Alain Juppé veut des enseignants plus présents dans les établissements, et mieux payés.

Déclarations d'Alain Juppé :

S'agissant des enseignants, "c'est un fait qu'ils sont bien moins payés que beaucoup de leurs partenaires européens. (...) Nos professeurs sont sous-payés, il faut leur demander d'être plus présents dans les établissements et là, on peut effectivement les payer davantage"

En savoir plus sur http://www.lesechos.fr/politique-societe/societe/afp-00613270-juppe-les-professeurs-sous-payes-veut-augmenter-salaire-et-temps-de-travail-1052219.php?xtor=RSS-70&GbvJ1I9GWX6ALuB6.99

Personnellement, je n'ai absolument rien contre cette idée...

Ouais bein moi j'ai jamais demandé à travailler plus pour gagner plus et, dans ce cas, le temps supplémentaire passé dans l'établissement sera récupéré sur les préparations de cours et les corrections de copies, par exemple en me limitant à un seul contrôle par classe par trimestre ; et si on m'oblige à cocher des cases dans un livret, ce sera systématiquement celle du milieu pour tout le monde quel que soit l'item.

Moonchild a écrit:Ouais bein moi j'ai jamais demandé à travailler plus pour gagner plus et, dans ce cas, le temps supplémentaire passé dans l'établissement sera récupéré sur les préparations de cours et les corrections de copies, par exemple en me limitant à un seul contrôle par classe par trimestre ; et si on m'oblige à cocher des cases dans un livret, ce sera systématiquement celle du milieu pour tout le monde quel que soit l'item.  

Voilà pourquoi nous ne réussissons pas à réformer notre beau métier et nous continuons à percevoir des salaires de misère. Après, je comprends ton point de vue...

Moonchild a écrit:Ouais bein moi j'ai jamais demandé à travailler plus pour gagner plus et, dans ce cas, le temps supplémentaire passé dans l'établissement sera récupéré sur les préparations de cours et les corrections de copies, par exemple en me limitant à un seul contrôle par classe par trimestre ; et si on m'oblige à cocher des cases dans un livret, ce sera systématiquement celle du milieu pour tout le monde quel que soit l'item.  

Pareil, et j'ajouterai "scongneugneu"
J'ai pas fait ce métier pour être à l'usine.

Chopin a écrit:Voilà pourquoi nous ne réussissons pas à réformer notre beau métier et nous continuons à percevoir des salaires de misère. Après, je comprends ton point de vue...

En même temps si la réforme ça consiste uniquement à travailler davantage pour pouvoir être mieux payé, alors cette réforme est inutile puisque ça existe déjà et ça s'appelle les heures supplémentaires ; enfin évidemment c'est pas assez réformiste vu qu'il n'y en a qu'une seule qui peut nous être imposée par semaine.

Moi ce qui me tue quand même c'est le mépris sous-jacent et le fait que pour ces gens le temps de préparation et de correction semble réduit à néant, ça n'existe pas (comme Ségolène qui disait qu'en rentrant le prof s'asseyait sur son canapé ou allait bosser pour Acadomia). Je veux bien que ce temps ne soit pas le même dans toutes les disciplines , et j'avoue que les vacances étaient un sacré avantage même si je travaillais quand même un peu ; mais comme le disait Mutis sur un autre fil, toutes ces belles idées montrent que pour eux un prof ne fait pas un temps plein, ne travaille pas réellement...

Et à long terme ces charmants politiques ne se rendent-ils pas compte qu'avec toutes ces belles idées ils ne vont pas arranger la crise du recrutement, et que soit il n'y aura plus personne devant leurs enfants, soit ils auront une jolie garderie (car comme le dit Moonchild si on contraint les profs à faire de la présence et de la garderie on aura des cours et des corrections au rabais - et qui pourra leur jeter la pierre? comment faire un travail correct dans une salle des profs bruyante et mal chauffée, et en étant corvéable à merci?)

Non Mr Juppé, un enseignant travaille déjà à temps complet, ce que vous proposez c'est de travailler encore plus pour gagner un peu plus d'argent, ce qui reviendrait finalement à devenir smicard, c'est affligeant de pondre des idées pareils...

à temps plus que complet même (mes semaines doivent tourner autour de 45h, les bonnes semaines sans réunions)

John a écrit:Déclarations d'Alain Juppé :

S'agissant des enseignants, "c'est un fait qu'ils sont bien moins payés que beaucoup de leurs partenaires européens. (...) Nos professeurs sont sous-payés, il faut leur demander d'être plus présents dans les établissements et là, on peut effectivement les payer davantage"

En savoir plus sur http://www.lesechos.fr/politique-societe/societe/afp-00613270-juppe-les-professeurs-sous-payes-veut-augmenter-salaire-et-temps-de-travail-1052219.php?xtor=RSS-70&GbvJ1I9GWX6ALuB6.99

Peillon l'a fait - mais sans le salaire en plus. Le temps de présence accru, c'est à compter de la rentrée 2015.

