- Marie LaetitiaBon génie
wanax a écrit:Alors que pendant les Trente Glorieuses, elles étaient grosso modo de 35%.egomet a écrit:JPhMM a écrit:Je parlais de la crise systémique depuis 40 ans.
Explosion des prélèvements sociaux et de la fiscalité, redistribution systématique, création d'allocations en tous genres, sauvetage d'entreprises dépassées, emplois aidés, complexité administrative, inflation législative, déficits publics et endettement, ce serait une bien meilleure description de la situation depuis 40 ans.
Maintenant on peut accuser le capitalisme. Peu importe que la dépense publique représente déjà 58% du PIB...
Egomet, le problème est que tu tentes de tenir une discussion rationnelle avec des gens qui mettent sur le dos du libéralisme les méfaits de son opposé, l'étatisme, des gens capables d'écrire sans rire que si on coupe dans les allocs aujourd'hui, demain les ouvriers mourront de faim et leurs filles iront se vendre à l'épicier pour nourrir les enfants quand ils rentrent de la mine. Je te reconnais un certain panache, mais ils ne peuvent pas comprendre, tant qu'ils penseront que c'est dans leur intérêt de ne pas comprendre.
Pour Paul Jorion, il est honnête : il a reconnu, après des années de péroraisons sur la crisequ'ilestleseulàavoirprévue, qu'il s'était trompé sur le mécanisme de la création monétaire. Rien que ça.
- egometDoyen
wanax a écrit:Alors que pendant les Trente Glorieuses, elles étaient grosso modo de 35%.egomet a écrit:JPhMM a écrit:Je parlais de la crise systémique depuis 40 ans.
Explosion des prélèvements sociaux et de la fiscalité, redistribution systématique, création d'allocations en tous genres, sauvetage d'entreprises dépassées, emplois aidés, complexité administrative, inflation législative, déficits publics et endettement, ce serait une bien meilleure description de la situation depuis 40 ans.
Maintenant on peut accuser le capitalisme. Peu importe que la dépense publique représente déjà 58% du PIB...
Egomet, le problème est que tu tentes de tenir une discussion rationnelle avec des gens qui mettent sur le dos du libéralisme les méfaits de son opposé, l'étatisme, des gens capables d'écrire sans rire que si on coupe dans les allocs aujourd'hui, demain les ouvriers mourront de faim et leurs filles iront se vendre à l'épicier pour nourrir les enfants quand ils rentrent de la mine. Je te reconnais un certain panache, mais ils ne peuvent pas comprendre, tant qu'ils penseront que c'est dans leur intérêt de ne pas comprendre.
Pour Paul Jorion, il est honnête : il a reconnu, après des années de péroraisons sur la crisequ'ilestleseulàavoirprévue, qu'il s'était trompé sur le mécanisme de la création monétaire. Rien que ça.
Ce n'est pas pour Tamerlan ou Janne que j'écris. Double énonciation, tout ça...
Mais j'admets qu'il est pénible de les voir travestir mes propos, pour exciter... la colère du peuple, disons.
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Primum non nocere.
Ubi bene, ibi patria.
Mes livres, mes poèmes, réflexions pédagogiques: http://egomet.sanqualis.com/
- InvitéInvité
C'est dommage je me sentais presque convaincu !
- ElyasEsprit sacré
Juste une question : en quoi l'économie est-elle une discipline sérieuse ? J'ai toujours eu l'impression qu'ils étaient les astrologues des temps modernes. Je lis pas mal et j'ai l'impression que c'est tout sauf rigoureux. A chaque fois que les économistes parlent ou écrivent, j'ai franchement l'impression de lire des prophéties et des oracles plus que des choses sérieuses. Pire, j'ai plus l'impression qu'ils passent leur temps à analyser pourquoi ils se sont plantés et se plantent pour la suite en se basant sur l'analyse de leurs erreurs précédentes en disant toujours "Ah mais, c'est pas pareil et c'est pas notre faute car blabla !" Il y a aussi un autre truc à dire : il n'y a pas de prix Nobel d'économie. C'est le prix de la Banque de Suède en sciences économiques en mémoire d'Alfred Nobel. C'est un peu comme si les marchands de revues astrologiques récompensaient avec un prix nobel l'astrologue le plus à la mode.
L'économie est terriblement irrationnelle. C'est assez hallucinant de voir des gens parlant irrationnellement être aussi écoutés.
