Est-ce normal de se sentir (déjà!) fatigué(e)?

Je suis claquée, mais je sais pourquoi...
20h de cours, dont 3h de trou dans l'emploi du temps, 1h seulement pour manger tous les midis, mercredi et samedi à Lyon pour l'agreg, une stagiaire pas simple à gérer, deux classes en français (soit 10h de cours...) méga chiantes (je suis PP de la 4e de la mort cette année...)... Je me lève à 6h30 du mardi au samedi matin, et je n'ai que le dimanche pour souffler..et bosser.
Le soir, je suis trop crevée...ou occupée jusqu'à l'heure du dîner par ma stagiaire.

Vivement les vacances.

C'est vrai qu'à y réfléchir, mon emploi du temps n'est pas top (emploi du temps gruyère, qui oblige, avec 45 minutes de trajet pour l'aller, puis 45 minutes pour le retour, à être sur place de la première heure jusqu'à la dernière, parfois pour trois heures de cours). J'ai beaucoup travaillé cet été, pour m'avancer. Malgré tout, je n'imprime rien directement, je retouche, j'adapte en fonction des élèves. Je rentre tard le soir: je ne peux m'occuper de moi, marcher ou autre: il y a mon fils, puis une fois mon fils couché, le travail, tout le temps. En réponse à la réflexion sur le fait que bientôt nous serons pointés du doigt comme des "feignasses": très honnêtement, avant de passer moi-même le concours, je trouvais que mon mari (enseignant) était un heureux luron aux poches remplies de vacances, etc (tous les stéréotypes y passaient). Je me suis excusée dès mon entrée en scène sur le plateau merveilleux des classes de collège. J'ai toujours beaucoup travaillé (études+travail, etc), mais je dois dire que je ne pensais pas que ce métier était à ce point méjugé. Je ne fais QUE travailler, comme tous les enseignants autour de moi. Et les heures de cours, c'est du 100%, et le fait d'avoir à transmettre tout en ayant à gérer beaucoup d'élèves en même temps, c'est épuisant. Après, je ne suis peut-être pas Robocop.

Edit: posté deux fois par erreur :-/

Mezze voce, je disais ça parce qu'on a eu ce type de réaction dans une discussion post-rentrée ;-)
Voir ici: https://www.neoprofs.org/t81184-la-reprise-ca-nous-met-sur-les-rotules-pfiou-pas-vous

J'avoue avoir à l'époque hésité à pousser une grosse gueulante (j'étais vraiment épuisée, donc pas d'énergie à perdre pour contrer des propos peu respectueux des autres... j'ai donc simplement répondu).

K

Bon, c'est quoi ce boulot où l'on ne cesse de travailler, où on porte souvent les soucis à la maison en même temps que le travail,où on nous traite comme des paresseux plein de privilèges...heureusement qu'on l'adore parce que sinon...

On l'adore? Euh...

lorine75 a écrit:Moi j'ai 15 ans d'enseignement dont 10 avec les mêmes classes et donc je change peu mes cours.
Après voir passé tous mes week ends et toutes mes vacances et toutes mes pendant 10 ans à bosser, j'ai épuisé mon "capital" boulot ( comme le capital "soleil" )et je suis maintenant incapable de bosser énormément les week ends et les soirs.
Je le fais mais j'ai décidé de ne plus faire de mon boulot ma priorité mais plutôt les loisirs et ma vie sociale.
Cela ne m’empêche pas de "ruminer " après une journée difficile et de me remettre en question mais j'essaie de soigner cela.
La santé est ce qui a de plus important dans la vie et même si j'en fais plus, ce n'est pas pour ça que mes élèves comprendront mieux, seront plus intéressés , me casseront moins les pieds.Ce n'est pas non plus pour ça que j'aurai une meilleure note d'inspection ou administrative.
Je n'aurai pas non plus un meilleure salaire  :lol:

J'aurais pu écrire la même chose et ai le même ressenti après 23 ans.
Et même conclusion, la santé et mon temps libre sont désormais ce qu'il y a de plus précieux dans ma vie.
La carrière ? Si haut qu'on monte on finira tous par des cendres.

J'ai repris fatigué par les nuits blanches consécutives à un accident, aux douleurs, j'ai tiré sur la bête et commence à accuser le coup, alors que d'habitude je suis crevé plus tard . De toute manière, même sans ça je commence à avoir une fatigue mentale qui me déconnecte de mon boulot, j'ai du mal à préparer, corriger... Et je m'aperçois que je fais tout aussi bien en préparant au fur et à mesure, en retouchant, voire en improvisant.

