que le CAPES, et pas du tout dans l'idée de faire une thèse. L'agreg et la thèse, le Canada aussi t'ouvrent de sacrées perspectives je trouve. Le déclassement est dur, je le ressens encore régulièrement (mépris de certains médecins notamment) et je sais que j'aurais beaucoup plus de mal à abandonner l'agrégation. Pour ma part la démission c'était quelque chose de vital parce que je commençais carrément à avoir des envies de suicide, si tu arrives encore à tenir tes classes, ou qu'un médecin accepte de t'arrêter je trouve que ça vaut le coup d'aller au bout de l'année ; la dispo pour thèse est de droit de toute façon non avec l'agreg?
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Comme chaque année à la même époque je fais preuve d'un optimisme aveugle en me disant que l'année à venir ne peut pas être pire que celle qui vient de s'écouler. En oubliant que l'année passée a été pire que la précédente... (je cite de mémoire Emmanuel Brouillard)
- LefterisEsprit sacré
Tonio Kröger a écrit:Lefteris a écrit:
Même si on passe 15 heures horribles (le pire des cas, il peut y avoir une ou dexu bonnes classes dans le tas) , ça reste 15 heures de sa semaine. Car plus ils sont affreux, moins on s'investit, moins on bosse à côté...
C'est justement ce raisonnement qui m'a fait tenir mais qui ne fonctionne plus. Dans la pratique, ces 15 heures contaminent tout le reste du temps, notamment le week-end qui les précède. Sans parler de l'angoisse générée immédiatement avant.
Pour ma part l'idée que ma faute n'y est pas pour grand chose n'est pas consolante. J'ai bien compris dès l'an dernier que la nature des élèves (et leur rapport avec les disciplines classiques) était en cause ; ça n'aide pas pour autant à supporter ces heures.
Alors là, je ne sais pas où ça coince, mais analyse ça en philosophe - γνῶθι σεαυτόν - découvre ce mauvais génie caché , et tords-lui le cou.
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- AliceinwonderlandNeoprof expérimenté
Et avec tes élèves "normaux" l'an dernier ça se passait bien non ? Si tous les bons profs font comme toi, c'est aussi laisser les "normaux" à l'abandon à terme, si seuls subsistent des garde-chiourme aptes à faire de la garderie.
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- AliceinwonderlandNeoprof expérimenté
Par contre je comprends la question du dédoublement de soi, personnellement j'avais l'impression d'un dévoiement, que j'étais obligée de mettre la barre si bas vu le niveau général que les rares "normaux" n'avaient pas droit à un enseignement correct (dans les autres matières aussi d'ailleurs) et j'avais juste envie de dire aux parents des bons de changer leurs enfants d'établissement pour les sauver (mais ça ne se fait pas...)
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- Longyearbyen's loverNiveau 5
klaus2 a écrit:On sait qu'on est fait pour ça quand on aime enseigner et qu'on parvient à tenir la classe, toutes les classes, et je n'ai jamais vraiment compris comment ça fonctionnait, en tout cas on ne le sait pas avant d'enseigner. Si je n'avais pas ce profil, j'arrêterais pour faire n'importe quoi d'autre. Vu ce que ça rapporte...En toute sincérité, puis-je continuer ce métier lorsque la seule idée d'être en cours devant 30 ados me donne des crampes au ventre ? Que ces crampes accompagnent chaque moment qui précède un cours ? Que le vendredi soir je pense déjà au lundi matin qui arrive ? Qu'au moment de franchir le seuil de la classe je me dis "vivement dans deux heures", voire qu'au milieu d'une heure je me prends à penser que c'est décidément interminable ?
Je comprends ton point de vue mais je n'ai pas l'once de goût du métier qui me donnerait la motivation pour relativiser tout cela. Lorsque je parle avec mes amis, tout le monde me dit qu'il est clair que je ne suis pas fait pour ça.
"Etre fait pour ça", j'y ai cru, mais ça, comme dirait l'autre, c'était avant. Cette histoire de mission et de feu sacré, ça me fait bien rigoler maintenant.
Je reviens de chez le vétérinaire. Je n'en ai rien à faire qu'elle se sente faite pour ça, elle sait soigner mon chien, c'est ce qui compte.
Je demanderai à la caissière au supermarché, à la secrétaire de mon bahut et à mon facteur s'ils se sentaient faits pour ce qu'ils font.
Nous, c'est pareil, foin des destins, des missions, des sacerdoces et même des goûts personnels. On n'est pas payés pour se faire plaisir, mais pour enseigner des connaissances et des méthodes de travail. Point barre.
Donc, c'est beaucoup trop tôt pour songer à donner ta démission. tes collègues t'ont confié une STMG, tu sais qu'on ne se bat pas pour avoir ces classes ... Attends de voir autre chose. Prends ton temps.