L'économie est terriblement irrationnelle. C'est assez hallucinant de voir des gens parlant irrationnellement être aussi écoutés.
- Handsome DevilNiveau 9
C'est une science humaine parmi d'autres, avec ce que cela entraine comme incertitude sur ses hypothèses initiales, et c'est une discipline encore jeune, dont l'applicabilité reste encore très modeste. Mais la disqualifier en bloc sous prétexte que diverses théories entrent en conflit, c'est rejeter toute réflexion raisonnable. L'histoire de la pensée économique et de ses courants a une cohérence qui la place au-dessus de la pensée magique, notamment du fait de l'émergence puis de la réfutation subséquente de théories aberrantes comme le marxisme.
- ElyasEsprit sacré
Handsome Devil a écrit:C'est une science humaine parmi d'autres, avec ce que cela entraine comme incertitude sur ses hypothèses initiales, et c'est une discipline encore jeune, dont l'applicabilité reste encore très modeste. Mais la disqualifier en bloc sous prétexte que diverses théories entrent en conflit, c'est rejeter toute réflexion raisonnable. L'histoire de la pensée économique et de ses courants a une cohérence qui la place au-dessus de la pensée magique, notamment du fait de l'émergence puis de la réfutation subséquente de théories aberrantes comme le marxisme.
Je suis d'accord avec toi, c'est une science sociale. En conséquence, il serait judicieux pour les économistes de ne pas jouer au feu en s'affirmant comme une science dure comme les mathématiques. C'est assez aberrant de lire (je n'ai pas la télé mais, j'imagine que c'est pire à la télé) des gens que c'est comme ça, point, et être contredit une semaine après par les faits tout en disant que c'est parce qu'on ne les a pas assez écoutés. Bref. Je suis encore sonné par les discours des économistes que je lisais une semaine avant les subprimes alors que mon regard géographique me disait que quelque chose clochait dans le discours des économistes. Patatrac, une semaine après, le monde était sous le choc des subprimes.
- Handsome DevilNiveau 9
Mais la même objection pourrait être adressée aux anti-capitalistes, pour qui la seule solution c'est la leur, point. En réalité, au delà des théories, la vérité définitive c'est celle du terrain, des agents qui engagent leur travail ou leur argent dans l'activité économique. Et quand on compare avec l'état de la science économique, on constate rapidement que le réel est bien plus fluide, diverse et hasardeux que les modèles.
- Jim ThompsonExpert
wanax a écrit:Alors que pendant les Trente Glorieuses, elles étaient grosso modo de 35%.egomet a écrit:JPhMM a écrit:Je parlais de la crise systémique depuis 40 ans.
Explosion des prélèvements sociaux et de la fiscalité, redistribution systématique, création d'allocations en tous genres, sauvetage d'entreprises dépassées, emplois aidés, complexité administrative, inflation législative, déficits publics et endettement, ce serait une bien meilleure description de la situation depuis 40 ans.
Maintenant on peut accuser le capitalisme. Peu importe que la dépense publique représente déjà 58% du PIB...
Egomet, le problème est que tu tentes de tenir une discussion rationnelle avec des gens qui mettent sur le dos du libéralisme les méfaits de son opposé, l'étatisme, des gens capables d'écrire sans rire que si on coupe dans les allocs aujourd'hui, demain les ouvriers mourront de faim et leurs filles iront se vendre à l'épicier pour nourrir les enfants quand ils rentrent de la mine. Je te reconnais un certain panache, mais ils ne peuvent pas comprendre, tant qu'ils penseront que c'est dans leur intérêt de ne pas comprendre.
Pour Paul Jorion, il est honnête : il a reconnu, après des années de péroraisons sur la crisequ'ilestleseulàavoirprévue, qu'il s'était trompé sur le mécanisme de la création monétaire. Rien que ça.
Nous sommes aveugles, aveuglés par notre vision dépassée de la lutte des classes
Enfin, défendre l'idée que faciliter les licenciements, ça facilite l'emploi , c'est beau quand même
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CAPA/CAPN: SNES CTA/CTM: FSU
- ElyasEsprit sacré
Handsome Devil a écrit:Mais la même objection pourrait être adressée aux anti-capitalistes, pour qui la seule solution c'est la leur, point. En réalité, au delà des théories, la vérité définitive c'est celle du terrain, des agents qui engagent leur travail ou leur argent dans l'activité économique. Et quand on compare avec l'état de la science économique, on constate rapidement que le réel est bien plus fluide, diverse et hasardeux que les modèles.