Crevée aussi: je suis rentrée de ma leçon de conduite hier, je me suis écroulée (donc j'ai dormi de 16h30 à 19h environ) puis rendormie à 22h et quelque, levée à 10h et je me suis traînée toute la journée.

J'avais bien commencé l'année: le sac reste au collège, les copies, je les corrige sur les heures de trou, tant pis si les élèves doivent attendre 4 ou 5 jours pour les récupérer et le soir, après 1/2h de dépense physique (et 2x 1h30 de piscine dans la semaine), je bossais la thèse.

Cette semaine, je n'ai *rien* fait le soir. Impossible. La semaine prochaine: CA, rdv avec des parents...je ne suis pas sûre que ça s'améliore.

KinetteKinette a écrit:Mezze voce, je disais ça parce qu'on a eu ce type de réaction dans une discussion post-rentrée ;-)

Ma réaction n'était pas dirigée contre toi (ni contre quiconque, finalement). C'est un constat. Il y a beaucoup de métiers épuisants, mais je n'en connais pas un qui soit à ce point méjugé que celui d'enseignant. Et pour l'avoir moi-même méjugé, je pense sincèrement que c'est difficile de l'extérieur d'avoir conscience des difficultés en jeu.

Mezzo voce a écrit:Comment font ceux qui tiennent la route?

Pour la première fois depuis longtemps je termine septembre sans être sur les rotules. C'est aussi la première fois depuis longtemps que j'ai un emploi du temps sur 3 jours et demi et que je ne prends jamais à 8h.

Kilmeny a écrit:

Mezzo voce a écrit:Comment font ceux qui tiennent la route?

Pour la première fois depuis longtemps je termine septembre sans être sur les rotules. C'est aussi la première fois depuis longtemps que j'ai un emploi du temps sur 3 jours et demi et que je ne prends jamais à 8h.

Pour moi aussi, je réalise que je suis moins fatiguée cette année que les précédentes. Il faut dire que j'ai déjà eu les trois niveaux que j'ai cette année donc je sais que j'ai des cours de prêt. Quand j'ai le temps, je les reprends, je les modifie etc. Si je n'ai pas le temps, tant pis.
De plus, j'ai un emploi du temps pas mal : j'ai cours tous les jours mais peu de grosses journées. J'ai 4 ou 5h de cours le lundi et le mardi, 1 ou 2h le mercredi, 3h le jeudi et 6h le vendredi. Je ne travaille pas le soir (ou très peu) mais je bosse surtout le week-end et les après-midis où je n'ai pas cours.
Enfin, j'ai un rythme de vie plus stable que l'an dernier. Je me lève à 5h45 tous les jours, même quand je commence à 11h car je dois emmener mon fils à l'école. Et bien, bizarrement, cette stabilité me convient bien. J'essaye de courir 2x45min par semaine et cela m'aide également.

Je suis épuisée mais je suis stagiaire, donc c'est normal...

Je suis crevée, je dirais comme tous les ans. Et pourtant j'en fais beaucoup moins que je n'en ai fait. Mais cette année c'est 22h: deux 4ème chiantes, une 3ème (cool!), 5, 4, 3 en latin (pas top) et un IDD. Un emploi du temps qui me laisse certes mon mercredi matin sauf que je m'occupe de mes trolls et les emmène à leurs activités. Du coup je n'ai aucune autre demi-journée et seulement 30 min le midi le jeudi et le vendredi.
Ceci dit pour l'instant je suis mieux organisée qu'avant, je n'ai pas encore corrigé de copies à la maison (je ne me fais pas d'illusion ça va venir), mais je bosse tard le soir sur mes cours. Couchée souvent après 0h00 et levée à 5h45.
Je m'accorde quand même un cours de dans le mercredi soir de 20h30 à 22h mais il est vrai que j'aimerais retrouvé une vie sociale.

Je me suis faite prescrire deux jours de repos jeudi et vendredi (mes horaires me tuent ) et ça ne va pas mieux pour autant. 8h-17h presque tous les jours, c'est pas facile.

Pas mal claqué pour ma part, mais ça reste gérable. Pour le moment du moins
Deux avantages pour moi, dans ma préparation de cours : les 4h30 de trou du jeudi/3h30 du lundi, et ma dyshypnie (merci Cripure, j'aime beaucoup ce mot!) chronique
Le truc moins sympa, c'est que mes collègues sont tellement crevés qu'il est difficile de les motiver pour aller se boire un verre ou se faire un p'tit ciné.