John a écrit:Déclarations d'Alain Juppé :

S'agissant des enseignants, "c'est un fait qu'ils sont bien moins payés que beaucoup de leurs partenaires européens. (...) Nos professeurs sont sous-payés, il faut leur demander d'être plus présents dans les établissements et là, on peut effectivement les payer davantage"

En savoir plus sur http://www.lesechos.fr/politique-societe/societe/afp-00613270-juppe-les-professeurs-sous-payes-veut-augmenter-salaire-et-temps-de-travail-1052219.php?xtor=RSS-70&GbvJ1I9GWX6ALuB6.99

Et il va donc falloir demander aux établissements de proposer des lieux de travail dignes de ce nom, ce qui va nécessiter un investissement énorme...
J'adore la tournure argumentative utilisée : ils sont mal payés, il faut qu'ils soient plus présents dans les établissements, alors là on pourra les augmenter. Aucun lien entre l'un et l'autre prédicat. On bosse déjà beaucoup dans nos établissements, souvent dans des conditions mer..ques (manque de place, hyper open-space de la salle des profs peu propice à la concentration, ordis qui rament, pas de bibliothèque personnelle, un casier de 30x30x30, bruit permanent surtout en collège); on rentre à la maison et on poursuit la journée de travail, dans de meilleures conditions. Il faut donc accepter une dégradation de nos conditions de travail pour que les gentils politiciens nous fassent l'obole, parce qu'il ne faut pas se leurrer, si l'augmentation atteint 50 euros nets par mois, ce serait le bout du monde.
Quelle méconnaissance, encore et toujours, de notre quotidien. Quel mépris, ouvertement affiché.

Je prends mon exemple, l'an dernier 32h sur l'établissement, 10h à la maison, cette année 30h sur l'établissement, 12h à la maison. Sans compter évidemment les réunions. C'est pas assez chef pour être augmenté?

Et surtout, tous ces politiciens font passer ça pour une augmentation de salaire. C'est faux! C'est une augmentation du temps de travail (pour faire plus qu'un temps plein) donc rémunérée en tant que telle!

Roumégueur Ier a écrit:

John a écrit:Déclarations d'Alain Juppé :

S'agissant des enseignants, "c'est un fait qu'ils sont bien moins payés que beaucoup de leurs partenaires européens. (...) Nos professeurs sont sous-payés, il faut leur demander d'être plus présents dans les établissements et là, on peut effectivement les payer davantage"

En savoir plus sur http://www.lesechos.fr/politique-societe/societe/afp-00613270-juppe-les-professeurs-sous-payes-veut-augmenter-salaire-et-temps-de-travail-1052219.php?xtor=RSS-70&GbvJ1I9GWX6ALuB6.99

Et il va donc falloir demander aux établissements de proposer des lieux de travail dignes de ce nom, ce qui va nécessiter un investissement énorme...
J'adore la tournure argumentative utilisée : ils sont mal payés, il faut qu'ils soient plus présents dans les établissements, alors là on pourra les augmenter. Aucun lien entre l'un et l'autre prédicat. On bosse déjà beaucoup dans nos établissements, souvent dans des conditions mer..ques (manque de place, hyper open-space de la salle des profs peu propice à la concentration, ordis qui rament, pas de bibliothèque personnelle, un casier de 30x30x30, bruit permanent surtout en collège); on rentre à la maison et on poursuit la journée de travail, dans de meilleures conditions. Il faut donc accepter une dégradation de nos conditions de travail pour que les gentils politiciens nous fassent l'obole, parce qu'il ne faut pas se leurrer, si l'augmentation atteint 50 euros nets par mois, ce serait le bout du monde.
Quelle méconnaissance, encore et toujours, de notre quotidien. Quel mépris, ouvertement affiché.

Je prends mon exemple, l'an dernier 32h sur l'établissement, 10h à la maison, cette année 30h sur l'établissement, 12h à la maison. Sans compter évidemment les réunions. C'est pas assez chef pour être augmenté?

Avec 5 nouvelles années de blocage du point d'indice (2017/2022), ils y gagneront à tous les coups, en fait...

Quand j'aurai un bureau digne de ce nom et la bibliothèque qui va avec; quand mon établissement sera enfin relié à internet depuis le bâtiment 1 jusqu'au bâtiment 3; quand j'aurai un véritable ordinateur (et non plus une antiquité à pédales); quand j'aurai un salaire en adéquation avec mon niveau d'études et digne de ce nom en regard du travail qui est le mien; quand je pourrai enseigner dans des conditions décentes (horaires suffisants, classes non surchargées); quand j'aurai affaire à des parents-partenaires et non plus des parents-adversaires; quand les élèves rempliront leurs devoirs d'élèves; quand les chefs rempliront leurs devoirs de chefs; quand les inspecteurs feront leur boulot d'inspecteurs; quand les médias me ficheront enfin la paix et arrêteront de me demander de me justifier sur ce que je suis loin de voler... alors que PEUT-ÊTRE l'idée de rester plus au boulot me posera moins de problèmes.