En clair, l'économie cherche encore ses économistes
- keroGrand sage
Accessoirement, l'ensemble des économistes ne sont pas de farouches défenseurs de la doxa libérale actuelle.
Après, il y a économiste et économiste. Il y en a de sérieux, et d'autres qui défilent sur BFM pour conseiller d'acheter ceci et cela...
Faut dire aussi que l'on demande souvent aux économistes de dire plus qu'ils ne peuvent et que leurs propos sont souvent transformés en oracles et prévisions là où en fait, ils demeurent plus modérés dans leurs propos.
Je ne suis pas spécialiste en économie, mais il est difficilement contestable qu'il existe des phénomènes économiques qui méritent d'être étudiés dans une perspective scientifique et à ce titre, l'intérêt de la science économique ne me semble pas poser problème.
Après, il y a économiste et économiste. Il y en a de sérieux, et d'autres qui défilent sur BFM pour conseiller d'acheter ceci et cela...
Faut dire aussi que l'on demande souvent aux économistes de dire plus qu'ils ne peuvent et que leurs propos sont souvent transformés en oracles et prévisions là où en fait, ils demeurent plus modérés dans leurs propos.
Je ne suis pas spécialiste en économie, mais il est difficilement contestable qu'il existe des phénomènes économiques qui méritent d'être étudiés dans une perspective scientifique et à ce titre, l'intérêt de la science économique ne me semble pas poser problème.
- User21714Expert spécialisé
Elyas a écrit:Handsome Devil a écrit:Mais la même objection pourrait être adressée aux anti-capitalistes, pour qui la seule solution c'est la leur, point. En réalité, au delà des théories, la vérité définitive c'est celle du terrain, des agents qui engagent leur travail ou leur argent dans l'activité économique. Et quand on compare avec l'état de la science économique, on constate rapidement que le réel est bien plus fluide, diverse et hasardeux que les modèles.
En clair, l'économie cherche encore ses économistes
Finalement, en a-t-elle vraiment besoin?
A quoi servent-ils en fait? je me suis toujours posé cette question...
- Jim ThompsonExpert
En quoi le marxisme est une idéologie aberrante????????????????????????????? la plus-value, l'exploitation la lutte des classes, tu les vois pas sous tes yeuxHandsome Devil a écrit:C'est une science humaine parmi d'autres, avec ce que cela entraine comme incertitude sur ses hypothèses initiales, et c'est une discipline encore jeune, dont l'applicabilité reste encore très modeste. Mais la disqualifier en bloc sous prétexte que diverses théories entrent en conflit, c'est rejeter toute réflexion raisonnable. L'histoire de la pensée économique et de ses courants a une cohérence qui la place au-dessus de la pensée magique, notamment du fait de l'émergence puis de la réfutation subséquente de théories aberrantes comme le marxisme.
Ce qui est aberrant c'est notre situation où 1 %de la population détient 90 % DES richesses en exploitant le travail d'autrui
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- barègesÉrudit
Pour corriger un peu ce que j'ai dit sur Lordon et ses soupçons de pensée unique institutionnalisée (pas vraiment complot, mais bon ) ... Ce n'était pas dans le Monde diplo mais dans une retranscription d'une interview :
(question : Comment le champ des (rares) économistes français de gauche a-t-il été reconfiguré par la crise?)
http://www.penseelibre.fr/wp-content/uploads/2014/08/l-ecroulement-d-un-monde-lordon.pdf
(question : Comment le champ des (rares) économistes français de gauche a-t-il été reconfiguré par la crise?)
Pour la première fois il s’est organisé, et c’est un événement ! Il s’est organisé sur deux plans.
D’abord dans le registre de l’intervention dans le débat public de politique économique : ce sont les «Économistes Atterrés ». Sans doute y avait-il des économistes critiques prenant part au débat public, isolément ou dans des organisations comme Attac ou la Fondation Copernic, mais c’est la première fois qu’un groupe se constitue ès qualités d’économistes, et c’est aussi pour nous une manière de dire que la profession, très justement mise en cause pour ses incroyables carences, quand ce ne sont pas ses compromissions de toutes sortes, n’est pas entièrement vérolée.
Ensuite, les économistes de gauche se sont aussi organisés académiquement en créant l’AFEP (Association française d’économie politique), très délibérément démarquée de l’officielle AFSE (Association française de science économique) – où l’on retrouve au passage que les différentes manières de nommer une discipline sont rien moins que neutres. Plus encore que les Atterrés, l’AFEP signale, dans le registre le plus légitimateur, celui de la théorie économique, que la « communauté » des économistes n’est pas une.