- AliceinwonderlandNeoprof expérimenté
Ce n'est pas une question de feu sacré seulement. Le vétérinaire peut toujours faire son travail, rien ne l'en empêche. Un professeur ne peut plus (en tout cas dans certains endroits) transmettre, enseigner comme ont enseigné ses propres professeurs. Il est parfois réduit à faire de la garderie améliorée, il reprend des notions de primaire avec des collégiens, des notions de collège avec des lycéens. C'est ce dévoiement (le fait qu'enseigner soit parfois tout simplement devenu impossible, idée très bien développée justement par un prof de philo dans un livre de lka collection Librio je crois edit, L'enseignement mis à mort) qui explique la crise des vocations, plus que les salaires je pense.
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Comme chaque année à la même époque je fais preuve d'un optimisme aveugle en me disant que l'année à venir ne peut pas être pire que celle qui vient de s'écouler. En oubliant que l'année passée a été pire que la précédente... (je cite de mémoire Emmanuel Brouillard)
- Tonio KrögerNiveau 8
Mes collègues m'ont filé les deux STMG du lycée...
Avec les autres classes c'est passable, mais encore une fois le problème est personnel. Je ne suis plus mentalement capable de gérer de l'humain de 17 ans. Là c'est mon histoire personnelle qui entre en jeu (et le gnôthi seauton ^^) et qui fait bloc. Rajoutez que c'est quand même un boulot qu'on ne peut pas faire alimentairement. Un collègue de l'an dernier, agrégé et docteur, vient aussi de se reconvertir dans l'administration, pour les mêmes raisons que moi.
Alice : j'avais bel et bien conçu cette année comme un pont vers le Canada. Mais je n'y arrive pas. Et le mépris qu'on peut m'adresser, je le décuple intérieurement en retour.
Pour la dispo je parle de celle qu'on pourrait m'accorder dès maintenant pour éviter une démission (mais elle n'est pas de droit, évidemment). J'en parle demain à la DRH.
Avec les autres classes c'est passable, mais encore une fois le problème est personnel. Je ne suis plus mentalement capable de gérer de l'humain de 17 ans. Là c'est mon histoire personnelle qui entre en jeu (et le gnôthi seauton ^^) et qui fait bloc. Rajoutez que c'est quand même un boulot qu'on ne peut pas faire alimentairement. Un collègue de l'an dernier, agrégé et docteur, vient aussi de se reconvertir dans l'administration, pour les mêmes raisons que moi.
Alice : j'avais bel et bien conçu cette année comme un pont vers le Canada. Mais je n'y arrive pas. Et le mépris qu'on peut m'adresser, je le décuple intérieurement en retour.
Pour la dispo je parle de celle qu'on pourrait m'accorder dès maintenant pour éviter une démission (mais elle n'est pas de droit, évidemment). J'en parle demain à la DRH.
- Longyearbyen's loverNiveau 5
Si les gars de la DRH sont un peu futés - et je pense qu'ils le seront - ils vont t'inciter à rester.
Je te conseille de ne pas leur dire des trucs du genre : "je ne suis mentalement plus capable de gérer de l'humain de 17 ans", même si ici, tout le monde peut le comprendre, eux, ne sont pas profs. Ne te dévalorise pas, c'est te faire du mal, tu ne le mérites pas. Les histoires personnelles, il faut du temps pour les décanter et y réfléchir. D'où l'intérêt de prendre ton temps.
Alors 2 STMG, chapeau à tes collègues.
Faire son métier sans affect ne signifie pas le faire seulement pour l'aspect alimentaire !
Je te conseille de ne pas leur dire des trucs du genre : "je ne suis mentalement plus capable de gérer de l'humain de 17 ans", même si ici, tout le monde peut le comprendre, eux, ne sont pas profs. Ne te dévalorise pas, c'est te faire du mal, tu ne le mérites pas. Les histoires personnelles, il faut du temps pour les décanter et y réfléchir. D'où l'intérêt de prendre ton temps.
Alors 2 STMG, chapeau à tes collègues.
Faire son métier sans affect ne signifie pas le faire seulement pour l'aspect alimentaire !
- User17706Bon génie
Ah, le statut de TZR.Tonio Kröger a écrit: Mes collègues m'ont filé les deux STMG du lycée...
Ah, l'élégance de l'accueil.
- Tonio KrögerNiveau 8
Longyearbyen's lover a écrit: Si les gars de la DRH sont un peu futés - et je pense qu'ils le seront - ils vont t'inciter à rester.
Je te conseille de ne pas leur dire des trucs du genre : "je ne suis mentalement plus capable de gérer de l'humain de 17 ans", même si ici, tout le monde peut le comprendre, eux, ne sont pas profs.
Comment ça m'inciter à rester ? Proposer une dispo ?
Tu penses qu'il vaut mieux que j'insiste sur les conditions objectives du métier ?