En fait je croyais que c'était normal d'être constamment crevé dans ce métier! Je me dis finalement que peut-être un jour je le serais moins (ou plus ...! ). C'est un poil moins pire quand même avec l'avance de cours que j'ai fait cet été.
Ce qui m'épuise, ce sont les 4ème en fait. Le jeudi, une matinée de 4ème (3h30) suffit à m'épuiser. Et le vendredi aprem, 1h30 avec eux, c'est plus que je n'en puis supporter, je pense qu'ils auront des éval très souvent ce jour-là, il en va de ma santé mentale... :malmaisbien:

Malade, claué et vanné depuis le 1er septembre, alors que j'ai moins de cours que l'an dernier.. J'ai cessé toute vie sociale et arrêté le sport , que j'avais repris à bon rythme cet été, depuis cette date.

Cripure a écrit:Je suis vanné, malgré un bon edt qui permet de reprendre des forces.
Mais comment vais-je tenir encore seize années ?

On l'ouvre quand, ce club mixte ?

Je n'ai pas de prep (je suis doc et j'ai arrêté le travail maison depuis quelques année, à part la lecture), j'ai un emploi du temps régulier sur 4 jours sans heures sup, peu de temps de transport, mais je suis au radar les jours de boulot. Je récupère de l'énergie et de la vie le week-end.
Ce qui me mine, hé bien c'est le simple fait de devoir aller bosser et de rester enfermée là-bas toute la journée, avec les gens qui y sont.
D'où :
- les nuit où je bosse le lendemain je dors mal, voire peu. Ca s'arrange un peu ces derniers jours il me semble, mais c'est pas encore ça.
- mon eczéma est de retour. J'ai l'oreille droite à vif et je ne peux pas me faire ma teinture.
- j'ai à nouveau mal à l'estomac.
- je lutte pour ne pas me laisser envahir par le désespoir en faisant des plans sur la comète (genre je leur claque ma dem). Je lutte pour rester au boulot (je rêve un jour de juste prendre mon sac et me casser au milieu de la journée de taf). Je lutte pour ne pas insulter ou même frapper quelqu'un. Ca bouffe une énergie dingue.

Un peu pareil pour moi pseudo...plus ça va plus je lutte pour y aller et rester...

Korémuse a écrit:De plus en plus, je me dis qu'il faut être jeune pour être prof et qu'il y a un temps pour tout. Or l'EN n'a rien prévu pour son personnel ( ... ) Je ne me vois plus continuer ce métier pendant des années ...

Même observation: plus je vieillis,  plus je sens le fossé se creuser entre les élèves (surtout en seconde où je les trouve de plus en plus gamins) et moi, et eux perçoivent plus qu'un fossé, un vrai gouffre de générations. Ce qui m'inquiète, c'est que cela ne peut que s'aggraver Je souhaiterais moi aussi m'éclipser rapidement de l'EN  avant d'être gâteuse ou exténuée mais je ne vois rien d'autre à l'horizon (j'ai travaillé pour une maison d'édition à un petit manuel d'expression écrite pour une rémunération totale de 300 euros   piste exclue définitivement ) et j'ai vraiment besoin de mon salaire

Là c'est à peu près bon...
Je souffre les deux premières semaines le temps de me remettre en route et après je suis sur une pente ascendante jusqu'à la Toussaint.
Seul bémol : mon fils... tant qu'il n'aura pas le permis, il va falloir que je l'emmène à la gare soit à 6h soit à 6h40... alors que je ne commence les lundis qu'à 10h20, les mardis pas cours le matin et pas cours les jeudis (malgré mes 21h de cours).

Je dois avouer avoir fait des boulots bien plus tuant que prof même si faire  cours demande une grande énergie et que après 7 ou 8h de cours dans une journée, je ne sais plus comment je m'appelle !

ysabel a écrit:Je dois avouer avoir fait des boulots bien plus tuant que prof même si faire  cours demande une grande énergie et que après 7 ou 8h de cours dans une journée, je ne sais plus comment je m'appelle !

Je pense que personne ne nie le fait qu'il y ait des métiers éreintants. Je suis issue d'une parenté ouvrière. Je sais donc très bien que, notamment, les métiers physiques cassent le corps (et parfois l'âme). En revanche, il me semble que l'on méjuge le degré de difficulté que recèle le métier d'enseignant, qui ne répond en rien aux stéréotypes. Enfin, il me semble aussi que les enseignants nouvellement recrutés essuient les plâtres depuis quelques années et l'on ne parle pas assez des stagiaires sacrifiés, envoyés à temps plein devant les élèves, qui s'écroulent de fatigue. Bon, et puis, en fonction des difficultés rencontrées avec les classes, le métier peut être plus ou moins éreintant.

Nous constatons tous une fatigue, ce qui est normal. Quels sont vos conseils pour bien récupérer? conseils nutrition? petits-déjeuners?

Je suis crevée aussi et je traîne un gros rhume depuis quelques jours Pas top pour se reposer!