Elle indique également qu’il y a un lien entre les options intellectuelles dominantes dans le champ des économistes et la catastrophe générale qui se déroule sous nos yeux. Elle dénonce l’effarant manque de pluralisme d’un univers « scientifique », pourtant en tant que tel réputé ouvert au débat intercritique. Je sais bien que ces choses peuvent sembler des considérations de boutique, bien faites pour n’intéresser que les insiders du champ, et en même temps il faut bien voir quelles en sont les conséquences très concrètes – et très dévastatrices – à l’extérieur : la science économique dominante a considérablement contribué à faire la finance contemporaine et les marchés financiers, c’est elle encore qui informe les politiques économiques d’austérité ; son rôle dans le désastre historique est accablant.
L’acharnement avec lequel les économistes orthodoxes ont entrepris d’éradiquer, car c’est vraiment en ces termes qu’il faut dire les choses, toute différence hétérodoxe et toute pensée critique est très impressionnant. Ce sont des affaires tout à fait concrètes, très mesquines vues du dehors, de sombres petites histoires de postes, de bourses de thèse, de colloques et de revues. Mais il faut savoir par exemple qu’il ne « passe » plus un seul hétérodoxe à l’agrégation de science économique, qu’il n’y a plus une seule promotion au grade de directeur de recherche pour les hétérodoxes au CNRS, et que, même après la crise, cette politique d’éradication continue de plus belle.
Évidemment, ces seuls faits suffisent à organiser la disparition de l’hétérodoxie par pure et simple attrition démographique : plus personne habilité à encadrer des thésards égale disparition des thésards ! Les conditions d’entrée dans les institutions académiques sont si atrocement adverses pour de jeunes docteurs hétérodoxes qu’il faut des saints – ou bien des fous – pour envisager de s’y lancer. Or il faut rapporter tout ceci à ce verdict intellectuel qui va paraître invraisemblable de prétention et que je n’hésiterai pourtant pas un instant à prononcer : la pensée hétérodoxe a eu tout juste et les économistes orthodoxes tout faux ! Et bon courage à ceux qui continuent de croire que la science (économique en tout cas) est un univers de purs esprits.
http://www.penseelibre.fr/wp-content/uploads/2014/08/l-ecroulement-d-un-monde-lordon.pdf
- JPhMMDemi-dieu
S'ils ne peuvent pas comprendre, alors...wanax a écrit:Alors que pendant les Trente Glorieuses, elles étaient grosso modo de 35%.egomet a écrit:JPhMM a écrit:Je parlais de la crise systémique depuis 40 ans.
Explosion des prélèvements sociaux et de la fiscalité, redistribution systématique, création d'allocations en tous genres, sauvetage d'entreprises dépassées, emplois aidés, complexité administrative, inflation législative, déficits publics et endettement, ce serait une bien meilleure description de la situation depuis 40 ans.
Maintenant on peut accuser le capitalisme. Peu importe que la dépense publique représente déjà 58% du PIB...
Egomet, le problème est que tu tentes de tenir une discussion rationnelle avec des gens qui mettent sur le dos du libéralisme les méfaits de son opposé, l'étatisme, des gens capables d'écrire sans rire que si on coupe dans les allocs aujourd'hui, demain les ouvriers mourront de faim et leurs filles iront se vendre à l'épicier pour nourrir les enfants quand ils rentrent de la mine. Je te reconnais un certain panache, mais ils ne peuvent pas comprendre, tant qu'ils penseront que c'est dans leur intérêt de ne pas comprendre.
Pour Paul Jorion, il est honnête : il a reconnu, après des années de péroraisons sur la crisequ'ilestleseulàavoirprévue, qu'il s'était trompé sur le mécanisme de la création monétaire. Rien que ça.
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Labyrinthe où l'admiration des ignorants et des idiots qui prennent pour savoir profond tout ce qu'ils n'entendent pas, les a retenus, bon gré malgré qu'ils en eussent. — John Locke
Je crois que je ne crois en rien. Mais j'ai des doutes. — Jacques Goimard
- OsmieSage
Je souscris, et salue sa persévérance.Marie Laetitia a écrit:Janne a écrit:Tudieu ! Je suis percée à jour !Marie Laetitia a écrit:
Tu sais, la théorie du complot, je sais ce que c'est, mais elle ne m'intéresse pas.barèges a écrit:
Je ne sais pas ce que ça vaut, mais j'avais lu (sous la plume de Lordon dans le Monde diplomatique, si je me souviens bien) qu'il y a une forme de tri dans la phase de qualification des thèses en économie, il n'y aurait qu'une voix admise... Lui a réussi à avoir un poste, ce n'est pas le propos d'un éconduit aigri.