- Tonio KrögerNiveau 8
PauvreYorick a écrit:Tonio Kröger a écrit: Mes collègues m'ont filé les deux STMG du lycée...
Ah, l'élégance de l'accueil.
Oui... Et c'est ce même collègue (l'autre n'y fait que quelques heures) qui me dit qu'avec les STMG, "c'est tout simple : pacte de non-agression mutuelle".
- AliceinwonderlandNeoprof expérimenté
En tout cas je croise les doigts pour ta dispo!
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Comme chaque année à la même époque je fais preuve d'un optimisme aveugle en me disant que l'année à venir ne peut pas être pire que celle qui vient de s'écouler. En oubliant que l'année passée a été pire que la précédente... (je cite de mémoire Emmanuel Brouillard)
- Longyearbyen's loverNiveau 5
Une dispo, ça peut être très bien. Vois ce qu'ils proposent et ne sors pas par la petite porte, que diable !
Bon courage à toi. prends soin de toi et tiens nous au courant.
Bon courage à toi. prends soin de toi et tiens nous au courant.
- Reine MargotDemi-dieu
Dimka a écrit:Il y a quand même, dans ce type de discours, une pression sociale poussant les gens à être timorés, à se soumettre à l’ordre établi (avec la menace du chômage pour contraindre l’individu à rester à sa place et à être sage), et probablement à devenir frustrés. Fais un job qui te rend malade, c’est le destin (et estime-toi heureux… en gros, fais-toi entuber avec le sourire)… La sécurité de l’emploi devient une chaîne au lieu d’être un bonus, on fait comme s’il n’y avait rien en dehors de l’éducation nationale (et peut-être qu’à force de le dire, les gens en sont tellement convaincus qu’ils sont paumés, après leur démission…).
Je passe sur la culpabilisation, du type pense aux chômeurs… Et termine ton assiette en pensant aux petits Africains qui crèvent de faim ?
Quant au sentiment d’échec, n’est-il pas créé uniquement par ce type de discours ? On peut facilement le renverser : rester dans un job subi, qui rend malade, avoir peur de suivre ses envies et d’être libre… en quoi est-ce une victoire ? Ce n’est pas la démission qui rend loser, mais les discours que l’on porte dessus, j’ai l’impression.
Non, ils ne s'agit pas de dire aux gens de rester souffrir éternellement! D'ailleurs moi-même j'ai fini par partir...Il s'agit de ne pas partir sans rien.
Je connais bien ce sentiment de ne servir à rien face à des élèves qui s'en fichent, et de savoir qu'on n'a pas envie de finir sa vie ainsi, et je partage l'idée qu'on ne peut pas faire prof comme on fait caissière (il y a trop de relationnel et d'investissement dans l'aspect éducatif qui prend de plus en plus de place dans ce métier).
Je peux dire en revanche qu'aller en cours en SACHANT qu'on va partir, c'est une vraie libération. Ah, la satisfaction face à des élèves pénibles de pouvoir se dire "tu peux continuer à faire l'imbécile, bientôt tu ne m'emm....eras plus" . Je passais des concours et je n'avais aucune garantie de les réussir, mais je savais que cette année ou la suivante, je ne serais plus là.
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Quand tout va mal, quand il n'y a plus aucun espoir, il nous reste Michel Sardou
La famille Bélier
- LefterisEsprit sacré
Voilà ... rien ne presse. Quel gâchis sinon ...Reine Margot a écrit:
Non, ils ne s'agit pas de dire aux gens de rester souffrir éternellement! D'ailleurs moi-même j'ai fini par partir...Il s'agit de ne pas partir sans rien.
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"La réforme [...] c'est un ensemble de décrets qui s'emboîtent les uns dans les autres, qui ne prennent leur sens que quand on les voit tous ensemble"(F. Robine , expliquant sans fard la stratégie du puzzle)
Gallica Musa mihi est, fateor, quod nupta marito. Pro domina colitur Musa latina mihi.
Δεν ελπίζω τίποτα, δεν φοβούμαι τίποτα, είμαι λεύτερος (Kazantzakis).
- Reine MargotDemi-dieu
Je te conseille d'aller voir les conseillers mobilité carrière, et les sites cap public et quitter l'enseignement, pour prendre des renseignements sur les autres concours (attention pour la catégorie A, réussir les concours ne signifie pas qu'on a la formation juridique et administrative initiale pour tenir un poste, ça demande de vraies compétences spécifiques). Agrégé de philosophie, tu ne devrais pas manquer d'atouts pour passer un concours autre de la FP.
Savoir qu'on part et avoir un projet ça aide énormément.
Savoir qu'on part et avoir un projet ça aide énormément.
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Quand tout va mal, quand il n'y a plus aucun espoir, il nous reste Michel Sardou
La famille Bélier
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