Réponse d'un syndicat qui va à l'encontre des préconisations de Juppé et qui réclame le passage aux 14h de cours au lieu de 18 (la vidéo du début est d'ailleurs assez proche de notre vécu) :
http://www.sudeducation.org/-Elections-professionnelles-2014-470-.html

En bon avocat du diable, je me pose quand même une question :

Je suis à 14h cette année (ah ces déchargés !) mais pour 20h de présence (j'ai enlevé une heure par jour pour le repas). Et, disons ce qui est, travailler au collège relève du voeu pieu (le revers de la médaille du délégué syndical, mais aussi pour les remarques que vous soulevez).

Du coup, si mon temps de présence au bahut n'augmente pas, et qu'on occupe ces heures durant lesquelles je ne suis pas du tout dans mon travail de base, aurais-je vraiment à perdre avec cette réforme ? (si ce n'est en terme d'activité annexes)

Et bien moi je fais 19h30, et je n'ai pas envie d'y rester une minute de plus. On m'impose des HSA que je ne veux pas, ça suffit. Qu'on me fiche la paix.

Ce genre de propos c'est dire en creux, que, pour l'heure, nous ne travaillons pas assez et que c'est pour cela que nous sommes mal payés. C'est bien normal de rémunérer à mi-temps un mi-temps, n'est-ce pas ?
Rémunérons déjà correctement nos services actuels. Et pour travailler plus, c'est une question bien différente, qui supposera que dans un certains nombre de cas le service rendu soit moins intensif et plus extensif (plus d'heures, moins de copies, par exemple).
A titre parfaitement personnel, je n'accepterais de travailler plus d'heures qu'à la condition express que je puisse trouver du plaisir à travailler, ou au moins une forme d'accomplissement et de reconnaissance. Mon temps libre est pour l'instant bien trop précieux pour que je le brade contre une rémunération de l'EN, même si je suis fauchée comme les blés. C'est pas gagné...

Modulo a écrit:

Du coup, si mon temps de présence au bahut n'augmente pas, et qu'on occupe ces heures durant lesquelles je ne suis pas du tout dans mon travail de base, aurais-je vraiment à perdre avec cette réforme ? (si ce n'est en terme d'activité annexes)

Pour moi, oui j'ai à y perdre.
Je pense que si on augmente notre temps de présence, on ne nous laissera pas faire ce qu'on veut, on nous donneras des nouvelles occupations.
Or, moi, pendant les trous d'edt, je teste mes manips.
Alors, si je dois faire autre chose, il faudra quand même que je teste mes manips, ce sera encore du temps de présence en plus.

De même, présente de 8h à 16h pour bosser (j'enlève 30mn pour manger). Soit 34 h à l'école. + les 108 heures annualisées + les rdv avec les parents. + prép et corrections...
Je ne me vois pas faire plus de présence à l'école.

Comme quoi ce qui manque le plus à nos politiques, c'est l'imagination: il n'y a pas comme les mauvaises idées qui se répandent de l'un à l'autre avec gourmandise.
Augmenter le temps de travail pour augmenter le salaire, il faut leur expliquer déjà que ce n'est pas une hausse de salaire?
Et avec notre temps de travail "réduit", et la masse de nos heures sup, il y a déjà un profond malaise: en augmentant encore le temps de travail, il pensent le résoudre?
Dans le clip de Sudéducation, ils oublient juste les préparations des cours et les corrections de copie: c'est grave, quand même: on dirait que le prof, c'est un "grand frère", il travaille dans le social, quoi.

Sauf que si on occupe ces heures, ça augmente encore la fatigue.
Il faudrait aussi que tous ces gens, y compris le journaliste qui a "découvert" qu'on prenait presque n'importe qui en vacataire, tentent une semaine de cours. Et se rendent compte que faire cours c'est crevant. Physiquement.

+1

Will.T a écrit:

Modulo a écrit:

Du coup, si mon temps de présence au bahut n'augmente pas, et qu'on occupe ces heures durant lesquelles je ne suis pas du tout dans mon travail de base, aurais-je vraiment à perdre avec cette réforme ? (si ce n'est en terme d'activité annexes)

Pour moi, oui j'ai à y perdre.
Je pense que si on augmente notre temps de présence, on ne nous laissera pas faire ce qu'on veut, on nous donneras des nouvelles occupations.
Or, moi, pendant les trous d'edt, je teste mes manips.
Alors, si je dois faire autre chose, il faudra quand même que je teste mes manips, ce sera encore du temps de présence en plus.

C'est aussi mon avis.
Maintenant si nous devons faire 40h au bahut, il faut que cela se répartisse à faire ce que nous faisons chez nous (préparations / corrections) en plus de ce que nous devons faire de façon ordinaire dans un établissement scolaire (cours / réunions).
Comment, ça fait plus de 40h / semaine ? Alors les copies des tinenfants attendront... longtemps.

Si on augmente notre temps de travail, on n'est plus des professeurs, tout simplement: on devient des travailleurs sociaux.
On verra si ça suffira pour les enfants (petits-enfants) de Juppé et consorts