J'ai commencé à le lire en 2009, via le blog de Paul Jorion, pendant la crise financière. Il avait dit à propos de son intervention chez Taddéi qu'il venait parce que c'était une émission où on pouvait obtenir de parler un petit quart d'heure (temps minimal d'exposition d'une pensée construite) sans se voir couper la parole. Rien que ça, ça inspirait le respect et la sympathie.
Il intervient aussi dans Les nouveaux chiens de garde.
Il fait tout de même partie des économistes (philosophes) permettant, oui, de respirer un grand coup... Et de s'apercevoir qu'on entend en effet une seule parole par ailleurs.
Je laisse les membres du forum comparer les deux interventions.
Pour ma part, tes propos, Barège, me semblent nettement plus... constructifs.
- egometDoyen
Elyas a écrit:Juste une question : en quoi l'économie est-elle une discipline sérieuse ? J'ai toujours eu l'impression qu'ils étaient les astrologues des temps modernes. Je lis pas mal et j'ai l'impression que c'est tout sauf rigoureux. A chaque fois que les économistes parlent ou écrivent, j'ai franchement l'impression de lire des prophéties et des oracles plus que des choses sérieuses. Pire, j'ai plus l'impression qu'ils passent leur temps à analyser pourquoi ils se sont plantés et se plantent pour la suite en se basant sur l'analyse de leurs erreurs précédentes en disant toujours "Ah mais, c'est pas pareil et c'est pas notre faute car blabla !" Il y a aussi un autre truc à dire : il n'y a pas de prix Nobel d'économie. C'est le prix de la Banque de Suède en sciences économiques en mémoire d'Alfred Nobel. C'est un peu comme si les marchands de revues astrologiques récompensaient avec un prix nobel l'astrologue le plus à la mode.
L'économie est terriblement irrationnelle. C'est assez hallucinant de voir des gens parlant irrationnellement être aussi écoutés.
Il y a certains mécanismes qu'on peut définir, mais en un sens tu as raison. L'économie, comme objet d'étude, est un système trop complexe pour être mathématisable correctement. Il y a trop de variables et trop d'interactions entre les variables. On ne peut pas modifier les prix sans agir aussi sur l'offre ou sur le chômage. On sait qu'il y a un lien, mais on ne sait pas quelles équations appliquer. Il faut bien comprendre que les raisonnements économiques sont toujours des raisonnements caeteris paribus, toutes choses égales par ailleurs. On raisonne sur des systèmes simplifiés, qui font l'impasse sur certaines variables. Les raisonnements peuvent être impeccables d'un point de vue logique, mais leur valeur prédictive reste assez faible.
Prenons un exemple. La baisse des charges sur l'immobilier devrait en principe relancer la construction. Mais il est évident qu'aucun investisseur ne construira s'il n'y a pas de terrain constructible, ou s'il n'y a pas d'ouvriers compétents pour construire selon les normes. Les ressources financières sont une condition nécessaire, mais certainement pas suffisante, pour la construction de nouveaux logements. Or il est à peu près impossible de faire la liste exhaustive des conditions nécessaires. On peut constater que le résultat est là ou non, et rechercher ce qui bloque.
C'est un peu le même problème que tu as, quand tu essaies de faire un barème objectif pour noter une rédaction. Plus tu ajoutes de critères dans ton calcul, plus tu as d'anomalies dans tes résultats. Et plus tu vas complexifier ton modèle pour tenter de corriger ces anomalies. Jusqu'au moment où tu jettes l'éponge.
C'est précisément pour cela qu'il faut se méfier des tentatives planificatrices. Personne ne dispose d'informations assez complètes pour maîtriser parfaitement tous les effets d'une décision s'appliquant à l'échelle d'une nation. C'est ce qu'on a constaté en URSS. C'était devenu la patrie des statistiques. Mais outre le fait que tout le monde trafiquait les chiffres, les administrateurs du plan étaient incapables de pondre des grilles correctes pour évaluer la qualité d'un produit ou pour fixer les prix. Je m'empresse de dire qu'aucun économiste occidental n'aurait fait mieux. Au fond, il manquait une chose. Juste une. L'appréciation globale par le client, qui se déclare satisfait du produit ou qui va voir un concurrent. La sanction du marché, en somme.
La première vertu qu'on peut attendre d'un dirigeant, c'est l'humilité. Il doit être capable de reconnaître qu'il ne sait pas et s'abstenir de ce qui pourrait causer du tort. Primum non nocere.
Un autre exemple tout simple, de cette difficulté à mesurer. On peut dire, très logiquement, que trop d'impôts tue l'impôt. Cette affirmation en soi ne pose pas de problème. Il est certain qu'un impôt à 100% ruinerait les contribuables, qui ne seraient alors plus en mesure de payer l'année suivante. Même les pires mafieux savent ça, quand ils rackettent les commerçants. Ils doivent leur laisser de quoi se refaire.
On a même un économiste, Laffer, qui a théorisé le phénomène sous la forme d'une courbe en cloche. Le problème, c'est que cette courbe reste théorique. C'est au mieux un outil pédagogique. On ne sait pas la forme exacte de cette courbe. Forme-t-elle un pic ou un plateau? Et surtout on ne sait pas comment calculer son sommet. On ne sait même pas vraiment toutes les variables qu'il faudrait intégrer: technologies, excédents de production, ouverture du marché etc. Il est certain que selon les structures économiques, ce sommet peut varier considérablement. Dans une société paysanne traditionnelle, dans une région peu fertile, on serait peut-être très mal avec un taux de 15%. Dans une société développée, on a plus de superflu. Ce sommet ne peut être apprécié qu'empiriquement. Quand on augmente les taux d'imposition et que les revenus baissent, on doit se poser des questions. Mais on n'a pas vraiment les moyens de savoir à l'avance.
Aujourd'hui, on a des prélèvements qui s'élèveraient à 57 ou 58% du PIB. Je passe sur les problèmes statistiques que pose le PIB. On pourrait faire remarquer qu'on en a guillotiné pour moins que ça, mais ça ne ferait pas avancer le schmilblick, puisque les structures économiques ont changé et qu'on peut supporter certainement bien plus qu'au 18e siècle. Cependant, l'argent rentre nettement moins bien que prévu. Un grand nombre d'entreprises font faillites et le chômage augmente, ce qui accroît mécaniquement les déficits et augmente les besoins de financement. Même sans avoir d'équation pour prévoir le seuil critique, il faut savoir le reconnaître quand on y est.
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- OsmieSage
Je suis convaincue, terrassée.Tamerlan a écrit:C'est dommage je me sentais presque convaincu !
- egometDoyen
JPhMM a écrit:S'ils ne peuvent pas comprendre, alors...wanax a écrit:Alors que pendant les Trente Glorieuses, elles étaient grosso modo de 35%.egomet a écrit:
Explosion des prélèvements sociaux et de la fiscalité, redistribution systématique, création d'allocations en tous genres, sauvetage d'entreprises dépassées, emplois aidés, complexité administrative, inflation législative, déficits publics et endettement, ce serait une bien meilleure description de la situation depuis 40 ans.
Maintenant on peut accuser le capitalisme. Peu importe que la dépense publique représente déjà 58% du PIB...
Egomet, le problème est que tu tentes de tenir une discussion rationnelle avec des gens qui mettent sur le dos du libéralisme les méfaits de son opposé, l'étatisme, des gens capables d'écrire sans rire que si on coupe dans les allocs aujourd'hui, demain les ouvriers mourront de faim et leurs filles iront se vendre à l'épicier pour nourrir les enfants quand ils rentrent de la mine. Je te reconnais un certain panache, mais ils ne peuvent pas comprendre, tant qu'ils penseront que c'est dans leur intérêt de ne pas comprendre.
Pour Paul Jorion, il est honnête : il a reconnu, après des années de péroraisons sur la crisequ'ilestleseulàavoirprévue, qu'il s'était trompé sur le mécanisme de la création monétaire. Rien que ça.
Pour ma part, je suis d'accord avec Wanax, mais uniquement en ce qui concerne les quelques personnes qui voient l'affaire comme une lutte à mort, qui se cherchent manifestement des ennemis suceurs de sang, et qui considèrent comme tels tous ceux qui ne pensent pas comme eux. Bref, ceux qui pensent que tu es fasciste, si tu n'es pas stalinien, ou trotskystes, ou ce que tu voudras. Ça marche avec n'importe quelle doctrine, c'est magique!
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- Handsome DevilNiveau 9
Jim Thompson a écrit:En quoi le marxisme est une idéologie aberrante????????????????????????????? la plus-value, l'exploitation la lutte des classes, tu les vois pas sous tes yeuxHandsome Devil a écrit:C'est une science humaine parmi d'autres, avec ce que cela entraine comme incertitude sur ses hypothèses initiales, et c'est une discipline encore jeune, dont l'applicabilité reste encore très modeste. Mais la disqualifier en bloc sous prétexte que diverses théories entrent en conflit, c'est rejeter toute réflexion raisonnable. L'histoire de la pensée économique et de ses courants a une cohérence qui la place au-dessus de la pensée magique, notamment du fait de l'émergence puis de la réfutation subséquente de théories aberrantes comme le marxisme.
Ce qui est aberrant c'est notre situation où 1 %de la population détient 90 % DES richesses en exploitant le travail d'autrui
Et bien pour ceux qui n'étaient pas là depuis les 150 dernières années, le marxisme comme philosophie politique et économique s'est avérée fausse sur toute la ligne. La seule chose qui reste, c'est le constat d'inégalités et de pauvreté dans les sociétés industrielles du 19e siècle, mais cela, n'importe quel clampin pouvait le faire sans être pour autant socialiste, Dickens ou Hugo l'ont fait aussi. En revanche, le diagnostic, l'élaboration de théories explicatives, les prévisions des tendances futures et les préconisations d'action, tout cet édifice s'est écroulé non sans laisser des millions de gens sous les décombres, en particulier ceux que l'application de ces principes étaient censés aider en premier lieu. Le marxisme n'était pas seulement faux, mais également une imposture, un projet criminel sous couvert d'émancipation. Le défendre aujourd'hui relèverait de l'aveuglement ou de la pire mauvaise foi.
On peut en toute logique combattre la pauvreté, et même déplorer les inégalités entre riches et pauvres, mais la théorie marxiste n'est ni l'explication des maux du monde ni leur solution.
- Jim ThompsonExpert
Handsome Devil a écrit:Jim Thompson a écrit:En quoi le marxisme est une idéologie aberrante????????????????????????????? la plus-value, l'exploitation la lutte des classes, tu les vois pas sous tes yeuxHandsome Devil a écrit:C'est une science humaine parmi d'autres, avec ce que cela entraine comme incertitude sur ses hypothèses initiales, et c'est une discipline encore jeune, dont l'applicabilité reste encore très modeste. Mais la disqualifier en bloc sous prétexte que diverses théories entrent en conflit, c'est rejeter toute réflexion raisonnable. L'histoire de la pensée économique et de ses courants a une cohérence qui la place au-dessus de la pensée magique, notamment du fait de l'émergence puis de la réfutation subséquente de théories aberrantes comme le marxisme.
Ce qui est aberrant c'est notre situation où 1 %de la population détient 90 % DES richesses en exploitant le travail d'autrui
Et bien pour ceux qui n'étaient pas là depuis les 150 dernières années, le marxisme comme philosophie politique et économique s'est avérée fausse sur toute la ligne. La seule chose qui reste, c'est le constat d'inégalités et de pauvreté dans les sociétés industrielles du 19e siècle, mais cela, n'importe quel clampin pouvait le faire sans être pour autant socialiste, Dickens ou Hugo l'ont fait aussi. En revanche, le diagnostic, l'élaboration de théories explicatives, les prévisions des tendances futures et les préconisations d'action, tout cet édifice s'est écroulé non sans laisser des millions de gens sous les décombres, en particulier ceux que l'application de ces principes étaient censés aider en premier lieu. Le marxisme n'était pas seulement faux, mais également une imposture, un projet criminel sous couvert d'émancipation. Le défendre aujourd'hui relèverait de l'aveuglement ou de la pire mauvaise foi.
On peut en toute logique combattre la pauvreté, et même déplorer les inégalités entre riches et pauvres, mais la théorie marxiste n'est ni l'explication des maux du monde ni leur solution.
t'es un super comique-donneur-de-leçon toi
A mourir de rire
Y a pas de crise de surproduction non...pas de crise de la plus-value non,
bref la voix de son maître
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- InvitéInvité
Jim, ce serait bien de rester aimable...
- SeiferÉrudit
Handsome Devil a écrit:Jim Thompson a écrit:En quoi le marxisme est une idéologie aberrante????????????????????????????? la plus-value, l'exploitation la lutte des classes, tu les vois pas sous tes yeuxHandsome Devil a écrit:C'est une science humaine parmi d'autres, avec ce que cela entraine comme incertitude sur ses hypothèses initiales, et c'est une discipline encore jeune, dont l'applicabilité reste encore très modeste. Mais la disqualifier en bloc sous prétexte que diverses théories entrent en conflit, c'est rejeter toute réflexion raisonnable. L'histoire de la pensée économique et de ses courants a une cohérence qui la place au-dessus de la pensée magique, notamment du fait de l'émergence puis de la réfutation subséquente de théories aberrantes comme le marxisme.
Ce qui est aberrant c'est notre situation où 1 %de la population détient 90 % DES richesses en exploitant le travail d'autrui
Et bien pour ceux qui n'étaient pas là depuis les 150 dernières années, le marxisme comme philosophie politique et économique s'est avérée fausse sur toute la ligne. La seule chose qui reste, c'est le constat d'inégalités et de pauvreté dans les sociétés industrielles du 19e siècle, mais cela, n'importe quel clampin pouvait le faire sans être pour autant socialiste, Dickens ou Hugo l'ont fait aussi. En revanche, le diagnostic, l'élaboration de théories explicatives, les prévisions des tendances futures et les préconisations d'action, tout cet édifice s'est écroulé non sans laisser des millions de gens sous les décombres, en particulier ceux que l'application de ces principes étaient censés aider en premier lieu. Le marxisme n'était pas seulement faux, mais également une imposture, un projet criminel sous couvert d'émancipation. Le défendre aujourd'hui relèverait de l'aveuglement ou de la pire mauvaise foi.
On peut en toute logique combattre la pauvreté, et même déplorer les inégalités entre riches et pauvres, mais la théorie marxiste n'est ni l'explication des maux du monde ni leur solution.
- C'est sûr que celle actuelle est porteuse d'espoir et permet à tout le monde de vivre décemment, tout du moins le maximum. Merci au moins à Marx d'avoir mis en avant ce qu'il ne faut pas faire, aujourd'hui, grâce à lui, nous sommes dans une situation que personne ne pourrait nous envier
- Heureusement, aujourd'hui, les riches reversent les ressources qu'ils possèdent, la preuve, les pauvres s'enrichissent et les riches s'enrichissent, nous sommes enfin dans un système où l'entraide est reine et où la lutte des classes est terminée.
- Je vais m'arrêter sur ce troisième point et stopper de me moquer gentiment. Le mépris de certaines personnes ne mérite de toute pas qu'on s'en occupe. Sur ce.
- InvitéInvité
Une attaque contre Marx, même foncièrement injuste comme ici (ce n'était pas n'importe quel clampin), n'est pas une attaque personnelle, ce n'est pas la peine de monter dans les tours comme ça...
- Reine MargotDemi-dieu
Ah oui en effet comme chacun sait l'exploitation, l'inégalité et la pauvreté n'existent plus aujourd'hui, Dieu Merci.
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Quand tout va mal, quand il n'y a plus aucun espoir, il nous reste Michel Sardou
La famille Bélier
- OsmieSage
La formulation de Jim Thompson manque-t-elle vraiment d'amabilité ? Vu ce à quoi il réagit, je le trouve assez maître de lui ; plutôt pacifiste, l'emploi des éléphants roses, non ? Quant à "la voix de son maître", il semble bien que c'est ici une référence à Pathé-Marconi.
- OsmieSage
Ah non ! Heureusement qu'il nous reste quelques pauvres pour faire la charité ! Oups, je m'égare : la colère du peuple dont parlait egomet, sans doute...Reine Margot a écrit:Ah oui en effet comme chacun sait l'exploitation, l'inégalité et la pauvreté n'existent plus aujourd'hui, Dieu Merci.
- Baisse du Smic, travail le dimanche et la nuit, suppression des seuils sociaux... : les détonnantes propositions de Pierre Gattaz (Medef).
- selon les Français, les profs devraient être moins payés.
- Les écoles anglaises devraient toutes, à terme, être privatisées.
- Retraites des fonctionnaires : les règles actuelles de calcul devraient être maintenues
- Toutes les réserves du Louvre devraient être à terme entreposées dans le Nord-Pas-de-Calais.
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